• Pourquoi le père d’Internet s’alarme de ce qui se passe en France - LPM vs Vinton Cerf – Numerama
    https://www.numerama.com/politique/1428864-pourquoi-le-pere-dinternet-salarme-de-ce-qui-se-passe-en-france.ht

    Le loi de programmation militaire contient un volet cyber qui offre des pouvoirs importants à l’agence nationale chargée de la cyberdéfense. Elle doit avoir des capacités de filtrage et de blocage en cas de risque pour la sécurité du pays. Cependant, les orientations techniques font controverse.
    […]
    Les trois articles qui préoccupent ces spécialistes du réseau entendent donc offrir à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) de nouveaux pouvoirs. Et c’est ce nouveau régime que ces experts craignent, car ils anticipent des effets néfastes sur le système DNS, la navigation sur le web, la mise en place d’une surveillance sans mandat et des risques de sécurité.

    Dans leur courrier, les douze signataires estiment même que ce que prévoit le projet de loi « pose de graves risques pour la sécurité d’Internet et la liberté d’expression au niveau mondial ». Or, estiment-ils, ces prérogatives « n’apporteront que peu de solutions aux cyber risques […], tout en créant ou en exacerbant par inadvertance d’autres sources de risque. »
    […]
    De fait, la LPM entraîne l’élargissement du champ du blocage par une autorité administrative, en l’occurrence l’Anssi, en sautant la case du juge judiciaire. C’est l’un des griefs des signataires à l’égard de la LPM, soulignant la dérive, ne serait-ce que symbolique, que cela entraîne : si une démocratie se permet cela, alors pourquoi un régime autoritaire ne pourrait pas faire de même ?

    C’est ce qu’écrivent texto Vinton Cerf et ses pairs : « Le fait qu’une démocratie comme la France ratifie des mesures aussi radicales pourrait créer un précédent troublant qui pourrait inspirer des mesures similaires dans des juridictions démocratiques et non démocratiques — avec des implications mondiales pour la sécurité et la liberté en ligne. »

    • France’s browser-based website blocking proposal will set a disastrous precedent for the open internet - Open Policy & Advocacy
      https://blog.mozilla.org/netpolicy/2023/06/26/france-browser-website-blocking

      In a well-intentioned yet dangerous move to fight online fraud, France is on the verge of forcing browsers to create a dystopian technical capability. Article 3 (para II and III) of the SREN Bill would force browser providers to create the means to mandatorily block websites present on a government provided list. Such a move will overturn decades of established content moderation norms and provide a playbook for authoritarian governments that will easily negate the existence of censorship circumvention tools.

    • Ce genre de bidule créerait de l’insécurité pour les éditeurs de logiciel et leurs représentants en France, et pour les développeurs, s’il s’agit de pur opensource indépendant, et pour les utilisateurs qui tenteraient d’utiliser une version normale du navigateur. Il s’agirait d’une forme de prohibition avec tous les effets adverses habituels dans un tel cas.
      Pour mémoire, en Chine, tu utilises un VPN, tu es repéré, forcément, par le fait que ton trafic est illisible, et la Police vient te voir, forcément, parce que ton trafic illisible est de toute façon relié à ton terminal, qui est forcément relié à ta personne, par ta connexion à Internet.
      Si vraiment nos élites veulent aller dans ce sens, c’est ce qu’il va nous arriver, c’est à dire qu’un navigateur qui laisserait passer une communication vers une ressource interdite pourrait être repéré et signalé et enquêté, et in fine condamné.

    • Donc la #surveillance généralisée vient de marquer un gros point (de la mort-qui-tue). Bordaaayl ! Mais quel #seum infernal !
      A moins que tous·tes les internautes en viennent à se dissimuler derrière une IP « exotique » parce qu’il n’y aura pas assez de « FDO » pour surveiller tout le monde. Un peu comme pour tous ces incendies qui viennent ponctuer les « cent jours d’apaisement ».

    • Lettre d’information de Mozilla reçue aujourd’hui même :

      Bonjour,
      Le gouvernement français prépare une loi qui pourrait menacer la liberté sur Internet.

      Le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique (SREN) est conçu pour renforcer la sécurité en ligne. Mais ce projet de loi va bien trop loin et comprend un article qui accorderait au gouvernement le pouvoir de censurer ce que vous pouvez ou ne pouvez pas voir en ligne.

      Ce projet de loi obligerait les navigateurs web, comme Firefox de Mozilla, à bloquer au niveau du navigateur des sites web sélectionnés par le gouvernement. Cette mesure créerait un dangereux précédent et servirait de modèle à d’autres gouvernements pour à leur tour transformer les navigateurs en outils de censure gouvernementaux.

      Il est encore possible d’empêcher cela, mais le temps presse. Le gouvernement a présenté le projet de loi devant le Parlement peu avant les vacances d’été et espère l’adopter aussi rapidement et discrètement que possible ; le gouvernement a même engagé la procédure accélérée, le vote devant avoir lieu à l’automne.

      Si nous rendons cela public maintenant et si nous mobilisons suffisamment de citoyen·ne·s françai·se·s, nous pourrions convaincre les parlementaires français d’amender le projet de loi et de protéger les libertés sur Internet. Pouvez-vous ajouter votre nom afin de faire changer ce projet de loi ?

      Signez la pétition maintenant et demandez au gouvernement français de supprimer du projet de loi SREN toute censure au niveau du navigateur. En ajoutant votre nom, vous contribuerez à empêcher les gouvernements d’utiliser des navigateurs comme Firefox de Mozilla comme outils de censure.
      Signer notre pétition →

      Le SREN comprend un certain nombre de bonnes mesures, y compris la mise en œuvre du récent règlement européen que nous avons défendu. Toutefois, l’article 6, qui prévoit le blocage de sites web choisis par le gouvernement au niveau du navigateur, va bien au-delà des mesures prises par l’UE pour sécuriser Internet, qui relèvent du bon sens.

      Le gouvernement affirme que ces mesures sont nécessaires pour lutter contre les arnaques et l’hameçonnage. Mais elles vont trop loin. La proposition du gouvernement n’est rien d’autre qu’une censure d’Internet intégrée aux navigateurs web.

      Mozilla se bat depuis 25 ans pour un Internet libre et sûr. Par le passé, nous avons défendu avec succès la neutralité du Net et combattu les menaces qui pèsent sur l’Internet ouvert qui nous tient à cœur. Ensemble, ajoutons une nouvelle victoire à cette liste et empêchons le gouvernement français de censurer le Web.

      Signez la pétition maintenant et demandez au gouvernement français de supprimer la censure au niveau du navigateur prévue par l’article 6 du projet de loi SREN. Plus il y aura de signataires en France, plus nous aurons de chances de convaincre le gouvernement de supprimer cette disposition.

      Merci de défendre l’Internet ouvert,

      Claire Pershan

      Responsable du plaidoyer pour l’UE
      Mozilla

      https://foundation.mozilla.org/fr/campaigns/sign-our-petition-to-stop-france-from-forcing-browsers-like-mozi

      Contenu de l’article 6 en question :
      https://justpaste.it/abkae
      (parce que sur le site de l’AN, le texte est rendu illisible par un panneau latéral gauche qui affiche le sommaire).

    • Covid-19 : une France sans cap ni boussole face à la septième vague

      *Peu de messages de prévention, aucune mesure forte, le tout sur fond d’incertitude scientifique : la gestion de la pandémie souffre de la lassitude des Français, mais aussi de la concurrence d’autres crises, alors que le nombre de cas quotidiens s’élève à 100 000 en moyenne au 1er juillet.

      Nul ne sait précisément jusqu’où elle montera. Depuis début juin, la septième vague se déploie en France et les variants d’Omicron BA.4 et BA.5 se diffusent rapidement dans la population. Les conséquences en matière de mortalité et sur le système de santé sont encore limitées, mais les chiffres flambent et l’hôpital est plus fragile que jamais. En fin de semaine dernière, le président du conseil scientifique, le professeur Jean-François Delfraissy, estimait, sur l’antenne de RTL, que des tensions pourraient se faire jour dans le système hospitalier vers la fin juillet. Selon les dernières données du gouvernement, en date du 1er juillet, 960 personnes atteintes du Covid-19 se trouvent en soins critiques, avec une reprise amorcée depuis le 20 juin. https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/carte-et-donnees Plus de 16 000 personnes sont hospitalisées, avec désormais près d’un millier d’admissions quotidiennes. Soit une progression de 31 % au cours des sept derniers jours par rapport à la semaine précédente. Au 1er juillet, près de 100 000 nouveaux cas quotidiens étaient relevés en moyenne, en hausse de près de 60% par rapport à la semaine précédente. L’augmentation ne faiblit pas.

