• Deepfakes pornographiques : quand l’intelligence artificielle sert à humilier
    https://www.nextinpact.com/article/72477/deepfakes-pornographiques-quand-lintelligence-artificielle-sert-a-humili

    Avec les progrès de l’IA, notamment générative, il n’a jamais été aussi simple de créer des deepfakes, ces manipulations d’images qui peuvent impliquer des personnes réelles. Certains s’en servent pour créer des montages pornographiques. Premières victimes de cette dérive : les femmes.

    « Ah, je viens de tomber sur un truc horrible ! » Le 6 août, la youtubeuse Lena Situations publie l’un de ses habituels vlogs d’août (chaque année, elle publie une vidéo par jour pendant le mois d’été). À la huitième minute de sa vidéo, on la suit, en route pour aller rencontrer une copine, quand elle tombe sur un deepfake pornographique. À Marcus, l’ami qui l’accompagne, elle explique : « C’est des gens qui font des montages, ils mettent ta tête sur le corps d’une femme nue. (…) Et y a tellement de meufs sur internet qui vivent ça. C’est horrible. C’est dégueulasse. »

    Si les prouesses d’un ChatGPT et des concurrents ont de quoi épater, si les progrès de l’intelligence artificielle tiennent largement en haleine, ces progrès technologiques apportent aussi leur lot d’usages négatifs. En matière de génération d’images, depuis 2018 au moins, des alertes se multiplient sur la question des deepfakes, aussi nommés hypertrucages, notamment à caractère pornographique.

    #deep_fake #cyberharcèlement #slut_shaming #women_hating

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Slut-shaming

  • Isabelle Clair : « Les ados se raccrochent à la norme du couple »
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/isabelle-clair-les-ados-se-raccrochent-a-la-norme-du-couple-20230310_NGEE

    Ils sont loin d’être non binaires, tentés par la fluidité sexuelle, le polyamour ou l’homosexualité. Ou alors pas encore, dans longtemps peut-être… A l’#adolescence, on rêve d’être en #couple, les #filles ont peur de passer pour des « putes », les #garçons pour des « pédés ». Le premier baiser, le rapprochement vers l’autre sont autant de moments d’excitation intense que d’angoisse profonde, de confusion aussi. La sociologue au CNRS #Isabelle_Clair appelle ces premières amours les Choses sérieuses, dans un livre enquête publié cette semaine au Seuil. La chercheuse a passé vingt ans à écouter des adolescents (de 15 à 20 ans) sur le thème de l’#amour et de la #sexualité, dans des cités de Seine-Saint-Denis, des villages de Sarthe ou des quartiers aisés parisiens. Un travail de recherches inédit qui déjoue les idées reçues sur les amours adolescentes.

    Comment expliquer que le couple soit si central dans les premières expériences amoureuses ?

    La norme conjugale n’arrive pas avec l’âge adulte, le mariage ou l’installation à deux. A 14 ans, les jeunes deviennent célibataires. C’est ainsi qu’ils se définissent… quand bien même ils étaient déjà seuls avant ! Mais ce que ce mot vient révéler, c’est le changement de statut, d’enfant à célibataire, ressenti comme un manque : le célibat est vécu comme quelque chose de déficitaire. Ce n’est que plus tard, au cours de la vingtaine, que la sexualité bouge et explore davantage, avec une remise en cause du couple et parfois une pluralité assumée des expériences sexuelles. Les ados, eux, sont plus balbutiants. Ils ont tendance à se montrer très conformes aux modèles amoureux classiques. L’inexpérience est plus paralysante que vraiment audacieuse, particulièrement durant les années collège. Un glissement intervient à partir du lycée.

    Vous dites que, dans l’enfance et en début d’adolescence, les filles et les garçons vivent « ensemble séparés »…

    L’expression du sociologue Erving Goffman décrit bien leur relation à cet âge : on se côtoie sur les bancs de l’école, mais assez peu dans les cours de récréation. Même si la mixité à l’école existe depuis plus de cinquante ans, la construction des garçons et des filles reste fondée sur la différence, de la façon de s’habiller aux loisirs. Pendant l’enfance et au début de l’adolescence, on apprend surtout à ne pas côtoyer « l’autre sexe » avec lequel il est attendu qu’on prenne ses distances quand on est un garçon, et dont il est difficile d’être proche quand on est une fille. Les premières rencontres amoureuses doivent donc dépasser la peur et l’angoisse de désirer l’autre de qui, jusque-là, on était éloigné : faire le premier pas pour les garçons et ne pas dire oui trop vite, sans non plus faire attendre trop longtemps, pour les filles. C’est pour cela que les ados se raccrochent aux normes, comme celle du couple. Elle rassure mais elle est aussi anxiogène, étouffante. Revient souvent dans les propos des adolescents la difficulté de se conformer à la norme, d’autant qu’elle prend racine et justifie sa reproduction dans la « nature ». Ainsi les filles seraient naturellement sentimentales, les garçons naturellement sexuels… ce qui veut dire qu’à un niveau subjectif individuel, on est à peu près sûr de ne jamais se sentir normal. On a souvent l’impression qu’individuellement on n’est pas raccord avec ce qu’on devrait être, ce qui crée un malaise.

    Mais le couple valorise aussi, rend désirable…

    Etre en couple donne le pouvoir de s’afficher, procure la possibilité d’être choisi ou de choisir quelqu’un : cela veut dire qu’on est désirable, qu’on a de la valeur, qu’on est populaire, beau, belle. C’est lié au désir et à la sexualisation qui survient à cet âge-là. Elle affecte les garçons et les filles de manière différenciée. Les filles entrent dans le radar de cette sexualisation dès qu’elles commencent à avoir un peu de poitrine, qu’elles se transforment physiquement. Elles doivent en permanence donner des gages pour ne pas passer pour des « putes ». Le couple leur assure une forme de protection, non dénuée de violence aussi, il leur donne une respectabilité.

    Vous citez cette jeune fille qui n’est pas amoureuse de son petit copain, mais elle a couché avec lui dès la première soirée et s’oblige donc à rester avec lui plusieurs semaines…

    Elle a eu une relation sexuelle à l’occasion d’une soirée et ne le vit pas très bien au réveil. Elle nourrit une forme de culpabilité, typique des filles, et s’invente un couple. Elle se force, donne le change et se rassure sur elle-même en tentant de respecter cette norme. La morale amoureuse pour les filles doit lier trois éléments : désir sexuel, sentiments et conjugalité. Il faut aimer et être en couple pour pouvoir coucher, le couple servant de preuve et de cadre. C’est cela qu’on attend d’elles. Les garçons, eux, sont plutôt encouragés à savoir dissocier ces trois aspects de la morale amoureuse. A mettre à distance le sentiment amoureux. Pour les garçons, l’enjeu est de devenir « grand », un « vrai mec » c’est-à-dire de ne pas passer pour un « pédé ». Beaucoup de garçons qui auront à partir du lycée ou plus tard une trajectoire sexuelle gay passeront, au collège, par des expériences conjugales avec des filles pour brouiller les pistes.

    A quoi ressemblent ces couples adolescents ?

    Cela peut être simplement un « veux-tu sortir avec moi ? ». Cela dure deux jours, un peu de parades dans la cour et quelques serments. Il y a des caresses aussi, le premier rapport sexuel vers 14 ans est très minoritaire. Le premier baiser arrive autour de 13 ans et le premier rapport sexuel autour de 17 ans, un âge qui ne bouge pas vraiment depuis des décennies. Bien sûr, il n’y a pas de cohabitation, il y a quelque chose de l’ordre de l’artifice en fait. Les couples adolescents sont en tension : « C’est du sérieux », disent-ils souvent, mais ils sentent bien qu’il y a une inadéquation, qu’ils n’arrivent pas complètement à coller au modèle. Cela sonne faux.

    Il y a beaucoup de jalousie ?

