• Un #film en quête de « vérité et justice » au #Congo

    Plus de six millions de morts dans l’#impunité la plus totale. C’est le résultat de la #guerre qui ravage la #République_démocratique_du_Congo depuis 20 ans. Qui en porte la #responsabilité ? Telle est la question à laquelle le réalisateur suisse #Milo_Rau a cherché à répondre, mettant en scène un tribunal fictif qui a le mérite de rompre avec la culture du #silence.


    https://www.swissinfo.ch/fre/-das-kongo-tribunal--de-milo-rau_un-film-en-qu%C3%AAte-de--v%C3%A9rit%C3%A9-et-justice--au-congo/43396056
    #RDC #conflit
    Article de @stesummi

  • Cela fait un moment que cette vidéo est sortie, mais elle est toujours très touchante... et je ne comprends pas comment ça se fait qu’elle ne soit pas sur seenthis... peut-être sous un autre URL ?

    Look Beyond Borders - 4 minutes experiment

    When talking about the problem of refugees, we use dehumanised language, which reduces human tragedy to numbers and statistics. But this suffering concerns real people, who – just like us - have families, loved ones, friends; their own stories, dreams, goals... Only when you sit down opposite a specific person and look into their eyes, you no longer see an anonymous refugee, one of the migrants, and notice the human before you, just like yourself – loving, suffering, dreaming...
    20 years ago, psychologist #Arthur_Aron discovered that #4_minutes of looking into each other’s eyes can bring people closer. Using this discovery, we decided to carry out a simple experiment, during which refugees and Europeans sat opposite each other and looked into each other’s eyes. Clearly, it is most important to give each other time to better understand and get to know each other.
    The experiment was conducted in #Berlin: the city, which - first of all - is a symbol of overcoming the divisions, and secondly, seems to be the centre of the contemporary Europe. We wanted the movie created on the basis of the experiment to be as symbolic as possible – and to touch upon the general divisions between people.
    The experiment participants were ordinary people. The situations were not staged; we wanted to get natural, spontaneous reactions. The people sitting opposite each other had not known each other before and saw each other for the first time during the experiment. What is important, the refugees mostly came from Syria and had not been living in Europe for longer than a year.

    https://www.youtube.com/watch?v=f7XhrXUoD6U&app=desktop

    #vidéo #expérimentation #réfugiés #regards #préjugés #regarder #migrations #yeux #quatre_minutes #silence

  • « #Silencieuse(s) », la touchante BD qui dénonce le #harcèlement_de_rue

    Lorsque Salome Joly, jeune étudiante genevoise, prenait la décision de baser son travail de maturité sur le thème du harcèlement de rue, elle ne s’attendait pas à ce que celui-ci se transforme en bande dessinée : sous le virtuôse crayon et les teintes gris-roses de l’illustratrice Sibylline Meynet, les témoignages de #femmes ordinaires prennent vie, dans une importante tentative de dénormaliser un phénomène bien trop courant.

    http://www.femina.ch/societe/news-societe/silencieuses-bd-denonce-harcelement-rue-sibylinne-meynet-salome-joly-travail-

    Sur la page de l’éditeur :


    https://perspectivesart9.com/Shop/en/bandes-dessinees/105-sibylline-meynet-salome-joly-silencieuses-ed-perspectivesart9-

    #BD #livre

  • Église, la mécanique du silence

    2016, année noire pour l’Église catholique française, confrontée aux plus grands scandales de pédophilie de son histoire.
    Les auteurs ont enquêté pendant un an. De Lyon, où leur travail commence autour de l’affaire #Barbarin, à la Guinée, en passant par #Montauban, le Canada, Paris et Rome, ils révèlent de multiples affaires de #prêtres pédophiles dissimulées par l’institution catholique.
    Ils ont écouté de nombreuses victimes, interrogé des lanceurs d’alerte au sein de l’Église, rencontré des prêtres auteurs d’#abus_sexuels, interviewé des hiérarques ecclésiastiques et eu accès à des documents confidentiels.
    Ils dessinent une stupéfiante machine à fabriquer du #silence pour couvrir les crimes. Le livre raconte le système d’#exfiltration mis en place par l’Église de #France pour écarter les prêtres abuseurs… non pas des enfants mais des juges : mise au vert, mise en congé sabbatique, placement en abbayes ou mutation à l’étranger.
    Comment l’institution s’est-elle protégée en couvrant ses prêtres, sans jamais les dénoncer à la #justice ? Et si le scandale était, au-delà des faits eux-mêmes, ce système organisé pour l’étouffer ?
    Un document essentiel pour comprendre l’engrenage du silence auquel ont été assignées des centaines de victimes.

    http://www.editions-jclattes.fr/sites/default/files/styles/couv_livre/public/images/livres/9782709659383-001-X.jpeg?itok=HWASICVM
    http://www.editions-jclattes.fr/eglise-la-mecanique-du-silence-9782709659383
    #livre de @daphne @marty et @MathieuPerisse

    #Eglise #pédophilie

    • L’Église face aux scandales pédophiles

      Abus sexuels, culture du secret et de l’impunité : malgré l’intransigeance affichée du pape François, l’Église n’en a pas fini avec ses penchants les plus obscurs, recensés dans ce documentaire accablant d’une exceptionnelle densité.