      L’évolution de l’épidémie

      Au seuil de l’été, cette nouvelle vague survient aussi dans une atmosphère de vacance scientifique et politique. Le conseil scientifique, qui devrait cesser ses activités le 31 juillet, a rendu, le 23 juin, un avis minimaliste de cinq pages au gouvernement, mis en ligne lundi 4 juillet. https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_conseil_scientifique_23_juin_2022.pdf?TSPD_101_R0=087dc2 Ce dernier, deux fois remanié en six semaines, n’a guère été proactif dans la gestion de la situation sanitaire. Celle-ci semble être tombée dans un puits de désintérêt, dévaluée par la lassitude, mais aussi par la concurrence d’autres crises : la guerre en Ukraine, l’inflation et le pouvoir d’achat, la sécheresse, la recomposition du paysage politique. Peu de messages de prévention, aucune mesure forte, le tout sur fond d’incertitude scientifique : la gestion de la pandémie a basculé dans un grand flou.

      Un brouillard épidémiologique

      Pour la première fois depuis le début de l’épidémie, aucune équipe de chercheurs en épidémiologie n’a rendu publiques des projections pour la vague en cours, septième du nom. En cause, la difficulté de l’exercice. « Il y a maintenant beaucoup de profils d’immunité différents avec des effets différents qui rendent la modélisation de cette vague plus difficile que celle des vagues précédentes, explique-t-on du côté de l’Institut Pasteur. Si on cherche à modéliser tous les effets, étant donné l’incertitude sur certains paramètres, le système est instable. »

      Une nouvelle génération de modèles est en cours de développement, mais l’aboutissement n’est pas pour tout de suite, selon l’Institut. « Cela explique pourquoi l’Institut Pasteur n’a pas publié de projections pour BA.4/BA.5 pour le moyen terme. Nous espérons pouvoir de nouveau proposer prochainement des projections à court terme pour ce qui concerne la charge hospitalière. »

      L’équipe de l’épidémiologiste Mircea Sofonea (université de Montpellier) n’a pas, elle non plus, publié de projections. Le scientifique montpelliérain pointe, lui aussi, la difficulté de l’exercice, ainsi que le désengagement de l’Etat dans le financement de ses travaux. https://seenthis.net/messages/966203#message966207 « Au printemps 2021, les appels à projets sur le Covid-19 de l’Agence nationale de la recherche se sont arrêtés, et quatre des cinq projets que nous avons soumis auprès de différents organismes de financement ont été rejetés, parfois sans raison scientifique solide, explique M. Sofonea. Via notre seul projet retenu, nous n’aurons de quoi payer l’unique poste supplémentaire par rapport à notre composition prépandémique que jusqu’en octobre 2023. Finalement, nous ne sommes dans mon équipe que deux permanents à travailler sur le Covid. C’est absolument décourageant. »

      Le découragement le dispute à l’amertume. « J’ai travaillé près de six mois sur le rapport de l’Anses [Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail] sur la transmission du nouveau coronavirus par aérosols, raconte l’épidémiologiste. Aucune conséquence n’a été tirée de ce travail, qui m’a tout juste valu une indemnité de 242 euros. » Les chercheurs ne sont pas plus immunisés contre la frustration et la lassitude.

      Une vague sur un hôpital en crise

      « Il est difficile de dire quel sera, en France, le retentissement en décès et hospitalisations de la vague épidémique BA.4/BA.5 qui débute. » Dans son avis rendu public lundi, le conseil scientifique ne fait pas mystère des incertitudes de la nouvelle vague. Une chose est sûre : alors que les indicateurs épidémiques grimpent, les hospitalisations pour Covid-19 augmentent à leur tour dans les services de médecine et désormais en soins critiques. « Cela continue de remonter doucement », résume le professeur Rémi Salomon, à la tête de la Conférence des présidents de commissions médicales d’établissement (CME) de CHU.

      « Il est probable que les hospitalisations vont continuer à augmenter, puisque le nombre de cas progresse toujours, rappelle l’épidémiologiste Mahmoud Zureik. Au vu des tendances actuelles, on devrait arriver à 2 000 entrées par jour, c’est un peu supérieur à la sixième vague, ce serait moins que la cinquième… On voit qu’on bénéficie encore de l’immunité acquise grâce à la vaccination. » Par rapport à la dernière vague estivale – la quatrième –, qui a touché principalement les régions touristiques et du littoral, au premier rang Provence-Alpes-Côte d’Azur, cette septième vague apparaît pour l’instant « plus diffuse », se déployant de manière relativement « homogène » dans l’ensemble des régions, l’Ile-de-France en tête.

      « Si le sujet se limitait au Covid-19 pour l’hôpital, l’impact serait important mais modéré, mais on craint surtout que cela précipite la rupture », reprend le professeur de santé publique à l’université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Car les chiffres ont beau être encore fort éloignés des rebonds épidémiques qui ont saturé les services hospitaliers, impossible d’être serein dans un hôpital en crise. L’été constitue toujours une période tendue en matière de ressources humaines, en raison des congés des soignants, mais encore plus cette année, avec un manque de personnels qui oblige de nombreux services à fermer plus de lits que d’habitude. Sans oublier les services d’urgence, qui fonctionnent déjà de manière dégradée dans plusieurs établissements, comme à Bordeaux ou à Grenoble.

      « Il faut tout faire pour limiter la diffusion épidémique, notamment avec le masque dans les lieux confinés, quand bien même ce n’est plus une question de “vie ou de mort” pour cause de Covid et que l’impact hospitalier demeure relativement faible, car c’est la santé de tout le monde qui est jeu », pointe le docteur Thierry Godeau, de la Conférence des présidents de CME de CHU, rappelant « les difficultés qui existent déjà pour soigner ceux qui en ont besoin ». « Nous voyons une remontée de l’absentéisme [autrement appelée arrêts maladie..., ndc] chez les personnels pour cause de Covid-19 depuis une quinzaine de jours, cela nous inquiète beaucoup, abonde Rémi Salomon, à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Nous avons aussi de plus en plus de patients dont nous devons déprogrammer l’opération, car ils sont positifs au Covid-19. »

      La réponse minimaliste du gouvernement

      Face à la septième vague de Covid-19, le gouvernement entend n’agir que façon minimaliste. Sans contraintes ni répression [et surtout sans information ni prévention, ndc].A l’heure de prendre ses nouvelles fonctions de ministre de la santé, lundi 4 juillet, François Braun a beau avoir décrit « un système de santé à bout de souffle », celui-ci devra résister, bon an mal an, à la montée attendue des hospitalisations liées à la propagation du variant BA.5. Le premier texte de loi que doit examiner le Parlement cette semaine est lié à l’« urgence sanitaire ». Mais il ne comporte que deux articles. Le premier entend assurer la continuité du suivi de l’épidémie, notamment par l’intermédiaire des tests, et le second doit permettre d’instaurer un contrôle sanitaire aux frontières de l’Hexagone, y compris avec la Corse et les territoires d’outre-mer, si la situation l’exigeait. Un régime transitoire après la fin programmée de l’état d’urgence sanitaire, le 31 juillet.

      Après plus de deux ans de pandémie, le gouvernement a d’ores et déjà écarté l’idée d’imposer des mesures trop coercitives, difficilement acceptées par une population lasse. Sans majorité absolue au sein d’un Parlement qui compte désormais de nouveaux opposants au passe sanitaire, le gouvernement semble résigné à faire profil bas. Une attitude qui s’est d’ores et déjà traduite sur la question du port du masque dans les transports : une recommandation qui n’est, pour l’heure, assortie d’aucune obligation. « Le gouvernement répond modestement parce que la nouvelle composition de l’Assemblée ne leur permet pas de passer en force, bien qu’ils aient encore beaucoup de moyens d’action au niveau réglementaire, sans avoir à passer par l’Assemblée jusqu’au 31 juillet », estime Ugo Bernalicis, député du Nord pour La France insoumise.

