J’ai rencontré #Ceuxquifont (de la merde)
À Grenoble, des lieux permettent vraiment de voyager. Aujourd’hui, je vous propose de partir à la découverte de l’esprit « Silicon Valley » [1].. Ce que j’appelle l’esprit « Silicon Valley », c’est d’avoir à la fois les dents de requin du businessman avide, et à la fois le sourire mièvre du jeune cool du XXIème siècle. De n’avoir aucun scrupules pour développer des nouvelles applications numériques ineptes dans le seul but de se faire de la thune, de n’avoir aucun complexe pour détourner de l’argent public, et en même temps de bien aimer tout ce qui est convivial, bio, solidaire, éco-responsable ou partagé. À Grenoble, un lieu incarne mieux que tout autre cet esprit guidant la marche du monde : c’est Cowork In Grenoble. Vous ne connaissez pas ? Allez, je vous fais visiter.
La suite sur ►http://www.lepostillon.org/J-ai-rencontre-Ceuxquifont-de-la.html
Extraits :
(...)
Ce jeudi de mars, ni « Spontanez-vous », ni les feedbackers n’ont critiqué ou même posé des questions sur le sens et l’utilité sociale des projets présentés. Si j’avais eu plus de panache, je serais allé pitcher un projet idiot, comme vendre des drones permettant de suivre à la trace ses enfants ou sa femme potentiellement infidèle. Si j’avais osé, je suis presque sûr que je n’aurais eu que des retours sur ma manière de parler en public et les difficultés techniques de mon projet.
Car peu importe le sens ou la non-utilité sociale des innovations : ce qui compte pour les coworkers, c’est de « faire ». Sur un des murs de Cowork, il y a une affiche présentant un slogan représentant assez bien leur « esprit » : « we have a strategic plan, it’s called doing things » (nous avons un plan stratégique, il s’appelle faire des choses). Sur Twitter, le « hashtag » (mot-clef) favori des coworkers est #Ceuxquifont. Qui font quoi ? Peu importe. Inutile d’en discuter, car comme dirait Isabelle Millet, une des coworkeuses, sur Twitter : « je préfère #ceuxquifont à ceux qui parlent ».
(...)
En attendant, il fait la promotion d’un nouveau bouquin, écrit par une certaine Séverine Perron et intitulé Manifeste d’une femme de la Gen Y en 21#. Pour les incultes, je précise que « 21# » désigne le XXIème siècle, et « Gen Y » désigne la génération Y, soit les jeunes nés entre les années 80 et 2000 et ayant donc grandi avec l’Internet et l’impossibilité de se concentrer plus de cinq minutes sur la même chose. Je connais bien, j’en fais partie. Hélas, je n’ai pas réussi à me procurer le bouquin, par contre j’ai pu lire des extraits :
« La Gen Y veut Kiffer. La Gen Y veut prendre du plaisir dans TOUT ce qu’elle fait. Enthousiaste, positive, enjouée, dès que vous leur lancez des défis, le kiff est dans son ADN, un moteur bien plus stimulant que l’argent, le statut, tous ces attributs obsolètes du pouvoir. (…) La Gen Y est une Génération de makers.
Elle aime faire. C’est une génération pragmatique, ambitieuse, dans le « savoir faire » et le « faire savoir ». #ceuxquifont. Elle est très décomplexée. (…) Si vous voulez mener les changements indispensables à votre business, prenez des GenYiers dans vos équipes ! »
(...)
L’annonce, écrite par Matthieu Gentil, faisait envie : « Durant l’heure du déjeuner venez rencontrer Cyril qui vous livrera les ‘‘astuces’’ que l’on crois réservé au ‘‘grosse boite’’ [sic] pour améliorer sa tréso, préparer sa retraite (vous croyez encore au régime général vous ?) ou pour obtenir immédiatement des économies fiscales et sociales réelles. J’ai passé une heure avec lui, il est plein de ressources, je me devait [sic] de vous le faire rencontrer. »
Cyril est effectivement plein de ressources : il est expert-comptable. Pendant une heure, il a exposé plusieurs combines pour arrondir ses fins de mois. Attention : ces combines ne s’adressent pas à des galériens qui ont du mal à remplir leur frigo, mais plutôt à des requins qui ont du mal à remplir leur compte en Suisse.
Le premier truc s’adresse par exemple à ceux qui achètent un appartement pour le louer. « Partons sur un T3 à 170 000 euros, qui vous rapporte 800 euros par mois, soit 10 000 euros de revenus annuels. En conditions normales, vous aurez au moins 30 % de ponctionnés, et en plus l’impôt sur le revenu. Et bien moi j’ai une ficelle pour payer zéro euro d’impôts. Cela permet d’économiser 2500 euros par an sur au moins 30 ans ». Lecteurs fortunés, je suis désolé : je n’ai pas compris la ficelle.
#coworking #detournement_fiscal #generationY #siliconvalley #espritdeGrenoble