Raaaah, quel titre putassier lâchement emprunté aux heures les plus folles d’Hara-Kiri, lorsque le Général De Gaulle ferma les yeux en 1970. Mais pourtant, ce titre est tout à fait à propos, car aujourd’hui nous enterrons ce qui pouvait rester de dignité chez certains. 2000 personnes massées pour récupérer l’un des 500 packs Prestige de Call of Duty Ghost. Le Prestige d’une culture de l’abrutissement total et du Hooliganisme, de la bêtise profonde et de l’avilissement. Car dans toutes les images diffusées, les vidéos prises, le spectacle est saisissant, des gens massés pour obtenir le « Précieux », le « Symbole » d’une société de merde qui ne respecte plus rien ou personne, attisée par une communication populiste qui utilise et jette sans discernement.
Activision ! Laisse mon peuple s’en aller !
La violence exprimée par les heures d’attente de la foule pour obtenir un jeu ou d’être les premiers à y jouer, ou plus pragmatiquement, à arrondir ses fins de mois en revendant ces « cadeaux » sur les sites d’enchères du net, est la réponse à une autre violence, celle d’un média qui tombe dans les travers de ses pairs. Qui pointer du doigt et accuser de tous les maux en ce jour funeste ? L’organisation, Activision qui a essuyé les plâtres la semaine dernière à Milan, ou simplement tout un système qui tombe dans une ronde putride de comportements bas et veules ? Et ces gens massés aux portes qui hurlent et se piétinent, ces « animaux » désincarnés par la vision rocambolesque de ce spectacle horrifiant, ont-ils une responsabilité là dedans ?
Tous sont coupables d’être les acteurs enjoués de cette merde qu’est devenu un certain jeu vidéo.
Activision, maison mère qui se veut au dessus de tout, des lois fiscales, mais aussi des plus simples formes de bon sens, a voulu créer son super buzz en offrant 500 jeux valant 200€ chacun. Ça fait 100K€ de matos distribués pour faire la pub de son dernier jeu de guerre, qui comme on peut s’y attendre, sera LE succès de cette fin d’année. En résulte un spectacle affligeant. Des gens attendant parqués comme des bêtes, se comportant comme des imbéciles, d’autres fous furieux escaladant puis détruisant les portes du Palais des Expositions de la Porte de Versailles, simplement pour obtenir un putain de jeu vidéo. Où va-ton ? Ce simulacre des hordes barbares fera les choux gras d’une certaine presse avide de jeter l’opprobre sur un média qu’elle aime maltraiter, et à raison cette fois-ci, quand l’autre versant plus politique titrera certainement sur les origines ethniques des personnes en proie à cette hystérie collective. Certains forums, au bras droit bien tendu, et d’une sensibilité toute extrême, sont déjà en train de se frotter les mains devant les dérives de ce « Moïse », bouc émissaire d’une machine ordonnée pour tuer la conscience collective, San Pantzar que l’on brûle déjà depuis ce matin.
« Et avec sa béquille, Moïse fendit le zoo »
Si le Prophète Hébreux avait eu une béquille, nul doute que son frère adoptif Ramsès II aurait moins ramené sa gueule. La Mer Rouge qui s’est écartée ce matin là n’était pourtant pas synonyme de libération d’un peuple, elle était la vision dégueulasse d’une société consumériste, dont la folie pousse aux actions les plus stupides. Le Zoo, je remercie mon ami et confrère Faskil pour ce trait d’humour, car le comportement tout animal et primaire des personnes en présence amène à un autre constat. Les gens qui ont attendu depuis le 29 octobre en fin d’après midi sont considérés quelque part comme des animaux, des êtres qui n’ont ni identité, ni vie propre, des outils de communication pour une partie de l’industrie qui dérive chaque année un peu plus dans sa gestion d’image, et dans les représentations faites dans ses jeux.
La question se pose quand le Président du SELL, David Neichel, est aussi Président d’Activision-Blizzard France. Voilà une opération qui a montré sa dangerosité en termes de sécurité quelques jours avant, tant pour les membres de l’encadrement que pour le public en lui-même, et qui reste maintenue malgré les risques des débordements flagrants, déjà largement prédits et annoncés par la presse et le public. Une opération risquée, validée par deux conseils d’administration différents, ayant pour dirigeant la même personne.. Il en faudrait bien peu pour parler de conflit d’intérêts, mais n’allons pas nous jeter dans des conclusions hâtives, ce n’est certainement pas le cas, voyons.