• À la fin, qui prendra en charge le #coût des #assurances ?

    Tempêtes qui se répètent, #primes qui s’envolent, retraits d’assureurs : à l’heure du #dérèglement_climatique, une question se pose : qui règlera, in fine, la note ?

    Des mutuelles ouvrières du XIXe siècle, créées pour amortir les coups durs du développement industriel, aux logiques actionnariales des multinationales contemporaines, l’assurance a toujours reflété les grands #risques de son époque.

    Désormais sous la pression d’événements climatiques à la fréquence et à la sévérité inédites, le secteur affronte une équation nouvelle : comment rester solvable et socialement légitime lorsque la #sinistralité (montants payés par une compagnie d’assurance pour des #sinistres) croît plus vite que les primes (encaissées) ? Entre flambée des tarifs, exclusions de garanties et menace d’#inassurabilité de territoires entiers, comment la #solidarité_assurantielle doit-elle se réinventer ?

    Chacun pour tous, et tous pour chacun

    Avant d’être une industrie financière pesant des milliards d’euros, l’assurance est née comme un simple pot commun : des membres cotisent, les sinistrés piochent, et le surplus (s’il existe) revient aux sociétaires. Des organismes de solidarité et d’#assurance_mutuelle créés dans le cadre de la #Hanse (la #Ligue_hanséatique, réseau de villes marchandes d’Europe du Nord entre le XIIIᵉ et le XVIIᵉ siècle) jusqu’aux #guildes médiévales, ces associations de personnes exerçant le même métier ou la même activité, la logique est déjà celle d’un #risk-pooling, un #partage_de_risque, à somme nulle. Chacun paie pour tous, et tous pour chacun.

    Dans les guildes du Moyen Âge, en Europe, chaque maître artisan versait un droit annuel qui finançait la reconstruction de l’atelier détruit par l’incendie ou le soutien de la veuve en cas de décès. Pour l’historien de l’économie Patrick Wallis, c’est la première caisse de secours structurée. Les chartes danoises de 1256, qui imposent une « aide feu » (ou #brandstød) obligatoire après sinistre, en offrent un parfait exemple, comme le montre le chercheur en politique sociale Bernard Harris.

    Le principe traverse les siècles. Au XIXe, les sociétés de #secours_mutuel instaurent la #ristourne, quand la sinistralité s’avère plus clémente que prévu. Aujourd’hui encore, près d’un assuré sur deux en incendies, accidents et risques divers (#IARD) adhère à une #mutuelle dont il est copropriétaire statutaire.

    L’équation financière reste fragile : lorsque le #climat transforme l’#aléa en quasi-certitude, la prime n’est plus un simple « partage de gâteau » mais une avance de plus en plus volumineuse sur des dépenses futures. Le groupe #Swiss_Re a calculé que, depuis 1990, les #pertes assurées liées aux #catastrophes_naturelles croissent de 5 % à 7 % par an – 137 milliards de dollars états-uniens en 2024, la tendance est à 145 milliards de dollars en 2025 (respectivement 118 milliards et 125 milliards d’euros).

    Le #modèle_mutualiste, fondé sur la rareté relative du sinistre et la diversification géographique, se voit contraint de réinventer sa solidarité si la #fréquence double et la #gravité explose… sous peine de basculer vers une segmentation aussi fine que celle des assureurs capitalistiques.

    Tarification solidaire et optimisation actionnariale

    À partir des années 1990, la #financiarisation injecte un nouvel impératif : la prime doit couvrir les sinistres, financer le marketing, rémunérer les fonds propres et, à l’occasion, servir de variable d’ajustement pour les objectifs trimestriels. L’#optimisation_tarifaire, popularisée sous le vocable de #price_optimisation, décortique des milliers de variables de comportements (nombre de clics avant signature, inertie bancaire, horaires de connexion) afin d’estimer le prix de réserve individuel, soit le prix minimum qu’un vendeur est prêt à accepter, ou qu’un acheteur est prêt à payer, lors d’une transaction.

    Autrement dit, on estime non plus seulement la prime la plus « juste » actuariellement (l’actuaire étant l’expert en gestion des risques), au sens que lui donnait Kenneth Arrow en 1963, mais aussi la prime la plus élevée que l’assuré est prêt à payer. La prime juste étant le coût moyen attendu des sinistres, le montant que l’assureur pense payer l’an prochain pour des risques similaires.