      « Une tolérance zéro » : lorsqu’en 2013, Jorge Mario Bergoglio devient le pape François, il promet de clore un des chapitres les plus sombres de l’histoire catholique et de « punir sévèrement » les auteurs d’abus sexuels appartenant à l’Église. Cinq ans plus tard, malgré des avancées dans la reconnaissance des victimes, la crise semble loin d’être achevée. Les deux tiers des prêtres convaincus de viols ou d’agressions sexuelles sur mineurs sont toujours en exercice ; les évêques ne sont toujours pas tenus de dénoncer à la police les agissements des prêtres sous leur tutelle. Plus terrible encore, des mutations dans des pays en voie de développement permettent à certains hommes d’Église criminels de fuir les poursuites judiciaires – et de réitérer leurs méfaits. Les mœurs ne semblent guère avoir changé au sein d’une institution recroquevillée sur sa culture du secret. On comprend pourquoi des membres de la commission pontificale pour la protection des mineurs, eux-mêmes anciennes victimes, ont démissionné en signe de protestation. Alors que tous les yeux sont braqués sur lui, pourquoi le pape François semble-t-il persister dans l’inaction ? Quelles sont les résistances qui gangrènent toute tentative de réforme ? Comment le Vatican peut-il encore se penser au-dessus de la justice civile ?

      Quand l’Église se protège
      De Lyon à la Pennsylvanie, de l’Argentine à l’Italie, John Dickie et Jesus Garces Lambert, qui ont mené séparément pour ARTE différentes enquêtes sur les secrets de l’Église catholique, passent en revue une multitude d’abus sexuels en partie méconnus, commis sur des enfants par des prêtres profitant de leur ascendant spirituel pour assouvir leurs désirs pédophiles. Mais leur documentaire se veut d’une tout autre dimension qu’une collection de faits divers sordides. Grâce aux témoignages de victimes, de prêtres dissidents, d’ecclésiastiques passés aux aveux ou de psychologues, il sonde en profondeur les mécanismes qui poussent l’Église à couvrir ses dérives, et qui lui permettent de le faire. Prenant en compte les facteurs historiques, culturels, systémiques et psychosexuels propres au clergé, il dresse un réquisitoire d’une ampleur inédite. « Toute institution tend à se protéger », rappelle un des intervenants.

      https://www.arte.tv/fr/videos/069877-000-A/l-eglise-face-aux-scandales-pedophiles

    • L’Eglise intraitable avec les gamines de 9 ans mise enceinte par leurs prères, pères ou beau pères violeurs dans les pays catho, et si prompte à accorder son pardon, son asile gratuit et de nouveaux enfants proies aux violeurs.

    • Une organisation internationale pour mettre fin aux abus sexuels dans l’Eglise

      C’est l’un des dossiers les plus sombres de l’Eglise catholique, ces cinquante dernières années : les abus sexuels. Le pape François avait promis la tolérance zéro. A quelques jours de sa visite en Suisse, des associations internationales ont saisi l’occasion pour lui lancer un message fort. A Genève, elles ont annoncé la création d’un réseau mondial inédit : « #Ending_Clerical_abuse », « Pour en finir avec les abus du clergé ». Elles attendent du Pape des mesures fortes et concrètes contre la pédophilie dans l’Eglise. Daphné Gastaldi.

      http://www.rfi.fr/emission/20180611-eglise-abus-sexuels-organisation-internationale-pape-football-suede-hon

  • WhatsApp, sa porte discrète du fond et les #backdoors de Signal

    https://linuxfr.org/users/apichat/journaux/whatsapp-sa-porte-discrete-du-fond-et-les-backdoors-de-signal

    Nous le savons tous #WhatsApp n’a pas de #backdoor, c’est d’ailleurs pour ça que son code source n’est pas public : ya rien à voir, tchatez.

    Une très bonne explication est publiée sur le site de Reflet :

    > Il suffit à WhatsApp d’ajouter un nouvel appareil virtuel au compte de Bob, cet appareil recevra ainsi les #messages qui lui sont destinés
    > De manière générale c’est le problèmes des systèmes où le lien entre personne physique et clef de chiffrement est établi et contrôlé par un acteur tiers, comme WhatsApp, ou en utilisant des mécanismes peu fiables, comme le contrôle du numéro de téléphone.
    > C’est également un problème par ex. chez #Apple ( #iMessage ) : Apple gère la liste des appareils liés à un compte et est donc en mesure d’ajouter un appareil « fantôme » au compte qui recevrai alors tous les messages qui lui sont destinés, et peut se faire passer pour ce compte.

    Cependant, selon certains avis avisés de la #Free Software Foundation Europe, il y aurait un certain nombre de BackdoorS présenteS lors de l’utilisation du logiciel #Signal

    [...]

    #sécurité_informatique #Crypto #Cryptographie #Interceptions #Sécurité

  • Classes de défense globale : quand l’armée fait son entrée dans les écoles et les collèges
    http://www.bastamag.net/Classes-de-defense-globale-quand-l-armee-fait-son-entree-dans-les-ecoles-e

    Des enfants coachés par l’armée dès l’école élémentaire ? C’est le cas en France, depuis quelques années grâce à des partenariats établis entre l’armée et l’Éducation nationale. Il existe plus de 80 « classes de défense globale » visant souvent des « publics en difficulté », avec l’objectif notamment de « réduire d’éventuels problèmes d’incivilités ». Les enseignants des établissements concernés n’échappent pas à une formation obligatoire à la défense nationale. La revue #Silence s’est intéressée à ces classes qui vise à (...)

    #Décrypter

    / Silence, #Guerres_et_résolution_des_conflits, #Education

  • Petits arrangements avec la #violence - La Vie des idées
    http://www.laviedesidees.fr/Petits-arrangements-avec-la-violence.html

    Le sous-titre du livre, « Et pourtant tout le monde savait », semble être une formule facile. La question est pourtant au centre du livre. Comme Léonore Le Caisne le démontre, la révélation de l’#inceste par la victime et les médias n’en est pas une pour le village, il n’y avait pas de « loi du #silence  ». La question n’est donc pas de déterminer si les habitants savaient ou pas, mais d’établir les modalités de ce savoir. Il ne faut pas surestimer l’importance de l’affaire au regard des enquêtés. Ceux-ci préfèrent parler à l’ethnographe de choses qui les concernent plus directement : des élections municipales ou du plan d’occupation des sols par exemple. Les positions des enquêtés déterminent leur savoir : ceux qui font partie du voisinage se sentent moins concernés que les autres ; les « anciens » savent plus que les nouveaux. Les jugements moraux prennent ainsi sens dans des partages et des intérêts locaux qu’ils produisent. L’affaire s’insère dans la série des autres histoires qui alimentent les commérages : « le “travesti” qui déboula un jour à la mairie un fusil à l’épaule pour se faire appeler Madame », la mère de famille qui « racolait dans les bois » (p. 86-87).