      Aucune campagne de communication ambitieuse n’a été lancée en direction des personnes les plus à risque, afin de promouvoir le deuxième rappel (quatrième dose), dont l’efficacité contre les formes graves est avérée. « La proportion des plus de 80 ans l’ayant effectué n’est que de 22,2 % au 20 juin, relève le conseil scientifique dans son avis du 23 juin. Il est important de pratiquer ce rappel au plus vite, ainsi que pour les personnes sévèrement immunodéprimées ou à très haut risque de formes sévères. »

      La ruée sur les tests

      Au minimalisme gouvernemental répond le retour à une forme de fébrilité dans la rue. Le nombre de tests antigéniques et PCR en est un bon indicateur. Il franchit désormais de nouveau la barre des 2 millions par semaine, pour friser avec les 2,5 millions la semaine du 27 juin. Très loin, certes, des records à plus d’un million de tests quotidiens de la fin d’année 2021, quand le variant Omicron du SARS-CoV-2 déferlait sur la France, mais similaire au niveau de juillet 2021, quand l’extension du passe sanitaire déclenchait une ruée vers les laboratoires et les pharmacies. Cette fois, avec une hausse de plus de 25 % des PCR ces deux dernières semaines, les laboratoires ne sont « pas encore sous tension », tempère Jean-Claude Azoulay, vice-président du Syndicat national des médecins biologistes.

      Avec une augmentation de plus de 50 % des tests antigéniques, ce sont les pharmacies qui sont encore en première ligne. « Certaines personnes vont jusqu’à se faire tester deux à trois fois dans la même journée, en changeant de pharmacies, pour être certaines de ne pas être des faux positifs » [eh oui, il ya de gens qui ont compris, ndc], témoigne le docteur Azoulay. Devant les officines ou les barnums installés sur les trottoirs, les files d’attente commencent à se reformer et à s’allonger. « Tous les quatre à cinq mois, nous nous retrouvons sous pression », explique-t-on à l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. L’organisation syndicale attend une « impulsion » du nouveau ministre de la santé pour « relancer la vaccination » à un moment où la protection vaccinale arrive en fin de cycle.

      Les entreprises sans boussole

      Si les levées de restriction liées à la pandémie de Covid-19 permettent aux salariés de partir en vacances à l’étranger, ceux qui restent redécouvrent les joies du port du masque au bureau. Le nombre de nouveaux cas est reparti à la hausse en juin, avec la fin de l’obligation de travailler masqué. Et les entreprises le constatent chaque jour.

      Le 28 juin, la première ministre, Elisabeth Borne, a bien encouragé la population à respecter la distanciation physique et le port du masque dans « les lieux de promiscuité », « les espaces clos » et en particulier « les transports en commun ». Mais les employeurs n’ayant pas reçu de nouvelles consignes du ministère du travail, le protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise face à l’épidémie n’a pas été réactivé.

      La réaction des salariés est plutôt modérée : la demande de télétravail n’a pas augmenté. « Ils ont appris à gérer. On en voit qui remettent le masque dans la journée par prudence. D’autres nous demandent si on peut organiser la vaccination. Sans nouvelles consignes des pouvoirs publics, on recommande juste de faire la troisième dose, si ce n’est pas déjà fait », explique Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH [ de merde, ndc], qui réunit quelque 5 000 entreprises issues de tous les secteurs.

      Mais les DRH communiquent du bout des lèvres : « On a juste rappelé les règles en cas de contamination et de cas contact, car les salariés ne savaient plus ce qu’il fallait faire, commente Benoît Serre. Les employeurs ne veulent pas être à l’origine d’un mouvement de panique. » Tenus responsables de la santé de leurs salariés, ils avaient intégré les règles de distanciation dans leur usage de « prévention des risques » [ben voyons, ndc]. Ils ne les ont pas supprimées avec la fin de l’application du protocole sanitaire, le 14 mars. https://travail-emploi.gouv.fr/le-ministere-en-action/coronavirus-covid-19/protocole-national-sante-securite-salaries#:~:text=À%20compter%2. *

      https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/07/05/covid-19-le-grand-flou-de-la-septieme-vague_6133348_3244.html

      #covid_long, #aération, #PCR, jamais cités, #masques, aucune précision

      #Covid-19 #BA.5 #santé_publique #aérosols #hôpital #salopards

    • on notera les propos parfaitement politicards de #LFI
      qui zappe lorsqu’on lui cause covid et s’empresse de blablater assemblée nationale.

      « Le gouvernement répond modestement [sic] parce que la nouvelle composition de l’Assemblée ne leur permet pas de passer en force, bien qu’ils aient encore beaucoup de moyens d’action au niveau réglementaire, sans avoir à passer par l’Assemblée jusqu’au 31 juillet » estime Ugo Bernalicis, député du Nord pour La France insoumise.

      faut vivre et mourir sans « contraintes » ni « restrictions », ni masques, ni bouclier (politique). À quoi sert la Nupes ?

    • Tout comme les troufions russes qui ne veulent pas mourir à la guerre en Ukraine, il nous faudra peut-être nous suicider pour échapper au virus. (ping @arno )

      Vendredi dernier, au bled, Madame la Maire convie ses administrés pour des « retrouvailles post covid » dans la « nouvelle salle des fêtes ». Sur une centaine de personnes présentes, trois portaient un masques (dont madame et moi). Après les discours, pour ne pas se faire contaminer autour du « verre de l’amitié » dans un « moment de convivialité », on s’est cassé fissa.
      C’t’aprèm, courses dans l’église du coin : aucune personne (sauf madame et moi) ne portait le masque. Même les caissières ont découvert leur museau alors qu’il y a une semaine encore, la plupart d’entre elles était masquée).
      Ça me fatigue, mais d’une force ...

    • ValK 💫 #InactionDirecte @ValKphotos
      https://twitter.com/ValKphotos/status/1544409242639155201

      #AN : première audition du nouveau ministre de la santé #Braun par la commission des lois.
      Sur les 7 questions posées par les député-es LFI, au moins 2 se font sans masque et flirtent avec les revendications antivax #Covid_19. Une cata.
      Merci @Deputee_Obono de relever le niveau.

      mais qu’est- ce qu’elle fait Obono ? elle se croit au NPA ? que quelqu’un la prévienne qu’elle est l’assemblée nationale !

    • @colporteur y a pas que LFI qui flirte avec l’antivax, selon comment on interprète ce qui est dit ; voilà ce que dit l’article de Slate :

      Notre emmental se réduit essentiellement au vaccin (dont on rappelle qu’il n’a pas grande efficacité sur la transmission) et donc à une seule couche non pharmacologique : le port du masque.

      et à la fin :

      Enfin, et c’est une des pistes avancées par le gouvernement, nous questionnons la pertinence de la mise en place d’un pass sanitaire aux frontières cet été, sachant l’inefficacité des vaccins à réduire la transmission des sous-variants d’Omicron, les seuls qui circulent désormais dans le monde.

      ok, c’est spécifiquement relatif à l’inefficacité sur la transmission mais c’est assez facilement interprétable comme du « ça sert à rien » glissant vers l’antivax non ? :-)

      et en même temps, ils recommandent clairement et fortement la 4eme dose pour les >60 ans et immunodéprimés, cf section "4eme dose et fissa" :

      Ces dernières nouvelles redoublent l’importance d’administrer fissa la quatrième dose aux plus de 60 ans et aux personnes les plus vulnérables. Mais pour tous les autres, s’ils veulent limiter les risques de Covid sévères, trois doses vaccinales les protègeront. Et s’ils veulent éviter les Covid longs, des mesures non pharmaceutiques complémentaires simples pourraient s’avérer être le meilleur rempart, même imparfait.

      et là aussi, on peut interpréter la partie "mais pour tous les autres" comme de la minimisation de l’utilité de la 4eme sur la « population générale », voire, de la non-incitation ;

      à ce sujet, vous avez des infos ou retour d’expérience sur la « durée de protection » de la 3ème dose ? Ptet une étude sur la pop portugaise, p.ex. les <70, vaxed cet hiver, qui a vu passer le BA.5 ces 3 derniers mois ?