    L’Institut des actuaires australiens dénonce, dans son rapport The Price of Loyalty, une pénalisation systématique des clients fidèles, assimilée à un impôt sur la confiance. Au Royaume-Uni, le régulateur Financial Conduct Authorities (FCA) a frappé fort. Depuis le 1er janvier 2022, la cotation à la reconduction doit être identique à celle d’un nouveau client à risque égal ; l’autorité évalue à 4,2 milliards de livres l’économie réalisée pour les ménages sur dix ans.

    Cette bataille réglementaire va bien au-delà du prix. En reléguant la logique de mutualisation au second plan, l’optimisation comportementale renforce les indicateurs socioéconomiques indirects – comme l’âge, la fracture numérique ou la stabilité résidentielle –, qui finissent par peser davantage que le risque technique pur dans la détermination du tarif.

    Désormais l’assureur a accès à des #data_lakes (données brutes) privés, où l’assuré ignore ce qui rend sa prime plus chère. Par nature, les contrats restent rétifs à toute comparaison simplifiée. L’un affiche une #franchise de 2 000 euros, l’autre un plafond d’#indemnisation plus bas ou des #exclusions reléguées dans de minuscules clauses, de sorte qu’il faut un examen quasi juridique pour aligner réellement les offres, comme le soulignait un rapport de la Commission européenne.

    #Refus d’un dossier sur deux

    La montée des #événements_extrêmes illustre brutalement ces dérives. En Australie, trois phénomènes climatiques dans la première moitié de l’année 2025, dont le cyclone Alfred, ont généré 1,8 milliard de dollars australiens (AUD), soit 1 milliard d’euros, de demandes d’indemnisation. L’Insurance Council prévient que les primes habitation verront des augmentations à deux chiffres et certains contrats pourraient atteindre 30 000 dollars autraliens par an (ou 16 600 euros par an) dans les zones les plus exposées.

    Aux États-Unis, la Californie cumule #résiliations et refus de prise en charge. Un rapport mentionné par le Los Angeles Times montre que trois grands assureurs ont décliné près d’un dossier sur deux en 2023. Une action collective accuse de collusion 25 compagnies d’assurance dans le but de pousser les sinistrés vers le FAIR Plan, pool d’assureurs de dernier ressort aux garanties réduites.

    Vers l’« inassurabilité » systémique

    Le phénomène n’est pas marginal. Les assureurs réduisent leur exposition. Les assureurs états-uniens State Farm et Allstate ont cessé d’émettre de nouvelles polices en Californie, dès 2023. En Floride, parce qu’il intervient lorsque aucun assureur privé n’accepte de couvrir un logement à un prix raisonnable, l’assureur public de dernier ressort Citizens a vu son portefeuille grossir jusqu’à environ 1,4 million de polices au pic de la crise, puis repasser sous le million, fin 2024, grâce aux transferts (takeouts) vers des acteurs privés – un progrès réel, qui révèle toutefois un marché encore fragile. Au niveau mondial, Swiss Re compte 181 milliards de dollars états-uniens de pertes 2024 restées à la charge des victimes ou des États, soit 57 % du total.

    https://www.youtube.com/watch?v=ghkT9aLhqNU

    Face à ces écarts de protection croissants, les assureurs réduisent leur exposition. Cette contraction de l’offre rejaillit sur la finance immobilière : l’économiste Bill Green rappelle dans une lettre au Financial Times que la moindre défaillance d’assurance provoque, en quelques semaines, l’annulation des #prêts_hypothécaires censée sécuriser la classe moyenne états-unienne. Lorsque les assureurs se retirent ou lorsque la prime devient inabordable, c’est la #valeur_foncière qui s’effondre et, avec elle, la stabilité de tout un pan du système bancaire local.

    Refonder le #contrat_social_du_risque

    Des pistes se dessinent néanmoins. Le Center for American Progress propose la création de #fonds_de_résilience cofinancés par les primes et par l’État fédéral, afin de financer digues, toitures renforcées et relocalisations dans les zones à très haut risque.

