La figure de la « dompteuse de garçon », c’est-à-dire partie prenante de l’acte, fait aussi office d’image repoussoir. La femme « prédatrice » demeure une représentation du danger et n’est pas, dès lors, considérée comme séduisante aux yeux des garçons. Il semble que ce magazine ait intégré et de fait relaie l’idée qu’une femme qui affirmerait son appétence sexuelle s’exposerait à être assimilée à une prostituée, une fille disponible sexuellement aux désirs masculins. Ainsi, comme le souligne Ilana Löwy,
« La réputation sexuelle négative des filles « faciles » exprime un point de vue masculin. Une fille expérimentée met les garçons mal à l’aise parce qu’elle peut juger leur performance sexuelle ; celle dont l’expérience est limitée ne perturbe pas l’ordre « naturel » des relations sexuelles, dans lequel le garçon est supposé prendre l’initiative, et la fille, le suivre. Ces réputations sont établies par les garçons, souvent avec la collaboration d’autres filles. En l’absence d’équivalent masculin à la « fille facile », les filles n’ont pas la possibilité symétrique d’établir la réputation sexuelle négative d’un garçon. Finalement, le groupe des garçons détermine les réputations sexuelles des individus des deux sexes ; asymétrie qui découle de la domination des représentations masculines de la #sexualité. » [5]
En définitive, cette utilisation ambivalente de la « porno-star » permet de suggérer aux lectrices l’importance d’exposer une féminité, qui demeure une performance de genre, mais qui se doit d’être respectable.
Enfin, ce mensuel offre la représentation d’une sexualité tournée vers l’autre, et de fait, vers les hommes, et dans ce cadre hétérosexuel, alimentant l’#androcentrisme en matière de sexualité. En effet, la figure masculine devenant système de référence, la sexualité féminine ne semble alors exister qu’en référence à celle-ci. Ainsi, le désir féminin dans certains articles est passé sous silence, le plaisir est soumis à condition et la sexualité semble circonscrite à un cadre conjugal et affectif.
Dans un article d’avril 2008 « Sexy guide. Faire l’amour !!! On attend quoi au juste ? » sont exposées huit motivations possibles pour une jeune fille d’avoir un rapport sexuel : « Le big love ? », « Le bon endroit ? », « Mes 17 ans ? », « Un mec hyper amoureux ? », « Un Jules très doué ? », « Un garçon romantique ? », « Un rendez-vous chez le gynéco ? », « Les copines ? ». Ainsi, l’amour, la situation spatiale, l’âge, le partenaire, la visite chez un médecin et les paires sont donc présentés comme des raisons valables pour avoir un premier rapport sexuel. Mais le désir n’est à aucun moment mentionné, qu’on aurait pu imaginer par la formulation suivante, simple : « Parce que vous en avez envie ? ».