    Le fétichisme du fait violent permet finalement aux habitants de s’extraire de l’événement, soit en notant qu’ils ne connaissaient pas tout, et par exemple par les tortures ; soit en mettant en doute ce dont ils n’ont pas été les témoins : « c’est des on-dit, parce que j’y étais pas ! » (p. 96). Après la #médiatisation, c’est tout le village se retrouve coupable de n’avoir pas dénoncé. Les jeux du discrédit ne s’arrête pas là : l’indemnisation de Nelly font porter le soupçon sur ses intentions et sur celles de Sébastien. Pour certaines associations de lutte contre l’inceste, mettre en avant les conditions de logement, l’absence de nourriture, « ça n’apportait rien » (p. 327), en tous cas pas à la construction d’une cause collective : il ne faut pas seulement être une victime, il faut être une « bonne victime ». Les faits et les individus sont donc pris dans des logiques de qualifications qui aboutissent souvent à dénoncer la dénonciation de Nelly.

  • hypathie - Blog féministe et anti-spéciste : Je n’ai pas porté plainte
    http://hypathie.blogspot.fr/2016/11/je-nai-pas-porte-plainte.html

    Mercredi 2 novembre, le Jury Médicis a attribué son prix 2016 à l’ouvrage d’Yvan Jablonka, chercheur en sciences sociales : Laëtitia ou la fin des hommes, récit du « fait divers » -comme est il malheureusement habituel de désigner les féminicides en France- Laëtitia Perrais, assassinée puis démembrée par Thierry Meilhon en 2011 à la Bernerie en Retz (Loire-Atlantique). Dénonçant la #prédation masculine (jamais nommée par la société), le #silence et la #peur qu’inspirent aux #femmes l’engrenage meurtrier des #violences masculines répétées, de l’inceste et du viol, le cynisme des hommes politiques instrumentalisant au profit de leur pouvoir le #féminicide sans jamais le nommer ni a fortiori le dénoncer, l’inertie de la justice et de la police devant le malheur d’être femme en France encore aujourd’hui, le livre de Jablonka nomme le féminicide, le meurtre misogyne, dans une société anesthésiée et amorale qui laisse tuer des femmes et des enfants par des prédateurs récidivistes. A commander à votre bibliothèque et à lire d’urgence.

  • Le silence du gif – L’image sociale
    http://imagesociale.fr/3644

    La possibilité de consulter des contenus sans déranger autrui est un des principaux facteurs de l’omniprésence du #smartphone dans les espaces partagés que sont les transports en commun, la rue ou le bureau. La contrainte du #silence a été parfaitement intégrée par les plates-formes : ainsi Facebook propose-t-il un démarrage automatique des vidéos disponibles sur la timeline, mais sans le son, dont l’audition doit faire l’objet d’une décision de l’usager. La multiplication des sous-titrages indique la généralisation de la consultation muette des contenus animés (le casque, autre instrument dont la présence s’est largement accrue dans les espaces sociaux, est évidemment un autre moyen de conserver l’intimité de sa consultation).

  • Sous le plateau d’Albion, la science (presque) sans bruit

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/10/17/a-rustrel-vaucluse-la-science-presque-sans-bruit_5015174_1650684.html

    Le portail, un tantinet rouillé, est ouvert. Il donne sur un vaste et vide parking en plein air, au bitume fatigué, qui offre une vue splendide sur la vallée. A quelques kilomètres au sud, apparaissent au milieu des arbres les taches colorées des carrières d’ocre du Colorado provençal, petite merveille du Luberon. A l’opposé, le regard grimpe sur des pentes de garrigue, coupées de courtes falaises calcaires, jusqu’au sommet qui masque le Ventoux, à 30 kilomètres plus au nord.

    Le « blockhaus »

    Au pied de cette colline, l’image est moins belle. Un épais mur gris, flanqué d’un Algeco blanc, évoque un blockhaus, éclairé la nuit par un vieux lampadaire.

    Il y a plus de vingt ans, il n’aurait pas été possible d’entrer aussi facilement sur ce site austère. De nombreux sas et contrôles d’identité auraient dû être franchis avant même de pénétrer dans le « blockhaus ». De 1971 à 1996, il abritait en effet l’un des deux postes de commande de tir des missiles stratégiques dit du plateau d’Albion, cette vaste zone de 800 km2 située à environ 1 000 mètres d’altitude, au-dessus du parking. C’est à 1,5 kilomètre de l’entrée bétonnée et à 500 mètres sous terre que, 24 heures sur 24, deux officiers de tir pouvaient à tout moment tourner les clés activant les têtes nucléaires réparties dans les 18 silos enterrés du plateau.

    Désormais, plus de clés, ni de bombes. Le centre névralgique de la dissuasion française est devenu un laboratoire de recherche assez éclectique où se retrouvent physiciens des particules, hydrologues, géologues, électroniciens, biologistes ou même historiens, pour des recherches civiles, publiques ou privées.

    « Lorsqu’on m’a signalé que l’armée abandonnait ce site, j’ai sauté sur l’occasion, se souvient le physicien Georges Waysand, retraité du CNRS. Après ma première visite, j’étais éberlué. »

    En effet, il découvrait là un lieu parfait pour mener à bien ses expériences ultrasensibles de détection de particules extraterrestres, appelée matière noire. Comme la Terre est en permanence bombardée de particules connues, il est difficile de repérer un signal nouveau dans tout ce fatras. En jouant le rôle de bouclier naturel, la roche facilite a priori la détection. C’est pourquoi bon nombre d’expériences de ce genre se retranchent dans des tunnels, comme à Modane (à la frontière franco-italienne) ou au Gran Sasso en Italie.