    La conjugalité, même à cet âge, c’est l’exclusivité sexuelle, particulièrement pour les filles. C’est aussi un espace de contrôle pour les autres, public et visible. Celle qui déroge à la frontière du couple est dénoncée, jugée. La jalousie est donc fréquente, surtout dans les classes populaires où elle est davantage valorisée comme signe d’amour. Les garçons sont beaucoup plus inhibés sur l’expression de l’amour. Ils n’ont pas intérêt à avoir l’air d’être trop amoureux, signe de dépendance et d’infériorité par rapport aux filles. La jalousie leur permet une forme d’expressivité affective. Les filles le prennent pour une preuve d’attachement, quand bien même cela peut les exposer à de la violence, à du contrôle, à de la remontrance dont elles souffrent assez souvent. Dans la bourgeoisie en revanche, la jalousie est plus souvent mal perçue : c’est de l’enfantillage. Etre pris au sérieux, c’est plutôt arriver à maîtriser ces sentiments.

    Le fantasme est aussi une façon de traverser l’instabilité sentimentale de cette période…

    Beaucoup de filles traversent l’adolescence en fantasmant des relations… Il suffit parfois de peu – un regard, un premier rendez-vous qui n’a pas abouti, pour monter une histoire dans sa tête, qui peut durer plusieurs années, parfois une adolescence entière, parfois de manière très intense, sans que rien ne se passe jamais. Je me souviens d’une jeune fille qui m’a confié un jour qu’elle était amoureuse depuis deux ans d’un garçon dont elle ne savait quasiment rien. Un amour secret. Elle se rendait souvent au garage où il travaillait juste pour l’apercevoir… Elle en avait un peu honte, mais ces relations fantasmées sont aussi une forme de liberté. Ces amours seulement dans la tête peuvent être des pis-aller, faites de peurs et d’échecs, des relations que ces jeunes filles n’arrivent pas à réaliser. Mais pas seulement. C’est aussi le vertige du fantasme. Cela procure du plaisir. Les garçons que j’ai rencontrés pour mon enquête ne m’ont jamais confié ce genre d’histoires. Elles étaient probablement encore plus difficiles à raconter que pour les filles, surtout à une femme.

    De manière plus générale, l’homosexualité n’est toujours pas bien acceptée chez les jeunes que vous avez rencontrés…

    L’homosexualité est très disqualifiée, dans les classes populaires davantage que dans la bourgeoisie progressiste où la gayfriendliness est devenue une « morale de classe », un enjeu de distinction sociale. Mais nulle part, les couples de garçons ne s’affichent dans les espaces scolaires, et la rencontre se fait sur les réseaux sociaux, pas dans les soirées du samedi soir qui sont une extension du milieu scolaire. Parmi les jeunes parisiens aisés que j’ai rencontrés, les garçons homosexuels pouvaient afficher des vêtements ou des goûts musicaux ouvertement gays au lycée, en tout cas en filière littéraire, alors qu’ils ne le faisaient pas au collège. Certains ont brouillé les pistes au collège en formant des couples avec des filles, mais plusieurs sont entrés dans la sexualité génitale directement par l’homosexualité sans passer par l’hétérosexualité, un phénomène qu’on voyait jusqu’alors très rarement.

    Et l’homosexualité féminine ?

    Dans les milieux populaires où j’ai enquêté, il n’en était pas question. Ça ne voulait pas dire qu’il n’y en avait pas, mais on n’en parlait pas. Plusieurs filles issues de milieux bourgeois m’ont en revanche expliqué être entrées dans la sexualité avec des filles. Surtout, certaines s’affichent comme des couples de filles, y compris à l’école ou sur Instagram. Elles ne s’identifient jamais comme lesbiennes. Aucune. A leurs yeux, c’est péjoratif. Elles se disent que si elles passent pour lesbiennes, les garçons ne voudront plus d’elles.

    Vous notez que la notion de consentement est très présente dans tous les milieux.

    L’école, même si elle participe aussi à la reproduction du genre, a beaucoup fait sur la question du consentement, très intériorisée chez les garçons comme chez les filles. Ceci dit, la question du consentement était déjà posée depuis longtemps à travers l’idée qu’une fille « bien » doit faire attendre les garçons, et que le garçon doit attendre qu’elle soit « prête »… Il y a déjà bien une vieille histoire de consentement dans cette transaction. Mais alors comment savoir où est le consentement réel ? Les filles disent à un moment « je suis prête ». Mais elles ne disent pas, contrairement aux garçons, « j’ai envie ». Dans toute cette négociation avec elles-mêmes, avec ce qu’on attend d’elles socialement, la question de leur propre désir passe après. D’abord il y a l’amour, la respectabilité sexuelle… Les enquêtes de grandes échelles sur la sexualité montrent d’ailleurs que les femmes devenues adultes sont très nombreuses à regretter leur « première fois » : ce n’était pas la bonne personne, c’était trop tôt…

    Comment se passe la rupture, chez ces jeunes couples ?

    Elle peut être synonyme de chagrin et de perte pour celui qui est quitté. Le chagrin peut prendre la forme de la colère de manière plus acceptée chez les garçons. Une partie de la conjugalité reste construite sur l’idée d’appropriation des filles par les garçons, et quand elles les quittent, ils peuvent continuer à se sentir propriétaires d’elles, à les insulter, à se sentir avilis si elles couchent avec d’autres. Mais une chose surprend souvent les jeunes quand ils rompent, c’est de ne rien ressentir, à part le monde qui s’ouvre à nouveau. Les garçons, plus que les filles, évoquent le sentiment d’enfermement conjugal, sans doute aussi parce qu’il est plus légitime pour eux de parler du couple comme d’un problème. Je pense qu’en réalité, beaucoup de filles se sentent enfermées elles aussi, mais ne le formulent pas ainsi. Et par ailleurs, pour elles, la rupture est plus coûteuse. D’une part parce qu’elle peut être l’occasion d’une décharge de violence de la part des garçons. Et de l’autre parce que, « seules », en dehors de tout lien d’appropriation, elles sont à nouveau exposées au stigmate de la "pute".

  • LE MYTHE DE LA LIBIDO FEMININE FAIBLE

    Récapitulons : les femmes sont génitalement mutilées, lapidées, fémicidées, individuellement et collectivement violées, stigmatisées, slut shamed si elles prétendent prendre le contrôle de leur sexualité. Elles sont utilisées comme instrument masturbatoire disposable, soumises dans les rapports sexuels à des pratiques pornographiques dégradantes et dangereuses (étranglement, tirage de cheveux, etc.), privées de toute possibilité d’expérimenter une sexualité gratifiante par leur réduction au rôle de simples auxiliaires de la jouissance des dominants. Et vivent sous la menace toujours présente de leur violence. A cela s’ajoute la fatigue de la double journée, l’exaspération et le ressentiment envers un conjoint qui vous laisse assumer 80% des tâches domestiques et familiales, la charge mentale, les tue-le-désir des chaussettes sales qui traînent et autres promiscuités quotidiennes qui désérotisent le partenaire. Et on s’étonne—si même elles ne simulent pas un orgasme pour ménager l’ego masculin—qu’elles ne manifestent pas un enthousiasme démesuré pour les rapports sexuels standard ? Attribuer aux femmes des pulsions sexuelles faibles, c’est un peu comme de remplir la gamelle de son chat de navets, lui envoyer une décharge électrique à chaque fois qu’il s’en approche et en déduire qu’il n’a pas faim.

    Toutes les sociétés patriarcales sont obsédées par le contrôle de la sexualité des femmes, et toute manifestation d’autonomie sexuelle de leur part y est vécue comme menaçant leur existence même. Cette sexualité a donc toujours été férocement réprimée depuis des millénaires dans la quasi-totalité des cultures–ce qui fait d’elle une terra incognita.

