• Ce vendredi, les soldats israéliens ont blessé 77 Palestiniens pendant la Marche du retour.

    Israeli Forces Injure 77 Palestinians in Gaza - Palestine Chronicle
    https://www.palestinechronicle.com/israeli-forces-injure-77-palestinians-in-gaza

    The Palestinian Health Ministry announced that 77 Palestinians were injured on Friday evening as a result of the Israeli army assault on the weekly marches in the eastern Gaza Strip, reports Anadolu Agency.

    The ministry said in a statement that 31 of the wounded were hit by live bullets.

    #silence_radio

  • Sounds From Dangerous Places, de Peter Cusack
    http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/sounds-from-dangerous-places-de-peter-cusack

    Peter Cusack est un artiste, musicien, compositeur et improvisateur anglais qui s’intéresse plus particulièrement aux #Sons dans l’environnement. Il conduit parallèlement à son activité de musicien, des travaux assidus sur notre relation au sonore, en réalisant par le biais de son travail d’enregistrement de terrain, l’empreinte acoustique de lieux, naturels ou industriels, frappés par des catastrophes. En 1998, Cusack a lancé le projet Your Favorite London Sound, dont l’objectif était de demander aux (...) #Entre_les_lignes / #Art, #Écriture, #Inventaire, #Récit, Sons, #Vidéo, #Voix, #Numérique, #Livre, #Lecture, #Information, #Absence, #Fantôme, #Silence, #Dérive, #Mémoire, #Solitude, Société, #Politique, #Nature, #Russie, #Londres, #Ville, (...)

    #Société #Paysage
    https://www.crisap.org/people/peter-cusack
    https://www.youtube.com/watch?v=uJVKaAS9lBA


    http://writing.upenn.edu/epc/authors/goldsmith
    https://favouritesounds.org
    https://sounds-from-dangerous-places.org
    https://liminaire.fr/mot/zoo-project

  • Suite mexicaine (V)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Suite-mexicaine-V

    La guerre sociale au Mexique
    Deuxième partie : les résistances
    À la recherche des personnes disparues

    Cette résistance à la toute-puissance de l’argent peut prendre une forme organisée et, dans le domaine de l’organisation, celle des zapatistes est exemplaire à la fois par sa cohésion, sa souplesse et son étendue. À l’extrême Sud-Est du pays, les zapatistes protègent, entretiennent et nourrissent un feu, celui d’une résistance obstinée face aux malheurs des temps. Ils témoignent. Ils sont les derniers Mohicans qui, à la nuit tombée, allument un feu de camp, un bivouac, et ce bivouac se voit au loin. C’est un bivouac dans les hurlements de la guerre à outrance. Les zapatistes sont nos sentinelles dans la nuit. Des sentinelles dans notre nuit.

    J’ai apprécié à sa juste valeur la réponse zapatiste à la menace représentée par les ambitions des entreprises capitalistes et leurs visées expansionnistes. La réponse des zapatistes est stratégique, ils ne se sont pas laissé prendre au dépourvu, ils se sont renforcés. Leur lucidité, au sein d’une société civile molle, ballottée entre promesses et mensonges, force l’admiration. Une nouvelle fois, les zapatistes ont su contourner l’obstacle et l’état de siège dans lequel le gouvernement pensait les contenir. (...)

    #Mexique #guerre #cartels #López_Obrador #armée #zapatistes #résistance #assassinats #disparitions #silence #complicité #État #féminicide #femmes

  • I dieci comandamenti - Pane nostro - 18/11/2018 - video - RaiPlay
    https://www.raiplay.it/video/2018/11/I-Dieci-Comandamenti-Pane-nostro-96445708-8e60-4c80-a309-c81b4f885f15.html

    "L’articolo 4 della Costituzione riconosce a tutti i cittadini il diritto al lavoro. Fino a che punto però è lecito accettare ogni condizione pur di lavorare? Si può vivere se quello che ci viene offerto è avvelenato? «Pane nostro» è un viaggio nel lavoro che non lascia scelta. Augusta, Priolo, Melilli sono il simbolo del ricatto occupazionale. In questo tratto di costa a due passi da Siracusa patrimonio UNESCO, si trova il più grande insediamento petrolchimico d’Europa, promessa di benessere e progresso. La storia purtroppo è andata diversamente. Oggi questa lingua di terra è tra le più inquinate d’Europa. Mutazioni genetiche nei pesci, malformazioni neonatali e cancro sono lo scenario di morte di questo pezzo di Sicilia contaminato. Tra denunce inascoltate e assenza delle istituzioni, pochi sono quelli che riescono a far sentire la propria voce. Don Palmiro Prisutto è una di queste. In assenza di un registro tumori è lui che da anni aggiorna la triste lista dei morti di cancro."

    #italie #pollution #Méditerranée #Sicile #Mercure #Pétrochimie

  • Apprentissage de base de la #langue française

    Maryse Brillant de ’association Jardin d’Eden à Champagnac la prune en Corrèze nous présente la méthode d’apprentissage rapide de la langue française à laquelle elle a été formée durant trois ans.

    La méthode #Caleb_Gattegno

    Elle est intervenante pour former localement des enfants, ados et adultes à la langue française. Excellents résultats, étudiants super motivés etc ...

    https://www.youtube.com/watch?v=ji-bQCQAh5k


    #silent_way #Gattegno

    ping @nepthys

  • Après l’incendie de Notre-Dame, une plainte contre la pollution au plomb
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/29/pollution-au-plomb-autour-de-notre-dame-plainte-contre-x-pour-mise-en-danger

    Trois mois après l’incendie de Notre-Dame, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, la préfecture de police et la Mairie de Paris avaient convié la presse le 19 juillet à un « point de situation » visant à rassurer les Parisiens sur les risques liés à la pollution au plomb. « Toutes les données que nous avons pu collecter jusqu’ici montrent que la santé de la population a été préservée », avait répété le directeur de l’ARS, Aurélien Rousseau. Il n’a pas convaincu tout le monde.

    Selon les informations du Monde, l’association Robin des Bois a déposé une plainte contre X pour « mise en danger de la personne d’autrui », vendredi 26 juillet, devant le tribunal de grande instance de Paris. En pointe sur les dossiers de pollution, l’association avait, la première, alerté sur les risques sanitaires après la catastrophe. Entre la toiture et la flèche, près de 400 tonnes de plomb ont pris feu le 15 avril et sont retombées sous forme de poussières sur le site et aux alentours, sur un périmètre indéterminé.

    Jusqu’à 500 000 microgrammes par mètre carré sur le parvis de Notre-Dame (toujours fermé au public) ou encore 20 000 µg/m2 autour de la très fréquentée fontaine de la place Saint-Michel (jamais fermée au public). Très au-dessus de la « valeur environnementale » de 5 000 µg/m2 retenue par l’ARS pour caractériser le « bruit de fond » parisien ; une valeur qui ne constitue pas une « référence sanitaire », précise l’Agence.

    « Ça me fait bondir d’entendre ça d’une institution de santé », réagit Annie Thébaud-Monny, directrice de recherches honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale.

    « Les taux retrouvés sont gigantesques. Ils correspondent à ce qu’on peut voir sur des chantiers de dépollution de sites de recyclage de batteries ou de traitement de déchets électroménagers. Ils sont la marque d’une contamination massive qui fera forcément des victimes. »

    Les deux lanceurs d’alerte sont également « très inquiets pour les travailleurs ». Sur le chantier de Notre-Dame, il y a encore quelques semaines, certains ouvriers ne portaient pas de masque de protection. Le préfet d’Ile-de-France, Michel Cadot, a suspendu jeudi les travaux à la suite d’un rapport de l’inspection du travail pointant des failles béantes dans les règles de précaution sanitaires.

