• La #Défenseure_des_droits estime que « c’est à l’#école de s’adapter » aux #enfants_handicapés
    https://www.lemonde.fr/education/article/2022/08/28/la-defenseure-des-droits-estime-que-c-est-a-l-ecole-de-s-adapter-aux-enfants

    « Des #AESH seraient partantes pour couvrir le temps périscolaire, mais on affecte quelqu’un d’autre, car cela ne dépend pas du même budget et des mêmes acteurs », au détriment de « l’intérêt supérieur de l’#enfant », qui a besoin de stabilité, relève Mme Hédon.

    Plus généralement, la Défenseure des droits souligne que le système éducatif doit s’adapter aux élèves en situation de handicap et, pour cela, mieux former les enseignants à les prendre en charge, au lieu de compter uniquement sur les AESH. L’attribution d’un AESH n’est « ni un préalable ni une condition à la #scolarisation de l’élève », rappelle-t-elle.

    Le rapport cite l’exemple d’un enseignant qui se trouvait face à un enfant ne parvenant pas à comprendre les consignes. Il a décidé d’adapter son enseignement à cet enfant et s’est aperçu que cela bénéficiait à l’ensemble des élèves. « C’est à l’école de s’adapter… et ce que l’on voit, c’est qu’on demande à l’enfant de s’adapter à l’école », conclut Mme Hédon.

  • Ces écoles qui permettaient de sortir du placard

    Dans la seconde moitié du siècle dernier, de nombreux #enfants de #travailleurs_saisonniers n’ont pu être scolarisés que grâce au courage et à la passion de quelques personnes qui ont créé de véritables écoles clandestines – en toute illégalité.

    C’est à l’évidence un chapitre peu reluisant de l’histoire contemporaine de la Suisse qui est exposé au Musée d’histoireLien externe de La Chaux-de-Fonds, dans le canton de Neuchâtel.

    Intitulée « Enfants du placard ; à l’école de la clandestinité », l’exposition « veut donner une voix à ceux à qui la parole a été largement refusée », souligne le directeur du musée Francesco Garufo. C’est-à-dire à tous ces garçons et ces filles qui ont dû vivre clandestinement en Suisse (en se cachant dans le placard) parce que leurs parents avaient un permis de travail saisonnier.

    Le fameux permis A, aboli en 2002 avec l’entrée en vigueur de la libre circulation des personnes entre la Confédération et l’UE, ne permettait pas le regroupement familial. De nombreux parents qui venaient « faire la saison » en Suisse ont donc été contraints de laisser leurs enfants à la maison, où ils étaient pris en charge par d’autres membres de la famille. Mais souvent, la séparation était trop douloureuse et les travailleurs saisonniers, principalement originaires d’Italie, d’Espagne et du Portugal, emmenaient leurs enfants avec eux – en infraction avec la loi.
    Ne fais pas de bruit !

    Il n’existe pas de chiffres précis, justement en raison de la nature illégale du phénomène. On estime qu’il y avait au début des années 1970 jusqu’à 15’000 garçons et filles clandestins en Suisse. Ce n’est qu’une estimation, mais elle donne une idée du nombre d’enfants qui ont dû vivre dans l’ombre pendant cette période qui a duré, comme on l’a dit, jusqu’en 2002.

    Dans l’ombre justement, ou plutôt dans le placard, des injonctions que nous avons toutes et tous entendues étant enfant, comme « Fais attention ! », « Ne parle à personne ! », « Ne fais pas de bruit ! » prenait alors un sens tout particulier. Un grand panneau de l’exposition vient le rappeler. Car pour ces enfants-là, se faire prendre pouvait signifier l’expulsion.

    « Nous avions fait du bruit et quelqu’un nous avait dénoncés », se souvient Rafael, l’un des six « enfants du placard » qui ont accepté de témoigner pour l’exposition. Par chance, le policier chargé de l’inspection a montré beaucoup d’humanité. Lorsqu’il est entré dans l’appartement, il a posé bien fort la question aux parents de Rafael, qui s’était caché dans une pièce avec ses frères et sœurs : « Nous sommes bien d’accord pour dire qu’il n’y a pas d’enfants ici ?... »
    La difficulté de témoigner

    « Il n’est pas facile de trouver des personnes prêtes à témoigner », observe Sarah Kiani, qui mène à l’Université de Neuchâtel un projet de rechercheLien externe sur ces « enfants du placard », sous la direction de la professeure Kristina Schulz, et dont les premiers résultats ont trouvé place dans cette même exposition. « Nous avons eu beaucoup de refus, il y a un sentiment de honte qui persiste, même des années plus tard », poursuit-elle.

    Mais ce qui ressort des témoignages recueillis, ce ne sont pas seulement des tranches de vie triste ou difficile. « Il y a eu différentes manières de gérer cette situation de clandestinité et ce ne sont pas toujours des histoires sombres », note Sarah Kiani. « Cette exposition veut aussi vraiment transcrire la diversité des expériences », ajoute Francesco Garufo.
    L’importance de l’école

    S’il est un dénominateur commun à toutes ces expériences, c’est l’importance de l’école pour permettre à ces enfants de sortir du placard. Ce n’est pas un hasard si l’exposition consacre une large place à ce thème.

    Aujourd’hui, le droit au regroupement familial ou le droit de pouvoir accéder à l’éducation sont inscrits en toutes lettres dans la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant. Cependant, ce traité est relativement récent (1989) et la Suisse ne l’a ratifié qu’en 1997, en émettant des réserves sur la question du regroupement familial, entre autres.

    En d’autres termes, pendant plusieurs décennies, l’école publique est restée un mirage pour les personnes vivant en Suisse sans autorisation.
    Des caisses en guise de pupitres

    Cependant, tout le monde n’est pas resté les bras croisés. La première « classe spéciale » pour enfants clandestins a vu le jour en 1971, à Renens, dans le canton de Vaud, à l’initiative des associations de migrants.

    L’année suivante, à Neuchâtel, deux amis créent une école clandestine qui sera active pendant deux ans. On utilise alors des caisses de l’usine de cigarettes Brunette pour en faire des pupitres, peut-on lire sur une affiche de l’exposition.

    Quelques années plus tard, au début des années 1980, à La Chaux-de-Fonds, l’enseignante Denyse Reymond crée une autre école, qui deviendra l’école Mosaïque et qui existe encore aujourd’hui.

    Dans une aile de l’exposition, le Musée d’histoire de La Chaux-de-Fonds a reconstitué une salle de classe de l’école Mosaïque, avec les cahiers des élèves qui la fréquentaient, leurs dessins…

    Les cours dispensés par Denyse Reymond sont alors ouverts à tous les enfants qui se trouvent en situation irrégulière. Et ils sont gratuits, ce qui n’est pas rien pour ces familles qui ne roulent certainement pas sur l’or. L’école est financée par des dons.

    >> « Ces enfants ne savaient pas où aller et quand j’ai fondé cette école avec ma fille, nous allions les chercher là où ils se cachaient », raconte Denyse Reymond dans cette archive de la RTS

    Clandestins… mais pas trop

    « En plus de leur tâche principale, qui est d’éduquer les enfants, ces écoles remplissaient également une autre fonction primordiale », souligne Sarah Kiani : « Elles étaient pour ces garçons et ces filles, ainsi que pour leurs familles, une porte d’accès à tout ce dont un enfant a besoin, c’est-à-dire des soins médicaux, des soins dentaires, des activités culturelles et sportives... ».

    Bien que l’existence de ces écoles ait été plus ou moins connue, les autorités municipales et cantonales - du moins à Neuchâtel et à Genève - ont tranquillement fermé les yeux. Une lettre de 1983 d’un enseignant de La Chaux-de-Fonds actif dans ces domaines montre que les autorités cantonales auraient même participé à son financement.

    Cette zone grise a perduré jusqu’en 1990, lorsque les deux cantons ont fait œuvre de pionniers en Suisse, en décidant que le droit à la scolarisation primait sur les règles régissant l’immigration en Suisse. Les écoles publiques ont donc officiellement ouvert leurs portes à des garçons et des filles qui n’étaient pas en situation régulière.
    Instruction pour tous

    Dans les années qui ont suivi, d’autres cantons ont fait de même, notamment parce que la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant - ratifiée comme on l’a dit par la Suisse en 1997 - prévoit explicitement le droit à un enseignement primaire gratuit pour tous. Aujourd’hui, tout le monde peut fréquenter les écoles publiques.

    L’abrogation du statut de saisonnier en 2002 ne marque pas pour autant la fin de la clandestinité. Selon une estimation du Secrétariat d’État aux migrations, il y avait en 2015 entre 50’000 et 99’000 personnes vivant en Suisse sans statut de séjour légal. Parmi eux, on trouvait aussi beaucoup d’enfants.

    Si l’accès à l’éducation est désormais garanti, les incertitudes qui pèsent sur les enfants sans papiers et leurs familles persistent. Il y a tout juste quatre ans, une motion parlementaire déposée par la droite (et retirée depuis) demandait, entre autres, l’échange d’informations entre les organes de l’État sur les personnes sans statut de résidence valide, par exemple dans le domaine de l’éducation. Une mesure qui, selon certains, aurait pu inciter les parents sans papiers à ne pas envoyer leurs enfants à l’école.

    « Cette thématique a beaucoup évolué depuis les années 1970 et 1980, mais elle est toujours d’actualité », observe Francesco Garufo. « L’histoire des enfants du placard nous permet de réfléchir à l’importance de l’intégration et de l’éducation des jeunes migrants de nos jours ».

    https://www.swissinfo.ch/fre/ces-%C3%A9coles-qui-permettaient-de-sortir-du-placard/47744052
    #enfants_du_placard #enfant_du_placard #Suisse #saisonniers #migrations #scolarisation #histoire #musée #sans-papiers #permis_de_travail #permis_A #regroupement_familial #Italie #Espagne #Portugal #vivre_dans_l'ombre #bruit #classe_spéciale #école_clandestine #écoles_clandestines #résistance #Denyse_Reymond #école_mosaïque #droit_à_la_scolarisation #scolarisation #statut_de_saisonnier

    • ENFANTS DU PLACARD. À L’école de la #clandestinité

      Durant la seconde moitié du 20e siècle, des milliers d’enfants de travailleuses et de travailleurs saisonniers, pour lesquels le regroupement familial n’était pas autorisé, ont vécu clandestinement en Suisse. Le Musée d’histoire de La Chaux-de-Fonds vous invite à entendre leur voix et à découvrir leurs parcours, ainsi que les mobilisations en faveur de leurs droits. "Enfants du placard", une expression qui marque l’histoire suisse comme le revers de la médaille d’une success story, celle de l’immigration des "Trente Glorieuses". Un passé proche et difficile, qui ressurgit à travers les demandes de reconnaissance de ces enfants aujourd’hui devenus adultes.

      Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une extraordinaire phase de prospérité prend son essor. Pour répondre aux besoins de l’économie, la Suisse développe une politique largement basée sur le recrutement de « travailleurs invités », qui ne sont pas destinés à s’installer durablement.
      C’est ainsi que va se développer un statut qui deviendra emblématique de l’immigration en Suisse : celui des saisonnières et des saisonniers, une condition qui exclut le regroupement familial et qui conduit dans certains cas les enfants des migrant.e.s à la clandestinité. Des milliers d’entre eux se trouvent par conséquent obligés de vivre cachés dans des logements souvent exigus, parfois pendant des années, privés d’une socialisation normale.
      C’est avant tout la voix de ces enfants aujourd’hui devenus adultes que l’exposition vous invite à entendre ; des témoignages qui permettent de donner la parole à celles et ceux qui en ont été privés, mais aussi de découvrir une histoire qui, par sa nature, n’a laissé que peu de traces, si ce n’est à travers les archives des « écoles clandestines ».
      Aujourd’hui, les « enfants du placard » sont devenus un sujet de recherche pour les historiennes et les historiens. Mais, pour les acteurs eux-mêmes, il s’agit avant tout d’un enjeu de mémoire, qui donne lieu à des échanges, parfois vifs, au sujet de la reconnaissance de ce phénomène et des situations tragiques qu’il a engendrées, voire des réparations qui pourraient être demandées. Le musée comme lieu d’échanges, de recherche et de conservation rend donc visible une histoire encore méconnue et cherche à susciter le débat autour de l’une des conséquences majeures de la politique migratoire suisse du 20e siècle. Il participe à un processus en cours, dans lequel l’exposition n’est pas une fin en soi mais plutôt une étape.

      https://www.chaux-de-fonds.ch/musees/mh/evenements/expositions/mh-temporaire/enfants-du-placard

    • Une socio-histoire des gens qui migrent Les « enfants du placard » (1946-2002)
      Description du projet

      La croissance économique des décennies de l’après-guerre en Suisse va de pair avec une demande importante de main-d’œuvre que les employeurs cherchent à satisfaire en embauchant des femmes et des hommes en provenance majoritairement du sud de l’Europe. Le statut de saisonnier – qui exclut le regroupement familial – est au cœur du régime migratoire suisse. L’exclusion explicite de ce droit donne lieu à des situations particulièrement précaires pour les familles et les enfants qui, se retrouvant illégalement en Suisse, ont parfois été « cachés » pendant des mois, voire des années, dans les logements. Ces situations sont au centre de ce projet de recherche. Malgré diverses estimations qui indiquent qu’un nombre important d’enfants ont été concernés, les connaissances restent très limitées sur les conditions de séjour, l’impact de la situation sur les trajectoires biographiques, les réactions des employeurs et des autorités, et encore davantage sur ce que ces anciens « enfants cachés » ont gardé en mémoire.