    On ne peut donc pas avoir la moindre idée de ce que serait une sexualité féminine absolument libre—parce que, au moins dans les temps historiques, elle ne l’a jamais été. Nonobstant les slogans des 70s, la libération de la sexualité féminine—celle où les femmes feraient exactement ce qu’elles veulent sexuellement et surtout ne feraient pas ce qu’elles ne veulent pas–n’a toujours pas eu lieu : avec l’omniprésence du porno, on a de nouveau changé de norme, les femmes sont désormais tenues de « s’éclater » sexuellement mais le projet patriarcal qui sous-tend ces injonctions contradictoires est toujours le même : l’image de la « chaudasse » pornifiée et celle de la bonne mère asexuée ne sont que les deux faces d’une même entreprise immémoriale de répression de toute forme autonome de sexualité féminine.

    #féminisme #hétérosexualité #mâle-alphisme #viol #culture_du_viol #male_gaze #parasitisme #excision #slut_shaming #harem #éthologie #libido #harcelement

  • « Bon, voilà, la "nouvelle" est tombée, François Hollande aurait une liaison avec une autre femme que sa compagne dite "officielle". Je ne sais pas comment font les gens qui écrivent les articles qui parlent de ça parce que moi, rien que d’écrire cette phrase, je me dégoûte un peu. C’est-à-dire que je ne vois pas du tout en quoi cela nous concerne. Et qu’en plus, il y a derrière cette annonce une telle hypocrisie. »

    https://www.nouvelobs.com/notre-epoque/20201113.OBS36051/si-j-etais-francois-hollande-mais-je-suis-moi-voila-ce-que-je-ferais-main

    Pour reprendre un commentaire très drôle « Un point de vue que j’épouse totalement. »

    #sexualité #adultère #infidélité #slut_shaming

  • DE LA TOUTE PUISSANCE DES PRÉDATEURS HAUT-PLACÉS

    [TW : #Violences_psychologiques]

    [TW : Mention de suicide]

    Ce texte est long, mais il mérite d’être lu. Il vous raconte ce que c’est que l’emprise.

    Vous êtes autorisé·es et même plus que bienvenu·es à le partager largement.

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    Novembre dernier, j’ai pris la décision de quitter ma thèse et la licence dans laquelle je donnais cours pour les mêmes raisons qui ont poussé mon amie, que nous allons appeler « Ewilan », à mettre fin à sa vie.

    J’ai rencontré cet enseignant — partons sur « M. Ts’liche » — en L3, quand j’étais enceinte, isolée dans une ville éloignée de Nancy et dans un couple qui battait déjà de l’aile, traumatisée par un premier accouchement assez violent. Vulnérable, donc, comme je l’avais déjà été souvent, avec mon profil psy assez lourd dont la tentative de suicide à 17 ans.

    Quelle bouffée d’air frais quand ce professeur, directeur de la licence, s’intéresse à vous ! Quel soulagement que ces longues heures passées à discuter par messenger, cette conversation presque ininterrompue et de plus ne plus intime alors que vous vous sentiez si perdue et désœuvrée. C’est même moi qui, un jour, ai initié un contact physique : je l’ai pris dans mes bras à la fin de l’année, si reconnaissante de cette attention qu’il m’offrait, un peu angoissée à l’idée de quitter la formation — et lui ! — pour l’été. Qu’est-ce que j’allais pouvoir faire dans ma vie si vide ?

    Mais ouf ! la conversation ne s’arrête pas à la faveur de l’été. Elle ne s’arrête jamais, en fait. Heureusement, parce qu’on en a besoin. De plus en plus, et très vite. Vous sentez bien que le ton devient un peu ambigu, un peu dragueur, mais ce n’est pas bien méchant que ce ton badin légèrement séducteur, et puis vous pouvez bien le supporter en échange de cette narcissisation dont vous aviez tant besoin. Ce n’est même pas désagréable en fait, vous êtes un peu « l’élue », la complice à qui on envoie des petits sms pendant les cours ou les colloques, à travers laquelle on fait passer des petites infos au reste de la promo. Celle si spéciale à qui il raconte toute sa vie, ses anciennes aventures, ses « casseroles » comme on dit. Il vous trouve merveilleuse quand vous vous êtes si souvent sentie indésirable. La gratitude pour toute cette attention vous fait donner ce qu’il attend, des mots et des gestes attentionnés. Vous êtes prête à tout pour continuer d’être « aimée ».

    Très vite, le prix à payer augmente. Le #chantage_affectif, les gestes ou propos hors limites que vous acceptez néanmoins tôt ou tard, la perspective d’être abandonnée étant bien plus terrible que celle de céder à la fin d’une scène durant laquelle on vous a reproché de dire non à une main un peu trop baladeuse, de mettre une photo de profil vous représentant avec votre conjoint, ou encore de prétendre boire un verre avec vos camarades à la fin des cours alors qu’il avait prévu ce créneau chaque semaine spécialement pour vous. Vous vous faites enfermer, prétendument sans qu’il y pense, dans une image de duo qu’il entretient férocement, en « chuchotant » à grand bruit devant la promo entière un compliment déplacé, en vous demandant devant elle si vous « allez bien » en plein cours ou pourquoi vous n’avez pas pensé à son café à lui quand vous revenez de la machine après la pause. Un jour, il vous demande même, devant toute votre bande de copines de fac, de lui mettre un morceau de gâteau dans la bouche sous le prétexte qu’il tient sa pipe dans une main et son paquet de tabac dans l’autre. Vous êtes gênée, mais c’est seulement de la maladresse, il ne se rend pas compte, vous n’allez pas le blesser pour ça, enfin ! Parallèlement, il supporte assez mal que vous vous entichiez de nouveaux·elles ami·es, et vous trouve des raisons de les considérer finalement assez nocif·ves. Cette copine que vous appréciez particulièrement, par exemple, essaie de vous « voler » votre sujet de mémoire, ne le réalisez-vous donc pas ? Et ce professeur qui vous a prêté un livre après une conversation sympathique, vous devriez vous en méfier, c’est un feignant obsédé par le pouvoir. D’ailleurs, vous entrez dans ses petites mesquineries, il se moque auprès de vous d’à peu près tout le monde et, flattée de cette marque d’intimité et de confiance, vous entrez dans ce petit jeu-là comme dans les autres. La confusion, quant à elle, s’est installée depuis un moment : si vous avez tant peur qu’il vous « quitte », c’est forcément que vous avez des sentiments que vous n’osez pas vous avouer.

    J’ai passé presque une année dans cette relation perverse qui m’étouffait chaque jour un peu plus, comme un moucheron dans une toile, l’étau d’autant mieux resserré grâce à cette impression donnée à tout notre entourage commun que nous étions une entité indéboulonnable — ainsi que l’impression que l’on couche ensemble, accessoirement.

    Le hasard de la vie m’a fait passer une soirée avec un amour passé : je me suis rappelé ce que c’était, justement, l’amour, et réalisé que cette relation qui me préoccupait et m’angoissait toujours davantage n’en était pas. C’est ce qui m’a donné le courage de mettre fin à tout ça.

    On ne se libère néanmoins pas de M. Ts’liche sans frais, et la vague de #violence verbale a été terrible. Je m’étais servie de lui, grâce à moi il savait « ce que l’étron ressent lorsqu’on tire la chasse », et quand il a été question de me faire participer à un colloque alors que j’étais en M1 seulement, j’ai été rassurée sur mes craintes d’être injustement avantagée : « t’as pas besoin de craindre que je te favorise, parce que là j’aurais plutôt envie de t’enfoncer la tête sous l’eau jusqu’à ce que tu te noies ».