    Celles-ci n’étaient « pas suffisamment » ni « systématiquement appliquées » et « les installations de décontamination [étaient] sous-dimensionnées », a indiqué le préfet. « La minimisation qui a été faite est catastrophique. Les précautions qui s’imposaient n’ont pas été prises. Un suivi médical doit être mis en œuvre, et à vie car comme pour l’amiante, les cancers peuvent apparaître dix, vingt ou trente ans plus tard », met en garde la chercheuse.

    Jacky Bonnemains est également préocuppé par la situation des agents de la Ville de Paris qui balaient sans protection les rues autour de la cathédrale, des commerçants ou des bouquinistes. L’inquiétude gagne aussi les rangs des pompiers. Le collectif fédéral CGT des services départementaux d’incendie et de secours a écrit au commandement de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Intitulé « Incendie de Notre-Dame, une opération plombée », le courrier vise à « connaître les mesures prises pour les agents engagés ». La CGT attend toujours la réponse.

    « Les autorités jouent la montre car elles savent que l’empreinte de l’incendie va petit à petit diminuer et se déplacer », estime Jacky Bonnemains. Le 19 juin, la SNCF a dû fermer la station Saint-Michel du RER C et la nettoyer après avoir constaté des niveaux élevés de plomb sur une passerelle. Selon la SNCF, les poussières auraient été « apportées par les semelles des chaussures » des usagers.
    Niveaux « très atypiques »

    Les particules de plomb se sont également déplacées dans l’air. Airparif, l’organisme chargé de la surveillance de la qualité de l’air en Ile-de-France, n’a pas constaté d’augmentation de la concentration en plomb à Paris après l’incendie. Mais sa seule station urbaine mesurant encore le plomb (depuis son interdiction dans l’essence en 2000) est située dans le 18e arrondissement, au nord de la capitale. Or, lorsque la cathédrale a pris feu, le vent venait de l’est, poussant le panache de fumée vers l’ouest, le long de la Seine.

    « Je ne serais pas surpris si on retrouvait dans quelques mois la signature de Notre-Dame jusque dans les coquilles Saint-Jacques en baie de Seine », Jacky Bonnemains, président de Robin des Bois

    Airparif a, en revanche, constaté des niveaux « très atypiques » sur son site de surveillance de Limay dans les Yvelines, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Paris, situé dans la direction des vents pendant l’incendie. Dans la semaine du 15 au 22 avril, la concentration en plomb y a atteint 0,108 µg/m3 (contre seulement 0,003 µg/m3 à la station du 18e arrondissement). Des niveaux qu’Airparif avait jusqu’ici seulement retrouvés ponctuellement, par exemple sur le site industriel de Bagneaux-sur-Loing, en Seine-et-Marne (0,091 µg/m3 en 2017). « Ces éléments tendent à indiquer qu’il y aurait un impact de l’incendie dans la zone de retombée du panache, et que cette zone serait relativement éloignée de Paris », en déduit Airparif. Pour autant, l’ARS n’y a pas diligenté de prélèvements sur le terrain.
    Lire aussi Pollution au plomb autour de Notre-Dame : la Mairie de Paris lance un « nettoyage renforcé » des écoles

    Le président de Robin des Bois s’inquiète enfin pour la Seine, réceptacle des poussières de plomb drainées par les eaux de pluie ou celles utilisées par les agents municipaux pour nettoyer les rues. D’autant que la station d’épuration d’Achères (Yvelines), qui traite 60 % des eaux usées de l’agglomération parisienne, tourne au ralenti depuis un incendie (le troisième en dix-huit mois) début juillet. Plusieurs tonnes de poissons morts ont été repêchées dans le fleuve après ce nouvel incident. « Je ne serais pas surpris si on retrouvait dans quelques mois la signature de Notre-Dame jusque dans les coquilles Saint-Jacques en baie de Seine. »

    #Plomb #Environnement #Silence #Conditions_travail

  • « Sois belle et tais-toi » | Joelle Palmieri
    https://joellepalmieri.wordpress.com/2019/07/26/sois-belle-et-tais-toi

    On peut discuter les idées de Greta Thunberg et de ses congénères. Pourtant, certaines réactions à l’annonce puis à la réalisation de son intervention à l’Assemblée nationale à Paris le 23 juillet 2019 excluent leurs auteurs de l’idée de débat. Qu’elles soient vulgaires, agressives, autoritaires, archaïques, rétrogrades, paternalistes, les petites phrases à son adresse de la part de députés, d’intellectuels et d’autres commentateurs, pour leur très grande majorité des hommes, renvoient à une idéologie sexiste selon laquelle les femmes sont réduites à des corps et ne doivent pas parler : « sois belle et tais-toi ».

    Ce sexisme ordinaire se manifeste par un jeunisme, tout autant expression d’une discrimination des jeunes et en particulier des filles au travail, en politique, dans l’expression publique, que culte de la jeunesse. Comme un héritage du nazisme et des images de Leni Riefenstahl, ce culte entend notamment soigner la sexualité masculine (hétérosexuelle) et pour cela sexualiser le corps des femmes. Il s’agit de magnifier leur jeunesse, au cinéma, dans la publicité ou dans les médias, d’exiger la permanence de leur beauté et de déprécier ou d’exclure leur vieillissement. Cette religion se traduit dans la loi : le consentement pour une relation sexuelle est fixé à 15 ans, ce qui a pour conséquence directe de disqualifier les violences sexuelles.

    Greta Thunberg, 16 ans, rebelle, informée, militante, grande gueule, n’entre pas dans le cadre, ne correspond pas à la norme qui lui est assignée. Elle aura au moins le mérite de l’avoir démontré.

    Joelle Palmieri
    26 juillet 2019

    #sexisme #agisme #écologie #male_gaze #femmes #silenciation

  • Le phénomène ThinkerView ou le triomphe de l’info non-formatée
    https://www.marianne.net/medias/le-phenomene-thinkerview-ou-le-triomphe-de-l-info-non-formatee

    Attirant des centaines de milliers d’internautes, ThinkerView se pose en "anti-chaîne info" et semble surtout répondre à un besoin inassouvi de comprendre la complexité du monde.

    C’est devenu une sorte de must de l’interview. Un endroit privilégié où l’on s’adresse à ceux qui ne regardent plus la télé. En témoigne le geste d’Edwy Plenel annonçant le 24 mai qu’il profite de son passage sur ThinkerView pour lancer une offre d’abonnement à Mediapart, avec un accès gratuit le week-end suivant son intervention en direct. Un signe marketing de l’intérêt porté à « la chaîne qui monte », comme l’a qualifiée l’ex-directeur de la rédaction du Monde. L’influence médiatique a dérivé vers le Web, et une chaîne YouTube peut connaître plus de retentissement que tout autre canal. Alain Juillet en fut sidéré après sa visite en 2018 dans le décor noir à la lumière soignée de ThinkerView. « J’ai été invité par l’intermédiaire d’amis qui travaillent dans l’intelligence économique et qui m’ont incité à accepter, confie cet ancien directeur du renseignement à la DGSE. En arrivant dans la cave faisant office de studio, je me suis demandé ce que je faisais là. Mais j’ai découvert un monde à l’impact effarant. J’avais déjà fait des passages télé, mais jamais connu ça. Des gens m’arrêtent depuis dans la rue parce qu’ils m’ont vu sur ThinkerView. »

    Son interview, un panorama de la géopolitique mondiale, approche les 900 000 vues. Pour plus de deux heures de décryptage, ce que l’on ne voit nulle part ailleurs. Un livre atteste l’effet ThinkerView : Crépuscule, de Juan Branco. Best-seller de ce printemps, il est numéro un des ventes dès sa sortie. Ignoré par les médias mainstream, ce pamphlet contre la Macronie est paru une semaine après que son auteur s’est retrouvé dans le fauteuil de l’interviewé. « Il est impossible de mesurer l’impact sur les ventes mais l’effet amplificateur paraît évident », remarque Florent Massot, coéditeur de Crépuscule. Branco a rapidement accumulé plus de 1 million de vues, l’audience record de la chaîne, supérieure à celle de bon nombre de programmes de télévision. Mais dans ce format long qui parvient à captiver l’auditoire. « Thinker view, c’est l’antichaîne info », estime Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, invité pour des entretiens où il explique comment la propagande fausse notre vision des conflits. Avec une liberté de ton rare.

