• 7,7 milliards d’êtres humains, mais combien de femmes ?
    https://information.tv5monde.com/terriennes/77-milliards-d-etres-humains-mais-combien-de-femmes-2547

    La Terre est aujourd’hui peuplée de plus de 7,7 milliards d’habitants. Or les hommes, pour des raisons culturelles, économiques ou sociales, y sont de plus en plus nombreux, au détriment des femmes. Une évolution qui pourrait conduire, à terme, à une catastrophe démographique.

    Car l’Europe orientale n’est pas en reste, même si elle pèse moins lourd dans la balance démographique. Depuis au moins 20 ans, il y naît bien plus de garçons que de filles, notamment dans le Caucase et les Balkans, où le sexe-ratio à la naissance se situe entre 110 et 117 pour 100 filles – soit davantage que la moyenne en Inde. L’Azerbaïdjan est le deuxième pays au monde après la Chine en termes de déséquilibre des sexes à la naissance. Durant la décennie 2000, on a même décompté en Arménie jusqu’à 185 garçons pour 100 filles parmi les troisièmes naissances, sans aucun doute un record mondial. En Albanie, au Kosovo, au Monténégro et en Macédoine occidentale, les niveaux avoisinent 110-111 naissances de garçons pour 100 filles, avec une redoutable régularité.

    La Chine et l’Inde accusent actuellement un déficit global de femmes d’environ 160 millions. Le nombre de « femmes manquantes » devrait même atteindre les 225 millions en 2025. A terme, si la proportion de filles par rapport aux garçons continue d’être aussi déséquilibrée, c’est tout un pan de la population qui ne pourra pas être renouvelé.

    Des études montrent déjà que 94% des célibataires de 28 à 49 ans en Chine sont des hommes, qui pour la plupart, n’ont pas terminé leurs études secondaires. Certains craignent qu’une masculinisation trop importante de la société chinoise n’entraîne une hausse nette de la violence et du crime.

    On assiste aussi à une augmentation des mariages par correspondance (mariages forcés avec des femmes venant de l’étranger), notamment en Chine. Beaucoup de Chinois se tournent vers l’étranger et notamment la Birmanie pour trouver une femme, parfois via un mariage arrangé

    Pour des raisons socio-économiques, il faut aussi s’attendre à un ralentissement du taux de natalité dans les pays concernés d’ici 20 à 40 ans. D’où un vieillissement de la population et, à terme, un net ralentissement de ces économies pour l’instant très dynamiques. Parallèlement, la population devrait se féminiser, puisque l’espérance de vie des femmes est plus élevée que celle des hommes.

    En Chine, un assouplissement de la politique de l’enfant unique, notamment dans les campagnes, pourrait amener à rétablir un semblant d’équilibre des sexes dans le pays. Cependant il faudra attendre une vingtaine d’années avant que les premiers effets de ces politiques se fassent sentir.

    En Europe du Sud et Caucase, de récents efforts de compréhension du phénomène sont plus le fait d’une mobilisation internationale que d’une prise de conscience de la population, et ils n’ont pas encore débouché sur des mesures concrètes.

    Mais alors, où sont les femmes ? En Europe orientale : les pays de l’ancienne Union soviétique, comme la Russie, la Lituanie ou la Lettonie sont majoritairement féminins, car l’espérance de vie des hommes y est plus faible qu’ailleurs.

    #sexe_ratio #femmes #démographie #féminicide

  • La parenté, le marché et l’État face à l’aversion pour les filles en Asie | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-herodote-2010-1-page-166.htm

    Les caractéristiques des groupes sociaux les plus enclins à se débarrasser des fœtus féminins sont variables selon les pays mais, comme on vient de l’évoquer, le niveau socioéconomique est un premier trait distinctif, notamment parmi les « pionniers » qui ont eu les premiers l’idée, et les moyens, de mettre le diagnostic prénatal au service de leurs objectifs en matière de composition sexuelle de leur descendance. Mais cette innovation radicale dans la technologie discriminatoire a progressivement percolé à travers l’ensemble de la société selon deux modalités classiques : la diffusion verticale « top-down » par capillarité sociale, au sein des localités, allant des groupes privilégiés vers les couches plus basses, et une diffusion horizontale par contagion spatiale de proche en proche, dont les cartes examinées plus bas attestent. Mais deux facteurs ont sans doute ralenti cette diffusion sociale et spatiale. En premier lieu, la forte natalité de certaines populations, et ainsi la possibilité de répéter les grossesses jusqu’à la naissance d’un garçon, rend les avortements sélectifs parfois superflus. La proportion des femmes sans garçons après quatre grossesses est ainsi inférieure à 6 %. En second lieu, une grande majorité des couples, y compris en Asie, ne souhaite pas interrompre une grossesse en fonction du sexe des enfants à naître. Rappelons que si nous mettons ici l’accent sur deux pays où les déséquilibres des naissances sont prononcés, il demeure un grand nombre de nations asiatiques, de l’Iran à la Thaïlande, du Japon à la Malaisie, où aucun signe patent de surmasculinité des naissances n’a été décelé.
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    Pour résumer ce tableau rendu complexe par la diversité des situations, on dira que la sélection sexuelle obéit à trois conditions préalables [Guilmoto, 2009]. Il faut avant toute chose que préexiste une forte préférence pour la descendance masculine. Mais il faut en outre que les femmes aient les moyens de recourir à la sélection prénatale moderne. Et, pour finir, il faut également que la baisse de la natalité force les femmes à faire des choix drastiques sur leur dernière naissance, plutôt que de s’en remettre au hasard. Autrement dit, la sélection sexuelle d’aujourd’hui présuppose que les femmes le veuillent, le puissent et le doivent. Les deux premières conditions relèvent respectivement de la classique équation économique de l’offre et de la demande alors que la troisième correspond à l’urgence démographique provoquée par la baisse de la fécondité. Ces trois conditions expliquent en partie les différences entre groupes sociaux ou entre pays, et laissent également présager les évolutions futures : détérioration là où baisse la fécondité et où apparaissent les infrastructures de santé modernes, et amélioration là où s’estompent les inégalités entre les sexes.

    #femmes #IVG #féminicide #sexe_ratio #femmes_manquantes