    La vague de violence directe est passée, les vacances d’été aidant. Je suis arrivée en M2 le cœur serré d’angoisse, j’étais honteuse et dégoutée par cette histoire, je me sentais coupable, me disais que c’était un peu de ma faute, que j’avais pêché par narcissisme, que j’avais forcément, à un moment ou à un autre, laissé la porte ouverte, sinon il n’aurait pas pu s’y engouffrer si facilement. Et l’année suivante j’ai malgré tout fait une thèse avec lui. Parce que j’étais persuadée que c’était avec lui ou pas du tout — il avait tout fait pour construire cette certitude –, et j’avais travaillé si dur pour avoir des résultats excellents et des chances optimales d’obtenir ce contrat doctoral. On m’avait même dit que si je renonçais à mon projet de thèse à cause de lui, je le laissais gagner deux fois. Alors j’y suis allée. J’ai tâché de feindre une relation cordiale, de faire un effort pour que ce doctorat se passe au mieux. Je me suis convaincue qu’il n’avait pas réalisé le tort qu’il m’avait causé, aussi, et qu’une nouvelle page pouvait commencer, un retour à des échanges de travail normaux dans des conditions à peu près saines.

    Évidemment, c’était se voiler la face. Durant ces années de doctorat, je n’ai pas été encadrée, pas présentée, pas soutenue. J’ai été maltraitée. Ma tentative de relation à peu près cordiale le temps de cette thèse n’a pas vraiment rencontré de succès — au début, les petits reproches sur mon manque d’intérêt pour sa vie personnelle m’ont demandé un certain art de l’esquive ; après, j’ai été ballotée entre le fait d’être ignorée et celui de me faire décourager. Je me suis sentie marginalisée, mise de côté de tous les colloques, des pots et repas de doctorants, des événements où j’étais censée être intégrée. J’ai tenté d’en parler, il m’a alors laissé penser que c’était le fait des autres doctorant·es, décidé·es à activement m’exclure — surtout une parmi elleux, jalouse que soit arrivée une « autre jolie femme ». Une conversation à cœur ouvert avec la « jolie femme » nous aura permis de découvrir, bien plus tard malheureusement, la manière dont nous avions été roulées dans la farine, elle apprenant qu’elle était manipulatrice et jalouse, moi qu’il fallait se méfier de moi et de mes ambitions carriéristes me poussant à détruire tout et tout le monde sur mon passage. Diviser pour mieux régner. J’ai réalisé que je serai punie à jamais d’avoir osé m’extraire — dans une certaine mesure seulement pourtant — de cette emprise, et qu’il m’avait prise en thèse pour des raisons qui n’avaient pas l’air très bienveillantes.

    J’ai dû payer mes postures politiques, aussi. Subir des interventions grossières lors de mes communications (quelle désagréable expérience de se faire couper la parole pour entendre « Mais bien sûr, que les réalisatrices s’approprient les héroïnes, et après les noirs feront des films pour les noirs et les pédés (sic) feront des films pour les pédés ! »). La dernière année a été la pire : j’avais de plus ne plus de mal à rester de marbre, et on en est arrivé à une relation où M. Ts’liche ne se donne même plus la peine de ne pas répondre « Ah non ! » sur un ton similaire à « plutôt crever » quand on lui suggère de me convier à un repas d’après soutenance. Ce jour-là, j’ai compris qu’il fallait définitivement admettre que je n’avais plus droit à la moindre foutue considération ou once de respect. Mais aussi que, au fond, je n’étais jamais totalement sortie de cette emprise, que j’avais encore peur qu’il m’en veuille, et que j’attachais encore de l’importance à son regard sur moi. Qu’il était encore en mesure de me faire du mal. Je ne pouvais plus le supporter, faire semblant et fermer ma gueule, alors je me suis rendue à l’évidence : tant pis pour la thèse, il devenait vital de partir.

    Cette prise de conscience et de parole a son élément déclencheur, évidemment : j’ai tenu bon toutes ces années en me mettant comme limite que je réagirais et parlerais si je le vois faire ça à une autre. Je me disais qu’il y avait peu de risques : il n’est plus tout jeune, et puis il m’a après tout dit lui-même qu’il n’avait pas l’habitude de faire ça, que j’étais « exceptionnelle ».

    Il y a bien eu cette jeune masterante, un été pendant une semaine de colloque, qu’il avait fait venir et avec qui il entretenait une relation très visiblement malsaine. J’ai entendu alors des propos très déplacés de la part des autres universitaires . Certains ont même participé à la « fête » à coup de « blagues » dégradantes dans l’indifférence (presque) générale. Mais elle n’était là que pour la semaine et n’était pas son étudiante à lui. Je me suis rassurée, malgré mon écœurement, en me disant que son éloignement géographique la protégeait de lui.

    Et puis il y a eu Ewilan, sa nouvelle doctorante arrivée en 2019. On se connaissait déjà un peu et s’appréciait, partageant des affinités humaines et politiques, mais on s’est vraiment liées d’amitié en devenant collègues. Puis, peu de temps après la rentrée, j’ai été témoin d’une scène intrigante : j’ai vu M. Ts’liche arriver dans la pièce où nous étions, saluer bruyamment et ostensiblement son autre doctorante et tourner le dos à Ewilan, pourtant à deux mètres à peine, indifférent à ses timides tentatives de le saluer.

    « J’ai rêvé ou il ne t’a pas dit bonjour ?

    – Ah non tu n’as pas rêvé, il me fait la gueule et m’ignore depuis cet été. »

    Alors, elle m’a tout raconté. La relation malsaine qu’ils avaient depuis sa L3, où il l’emmenait et l’exhibait partout au début, lui envoyait des sms même dans la nuit, lui faisait des confidences intimes. Parfois lui criait dessus, mais finissait par lui mettre un bras autour des épaules en lui disant « Mais Ewilan, vous savez bien que si on se dispute tous les deux c’est parce qu’on s’aime trop. ». Jusqu’au jour, à la fin de son master, où, pour un prétexte bidon, il l’a « abandonnée » pour la punir de d’avoir « manqué de loyauté », ne lui offrant de l’attention plus que par miettes, suffisantes néanmoins pour qu’elle reste sous contrôle. Elle aussi, il l’a marginalisée après l’avoir rendue dépendante de son attention continuelle, profitant de la vulnérabilité psychologique qu’elle présentait également pour la malmener.

    Je crois que ça a été pire pour Ewilan. Elle était plus jeune et plus fragile que je ne l’avais été, et surtout elle n’a pas eu la chance d’être celle qui stoppe tout ça, de reprendre un peu de contrôle, de réinvestir au moins un peu une place de sujet après avoir été si longtemps un objet. Je peux imaginer, pour l’avoir tant craint, le sentiment d’abandon et de rejet insupportable qu’elle a dû ressentir.

    La voilà celle à qui il refaisait subir ça. La voilà, la fin de ma capacité à encaisser silencieusement ; en novembre dernier, j’ai commencé certaines démarches pour partir et pour dénoncer les agissements de M. Ts’liche — qui ont le plus souvent été bien peu entendues, mis à part par une personne qui m’a montré tout de suite le soutien dont j’avais désespérément besoin et que je remercie du fond du cœur.

    J’accuse M. Ts’liche, 6 ans après le début de toute cette histoire, de harcèlement moral, de violences psychologiques et d’abus de son pouvoir et de sa position hiérarchique, et ce notamment et dans les cas les plus graves pour mettre sous emprise des jeunes femmes vulnérables.

    Je reproche à un certain nombre de personnes une complaisance inacceptable face à tout cela. J’ai encaissé des « plaisanteries » pleines de sous-entendus sans que ces personnes ne se soucient de comment je vivais une relation dont les indices extérieurs semblaient plus les amuser que les inquiéter. J’ai raconté mon histoire, tâché de faire part de mon mal-être personnel et de mes inquiétudes pour les suivantes et souvent je n’ai trouvé qu’un mur, une minimisation des actes que j’avais subi ; on m’a demandé de me taire et de laisser tomber toute volonté de procédures pour éviter que ça rejaillisse sur toute l’équipe et porte préjudice à la licence. Certains de mes interlocuteurs ont admis le tempérament toxique de M. Ts’liche mais ne semblaient pas vouloir y faire quoi que ce soit. Il a même ses défenseur·euses acharné·es, qui semblent considérer que sa sympathie avec elleux prouve qu’il est sympathique avec tout le monde, loyaux·ales jusqu’au bout, qui trouvaient toutes les bonnes raisons de justifier ses comportements abusifs, qu’il est pour le coup loin de ne réserver qu’à ses proies : ses colères terribles quand il n’obtient pas ce qu’il veut, ses humiliations publiques, etc.