    « L’intervieweur pose des questions simples auxquelles on peut répondre de façon directe », résume l’analyste. ThinkerView, c’est d’abord cet intervieweur qui n’apparaît pas à l’écran et se fait appeler Sky. Il refuse de nous rencontrer et déclare quand on lui demande d’où il vient : « Tu ne vas rien savoir sur moi. » Pas même son identité. On découvrira toutefois qu’il est un fils de médecin, d’une quarantaine d’années, qui ne dément pas se prénommer Bertrand. La page Wikipédia de ThinkerView lui accole le nom de « Calinou », patronyme à l’imaginaire affectueux renvoyant à une culture revendiquée par Sky, celle des hackeurs.
    Rejet du journalisme du "star system"

    « Ce milieu écrit sous pseudo depuis que les journalistes de reflets.info ont été menacés de mort et convoqués à la DGSE pour avoir enquêté sur la surveillance numérique, rappelle Fabrice Epelboin, spécialiste du Web qui enseigne à Sciences-Po et publia sur Reflets. Je connais Bertrand depuis longtemps, mais, réflexe typique de hackeur pour ne pas mettre l’autre en danger, je ne veux pas savoir son nom. Il a raison de ne pas le divulguer, et ça s’inscrit dans son rejet en bloc du journalisme du star system. »

    Ledit Bertrand « n’aime pas les journalistes ». Du moins ceux d’aujourd’hui, car il « regrette le temps où les gens prenaient le temps de se parler », comme dans « Italiques », l’émission de l’ORTF à laquelle participait Marc Ullmann. Ce journaliste, décédé en 2014, apparaît comme son mentor. Il l’a accueilli au Club des vigilants, un think tank créé en 1999 avec le but d’apprivoiser l’avenir en agissant pour le mieux afin d’éviter le pire. Là où Bertrand imagina ThinkerView, lancé en 2013 avec l’aide d’amis travaillant comme lui dans la sécurité informatique et le soutien de Marc Ullmann.

    Le premier interviewé fut Jacques Blamont, pionnier de la recherche spatiale et auteur d’Introduction au siècle des menaces. Dans sa vidéo inaugurale, il parle d’ « une humanité qui va dans le mur » alors que la technologie avance à une vitesse exponentielle inédite. « Le genre de considérations qui échappe totalement au public », soulignait cet octogénaire, répondant aux objectifs de ThinkerView : « Ecouter les points de vue peu médiatisés afin d’élargir nos prismes de lecture » et « appréhender toute la complexité des enjeux actuels et futurs de notre monde. »

    « C’est une chaîne lanceuse d’alerte », considère Stéphanie Gibaud, qui a consacré un livre (la traque des lanceurs d’alerte, Max Milo Editions) aux poursuites dont sont victimes ceux qui ont déclenché l’alarme. Invitée à ThinkerView en juin 2017, elle appréciait déjà ce « média qui pousse à la réflexion en présentant des regards inhabituels. On y découvre la collapsologie, les dysfonctionnements de notre système économique, mais aussi des esquisses de solution pour le futur ». Depuis six ans, plus de 150 interviews ont été réalisées, avec dès la troisième, l’apparition d’un logo représentant un cygne noir. Une référence à la théorie selon laquelle un événement aussi rare qu’imprévisible peut avoir des conséquences colossales.
    Lire aussi
    Comment Internet a bouleversé la manière de se forger une culture politique

    Comme à la recherche de ces tournants clés, ThinkerView accueille une large palette d’invités. Un banquier peut annoncer que « la réalité du risque est camouflée à tous les niveaux » d’un système financier où l’on joue déraisonnablement sur les effets de levier. Le ministre conseiller de l’ambassade de Russie se voit interroger sur l’usine à trolls qui s’activa depuis son pays à influencer des élections à l’étranger. Des experts en énergie nous informent sur la réalité du pétrole de schiste, et des hackeurs, sur la possibilité d’une cyberdictature. Un policier apporte son expérience dans la lutte contre le terrorisme, un ingénieur avertit de l’impasse écologique où nous mène le high-tech, un taxi dénonce le sacrifice de sa profession, un général explique pourquoi la guerre revient tandis qu’un illustre physicien livre un cours magistral sur le boson de Higgs. Autant d’intervenants qui font dire aux fidèles de la chaîne qu’elle relève du service public. « La diversité et la qualité des invités qui ont le temps de développer une pensée complexe me permettent de mieux saisir ce monde dans lequel on vit », note Jean-Philippe, un artisan de 52 ans.
    Démarche de hackeur

    On peut s’étonner que ThinkerView ait su attirer depuis ses débuts des personnalités qui vont de l’homme d’affaires libanais Michel Eléftériadès au professeur de l’université de Berkeley Peter Dale Scott, de l’activiste des mers Paul Watson au footballeur Lilian Thuram en passant par le philosophe Edgar Morin, le mathématicien Cédric Villani ou encore Marc Luyckx Ghisi, conseiller de Jacques Delors à la Commission européenne en charge de la prospective. « Bertrand a un gros carnet d’adresses et un culot qui lui permet de brancher n’importe qui », indique son ami Olivier Delamarche, analyste financier avec qui il a cofondé en 2014 Les Econoclastes, un think tank multidisciplinaire très porté sur la macroéconomie. Un des terrains de prédilection de ThinkerView qui a sollicité à maintes reprises des représentants de ces éconoclastes.

    Mais, « la plupart du temps, les invités nous sont proposés par la communauté qui nous suit comme on regarderait une série, avec des gens qui interagissent entre eux, explique Bertrand, pour signifier l’importance de la connectivité avec un public partie prenante du programme grâce à Internet. On est partout, du livreur de pizza au banquier international, et des poissons pilotes sortent du banc pour dénicher des auteurs ou des personnalités intéressantes. » En établissant éventuellement le contact. Avec cette méthode, ThinkerView, forte de sa communauté et de son audience, arrive aujourd’hui à recevoir à peu près qui elle veut.

    Tout a longtemps dépendu d’un engagement bénévole. Un précieux apport technique a été offert par Les Parasites, collectif de jeunes cinéastes qui réalisait les émissions et a aidé à concevoir ce décor graphique sur fond noir immédiatement reconnaissable. Il peut s’installer n’importe où, par exemple au ministère de Mounir Mahjoubi pour l’entretien de ce dernier. Les Parasites ont également permis d’obtenir en 2018 une subvention du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) de 50 000 €.

    “LA QUALITÉ A UN COÛT, MAIS IL EST ESSENTIEL DE RESTER GRATUIT. C’EST LA DÉMARCHE DU HACKEUR QUI MET TOUT SUR LA TABLE ET LAISSE FAIRE CE QU’ON VEUT.” BERTRAND

    « Sans cela on aurait arrêté, mais si la communauté arrive à nous faire tenir, on ne redemandera pas cette aide », signale Bertrand. Car un système de crowdfunding est utilisé depuis un an pour financer une équipe qui s’est professionnalisée. Et la communauté répond présente en apportant chaque mois de quoi payer les techniciens, le matériel, un studio, ainsi qu’un salaire pour Sky. En mai 20 000 € ont été récoltés grâce à plus de 2 000 donateurs. De quoi pérenniser un modèle économique où certains paient pour que chacun puisse en profiter. « La qualité a un coût, mais il est essentiel de rester gratuit, insiste Bertrand. C’est la démarche du hacker qui met tout sur la table et laisse faire ce qu’on veut. »
    Soupçons de conspirationnisme