    • le passage de l’article de Slate sur les « maigres » efforts de comm [du gouv - qui s’en lave les mains] :

      Ne dispersons pas nos maigres efforts en matière de communication : voir le gouvernement continuer à promouvoir le lavage des mains ne relève-t-il pas de la preuve d’un manque de classement des priorités dans les messages à diffuser pour prévenir le Covid ? Au mieux, ce sera peut-être efficace pour limiter la propagation des salmonelles dans les campings cet été…

      Pas d’avancée sur la qualité de l’air. La seule couche qui n’est quasiment pas abordée par la communication officielle –ou sinon de manière accessoire–, alors qu’elle est fondamentale dans la gestion de cette pandémie, c’est l’amélioration de la qualité de l’air intérieur. L’aération, la ventilation, la filtration et la purification de l’air des lieux clos qui reçoivent du public ne sont pas des sujets qui intéressent et mobilisent un tant soit peu nos autorités. Il est pourtant plus que jamais nécessaire que les lieux collectifs soient sécurisés concernant la qualité de l’air qu’on y respire.

      MDR ? la suite, a propos des écoles, est encore plus marrante :-)

    • On espère au moins que les vacances d’été permettront aux établissements scolaires de se mettre aux normes.

      (ptdr)

      Pas de rentrée en septembre : ça vaudrait aussi (et surtout) pour les élèves car, comme le dit le proverbe, « Pas de rentrée en septembre, pas de covid en décembre » ...

    • A propos des retrouvailles post-covid organisée par la mairie du bled l’autre soir, une des conseillères municipales était en train d’incuber son petit variant. Elle a été déclarée positive trois jours plus tard. Étonnant, non ?

    • N’empêche sur Twitter, t’as un type un peu populaire pour autre chose que le covid et qui d’un coup dévoile qu’il est positif et que bon, « faisez gaffe les potos », il se prend l’avalanche de tordus qui lui répondent qu’il est complètement stupide, que le vaccin sert à rien, que eux, ils vont bien, ils l’ont eu, et rien ne s’est passé, et que eux, ils savent que le monde tourne et que le covid est une grippette. Cf. F. Malaussena cet après-midi.
      https://twitter.com/malopedia/status/1544944022740951040

  • Nupes : radiographie d’une panique éditoriale
    http://www.davduf.net/nupes-radiographie-d-une-panique-editoriale-par

    Lu sur Arrêt Sur Images | L’accord historique d’union de la gauche a été accueilli dans les grands médias par une vague d’éditoriaux apocalyptiques. On reproche au Parti socialiste d’avoir « trahi ses valeurs » en s’alliant à La France Insoumise ; à Jean-Luc Mélenchon, d’être un « autre Le Pen », un « Chavez », un « bolivarien » ; aux électeurs de gauche, de « vouloir gagner ». Analyse d’une panique médiatique qui en dit long... sur la (...) Revue de presse, du web & veille en tous genres

    / Une, #Présidentielle_2022

    #Revue_de_presse,du_web&_veille_en_tous_genres

    • « La campagne de la France insoumise pour les élections législatives, à laquelle se sont ralliées les autres formations de la gauche parlementaire a littéralement déchaîné les médias dominants. »

      Anatomie d’une campagne médiatique contre la gauche (1/3)
      https://www.acrimed.org/Anatomie-d-une-campagne-mediatique-contre-la

      « Illusionniste », « prestidigitateur », « chefs à plume », « petites cervelles », « fascisme à visage humain », « Polichinelle hâbleur », « escroquerie », « chiens », « pitbulls », « danger pour la France », « insurgé de prédilection »… La campagne de la France insoumise pour les élections législatives, à laquelle se sont ralliées les autres formations de la gauche parlementaire (Générations-EELV-PS-PCF), a littéralement déchaîné les médias dominants. Éditorialistes et journalistes politiques ont orchestré, du PAF aux grands quotidiens nationaux, une cabale d’une rare violence que nous traiterons en trois temps : 1) Mépriser, délégitimer : l’Union populaire n’adviendra pas ; 2) Stigmatiser : haro sur les « islamogauchistes » ; 3) Traquer : sus aux « déviants » de la social-démocratie. Premier mouvement.

      Aussitôt Emmanuel Macron réélu, les chiens de garde sécurisaient le périmètre de la « démocratie » en étouffant les critiques. « Dire du président qu’il a été "mal élu" ? C’est "ébranler la légitimité du vote, et par là même les fondements de la démocratie représentative" pour Le Monde. C’est "alimenter une défiance dans les institutions, dans notre système démocratique" pour David Pujadas. Des syndicats qui souhaitent être pris en compte ? "C’est factieux !" s’indigne Jean-Michel Aphatie. » Ce n’était là qu’un début.

      « Des gens dangereux »

      Pour Mathieu Bock-Côté (Europe 1, 27/04), « Jean-Luc Mélenchon veut accélérer la crise de régime », tenter « un coup de force » et « un dernier tour de piste avant de se laisser momifier vivant à la manière d’un petit Lénine français vénéré et contemplé par tous les sectateurs de la Révolution ». Un peu plus tôt sur la même antenne, face à Sonia Mabrouk, Raphaël Enthoven commentait l’affiche « Mélenchon Premier ministre » de la France insoumise, qui révélerait selon lui « qui [sont] les gens dangereux […] susceptibles de s’asseoir [sur les institutions] pour un bénéfice à peu près nul. » Un verdict partagé par l’ex-plume de Valeurs actuelles, Louis de Raguenel, désormais chef du service politique de la radio Bolloré : « À force de marteler ces messages dangereux, ça finit par donner aux ultras des espoirs de renversement de l’État. » (Europe 1, 2/05)

      C’est donc de (violent) concert avec l’extrême droite que les chantres de « l’extrême centre » pointent, d’un seul et même doigt, le péril de l’époque : la France insoumise et l’union de la gauche. Sur LCI, Jean-Michel Aphatie prévenait ses confrères (29/04) :

      Le fond de l’affaire, c’est qu’on dit que Marine Le Pen n’est pas républicaine, n’est pas démocrate, très bien, ça fait vingt ans qu’on fait une danse là-dessus à l’extrême-droite ! Et la France Insoumise, elle est comment ? Quel attachement à la démocratie et aux valeurs ?

      L’éditocratie poursuivra précisément sur cette lancée. À commencer par Catherine Nay (Europe 1, 30/04) :

      Si ça ne se passe pas comme prévu, « il faudra aller chercher la victoire dans la rue pour faire avancer la société ». Qui le dit ? C’est la Clémentine Autain [sic]. Vous savez avec son joli sourire et ses yeux myosotis. Et elle dit ça sans être morigénée par quiconque, c’est sa vision de la démocratie ! Ça s’appelle le fascisme à visage humain.

      Dans Le Figaro (6/05), Ivan Rioufol monte d’un cran : « S’il y a un totalitarisme qui vient, c’est au cœur de la gauche marxiste et révolutionnaire qu’il faut le traquer, comme toujours historiquement. » Et de poursuivre : « L’entourloupe sur "le cordon sanitaire" a permis à l’extrême gauche, sectaire et violente, de se comporter en terrain conquis. Oui, il y a un danger pour la République. Mais il est à débusquer dans la stratégie d’infiltration insurrectionnelle du soi-disant Insoumis. » Le totalitarisme, c’est également ce que l’union de la gauche inspire à Bernard-Henri Lévy : « Avec cet accord Insoumis/socialistes, c’est Chavez qu’on accorde avec Jaurès. Poutine avec Léon Blum. Et voilà bradé, pour un plat de lentilles (une poignée de circonscriptions), tout le patient travail de la gauche, depuis 50 ans, pour conjurer sa tentation totalitaire. Navrant. » (Twitter, 4/05).

      Sur LCI (6/05), Jean-François Kahn qualifie sans rire les Insoumis de « néo-bolcheviks ». « Un parti factieux, séditieux ? » interroge de son côté Frédéric Haziza (Radio J, 8/05). « Une secte » affirmait deux jours plus tôt Philippe Val (Europe 1, 6/05) : « Une secte dont certains militants se radicalisent sur internet, comme cette femme "gilet jaune", anti vax et mélenchoniste qui a récemment agressé un pompier », mais également « des irresponsables [qui] jouent la violence sociale contre le suffrage universel. » Un parti qui, en tout cas, « a réussi son pari de caler la gauche sur les extrêmes » selon Challenges (5/05), qualificatif employé partout, inspirant un espoir à Thomas Sotto face à Jean-Luc Mélenchon : « Est-ce que ça ne va pas faire le jeu d’Emmanuel Macron une gauche qui se radicalise ? » (France 2, 6/05).

