#slavaukraïni

  • BHL, le sparadrap du Palais, par Pierre Rimbert
    https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2023-02-23-Le-sparadrap-du-Palais

    C’est l’une des malédictions de l’Élysée : depuis trente ans, tout président de la République française sait qu’un jour ou l’autre #Bernard-Henri_Lévy viendra rue du Faubourg Saint-Honoré, pour faire un selfie avec des amis ou réclamer une mission internationale. Il assiégea François Mitterrand en 1993 pour favoriser le destin d’Alija Izetbegović, président bosniaque. Jacques Chirac tenta de l’éloigner en février 2002 en lui confiant la rédaction d’un rapport sur l’Afghanistan. M. Nicolas Sarkozy, qu’il persuada d’intervenir militairement en Libye, le vit débarquer en avril 2011 avec des membres du Conseil national de transition. Puis il toqua à la porte de M. François Hollande en 2014 flanqué des favoris à la présidentielle ukrainienne. Comme chacun pouvait s’y attendre, #BHL s’est présenté le 8 février dernier au moment où MM. Volodymyr #Zelensky et Emmanuel Macron se retrouvaient à Paris.

    Ces apparitions coïncident généralement avec la sortie d’un livre ou d’un film où le comédien-philosophe combat le Mal et commente ses propres réflexions d’une voix enrouée. Diffusés sur la chaîne publique Arte, dont BHL a présidé le conseil de surveillance depuis 1993 (trente ans là aussi…), ces documentaires crépusculaires ravissent le Tout-Paris des médias. Le Point (où BHL est chroniqueur, 16 février), L’Express (16 février) ; France 2 (18 février), Paris-Match (18 février), Le Journal du Dimanche (19 février), France Inter (20 février), Le Figaro (21 février), Le Parisien (22 février), L’Opinion (22 février), Technikart (février), etc. ont salué le dernier en date, Slava Ukraini – gloire à l’Ukraine. Le démarrage est tonitruant : « 208 entrées France mercredi pour #SlavaUkraïni ! en comptabilisant la séance hier à 20 h en présence de BHL au cinéma l’Arlequin (Paris 6ème, situé près des cafés du Flore et des 2 Magots) », affirme « Destination ciné » au soir du lancement. Réunir plus de spectateurs que de journalistes louangeurs, le défi reste à relever…

    En période de creux, le réalisateur pourvoit lui-même à la promotion de son œuvre. « Mon film aux Nations unies. Pas celui que je suis en train de tourner, là, maintenant, (…). L’autre, Pourquoi l’Ukraine, qu’a diffusé Arte en juin », écrit-il il y a cinq mois dans son bloc-notes du Point (3 novembre 2022). BHL raconte alors comment un diplomate a fait applaudir un film de BHL qui met en scène BHL : « Voici l’ambassadeur Nicolas de Rivière – très en pointe depuis février dans le soutien à Zelensky – qui monte à la tribune pour présenter le film au nom de la France. (...) Et voici la salle qui, quand arrivent le générique de fin et la musique de Slava Vakarchuk, fait une standing ovation aux vivant et aux morts. » Et au réalisateur ?

    Toutefois, l’inquiétude point chez les amis de Bernard-Henri Lévy. Au fil des mois, le philosophe caricature sa caricature, comme si son personnage, pris d’une rage apocalyptique, lui avait échappé. Ainsi, la guerre d’Ukraine opposerait, d’un côté « des violeurs, des pédophiles, des tueurs, qu’on a sortis de prison pour aller se battre à la place des soldats, et, de l’autre, une armée citoyenne ». Par conséquent, « il faut dénazifier la #Russie », anéantir les incarnations maléfiques que représenterait M. #Vladimir_Poutine puis les dirigeants chinois, iranien, turc. Un vaste programme : « La victoire ukrainienne doit être totale, sans appel ». « Il faut que la #Russie capitule si l’on veut que la Chine recule à Taïwan ».

    Il faut aussi aller vite. « Je vais mourir bientôt. C’est fini. J’ai 75 ans. J’en ai plus pour longtemps », a expliqué BHL à #Christine_Angot qui rédigeait un article affectueux de plus à son sujet (Le Journal du Dimanche, 19 février). Certains se demandent si le fantôme de l’Élysée ne désire pas secrètement que le reste de la planète l’accompagne.

    #chien_de_garde #charlatan #laquais_de_l’impérialisme