    Depuis six mois, la presse se penche sur ce phénomène, avec des articles dans les Inrocks et sur Francetvinfo. A chaque fois, on cherche à percer ce mystère incarné par Sky, et on conclut sur un soupçon de conspirationnisme en s’appuyant sur Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, qui diagnostique chez ThinkerView « une culture complotico-compatible » ou un « tropisme procomplotiste ». Dans M, le magazine duMonde, un article a également été consacré à cette chaîne qui a connu une hausse significative de ses abonnées sur YouTube depuis le mouvement des « gilets jaunes ». « Il a été modifié dans la version Web après parution, relate Laureen Ortiz, son auteur, une journaliste qui a travaillé aux Etats-Unis pour Libération et l’AFP. Il a été ajouté que ThinkerView avait des relents conspirationnistes et que Les Econoclastes produisaient des analyses biaisées, sans dire en quoi. A mon sens, de l’idéologie est venue se mêler à l’affaire, alors que je me borne au terrain et me fie à mon instinct. Or, j’ai surtout senti chez Sky une sorte de résistance à l’esprit libre, voire anar. »

    Découvrant le relookage conspi de son article, Laureen a publié un commentaire toujours en ligne indiquant que des ajouts avaient été effectués sans son accord, et elle a réclamé que sa signature soit retirée. Cette suspicion de conspirationnisme repose sur le reproche fait à ThinkerView d’avoir invité une poignée d’individus catalogués dans une indéfinie mouvance complotiste, comme le sulfureux panafricaniste Kemi Seba ou le journaliste Laurent Obertone qui a publié des enquêtes sur la délinquance et l’immigration dont Marine Le Pen a fait la promotion.

    « Ils représentent des courants de pensée très importants dans la société, objecte Fabrice Epelboin. Même s’ils peuvent mettre mal à l’aise, ne pas leur donner la parole ne fait qu’accroître leur crédit en laissant monter le sentiment qu’il y a des choses à cacher. » « Appréhender la réalité, c’est la regarder intégralement, même quand ça dérange votre idéologie, ajoute Alain Juillet. Cela ne m’étonne pas que l’on taxe ThinkerView de conspirationnisme, car cet anathème tombe vite aujourd’hui pour qui sort de la pensée unique. Mais une autre perception se met en place chez un public qui ne veut plus se faire manipuler et préfère s’informer sans se limiter à une seule lorgnette ne proposant qu’une vision partielle et partiale. »

    Alors on peut toujours aller chercher des poux à ThinkerView, trouver que son intervieweur a laissé dérouler certains discours sans les contredire, ou qu’il ferait parfois mieux de se taire, mais cette chaîne comble un vide médiatique en répondant à un besoin de connaissance. Sans œillères, et en incitant à remettre en question ce qui se dit à l’écran grâce à la plate-forme Captain Fact qui offre la possibilité de réfuter les affirmations d’un intervenant. Le succès de ThinkerView devrait plutôt interpeller notre profession, que Sky fustige tout en l’idéalisant, lui qui a interviewé Denis Robert, Paul Moreira ou Elise Lucet, en partisan de l’investigation. « Je respecte la vraie presse et ceux qui ont dédié leur vie à ce boulot comme à une passion, mais la majorité des journalistes est tenue en laisse ou affamée », déplore l’homme dans l’ombre. À la profession de démontrer sa capacité à produire une info débridée.

    #masculinisme

  • « Mime à la Carte » à Paris à l’Hôtel Plaza Athénée

    Hier dimanche il faisait bien chaud : 30° et il me fallait assurer une animation de Mime à la Carte » pour la compagnie « Le Bateau Ivre »... https://www.silencecommunity.com/blog/view/47417/« mime-a-la-carte »-a-paris-a-l’hotel-plaza-athenee

    #artiste_mime #mime #artiste #journal_de_bord #le_bateau_ivre #philippe_pillavoine #pillavoine #paris #palace #hôtel #Plaza_Athénée #event #animation #événementiel #mime_à_la_carte #silence_community

    • Jean-Claude Métraux, La #migration comme métaphore

      Le livre de Jean-Claude Métraux prend pour objet « les gens de la mer », que sont les migrants arrivés au Nord, venus des trois autres points cardinaux. Mais l’auteur l’a écrit pour « les gens de la terre », c’est-à-dire ses collègues, ceux qui, comme lui, sont des professionnels de la santé et de l’aide sociale. Et que veut-il leur dire, à ses collègues ? Trois choses : les trois parties du livre.

      2Que nous ferions bien de ne pas oublier que « nous sommes tous des migrants » (spatiaux ou temporels), que toute migration comporte une perte, donc un deuil, qui n’est pas facile à faire et que d’ailleurs, nous-mêmes, nous n’avons pas toujours réussi à mener à bien. C’est la première partie : Nous sommes tous des migrants.

      3Qu’avec notre esprit formaté par la modernité occidentale, nous nous croyons toujours supérieurs aux gens des autres cultures (même lorsque nous prétendons le contraire) et que cela nous a toujours empêché de traiter comme il faudrait les migrants venus vivre chez nous. C’est la seconde partie : Relents d’orientalisme.

      4Et qu’il nous faudrait donc apprendre à les traiter autrement. S’appuyant sur sa longue pratique professionnelle, l’auteur développe quelques idées sur la manière dont il faudrait s’y prendre. C’est la troisième partie : Paroles précieuses. Voyons tout cela d’un peu plus près.

      5Dans sa première partie, l’auteur revient sur la théorie du deuil qu’il avait déjà proposée dans son livre précédent : Deuils collectifs et création sociale1. L’individu est confronté au problème du deuil quand, en se déplaçant dans l’espace ou dans le temps, il subit la perte de « quelque chose » auquel il était attaché. Il vivait dans et il était d’un monde ; il vit maintenant, et il essaie d’être, dans un autre. L’auteur propose une phénoménologie de ce passage en suivant les étapes : quitter un monde où il vivait et dont il était, passer, entrer, vivre et, si possible, être dans un autre. De l’un à l’autre, il subit des pertes : « perte de toi », « perte de soi », « perte de sens », dont il devra « faire son deuil ». L’auteur s’intéresse aux conditions et aux processus qui favorisent la réussite d’un tel deuil.

      6Les conditions. Le deuil est réussi quand la personne parvient, non seulement à vivre, mais à être de son nouveau monde. Pour être d’un monde, il faut lui appartenir, ce qui implique d’être reconnu par les autres comme étant « des nôtres ». Certaines conditions favorisent cette intégration créatrice, que l’auteur oppose aussi bien à l’assimilation qu’à la ghettoïsation, ou, ce qui est pire encore, à la double marginalisation. Être intégré de cette manière, bien sûr, dépend d’abord de l’accueil reçu : se sentir en sécurité, valorisé, voir sa culture et ses droits respectés, tout cela renforce l’estime de soi, indispensable à l’intégration. Mais d’autres conditions sont bien utiles : ne pas se sentir seul (importance des compagnons d’errance), rester en communication avec ceux qu’on a quittés, migrer par étapes progressives, avoir un projet d’avenir et, bien entendu, apprendre la culture du pays d’accueil (notamment sa langue).

      7Les processus. L’auteur décompose le processus du deuil en étapes, comme il l’avait fait, plus extensivement, dans son livre précédent : phase de refus et de fermeture (l’individu soit nie la perte, soit cherche à ressusciter l’objet perdu) ; phase de reconnaissance de l’irréversibilité de la perte ; phase dépressive ou d’ouverture (avec sentiment de culpabilité et idéalisation de l’objet perdu) ; phase de création (il se dote d’un nouveau récit de la perte : narration). Ce processus peut se bloquer en cours de route : il peut y avoir congélation et même fossilisation du deuil.