    Ce mail, je l’écris depuis des mois dans ma tête en en repoussant depuis autant de temps la rédaction. Je savais déjà comme je voulais le finir : « à partir de maintenant et pour la suite, vous ne pourrez plus faire comme si vous ne vous rendiez pas compte ». Ewilan m’a prise de court. Ewilan qui concentrait l’essentiel de mes inquiétudes, dont j’avais également fait part à certains enseignants de mon équipe pédagogique. Elle me parle depuis des mois de son mal-être, de ses idées noires. J’ai fait ce que j’ai pu pour qu’elle ne se sente pas seule, puis pour la convaincre qu’elle pouvait partir, qu’il n’était pas tout puissant en dépit de ses efforts pour nous en convaincre. « J’suis pas prête », qu’elle disait. Elle est partie finalement, pas comme je voulais, en me laissant une demande très claire que j’honorerai du mieux que je peux. Avec tout juste quelques mots en cadeau de départ, mon Ewilan peut se vanter d’avoir chez moi fait partir toute la colère, et d’avoir envoyé un gros stock de courage et de détermination.

    Car certains diront qu’elle est facile, ma place. Opportuniste, même. Aucun doute que je serai traînée dans la boue, taxée de manipulatrice. Je suis prête. Parce que c’est faux, elle n’est pas facile cette place, elle ne me fait et ne me fera rien gagner. Elle me demande d’être courageuse. Je ne veux punir personne, même pas M. Ts’liche. Je veux juste que les opportunités de recommencer lui soient retirées, je veux juste que soit refusé tout ça, qu’importe si ça demande de sortir de son confort ou de la facilité. Plus jamais de M. Ts’liche, plus jamais d’Ewilan. Ça suffit.

    J’aimerais bien que vous soyez courageux et courageuses, vous aussi.

    https://medium.com/@Camille_Thizbel/de-la-toute-puissance-des-pr%C3%A9dateurs-haut-plac%C3%A9s-d875001c28a6
    #suicide #ESR #enseignement_supérieur #témoignage #Camille_Zimmermann #culpabilité #harcèlement #contrat_doctoral #maltraitance #marginalisation #emprise #peur #sentiment_d'abandon #abus_de_pouvoir #harcèlement_psychologique #harcèlement_moral #complaisance #plaisanteries #manipulation #prédation

    • Omerta mode d’emploi

      Hier, jeudi 10 septembre 2020, nous avons republié sur Academia du texte émouvant de Camille Zimmermann à la mémoire de sa consœur doctorante qui avait mis fin à ses jours. Est-ce son témoignage ou plutôt la pression syndicale qui a pesé ? Ce matin, la présidence s’est fendu d’une lettre au personnel de l’Université de Lorraine.

      La lettre de Prof. Pierre Mutzenhardt, Président de l’Université de Lorraine, Président de la commission Recherche et Innovation de la CPU, a connu une large diffusion et n’était en rien confidentielle : nous la reproduisons en l’assortissant d’une petite explication de texte.

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      À : « all-ncy-ens » <all-ncy-ens@univ-lorraine.fr>, « all-ncy-ater-ens » <all-ncy-ater-ens@univ-lorraine.fr>, « all-ncy-lecteur-ens » <all-ncy-lecteur-ens@univ-lorraine.fr>, all-ncy-biatss@univ-lorraine.fr
      Cc : « president » <president@univ-lorraine.fr>
      Envoyé : Vendredi 11 Septembre 2020 09:04:13
      Objet : [all-ncy] Evénement tragique

      Mesdames, Messieurs,

      Une doctorante de notre établissement a mis fin à ces jours au début du mois d’août. Il s’agit d’un événement plus que terrible et dramatique. Très rapidement, avec la directrice de l’école doctorale, nous avons été en contact avec la famille de la doctorante et avons, je l’espère, respecté au mieux ses volontés. Nous avons pu rencontrer ses parents à la fin du mois d’août.

      Il apparaît que ce drame pourrait être lié en partie aux conditions de sa thèse et à son environnement professionnel. En conséquence, l’ouverture d’une enquête du CHSCT sera proposée le vendredi 11 septembre lors d’un CHSCT exceptionnel de l’établissement pour examiner ces conditions de travail et faire des recommandations.

      Par ailleurs des témoignages récents, indépendants de ce que peuvent diffuser les réseaux sociaux, font état de faits qui pourraient être qualifiés de harcèlement. Ils m’ont amené à diligenter une enquête administrative rapide qui a pour but d’établir les faits de manière contradictoire et d’en tirer toutes les conséquences.

      J’ai également suspendu de manière conservatoire le professeur et directeur de thèse de la doctorante le temps de l’investigation administrative pour protéger l’ensemble des personnes y compris lui-même.

      Enfin, nous devons être attentifs également aux jugements hâtifs, à ne pas confondre ce qui relève de témoignages avec les accusations qui se propagent sur les réseaux sociaux. Si les réseaux sociaux peuvent être des révélateurs de situations, ils sont aussi devenus des armes qui blessent, harcèlent et propagent trop souvent la haine. Nous avons pu nous en rendre compte à d’autres occasions.

      Très attaché aux valeurs de notre établissement, je m’engage à prendre toutes les mesures qui apparaîtront nécessaires à l’issue de cette enquête pour s’assurer qu’une telle situation ne puisse pas se reproduire. Le doctorat est, en effet, une période très importante dans le développement de la carrière d’un chercheur. Il appartient à l’établissement de garantir que cette période soit la plus fructueuse possible dans un contexte professionnel favorable pour les doctorants.

      Bien cordialement,
      Prof. Pierre Mutzenhardt
      Président de l’Université de Lorraine
      Président de la commission Recherche et Innovation de la CPU

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      Il me semble que cette correspondance est parfaitement exemplaire du fonctionnement de l’omerta qui pèse sur les violences faites aux femmes à l’Université, dans le cadre d’un fonctionnement universitaire analogue à l’emprise mafieuse, comme l’ont récemment argumentés des collègues anthropologues1.

      Considérons le courriel.

      En premier lieu le président met en cause directement la formation doctorale dispensée par l’université. Ce serait la famille — laisse entendre le président — qui s’est ouvert du lien fait le lien entre le suicide et la thèse. Au vu du bruit sur les réseaux sociaux, on se serait attendu à ce que le président s’adresse à l’ensemble de la communauté universitaire, étudiant·es inclus·es.

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      Courriel adressé à l’ensemble des personnesl de l’Université de Lorraine, le 10 septembre 2020

      « Mesdames, Messieurs, cher(e)s collègues,

      Je vous prie de trouver ci-dessous l’ordre du jour du prochain CHSCT programmé le vendredi 11 septembre 2020 :
      Point 1 – Adaptation des conditions de rentrée et déroulement du 1er semestre 2020-2021 – mesures complémentaires (pour avis)
      Point 2 – Modification du programme 2020 des visites du CHSCT (pour avis)
      Point 3 – Procédure d’analyse à déterminer suite à l’événement grave survenu à l’Institut Régional du Travail (pour avis)
      Point 4 – Procédure à mettre en place suite à la survenue d’un événement grave susceptible de présenter un lien avec les conditions de travail (pour avis)

      Meilleures salutations,
      Pierre Mutzenhardt
      Président de l’UL »

      –----

      Que nenni ! Si le jeudi 10 septembre, les personnels de l’Université de Lorraine ont été informé de l’ordre du jour du CHSCT, seuls les personnels du site nancéen de l’UFR Arts Langages Littératures (ALL) se trouvent informés de ce que la présidence nomme pudiquement l’« événement tragique ». L’Université de Lorraine dans son entièreté n’est pas concernée par le suicide d’une de ses étudiant·es : ni les étudiant·es, ni même les autres enseignant·es-chercheur·ses, directeurices de thèses des UFR de médecine et de sciences ne sont alerté·es ou sensibilisé·es à l’idée que la présidence prend ce très grave problème à bras le corps. Presque personne ne sera donc informé avant qu’éventuellement la presse locale ou un blog de l’ESR ne s’en empare.

