#sexion_d’assaut

  • Page 26 : tournant de carrières – Partie 1
    https://www.abcdrduson.com/articles/nathalie-sorlin-carriere

    En juin 2020, un article de la rédaction vient rompre la routine de l’alternance interviews/chroniques purement musicales. Le site décide collectivement de réagir à l’actualité (funeste), et donne la parole au rap français dans un papier portant sur les violences policières. Quelques jours après publication, un commentaire retient notre attention. Il est signé de Stéphane Hervé, figure du mouvement rock, et ami cher d’une personne que nous connaissions sans avoir jamais entendu son nom : #Nathalie_Sorlin.

    L’histoire est celle d’une interview de la #Sexion_d’Assaut publiée à la page 26 du numéro 10 du magazine de presse spécialisée International Hip-Hop. Le groupe en plein succès naissant y tient des propos homophobes, qui déclencheront un tollé et une couverture médiatique et militante sans précédent. Une bonne partie du rap s’est déjà fendu d’une vanne ou d’un soupir de consternation au sujet du fameux “on ne connaissait pas le sens du mot homophobe” de Lefa. À côté, Koba laD récitant un tract de SOS homophobie comme s’il était puni par un CPE paraissait presque mieux préparé. Personne, par contre, n’a jamais pensé aux conséquences pour la journaliste à l’origine de l’interview. Une revue de presse réalisée avec une décennie de recul sur les faits, couplée à un premier entretien avec Stéphane Hervé, suscite une grande perplexité. Vertigineuse, même. Maison de disque. Presse. Polémique. Rap. Morandini. Précarité. Tous les éléments sont autant de panneaux signalétiques clignotant et criant : “bourbier.” Mais la complexité des faits, comme des relations humaines et des rapports économiques qu’elle engage, est telle qu’elle incite à se lancer, pour une fois, dans quelque chose s’apparentant à une enquête. Les mots qui vont suivre sont une reconstitution – voire une tentative de reconstitution – des faits. Probablement que cela ne plaira pas à tout le monde. L’annonce récente d’une reformation de la Sexion n’aide pas. Le risque est alors que l’article soit reçu comme une énième tentative de faire le buzz, dix ans après, sur le groupe. Il n’en est pas question. Ce papier vise à décrire les mécanismes d’un système, aux conséquences parfois terribles, mais toujours troubles. Sa longueur même devrait dissuader les lectures opportunistes.