      La situation des « enfants du placard » éclaire sous un angle inédit l’histoire économique et sociale de la Suisse de la deuxième moitié du XXe siècle. En effet, observer la multiplicité des trajectoires et des situations de ces enfants nous permet de remettre en question une idée largement admise concernant les trente ans qui suivent la fin de la seconde guerre mondiale, qui considère cette période comme un moment de prospérité pour toutes et tous, offrant des possibilités de participation sociale et économique à des couches de plus en plus larges de la population.

      Le projet analyse des données tant qualitatives que quantitatives, en s’intéressant au point de vue des autorités suisses, à celui des associations et mouvements sociaux en faveur de la scolarisation des enfants et la sortie de la clandestinité, et à celui, encore très peu connu, des enfants eux-mêmes.

      Croisant une approche d’histoire des migrations avec une approche d’histoire sociale et économique et en prenant en compte des recherches récentes sur le placement d’enfants en Suisse, la recherche se base à la fois sur un travail d’archives étatiques (fédérales, cantonales, communales), l’analyse des récits et enquêtes psychologiques et sociologiques effectuées depuis les années 1970, l’exploitation d’archives des associations et activistes humanitaires mobilisés, ainsi que sur la méthodologie de l’histoire orale.

      https://www.unine.ch/histoire/home/recherche-1/une-socio-histoire-des-gens-qui.html

      –-

      voir aussi :


      https://www.unine.ch/shm/home.html

  • « Ce sont les oubliées, les invisibles de la migration » : l’odyssée des femmes africaines vers l’Europe

    Les migrantes originaires d’#Afrique_de_l’Ouest sont de plus en plus nombreuses à tenter de rallier les #Canaries, archipel espagnol situé au large du Maroc. Un voyage au cours duquel certaines d’entre elles se retrouvent à la merci des passeurs et exploiteurs en tout genre.
    Ris-Orangis, terminus de son exil. Dans le pavillon de sa grande sœur, Mariama se repose, et décompresse. « Je suis soulagée », lâche-t-elle d’une voix à peine audible. Cette Ivoirienne de 35 ans, réservée et pudique, est arrivée dans ce coin de l’#Essonne le 7 août, après un périple commencé il y a plus de deux ans, un voyage sans retour de plusieurs milliers de kilomètres, à brûler les frontières sans visa ni papiers. Avec une étape plus décisive que les autres : les Canaries. C’est là, à #Las_Palmas, que Le Monde l’avait rencontrée une première fois, le 22 juillet.

    Situé au large du Maroc, cet archipel espagnol de l’Atlantique est devenu une des portes d’entrée maritime vers l’Europe les plus fréquentées par les migrants. « La #route_canarienne est la plus active sur la frontière euroafricaine occidentale », confirme l’association Caminando Fronteras, qui œuvre pour la protection des droits de ces migrants. Les chiffres le prouvent : d’après le ministère espagnol de l’intérieur, 13 118 personnes – pour la plupart originaires d’Afrique de l’Ouest – ont débarqué sur place, du 1er janvier au 30 septembre, à bord de 340 embarcations. En 2019, les autorités n’en avaient dénombré, à cette date, que 6 124.

    Détresse économique

    « Les problèmes politiques des derniers mois entre le Maroc et l’Espagne concernant [les enclaves de] Ceuta et Melilla ont poussé les gens à chercher une autre voie de passage », souligne Mame Cheikh Mbaye, président de la Fédération des associations africaines aux Canaries (FAAC). « Ce qu’il se passe en ce moment en Afrique est pire que la guerre, c’est la #détresse_économique. Les Africains vivent dans une telle #souffrance qu’ils sont prêts à affronter l’océan », ajoute Soda Niasse, 42 ans, une Sénégalaise qui milite pour la dignité des sans-papiers sur l’archipel.

    Retour à Las Palmas, en juillet. En ce début de soirée, la ville commence à bâiller. Dans une maison au charme fou, c’est une autre ambiance : des enfants galopent dans les couloirs ou dans la cour carrelée ; des femmes dansent, radieuses comme jamais, pour l’anniversaire d’une fillette, son premier sur le sol européen, même si Las Palmas paraît bien éloigné de Paris ou de Bruxelles. « Heureuse ? Oui. C’est comme si on vivait en colocation », lance Mariama.

    Ce refuge appartient à la Croix-Blanche, une fondation tenue par des frères Franciscains. La jeune Ivoirienne, vendeuse de légumes dans son pays, y est hébergée au côté d’une vingtaine d’autres femmes, toutes francophones. Voilà quatre mois qu’elle est arrivée en patera (« bateau de fortune ») sur l’île de Grande Canarie.

    Le nombre d’arrivées de migrants aux Canaries a doublé depuis le début de l’année

    Ce lieu paisible lui permet de récupérer de cette épreuve. « Et aussi de se réparer », ajoute le frère Enrique, 42 ans, un des responsables de l’organisation. « Ici, on donne de l’attention et de l’amour », précise-t-il au sujet de ces exilées, souvent traumatisées par d’éprouvantes odyssées. Le religieux s’étonne de voir de plus en plus de femmes tentées par l’exil depuis le début de l’année. Un constat partagé par le président de la Croix-Rouge des Canaries, Antonio Rico Revuelta : « En 2020, 10 % des migrants [sur 23 023] étaient des femmes. Cette année, nous sommes déjà à 17,1 % ».

    Echapper aux #violences

    « Elles n’ont pas d’autre choix que de fuir, insiste Mariama, la jeune Ivoirienne. Mais on ne s’imagine pas que c’est aussi dangereux. » Et meurtrier. L’ONG Caminando Fronteras a comptabilisé 2 087 victimes, disparues au large de l’Espagne, dont 341 femmes. « Les #décès sur les routes migratoires vers l’Espagne ont augmenté de 526 % par rapport à la même période de 2020 », souligne l’organisation. « La #route_des_Canaries est l’une des plus dangereuses au monde », confirme Amnesty International.

    Si des centaines de femmes – de toutes conditions sociales – risquent leur vie sur ce chemin entre les côtes africaines et les Canaries (500 kilomètres d’océan), c’est pour échapper aux #mariages_forcés ou aux #excisions sur elles-mêmes ou leurs enfants. « Les #violences_de_genre ont toujours été une explication à l’exode », commente Camille Schmoll, géographe, autrice des Damnées de la mer (La Découverte, 2020).

    Celle-ci avance une autre explication à ces phénomènes migratoires : « Ces dernières années, beaucoup de femmes se sont installées au #Maroc. Elles n’avaient pas toutes comme projet d’aller en Europe. Mais avec la #crise_sanitaire, la plupart ont perdu leur travail. Cette situation les a probablement contraintes à précipiter leur départ. On ne parle jamais d’elles : ce sont les oubliées et les invisibles de la migration. »

    Cris Beauchemin, chercheur à l’Institut national d’études démographiques (INED), estime pour sa part que le « durcissement des politiques de #regroupement_familial peut être vu comme un motif qui pousse les femmes à partir de manière clandestine pour celles qui cherchent à rejoindre, en France, leur conjoint en règle ou pas ». D’après lui, la #féminisation_de_la_migration n’est cependant pas une nouveauté. En 2013, une étude menée par l’INED et intitulée « Les immigrés en France : en majorité des femmes » expliquait déjà que les migrantes partaient « de façon autonome afin de travailler ou de faire des études ».

    « Dans ce genre de voyage,les femmes sont violentées, violées, et les enfants entendent », dit Mariama, migrante ivoirienne de 35 ans
    « Celles qui arrivent en France sont de plus en plus souvent des célibataires ou des “pionnières” qui devancent leur conjoint, notait cette étude. La #scolarisation croissante des femmes dans leur pays d’origine et leur accès à l’#enseignement_supérieur jouent sans doute ici un rôle déterminant. » Selon Camille Schmoll, les femmes célibataires, divorcées, ou simplement en quête de liberté ou d’un avenir meilleur pour leurs proches et leurs enfants sont parfois mal vues dans leur pays. « Ces statuts difficiles à assumer les incitent à partir », dit-elle.

    Laisser ses enfants

    Ce fut le cas de Mariama. Son histoire commence en 2017 et résume celles de bien d’autres migrantes rencontrées à Las Palmas. Assise dans un fauteuil, enveloppée dans un voile rose qui semble l’étreindre, entourée par la travailleuse sociale et la psychologue du centre, elle se raconte : ses deux filles, de 6 et 8 ans ; son mari, un électricien porté sur l’alcool.

    Ce n’est pas la violence conjugale, tristement ordinaire, qui la pousse à envisager l’exil, en 2019, mais ces nuits où elle surprend son époux en train de « toucher » deux de ses nièces. « J’avais peur qu’il finisse par s’en prendre à mes filles, je devais agir. »Son but ? Rejoindre une sœur installée en France. Dans le plus grand secret, elle économise chaque jour quelques euros pendant près de deux ans.

    C’est alors que la destinée va bouleverser ses plans, et ajouter de la peine et des angoisses à une situation déjà douloureuse. Sa famille lui confie une nièce de 8 ans, dont le père vient de mourir noyé en Méditerranée en tentant d’atteindre l’Italie en bateau. Sa mère, elle, est décédée d’une maladie foudroyante. « Personne d’autre ne pouvait s’occuper de la petite, assure Mariama. Je suis sa nouvelle maman. » Le moment du départ approche, mais que faire ? Fuir avec les trois petites ? Impossible, elle n’en aura pas les moyens. Le cœur déchiré, elle choisit alors de laisser ses deux filles – afin qu’au moins elles restent ensemble – chez une sœur domiciliée loin de leur père…

    « Flouze, flouze » ou « fuck, fuck »

    A l’été 2019, Mariama et sa nièce quittent la Côte d’Ivoire en car, direction Casablanca, au Maroc. Là-bas, elle devient à la fois nounou, femme de ménage et cuisinière pour une famille marocaine. « Je gagnais 8 euros par jour, je dormais par terre, dans la cuisine. » Exploitation, préjugés, racisme, tel est, d’après elle, son nouveau quotidien. « Un jour, au début de la crise du coronavirus, je monte dans un bus, et une personne me crache dessus en criant “pourquoi les autres meurent facilement et pas vous, les Africains ?” »

    Après avoir économisé un peu d’argent, elle se rend avec sa nièce à Dakhla, au Sahara occidental (sous contrôle marocain), dans l’espoir de rallier les Canaries à travers l’Atlantique. Les passeurs ? « C’est “flouze, flouze” ou “fuck, fuck” », résume-t-elle. Généralement, dans ce genre de voyage, les femmes sont violentées, violées, et les enfants entendent. »Mariama retient ses larmes. Elle-même n’a pas été violée – comme d’autres protégées de la Croix-Blanche – mais elle ne compte plus le nombre de fois où des policiers, des habitants, l’ont « tripotée ».