      Le 2 mai, date de l’accord entre la France insoumise et Europe Écologie les Verts (EELV), David Reyrat, journaliste sportif au Figaro, synthétise : « Pour être certain de ne pas être coincé dans une faille temporelle. On parle bien en 2022 de porter au pouvoir en France des trotskistes, des maoïstes, des communistes, des khmers verts. En 2022. En France. C’est bien ça ? Vous confirmez ? » (Twitter, 2/05, tweet supprimé depuis). Franz-Olivier Giesbert confirme dans Le Point (5/05) : « La haine est en marche et rien ne semble pouvoir l’arrêter ». On ne le lui fait pas dire… « Certes, nous ne sommes pas en 1789 quand la populace […] saccageait et pillait tout sur son passage. […] Il y a en ce printemps ensoleillé mais saturnien beaucoup d’électricité dans l’air, une violence verbale peu ordinaire, en particulier du côté des chefs à plume de la France insoumise. » Et le non-violent-verbal de qualifier les responsables insoumis de « mufles » et de « braillards », quelques lignes seulement avant de fustiger la « décomposition démocratique » du pays : « Une partie des "élites" de la France d’en haut […] commence à basculer dans l’extrémisme de gauche ». Diantre ! L’élite médiatique, au moins, aura été épargnée.

      Pendant ce temps sur Twitter, en écoutant François Ruffin sur BFM-TV, l’ancien directeur du Nouvel Observateur Claude Weill weillise :

      Ce type est un grand malade. « Il y a un bâton pour chasser Macron ! » […] s’excite-t-il. Étonnez-vous que des petites cervelles insoumises, échaudées par ces appels incessants à la haine et au déni de démocratie finissent par aller taper sur des pompiers… (3/04)

      Qui est excité ?

      Jacques Julliard dans Marianne, sans nul doute. Le 4 mai, il tempête dans l’édito « Oui à l’union, non à Mélenchon ! » : « Le mélenchonisme n’est ni l’avenir ni la justice, c’est une construction qui repose sur un homme et sur les branches pourries du mouvement social. Épargnons-nous ce retour en arrière. » Sur France 5 (5/05), Denis Olivennes alerte :

      Il faut se souvenir de ce qu’a été Jean-Luc Mélenchon ! […] Il a quand même conspué les juges indépendants et la presse indépendante ! Je ne crois que ce que je vois. Et ce que je vois, c’est un leader qui a attaqué l’indépendance des juges, attaqué les journalistes, dont les amis c’est Poutine et Maduro, des gens qui n’acceptent pas la démocratie ! C’est ça Mélenchon !

      Le magazine hebdomadaire des Échos fait campagne plus qu’à son tour, et directement par la voix de son directeur adjoint de la rédaction : « Mélenchon ou la défaite de la raison » titre-t-il son édito (2/05). Tout y passe : « Héros fatigué d’une gauche en déliquescence », « amoureux transi des dirigeants d’un Venezuela en ruine », « un "insoumis sauf avec les dictateurs" », des « convictions […] flottantes », la « gauche régressive ». Bref… « la folie Mélenchon ».

      Un crachat que reprend en écho le rédacteur en chef adjoint de L’Est Républicain, dans l’édito qui garnit les huit titres du groupe Ebra – propriété du Crédit Mutuel (28/04) : « Jean-Luc Mélenchon incarne à merveille le Polichinelle hâbleur d’une gauche désorbitée, entraînée vers les abîmes d’une tragique bouffonnerie. » D’une rare brutalité contre « Méluche, le magnifique », l’éditorial se conclut sur un incontrôlable accès de mépris de classe : « Les chiens sont lâchés. Ses pitbulls aboient et mordent. [Mélenchon] est, nous dit-on l’idole des jeunes. Même diplômés. C’est dire l’incurie de l’époque. »

      Un désespoir partagé par l’une des grandes figures macronistes du Monde, Françoise Fressoz, qui aligne les formules de courtoisie à l’égard de Jean-Luc Mélenchon : « Trublion », « prestidigitateur », « acteur talentueux, doublé d’un séduisant bonimenteur. À 70 ans, il joue la partition de sa vie, fait croire que la gauche radicale peut gouverner le pays. » (10/05) Le désarroi puise sa source au milieu de l’article : « Avant le premier tour, il y avait deux France, celle d’Emmanuel Macron et celle de Marine Le Pen. Le soir du 10 avril, une troisième a surgi, celle de Jean-Luc Mélenchon. Depuis, le vaincu s’emploie à la faire survivre et prospérer, au prix d’une personnalisation du pouvoir totalement assumée. »

      Pendant ce temps sur Twitter, Raphaël Enthoven enthovenise :

      UE, OTAN, Syrie, Russie, gilets jaunes, vaccins, oligarchie, populisme, mépris de la constitution... L’avenir de LFI est dans l’alliance avec le RN, plutôt que dans une OPA sur la gauche dont les autres membres doivent renoncer à leur identité pour gratter quelques circos. (2/04)

      « On n’est pas en dictature ! Ce n’est pas Mélenchon qui décide ! »

      « OPA », « coup de force », « au forceps », « destruction », « soumission ». Partout, le champ lexical mobilisé pour décrire le processus d’accord est celui de la violence, les journalistes politiques moulant leur discours dans les diatribes et le narratif des grands pontes du PS qui refusent l’alliance avec la France insoumise.

      Le 5 mai, Le Figaro s’illustre à cet égard par sa Une tout en retenue – « Mélenchon soumet les Verts et le PS à la gauche extrême » – doublée d’un édito signé Vincent Tremolet de Villers, « Bienvenue en mélenchonie » :

      De Catilina à Jean-Luc Mélenchon, on peut écrire, sans risque, que le niveau s’est effondré. Les grossiers appétits écrasent, sans aucune gêne, toute autre considération. Fabien Roussel lâche tout pour un steak aux lentilles, Olivier Faure montre qu’il a les dispositions pour ouvrir un stand à la grande braderie de Lille.

      Brillant. Au moins autant que la chronique de son confrère Guillaume Tabard une page plus loin, relatant la « soumission idéologique » des « socialistes, écologistes et communistes […], passés sous les fourches caudines de l’Insoumis en renonçant à bien de leurs valeurs ». Dans « C ce soir » (France 5, 5/05), Thomas Snegaroff introduit l’émission – « Est-ce que le PS vit son moment populiste ? » – avant de présenter, entre autres, Denis Olivennes, « essayiste, chef d’entreprise » (et accessoirement co-gérant de Libération) : « Vous faites partie de ces figures de la gauche qui voient dans cet accord une forme de reddition, de capitulation, de soumission, de trahison, de suicide, vous me direz quel est le mot que vous préférez. » Réponse de l’intéressé : « Tous. »

      Le but de Jean-Luc Mélenchon selon Christophe Barbier ? « Faire une OPA sur tous les restes de la gauche ». Plus encore ? « Digérer et déchirer la gauche […], et ce qu’il ne digère pas, il veut le déchirer. […] Le rêve du trotskyste Mélenchon, c’est de détruire ce qu’il déteste le plus : ce n’est pas la droite, ce n’est pas l’extrême droite, ce n’est pas Macron ! C’est la social-démocratie ! » (RMC, 3/03) « Lider maximo » titre encore BFM-TV (5/05), dont Alain Marschall donne une déclinaison au moment d’interroger Aymeric Caron : « Le parti socialiste a été liquidé avec gourmandise ? » Sur RMC (3/03), la journaliste Catherine Rambert s’insurge : « On n’est pas en dictature ! Ce n’est pas Mélenchon qui décide ! » avant de s’illustrer par des propos homophobes et orduriers :

      - Catherine Rambert : J’ai une pensée et beaucoup de compassion pour les communistes, pour le PS et pour les Verts qui sont en train d’avaler d’énormes couleuvres pour rentrer dans cette union au forceps. Et quand je dis « avaler des couleuvres », je ne suis pas certaine que ça passe par là mais enfin bon, on ne va pas faire un cours d’anatomie aujourd’hui !

      - Daniel Riolo : On ne sait même pas si c’est des couleuvres hein Catherine !