    « D’ici, on ressent la houle de la Méditerranée »

    Ce qui l’a séduit aussi, c’est le « saint des saints », la pièce centrale dans laquelle les deux officiers passaient leur journée, assis devant les pupitres. Cette capsule de 28 mètres de long pour huit de large est encore plus isolée des perturbations du monde extérieur : mur en béton armé d’un mètre d’épaisseur, blindage en acier mi-doux bloquant toutes les fréquences au-dessus de 40 Hz, suspensions de l’ensemble pour empêcher les vibrations… En toutes circonstances, les deux officiers devaient pouvoir répondre aux ordres de tir. « Il y avait même la fibre optique !, se réjouit Georges Waysand. Ce tunnel n’a pas d’équivalent dans le monde. »

    En quelques mois, il rédige un rapport présentant l’intérêt de ce site pour des activités pluridisciplinaires. Il songe à la matière noire, mais aussi à des mesures précises de champ électromagnétique non perturbées par l’environnement artificiel. Il ajoute aussi la géologie après avoir fait venir des spécialistes qui lui disent que ce site est « meilleur que ce qu’ils imaginaient ». Il se révélera en effet que, au cœur du parc naturel régional du Luberon, l’absence d’autoroutes, d’usines, de voies ferrées, d’éoliennes… garantit un niveau de secousses résiduelles inférieures au bruit sismique minimum mondial ! « D’ici, on ressent la houle de la Méditerranée », déclare Christophe Emblanch, directeur de l’unité de formation et de recherche (UFR) Sciences, technologies, santé de l’université d’Avignon. « C’est magique », savoure-t-il.

    Isolé des perturbations électromagnétiques, des vibrations de surface non naturelles et des variations de gravitation, le laboratoire est idéal pour s’intéresser à des effets sismiques, magnétiques, gravimétriques… minuscules, qui, malgré la précision des appareils, seraient noyés dans le « bruit » environnant. D’où le nom de cette installation, née officiellement en 1998 : Laboratoire souterrain à bas bruit (LSBB). Ici, après la discrétion militaire, règne donc le silence.

    A l’accueil, Daniel Boyer, cheveux très longs, cachant son passé d’ancien sous-officier appartenant au petit groupe de dix personnes en permanence sur le site à l’époque des missiles, est le directeur adjoint du site.

    « Lors d’une de mes premières visites, nous avons eu une coupure totale de courant dans la capsule. C’était impressionnant, se souvient Georges Waysand. Heureusement j’étais avec un militaire, qui, en un quart d’heure, a pu le rétablir. Cela m’a confirmé dans mon choix de conserver les personnes connaissant ce lieu. » Daniel Boyer et Alain Cavaillou, deux permanents du LSBB, ont ainsi rejoint les rangs de l’université de Nice et sont devenus cosignataires de nombreux articles de recherche. « Travailler sous terre n’est pas un problème car on peut sortir facilement : la porte n’est pas loin ! Et ce n’est pas plus dur que d’exercer dans un endroit sans fenêtre comme une salle de contrôle aérien, un bloc opératoire… », constate, serein, Daniel Boyer.

    « Prenez une veste », lance-t-il alors qu’en cette fin d’été les 20° C sont atteints. « Il fait moins de 15° dans les tunnels », ajoute-t-il en montant sur le Fenwick, le véhicule électrique qui servait déjà du temps de la base militaire. C’est parti !

    Pas pour longtemps. Un sas de décompression, rare installation ajoutée par les chercheurs, doit être franchi. « Cela permet de mettre en surpression l’air des galeries afin d’empêcher le radon, radioactif, de sortir des roches », explique Alain Cavaillou. Deux portes sont nécessaires car s’il n’y en avait qu’une, son ouverture créerait une onde minuscule, mais suffisante pour agiter les multiples capteurs posés dans les tunnels et fausser les résultats.

    « Le paradis des géologues »

    Le véhicule redémarre, cahotant légèrement au milieu du couloir gris béton, large de quatre mètres environ et éclairé par une lumière blafarde. La fraîcheur est bien là. Après 400 mètres linéraires, virage à angle droit sur la droite. Nouvel arrêt. « Ici c’est le paradis des géologues », explique Elisabeth Pozzo di Borgo, enseignante-chercheuse à l’université d’Avignon et membre du conseil scientifique du LSBB. Elle pousse une porte dans l’alignement de la première partie du tunnel. Les parois rocheuses sont ici apparentes. Plusieurs trous sont percés dans la roche pour l’étudier et en recueillir de l’eau d’infiltration. Une faille est visible.

    « Ce tunnel nous donne accès au plus grand réservoir calcaire du crétacé d’Europe, du même âge que les roches des champs pétrolifères du Golfe. Cette zone fait environ 1 000 km2 », rappelle Christophe Emblanch. C’est de ce réservoir que l’eau sortira notamment à la célèbre Fontaine-de-Vaucluse, à quelques kilomètres plus à l’ouest. « Après la pluie, comment l’eau circule-t-elle dans cette roche ? Quand et comment sort-elle ? Quels effets ont les pompages ? Comment se diffuserait une pollution ?… Beaucoup de questions se posent aux hydrologues », note Christophe Emblanch, qui comptabilise une soixantaine de prélèvements sur et autour du site, ainsi que plusieurs forages.