    Une nuit, à Dakhla, après avoir versé 800 euros à un passeur, elle obtient deux places à bord d’un « modeste bateau de pêche » avec quarante autres personnes. La suite restera à jamais gravée en elle : la peur, l’obscurité, les vagues, l’eau qui s’invite à bord, le visage de son frère, mort noyé, lui aussi, lors d’une traversée clandestine. Et les cris, la promiscuité… « On ne peut pas bouger. Si tu veux uriner, c’est sur toi. Je me suis dit que c’était du suicide. Je n’arrêtais pas de demander pardon à la petite. Je l’avais coincée entre mes jambes. »

    « Durant leur voyage en Afrique, beaucoup de femmes violées sont tombées enceintes. Personne ne leur a dit qu’elles avaient le droit d’avorter en Espagne », Candella, ancienne travailleuse sociale
    La traversée dure cinq jours. Une fois la frontière virtuelle espagnole franchie, tout le monde sur le bateau se met à hurler « Boza ! », un cri synonyme de « victoire » en Afrique de l’Ouest. Les secours ne sont pas loin…

    « Je m’incline devant le courage de ces femmes. Quelle résilience ! », confie Candella, 29 ans, une ancienne travailleuse sociale, si marquée par ces destins qu’elle a fini par démissionner, en février, de son poste dans une importante ONG. « A force d’écouter leurs histoires, je les ai faites miennes, je n’en dormais plus la nuit. » Comment les oublier ?« Durant leur voyage en Afrique, beaucoup de femmes violées sont tombées enceintes. Une fois aux Canaries, personne ne leur a dit qu’elles avaient le droit d’avorter en Espagne. D’autres ont découvert qu’elles avaient le #sida en arrivant ici. C’est moi qui devais le leur annoncer. »

    Depuis deux décennies, Begoña Barrenengoa, une éducatrice sociale de 73 ans, suit de près les dossiers des clandestins, et particulièrement ceux liés aux violences faites aux femmes. D’après elle, les migrantes sont « les plus vulnérables parmi les vulnérables ». D’où sa volonté de les aider à continuer leur chemin vers le nord et l’Europe continentale. Car elles ne veulent pas rester aux Canaries mais rejoindre leur famille, en particulier en France. « L’archipel n’est qu’un point de passage, il n’y a de toute façon pas de travail ici », souligne Mme Barrenengoa.

    En mars, un juge de Las Palmas a ordonné aux autorités espagnoles de ne plus bloquer les migrants désireux de se rendre sur le continent. « Avec un simple passeport – voire une copie –, ou une demande d’asile, ils ont pu voyager jusqu’à Madrid ou Barcelone, et aller en France », poursuit Begoña Barrenengoa.

    Selon Mame Cheikh Mbaye (FAAC), entre 10 000 et 15 000 personnes auraient rallié la péninsule depuis cette décision de justice, des transferts le plus souvent organisés par la Croix-Rouge. « Huit migrants sur dix arrivés cette année par la mer aux îles ont poursuivi leur voyage vers la péninsule », assurait récemment le journal canarien La Provincia.

    Aujourd’hui, la plupart des femmes rencontrées à la Croix-Blanche sont sur le territoire français. « J’ai pu voyager avec mon passeport et celui de la petite, confirme ainsi Mariama. C’est ma sœur qui a acheté mon billet d’avion pour Bilbao. » Une fois sur place, elle a pris un car jusqu’à Bordeaux, puis un Blablacar vers Ris-Orangis, au sud de Paris. Son ancienne vie est derrière elle, désormais, et elle ne veut plus parler de son périple. « Moi, je ne demande pas beaucoup, juste le minimum », confie-t-elle. Maintenant que sa nièce est bien installée, et scolarisée, la jeune Ivoirienne n’a qu’un rêve : faire venir ses deux filles en France, « un pays où l’on se sent enfin libre ».

    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/10/06/ce-sont-les-oubliees-les-invisibles-de-la-migration-l-odyssee-des-femmes-afr

    #femmes #femmes_migrantes #invisibilisation #invisibilité #morts #mourir_aux_frontières #statistiques #chiffres #îles_Canaries #route_Atlantique #viols #violences_sexuelles #parcours_migratoires #grossesses #grossesse #facteurs_push #push-factors

    ping @_kg_ @isskein

    • voir aussi cette note de Migreurop (décembre 2018) :
      Femmes aux frontières extérieures de l’Union européenne

      Les Cassandre xénophobes de la « ruée vers l’Europe » appuient leurs prévisions apocalyptiques sur des images dont les femmes sont absentes : ce serait des hommes jeunes qui déferleraient par millions sur nos sociétés qui verraient alors mis à bas un équilibre des sexes – tant du point de vue quantitatif que relationnel – chèrement acquis. La médiatisation et la politisation de « l’affaire de la gare de Cologne » (31 décembre 2016) ont ainsi joué un grand rôle dans le retournement de la politique allemande vis-à-vis des exilé·e·s. Ces derniers étant décrits comme des hommes prédateurs en raison de leurs « cultures d’origine », il devenait légitime de ne pas les accueillir…

      Ce raisonnement est bien sûr vicié par de nombreux biais idéologiques, mais aussi par des erreurs factuelles et statistiques : les nouvelles entrées dans l’Union européenne (UE) sont tout autant le fait d’hommes que de femmes, et ces dernières
      représentent près de la moitié des immigré·e·s installés dans l’UE. Ce phénomène n’est pas nouveau : au début des années 1930, alors que la France était la principale « terre d’accueil » des exilé·e·s, les femmes représentaient déjà plus de 40% des arrivant·e·s. L’invisibilisation des femmes n’est certes pas propre à l’immigration mais, en l’occurrence, elle sert également un projet d’exclusion de certains hommes.
      Les exilé·e·s sont en effet quasiment absentes des « flux » les plus médiatisés : plus de 90 % des boatpeople de Méditerranée ou des mineur·e·s isolé·e·s entrant dans l’UE sont des hommes. Cela permet d’ailleurs de justifier le caractère pour le moins « viril » des dispositifs de répression les visant. La « guerre aux migrants » serait une affaire mâle ! Or, les femmes en migration, loin de voir leur supposée « vulnérabilité » prise en compte, sont également prises au piège de la militarisation des frontières. La violence de la répression redouble celle des rapports sociaux.

      http://migreurop.org/article2903.html?lang=fr

    • Voir aussi cette étude publiée par l’INED :

      Les immigrés en France : en majorité des femmes

      Les femmes sont désormais majoritaires parmi les immigrés en France. Comme nous l’expliquent Cris Beauchemin, Catherine Borrel et Corinne Régnard en analysant les données de l’enquête Trajectoires et Origines (TeO), contrairement à ce que l’on pourrait penser, la féminisation des immigrés n’est pas due seulement au regroupement familial. Les femmes migrent de plus en plus de façon autonome afin de travailler ou de faire des études.

      https://www.ined.fr/fr/publications/editions/population-et-societes/immigres-france-majorite-femmes

    • Et ce numéro de la revue Ecarts d’identité :
      Exil au feminin

      Editorial :

      Une éclaircie ?

      Une éclaircie, dit Le Robert, c’est une embellie qui « apparaît dans un ciel nuageux ou brumeux » (le ciel de cette saison qui tarde à se dégager !).

      Sur terre, c’est l’éclaircie des terrasses, des sourires retrouvés sur les visages quand ils tombent les masques. Pas complètement mais on veut y croire : on veut croire que ce monde ne s’est pas totalement effondré, qu’une vie sociale est encore possible, que le dehors peut redevenir un espace public où l’on peut respirer, échanger, frôler et non cet espace de troisième type qui s’était semi-privatisé en petits groupes se méfiant les uns des autres ! L’éclaircie aussi, relative, des lieux culturels où nourrir de nouveau son imaginaire, admirer, élucider et rêver d’autres possibles aux devenirs.

      Une éclaircie, c’est en somme comme une clairière dans une forêt touffue où l’on peut connaître un répit, se racler un peu la voix après un quasi-étouffement, reprendre souffle, ou encore une sorte d’armistice dans une « guerre »...Ce langage impayable du pouvoir ! Il recycle constamment ses armes. L’espace social est devenu une géographie qui sert désormais à « faire la guerre », avec fronts et arrières, héros et vétérans, logisticiens et unités d’interventions, etc. Une guerre déclarée à un ennemi invisible, ou trop visible au contraire ! Il s’incorpore, il s’incarne en nous, nous faisant devenir ennemis de nous-mêmes, cette « part maudite » de « nous » que l’on ne veut surtout pas voir, nous contentant de nous voiler la face, garder les distances, frictionner frénétiquement les mains, comme si ce carnaval, bien macabre pouvait nous prémunir de « nous-mêmes »... Cela préoccupe évidemment, mais cela occupe beaucoup et jusqu’à épuisement les uns et désœuvre grandement les autres, et cette pré-occupation-là fait « chaos-monde »... qui fait oublier le reste !

      Or, le reste, c’est la vie. La vie dans tous ses états sur cette terre « ronde et finie » et appartenant à tout le monde, c’est « nous » tel que ce pronom personnel le dit : un pluriel et tel qu’il est pronom réfléchi : sujet de ce « nous » constamment en devenir. Ce « nous » est de tous les genres et espèces, matières et manières, temps et espaces sur terre, réels et imaginaires, à tout moment et partout singulier et pluriel, tenant dans cette singularité-pluralité de son infiniment petit à son infiniment grand.
      Ce qui fait ce tenant, c’est l’avec : l’être-avec et le vivre-avec, sans distinctions – hormis celles qui font pluralité, multitude et multiplicité précisément – accordant des primats d’être ou de vivre aux uns au détriment des autres ou empêchant, dans le temps comme dans l’espace, les uns de devenir autrement que ce que les autres pensent qu’ils doivent être… La différence entre l’être et l’être-avec est la différence entre les métaphysiques (petites ou grandes et « indécrottables ») et le politique (le politique tel qu’il « excède » les politiques d’intérêts et de calculs et tel qu’il organise un vivre-avec et non « une autre manière de faire la guerre » !)…
      Il a fallu sans doute cette calamité virale pour nous rappeler que ce reste est en fait le tout – fait de l’avec – dont il faut se préoccuper prioritairement et partout, ce tout qui ne se contamine jamais que de ses propres éléments et depuis tous temps… Le politique consiste à en prendre soin dans ses devenirs !

      Vivre-avec et aussi penser-avec. Penser avec les un•e•s et les autres un autre rapport à ce monde, et penser avec les expériences que vivent au présent les un•e•s et les autres et ce qu’elles nous révèlent sur la manière de mieux aborder l’avenir. Il ne dépend désormais plus de quelques-uns mais de tout le monde. La revue Écarts d’identité, et c’est sa vocation, explore, depuis son premier numéro, les chemins de ce vivre-avec, notamment ceux des migrations et des exils qui nous en apprennent plus sur le devenir-monde que ce que les discours officiels en retiennent et concèdent à en dire. Dans ce numéro, ce sont les spécificités des chemins de l’exil au féminin : une double exposition aux violences de l’exil en tant que tel et à celles, réelles et symboliques, faites aux femmes. Un dossier préparé par Lison Leneveler, Morane Chavanon, Mathilde Dubesset et Djaouidah Sehili (lire l’introduction du dossier).

      Et comme à chaque fois, une fenêtre ouverte sur un horizon de beauté (notre dossier culturel). Bruno Guichard a réalisé un documentaire (Patrick Chamoiseau, ce que nous disent les gouffres) sur Patrick Chamoiseau (ami et parrain de la revue), il nous en ouvre les coulisses où se mêlent puissance poétique et conscience politique. Et une rencontre avec Meissoune Majri, comédienne et metteuse en scène, qui mène depuis 2010 une recherche esthétique interrogeant les effets du réel sur les imaginaires.

      Si, comme le dit l’adage, « à quelque chose malheur est bon », puissions-nous avancer, avec cette calamité, sur les voies de la conscience et « les chemins de la liberté »...

      Abdelattif Chaouite


      https://ecarts-identite.org/-No136-

    • Épisode 3 : Femmes migrantes invisibles

      Statistiquement plus nombreuses que les hommes sur les chemins de l’exil, les femmes sont pourtant les grandes absentes du récit médiatique et de la recherche scientifique dans le domaine des migrations.

      Pour comprendre l’invisibilité Camille Schmoll constate : “il y a aussi un peu d’auto-invisibilité de la part des femmes qui ne souhaitent pas forcément attirer l’attention sur leur sort, leur trajectoire. La migration reste une transgression” et remarque que cette absence peut servir un certain discours “ or, quand on veut construire la migration comme une menace, c’est probablement plus efficace de se concentrer sur les hommes.”