      8Dans la seconde partie de son ouvrage, l’auteur nous propose une remarquable mise en perspective historique, appuyée sur des sources empiriques très complètes et intéressantes. Nos experts scientifiques et nos politiciens, tout imprégnés de culture occidentale moderne, qu’ils croient supérieure à toutes les cultures qui l’ont précédée, sont non seulement « complices » entre eux, mais incapables de concevoir une politique d’accueil des migrants, qui favoriserait vraiment leur « intégration créatrice » dans nos sociétés. Leur modèle a été et est resté le « modèle des déficits » : les migrants sont définis par ce qui leur manque ; ils sont priés de guérir de leur « pathologie » et de combler leurs lacunes (en langue, en qualifications, en valeurs et en normes de comportement). En clair, ils sont invités à « s’intégrer », dans le sens de « s’assimiler ».

      9De telles prémisses induisent chez la plupart des professionnels des attitudes et des conduites de déni de reconnaissance et d’objectivation de leurs « clients », qui ne peuvent aboutir qu’à l’échec des objectifs que, dans leurs discours, ils prétendent cependant vouloir atteindre. On a bien noté un changement important dans les discours à partir des années 1960 – on a remplacé quelques mots devenus péjoratifs par d’autres plus respectueux – mais dans la pratique, rien n’a véritablement changé dans la politique concrète des États, des « experts » et des professionnels.

      10Enfin, dans la troisième partie, l’auteur nous propose une attitude envers la personne en migration. Dans un beau texte très vivant, très imagé et concret, bourrés d’exemples vécus, dans lequel il s’implique lui-même, l’auteur nous explique, en se fondant sur sa propre expérience, comment il pense que devrait se dérouler la relation entre le « professionnel » et… qui ? – on ne sait plus comment le nommer : « l’usager », « le client », « l’ayant droit », « le bénéficiaire » ? Pour soutenir son argumentation, il s’appuie sur un excellent exposé de la théorie du don et de celle de la reconnaissance.

      11L’idée principale est que certaines paroles données, reçues, rendues sont plus « précieuses » que d’autres pour aboutir au résultat espéré : la réussite du processus de deuil et l’intégration créatrice de la personne concernée. Ce sont des paroles qui reconnaissent la personne, qui le respectent, qui lui font confiance, qui croient en ses capacités, qui lui permettent de partager les confidences du thérapeute, ses émotions, sa compétence limitée, ses préjugés, son impuissance. Bref, des paroles qui permettent à celui qui les reçoit de « rendre quelque chose », de rester debout, sans s’humilier, de garder la tête haute, de rester digne. Des « paroles qui soignent » l’identité blessée de l’autre.

      12Un dernier mot, qui concerne l’écriture : le livre de Jean-Claude Métraux est de la prose qui ressemble à de la poésie – à moins que ce soit l’inverse –, et qui rend le texte facile et agréable à lire. Parfois cependant, comme c’est souvent le cas avec les paraboles, il faut interpréter, décoder l’analogie, et l’on n’est pas sûr alors d’avoir compris tout ce qu’on s’imagine qu’il fallait comprendre. Mais faut-il tout comprendre d’un seul coup ? Ne vaut-il pas mieux laisser en réserve une partie du sens pour le méditer de temps en temps : mais qu’est-ce qu’il a bien pu vouloir dire avec cette histoire de grenouille disséquée dont on voit encore battre le cœur ?

      13Deux remarques critiques cependant. La première concerne la différence entre la migration spatiale et la migration temporelle. L’approche de l’auteur me paraît convenir fort bien à la première ; j’en suis moins sûr pour ce qui est de la seconde. Être un Indien d’Amérique vivant à Genève, ou être un vieillard parmi les jeunes, dans un monde qui « n’est plus comme dans le temps », me semblent être deux situations assez différentes, malgré leurs similitudes. Le migrant temporel perd le contact avec une culture parce qu’elle a, à jamais, disparu (les gens du village, leur langue, la vie rurale), mais il reste dans le cadre social et physique qu’il a toujours connu ; le migrant spatial perd le contact avec une culture, qui continue d’exister et avec le cadre dans lequel elle se situe. Le premier garde la continuité avec le passé (ceux de sa génération) et le présent (ses enfants et petits-enfants) : il peut au moins discuter et se disputer avec eux ! Ne sont-ce pas là deux pertes très différentes ?

      14La seconde observation concerne l’ « intégration créatrice », que l’auteur propose dans sa typologie (p.92) et qu’il définit par le « sens partagé », tant avec la communauté d’accueil qu’avec celle d’origine. Mais, en supposant même que cette intégration réussisse, quelle est l’importance de la domination sociale dans son processus de deuil ? Peut-on parler d’intégration créatrice si le migrant rejoint les rangs d’une catégorie sociale elle-même dominée dans la communauté d’accueil ?

      15Quoi qu’il en soit, le livre de Jean-Claude Métraux constitue, sans doute aucun, un excellent apport à une meilleure compréhension du migrant, susceptible d’aider le professionnel de bonne volonté à mieux faire son travail.


      https://journals.openedition.org/lectures/6934
      #livre

  • Confronting racism is not about the needs and feelings of white people

    Too often whites at discussions on race decide for themselves what will be discussed, what they will hear, what they will learn. And it is their space. All spaces are.

    I was leaving a corporate office building after a full day of leading workshops on how to talk about race thoughtfully and deliberately. The audience for each session had been similar to the dozens I had faced before. There was an overrepresentation of employees of color, an underrepresentation of white employees. The participants of color tended to make eye contact with me and nod – I even heard a few “Amens” – but were never the first to raise their hands with questions or comments. Meanwhile, there was always a white man eager to share his thoughts on race. In these sessions I typically rely on silent feedback from participants of color to make sure I am on the right track, while trying to moderate the loud centering of whiteness.

    In the hallway an Asian American woman locked eyes with me and mouthed: “Thank you.” A black man squeezed my shoulder and muttered: “Girl, if you only knew.” A black woman stopped me, looked around cautiously to make sure no one was within earshot, and then said: “You spoke the truth. I wish I could have shared my story so you’d know how true. But this was not the place.”

    This was not the place. Despite the care I take in these sessions to center people of color, to keep them safe, this still was not the place. Once again, what might have been a discussion about the real, quantifiable harm being done to people of color had been subsumed by a discussion about the feelings of white people, the expectations of white people, the needs of white people.

    As I stood there, gazing off into the memory of hundreds of stifled conversations about race, I was brought to attention by a white woman. She was not nervously looking around to see who might be listening. She didn’t ask if I had time to talk, though I was standing at the door.

    “Your session was really nice,” she started. “You said a lot of good things that will be useful to a lot of people.”

    She paused briefly: “But the thing is, nothing you talked about today is going to help me make more black friends.”

    I was reminded of one of the very first panels on race I had participated in. A black man in Seattle had been pepper-sprayed by a security guard for doing nothing more than walking through a shopping center. It had been caught on camera. A group of black writers and activists, myself included, were onstage in front of a majority-white Seattle audience, talking about the incident. Fellow panelist Charles Mudede, a brilliant writer, film-maker and economic theorist, addressed the economic mechanisms at work: this security guard had been told that his job was to protect his employers’ ability to make a profit. He had been told that his job was to keep customers who had money to spend happy and safe. And every day he was fed cultural messages about who had money and who didn’t. Who was violent and who wasn’t. Charles argued that the security guard had been doing his job. In a white supremacist capitalist system, this is what doing your job looked like.

    Well, at least he was trying to argue that point. Because halfway through, a white woman stood up and interrupted him.

    “Look, I’m sure you know a lot about all this stuff,” she said, hands on hips. “But I didn’t come here for an economics lesson. I came here because I feel bad about what happened to this man and I want to know what to do.”

    That room, apparently, wasn’t the place either. According to this woman, this talk was not, or should not have been, about the feelings of the man who was pepper-sprayed, or those of the broader black community, which had just been delivered even more evidence of how unsafe we are in our own city. She felt bad and wanted to stop feeling bad. And she expected us to provide that to her.