    Cette partie du LSBB est un autre cadeau des militaires. C’était en effet la partie anti-souffle du dispositif. Au lieu d’aller en ligne droite de l’entrée au centre de tir, le tunnel fait un coude à angle droit puis, 100 mètres plus loin, un second vers la gauche. Au bout de la première partie, un couloir droit, en cul-de-sac, a été creusé sur 250 mètres de long, là où les hydrogéologues s’égaient. Sur un plan, cela forme un « U ». Si une bombe explosait près du site, le souffle pénétrerait dans la galerie principale, puis s’engouffrerait dans ce couloir vide, au bout duquel l’onde serait réfléchie, revenant vers le souffle initial et l’atténuant.

    Le saint des saints

    Retour sur le Fenwick en direction du saint des saints, atteint après encore 800 mètres. Une lourde porte avec un volant métallique en garde l’entrée. L’ancien poste de commande de tir est au bout d’un étroit couloir dans lequel des ordinateurs enregistrent les données des instruments à l’intérieur de la pièce et les envoient par les fibres optiques aux laboratoires. Sur un écran, un signal mesure les minuscules fluctuations du champ magnétique dans les trois directions de l’espace. Elisabeth Pozzo di Borgo prend alors une chaise et la fait tourner sur un pied. Les courbes se mettent à osciller à la cadence de la chaise ! Le champ magnétique a été perturbé, ce que le magnétomètre, à quelques mètres de là dans la capsule, a enregistré. Evidemment ouvrir la dernière porte de cette fameuse capsule n’échappe pas au détecteur. La pièce qu’on découvre, avec ses couleurs orange et marron, semble surgie directement des années 1970.

    « C’est le fin du fin du bas bruit », salue la chercheuse. « La première fois qu’on a fait des mesures de variation du champ magnétique dans cette pièce, on trouvait zéro », se souvient Georges Waysand. Finalement, la valeur moyenne se révélera cinq à huit fois plus faible que celle du champ magnétique terrestre. Surtout, ses variations sont cent fois plus faibles que l’activité cérébrale d’une personne en phase de sommeil. Au centre de la pièce de 120 m3, au demeurant assez vide, trône l’un des fleurons du laboratoire, un magnétomètre supraconducteur de grande précision. Grâce à lui, les chercheurs ont vu des choses incroyables. Par exemple, en 2012, la « respiration » de la Terre. En permanence, sous l’effet des mouvements des océans, des continents, de l’atmosphère ou des séismes, des ondes de surface apparaissent, comprimant ou dilatant globalement la Terre. Des sismomètres l’ont confirmé par fort séisme, mais ces ondes de surface secouent aussi verticalement le ciel, jusqu’à l’ionosphère, la partie chargée électriquement de l’atmosphère à partir de 60 kilomètres. Et qui dit déplacement de charges dit champ magnétique perturbé… jusqu’aux bas-fonds provençaux.

    « Nous avons aussi “vu” de cette manière des orages magnétiques, des sylphes (des éclairs lumineux de la haute atmosphère) ou des précurseurs des tremblements de terre comme celui du Sichuan en Chine, en 2008 », liste Elisabeth Pozzo di Borgo, qui voit aussi le soleil se lever et se coucher par ses effets magnétiques.

    Ce calme parfait a aussi donné l’idée à une équipe de Vancouver d’effectuer des électroencéphalogrammes dans la capsule. « Cela nous permet de voir l’activité dans une bande de fréquence, supérieure à 30 Hz, comme nulle part ailleurs. Ces ondes sont en effet très difficiles à mesurer de façon fiable dans un environnement hospitalier standard ou même dans un labo de recherche classique. Pour cela, elles sont souvent ignorées », témoigne Guy Dumont, de l’université de Vancouver. « Cela pourrait déboucher sur une meilleure compréhension des fonctions cérébrales, aussi bien chez des sujets sains que chez des sujets présentant certaines pathologies (épilepsie, Alzheimer, Parkinson) ou souffrant de lésion à la moelle épinière. Ou bien sur la mise au point d’équipements plus performants pour le diagnostic, le suivi ou le traitement de certaines de ces pathologies », complète le chercheur, qui compte bien revenir au LSBB après ses deux visites en 2009 et 2014.

    Capteurs sismiques d’un nouveau genre

    A la sortie, une autre porte ouvre sur un espace plus restreint. Le lieu est pile à la verticale du sommet de la montagne, 500 mètres plus haut, où se situait l’antenne transmettant les ordres de tir. Ce jour-là, des capteurs sismiques d’un nouveau genre sont en train d’être démontés après deux mois d’enregistrement. « Si l’on ose dire, nous avons eu de la chance avec le séisme en Italie le 24 août [298 morts] », indique Frédéric Guattari, de la société Ixblue. Cette entreprise française spécialisée dans les gyroscopes à fibre optique pour la navigation va lancer les premiers sismomètres capables d’enregistrer non pas des mouvements de translations du sol mais des mouvements de rotation.

    A l’intérieur de ces instruments, de la lumière circule, dans les deux sens, dans des bobines enroulant près de 15 kilomètres de fibres. Si la terre « tourne », la théorie relativiste montre que les chemins aller et retour n’auront pas la même longueur ; la différence étant reliée à l’angle de rotation. Pour tester leur système, les ingénieurs d’Ixblue collaborent avec le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), qui a disposé des capteurs classiques en plusieurs endroits afin d’estimer aussi les fameuses rotations. Réponse dans quelques mois.

    Au retour, on jette un œil sur une autre activité originale du LSBB : la métrologie électronique de haute précision. Les mémoires et processeurs, malgré tout le soin avec lequel ils sont fabriqués, peuvent faire des erreurs. Une particule peut taper la matière et déclencher une réponse inappropriée. Cette particule peut venir du ciel ou de la décroissance radioactive de certains atomes du circuit. Sous la roche, il ne reste que cette dernière et les constructeurs de circuits, en l’occurrence ceux de l’entreprise américaine Xilinx, qui teste ici la fiabilité de ses composants. D’autres entreprises, Total, Teleray, Staneo… ont aussi loué les services du LSBB.