      Depuis plus d’un demi-siècle, les bénévoles de l’Association meusienne d’accompagnement des trajets de vie des migrants (AMATRAMI) viennent en aide aux personnes migrantes présentes sur leur territoire, aux femmes notamment. Camille Schmoll rappelle cette situation : “il y a toujours eu des femmes en migration. On les a simplement occultés pour différentes raisons. En fait, ce sont à l’initiative de femmes, de chercheuses féministes que depuis les années 60-70, on redécouvre la part des femmes dans ces migrations. On sait qu’elles étaient très nombreuses dans les grandes migrations transatlantiques de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle. "

      Confrontées tout au long de leurs parcours migratoires mais également dans leur pays de destination à des violences de genre, ces femmes ne sont que trop rarement prises en compte et considérées selon leur sexe par les pouvoirs publics. Majoritairement des femmes, les bénévoles de l’AMATRAMI tentent, avec le peu de moyens à leur disposition de leur apporter un soutien spécifique et adapté.  Lucette Lamousse se souvient “elles étaient perdues en arrivant, leur première demande c’était de parler le français”. Camille Schmoll observe un changement dans cette migration : “les femmes qui partent, partent aussi parce qu’elles ont pu conquérir au départ une certaine forme d’autonomie. Ces changements du point de vue du positionnement social des femmes dans les sociétés de départ qui font qu’on va partir, ne sont pas uniquement des changements négatifs”.

      https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/femmes-migrantes-invisibles


      #audio #son #podcast

  • Les réouvertures d’écoles dans le monde constituent une menace massive pour les enfants - World Socialist Web Site
    https://www.wsws.org/fr/articles/2021/07/24/pers-j24.html

    Au Brésil, où le variant Gamma a été dominant et où le variant Delta se répand maintenant rapidement, un rapport de l’Uol daté du 20 juillet indique que le COVID-19 a déjà tué 1.581 jeunes âgés de 10 à 19 ans au cours des six premiers mois de 2021. Ainsi, le COVID devient la première cause de décès par maladie pour ce groupe d’âge. En outre, 1.187 enfants de moins de 10 ans ont succombé au virus depuis le début de la pandémie, le Brésil enregistrant le plus grand nombre de décès d’enfants dus au COVID-19 dans le monde.

    .../...

    Les mêmes mensonges se trouvent proférés par la classe dirigeante dans tous les pays pour mener à bien la réouverture inconsidérée des écoles. Face à l’opposition croissante des parents, des étudiants, des éducateurs et de la classe ouvrière au sens large, l’administration fasciste de Bolsonaro est le fer de lance d’une campagne qui vise à rouvrir complètement les écoles à travers le Brésil dans les prochaines semaines, avec le soutien des gouverneurs d’État de tous les partis politiques. À São Paulo, le plus grand district scolaire d’Amérique du Sud avec environ deux millions d’élèves, tous les élèves devront se présenter en personne à l’école et l’espacement entre les élèves sera réduit de 1,5 mètre à un mètre.

    Le caractère mondial de la campagne en faveur de l’ouverture totale des écoles découle d’une nécessité objective commune à la classe capitaliste de renvoyer les parents de la classe ouvrière dans des usines et autres lieux de travail dangereux pour produire des bénéfices.

    #pandémie #scolarisation #

  • #Développement_humain (2020)

    - L´#indice_de_développement_humain et ses composantes
    – L´évolution de l´indice de développement humain
    – L´indice de développement humain ajusté aux #inégalités
    – L´indice de développement de #genre
    – L´indice d´#inégalités_de_genre
    – Indice de #pauvreté multidimensionnelle : pays en développement
    – Tendances démographiques
    #Santé
    – Niveaux d´#instruction
    #Revenu_national et composition des ressources
    #Travail et #emploi
    #Sécurité_humaine
    #Mobilité humaine et flux de capitaux
    – Qualité du développement humain
    – Inégalités femmes-hommes sur le cycle de vie
    – Autonomisation des #femmes
    #Durabilité_environnementale
    – Viabilité socio-économique

    http://www.cartostat.eu/dr=2020_developpement_humain/F/TABLEAU.html

    #cartothèque #cartes #visualisations #développement_humain
    #ressources_pédagogiques #statistiques #chiffres #monde
    #inégalités #démographie #éducation #mobilité_humaine #dette #tourisme #migrations #téléphone #téléphone_mobile #mortalité_infantile #paludisme #tuberculeuse #VIH #HIV #scolarisation #alphabétisation #PIB #chômage #réfugiés #IDPs #déplacés_internes #suicide #suicides #violence_domestique #violence_conjugale #alimentation #déficit_alimentaire #espérance_de_vie #lits_d'hôpitaux #soins #médecin #PISA #électricité #eau_potable #assainissement #travail_domestique #accouchement #contraception #congé_maternité #combustibles_fossiles #CO2 #émissions_de_CO2 #forêt #engrais #industrie_agro-alimentaire #pollution #pollution_atmosphérique #hygiène #dépenses_militaires #armée #pauvreté

    ping @reka

  • La crise sanitaire aggrave les troubles psy des jeunes migrants

    Les « migrants » sont une population composite recouvrant des #statuts_administratifs (demandeurs d’asile, réfugiés, primo-arrivants…) et des situations sociales disparates. Certains appartiennent à des milieux sociaux plutôt aisés et éduqués avec des carrières professionnelles déjà bien entamées, d’autres, issus de milieux sociaux défavorisés ou de minorités persécutées, n’ont pas eu accès à l’éducation dans leur pays d’origine.

    Et pourtant, une caractéristique traverse ce groupe : sa #jeunesse.

    Ainsi, selon les chiffres d’Eurostat, au premier janvier 2019, la moitié des personnes migrantes en Europe avait moins de 29 ans ; l’âge médian de cette population se situant à 29,2 ans, contre 43,7 pour l’ensemble de la population européenne. Cette particularité est essentielle pour comprendre l’état de santé de cette population.

    En effet, on constate que, du fait de sa jeunesse, la population migrante en Europe est globalement en #bonne_santé physique et parfois même en meilleure #santé que la population du pays d’accueil. En revanche, sa santé mentale pose souvent problème.

    Des #troubles graves liés aux #parcours_migratoires

    Beaucoup de jeunes migrants – 38 % de la population totale des migrants selon une recherche récente – souffrent de #troubles_psychiques (#psycho-traumatismes, #dépressions, #idées_suicidaires, #perte_de_mémoire, #syndrome_d’Ulysse désignant le #stress de ceux qui vont vivre ailleurs que là où ils sont nés), alors que la #psychiatrie nous apprend que le fait migratoire ne génère pas de #pathologie spécifique.

    Les troubles dont souffrent les jeunes migrants peuvent résulter des #conditions_de_vie dans les pays d’origine (pauvreté, conflits armés, persécution…) ou des #conditions_du_voyage migratoire (durée, insécurité, absence de suivi médical, en particulier pour les migrants illégaux, parfois torture et violences) ; ils peuvent également être liés aux #conditions_d’accueil dans le pays d’arrivée.

    De multiples facteurs peuvent renforcer une situation de santé mentale déjà précaire ou engendrer de nouveaux troubles : les incertitudes liées au #statut_administratif des personnes, les difficultés d’#accès_aux_droits (#logement, #éducation ou #travail), les #violences_institutionnelles (la #répression_policière ou les #discriminations) sont autant d’éléments qui provoquent un important sentiment d’#insécurité et du #stress chez les jeunes migrants.

    Ceci est d’autant plus vrai pour les #jeunes_hommes qui sont jugés comme peu prioritaires, notamment dans leurs démarches d’accès au logement, contrairement aux #familles avec enfants ou aux #jeunes_femmes.

    Il en résulte des périodes d’#errance, de #dénuement, d’#isolement qui détériorent notablement les conditions de santé psychique.

    De nombreuses difficultés de #prise_en_charge

    Or, ainsi que le soulignent Joséphine Vuillard et ses collègues, malgré l’engagement de nombreux professionnels de santé, les difficultés de prise en charge des troubles psychiques des jeunes migrants sont nombreuses et réelles, qu’il s’agisse du secteur hospitalier ou de la médecine ambulatoire.

    Parmi ces dernières on note l’insuffisance des capacités d’accueil dans les #permanences_d’accès_aux_soins_de_santé (#PASS), l’incompréhension des #procédures_administratives, le besoin d’#interprétariat, des syndromes psychotraumatiques auxquels les professionnels de santé n’ont pas toujours été formés.

    Les jeunes migrants sont par ailleurs habituellement très peu informés des possibilités de prise en charge et ne recourent pas aux soins, tandis que les dispositifs alternatifs pour « aller vers eux » (comme les #maraudes) reposent essentiellement sur le #bénévolat.
    https://www.youtube.com/watch?v=Pn29oSxVMxQ&feature=emb_logo

    Dans ce contexte, le secteur associatif (subventionné ou non) tente de répondre spécifiquement aux problèmes de santé mentale des jeunes migrants, souvent dans le cadre d’un accompagnement global : soutien aux démarches administratives, logement solidaire, apprentissage du français, accès à la culture.

    Organisateurs de solidarités, les acteurs associatifs apportent un peu de #stabilité et luttent contre l’isolement des personnes, sans nécessairement avoir pour mission institutionnelle la prise en charge de leur santé mentale.

    Ces #associations s’organisent parfois en collectifs inter-associatifs pour bénéficier des expertises réciproques. Malgré leur implantation inégale dans les territoires, ces initiatives pallient pour partie les insuffisances de la prise en charge institutionnelle.

    Des situations dramatiques dans les #CRA

    Dans un contexte aussi fragile, la #crise_sanitaire liée à la #Covid-19 a révélé au grand jour les carences du système : si, à la suite de la fermeture de nombreux #squats et #foyers, beaucoup de jeunes migrants ont été logés dans des #hôtels ou des #auberges_de_jeunesse à l’occasion des #confinements, nombreux sont ceux qui ont été livrés à eux-mêmes.

    Leur prise en charge sociale et sanitaire n’a pas été pensée dans ces lieux d’accueil précaires et beaucoup ont vu leur situation de santé mentale se détériorer encore depuis mars 2020.

    Les situations les plus critiques en matière de santé mentale sont sans doute dans les #Centres_de_rétention_administrative (CRA). Selon le rapport 2019 de l’ONG Terre d’Asile, sont enfermés dans ces lieux de confinement, en vue d’une #expulsion du sol national, des dizaines de milliers de migrants (54 000 en 2019, dont 29 000 en outremer), y compris de nombreux jeunes non reconnus comme mineurs, parfois en cours de #scolarisation.

    La difficulté d’accès aux soins, notamment psychiatriques, dans les CRA a été dénoncée avec véhémence dans un rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) en février 2019, suivi, à quelques mois d’écart, d’un rapport tout aussi alarmant du Défenseur des droits.

    La #rupture de la #continuité des #soins au cours de leur rétention administrative est particulièrement délétère pour les jeunes migrants souffrant de pathologies mentales graves. Pour les autres, non seulement la prise en charge médicale est quasi-inexistante mais la pratique de l’isolement à des fins répressives aggrave souvent un état déjà à risque.

    La déclaration d’#état_d’urgence n’a pas amélioré le sort des jeunes migrants en rétention. En effet, les CRA ont été maintenus ouverts pendant les périodes de #confinement et sont devenus de facto le lieu de placement d’un grand nombre d’étrangers en situation irrégulière sortant de prison, alors que la fermeture des frontières rendait improbables la reconduite et les expulsions.

    Un tel choix a eu pour conséquence l’augmentation de la pression démographique (+23 % en un an) sur ces lieux qui ne n’ont pas été conçus pour accueillir des personnes psychologiquement aussi vulnérables et pour des périodes aussi prolongées.

    Des espaces anxiogènes

    De par leur nature de lieu de #privation_de_liberté et leur vocation de transition vers la reconduction aux frontières, les CRA sont de toute évidence des #espaces_anxiogènes où il n’est pas simple de distinguer les logiques de #soins de celles de #contrôle et de #répression, et où la consultation psychiatrique revêt bien d’autres enjeux que des enjeux thérapeutiques. Car le médecin qui apporte un soin et prend en charge psychologiquement peut aussi, en rédigeant un #certificat_médical circonstancié, contribuer à engager une levée de rétention, en cas de #péril_imminent.

    Les placements en CRA de personnes atteintes de pathologies psychologiques et/ou psychiatriques sont en constante hausse, tout comme les actes de #détresse (#automutilations et tentatives de #suicide) qui ont conduit, depuis 2017, cinq personnes à la mort en rétention.

    La prise en charge effective de la santé mentale des jeunes migrants se heurte aujourd’hui en France aux contradictions internes au système. Si les dispositifs sanitaires existent et sont en théorie ouverts à tous, sans condition de nationalité ni de régularité administrative, l’état d’incertitude et de #précarité des jeunes migrants, en situation irrégulière ou non, en fait un population spécialement vulnérable et exposée.