    En Europe, la France conserve un régime #CatNat fondé sur une surprime obligatoire uniforme – 20 % en 2025 – pour un risque réassuré par la #Caisse_centrale_de_réassurance (#CCR). Ce mécanisme garantit une #indemnisation illimitée tout en mutualisant les catastrophes sur l’ensemble du territoire national. Combinés à une tarification incitative (franchise modulée selon les mesures de prévention), ces dispositifs peuvent préserver l’#assurabilité sans faire exploser les primes individuelles.

    Reste à traiter l’amont : limiter l’exposition en gelant les permis dans les zones inconstructibles, conditionner le financement bancaire à la compatibilité climat et pérenniser, à l’échelle nationale, une surtaxe de prévention climatique progressive qui financerait les adaptations structurelles tout en lissant les chocs tarifaires.

    À ce prix, l’assurance redeviendrait un #bien_commun : ni pur produit financier ni simple pot commun, mais une infrastructure essentielle où la société, et non plus le seul assureur, choisit sciemment la part de la facture climatique qu’elle accepte de supporter.

    https://theconversation.com/a-la-fin-qui-prendra-en-charge-le-cout-des-assurances-261610
    #coûts #changement_climatique #climat
    via et de @freakonometrics
    et aussi signalé par @sombre : https://seenthis.net/messages/1131842

  • USA : La Chambre des représentants vote en faveur de sanctions contre la CPI pour avoir poursuivi ‘Israël’ – Site de la chaîne AlManar-Liban
    https://french.almanar.com.lb/3159345

    La Chambre des représentants des États-Unis a approuvé jeudi un projet de loi imposant des sanctions aux responsables de la Cour pénale internationale (CPI) pour leurs poursuites contre « Israël », selon le New York Times.

    Le journal US a déclaré que cela est considéré comme une « attaque directe contre la Cour, en raison de sa décision d’accuser de hauts dirigeants israéliens d’avoir commis des crimes de guerre à Gaza ».

    Le projet de loi gèlerait les avoirs et refuserait les visas à tout ressortissant étranger ayant contribué aux efforts de la CPI pour « enquêter sur des citoyens américains ou des citoyens de pays alliés, y compris Israël ».

    Le New York Times a noté dans ce contexte que cette mesure avait été approuvée par la Chambre des représentants dominé par les Républicains l’année dernière, mais n’a pas été adopté par le Sénat dirigé par les Démocrates.

    « Or, aujourd’hui après la victoire de Trump, elle sera sans doute approuvée vu que les Républicains ont pris le contrôle des deux chambres du Congrès », a-t-elle ajouté.

  • DIRECT - Le gouvernement Bayrou dévoilé : Elisabeth Borne, Manuel Valls et Gérald Darmanin font leur retour | Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/politique/direct-gouvernement-de-francois-bayrou-une-annonce-en-debut-de-semaine-

    18h54 : Laurent Saint-Martin passe du Budget au Commerce extérieur
    18h52 : Yannick Neuder, député LR, est nommé à la Santé
    18h50 : Catherine Vautrin nommée ministre du Travail
    18h49 : La macroniste Amélie de Montchalin nommée aux Comptes publics
    18h49 : L’ex-ministre socialiste François Rebsamen nommé ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation
    18h48 : Retailleau reconduit à l’Intérieur, Barrot aux Affaires étrangères, Lecornu aux Armées
    18h47 : Elisabeth Borne nommée ministre d’Etat, en charge de l’Education nationale
    18h47 : Eric Lombard, directeur de la Caisse des dépôts, nommé à l’Economie
    18h47 : Gérald Darmanin nommé ministre d’Etat, en charge de la Justice
    18h46 : L’ex-Premier ministre socialiste Manuel Valls nommé ministre d’Etat en charge des Outre-mer
    18h46 : Laurent Marcangeli, à la Fonction publique
    18h45 : Rachida Dati conserve son poste à la Culture
    18h44 : Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, dévoile les noms des ministres
    18h44 : Aurore Bergé de retour, en charge des Discriminations et de l’Égalité femmes-hommes

  • Risques et périls : les assurances face aux #catastrophes_naturelles

    Alors que le mois d’octobre a été marqué par des inondations impressionnantes en France et en Espagne, la capacité de notre #système_d’assurance à affronter la multiplication des #sinistres pose question. Dans quelle mesure le #changement_climatique bouleverse-t-il l’écosystème assurantiel français ?

    Ces dernières années ont été marquées par une multiplication et une intensification des catastrophes naturelles en France et dans le monde, ce qui mécaniquement accroît le nombre et le montant des sinistres.

    En France, les spécificités du modèle d’#indemnisation des catastrophes naturelles, introduit en 1982 sous la présidence Mitterrand, garantit un cadre protecteur à la fois pour les assureurs et pour les assurés. Côté assureurs, le risque de défaut est minimisé grâce à l’existence de la #Caisse_Centrale_de_Réassurance (#CCR), organisme à #capitaux_publics, qui “assure les assureurs” ; côté assurés, l’obligation légale de souscrire au régime dit “#Cat-Nat” dès lors qu’un contrat d’#assurance_habitation est signé permet de garantir un taux de couverture supérieur à 95% - alors qu’il n’est que de 60% en Europe.

    Toutefois, cette intensification manifeste interroge sur la capacité des assurances à maintenir un modèle économique viable : la Caisse Centrale de Réassurance a annoncé avoir enregistré un déficit technique de 80 millions d’euros en 2023 ; dans certains pays, les #primes_d’assurances sont si élevées que les populations ne peuvent plus s’assurer. De plus, la multiplication des catastrophes naturelles dans certaines régions et le perfectionnement progressif des modèles prédictifs incite les compagnies d’assurance à se retirer du marché, ce qui pose le défi du “#protection_gap” (i.e. d’écarts de couverture entre les territoires).

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/entendez-vous-l-eco/risques-et-perils-les-assurances-face-aux-catastrophes-naturelles-992748

    #assurances #risques_climatiques
    #audio #podcast

  • Dérèglement climatique : dans les zones sinistrées, des #assurances lâchent la barque

    Face à l’augmentation des catastrophes naturelles, le monde de l’assurance craint de ne plus pouvoir assumer à terme. Les cas de #résiliation de contrat après des sinistres d’ordre climatique se multiplient, pour les #particuliers comme pour les #municipalités.

    Pour celle qui réside depuis toujours à Andres (Nord), c’est un peu la triple peine. Au début de l’année 2024, Chantal a subi deux inondations coup sur coup, d’une semaine à l’autre. Mais en plus, quelques semaines plus tard, une missive informe la retraitée qu’elle vient de perdre son contrat d’assurance.

    Dans le courrier, l’assureur précise qu’il « se doit d’être extrêmement vigilant quant aux caractéristiques des risques assurés. Pour maintenir un service de qualité au meilleur prix à l’ensemble de ses clients ». « Pourtant, en près de cinquante ans de contrat, je n’ai eu que deux sinistres », jure la Nordiste, qui a rompu les multiples contrats qu’elle détenait avec sa famille pour montrer son incompréhension. D’autant que, dans sa rue, qui a été inondée, « plusieurs voisins [lui] ont signalé être dans le même cas ».

    Edwige a eu la même mauvaise surprise. Propriétaire à Houlle dans le Pas-de-Calais, elle a subi deux inondations, coup sur coup. « La première, en novembre 2023, où l’eau est restée dix-sept jours dans la maison. Et une seconde en janvier pendant laquelle l’eau est restée cinq jours, ajoutant à cela le gel », retrace-t-elle. Et la conséquence a été la même. Son assureur a résilié son contrat après avoir payé pour ces deux sinistres.

    « Notre rôle d’assureur est bien sûr de tenir nos engagements en réglant les sinistres. Cependant, nous devons aussi veiller à offrir le meilleur tarif et à préserver l’équilibre de la mutuelle dans l’intérêt de l’ensemble de ses sociétaires. L’analyse de votre dossier nous contraint donc à ne pas reconduire votre contrat à la prochaine échéance et à mettre fin à vos garanties le 31 mars 2024 », explique l’assureur dans son courrier.

    « Ce genre de cas est en train de gentiment augmenter depuis quelques années », observe Gwenahel Thirel, avocat rouennais spécialisé dans les litiges entre assureurs et assurés. Il rappelle tout de même que « tout cela est parfaitement légal, puisque c’est la liberté contractuelle qui prévaut, au même titre qu’un assuré qui voudrait mettre fin à son contrat ».

    « Ces gens sont victimes, et du réchauffement climatique, et de ces comportements », dénonce l’avocat, pour qui « on a tendance à oublier que l’assurance, c’était de la solidarité. À la base, cela sert à payer des dégâts à hauteur de ce que personne ne pourrait se permettre de payer, avec l’argent mutualisé ».
    Les municipalités trinquent

    « On voit de plus en plus de litiges de manière générale », explique auprès de Mediapart Arnaud Chneiweiss, médiateur de l’assurance, chargé de tenter de régler ces litiges à l’amiable. « De plus en plus de ces dossiers sont liés à des sinistres climatiques », explique-t-il, citant en particulier le cas des sécheresses.

    Selon le rapport d’activité de la Médiation de l’assurance pour 2022, l’association a reçu 21 502 saisines. « Cela représente une augmentation de 9,2 % par rapport à 2021 et de presque 50 % sur les trois dernières années », développe l’organisme dans son rapport. « Les événements climatiques, qu’ils soient ou non qualifiés de “catastrophe naturelle” au sens légal, représentent début 2022 10 % des saisines relatives à l’assurance dommages. En 2019, ce n’était que 6 % », notent les auteurs.

    « Ce que je vois, c’est le désengagement de certains assureurs à bas bruit, qui ne peut pas encore vraiment se quantifier, car ils sont encore suffisamment nombreux pour qu’un sinistré qui se voit résilié trouve un nouveau contrat. Même si c’est parfois difficile », poursuit l’ancien conseiller ministériel.

    Des experts de l’assurance anticipent « une augmentation des coûts des sinistres pour les inondations allant de 6 à 19 % selon les scénarios climatiques » d’ici à 2050.

    Pour le médiateur, « il y a une vraie crainte de certains acteurs, y compris d’assureurs, car rien dans la loi n’interdit de ne plus assurer un territoire ». Si certains particuliers commencent tout juste à subir, dans une proportion encore mineure, des difficultés à s’assurer dans des zones particulièrement identifiées comme propices aux catastrophes naturelles, ce sont les municipalités qui ont trinqué en premier.

    C’est devenu l’une des préoccupations d’Éric Ménassi, maire de Trèbes (Aude), depuis des inondations en 2018. Deux ans plus tard, au terme de son contrat d’assurance, la compagnie avec qui la municipalité travaillait depuis des années a décidé de ne pas continuer. « Parce que depuis peu, pratiquement tous les ans, nos bâtiments publics étaient inondés », analyse l’édile.

    Les cas défraient régulièrement la chronique, au point que l’Association des maires de France (AMF) a organisé, lors de son dernier congrès en octobre 2023, une table ronde à l’intitulé éloquent : « Ma commune est-elle assurée ? ». Certaines communes, y compris moyennes, comme Dinan (Côtes-d’Armor), sont contraintes de faire appel à des assureurs étrangers.
    Stratégies d’évitement

    Une augmentation du nombre de ces cas qui a convaincu Alain Chrétien, maire de Vesoul (Haute-Saône), de défendre l’élargissement des prérogatives du médiateur de l’assurance aux collectivités territoriales. Celui qui fait aussi partie d’une mission d’information de l’AMF dédiée à cette problématique estime à 1 500 le nombre de communes qui auraient été touchées par une résiliation de contrat ou augmentation subite des prix.

    Courant avril 2024, un rapport visant à « adapter le système assurantiel français aux enjeux climatiques » a été écrit et remis à Christophe Béchu. Selon son décompte, en 2022, les coûts d’indemnisation de dommages liés à des aléas climatiques s’élevaient à 10,6 milliards d’euros, à la suite d’épisodes intenses de grêle et de sécheresse.

    Les experts y anticipent « une augmentation des coûts des sinistres pour les inondations allant de 6 à 19 % selon les scénarios climatiques » d’ici à 2050. « Les estimations varient selon les études, [...] d’un facteur 2 à un facteur 10 pour les submersions marines », prend pour exemple le rapport.

    Dans l’étude remise au ministère de la transition écologique, les auteurs évaluent à plus de 1 milliard d’euros par an le déséquilibre financier du régime d’indemnisation de catastrophe naturelle « à climat actuel ». Dans ces conditions, « les assureurs peuvent être tentés, pour se protéger, d’adopter des stratégies d’évitement des zones à plus forte exposition aux aléas naturels », anticipent-ils.

    De son côté, France Assureurs tombe d’accord : « Il y a un vrai enjeu, surtout dans le futur. » En revanche, le syndicat des compagnies d’assurance dit n’avoir pas « observé d’augmentation des résiliations de contrats d’assurance des collectivités locales », ni « des saisines du bureau central de tarification qu’il est possible de faire lorsque la résiliation est liée aux catastrophes naturelles ».

    Pour le syndicat, « l’assurance n’est pas le problème et joue plutôt le rôle de révélateur : elle met en lumière la montée des risques auxquels les collectivités locales sont confrontées. Dans un contexte d’augmentation significatif des aléas climatiques ». France Assureurs a même dû plusieurs fois revoir à la hausse les prévisions d’augmentation des coûts d’indemnisation. Le nom de la campagne de communication lancée pour l’occasion donne à voir la crainte qui gagne le milieu : « Pour une France assurable ».

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/250924/dereglement-climatique-dans-les-zones-sinistrees-des-assurances-lachent-la
    #assurance #changement_climatique #climat #sinistres #France

    • Inondations, sécheresse... Ces communes qui ne trouvent plus d’assureurs

      Résiliation, hausse des primes et des franchises… Les relations se tendent entre les assureurs et les collectivités. En cause : l’augmentation des sinistres, essentiellement climatiques.

      Cet été, la commune de Vitry-en-Artois a reçu un courrier de rupture du contrat d’assurance sur la responsabilité civile et la flotte automobile pour aggravation du risque climatique. Au 31 décembre prochain, la commune ne sera plus couverte. « Si on ne trouve pas de nouvel assureur, on ne pourra plus utiliser les voitures », assure un proche de la mairie. Pourtant Vitry n’a été touchée ni par les émeutes ni par les aléas climatiques, assure-t-il.

      Cette situation n’est pas isolée. Dans une consultation en ligne menée par le Sénat, 20% des communes interrogées disent avoir subi une résiliation du contrat à l’initiative de l’assureur, « avec des durées de préavis parfois incompatibles avec le lancement d’un nouvel appel d’offres ».
      Une explosion des sinistres liés au climat

      Ces chiffres sont dus à l’augmentation des sinistres, essentiellement liés au climat comme l’ont illustré les très fortes inondations de la semaine dernière. En cause aussi, les émeutes urbaines et la mise en cause des élus et collectivités en responsabilité.

      Selon le bilan annuel de la fédération France Assureurs, les sinistres liés au climat ont coûté 6,5 milliards d’euros en 2023 aux assureurs. Après 1999 (16,6 milliards d’euros avec les tempêtes Lothar et Martin) et 2022 (10,6 milliards d’euros à cause des épisodes de sécheresse et de grêles), c’est la troisième année ayant coûté le plus cher au secteur.

      En 2023, les sinistres climatiques pesaient encore lourds pour la SMACL et s’élevaient à près de 50 millions d’euros. « En 2024 la tendance restera supérieure aux années moyennes et dans les mêmes proportions » conclut la compagnie, confirmant un triste bilan.

      Les prévisions montrent que cette tendance va augmenter. D’après la Caisse centrale de réassurance (CCR), les dommages causés par les sinistres dus aux catastrophes climatiques (inondations, sécheresse, submersion marine, cyclones, tremblement de terre) pourraient augmenter de 40% d’ici 2050. (60% si l’on prend en compte l’augmentation de la valeur globale des biens des assurés).

      Le désinvestissement des assureurs

      Face à ce constat, les compagnies ne souhaitent plus assurer les communes. Les relations se tendent entre les assureurs et les collectivités.

      D’après la consultation menée par le Sénat, 24% des collectivités ayant répondu n’ont eu aucune réponse à leur appel d’offre. Et quand elles recevaient des réponses, les montants des primes et franchises proposées étaient en forte hausse par rapport au contrat précédent.

      48% des répondants ont évoqué une dégradation de la relation au cours des 10 dernières années et 24% une forte dégradation. Plus précisément, ce sont 29% des collectivités ayant répondu qui ont vu leur contrat d’assurance faire l’objet d’un avenant depuis le 1er janvier 2023 (pour 94% avec une hausse de la cotisation, pour 27% avec une hausse des montants de franchise). Certaines collectivités estiment que ces hausses ne sont pas justifiées.

      Pour Alain Chrétien, maire de Vesoul et auteur d’un rapport datant d’avril 2024 sur l’assurabilité des biens des collectivités locales avec Jean-Yves Dagès, ancien président de Groupama, « les maires concernés balancent entre la sidération, la colère et l’incompréhension ».

      Les communes « ne sont pas des clients comme les autres », explique t-il, à cause de leurs missions de service public de proximité indispensables à la vie sociale : crèches, écoles, gymnases, centres sociaux… « Sans assurance c’est tout un pan de notre société qui est mis à mal » martèle le rapport.
      Sur le marché, une situation « d’oligopole » avec deux assureurs principaux

      Cette désertion des assureurs s’explique en partie par une absence de concurrence sur le marché. Aujourd’hui, il n’y aurait que deux principales compagnies sur le marché : les groupes mutualistes Smacl, filiale de la Maif, et Groupama. Une situation « d’oligopole » dénonce le rapport d’Alain Chrétien et Jean-Yves Dagès.

      La guerre des prix menée en 2010 a notamment provoqué « une sous tarification des contrats » qui a fait « fuir » de nombreux assureurs du marché. La sous tarification s’est inversée en 2023, avec des prix souvent trop élevés pour les communes. L’offre est si tarie aujourd’hui que certaines communes s’assurent… à l’étranger.
      La prévention au cœur des réflexions

      Le rapport Chrétien et Dagès appelle à changer la donne. L’objectif est de faire revenir les assureurs. Il préconise par exemple de modifier les procédures de passation des marchés publics en les assouplissant. Par ailleurs, la Caisse centrale de réassurance a officialisé jeudi 17 octobre la création d’un observatoire de l’assurabilité qui permettra d’identifier les endroits désertés par les assureurs.

      Travailler sur la prévention est aussi au cœur de la stratégie : d’après la SMACL, « en nous appuyant sur plusieurs études, nous savons qu’un euro investi dans des mesures préventives par les collectivités permet à minima de réduire jusqu’à sept euros le coût des sinistres ». Pour Stéphanie Durrafour porte-parole d’assurland.com à BFMTV, « il va falloir aller sur le terrain de la prévention et faire en sorte que les terrains soient adaptés au dérèglement climatique ».

      https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/assurance-banque/inondations-secheresse-ces-communes-qui-ne-trouvent-plus-d-assureurs_AV-20241

  • #Belgique : Inondations de 1953 : Quand le papa de Geluck caricaturait les manquements du gouvernement Adrian Thomas - Solidaire
    https://www.solidaire.org/articles/inondations-de-1953-quand-le-papa-de-geluck-caricaturait-les-manquements-

    Les récentes inondations ne sont pas les premières que notre pays ait subies. On pense à celles de 1926, 1987, 1993 ou encore 2011. Le raz-de-marée de février 1953 a défrayé la chronique pour son bilan meurtrier (2 551 morts) et les dégâts causés. Mais aussi parce que les actions du gouvernement n’ont pas été à la hauteur des besoins des nombreux sinistrés. Ces insuffisances n’avaient pas échappé au crayon du caricaturiste Diluck, le papa de Philippe Geluck, le dessinateur de la célèbre BD « Le chat ».


    Didier Geluck (1924-2011), ici avec le réalisateur soviétique Andréï Tarkovski, dessine quotidiennement dans Le Drapeau rouge dans les années 1950. Il devient dès 1955 directeur de Progrès films, distributeur de films du bloc de l’Est. (Photo D.R.)

    En 1953, Didier Geluck (1924-2011) croque l’actualité dans Drapeau rouge, le quotidien du Parti communiste de Belgique (PCB). Quand surviennent les inondations en février, Diluck n’y va pas de main morte dans ses dessins. Une tempête en mer du Nord fait alors céder les digues. L’eau envahit les terres et noie 1 836 villageois néerlandais. Le Royaume-Uni est aussi très atteint. Quant aux Belges, 28 sont tués en Flandre, le long de la Côte et de l’estuaire de l’Escaut. 10 000 familles sinistrées se retrouvent sans abri, en plein hiver.

    La solidarité de la classe travailleuse
    Très vite, la solidarité se met en marche. La Croix-Rouge et le PCB, entre autres, récoltent des fonds, des vêtements, des couvertures et des vivres. Comme en 2021, des centaines de volontaires affluent pour apporter leur aide aux victimes de la catastrophe. Par exemple, les ouvriers des ACEC cèdent collectivement le salaire d’une journée et acheminent à Ostende un camion rempli de literie.

    De son côté, le gouvernement rase les murs. Le PCB exige que le Premier ministre Jean Van Houtte (PSC, ancien cdH) rende compte au fur et à mesure de l’aide délivrée aux sinistrés. Mais bien vite, le Parti social-chrétien, seul au gouvernement, s’en lave les mains. En accordant à peine dix millions de francs (un peu moins de 250 000 euros) à la Croix-Rouge et en refusant d’indemniser les victimes.

    C’est que cette calamité tombe mal : le ministre des Finances Albert-Édouard Janssen (qui est également banquier) a prévu une hausse des impôts afin de financer une « armée européenne ». Avec la guerre de Corée (1950-1953), la Guerre froide s’est en effet fortement réchauffée et menace de dégénérer. Les Américains poussent donc les nations ouest-européennes à s’unir, en premier lieu militairement, dans l’éventualité d’une troisième Guerre mondiale contre l’Union soviétique et la Chine.

    L’inaction gouvernementale caricaturée
    Dans ses caricatures pour Drapeau rouge, Diluck tourne en dérision le cynisme du gouvernement, qui s’obstine à défendre coûte que coûte son budget. « Ah non, rien à faire, les sinistrés n’en auront pas un sou ! », fait-il dire au Premier ministre.

    « Prendre l’argent dans le budget de la guerre ? Vous êtes fou, mon brave ! Et nos tanks… et nos traitements ? », prête Diluck à un général obtus.

    Sur un autre dessin, deux ministres calculent : « Nous augmentons les impôts de 5%. Les sinistrés paient les impôts, n’est-ce pas ? Ils paient donc les dégâts subis par l’État. Il ne restera plus rien pour les indemniser, dites-vous ? Et la charité publique, alors ? », concluent les « margoulins ».

    Diluck raille aussi Baudouin. Le roi est sur la Côte d’Azur et rechigne à revenir de vacances. Il va tardivement saluer des sinistrés devant les photographes mais retourne aussitôt à Antibes.

    Son antipathie passe mal en Belgique. La presse se déchaîne. Des journaux étrangers évoquent même la reprise de la récente Question royale, conclue de justesse en 1950 par l’abdication de Léopold III. C’est suite aux gaffes de Baudouin que le Palais créera un service pour la presse. Quant à l’armée européenne (CED), le projet va échouer.

    Concernant les inondations, les autorités se voient bien obligées d’investir dans l’élévation des digues. Ainsi naît le Plan sigma (programme de gestion des inondations et de l’écosystème, le long de l’Escaut, en Flandre). Des digues qu’il faut sans cesse rehausser. Jusqu’où ? En revanche, les sinistrés, eux, ne verront jamais l’ombre d’une aide gouvernementale.

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  • Au moins 119 #morts dans l’ #incendie d’un abattoir en Chine

    La #Chine connaît, ce lundi, l’un des #sinistres les plus meurtriers depuis une douzaine d’années. L’incendie d’un #abattoir de #volailles à Dehui, dans le nord-est du pays, a fait au moins 119 morts.

    Une tragédie humaine qui souligne les désastres liés aux manquements des règles de sécurités les plus élémentaires

    http://www.lefigaro.fr/international/2013/06/03/01003-20130603ARTFIG00544-au-moins-119-morts-dans-l-incendie-d-un-abattoir-

    Revue de Presse Hebdomadaire sur la Chine du 03/06/2013