    At a university last month, where I was discussing the whitewashing of publishing and the need for more unfiltered narratives by people of color, a white man insisted that there was no way we were going to be understood by white people if we couldn’t make ourselves more accessible. When I asked him if all of the elements of white culture that people of color have to familiarize themselves with just to get through the day are ever modified to suit us, he shrugged and looked down at his notebook. At a workshop I led last week a white woman wondered if perhaps people of color in America are too sensitive about race. How was she going to be able to learn if we were always getting so upset at her questions?

    I’ve experienced similar interruptions and dismissals more times than I can count. Even when my name is on the poster, none of these places seem like the right places in which to talk about what I and so many people of color need to talk about. So often the white attendees have decided for themselves what will be discussed, what they will hear, what they will learn. And it is their space. All spaces are.

    One day, in frustration, I posted this social media status:

    “If your anti-racism work prioritizes the ‘growth’ and ‘enlightenment’ of white America over the safety, dignity and humanity of people of color – it’s not anti-racism work. It’s white supremacy.”

    One of the very first responses I received from a white commenter was: “OK, but isn’t it better than nothing?”

    Is it? Is a little erasure better than a lot of erasure? Is a little white supremacy leaked into our anti-racism work better than no anti-racism work at all? Every time I stand in front of an audience to address racial oppression in America, I know that I am facing a lot of white people who are in the room to feel less bad about racial discrimination and violence in the news, to score points, to let everyone know that they are not like the others, to make black friends. I know that I am speaking to a lot of white people who are certain they are not the problem because they are there.

    Just once I want to speak to a room of white people who know they are there because they are the problem. Who know they are there to begin the work of seeing where they have been complicit and harmful so that they can start doing better. Because white supremacy is their construct, a construct they have benefited from, and deconstructing white supremacy is their duty.

    Myself and many of the attendees of color often leave these talks feeling tired and disheartened, but I still show up and speak. I show up in the hopes that maybe, possibly, this talk will be the one that finally breaks through, or will bring me a step closer to the one that will. I show up and speak for people of color who can’t speak freely, so that they might feel seen and heard. I speak because there are people of color in the room who need to hear that they shouldn’t have to carry the burden of racial oppression, while those who benefit from that same oppression expect anti-racism efforts to meet their needs first. After my most recent talk, a black woman slipped me a note in which she had written that she would never be able to speak openly about the ways that racism was impacting her life, not without risking reprisals from white peers. “I will heal at home in silence,” she concluded.

    Is it better than nothing? Or is the fact that in 2019 I still have to ask myself that question every day most harmful of all?

    https://www.theguardian.com/commentisfree/2019/mar/28/confronting-racism-is-not-about-the-needs-and-feelings-of-white-people
    #racisme #inégalité #subalternité #silence #pouvoir #trauma #traumatisme #safe_place #porte-parole #espace_public #parole_publique #témoignage #liberté_d'expression #Noirs #Blancs #USA #Etats-Unis
    #can_the_subaltern_speak?

  • Entre-soi masculin et déni
    @lldemars ecrit

    @vazi sincèrement, politiquement, je ne sais pas : plus de quinze ans de dessins pour CQFD, et je ne peux m’empêcher de penser que ces dessins ne servent à rien tant qu’ils ne sont pas publiés dans le figaro ; à quoi ça sert, sinon à se tenir chaud en se disant qu’on n’est pas politiquement seul, de dire à des gens qui le savent déjà des trucs dont le reste du monde ignore globalement l’existence et n’ont aucune chance d’en voir surgir l’évocation dans leur propre champ de vision, leur propre entresoi ? Et pourtant, comment survivre sans se constituer pas à pas un environnement bienveillant, avec lequel on puisse parler, s’entendre, c’est-à dire année après année en en chassant tout ce qui est répétitivement hostile ? Voilà, c’est une non réponse à ta question j’en suis sincèrement désolé.

    Etant bloquée par cet homme depuis que j’ai osé exprimé mon désaccord sur ses habitudes de non-mixité masculine, ca me fait un drôle d’effet de lire ceci. Sur @seenthis il est impératif d’être à 100% en accord avec tout ce que dit cet homme et il est impératif de dessiner selon les préceptes de cet homme. Ne lisez, ni ne mentionner pas de dessins qu’il n’apprécie pas non plus, il en profitera pour vous humilier publiquement pour faute de gout, C’etait particulièrement savoureux lors des échanges sur le collectif des femmes dessinatrices contre le sexisme en BD, de voire Tanxx chassée de @seenthis par des commentaires méprisants de la part de cet homme et de voire que de mon coté, membre du collectif aussi, je n’avais d’autre choix que le lire sans pouvoir intervenir (à part toute seule dans mon coin comme ici).

    #déni #censure #entre_soi #domination_masculine #silenciation #aveuglement

  • #Zineb_Redouane : sa famille s’étonne du « #silence_politique » après sa mort

    Zineb Redouane est décédée à 80 ans, à la suite d’un arrêt cardiaque au bloc opératoire à #Marseille le 2 décembre 2018, après avoir reçu une #grenade_lacrymogène au visage, en marge d’une #manifestation contre le #mal-logement. Alors qu’une information judiciaire est en cours, sa fille s’étonne du « #silence_médiatique et politique » entourant sa mort.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/090319/zineb-redouane-sa-famille-setonne-du-silence-politique-apres-sa-mort?page_
    #décès #violences_policières #maintien_de_l'ordre

  • Le silence sur la pédophilie est un « pêché collectif » pour le patron des évêques de France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/02/17/le-silence-sur-la-pedophilie-est-un-peche-collectif-pour-le-patron-des-evequ

    « Nous devons travailler tous ensemble contre la pédophilie. La hiérarchie (religieuse, ndlr) n’est pas la seule coupable. Dans certaines familles, des parents très chrétiens ont empêché leur enfant de parler. C’est un péché collectif."

    « Il y a quelque chose de systémique dans la négligence, le poids et la défense des institutions par rapport aux personnes victimes », dit-il, assurant que l’Église doit prendre ses responsabilités. « On ne peut plus rejeter la faute, dire que ce sont les médias ou le monde extérieur qui en voudraient à l’Église », ajoute Mgr Pontier.

    Mais on peu dire que c’est "des parents très chrétiens qui ont empêché leur enfant de parler" et que la faute est collective et non la responsabilité d’évêques, nous dit l’évêque.

    Le péché est collectif et surtout la faute des parents très chrétiens, par contre les violeurs d’enfants et leurs évêques qui organisent la récidive et l’impunité et les déplaces pour pouvoir bénéficié de la prescription sont présumés innocents.

    « Si des actes ont été commis qui auraient traumatisé profondément quelqu’un, ce serait bien sûr choquant. Je connais bien Mgr Ventura, et pour le moment je le présume innocent », dit Mgr Pontier.

    –----

    Accusé d’abus sexuels, l’ex-cardinal McCarrick défroqué par le Vatican, une première

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/02/16/l-ex-cardinal-mccarrick-accuse-d-abus-sexuels-defroque-par-le-vatican_542429

    C’est la première fois dans la longue histoire de l’Eglise catholique qu’un cardinal est défroqué pour des motifs d’abus sexuels.

    Le pape a reconnu comme définitive une sentence en ce sens de la Congrégation pour la doctrine de la foi, institution du Vatican qui veille au respect du dogme catholique, a précisé le Saint-Siège. L’ancien cardinal a été reconnu coupable d’avoir enfreint l’un des commandements divins « avec la circonstance aggravante de l’abus de pouvoir », selon ce texte. Le pape François a envoyé un « signal clair » sur le fait que les abus sexuels ne seraient plus tolérés au sein de l’Eglise catholique, a réagi samedi le président de la conférence des évêques américains.

    Toujours cette manière sournoise de ne pas nommer les agressions sexuelles correctement. Une agression sexuelle n’est pas un ABUS, un abus c’est quant on use avec excès de son droit . Utilisé cette expression "abus sexuels" et "abus de pouvoir" ca indique que les prêtres ont le droit au sexe des gosses, mais qu’ils ont été seulement un peu excessif avec leur usage du sexe des enfants.