    Sans doute une plus forte articulation entre la stratégie nationale de prévention et lutte contre la pauvreté et des actions ciblées visant à favoriser l’intégration et la stabilité via le logement, l’éducation et l’emploi serait-elle à même de créer les conditions pour une véritable prévention des risques psychologiques et une meilleure santé mentale.

    https://theconversation.com/la-crise-sanitaire-aggrave-les-troubles-psy-des-jeunes-migrants-152

    #crise_sanitaire #asile #migrations #réfugiés #jeunes_migrants #santé_mentale #troubles_psychologiques #genre #vulnérabilité #bénévolat #rétention #détention_administrative #sans-papiers

    ping @isskein @karine4

  • Ivan Illich et la déscolarisation de la société 1/2
    https://topophile.net/savoir/ivan-illich-et-la-descolarisation-de-la-societe-1-2

    La pensée d’Ivan Illich (1926-2002), figure inclassable et incontournable de la critique de la société industrielle, se révèle toujours aussi stimulante et pertinente. Elle a nourri et continue de nourrir nombre de mouvements écologistes ainsi que cette humble revue. Illich démontre que les institutions passées un certain seuil deviennent contre-productives, c’est-à-dire se retournent contre leur... Voir l’article

  • Ouverture des écoles le 11 mai… – Citoyenne Enseignante
    https://maitresserepublique.wordpress.com/2020/04/27/ouverture-des-ecoles-le-11-mai
    https://secure.gravatar.com/blavatar/e2e8ed6aabcfc03464cb7adb99981049?s=200&ts=1588153296

    Nos missions seront donc sanitaires et sociales. Moi qui pensais être « vecteur de transmission de savoirs ».
    Mais depuis quand se préoccupe-t-on du côté sanitaire des établissements scolaires qui collectionnent les toilettes vétustes, les savons invisibles, les essuie-mains collectifs en éponge ?
    Depuis quand se préoccupe-t-on du social alors qu’on a noyé les élèves et leurs familles avec une école à distance et du travail à réaliser en laissant sur le bas-côté du chemin de l’instruction les enfants des familles qui ne maîtrisent pas les codes, qui n’ont pas d’équipement informatique, qui souffrent financièrement et psychologiquement du confinement, qui travaillent pour nous soigner, nous accompagner, nous nourrir, ramasser nos ordures…

    • /me souvenirs de la maitresse de maternelle qui a refusé catégoriquement que ma fille se brosse les dents après la cantine :
      – « il n’en est pas question, vous imaginez le problème si tous les enfants se mettent à vouloir se brosser les dents »
      Ah oui, ça lui aurait peut-être juste éviter de multiples visites chez le dentiste une fois ado …

      #école_française #scolarisation #république_mon_cul

  • La militante de #RESF #Vaucluse condamnée en appel pour avoir scolarisé un jeune migrant isolé

    La Cour d’Appel de Nîmes condamne ce jeudi #Chantal_Raffanel à 500 euros d’amende pour avoir scolarisé un jeune migrant à Vedène. La militante de RESF Vaucluse avait été relaxée en première instance mais le parquet avait fait appel.


    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/la-militante-de-resf-vaucluse-condamnee-pour-avoir-scolarise-un-jeune-mig
    #droit_à_l'éducation #enfants #scolarisation #enfance #école #condamnation #délit_de_solidarité #MNA #mineur_non_accompagné #justice (well...) #it_has_begun
    signalé par @reka sur FB

  • « Gens du voyage » : Une école de la sédentarisation

    par William ACKER :
    https://medium.com/@Rafumab_80461/une-%C3%A9cole-de-la-s%C3%A9dentarisation-17209e30787f

    Hier soir j’étais avec des amis, tout se passait bien, lorsqu’une des personnes a souhaité me partager son avis sur la scolarisation des enfants des « gens du voyage » en proposant une « sédentarisation forcée des familles » durant la période des 3 à 16 ans de l’enfant. Face à cette proposition, qui m’a quelque peu ému, j’ai eu la surprise de voir les autres personnes présentes acquiescer et je me suis dit que peut-être ces analyses simplistes étaient partagées par le plus grand nombre.

    #préjugés #racisme #itinérance #gens_du_voyage #scolarisation

  • À #Grenoble, le quotidien de Moussa, mineur non accompagné

    Ils s’appellent Aliou, Mohammed, Moussa, Ahmed, Fodé… À Grenoble, ils sont plus de 2 000 jeunes, d’origine africaine, à se déclarer mineurs et isolés, mais tous ne sont pas reconnus comme tels par le Département.

    Ces “MNA” (“mineurs non accompagnés”) affrontent le #quotidien sans promesse d’avenir, accompagnés par le tissu associatif grenoblois.

    Sans celui-ci, ils seraient encore plus nombreux à la rue, privés de soins et de nourriture. Nous avons suivi le quotidien d’un de ces jeunes, désemparé par tant de difficultés, mais guidé par son désir d’être scolarisé.

    15 février 2019 - La rencontre

    14h10 : Moussa est assis, les bras enlacés, la tête reposant contre le mur. Emmitouflé dans son anorak rouge des jours de pluie, le jeune homme a le regard perdu. Parfois il s’échappe complètement. Mais il répond, avec un grand sourire, à tous les “bonjour” lancés par les bénévoles, au premier étage des locaux du Secours Catholique à Grenoble.

    Son regard croise le mien – assise sur la table d’en face –, sans sourire. Repart et puis revient. Un sourire. J’engage le dialogue : « Ça va, aujourd’hui ? – Ça va. Mais j’ai la migraine. » Moussa semble connaître tout le monde. Il serre des mains, échange des salutations dans une autre langue avec de jeunes hommes originaires d’Afrique. Il reste assis pendant que d’autres s’agitent, se servent du thé et du café ; c’est le rituel de la permanence de l’association le vendredi après-midi.

    « Tu viens souvent ici ? – Depuis environ deux mois. » Depuis le 26 décembre 2018, très exactement. J’apprends qu’il est guinéen. Contrairement à beaucoup d’autres jeunes venus chercher un logement pour le soir même avec l’aide des bénévoles, Moussa aspire surtout à prendre un moment de calme, dans ce lieu où il a des repères.

    Il fait partie des “chanceux” à disposer d’un point de chute pour plusieurs semaines : un gymnase a été ouvert pour la trêve hivernale quelques jours plus tôt, à Échirolles, grande agglomération de la banlieue grenobloise. La rencontre est brève, Moussa n’est décidément pas bien aujourd’hui. Je souhaite le revoir. « On s’appelle, je te donne mon numéro », conclut-il, mettant fin à la conversation.

    Quelques jours plus tard, nous nous retrouvons dans la rue Sergent-Bobillot, où est situé le Secours Catholique. Je rencontre Moussa tel que je le verrai souvent par la suite : souriant, l’air malicieux, les mains dans les poches, l’allure vigoureuse du haut de son 1m90.

    Il explique qu’il marche beaucoup dans la ville. « Je suis même allé là, tu vois ? » Le bras tendu, il désigne la Bastille, lieu touristique par excellence de la capitale des Alpes, qui domine la ville. « J’y suis allé à pied, pas dans les bulles, ça fait trop peur !

    À Grenoble, ils sont nombreux, comme lui, à tuer le temps. L’expression "MNA", mineur non accompagné, a remplacé en mars 2016 celle de “mineur isolé étranger”, sous l’impulsion du garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, afin d’être en adéquation avec la directive européenne qui met l’accent sur la protection de l’enfance plutôt que sur le pays d’origine. En effet, les mineurs étrangers ne sont pas soumis aux règles de séjour des étrangers mais relèvent de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), qui est une compétence départementale. Dans l’Isère, le nombre de jeunes se déclarant mineurs et isolés s’élèverait à 2 200 fin 2018, un chiffre multiplié par dix en trois ans. « L’Isère est un département très, très impacté. C’est le plus touché de la région Auvergne-Rhône-Alpes avec la métropole de Lyon. Il se situe juste après le Grand Paris », précise Sandrine Martin-Grand, vice-présidente du conseil départemental en charge des affaires familiales et de la protection de l’enfance. Les raisons en sont difficiles à cerner : elles sont géographiques, liées à des réseaux de passeurs ou aux différentes communautés qui s’y rejoignent… 93 % des MNA arrivant à Grenoble sont originaires d’Afrique, dont 82 % de Guinée, du Mali et de Côte d’Ivoire (la moyenne nationale étant établie à 71 % de MNA originaires d’Afrique).

    18 février 2019 – Raconter son parcours

    Un écouteur dans l’oreille, Moussa est en grande discussion. Nous nous sommes donné rendez-vous à la gare de Grenoble. Dans le hall, il a trouvé du wifi pour appeler son cousin, à New York. Ce dernier a également quitté la Guinée, il y a quelques années. À la gare, les voyageurs peuvent croiser des jeunes en petits groupes.

    Plus pour longtemps. « Hier, la police nous a demandé de sortir du hall, on n’a plus le droit de rester si on n’a pas de ticket de transport », annonce Moussa. Dans le hall, une inscription fraîche sur le sol interdit en effet désormais de s’asseoir sur les sièges “sans titre de transport”.

    Le regard du jeune homme se perd à nouveau, son visage si souriant d’ordinaire s’assombrit : « J’ai dormi deux nuits ici à mon arrivée à Grenoble », confie-t-il. Puis sans prévenir, à l’entrée de la gare, au milieu de la foule, Moussa se livre : « Je ne regrette pas d’être venu, mais c’est trop de soucis. Chaque jour, tu t’inquiètes d’où tu vas dormir, tu cherches de quoi manger. C’est ça, la France ? Je suis venu ici en pensant que je pourrais aller à l’école. »

    Chaque jour, tu t’inquiètes d’où tu vas dormir, tu cherches de quoi manger. C’est ça, la France ?

    Lorsque nous nous retrouvons, nous marchons. Et Moussa me raconte des bribes de sa vie. Il a quitté la Guinée début 2018 ; il dit avoir 16 ans et 10 mois. Son périple l’a conduit au Maroc où il a vécu « plusieurs mois d’enfer » dont il ne veut jamais parler.

    Il y reste jusqu’au jour où un passeur l’avertit qu’il partira pour l’Espagne dans la nuit : « On est monté sur un Zodiac à 1 heure du matin. On était tellement nombreux. À 7 heures, on a eu des difficultés, le moteur était gâté. J’ai cru qu’on allait mourir, j’ai toujours eu très peur de la mer. Je ne l’avais jamais touchée pour de vrai et là, on était coincé en plein milieu de la mer Méditerranée. »

    Les mots s’entrechoquent avec le son de la vidéo qu’il a enregistrée avec son téléphone à l’arrivée des secours espagnols : « Ça me fait pleurer de revoir ça. Quand je pense à la souffrance que j’ai vécue pour me retrouver aujourd’hui comme ça, forcément ça me fait pleurer. »

    “Comme ça”, c’est-à-dire sans visibilité d’avenir, errant. Après l’Espagne en novembre 2018, puis Bayonne, Bordeaux, il arrive à Grenoble le 26 décembre. « Au hasard, j’ai pris le premier train qui partait à la gare de Bordeaux. » Le jeune homme donne ces détails sans hésiter ; cette histoire, il l’a déjà racontée à beaucoup d’inconnus, évaluateurs, bénévoles…

    Il passe ses deux premières nuits à la gare et le 28 décembre, un homme s’arrête devant lui pour l’emmener à la Cité administrative, où se trouve la Direction départementale de la cohésion sociale de l’Isère, de l’autre côté de la ville : « C’était un bénévole d’une association, il m’a dit que j’allais être évalué, et je ne savais pas ce que ça voulait dire. »

    Pile ou face : l’évaluation de la #minorité

    L’évaluation de la minorité est un passage obligé pour les mineurs non accompagnés. Depuis le 15 octobre 2018, à Grenoble, cette tâche revient à six évaluateurs embauchés par le Département. Ils doivent déterminer six points majeurs : l’état civil du jeune, ses conditions de vie dans le pays d’origine, la composition de sa famille, les motifs de son départ, son parcours migratoire, ses conditions de vie en France et enfin, ses projets sur le territoire.

    Si la minorité est confirmée, le jeune est placé en foyer ou en famille d’accueil et orienté vers un parcours scolaire jusqu’à sa majorité. Ceux qui ne sont pas “confirmés mineurs” peuvent engager un recours devant le juge des enfants et ne font l’objet d’aucune prise en charge de la part du Département .

    30 % des jeunes évalués sont reconnus mineurs par le Département, et les autres, les 70 % restants, sont remis à la rue le soir même.

    C’est le cas de Moussa. Le 28 décembre 2018, il était reçu à la Cité administrative pour être évalué : « J’étais épuisé par le voyage et les nuits dehors, se souvient-il. Une femme m’a posé plein de questions, sans que je comprenne pourquoi ! C’était comme un interrogatoire de police. » Le jour même, dans l’après-midi, il se voit remettre un papier qui stipule qu’il n’est pas confirmé mineur. Le jeune homme certifie pourtant être né le 30 avril 2002. « On m’a dit : tu n’as pas l’âge que tu prétends. Je n’ai rien compris. »

    Si un arrêté du 17 novembre 2016 fixe une “trame” à suivre pour les évaluateurs afin de mener l’entretien, la procédure est critiquée par les associations grenobloises (il en est de même au niveau national). « Le constat est que 30 % des jeunes [évalués] sont reconnus mineurs par le Département, et les autres, les 70 % restants, sont remis à la rue le soir même », témoigne Stéphane Dezalay, coresponsable du groupe local de la Cimade. Malgré la “trame” officielle, les procédures d’évaluation varient selon le département ; le taux de reconnaissance oscille ainsi entre 9 % et 100 %. « Ces chiffres sont la preuve que chaque pratique d’évaluation diffère d’un département à un autre ; certains utilisent des critères très stricts et vont refuser plus de jeunes, de manière arbitraire », constate Angélique Giannini, coordinatrice de l’association Médecins du monde qui reçoit beaucoup de jeunes.

    « Quand je suis sorti de mon entretien, des bénévoles m’ont emmené directement au Secours Catholique. Depuis, je suis entre ses mains pour survivre, tous les jours… », murmure Moussa avec reconnaissance, un jour où nous prenons une pause sur un banc public.

    À Grenoble, plusieurs associations assurent donc le quotidien de plusieurs centaines de jeunes sur le territoire : la Cimade, le Secours Catholique, Médecins du monde et des associations locales comme Migrants en Isère, l’Amicale du Nid (pour la prévention de la prostitution), 3Amies (pour la scolarisation), l’Arepi (pour le logement)...

    Marie-Noël est depuis plus de vingt ans travailleuse sociale et animatrice au Secours Catholique. C’est elle notamment qui, tous les vendredis après-midi, aide les jeunes à trouver un logement pour la nuit : « Le vendredi soir, c’est la galère car certains foyers ferment le week-end. On doit donc leur trouver une solution pour trois nuits, alors on appelle le 115. Sinon, on fait jouer notre réseau de familles d’accueil aux alentours de Grenoble. »

    UN DÉNI DE PROTECTION
    Depuis 2016, des enjeux politiques et un climat de suspicion croissant se font jour envers les mineurs étrangers sollicitant une protection, ce qui aboutit à une dégradation de la prise en charge de ces jeunes.
    Ces dernières années, les équipes locales du Secours Catholique constatent une défaillance croissante des départements, responsables de l’Aide sociale à l’enfance, qui montrent des réticences à remplir leur mission de protection et d’accompagnement des mineurs non accompagnés (MNA). Dans un contexte de bras de fer entre le gouvernement et les conseils départementaux sur les questions budgétaires, les jeunes étrangers sont un moyen de pression politique, déplore Franck Ozouf, en charge du sujet au Secours Catholique. « Pour ne pas assumer pleinement leur prise en charge, les départements affirment que ce sont des migrants avant d’être des enfants, et que ce n’est donc pas du ressort de la politique de l’enfance mais de la politique migratoire gérée, elle, par l’État. »
    L’obligation d’accueil provisoire d’urgence, impliquant une prise en charge matérielle, éducative et sanitaire du jeune le temps que sa situation (minorité, dangerosité de son environnement) soit évaluée, est de moins en moins respectée. Dans certains départements, comme l’Isère, cette mise à l’abri provisoire n’existe plus ; dans d’autres, elle est réduite au strict minimum sous la forme d’un hébergement précaire.
    Lorsque le jeune est reconnu mineur, il arrive que des conseils départementaux, à l’instar de celui des Bouches-du-Rhône, refusent d’exécuter la prise en charge demandée par le juge des enfants. Enfin, de plus en plus de départements créent des dispositifs dérogatoires pour les MNA, sortant ces derniers du droit commun de la protection de l’enfance au profit d’une prise en charge au rabais. Pour le Secours Catholique, il faut cesser de considérer ces jeunes comme des “migrants à contrôler”, mais réaffirmer leur nécessaire protection au titre des droits de l’enfant afin d’assurer un accueil et une prise en charge adaptés à leur situation de vulnérabilité.

    25 février 2019 : Enfin l’école !

    Moussa est en retard. Il arrive en trombe sur un vélo, son grand sourire aux lèvres. « Bonjour Moussa et bienvenue ! » Régine ne lui tient pas rigueur de son retard et fait avec lui le tour du propriétaire : un étage d’immeuble aménagé en salles de classe dans le quartier Saint-Bruno, quartier populaire de Grenoble.

    Elle est la directrice de l’association 3Amies, créée il y a presque deux ans pour offrir un accompagnement scolaire aux mineurs non accompagnés ayant introduit un recours. Moussa et Régine s’installent dans le bureau de celle-ci.

    Le jeune Guinéen lui raconte son périple. Régine apprend qu’il a quitté l’école il y a plusieurs années, mais estime que son niveau de français est très bon. « Tu as un niveau de sixième par rapport au programme français, mais peut-être as-tu beaucoup plus de connaissances, tu as appris plein d’autres choses ailleurs ! » déclare-t-elle.

    La directrice lui explique le projet de 3Amies : “Accueil, aide et accompagnement”. Moussa ne semble pas tout comprendre mais il est de bonne volonté. Après une heure d’entretien, le jeune homme repart avec un rendez-vous pour le lundi suivant, afin de passer une petite évaluation de niveau, à l’issue de laquelle il sera intégré à un groupe pour aller en cours tous les jours.

    Il remonte sur son vélo, comme grandi : « Je suis trop content. M’éduquer, c’est mon seul objectif, pour parler et écrire très bien. J’ai encore du chemin à faire. » Il pourra rester dans le dispositif jusqu’à la décision de justice.

    « Courage, mon frère. » Moussa pose la main sur l’épaule de Fodé. Derrière lui, l’hôtel de police où son ami guinéen a rendez-vous à 14 heures. Passage obligé où la Police de l’air et des frontières (PAF) vérifie les papiers d’identité de chaque MNA, ce service est le seul habilité à authentifier l’extrait de naissance lorsqu’il y en a un, une pièce utile ensuite pour le juge des enfants. Les jeunes sont normalement convoqués une fois, la PAF devant contrôler les papiers qu’ils possèdent et faire une prise d’empreintes. « Vas-y et je t’attends là », dit Moussa à Fodé.

    Depuis quelques semaines, tous deux sont inséparables. Ils s’épaulent au quotidien. « Fodé m’a accompagné dans mes démarches, à mon arrivée au Secours Catholique. Tous les jeunes ne font pas ça, il y a beaucoup de méfiance. Alors, après, on ne s’est plus quittés, relate Moussa. Dans la vie, il faut marcher avec quelqu’un avec qui vous vous comprenez. » Peut-être parce qu’ils viennent tous deux de Guinée forestière, qu’ils ont connu le Maroc, le Zodiac, l’arrivée difficile en France.

    J’ai laissé ma vie à Dieu, en fait, depuis que je suis ici. Que faire d’autre ?

    Moussa s’assoit sur un banc. Le chant des oiseaux et la chaleur du printemps naissant n’apportent pas de répit au jeune homme. Il souffle, fort, et s’assombrit en regardant des photos sur son smartphone, qu’il sort rarement. Sur le fond d’écran : « Ma maman, que j’ai perdue », soupire-t-il. Au bout de quelques secondes, il lâche : « Voilà, ça fait un an que je n’ai pas vu ma famille, je ne donne pas de nouvelles. Je n’y pense pas, quand tu as faim tu ne penses à rien d’autre. » Moussa invoque Dieu. « J’ai laissé ma vie à Dieu, en fait, depuis que je suis ici. Que faire d’autre ? »

    eux semaines plus tard, Fodé sera fixé sur son sort, convoqué devant le juge pour enfant. « Depuis mon arrivée, le 13 octobre (2018), j’attends ce moment », dit-il. Moussa observe que lui va devoir encore attendre longtemps, car il est arrivé deux mois après Fodé.

    Ce dernier ne se réjouit pas pour autant : « Je ne comprends même plus ce que je fais ici. Je n’ose pas appeler ma maman pour lui raconter ce que je vis ici. » À demi-mot, on comprend que sa présence ici est un choix familial qu’il ne peut pas décevoir…
    « invisibles »

    En marchant, les deux jeunes hommes devisent. Moussa fait référence à la difficulté d’être Africain en France. Il tente de comprendre ce qu’est le racisme et rit d’anecdotes sur ces Français qui se retournent sur leur passage dans les rues. « Même si les gens nous remarquent, on reste invisibles pour eux ».

    Fodé propose d’aller à la bibliothèque, pour se changer les idées. Ils repartiront avec le “Discours sur le colonialisme” d’Aimé Césaire, “De la traite et de l’esclavage des Noirs” d’Abbé Henri Grégoire, et “La fin des colonies françaises » de Bernard Droz...

    1er avril 2019 : Retour à la case départ ?

    Lundi, 7 heures du matin. La fin de la trêve hivernale sonne. Les résidents du gymnase Pablo-Picasso, dont Moussa, sont priés de quitter les lieux immédiatement par des vigiles et policiers municipaux de la ville d’Échirolles.

    Le gymnase est fermé à clef rapidement, malgré la promesse de l’élue à l’action sociale que le lieu serait ouvert durant une semaine supplémentaire. Des militants du droit au logement sont présents, outrés par l’action plutôt brutale. « On m’avait prévenu que ça risquait de se passer comme ça », observe Moussa. « Je suis parti vite, avec mes affaires. »

    Sur les 40 personnes, 15 se retrouveront à la rue dans les jours qui suivront. De retour à Grenoble, Moussa est redirigé le jour même vers un foyer situé à 10 km du centre-ville de Grenoble, épaulé par le Secours Catholique. Cinq jours de répit mais beaucoup de transports : « Je dois prendre deux bus et beaucoup marcher, c’est dans la montagne ! » Sur les flancs du massif de la Chartreuse, exactement.

    Tandis que le périple continue pour Moussa, Fodé reçoit une bonne nouvelle. Trois jours plus tôt, il a été confirmé mineur par le juge des enfants. Il sera bientôt scolarisé dans un lycée professionnel grenoblois. Beaucoup de changements, mais toujours cette amitié : « Malgré les choses qui changent, Moussa et moi on se voit tous les jours », dit-il. Et cela va de soi. Ils font route ensemble, maintenant.

    https://www.secours-catholique.org/actualites/a-grenoble-le-quotidien-de-moussa-mineur-non-accompagne
    #MNA #mineurs_non_accompagnés #asile #migrations #réfugiés #âge #école #scolarisation #France #témoignage

  • Inter-sectoral cooperation for Afghan refugee education in Iran

    A recent decree in Iran removed a legal barrier to undocumented refugee children attending school but other barriers remain. One non-governmental organisation discusses the successes and challenges of adopting an inter-sectoral approach to breaking down these barriers.

    https://www.fmreview.org/education-displacement/shammout-vandecasteele
    #éducation #scolarisation #Iran #réfugiés #asile #migrations #enfants #enfance #réfugiés_afghans #sans-papiers

  • Greeks oppose free education for refugee children

    Greek law says refugee children must be offered free education. Al Jazeera looks at what is keeping them out of class.

    Greece is trying to offer education to young refugees on the Aegean Islands.

    However, getting children into classes is proving difficult.

    The already thin resources are being stretched too far, say locals, while refugee parents are wary of Greek schools.

    https://www.aljazeera.com/news/2019/04/greeks-oppose-free-education-refugee-children-190407120930318.html
    #réfugiés #asile #migrations #enfance #enfants #éducation #droit_à_l'éducation #accès_à_l'éducation #enfants_réfugiés #déscolarisation #scolarisation #îles

  • Education : needs, rights and access in displacement

    Education is one of the most important aspects of our lives – vital to our development, our understanding and our personal and professional fulfilment throughout life. In times of crisis, however, millions of displaced young people miss out on months or years of education, and this is damaging to them and their families, as well as to their societies, both in the short and long term. This issue of FMR includes 29 articles on Education, and two ‘general’ articles.


    https://www.fmreview.org/education-displacement/contents
    #éducation #asile #migrations #réfugiés #droit_à_l'éducation #accès_à_l'éducation #scolarisation #déscolarisation #Syrie #conflit #guerre #genre #abus_sexuels #viols #Jordanie #Dadaab #Kenya #Grèce #écoles_de_rue #France #bus_école #Ouganda #Ethiopie #Palestine #réfugiés_palestiniens #Rwanda #UK #Angleterre #réfugiés_syriens #Turquie #MNA #mineurs_non_accompagnés #USA #Etats-Unis #travail_forcé #enfants #enfance #Iran #réfugiés_afghans #université #Myanmar #Birmanie #réfugiés_rohingya #Rohingya

  • 2 chercheuses de l’université de Stanford se sont posées la question des effets de cette interdiction sur le devenir des jeunes filles qui, après 2004 n’avaient plus le droit de porter le voile - baignant ainsi dans un environnement scolaire des plus « laïque »

    Political Secularism and Muslim Integration in theWest: Assessing the Effects of the French HeadscarfBan∗

    PDF : https://vfouka.people.stanford.edu/sites/g/files/sbiybj4871/f/abdelgadirfoukajan2019.pdf

    Do bans on religious expression affect minority integration? In this paper we system-atically investigate the effects of the 2004 French headscarf ban and show that theintegration of Muslim women was negatively impacted by the law along a number ofdimensions. Affected cohorts of Muslim women are less likely to complete secondaryeducation, more likely to drop out of secondary school after the law’s enactment, andmore likely to take longer to complete secondary education. Long-term socioeconomicoutcomes and attitudes are also affected. Treated cohorts have lower rates of labor forceparticipation and employment, and are more likely to have more children. A combina-tion of quantitative and qualitative evidence suggests that these results are primarilydriven by two mechanisms. The first one is discrimination, either through the policyitself or through negative attitudes surrounding and accompanying its implementation.This manifested in school, with direct consequences for educational performance andenrollment, but also in university and in the labor market. The second mechanism isthe strengthening of Muslim identity and the weakening of ties with France, which ledwomen affected by the ban to retreat into their communities and avoid interaction withthe broader society.

  • Droit de rester Neuchâtel | Scolarisation des enfants réfugiés au Centre fédéral de Perreux
    https://asile.ch/2019/02/07/droit-de-rester-neuchatel-scolarisation-des-enfants-refugies-au-centre-federal

    L’association Droit de rester a publié un communiqué de presse sur les conditions d’accueil des réfugié-e-s au Centre fédéral de Perreux, à Boudry. Le Centre fait figure de dispositif pilote dans le cadre de la mise en œuvre de la nouvelle procédure d’asile accélérée qui entrera en vigueur le 1er mars 2019. Dans ce contexte, […]

  • 430,000 flee Cameroon’s restive Anglophone areas, says group

    An international refugee agency says that more than 430,000 people have fled violence in Cameroon’s restive English-speaking regions and are hiding in rural areas with few resources.

    The Norwegian Refugee Council, one of several humanitarian organizations offering support, said Wednesday it is assisting the displaced by providing shelter and supplies to needy families. David Manan, the Norwegian group’s country director for Cameroon, called for more international aid.

    He said there are too few agencies on the ground to provide the amount of aid needed. He said many people are hiding in the bush.

    Cameroon’s English-speaking separatists have been protesting since 2016 against what they claim is discrimination by the French-speaking majority. Their protests were initially peaceful, but in response to a government crackdown some separatists are waging a violent campaign.

    https://www.thestate.com/news/nation-world/world/article223306000.html
    #Cameroun #Cameroun_anglophone #asile #migrations #réfugiés #COI #IDPs #déplacés_internes

    • Conflict in Cameroon’s Anglophone regions forces 430,000 people to flee

      The number of people displaced as a result of the crisis in Cameroon’s Anglophone regions has spiked to more than 430,000 during the last months. Many people are hiding in the bush with no support, warns the Norwegian Refugee Council.

      “We are deeply worried by the ongoing conflict and the increasing displacement figures. Parties to the conflict must ensure that civilians in the area are protected and are able to safely access life-saving assistance,” said David Manan, Country Director for the Norwegian Refugee Council in Cameroon.

      The number of people displaced from their homes in Cameroon’s Anglophone Southwest and Northwest regions and in neighbouring Littoral and West regions has reached 437.000, according to the latest UN estimates.

      NRC is assisting people displaced by this crisis. However, many people are left without any support, as insecurity is hindering organisations from accessing many areas. People are without proper shelter and sanitation facilities, clean water, food and access to medical care.

      “The needs we are witnessing in the Southwest and Northwest regions are alarming and there are too few agencies on the ground to provide the necessary aid due to limited funding. We call for more donors to prioritise this crisis to allow more agencies to respond so that we can stem the rising tide of suffering and displacement,” said Manan.

      “Displaced families who receive our assistance have told us that they share it or give it to their relatives who did not yet receive any assistance and desperately need help. Many people are hiding in the bush with no support, fearing for their lives,” added Manan.

      “This is the first time I am being helped since I fled,” said Annoh, who received essential household items, including materials to build a shelter. “I will share what I have received with my husband who is hiding in the bush. He has nothing but the clothes he was wearing when he fled,” she added.

      NRC is distributing household items, shelter and hygiene kits in Northwest and Southwest regions with support from the Swedish International Development Cooperation Agency (Sida), Norwegian Ministry of Foreign Affairs (NMFA) and European Civil Protection and Humanitarian Aid Operations (ECHO).


      https://www.nrc.no/news/2018/december/conflict-in-cameroons-anglophone-regions-forces-430000-people-to-flee

    • A generation of unschooled Cameroonians, another generation of conflict?

      “As we trekked, they kept on telling us that they don’t want us to go to school again,” says 15-year-old Martha Lum, four weeks after being released by the armed gunmen who kidnapped her along with 78 other children and staff members in Cameroon.

      Lum’s story is becoming common across the country’s Northwest and Southwest regions, where the conflict between anglophone separatists and francophone armed forces that’s claimed hundreds of lives has made schools a battlefield.

      Since the anglophone conflict escalated in late 2017, more than 430,000 people have been forced to flee their homes. In May, the UN’s emergency aid coordination body, OCHA, said approximately 42,500 children were out of school. However, local rights groups estimate that number has now increased fourfold following frequent abductions.

      Some 20,000 school-age children now live in the bush. With no learning materials or trained teachers, they have no access to a formal education. Parents and local officials worry that the children could be driven to take up arms, becoming a lost generation that perpetuates the conflict and the humanitarian crisis.

      “Imagine that these children miss school for five or 10 years because of the fighting, hearing the sound of guns every day, and seeing people being killed; what will become of them?” says 45-year-old mother of four *Elizabeth Tamufor.

      “We have been hiding in the bush for more than a year,” she tells IRIN. “I am sure the children have forgotten what they were taught in school. You think in five years they will still be hiding here? They will probably pick up guns and start fighting.”

      The fear of schoolchildren and young students joining the armed separatists is already a reality for some. *Michael, 20, used to be a student before the conflict started. He joined the separatists when his friend was killed by government forces.

      “I replaced books with the gun since then. But I will return to school immediately we achieve our independence,” he says.
      Right from the start

      The roots of Cameroon’s anglophone conflict can be traced back to education. The separatists fighting for independence from French-majority Cameroon say the current school system symbolises the marginalisation of the English language and culture.

      After years of discontent, in November 2016, anglophone teachers began an indefinite strike to protest what they said amounted to systematic discrimination against English-speaking teachers and students. In response, government security forces clamped down on protests, arresting hundreds of demonstrators, including children, killing at least four people and wounding many more.

      This caused widespread anger across the Southwest and Northwest regions, which a year later led to the rise of the armed separatist groups now fighting for independence and a new English-speaking nation called “#Ambazonia”.

      Although the majority of teacher trade unions called off their strike in February 2017, separatists continue to impose curfews and abduct people as a means to push the local population to refrain from sending children back to school.

      As a result, tens of thousands of children haven’t attended school since 2016. Local media is awash with stories of kidnappings of children and teachers who do not comply with the boycott, while rights groups say the disruption of education puts children at risk of exploitation, child labour, recruitment by armed groups, and early marriage.

      “Schools have become targets,” a July 2018 Human Rights Watch report notes. “Either because of these threats, or as a show of solidarity by parents and teachers with the separatist cause, or both, school enrollment levels have dropped precipitously during the crisis.”

      In June, Amnesty International said at least 42 schools had been attacked since February last year. While latest statistics are not available, it is believed that at least 100 separate incidents of school kidnapping have taken place since the separatist movement turned violent in 2017. More than 100 schools have also been torched and at least a dozen teachers killed or wounded, according to Issa Tchiroma, Cameroon’s minister of communication.
      The separatist view

      Speaking to IRIN last month in Bali, a town neighbouring Bamenda – the capital of Northwest region – armed separatist leader *Justin says his group is enforcing the school boycott started by the teacher trade unions.

      “They (teachers) started a strike action to resist the ‘francophonisation’ of the anglophone system of education, and the evil francophone regime arrested and detained their colleagues, shot dead schoolchildren, and you expect us to sit down and watch them killing our people?”

      “We don’t want the schoolchildren of Ambazonia to be part of the corrupt francophone system of education,” he said. “We have designed a new school programme for them which will start as soon as we achieve our independence.“

      *Laba, who controls another group of armed separatists, is more categorical. “When we say no school, we mean no school,” he says emphatically. “We have never and will never kill a student or teacher. We just want them to stay home until we get our independence and begin implementing our own system of education.”

      There are about 20 armed separatist groups across the two English-speaking regions. They operate independently, and separatists have publicly disagreed on the various methods of imposing the school boycott.

      Both Justin and Laba accuse the government of staging “some” of the school abductions in order “to discredit the image of the separatists internationally”. But they also admit that some armed separatist groups are guilty of kidnapping and killing children and teachers.

      “We don’t kidnap schoolchildren,” Justin says. “We just impose curfews to force them to stay home.”

      But for many parents and schoolchildren, staying at home for this long is already having devastating consequences.
      School children in uniforms walk on the street toward camera.

      ‘Everything is different’

      Parents who can afford it have enrolled their children in schools in the French-speaking part of the country – mostly Douala and Yaoundé. But the influx has caused fees to rise in the francophone zones. Tuition fees that normally cost $150 annually have now more than doubled to $350.

      Beyond the costs, parents also need to transport their children from the troubled regions, along a very insecure highway, to apply for enrollment.

      When they get there, success is far from guaranteed. A lot of the francophone schools are now at full capacity and have stopped accepting students from anglophone regions, meaning many children will likely have to stay home for yet another year.

      Those studying in a new environment can also take quite a while to adapt.

      George Muluh, 16, had been at a school in the Southwest region before the conflict but is now attending Government Bilingual High School Deido in Douala.

      “Everything is just different,” he says. “I don’t understand French. The classrooms are overcrowded. The teaching method is different. I am getting more and more confused every day. I just want the conflict to end so I can go back to the Southwest to continue my studies.”

      It might be a long while before George has that opportunity. To the Cameroonian government, the teachers’ grievances have already been solved.

      “The government has employed 1,000 bilingual teachers, allocated two billion CFA ($4 million) to support private education, transferred teachers who could not speak French and redeployed them to French zones. These were the demands of the teachers. What do they want again?” asks Tchiroma, the minister of communication.

      But Sylvester Ngan, from the Teachers Association of Cameroon (TAC), which defends the rights of English-speaking teachers in the country, says most of these measures are cosmetic and don’t solve key issues related to French-only exams and francophone teachers in English schools.
      Leave the children alone

      While the government and teachers’ unions argue about who is right and what education system to implement, the war is ongoing, people are dying, and tens of thousands of children are not in school.

      “No reason can be advanced to justify the unwarranted attacks on children in general and pupils who are seeking to acquire knowledge and skills,” says Jacques Boyer, UNICEF representative in Cameroon. “All children in the regions must be able to go to school in peace.”

      President Paul Biya, 85, who just won another seven-year term after 36 years in power, has ignored calls for an inclusive dialogue to end the conflict. The first related measure he undertook after the October election was the creation of a commission to disarm and reintegrate former armed separatists.

      Cameroonian political analyst Michael Mbah describes the move as “a joke”, saying that a ceasefire and dialogue must precede any serious attempt at disarmament and reintegration.

      Meanwhile, the next year looks bleak for children like Lum whose futures are being decided by a war beyond their control. “I have always wanted to become a medical doctor,” Lum tells IRIN, but she now fears her dream will be shattered by the persistent conflict.

      “Leave the children alone,” says *Raymond, a father of four whose offspring haven’t been able to study for close to two years now.

      “We, parents, cannot afford to raise a generation of illiterates,” he says. “The future of the children is being sacrificed, just like that.”