    De retour dans la salle de réunion, après avoir déposé la lourde veste tenant chaud, on assiste à l’une des scènes qui justifient le concept du LSBB. Des étudiants tchèques venus pour étudier, grâce à des antennes en surface, les éclairs de la haute atmosphère découvrent avec gourmandise un chercheur disposant d’autres instruments, qu’il serait intéressant de comparer. « C’est très pluridisciplinaire. Des sujets naissent en se croisant. Et dans un couloir de 4 mètres de large, ça arrive souvent ! », résume Christophe Emblanch. C’est d’ailleurs comme cela qu’est née la collaboration Ixblue-CEA. « Dès le début, il a été clair pour moi qu’il ne s’agissait pas d’empiler des expériences les unes à côté des autres pour faire du volume, mais bien d’avoir entre elles des échanges, notamment parce que très souvent le bruit des unes est le signal des autres et réciproquement, ce qui ouvre des problématiques et des protocoles nouveaux », insiste Georges Waysand. Tous les deux ans, les utilisateurs de tous horizons du LSBB se retrouvent pour découvrir les travaux en cours, de l’ordre de la vingtaine d’expériences différentes.

    Collaboration interdisciplinaire fortuite

    L’exemple le plus fameux de collaboration interdisciplinaire fortuite est lié au magnétomètre. Peu après l’avoir installé en 2001, en analysant les données, les chercheurs, dont le directeur du LSBB, Stéphane Gaffet, ont vu une anomalie, attribuée dans un premier temps à un problème sur l’appareil. Un géologue à qui les « magnéticiens » parlaient de ce souci constate qu’au moment où la saute d’humeur du magnétomètre se produisait, les sismomètres avaient ressenti un tremblement de terre en Inde. Bien entendu les chercheurs ont vérifié que les fluctuations magnétiques n’étaient pas que de simples mouvements de translation de l’instrument. Ils ont alors démontré que c’était le déplacement des charges électriques – contenues dans l’eau qui s’infiltre dans le massif – qui avait modifié le champ magnétique en bougeant dans le réservoir calcaire sous l’effet du tremblement de terre. D’ailleurs, l’équipe réfléchit à un nouveau dispositif expérimental de suivi des masses d’eau grâce au magnétomètre, même en l’absence de secousses sismiques.

    « Le plaisir de ce travail vient de la diversité des thèmes abordés », estime Alain Cavaillou. « C’est très enrichissant aussi d’échanger avec des correspondants étrangers », ajoute Daniel Boyer, qui, comme son collègue, ne regrette pas cette reconversion rare, qui est d’ailleurs l’objet d’études en sciences humaines et sociales.

    L’histoire n’est pas terminée. Peut-être que bientôt sera signée définitivement la convention faisant du LSBB une unité mixte de service entre les cinq partenaires, CNRS, Observatoire de la Côte d’Azur, universités d’Avignon, de Marseille et de Nice… Peut-être que bientôt aussi un bâtiment plus confortable sera construit pour l’accueil des chercheurs sur le parking, afin, comme toujours, de limiter encore le « bruit » dans ce monde du silence.

  • #Patria_obscura (2014) - French trailer

    Un photographe part sur les traces de ses grands-pères militaires morts depuis longtemps, Pierre le légionnaire et Paul le parachutiste. Il explore avec eux l’histoire de sa famille, une histoire bornée par les guerres, rongée par les #silences et les #non-dits. Il dévoile dans un film impudique le roman d’un pays, la France, en #guerre avec elle-même.

    https://www.youtube.com/watch?v=Pp7qbNUUlV8

    #film #identité #identité_nationale #légionnaire #armée #nationalisme #France #fils_illégitime #histoire #histoire_orale #photographie #histoire_familiale #mémoire #France #Algérie #documentaire #Stéphane_Ragot

    • #Patria_Lucida

      Qu’ai-je fait ? Photographe, je revisite une collection de plusieurs centaines de tirages noirs et blancs. Je suis les traces de mes grand-pères militaires morts depuis longtemps, Pierre le légionnaire et Paul le parachutiste. J’explore avec eux l’histoire de ma famille, une histoire bornée par les guerres, rongée par les silences et les non-dits. Je photographie un pays plus très sûr de ses valeurs, en proie à la peur de l’autre, de l’étranger.

      Patria lucida n’est pas un livre de photos, c’est une aventure du visible qui raconte une histoire de France. Il y a le récit de celui qui voit. C’est le récit à la première personne d’un photographe qui tourne l’objectif vers lui, qui rassemble les traces d’un passé mal assumé. Il y a le regard posé sur celui qui voit. Bergounioux éclaire l’intime d’une lumière universelle, il relie nos petites vies aux mouvements de l’histoire.

      http://www.editionsbdl.com/images/files/books/368.d35dcdc3.png?ts=1475816647
      http://www.editionsbdl.com/fr/books/patria-lucida/422
      #livre
      cc @albertocampiphoto

    • D’une polémique débile sur « l’intégration » au « film-événement » Patria Obscura

      Voulant prendre le temps d’étudier les cinq rapports qui ont provoqué la polémique de bas étage que l’on sait (où des propos péremptoires ont été tenus par des « personnalités » qui n’ont lu aucun des dits rapports), j’ai différé ma Note. Je suis fort content d’avoir laissé passer ma colère. Hier soir, j’ai assisté à la projection, au Cinéma des cinéastes, de Patria Obscura, film réalisé par Stéphane Ragot.

      https://blogs.mediapart.fr/jean-bauberot/blog/171213/d-une-polemique-debile-sur-l-integration-au-film-evenement-patria-ob

  • L’affaire #di_falco relancée (Mediapart)
    http://www.wereport.fr/articles/laffaire-di-falco-relancee-mediapart

    Selon les informations de Mediapart, une assignation au #civil a été envoyée ce vendredi matin à Monseigneur Jean-Michel di Falco pour viols et agressions sexuelles sur mineur, quinze ans après avoir fait l’objet d’une enquête préliminaire en 2001, classée sans suite. Le diocèse de Paris est également assigné pour préjudice secondaire. Quinze ans après avoir...

    #Articles #Pédophilie_dans_l'Eglise #Société #eglise #pédophilie #procès #silence

  • This Is Your Brain on #Silence
    http://nautil.us/issue/38/noise/this-is-your-brain-on-silence-rp

    So we like silence for what it doesn’t do—it doesn’t wake, annoy, or kill us—but what does it do? When Florence Nightingale attacked noise as a “cruel absence of care,” she also insisted on the converse: Quiet is a part of care, as essential for patients as medication or sanitation. It’s a strange notion, but one that researchers have begun to bear out as true.

    #santé

  • Le mystère de la baie empoisonnée de Minamata

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/07/21/minamata-la-baie-empoisonnee_4972722_1650684.html

    En 1950, sur les plages, on commence à voir s’échouer des poissons morts. Personne ne fait vraiment attention. Un peu de temps passe et des promeneurs se mettent à raconter des histoires étranges : on voit dans la région des mouettes et des corbeaux incapables de prendre leur envol, leurs ailes prises de mouvements désordonnés et erratiques.

    Et puis ce sont les chats. Brutalement pris de spasmes, ils sont emportés par une danse de Saint-Guy qui les précipite parfois dans la mer et finit toujours par les tuer. C’est, enfin, sur les enfants, les femmes et les hommes de la baie de Minamata, dans l’extrême sud de l’archipel nippon, que le voile du cauchemar se dépose.

    « A la fin de l’année 1953, une mystérieuse maladie du système nerveux central commence à affecter les villageois de la baie de Minamata et, en 1956, elle prend des proportions épidémiques », écrivent deux médecins, Douglas McAlpine et Shukuro Araki, le 20 septembre 1958, dans la revue britannique The Lancet.

    C’est le premier article sur le sujet publié dans la littérature médicale internationale : le monde découvre la « maladie de Minamata », du nom de la ville enrôlée à son insu dans une sorte de vaste expérience qui fera plusieurs dizaines de milliers de victimes – le chiffre est âprement débattu et des procès sont toujours en cours.

    Infirmité motrice

    Les rapports des deux médecins sont glaçants. « Famille Kaneko : en 1954, le père a été frappé de dysarthrie [trouble de l’articulation], de tremblements et d’ataxie [trouble de la coordination]. Son état s’est lentement détérioré et il est mort en juin 1955 », écrivent-ils.
    Dans le même temps, ses deux enfants développent des troubles semblables, qui apparaissent un peu partout dans la région. « Famille Tanaka : en mars 1956, fébrilité d’une petite fille de 6 ans, pendant une journée. Ensuite, pendant deux à trois semaines, développement progressif d’une ataxie, d’une dysarthrie, d’une dysphagie [difficultés à la déglutition]. (...) En février 1958, elle était devenue sourde, muette, déficiente mentale et incapable de s’asseoir. »

    Bien vite, les troubles graves du développement explosent chez les nouveau-nés de la région. Une centaine de bébés nés au cours de la seule année 1955 dans la zone de Minamata développent une infirmité motrice cérébrale lourde. Dès les premières enquêtes, la thèse d’un empoisonnement par les produits de la mer s’impose. Mais par quoi ont été contaminés les animaux marins ?

    Responsabilité du méthyle-mercure

    « Il y avait à Minamata une usine chimique de la société Chisso qui déversait ses effluents dans la baie, raconte le spécialiste de santé environnementale Philippe Grandjean (université du Danemark-Sud, Harvard School of Public Health), auteur d’un ouvrage sur la pollution et le système nerveux central (Cerveaux en danger, Buchet-Chastel, 300 p., 22 euros). Or, l’usine avait mis au point un nouveau système de production de chlorure de vinyle qui utilisait du mercure comme catalyseur. » Ce dernier est déversé dans la mer sous sa forme la plus toxique : le méthyle-mercure.

    Pourtant, la thèse du mercure n’est pas évidente. D’abord parce que Chisso a longtemps nié qu’il y en ait la moindre trace dans ses effluents. Et puis, souligne Philippe Grandjean, « les nouveau-nés développaient des symptômes très marqués alors que leurs mères ne semblaient pas souffrir outre mesure des niveaux de mercure auxquels elles étaient exposées ».

    En 1959, un groupe d’experts réunis par le ministère de la santé japonais met en avant la responsabilité du méthyl-mercure mais s’abstient de mentionner la source de contamination, faute de « preuve scientifique ». Pour avoir le fin mot de l’histoire, il faut un peu de chance.

    « Dans cette région du Japon, les familles gardent dans une petite boîte le cordon ombilical de chaque enfant, comme porte-bonheur, raconte Philippe Grandjean. Un jeune étudiant en médecine, Masazumi Harada, a convaincu de nombreuses familles de lui en donner des fragments. Il a dosé la quantité de mercure présent dans chacun et a ainsi pu montrer que les enfants touchés par la maladie étaient ceux qui avaient été exposés à de fortes doses de mercure. » La preuve était apportée.

    Echantillons de cordon ombilical

    Mais jusqu’en 1968, Chisso et l’Etat japonais ont nié la responsabilité de l’usine… Ce n’était pas faute de savoir. En 1970, le médecin-chef de Chisso, Hajime Hosokawa, avoue sur son lit de mort que la société a conduit ses propres expériences, dès 1959 sur des chats, et a démontré sans l’ombre d’un doute que le méthyl-mercure présent dans les effluents de l’usine est la cause du mal. Le docteur Hosokawa, maître d’œuvre de l’expérimentation, avait reçu l’ordre de se taire… Et il s’est tu.

    Premier cas d’intoxication environnementale à grande échelle, la maladie de Minamata a montré que le cerveau en développement, lors de la vie intra-utérine, est sensible à certains polluants. Car, grâce aux échantillons de cordon ombilical testés, il est apparu que de très faibles niveaux de contamination au mercure peuvent expliquer des retards mentaux.

    Un demi-siècle de recherches ultérieures ont non seulement montré que le mercure issu des activités minières ou industrielles finit par s’accumuler dans la chaîne alimentaire marine, mais aussi qu’il altère les cerveaux en développement. Avec le risque de voir s’éroder les capacités cognitives des nouvelles générations.

    La communauté internationale commence seulement à prendre la mesure du problème. En 2009, les Nations unies préparent un traité pour faire cesser les émissions de mercure dans l’environnement et l’ouvrent à la signature quatre ans plus tard. Il est signé à ce jour par 128 pays, et 28 l’ont ratifié. Son nom tombe sous le sens : c’est la convention de Minamata.

    #William_Eugene_Smith #Minamata

  • Soupir (Sigh) : Sam Taylor-Johnson - Musée Guggenheim Bilbao

    http://www.guggenheim-bilbao.es/fr/expositions/soupir-sigh-sam-taylor-johnson

    Depuis les années 1990, les installations photographiques et de vidéos de l’artiste britannique Sam Taylor-Johnson explorent les émotions humaines les plus crues, en les isolant et en les présentant sous une forme fragmentée, soit en reconstruisant la narration, soit, comme pour Soupir (Sigh, 2008), en altérant notre perception de l’image et du son. Soupir est une installation audiovisuelle qui se compose de huit projections, dans lesquelles différentes sections de l’orchestre de la BBC semblent jouer la pièce musicale écrite tout exprès pour l’occasion par la prestigieuse compositrice Anne Dudley. Bien qu’on entende parfaitement la musique, les musiciens en réalité ne jouent pas sur leurs instruments mais imitent avec des gestes et des mimiques les mouvements propres à une interprétation musicale. L’absence d’instruments provoque une sensation de vulnérabilité en même temps que la mise en évidence de l’importance du mouvement corporel nécessaire pour jouer d’un instrument. Pour composer sa partition originale, qui dure huit minutes, Anne Dudley s’est inspirée des photographies de la série Fantômes (Ghosts, 2008) de Sam Taylor-Johnson – basée sur le roman victorien classique d’Emily Brontë, Les Hauts de Hurlevent – dans lesquelles l’artiste a capté Haworth Moor (Yorkshire), le paysage balayé par le vent où grandirent les sœurs Brontë et qui joue un rôle essentiel dans leurs œuvres littéraires. Sigh nous montre les musiciens de l’orchestre de la BBC interprétant une partition qui évoque ces parages sauvages et déserts, une œuvre interprétée avec des instruments étrangement invisibles avec un geste naturel mais probablement exagéré.

    #soupirs #art #musique #silence

  • #Alain_Corbin, les archives du #silence - Culture / Next
    http://next.liberation.fr/livres/2016/05/06/alain-corbin-les-archives-du-silence_1450954

    Alain Corbin a installé son bureau dans l’ancienne loge de la concierge, qui donne sur une jolie cour au pied de son appartement parisien. « Il y a un avantage ici, c’est le silence. » L’universitaire qui s’est un jour autodéfini comme historien « des comportements sensoriels et des dispositifs affectifs » fait paraître ces jours-ci une Histoire du silence. Depuis la publication du Miasme et la Jonquille, en 1982, Alain Corbin est un historien connu et aimé du public. Sans doute en partie parce qu’il travaille sur des sensations et émotions universelles et qu’il en parle, justement, de manière sensible.

    #histoire

  • Les âmes d’Atala » Blog
    http://zamdatala.net/category/blog

    Une histoire du silence – De la Renaissance à nos jours
    Alain Corbin

    Albin Michel

    Le #silence n’est pas la simple absence de bruit. Il réside en nous, dans cette citadelle intérieure que de grands écrivains, penseurs, savants, femmes et hommes de foi, ont cultivée durant des siècles. A l’heure où le bruit envahit tous les espaces, Alain Corbin revient sur l’histoire de cet âge où la parole était rare et précieuse. Condition du recueillement, de la rêverie, de l’oraison, le silence est le lieu intime d’où la parole émerge.

    Les moines ont imaginé mille techniques pour l’exalter, jusqu’aux chartreux qui vivent sans parler. Philosophes et romanciers ont dit combien la nature et le monde ne sont pas distraction vaine. Une rupture s’est produite, pourtant, aux confins des années 1950, et le silence a perdu sa valeur éducative. L’hypermédiatisation du XXIe siècle nous contraint à être partie du tout plutôt que de se tenir à l’écoute de soi, modifiant la structure même de l’individu.

    Redécouvrir l’école du silence, tel est l’enjeu de ce livre dont chaque citation est une invitation à la méditation, au retour sur soi. Avec ce goût pour l’insaisissable qui a donné naissance à ses plus grands livres, (Le miasme et la jonquille, Les cloches de la terre…), Alain Corbin nous invite à entendre une autre Histoire.

  • Artist Louise Bourgeois on How Solitude Enriches Creative Work
    https://www.brainpickings.org/2016/04/15/louise-bourgeois-solitude


    That vital role of solitude in art and life is what the great artist Louise Bourgeois (December 11, 1911– May 31, 2010) explores in several of the letters and diary entires collected in Louise Bourgeois: Destruction of the Father / Reconstruction of the Father: Writings and Interviews, 1923–1997 (public library) — an altogether magnificent glimpse of one of the fiercest creative minds and most luminous spirits of the past century.
    #solitude #silence #pensée #livre #louise_bourgeois