      Soit.

      Balkanisons les pratiques inappropriées vis-à-vis des femmes.

      Le message semble avoir été écrit à la va-vite, ce qui est pour le moins curieux pour ce type de communication présidentielle hautement sensible : coquilles, phrases contournées, expressions inappropriées. C’est davantage sous le coup de l’urgence que dans le cadre d’une politique plus large, mûrement réfléchie, qu’il a pris la décision d’écrire aux Nancéen·nes d’ALL. Le président a refusé de recourir à l’écriture inclusive, pourtant recommandée dans une affaire relevant des violences faites aux femmes. À ce titre, la formulation conclusive choisie pourrait heurter :

      « Très attaché aux valeurs de notre établissement, je m’engage à prendre toutes les mesures qui apparaîtront nécessaires à l’issue de cette enquête pour s’assurer qu’une telle situation ne puisse pas se reproduire. Le doctorat est, en effet, une période très importante dans le développement de la carrière d’un chercheur. Il appartient à l’établissement de garantir que cette période soit la plus fructueuse possible dans un contexte professionnel favorable pour les doctorants ».

      On peut s’étonner, puisque l’affaire a été ébruitée par une femme qui choisissait de mettre fin à sa thèse, que le seul masculin soit retenu pour désigner les hommes et les femmes qui se trouvent en situation de domination. On peut s’étonner de même — je pourrais même m’en offusquer si j’étais maîtresse de conférences à l’Université de Lorraine — du ton plus que maladroit employé. L’objet du message, la formule de salutation finales, l’usage de « blessures » portées par les réseaux sociaux, alors que c’est un suicide qui est à l’origine de la communication présidentielle. Sous la plume du président, il ne s’agit pas de prendre en charge avec tact et empathie la douleur, l’empathie, la colère, l’émotion qui pourrait saisir enseignant·es et étudiant·es. Un problème de plus à régler dans une rentrée très chargée, voire apocalyptique.


      *

      Venons-en aux faits.

      L’Université — soit la présidence et la directrice de l’École doctorale — a été informée du suicide de la doctorante. La famille, devine-t-on, fait connaître ses volontés, dont on ne saura rien, mais que le président espère « avoir respecté au mieux ». La famille, rencontrée fin août,a fait le lien entre le suicide et ce que le président désigne de manière euphémisée comme « aux conditions de sa thèse et à son environnement professionnel ». Il faut donc attendre le 11 septembre pour le Comité Hygiène Sécurité et Conditions de Travail (CHSCT) soit réuni, saisi quelques heures avant la publication par Camille de son texte sur Medium. Selon nos informations et la « formule magnifiquement trouvée par notre admin[istration] », il s’agit du point 4. « Procédure à mettre en place suite à la survenue d’un événement grave susceptible de présenter un lien avec les conditions de travail ». Le président suit ici strictement le droit : il informe le CHSCT du suicide à la rentrée, et inscrit le point concernant une enquête à l’ordre du jour.

      Le président ajoute cependant quelque chose de surprenant.

      « Par ailleurs des témoignages récents, indépendants de ce que peuvent diffuser les réseaux sociaux, font état de faits qui pourraient être qualifiés de harcèlement. Ils m’ont amené à diligenter une enquête administrative rapide qui a pour but d’établir les faits de manière contradictoire et d’en tirer toutes les conséquences ».

      Sortant du sujet de la correspondance, M. Pierre Mutzenhardt informe ses lecteurices de plusieurs choses : les témoignages de harcèlement ou, à tout le moins de conduite inappropriée, ont circulé sur les « réseaux sociaux » ; la parole se déliant, d’autres témoignages ont été portés avec insistance à ses oreilles. Cet ensemble, qui établirait quelque fondement à l’accusation grave de harcèlement, le font diligenter une enquête administrative. Il précise que l’enquête sera

      « rapide qui a pour but d’établir les faits de manière contradictoire et d’en tirer toutes les conséquences ».

      Il faut attendre longtemps pour apprendre que c’est le directeur de thèse qui est mis en cause. Nous savons par le recoupement du témoignage, qu’il s’agit du directeur de thèse de la doctorante qui est visé par les deux procédures, soit Christian Chelebourg2. Il n’est pourtant pas nommé ; mais désigné par son statut de professeur et sa fonction de direction de thèse. C’est le premier volet du dispositif du silencement : la responsabilité du professeur n’est engagée que dans le cadre de l’« environnement de travail » dans lequel il exerce, bien qu’il soit seul « suspendu à titre conservatoire ». Il ajoute qu’il prend cette mesure « pour protéger l’ensemble des personnes y compris lui-même ».

      L’environnement de travail est-il en cause ? Les témoignages qui ont paru sur Internet, les personnes qui se sont confiées à moi, font état de sérieux problèmes rencontrés par différentes étudiant·es et différentes enseignant·es titulaires et non-titulaires par la proximité professionnelle de M. Chelebourg. Elles n’ont pas mentionné d’autres comportements déviants. En revanche, ce qu’elles précisent, c’est qu’elles n’ont pas trouvé de soutien ou d’écoute de la part de certains collègues masculins, qui ont reconnu à demi-mot une certaine capacité de nuisance, s’empressant de préciser que « ce n’est pas un monstre ». D’autres enseignantes ont fait état d’une inquiétude, craignant des mesures de rétorsion si elles évoquaient la procédure à la demande des étudiant·es. Sans chercher à justifier pourquoi ce type de discours est tenu — ni à minimiser les responsabilités qu’il y aurait à n’avoir pas protégé les étudiant·es de comportements apparemment connus — je propose ainsi de voir dans l’environnement de travail le deuxième niveau de silencement : minimiser le comportement malfaisant ; faire comme si ce dernier n’était pas problématique, de la part des collègues dudit professeur.On comprend que les hordes féministes sont à la porte de l’Université et menaceraient l’ordre patriarchal qui y règne. Faisons-les taire.

      Le troisième dispositif de silencement est construit par le président lui-même. Plutôt que de reconnaître la souffrance vécue par des femmes sous la responsabilité de son Université, M. Pierre Mutzenhardt choisit une autre stratégie : la minimisation des faits, la dénonciation de rumeurs et, plus grave, la protection du mis en cause.

      « Enfin, conclut-il, nous devons être attentifs également aux jugements hâtifs, à ne pas confondre ce qui relève de témoignages avec les accusations qui se propagent sur les réseaux sociaux. Si les réseaux sociaux peuvent être des révélateurs de situations, ils sont aussi devenus des armes qui blessent, harcèlent et propagent trop souvent la haine. Nous avons pu nous en rendre compte à d’autres occasions ».

      À la lecture de ce paragraphe, je me suis étouffée3. Une femme est morte, peut-être à cause du comportement de son directeur de thèse, mais c’est ce dernier que le président de l’Université de Lorraine entend protéger. Il le fait en prenant une mesure conservatoire, au motif que « si les réseaux sociaux peuvent être des révélateurs de situations, ils sont aussi devenus des armes qui blessent, harcèlent et propagent trop souvent la haine ». Il le fait aussi en donner un signal aux agresseurs : ce sont vous, « victimes » d’une cabale publique, vous qui est le cœur et l’âme de l’Université qu’il me faut défendre ; celles et ceux qui se sentent « heurtées » par le courriel sont ainsi prévenu·es : l’Université de Lorraine n’a pas vocation à les prendre soin d’elleux.

      Balkanisation de l’information, ato-défense collective en formation de tortue romaine, mesure conservatoire à titre de protection : la stratégie est limpide et antithétique avec celles que plusieurs assocations féministe ou savantes, l’Association des sociologues des enseignant·es de l’enseignement supérieur en tête, préconisent. Il ne m’appartient pas de juger si c’est une façon de se protéger lui-même contre quelques mandarins qui grimperaient aux rideaux. Ce que je sais, depuis lundi, c’est que l’omerta, ce silencement patiemment construit au sein de l’Université de Lorraine, a pu tuer.

      Camille a souhaité être courageuse.

      Soyons désinvoltes. N’ayons l’air de rien.

      Addendum. Lundi 14 septembre 2020, vers 9h30, avant suppression entre 11h42 et 11h45.

      Sur Facebook et Twitter, l’Université de Lorraine écrit ton nom, professeur. Et le sien aussi.

      https://academia.hypotheses.org/25555

    • Un harcèlement peut en cacher un… ou deux autres

      Le 7 septembre 2020, Camille Zimmermann, université de Lorraine, explique sur Medium pourquoi elle a interrompu sa thèse, financée – le détail n’est pas anodin dans une discipline (les lettres) où les allocations doctorales sont très rares – : après des années de comportements toxiques, elle y a vu le seul moyen d’échapper à l’emprise de son directeur de thèse. Elle explique aussi pourquoi elle rend public ce témoignage : une autre doctorante, qui lui avait confié être victime d’agissements comparables, a mis fin à ses jours. Le texte utilise des pseudos, transparents pour ceux qui ont lu le cycle de romans sur lequel portait la thèse (La Quête d’Ewilan, de Pierre Bottero), et se termine par une accusation :

      « J’accuse M. Ts’liche, 6 ans après le début de toute cette histoire, de harcèlement moral, de violences psychologiques et d’abus de son pouvoir et de sa position hiérarchique, et ce notamment et dans les cas les plus graves pour mettre sous emprise des jeunes femmes vulnérables. »

      Academia republie le témoignage de Camille dans un billet le 10 septembre, avec une courte introduction qui permet de suivre un lien vers la plate-forme Thèses.fr si on veut connaître le nom du directeur désigné, ainsi qu’un autre lien vers une liste d’articles précédemment parus au sujet du harcèlement. Le court texte lâche également un mot : « omerta », parce qu’il ne s’agit pas d’une affaire isolée, et que ce qu’elle révèle est tout autant le harcèlement que la loi du silence qui lui permet de perdurer.

      Dès le 11 septembre, Academia a l’occasion de développer ce point : peut-être agité par la circualtion du texte de Camille sur les réseaux, le président de l’université de Lorraine écrit à certains de ses collègues. Oh, pas tous ! seulement ceux du domaine Arts Lettres Langues et Sciences Humaines et Sociales – ALL-SHS, dans nos jargons. Il ne faudrait quand même pas que tout le monde soit au courant. Le mail jette plutôt de l’huile sur le feu : il s’achève sur un indigne retournement de la charge contre Camille, et « les accusations qui se propagent sur les réseaux sociaux » dont il exhorte chacun·e à se méfier comme la peste. Le professeur est suspendu à titre conservatoire pour le protéger. On croit cauchemarder ; Camille Zimmermann se dit heurtée, Academia s’étouffe. Mais on n’a encore rien vu…

      Le 14 septembre, comme si de rien n’était, l’université de Lorraine touitte benoîtement une invitation à écouter le professeur, spécialiste des fictions d’apocalypse, sur un sujet qui attirera tous les regards : à quoi ressemblera le monde post-Covid ? Touitt’ supprimé quelques heures plus tard, ici cliché avant disparition. Des souffrances sont signalées, des drames surviennent, mais rien ne bouge ; une jeune femme brise ce mur du silence sur un réseau social, son témoignage circule, les réactions se font enfin entendre… mais c’est pour dévaloriser son témoignage, pendant qu’une « enquête » est évoquée, sous les opacités de la novlangue administrative, et sans aucune communication auprès du public ; le public, pendant ce temps, il continue d’être alimenté avec le ronronnement des travaux du principal intéressé, sans vergogne.

      Ce touitt’ lamentable manifeste, au moins la surdité d’un service Communication fonctionnant en vase clos, où ne parvient pas un son des réseaux ou des couloirs de l’établissement, au pire le cynisme d’un programme de com’ qui se moquerait comme d’une guigne des plus graves accusations possibles pesant sur un auteur, et, dans tous les cas, d’une rhétorique qui confine à la faute morale.


      Aucune communication officielle de l’université de Lorraine, donc. C’est dans la presse régionale qu’il faudra aller lire le président de l’Université de Lorraine, Pierre Mutzenhardt : le 23 septembre, L’Est Républicain porte l’affaire sur la place publique – pas celle des réseaux, dont il faut se méfier comme la peste, rappelons-nous. Le journal publie deux articles aussi cloisonnés qu’ont pu l’être deux univers : celui des doctorantes victimes et celui d’une administration qui n’a pas su les aider.

      La mise en page, pour qui serait sensible à l’énonciation typographique, donne toutefois bien l’impression que le monsieur dont on voit la photo est un peu cerné par le texte qui se referme sur lui : c’est celui qui est consacré à Camille. La journaliste, quant à elle, adopte professionnellement l’anonymat de rigueur ; mais cette page exprime finalement bien plus que ce nom de l’enseignant-chercheur dont, désormais, tout le monde a pu prendre connaissance par soi-même.

      Rendons d’abord compte de l’article consacré à Camille Zimmermann : « Harcèlement à l’université : le “j’accuse” d’une doctorante » s’ouvre sur le résumé des deux affaires, puisqu’il y en a bien deux :

      Longtemps étudiante puis thésarde à la faculté de lettres, Camille Zimmermann a dénoncé, sur les réseaux sociaux, l’emprise son directeur de thèse, qui l’a poussée à quitter la fac. L’université a ouvert une double enquête interne suite au suicide d’une autre doctorante.

      L’article met ses pas dans ceux de Camille, et relate d’abord la manière dont les réseaux ont pu relayer sa parole :

      Dans ce récit largement partagé sur Facebook et Twitter, et repris sur divers blogs spécialisés…

      Le contraste est net avec la méfiance du président, indistinctement adressée aux « réseaux ». L’article se met ensuite à l’écoute de Camille et rapporte les grandes lignes de son témoignage publié sur Medium : la complexité du rapport de genre et de la relation pédagogique, et le caractère insidieusement toxique de la relation entre le professeur et l’étudiante. Les intertitres du journal soulignent le fonctionnement pervers de ce système binaire :

      « Processus de #marginalisation », pour résumer l’emprise, les abus du professeur, l’isolement de la victime ;
      https://academia.hypotheses.org/26261

      « Manque d’écoute de la “cellule harcèlement” », pour résumer la loi du silence dans – grâce à – laquelle tout cela peut continuer.

      Car le journal donne la parole à d’autres personnes, après avoir rapporté le témoignage de Camille :

      Depuis ce témoignage sur les réseaux, rapidement ébruité dans les couloirs et les amphis de la faculté, des langues se sont déliées. D’autres ont signalé les agissements du professeur mis en cause – suspendu actuellement, et présumé innnocent – autant que la nocivité d’une organisation plaçant parfois les thésards dans une impasse.

      “Quand cela se passe mal, il est compliqué de changer de directeur de thèse, de crainte d’être blacklisté. Un directeur a tous les pouvoirs, et il a un réseau. Parfois, c’est du chantage au poste”, témoigne cette autre ancienne doctorante, qui, elle aussi, était suivie par le professeur incriminé. Et a également abandonné sa thèse pour les mêmes raisons que Camille Zimmermann.

      On apprend donc ici, sous la plume d’un journal qui n’est pas né de la dernière pluie et sait parfaitement ce qu’il fait en imprimant ces mots, qu’une troisième affaire pourrait exister. Le touitt’ du 14/9 était révoltant ; cette information-ci est accablante : l’administration n’a pas voulu les aider.

      Pour ce qui est de l’administration, qu’apprend-on ? L’article titre sur les suites données aux affaires : « Double enquête et enseignant suspendu ». Pourquoi deux enquêtes ? Parce que deux affaires, en fait. Et peut-être même bien trois, comme la presse le suggère. L’une des enquêtes se fait sous l’égide du Comité Hygiène, Sécurité et Conditions de Travail (CHSCT) et n’a pas vocation à déboucher sur des sanctions mais sur des « préconisations ». En prenant son temps, prévient le président de l’université :

      « il semblerait que la relation entre cette jeune fille, décrite comme fragile, et son encadrant, n’était pas saine et pas normale », résume Pierre Mutzenhardt, président de l’Université de Lorraine. Ce possible « lien de causalité » étant à l’origine de l’enquête du CHSCT, qui devrait être « plutôt longue ». « Elle portera sur les conditions de travail ayant pu conduire la doctorante à mettre fin à ses jours, et devra déboucher sur des préconisations ».

      Au temps pour cette voie de prise en charge, la seule sur laquelle il existe actuellement des sources partageables et consultables, en l’espèce : l’ordre du jour du CHSCT du 11/9. C’est celle qui porte, je le rappelle, sur le suicide survenu pendant l’été. Tournons-nous vers l’autre enquête :

      Ce sont d’autres témoignages, écrits, émanant de deux autres doctorantes et mettant en cause ce même directeur, qui ont conduit à l’ouverture de l’enquête administrative. « Il s’agira, par des audits contradictoires, de voir s’il y a bien harcèlement ou pas », poursuit le président. « Néanmoins, il y avait assez d’éléments pour que cet enseignant soit suspendu, pour trois semaines car on ne peut pas suspendre quelqu’un plus d’un mois. » Les premières conclusions sont attendues fin septembre/début octobre. « J’aviserai alors s’il faut envisager des sanctions disciplinaires, qui peuvent aller du blâme à l’exclusion, ou ne pas donner suite. »

      On a donc bien trois affaires, si l’on compte toujours, et deux enquêtes : l’une portant très globalement sur les « conditions de travail », l’autre portant plus clairement sur l’enseignant-chercheur. Face à la presse, les témoignages écrits semblent désormais assez graves pour que le président Mutzenhardt ne fasse plus passer la décision de suspendre ce dernier pour une mesure de protection « y compris de lui-même », comme dans le mail du 11/9 qui avait heurté tant de monde. Il s’excuse même par avance de ne pas pouvoir le suspendre plus de 3 semaines ; mais que se passe-t-il après ? Des actions décidées par le président. On se demande si, comme dans une affaire récente, ça se passera « d’homme à homme »… Et un signalement au procureur ? La suite de l’article l’évoque : « Il ne faut pas hésiter à formaliser, en saisissant le procureur de la République. » Et l’article se clôt sur « il faut oser dire les choses ». Nous voilà rassuré·es !


      Eh bien peut-être faut-il rester patient·es quand même. Le 30 septembre, à 11h26, une semaine après la parution de ces deux articles, alors qu’on attend toujours les résultats de l’enquête administrative, le président Mutzenhardt envoie à nouveau un mail à ses collègues. Cette fois, c’est sur la liste de tous les personnels, pas que les ALL-SHS ; mais ça ne sort pas de l’université de Lorraine. Academia en reçoit une copie :

      J’ai vu que vous aviez suivi cette affaire avec intérêt. Donc pour votre information, voici ce que l’on a reçu aujourd’hui
      « Au début du mois d’août, une doctorante de l’Université de Lorraine a mis fin à ses jours à l’extérieur de l’université, en mettant en cause les modalités de direction de sa thèse au sein de son laboratoire de rattachement. Il s’agit, quelles que soient les circonstances, d’une tragédie. J’ai mobilisé les services de l’établissement dès sa réouverture le 17 août et j’ai proposé au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de réaliser une enquête sur les conditions de travail dans le laboratoire concerné. En parallèle, des témoignages sont parvenus à l’université début septembre (que je ne confonds pas avec des déclarations sur les réseaux sociaux). Ils m’ont amené à diligenter une enquête interne administrative et à suspendre de manière conservatoire le directeur de thèse concerné. Les enquêtes sont actuellement en cours. »

      Cette obsession pour les réseaux sociaux a quelque chose d’inquiétant. C’est pourtant bien l’un d’eux qui a mis en alerte la communauté universitaire, et non la communication de l’UL, qui s’obstine à rester dispersée, laconique, et surtout compartimentée.

      Quels sont donc ces « témoignages arrivés début septembre » ? Sont-ils ceux de Camille Zimmermann, enfin entendus, alors que ses premières plaintes remontent à 2019 ? Sont-ils ceux de cette troisième étudiante dont L’Est Républicain a retranscrit les paroles ?

      On est le 1er octobre : on en saura bientôt plus. Le président Mutzenhardt l’a promis…

    • Une #cagnotte en ligne pour récolter de l’argent pour les frais d’avocat de #Camille_Zimmermann :

      Il y un peu plus d’un an, je publiais sur les réseaux un texte qui dénonçait les violences que j’avais connues au sein de l’Université française et qui avaient poussé au suicide mon amie #Scylla. J’y ai « caché » le nom de mon ancien directeur, non pas pour le protéger, mais pour tendre à une forme d’"universalité" parce que je savais que ces violences n’étaient pas une exception mais monnaie courante dans le monde de la recherche. Des violences dont les victimes sont, comme souvent, principalement les personnes les plus en situation de précarité.

      Ma lettre ouverte a eu un fort retentissement dans le milieu, partagé plus d’un millier de fois, sans compter les envois par listes de diffusion internes. Il a, je crois, aidé la libération d’autres paroles qui ont suivi peu de temps après. J’ai reçu aussi plus d’une centaine de messages de soutien, de remerciement, de solidarité, d’assurance que ma voix avait eu un écho et que des projets avaient été montés.

      J’en ai été touchée et reconnaissante, car c’est là la raison pour laquelle j’ai fait cette démarche extrêmement couteuse émotionnellement : l’espoir qu’elle aide à bouger les lignes.

      Aujourd’hui, j’ai à nouveau besoin de votre soutien, économique cette fois-ci. Une procédure pénale a suivi celle interne, et je vais devoir être assistée d’un avocat pour continuer.

      Les raisons de ma cagnotte

      Ma démarche est depuis ses débuts pensée pour le collectif, pour qu’elle serve à un maximum de monde possible. Il n’a néanmoins pas toujours été facile d’en être le visage, et j’ai subi intimidations, plainte pour #diffamation, tentatives de me décrédibiliser, #slut-shaming etc. qui font qu’aujourd’hui je suis éreintée et ai plus que jamais besoin de vous, d’être moi aussi soutenue collectivement. J’ouvre ce pot commun car payer de ma propre poche ces frais me prendrait plusieurs mois et m’obligerait à renoncer à des projets d’avenir alors que j’ai déjà sacrifié beaucoup de choses depuis le début de cette affaire – mes espoirs de carrière et une part de ma santé mentale notamment. Je commence seulement à retrouver un horizon, et je ne me sens pas capable de le plomber par cette charge financière.

      Plus simplement et comme depuis le début, je ne peux pas avancer seule, émotionnellement mais aussi, désormais, financièrement.

      Le montant de ma cagnotte

      Mes besoins aujourd’hui sont de 500€. