Des milliers de bâtiments menacés d’effondrement au Liban : quid des chiffres et des solutions ? - L’Orient-Le Jour
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Suite aux secousses de cette semaine, l’Association libanaise des propriétés (ALP) a publié mardi un communiqué dans lequel elle rappelle que, selon les derniers chiffres d’il y a deux ans, provenant d’un recensement de l’armée, il y aurait plus de 16 000 bâtiments en danger plus ou moins imminent d’effondrement, « surtout à Beyrouth et ses environs (plus de 10 000) et dans le Nord, notamment à Tripoli (plus de 4 000) ».
Des chiffres qui « ne prennent même pas en compte les dégâts occasionnés par l’explosion au port de Beyrouth en 2020, ni les destructions actuelles au Liban-Sud depuis le début de la guerre en octobre 2023 », souligne toutefois Andira Zouhairi, fondatrice de l’ONG en 2014.
Soha Mneimné, ingénieure experte en urbanisme et chercheuse, qui a participé à un recensement lors d’une initiative baptisée « Meter Moukaab » il y a deux ans, souligne quant à elle que les chiffres sont à prendre avec des pincettes. « Ces données sont anciennes et doivent être actualisées, certains de ces bâtiments peuvent avoir été rénovés, il vaut mieux bâtir ces avertissements sur des chiffres récents et vérifiés pour éviter de semer la panique », affirme-t-elle. Ce qui ne veut pas dire, se ravise-t-elle, qu’il n’existe pas un réel problème de bâtiments menacés.
Cette prudence n’est pas partagée par Paul Nacouzi, actuel président de la branche des ingénieurs consultants civils à l’ordre des ingénieurs. Il souligne que selon les recensements les plus récents effectués par l’ordre, il y aurait non moins de 20 000 bâtiments en état avancé de délabrement, et que ce serait loin d’être exhaustif, parce que personne n’a encore été en mesure de couvrir toutes les régions, certaines échappant à tout contrôle, à l’instar des camps de réfugiés par exemple.
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Les niveaux de gravité sont évidemment ascendants. « Les cas les plus graves sont ceux dont la structure est endommagée, d’autres ont des façades décrépites qui constituent un danger pour les passants, et d’autres encore présentent des dommages à l’intérieur », souligne Paul Nacouzi. Selon les estimations, dit-il, près de 20 % des bâtiments considérés aujourd’hui en danger seraient irrécupérables et devraient être démolis, les autres pouvant être sauvés avec des travaux.