      *Names changed at the request of the interviewees for security reasons.

      https://www.irinnews.org/news-feature/2018/12/19/cameroon-generation-unschooled-children-could-fuel-long-term-conflict
      #éducation #droit_à_l'éducation #école #scolarisation #enfants #enfance #conflit

    • République d’#Ambazonie

      « Le nom Ambazonia a été préféré à Southern British Cameroons afin de ne pas confondre cette zone avec la région territoriale du sud (Southern Cameroon). Les « autonomistes ambazoniens » avaient à cœur de trouver un nom local afin de bannir « Cameroun » qu’ils considéraient comme le symbole du lourd fardeau de l’héritage colonial. Pour cela, ils ont fouillé dans les livres d’histoire et inventé le nom Ambazonia. Celui-ci dérive d’Ambas, nom donné à la région de l’embouchure du fleuve Wouri. Ce site, en forme de baie, avait alors reçu le nom anglais Baie d’Ambas1. »

      https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_d%27Ambazonie

  • En France, des milliers d’enfants ne sont pas scolarisés, en raison de facteurs multiples (éloignement des lieux de vie, expulsions à répétition, manque d’infrastructure...). Cette tribune collective publiée par Libération le 17 septembre 2018 interpelle le Président de la République et le ministre de l’Éducation nationale pour rendre le droit à la scolarisation pleinement effectif.
    https://www.gisti.org/spip.php?article5529
    https://www.liberation.fr/debats/2018/09/17/rentree-scolaire-de-trop-nombreux-enfants-a-la-porte-de-l-ecole_1678655
    #Gisti #rentrée_scolaire

  • « Je ne suis pas trop habituée à dire à un gamin de 15 ans qu’il va dormir dehors »

    Marcia Burnier est assistante sociale dans le droit des étrangers, au sein d’un centre de santé associatif pour exilés. Les enfants et adolescents étrangers isolés qui arrivent en France doivent obligatoirement passer par un dispositif saturé qui évalue leur minorité, avant de pouvoir être hébergés et pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Souvent refusés, ces adolescents font ensuite appel au juge pour enfants qui décide soit de les protéger, soit de les déclarer majeurs, soit d’ordonner des expertises osseuses et des vérifications de leurs documents d’État civil. C’est le cas d’Aliou, 15 ans. Voici son histoire, racontée par Marcia.

    – « Marcia je veux faire du roller. »

    Aliou vient d’avoir 15 ans, une tête d’enfant et un sourire collé sur la face. Sa maman est morte au Mali. Avec son père ça ne se passait « pas très facile », il est donc venu tout seul en France. Il a traversé le Sahara et la Méditerranée à 14 ans, et quand on lui demande, il dit que « c’était dur », « un peu ». La première fois que je l’ai vu, il dormait à la gare du Nord, dehors, et il crevait de froid. Il attendait son rendez-vous à la Croix-Rouge pour être évalué, pour qu’un travailleur social fasse un rapport concernant sa « minorité », pour vérifier son âge, son isolement, pour décider s’il relevait de l’#Aide_sociale_à_l’enfance (#ASE) ou des rues parisiennes.

    J’en vois passer peu des mineurs isolés. Cela devait être le premier au boulot, quelqu’un était venu passer sa tête dans mon bureau pour me dire « il y a un mineur isolé, faut que tu le voies, c’est la procédure » et j’avais un peu paniqué. Je ne suis pas trop habituée à dire à un gamin de 15 ans qu’il va dormir dehors, alors on a pris le temps de voir ce qu’on pouvait faire, à grand renfort de sourires qui se voulaient très rassurants mais qui devaient sans doute être un peu gênants. Au bout de quelques minutes, persuadée d’avoir eu un coup de génie, j’ai téléphoné à la CRIP, la cellule du département qui recueille les informations préoccupantes sur les enfants en danger. Notre conversation s’est à peu près déroulée comme ceci :

    « – Il dort à la rue ? Oulala bien sûr, on va signaler ça au procureur, qu’est ce qui lui est arrivé ?
    – Il vient du Mali, il est arrivé il y a trois jours.
    – ....
    – ....
    – Ah mais madame, s’il est étranger, nous on s’en occupe pas, il faut qu’il aille se faire évaluer, et en attendant on ne peut rien faire. S’il est venu jusqu’ici, c’est qu’il est solide. »

    Je lui ai raccroché au nez et j’ai fait un grand sourire pas rassurant du tout à Aliou. On a regardé les vêtements qu’on gardait en cas d’urgence dans les grosses boites sous la table pour voir si je pouvais lui trouver une veste et un bonnet. Je lui ai donné plein d’adresses pour aller manger et un rendez-vous pour la semaine d’après. En attendant, il allait dormir dans la gare, emmitouflé dans les trois pulls que je lui avais donnés.

    J’ai fini par comprendre qu’on pouvait l’envoyer chez le #juge pour enfants avant ce fameux #rendez-vous_d’évaluation. Le juge lui a donné six mois d’#hébergement le temps de vérifier ses dires et ses documents. Le pire, c’est que j’ai compris plus tard qu’il avait été chanceux, que des gamins comme lui qui restaient des mois à la rue, il y en avait plein, ceux qui trainaient au centre Médecins sans frontières de Pantin, d’autres qui partaient dans d’autres départements, d’autres qui finissaient par mentir et se déclarer majeur pour tenter d’être hébergés en faisant une croix sur l’école. Et, surtout, d’autres qui disparaissaient du jour au lendemain, sans donner de nouvelles.

    Une fois hébergé, j’ai cru que tout allait s’arranger. On était en février, il avait 15 ans, il était tout seul dans cet hôtel social de Drancy sans rien faire de la journée. J’ai pensé naïvement qu’il serait scolarisé facilement. Il aura fallu l’intervention de plusieurs bénévoles tenaces pour qu’en avril suivant, Aliou fasse sa rentrée au collège, comme un fou, avec les trois stylos et quatre cahiers que j’avais piqués au boulot pour ses fournitures scolaires.

    Depuis, il passe régulièrement, il se plaint des spaghettis bolognaises servis quatre fois par semaine à l’hôtel et de son éducatrice de l’ASE qui ne fait rien. Il vient répéter ses exposés et me montrer ses devoirs. On discute de tout et de rien, du collège, de ses copains. Moi j’ai la boule au ventre parce que c’est bientôt les vacances d’été, et que je ne sais pas ce qu’il va foutre pendant ses journées d’été sans un centime dans la poche.

    Aujourd’hui, il a une nouvelle obsession : Aliou veut faire du roller, et accessoirement de l’athlétisme. Il me répète qu’il veut courir, le 400m, alors on s’y met à deux, on cherche un club, on passe des dizaines de coups de fil à des personnes très gentilles qui me disent que le prix à l’année est de 400 euros pour l’adhésion et la licence, on raccroche des dizaines de fois en souriant un peu forcé, « si si on va trouver t’inquiète pas ». On n’a toujours pas trouvé, mais ce matin, Aliou m’annonce que le juge a demandé des #tests_osseux pour vérifier son âge, des tests dont la référence est une étude de 1930 avec comme population, des enfants blancs et bien nourris et il a l’air soucieux. Aujourd’hui, aucun de nous deux ne sourit.

    https://www.bastamag.net/Je-ne-suis-pas-trop-habituee-a-dire-a-un-gamin-de-15-ans-qu-il-va-dormir-d
    #MNA #mineurs_non_accompagnés #asile #migrations #réfugiés #SDF #sans-abri #âge #école #scolarisation

    Le pire, c’est que j’ai compris plus tard qu’il avait été chanceux, que des gamins comme lui qui restaient des mois à la rue, il y en avait plein, ceux qui trainaient au centre Médecins sans frontières de Pantin, d’autres qui partaient dans d’autres départements, d’autres qui finissaient par mentir et se déclarer majeur pour tenter d’être hébergés en faisant une croix sur l’école. Et, surtout, d’autres qui disparaissaient du jour au lendemain, sans donner de nouvelles.

    –-> #disparitions

  • Les réfugiés syriens en #Tunisie s’intègrent parfaitement- Reportage de ARTE

    Arte reporte l’histoire de la famille “Nazel”, dans une banlieue de Tunis. L’exemple d’une intégration réussie d’une famille de réfugiés qui a débarqué en Tunisie il y a de cela 6 ans.

    https://www.huffpostmaghreb.com/entry/les-refugies-syriens-en-tunisie-sintegrent-parfaitement-reportage-d
    Commentaire de Raphaël Krafft sur twitter :

    Les signaux (ONGs, institutions internationales, médias) sur la Tunisie potentielle “#terre_d’accueil” se multiplient ces dernières semaines. Pour rappel, il n’y existe toujours pas de législation sur l’asile.

    https://twitter.com/RafAvelo/status/1025810725233721349

    Probablement une stratégie pour convaincre l’opinion publique que la Tunisie pourrait accueillir les fameuses #disembarkation_platform (https://seenthis.net/messages/703288) ??? Donc encore une manoeuvre liée à l’#externalisation des #frontières...
    Qu’en penses-tu @isskein ?

    #intégration #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_syriens

    cc @_kg_

    cc @isskein

    • Et s’on regarde ailleurs, un peu plus loin de l’exemple de la famille Nazel :

      – Les familles syriennes qui font la mendicité avec leurs enfants dans les villes de l’intérieur, notamment à Gafsa et Sidi Bouzid (source UNHCR Sfax).

      – Les familles syriennes à Médenine qui ne sont pas enregistrés par l’UNHCR pendant des semaines et restent sans aucune prise en charge…parce que l’UNHCR a externalisé l’enregistrement au Croissant Rouge Tunisien (CRT) et le CRT est en fête de ramadan, donc faut revenir après l’aïd. En plus, des conflits entre les différents demandeurs d’asile qui sont logés dans les mêmes logements dont la culture et la religion est très différent —> réfugiés subsahariens et réfugiés syriens (source Tunisia Charity Médenine).

      – Le très mauvais état des logements des demandeurs d’asile à Médenine et des problèmes de scolarisation de leurs enfants (source Direction Régionale de Santé (DRS) Médenine).

      – Le travail de l’UNHCR dans l’ensemble qui ne fournit pas toujours l’attestation de demande d’asile (personnes sans aucune protection mais en demande d’asile) (source migrante).

      – Et un nombre très élevé des demandeurs d’asile qu’on ne retrouve plus, des demandeurs d’asile qui disparaissent...selon un interview au Sud : vers l’Europe.

      …peut-être qu’ARTE doit en réfléchir de ne pas montrer UNE SEULE HISTOIRE.

  • « Les élites se sont progressivement coupées du reste de la population » (Jérôme Fourquet, L’Obs)
    https://www.nouvelobs.com/politique/20180221.OBS2530/les-elites-se-sont-progressivement-coupees-du-reste-de-la-population.html

    De manière plus ou moins consciente et plus ou moins volontaire, les membres de la #classe_supérieure se sont progressivement coupés du reste de la population et ont construit un #entre-soi confortable. Cette classe supérieure évolue socialement, culturellement et idéologiquement de plus en plus en vase clos.
    […]
    Ce recul de la #mixité_sociale est d’abord visible sur le plan géographique, avec une concentration des #CSP+ dans le cœur des métropoles.
    […]
    Cette #ségrégation_géographique et sociale s’accompagne d’une #ségrégation_scolaire renforcée, avec un choix de plus en plus fréquent des catégories favorisées pour l’enseignement privé.
    […]
    Différents travaux de recherche ont par ailleurs mis en évidence une concentration de plus en plus massive des enfants des CSP+ dans les grandes écoles. Le public de ces établissements, où se forme l’#élite de la nation, est devenu sociologiquement complètement homogène […].
    Ce processus est protéiforme. Il est évidemment d’abord le résultat de l’évolution du système économique dans lequel nous vivons. […] Dans le cas de la France, j’explique aussi ce recul de la #mixité par le déclin ou la disparition de certains lieux de #brassage_social autres que l’école. Je pense notamment à la suppression du service national à la fin des années 1990. […] Autre lieu de brassage social qui a été fragilisé : les colonies de vacances.
    […]
    On a souvent tendance à faire de la montée du #communautarisme la principale menace qui pèse sur la cohésion dans notre pays. Je ne minimise évidemment pas cette menace qui est réelle mais je considère que le phénomène de recul de la mixité sociale, s’il est moins « spectaculaire », est tout aussi fondamental.
    Depuis trente ans, les catégories les plus favorisées s’autonomisent du reste de la population. Elles développent des comportements et des réflexes propres à leur milieu et elles se sentent de moins en moins liées par un destin commun au reste de la collectivité nationale. Le premier risque, c’est que leur sentiment de #solidarité s’érode au point de fragiliser notre #modèle_social, avec le développement de techniques d’#optimisation_fiscale pour contourner l’impôt par exemple.
    […]
    Mais cette évolution pose aussi et surtout un problème démocratique. De part leur autonomisation vis-à-vis du reste de la société, les élites sont susceptibles d’avoir de plus en plus de mal à comprendre les classes moyennes et les classes populaires.
    […]
    Le cas du #PS est également très intéressant : à l’image de la société, c’est un endroit où le recul de la mixité sociale a été particulièrement manifeste dans les sections à partir du milieu des années 1980. […] Résultat : alors que la défense des #classes_moyennes et des classes populaires a longtemps été l’ADN du parti, celui-ci s’est peu à peu coupé de cet électorat en reléguant au second plan les thématiques sociales au profit de sujets sociétaux parlant davantage aux CSP+ et aux plus diplômés.