    « Aucun évêque, aussi influent soit-il, n’est au-dessus de la loi de l’Eglise », a ajouté le cardinal Daniel DiNardo, archevêque de Galveston-Houston.

    Ce qui sous-entend qu’ils sont au dessus des lois humaines.

    #catholicisme #culture_du_viol #culte_du_viol

  • Voix de femme, « parole d’homme »
    https://www.liberation.fr/evenements-libe/2019/02/07/voix-de-femme-parole-d-homme_1708027

    La sous-représentation des femmes en politique est maintenant admise, et main sur le cœur, quasi unanimement déplorée. Qui ne serait en effet choqué par un système de représentation excluant de fait la moitié de ses citoyens, dans une « grande démocratie » comme la nôtre ?

    En 1991, j’ai 18 ans.

    Alors que j’apprends âprement que je suis femme avant que « d’être humain », Édith Cresson est nommée Premier ministre. La France sort soudain de sa torpeur mitterrandienne pour s’attacher à l’essentiel : le tailleur à carreaux d’Édith… jugé peu seyant, ses boucles d’oreilles, clinquantes, son « taux de féminité », bas. De son discours inaugural, quelques bribes, noyé qu’il fut par les allusions sexistes et les ricanements. De son passage éclair au pouvoir ensuite, j’avoue ne pas avoir retenu grand-chose d’autre que sa voix - non son discours, ni son action - mais sa voix : criarde, trop aiguë, émanation évidente d’un caractère hystérique, grossière autant qu’autoritaire, inaudible enfin, si bien qu’il fallut adapter les micros de l’Assemblée à cette voix extra-humaine - un scandale à l’époque.

    Cette voix, je ne l’ai alors en réalité que peu directement entendue ; mais c’est ainsi qu’elle s’est ancrée en moi, grâce à l’à propos des éditorialistes les mieux informés.

    Ainsi, que l’on soit Premier ministre ou simple militante - telle que je le suis depuis plus de 20 ans - j’ai tôt appris que la voix féminine assigne la parole à résidence.

    Or, quoi de plus essentiel, originel à toute décision, que la parole en politique ?

    D’emblée performative, elle édifie, annonce ou figure l’action, elle construit la pensée collective qui aura une incidence concrète dans la vie de tous.

    Mais si une « parole d’homme » est gage de sérieux et d’honnêteté à vertu universelle,

    une « parole de femme » ne concernera plus que la moitié de l’humanité, souvent placée dans le registre de la plainte, pas loin du rayon « grosse fatigue et couches-culottes ».

    Pourtant depuis 20 ans, je les côtoie en masse, ces femmes hautement conscientes et politiques : organisant des événements, tractant, collant, souvent petites mains techniques, présentes (malgré la maternité qui fatalement leur incombe) à chaque réunion ou AG locale. Quoique souvent majoritaires, elles prendront sensiblement moins la parole. On aura nettement plus tendance à la leur couper, ou à la qualifier, cette parole. Car on sait comme le locuteur, son statut (leader, porte-parole, militant aguerri, ou simple curieux), son âge… et son genre en l’occurrence, infléchit le sens de ce qui est perçu dans une assemblée, qu’elle soit locale ou Nationale…

    Les femmes doivent alors déployer des trésors d’inventivité pour faire slalomer leur propos entre toutes les caractéristiques dépréciantes de leur genre : volontiers rangées plutôt du côté du sensible que du rationnel, elles seront vite perçues comme autoritaires, intransigeantes, hystériques, si le propos est ferme - « madame je-sais-tout » si elles connaissent leur dossier ou avancent des compétences particulières - a contrario, cruches notoires à la moindre erreur ou lapsus.

    Au point que j’ai du mal à compter le nombre de fois où nous aurions décidé collectivement d’un positionnement ou d’une action… sur les arguments d’une femme. Je me demande même rétrospectivement si toutes les décisions collectives auxquelles j’ai souscrit n’étaient pas profondément genrées, à savoir masculines.

    Ainsi, dès les instances les plus modestes et les plus locales, l’exercice démocratique via la parole, écarte les femmes de leur pouvoir le plus élémentaire de citoyenne. On imagine assez bien, dès lors, comme il leur sera difficile ensuite de prétendre au moindre pouvoir politique de plus grande envergure…

    Il y a évidemment également la parole interdite : celle qui consisterait à dénoncer cet état de fait. Insultés, meurtris dans leurs convictions républicaines les plus profondes, les messieurs répondent « garde d’enfants » lorsqu’on parle de représentativité : ils perçoivent peu comme la sottise de leur réponse confirme la réalité du problème. L’épaisseur de l’interdit, hélas, s’accroît au fur et à mesure qu’on s’enfonce en terres de gauche : l’effroi saisit les unes d’être en position de « bruyantes victimes », les autres de « bourreaux inconscients ». Le tabou construit l’impensé politique d’un fonctionnement unijambiste… et n’empêche en rien d’aller battre le pavé au son de « Tous ensemble, tous ensemble ! Hey ! Hey ! ».

    Pourtant si la parole féminine est d’abord distincte puis péjorée par son genre, on les voit - parité oblige - ces femmes muettes et souriantes, adjuvant d’un pouvoir véritablement masculin, exhibées lors des photos officielles ! Elles sont légion comme conseillères territoriales ou locales, adjointes à pas grand-chose, féminisant de leurs tenues colorées le cliché de tel ou tel groupe politique supposé progressiste. Leur statut et pouvoir réel n’est en effet pas scotché sur leur front, ainsi que leurs indemnités nettement inférieures à leurs comparses masculins.

    On s’étonne ensuite de la faible présence féminine dans les médias - instances de la parole ? On s’étonne derechef de la faible représentation féminine dans les hauts lieux de décision politique - instance où la parole a un pouvoir accru ?

    Personnellement je m’étonne - et suis admirative - qu’il y ait maintenant quelques rares femmes qui parviennent à porter non pas une « parole de femme », mais un discours politique, au niveau national. Ninja de l’inconscient ou plutôt de l’inconscience collective, elles sont, à n’en pas douter, des surhommes.❞

    Le mot de la fin me donne un peu mal au cœur. Traité ces femmes de "surhommes" c’est un peu comme de complimenté les femmes d’avoir des couilles pour parler de leur courage. On en sortira pas si leurs seuls références positive dont nous disposons sont uniquement masculines.
    #parole #femmes #vocabulaire #silencialisation #voix #surhomme

  • Abécédaire des prépositions : Abandon
    http://liminaire.fr/palimpseste/article/abecedaire-des-prepositions-abandon

    https://youtu.be/QLQKOoPwg8g

    La forme détournée de l’abécédaire est un genre voué à la célébration de l’acte créateur (le livre des livres). Cette année j’ai décidé d’aborder l’abécédaire par la #Vidéo. Deux fois par mois, je diffuserai sur mon site, un montage d’extraits de films (à partir d’une sélection d’une centaine de mes films préférés : fiction, documentaire, #Art vidéo) assemblés autour d’un thème. Ces films d’une quinzaine de minutes seront accompagnés sur le site par l’écriture d’un texte de fiction. Ce projet est un dispositif à double (...)

    #Palimpseste / #Cinéma, Art, #Architecture, #Lecture, #Récit, Vidéo, #Sons, #Inventaire, #Histoire, #Écriture, #Absence, #Mort, #Solitude, #Silence, (...)

    #Temps
    « http://bit.ly/filmdesfilms »

    • @liminaire Extraordinaire, vraiment. Le plaisir que l’on tire de ce premier chapitre (et je présume des suivants) est presque décuplé par rapport à celui de tes textes parce qu’il y a ce plaisir de retrouver mentalement tous les originaux (je suis à presque 8/10 sur cette édition), certains qu’on a sur le bout de la langue ( Le Mépris ) et d’autres dont on se surprend de les reconnaître immédiatement alors que cela fait des années qu’on n’a plus pensé à ce film (The State Of Things). Quant aux prolongements sonores d’une scène à l’autre (le klaxon du dernier homme sur terre qui réveille Marcello dans la Dolce Vita ), alors là je suis admiratif.

      Et quel invraisemblable bonheur de se dire que tu nous réserves encore 25 autres épisodes !

    • @philippe_de_jonckheere merci beaucoup pour cette réaction qui me conforte dans mon parti pris et m’incite à continuer le travail sur ces vidéos et les récits qu’elles permettent de faire advenir. J’en profite pour te signaler que je diffuse ces vidéos dans le désordre, la première vidéo avait pour thème les reflets https://youtu.be/v5nLm3m_feg

      et celle que tu viens de voir est en fait la deuxième de la série. Rendez-vous pour le prochain épisode, le dimanche 10 février. Amicalement.

  • #Violences_policières : « On est dans le #mensonge_d’Etat »

    Pour #David_Dufresne (@davduf), spécialiste de la question du #maintien_de_l’ordre, la #répression menée contre les « #gilets_jaunes » « laissera des traces dans toute une génération ».

    Hémorragie cérébrale d’un homme de 47 ans à Bordeaux, traumatisme facial d’un manifestant à Toulouse, fracture au front d’un lycéen à Orléans… L’écrivain et documentariste David Dufresne, auteur de l’enquête Maintien de l’ordre (Fayard, 2013), recense et signale les bavures policières observées lors des manifestations des « gilets jaunes ». Il dénonce le « déni politique et médiatique » de ces violences, selon lui profondément « antirépublicain ».

    Quelle est la particularité de la gestion du maintien de l’ordre en #France ?

    David Dufresne : Pendant longtemps, la France a été considérée comme la championne du maintien de l’ordre, pour une raison simple : face à des manifestations particulièrement nombreuses dans le pays, la police est entraînée. Sauf que c’est aujourd’hui un #mythe, qui s’est écroulé sous nos yeux. Le maintien de l’ordre est devenu depuis une dizaine d’années extrêmement offensif, brutal, avec des policiers qui vont au contact. Jusqu’ici, la clé était de montrer sa #force pour ne pas s’en servir.

    En Allemagne, en Angleterre, les forces de maintien de l’ordre ont mis en place tout un processus de dialogue avec les manifestants, et de #désescalade. La France a fait le choix inverse, dont découlent ces drames : environ 2 000 manifestants blessés depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », à la mi-novembre.

    La France utilise par exemple des #armes proscrites ailleurs en Europe pour ce type d’interventions, et considérées par certains fabricants comme des armes de guerre : les# lanceurs_de_balles_de_défense [les « #Flash-Ball » font partie de cette famille, mais ne sont plus utilisés que par certains policiers municipaux], les grenades #GLI-F4, qui contiennent une petite dose de #TNT et arrachent des mains. Celles-ci sont d’autant plus dangereuses qu’elles ne sont pas létales et donc utilisées de manière massive par des policiers qui pensent, de bonne foi, qu’ils ne vont pas tuer. Mais l’on assiste à des #mutilations en série, qui font le déshonneur du maintien de l’ordre à la française. Le mythe, sur lequel les politiques continuent de surfer, ne résiste pas aux faits.

    Vous effectuez un comptage des #blessés, quel est votre objectif ?

    Ce #recensement est parti d’un effet de sidération devant les violences policières exercées et devant le #silence politique et médiatique. C’est une démarche de documentariste, d’observateur de la police et de lanceur d’alerte. J’essaie de contextualiser au mieux les images que je repère. De plus en plus, les victimes ou leur famille m’envoient directement des informations. Je signale au ministère de l’intérieur les #violences, mais aussi les manquements à la #déontologie_policière. Tous ceux qui sont blessés au visage peuvent porter #plainte, car, comme l’expliquent les manuels de maintien de l’ordre, il est interdit de viser la tête.

    Sur les 300 signalements recensés [sur son compte Twitter], je compte au moins 100 #blessés_graves, dont une quinzaine de personnes éborgnées et plusieurs mains arrachées, mais aussi des #insultes et #menaces lancées par des policiers ou encore des destructions de téléphones portables. Les émeutes de 2005 se sont déroulées tous les jours, toutes les nuits, trois semaines durant, et elles ont engendré moins de débordements que lors des manifestations hebdomadaires des « gilets jaunes ».

    Que retenez-vous de ce silence autour des violences policières ?

    Aujourd’hui, ce n’est plus du silence, c’est du #déni. M. #Castaner lui-même [le ministre de l’intérieur], lundi soir, nous explique qu’il ne connaît « aucun policier qui ait attaqué un “gilet jaune” » : on est dans le mensonge d’Etat. Il y a bien des violences policières, elles sont gravissimes. Il faut remonter à octobre 1961 pour arriver à un tel déchaînement – sans comparer la situation actuelle avec les morts de la répression au métro Charonne et les Algériens jetés dans la Seine.

    La police républicaine ne peut pas tirer sur la foule sans avoir de comptes à rendre. Mais j’ai reçu quelques procès-verbaux d’audition à l’#IGPN [inspection générale de la police nationale] : elle va faire son travail d’étouffoir. Pourtant, 78 plaintes sont instruites, beaucoup plus que lors des manifestations contre la loi travail ou les émeutes de 2005, ce qui montre l’étendue des dégâts. Il y a une gêne de la police.

    Le silence médiatique fait aussi partie de la violence exercée, c’est ce qui remonte des témoignages que j’ai reçus. La police s’autorise aussi ces coups parce qu’il n’y a pas de répercussion médiatique. Ce déni politique et médiatique est antirépublicain.

    Quel est le lien entre politique et maintien de l’ordre ?

    Ce lien s’explique par l’histoire. La France est un pays de contestation. La fête nationale, c’est la prise de la Bastille, une émeute. Pour le maintien de l’ordre, la police agit sur ordre politique. Les préfets, donc l’Etat, et non pas les commissaires, décident du déploiement des forces. Ceux-ci prennent leurs ordres auprès du ministère de l’intérieur, qui les prend à l’Elysée.

    Répondre massivement aux manifestations des « gilets jaunes » est donc un #choix_politique. L’Etat fait appel à des policiers qui ne sont pas formés au maintien de l’ordre : de la #BAC [#brigade_anticriminalité], de la #BRI [#brigades_de_recherche_et_d’intervention], des #gardiens_de_la_paix… Ils ont l’habitude d’être face à des délinquants, pas des manifestants. Pour eux, la #foule est délinquante. C’est un point clé pour comprendre la centaine de blessés graves.

    Comment la doctrine a-t-elle évolué avec la crise des « gilets jaunes » ?

    J’observe que les forces de l’ordre visent de plus en plus les journalistes, empêchent les secouristes volontaires d’agir, et cassent volontiers des #téléphones_portables de personnes qui filment, comme dans une volonté d’empêcher toute #documentation des événements.

    C’est une doctrine qui va vers l’#affrontement, et donc extrêmement dangereuse. Elle laissera des traces dans toute une génération. Tous ceux qui manifestent aujourd’hui se souviendront de cette #répression_policière, qui est terrifiante.

    L’appel à des policiers non formés, le recours à des armes dangereuses, des crispations et une fatigue des forces de l’ordre, des discours martiaux du politique et un déni par Castaner de ce qui se passe – c’est un cocktail explosif. On a complètement changé d’échelle : le nombre d’interpellations, de gardes à vue, de tirs, de policiers mobilisés…

    La sortie se fera par le politique, pas par la répression, c’est évident. Tous les samedis, des gens partent manifester en sachant qu’ils peuvent perdre un œil. Tout est fait pour les dissuader de venir, ils viennent quand même.


    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/01/16/violences-policieres-on-est-dans-le-mensonge-d-etat_5409824_3224.html
    #bavures_policières #déni_politique #déni_médiatique