      De la hargne à l’insulte, il n’y a qu’un pas… que franchit également – comme de coutume –, et sans trébucher, le dessinateur du Point, Xavier Gorce : « Connaissez-vous cette vieille comptine ? "Ce petit animal a la peau si tendue ; Que quand il ferme un œil ; Il ouvre le trou du cul." Pourquoi le sourire de Mélenchon me la rappelle ? » (Twitter, 27/04) Une berceuse que lui inspire la fameuse affiche de la discorde.

      Pile « hargne », face « moquerie »

      Dans Paris Match (5/05), Gilles Martin-Chauffier met à profit son mépris pour réussir l’un des meilleurs portraits du moment : Jean-Luc Mélenchon en « insurgé de prédilection », « faire-valoir du pouvoir ». Extrait :

      Comme un interrupteur, il ne possède que deux positions : allumé ou disjoncté. Sur une estrade, sur un plateau, dans son bureau, il faut qu’il attire l’attention. […] Une fois en scène, il porte le béret du Che, l’auréole de saint François d’Assise (les animaux sont un autre de ses dadas) et la kalachnikov de Castro. Et ça passe : sans avoir jamais pointé dans une entreprise ni lancé un pavé, ce révolutionnaire institutionnel est la voix reconnue des rebelles. Donc il proteste. Le sexisme, le racisme, le nucléaire, les OGM, le capitalisme, la chasse aux bébés phoques, la pluie en été, tout lui tourne les sangs. Malheureusement pour lui, si élevé soit l’arbre, ses feuilles tombent toujours par terre. Les capitalistes se moquent de ses diatribes comme de leur première OPA. Et les sceptiques ricanent : quitte à lutter contre le racisme, à aider le tiers-monde, à préserver la planète, n’importe quelle multinationale en fait cent fois plus que lui. Le leader des insoumis tire plus de flèches qu’il n’abat de proies.

      Puis, le 4 mai, L’Obs se joint au concert des petites mesquineries : « Bientôt primus inter pares, le nouveau chantre de l’union de la gauche s’est imaginé un destin de rechange. […] Le voilà qui prétend marcher sur les traces de Léon Blum […] ou de François Mitterrand […]. Mélenchon se voit à Matignon. Un scénario encore bien improbable. Mais, le cas échéant, il ne serait ni Blum, ni Mitterrand. » Invitée sur le service public – qui plébiscite donc ses outrances sur Europe 1 – Catherine Nay opte pour le filon culinaire : « Jean-Luc Mélenchon doit beaucoup jubiler [...] mais il veut faire un soufflé avec des miettes ! » Plus tard : « Il s’allie chacun pour un plat de lentilles ! » Mais encore ? « Jean-Luc Mélenchon a toujours tendance à faire d’un chou un potager. » Enfin ? « La grand-mère déguisée en loup, c’est Mélenchon. » (France 5, 3/05).

      Sur « Quotidien » aussi, on se bidonne avec l’union de la gauche au moment d’interroger Julien Bayou à la sortie du local de campagne de la France insoumise : « Le couple LFI-EELV s’est fait hier. Là, c’est quoi le challenge quand on se met à faire un trouple ? » Et les journalistes start-up tiennent à faire savoir qu’ils peuvent, comme Catherine Nay, filer les métaphores : « Vous pensez que ça va être une relation passionnelle ? Mais tumultueuse ? » ; « Il y a un mariage pour demain ? » ; « À deux, c’est déjà fait, à trois on va voir, et là à quatre euh… ? » (TMC, 3/05)

      Enfin, après avoir vitupéré contre un rassemblement « navrant », « assez minable » et témoignant d’une « inconséquence politique » (LCI, 4/05), Jean-Michel Aphatie fanfaronne deux jours plus tard : « Hélas, le titre grille le suspense, c’est pas très grave ! Dans les bons films, on essaie de regarder jusqu’au bout ! » et joue les maîtres de foire du plateau : « Olivier Faure, […] vous allez voir, a commenté cet événement avec un enthousiasme désarmant devant les journalistes hier soir ! Il est un peu fatigué le pauvre, il a eu des journées très, très longues, cette semaine ! [Rires] […] Bon, et puis après, il est allé se coucher ! » (LCI, 6/05)

      Pendant ce temps sur Twitter, Enthoven enthovenise – les Insoumis « sont définitivement (car délibérément) imperméables à la raison ». Quid des éditorialistes ?

      Intermède : le 1er mai ? La violence

      Pour ne pas rompre le rythme, il va sans dire qu’au lendemain du 1er mai, comme le jour même, les médias dominants concentrent leurs forces éditoriales sur « les violences » de la manifestation (parisienne). Les chaînes d’info en continu diffusent en boucle l’agression d’un pompier par une manifestante, tandis que France Inter se fend d’une brillante exclusivité : le « soutien à Mélenchon » de la manifestante en question, sur la base d’une exégèse de tweets qui permit à la rédaction de dénicher l’arme du crime : « Un selfie dans l’isoloir avec un bulletin Mélenchon » (2/05).

      Le soir dans « C dans l’air » (France 5, 2/05), on apprendra par Fanny Guinochet que les militants autonomes « souvent s’en prennent […] aux biens publics » comme « l’hôpital » avant que Caroline Roux mentionne seulement la revendication des salaires entre deux virgules… pour mieux embrayer : « Les Français auront surtout vu des scènes de violences, de pillages, en marge de cette manifestation. » Discours performatif au carré : s’ensuit un reportage de 15 secondes, dans lequel en effet, les Français verront exclusivement – soit non plus « en marge » – des scènes de pillage. Le clou du spectacle est atteint dans Le Figaro (6/05), avec Ivan Rioufol :

      Les « antifas » ont une nouvelle fois semé la terreur en brisant des commerces sur leur passage. Or ces milices, qui sévissent au nez de la police, sont les bras armés de l’extrême gauche. Ces nouvelles « chemises noires » partagent avec LFI, la violence en plus, les mêmes objectifs politiques.

      Mais à cet égard, notre palme revient à l’émission « Estelle Midi » (RMC, 3/04). Vingt minutes de bashing en roue libre, réparties entre trois chroniqueurs. Mélenchon ? Un « illusionniste », dont Daniel Riolo entend révéler la vraie nature :

      On l’a vu à la manif, […] dans les électeurs de Mélenchon, il y a cette jeune dame qui trouve ça bien de se balader avec des tournevis et des marteaux pour taper sur les pompiers. C’est cette extrême gauche là, aussi, qu’il y a dans le bloc Mélenchon ! Donc à un moment, je crois quand même que les gens vont devoir ouvrir les yeux, exactement comme on les ouvre parfois sur d’autres partis et se rendre compte que le bulletin […] Nupes là, c’est un danger pour la France !

      Une violence qui se prolonge lors des « prises de parole » des auditeurs. « Antonio », employé dans un service technique hospitalier et électeur de Jean-Luc Mélenchon, ne peut s’exprimer plus de dix secondes en continu sans subir les foudres obsessionnelles de Daniel Riolo :

      Eh Antonio ! Vous, la violence de Mélenchon, elle ne vous gêne pas ? [Quelle violence ?] Bah qu’on agresse des pompiers ? Il n’a pas condamné. Il n’a pas condamné. Il n’a pas condamné. Il n’a pas condamné. Il a accusé l’État de laisser la violence se propager. Il n’a pas condamné. Le discours sur la police, l’agression des pompiers, il n’a pas condamné !

      Six fois.

      Puis, « Antonio » est coupé au bout de six secondes : « Donc vous vous en foutez ! Dites-le ! » Sept secondes, et rebelote : « Donc vous, vous ne condamnez pas l’agression du pompier vous ? Bah il ne veut pas répondre ! Donc vous ne condamnez pas, monsieur ! [Je condamne toute violence.] Bah Mélenchon l’a pas fait ! » Puis… en fin d’émission :

      - Daniel Riolo : Je crois que [Mélenchon] a fini par condamner l’agression de la jeune femme sur le pompier finalement, sur France Inter il me semble. [Non, sur Twitter, NDLR].

      - Rémy Barret : Mais tu avais raison, il avait dit auparavant [Voooilà !] que les violences étaient inhérentes [Voooilà !] à la Préfecture de police [Voooilà !] qui n’avait pas fait son travail. [Voooilà !]

      - Daniel Riolo : Voooilà. Il a mis le temps, il a réfléchi un peu. Voilà.

      Voilà…

      Chronique d’un échec annoncé

      Alors que la quasi-totalité des éditorialistes accablent d’emblée une « union mal embarquée […], de bric et de broc » (Jean-Michel Aphatie, LCI, 6/05), « un mirage, une escroquerie » (Christophe Barbier, RMC, 3/03), une « fable » (Le Monde, 10/05), un « accord factice » et « moche » (Olivier Bost, RTL, 5/05), ou une alliance au « succès timide » (Challenges, 3/05) sur la base de premiers sondages, partout, les journalistes politiques tiennent également à faire la chronique de son échec annoncé. « Arme de conquête ou pistolet à eau ? » interroge Olivier Bost dans son édito en face-à-face avec Yves Calvi (RTL, 5/05). Spoil :

      - Olivier Bost : Ça marche quand vous avez une dynamique pour prendre le pouvoir, réelle et basée sur des gens qui veulent exercer le pouvoir. Très concrètement là aujourd’hui, c’est pas du tout cette histoire-là puisque c’est les plus radicaux qui l’emportent et la radicalité n’a pas pour objectif aujourd’hui d’exercer le pouvoir.

      - Yves Calvi : On a l’impression que cette union populaire, à peine commencée, elle a du plomb dans l’aile, en tout cas qu’on la prend pas au sérieux !

      C’est le moins qu’on puisse dire…

      « Comment va gouverner cet homme ? » s’insurge d’ailleurs Catherine Nay (Europe 1, 30/04). « Parce qu’on voit bien aussi que c’est quelqu’un qui a une certaine enflure de l’égo, qui ne veut pas quitter le pouvoir, qui n’admet pas d’avoir été défait ! Et plutôt que d’être déprimé comme il y a cinq ans, eh bien il dit "Le Premier ministre, c’est moi !" » Même tonalité dans Le Monde, qui prend position le 6 mai et tient à faire savoir sa déception : « manœuvre », « marchandages », chefs de partis qui « convoqu[ent] bruyamment l’Histoire », « Canossa des défaits », « contorsions sémantiques », « silences assourdissants », « reniements »… L’édito du Monde regorge de sentences pour une conclusion sans appel : cet accord « n’en fait […] pas un programme de gouvernement [...]. L’objectif de devenir la principale force d’opposition au président réélu peut permettre de s’en accommoder, tant bien que mal, à titre provisoire. Pas celui d’exercer les responsabilités. »

      Jeff Wittenberg, éditorialiste politique pour France TV, en doute aussi très fortement : « Les femmes et les hommes qui vont porter le futur programme si vous gagnez […], est-ce qu’ils ont suffisamment d’expérience ? » ; « Toutes les personnalités de la France insoumise, celles qui vous rejoignent au PS, les Verts, personne n’a connu de responsabilité gouvernementale. Est-ce que ce n’est pas tout de même un handicap ? ; « Dites-nous si le manque d’expérience à la tête de l’État n’est pas un frein ? » (France Inter, 8/05, face à Jean-Luc Mélenchon). Rappelons qu’il y a cinq ans, les mêmes éditocrates sortaient les violons pour l’entrée de ladite « société civile » macroniste dans l’hémicycle.

      Verdict plus violent dans l’édito des Échos (2/05). La gauche au pouvoir ? Une « supercherie », révélant « une profonde fascination pour le nihilisme. […] Mélenchon Premier ministre ? On se pince ! » Pas autant que nous… « Très difficile de réussir son pari » assène encore Christophe Barbier (BFM-TV, 5/05). L’une des raisons à cela ? « Le vote musulman. C’est-à-dire de ces 69% de Français qui se disent de confession musulmane et qui ont voté Jean-Luc Mélenchon. Ceux-là n’ont pas forcément envie d’aller voter pour X ou pour Y qui sera simplement le représentant de Mélenchon. Ils n’ont pas forcément adhéré à un programme, ils ont adhéré à cette personne. » Car il faut le savoir : ils sont bêtes (en plus d’être méchants).

      Le programme ? « Archaïque » !

      Un échec annoncé donc, qui n’empêche pas les journalistes politiques de délégitimer le programme de A à Z. Les positions de la France insoumise sur le nucléaire ? « Mentalité antiscientifique » et « désir régressif vers une nature fantasmée et divinisée » assène Mathieu Bock-Côté (Europe 1, 5/05). Jean-Luc Mélenchon évoque-t-il sur France Inter « une politique de la radicalité concrète sur le plan écologique » ? La journaliste Claire Gatinois (Le Monde) traduit : « Il y a une forme de brutalité sociale aussi du coup ? Vous nous dites […] j’applique mes actions quitte à ce que ce soit brutal finalement ? » (France Inter, 8/05). Et dans la matinale de RTL (2/05), Alba Ventura fait faire ses gammes à Stéphane Le Foll pour garnir les gros titres : « Il y a une dérive chez Jean-Luc Mélenchon ? C’est ce que vous êtes en train de nous dire ? […] Quand vous dites "autoritaire", quand vous dites "radicalité" ? »

      Au Figaro (6/05), on prend nettement moins de pincettes au moment de dénoncer « une "soviétisation" de l’économie française à plus de 300 milliards par an ». Le programme pour Christophe Barbier ? « Impraticable et infinançable » (RMC, 3/05). « Des promesses intenables », « une radicalité [...] en tout cas anachronique » tance Alain Finkelkraut avant de nuancer : une « radicalité monstrueuse » (Europe 1, 10/05). « Ça serait la faillite si c’était appliqué ! » radote Jean-François Kahn sur LCI (6/05). Quant à Jacques Julliard dans Marianne (4/05), il en est « convaincu » : « L’application brutale de l’ensemble des propositions du programme de Mélenchon nous conduirait à la catastrophe. » « Complétement dingue » ajoute Denis Olivennes sur France 5 (5/05) :

      Emmanuel Macron a fait la plus grosse relance keynésienne de toute l’histoire récente de la 5ème République ! Ce pays prétendument néolibéral atteint des niveaux de dépense publique, de dette publique, de dépense sociale, d’impôts, de fonctionnaires et de réglementations comme on n’en a jamais connus ! Et on va encore alourdir la bête ! Dans ce pays qui souffre déjà d’une faible croissance qui explique son niveau de chômage et son faible pouvoir d’achat, on va encore charger la mule et son ventre va toucher le sol ! Et on va rajouter encore 200 milliards de dépenses publiques, […] c’est complétement dingue !

      Et pour sortir de la dinguerie, rien de tel qu’un recul historique avec François Lenglet. L’objet de sa chronique (RTL, 3/05) ? Faire état du « bilan économique désastreux de l’expérience du Front populaire » ! L’occasion pour l’éditocrate d’anachroniser sa rengaine en fustigeant la « surenchère syndicale » de l’époque, ainsi qu’une France « affaiblie par les grèves à répétition et les nationalisations. » Avant de se faire le porte-parole de Léon Blum, qui « doit aujourd’hui se retourner dans sa tombe en entendant Jean-Luc Mélenchon récuser la construction européenne qui a tant manqué à l’époque. » Toute honte bue. Autres références, même tonalité sur Europe 1, où Nicolas Bouzou avertit ses contemporains (Europe 1, 4/05) :

      La vérité, c’est que les programmes révolutionnaires du type « La France insoumise » n’ont jamais apporté rien d’autre que de la misère économique et sociale ! C’est toute l’histoire de l’Amérique Latine dans les années 1980 et 90, c’est parfaitement documenté historiquement. Ce type de programme met en place un système économique qui génère des rentes et qui entraîne une explosion des inégalités. Les riches, dans ce genre de système, s’en sortent toujours. Ce sont les plus fragiles qui en souffrent.

      « Révolutionnaire » ? Rétrograde, en tout cas, pour Denis Olivennes : « Back to the future ! On va refaire le programme d’il y a 40 ans, on rentre dans la modernité en refaisant le programme commun des années 70. Ça, c’est l’avenir de la social-démocratie. Euh… non ! » (France 5, 5/05). Paraphrasé le même jour par Challenges : « Il y a des éléments de son discours qui nous ramènent quarante ans en arrière : retraite à 60 ans (alors que l’espérance de vie a gagné presque dix ans depuis), augmentation des impôts et des dépenses publiques (alors que celles-ci ont déjà progressé de dix points de PIB), intervention massive de l’État… Il n’y manque qu’un bon programme de nationalisations ! » Chiche ! L’Europe ? « La même rhétorique que celle de Marine Le Pen […]. Bref, comme avec le projet du Rassemblement national, cela s’appelle un "Frexit" sans le dire. À nous de le répéter. » La majorité des confrères s’y attèlent déjà, dont Frédéric Haziza, tapant sur un « programme anti-européen et pro-Poutine. » (Radio J, 8/05).

      Mais la cabale vaut pour l’ensemble des aspects programmatiques : « Le blocage des prix ? C’est archaïque ! » vilipende Jean-Michel Aphatie (LCI, 6/05) avant de dérouler le prêchi-prêcha : « Tout le monde le sait : l’économie de marché, qu’on régule qu’on tempère, […] est la seule qui permet au consommateur et au producteur de vivre ensemble. » Puis : « Nationaliser les banques ? Mais pas un socialiste n’y croit ! » Et il ose :

      On a l’exemple du Crédit Lyonnais, on a vu ce que ça a donné ! Des masses d’argent non contrôlées, du scandale, du gaspillage… Je ne sais pas si Jean-Luc Mélenchon y croit d’ailleurs ! Mais lui, il a toujours dit ça, donc au moins faisons lui le crédit d’une cohérence intellectuelle à défaut de la sincérité.

      Et de poursuivre le dézingage en règle. La retraite à 60 ans ? « C’est l’un des plus gros bobards de la scène politique actuellement. Ça, Jean-Luc Mélenchon, il va falloir qu’il l’explique hein ! […] Parce que quand il était en campagne présidentielle, vraiment, personne n’a été attentif à ça. On est d’une complaisance souvent avec la gauche qui est très importante. »

      « Complaisance » ? Dans le dictionnaire éditocratique, nom féminin ; définit l’attitude des médias sus-cités, et celle de Paris Match en particulier, au moment d’évoquer les militants et sympathisants de la France insoumise qui « vont refaire un tour de piste d’ici au mois de juin pour aider Jean-Luc Mélenchon. » (5/05) Par exemple ?

      [L]es fameux zadistes qui chassent les paysans creusant des retenues d’eau sans leur permission. Au bout de quelques mois à jouer les Jacquou le Croquant, ils finiront à trente par sortir trois carottes et dix navets d’un terrain où un campagnard nourrissait un village à lui seul. Alors ils les apporteront sur le marché en tendant le poing et la sébile. Je vous rassure : entretemps, rien n’aura changé. Rien ne change jamais. Et Jean-Luc Mélenchon continuera de rêver de révolution comme la chaisière rêve d’épouser l’évêque.

      Terminons ce premier volet sur le service public en compagnie de Renaud Dély, présentateur de « 28 Minutes » sur Arte, également éditorialiste et présentateur sur France Info. Pour l’auteur de l’essai Anatomie d’une trahison. La gauche contre le progrès (mai 2022), la séquence actuelle est plus qu’une aubaine : cabale et auto-promo, d’une pierre deux coups !

      C’est donc en grand expert que Renaud Dély défile sur les ondes publiques : « C ce soir » (France 5, 2/05), France Inter (4/05) et « C à vous » (France 5, 5/05) – dont sont issus les propos qui suivent. Et en grand expert qu’il manie l’art des citations : « Comme disait le psychanalyste Jacques Lacan, "le réel, c’est quand on se cogne". » Voilà pourquoi les éditorialistes ne sont jamais assommés. « Le problème du projet unitaire qui est en voie d’être adopté, c’est qu’aussi sincère soit-il, il est en léger décalage avec le réel aujourd’hui sur de nombreux sujets ! » Plus précisément sur le fond du programme ?

      C’est le signe d’une gauche qui perd confiance en elle, qui rompt aussi avec une certaine idée du progrès, en tout cas du mouvement. C’est une gauche qui est profondément à la fois repliée sur des identités, des communautés qui s’affrontent et repliée sur le passé, qui est nostalgique. […] Ces derniers jours, on entend beaucoup parler du Front populaire, […] c’était il y a 86 ans !

      Le psychanalyste n’est pas encore au bout du raisonnement :

      Et donc cette gauche [veut] se rassurer […] parce qu’elle perd pied face au réel, parce qu’elle a du mal à le comprendre, à comprendre sa complexité et à le réformer. […] Ça contribue probablement à flatter, à enthousiasmer même une frange militante c’est vrai, mais à réduire le champ de la gauche sur un espace beaucoup plus réduit électoralement et à la décaler de la réalité du pays.

      Ce que confirment d’ailleurs noir sur blanc les résultats des deux dernières élections présidentielles.

      D’autres griefs ? Anne-Élisabeth Lemoine se charge du lancement : « C’est une gauche qui donne beaucoup de leçons également ! » « C’est la gauche indignée » acquiesce Renaud Dély, du même ton paternaliste. « C’est légitime et heureux de s’indigner dans la vie face à l’injustice et au malheur, mais ça ne fait pas un projet politique ! » Il n’en fallait pas plus à Patrick Cohen : « Il y a une formule formidable vous vous rappelez, c’est celle de Malek Boutih, "la gauche est condamnée à se liquéfier dans sa méchanceté". » Et les éditorialistes dans leur arrogance… bourgeoise, comme le rappelle Renaud Dély au moment de parler « écologie » :

      L’indignation ou la dénonciation d’une génération, par exemple les boomers […], ne suffit pas à construire le monde d’après ! Le problème de toute une frange de la gauche, et de toute une frange des écologistes au sens large, c’est de tenir parfois un discours anxiogène, catastrophiste, mais sans réussir à dessiner les contours du monde d’après. Si effectivement c’est foutu, s’il n’y a plus rien à faire, foutu pour foutu, on finit par se racheter des SUV !

      Éclats de rire sur tout le plateau.

      *

      Après avoir polarisé leur agenda de campagne autour de l’extrême droite, après avoir tapissé de chats un projet de société structurellement xénophobe et raciste, après avoir propulsé la candidature d’un néo-fasciste reçu partout avec déférence ou complaisance, les médias dominants exploitent la seule fenêtre médiatique (massive) arrachée par la gauche depuis des mois pour (massivement) instruire son procès.

      Dès lors, il faut au moins être éditorialiste au Figaro pour entrevoir, dans la séquence actuelle, un « cirque médiatique mené par l’extrême gauche autour de son nombril » (Ivan Rioufol, 6/05) ; travailler au Point pour titrer une chronique « Mélenchon, nouveau chouchou des médias » et critiquer une « lune de miel médiatique » (Jean-François Kahn, 12/05) ; ou encore vivre sur un plateau de CNews pour avoir « l’impression que c’est Jean-Luc Mélenchon qui a gagné l’élection présidentielle depuis quinze jours avec une complicité ou une douceur de l’espace médiatique » (Pascal Praud, 5/05). « L’extrême gauche n’affole surtout pas les médias bien-pensants. L’extrême droite toujours, l’extrême gauche jamais » lui rétorque l’ancien directeur général de LCI et membre de la direction de TF1 Éric Revel, plus lucide que jamais.

      Mépriser, moquer, délégitimer : les chiens de garde étaient bel et bien de sortie. Comme jamais ? Sans doute non. Mais avec plus d’une corde à leur arc. À suivre…

      Pauline Perrenot, grâce à un travail d’observation collectif des adhérent·e·s d’Acrimed

    • heureusement, le FN va tous nous sauver et appelle à faire barrage à Macron et en même temps à la Menace rouge :

      https://seenthis.net/messages/960181#message960182

      [NUPES] : une « union d’extrême gauche et anti-républicaine. Derrière Jean-Luc Mélenchon se constitue une véritable ZAD avec les idéologies les plus dangereuses pour la France : l’idéologie antiflics et le désarmement de l’État, le communautarisme, l’islamo-gauchisme, la censure de la pensée, la lutte des races et le rejet de la valeur travail : un bloc de 50 nuances de rouge », a prévenu, la mine grave, Jordan B. [et d’appeler] à un « front républicain » contre ce nouveau péril rouge.

    • Au boulot, quand j’ai annoncé que j’attendais la victoire de LFI pour mettre en place une rizière dans le jardin, rizière destinée à accueillir tous les dirigeants locaux de l’entreprise, une collègue m’a demandé ce que j’avais contre Mélenchon.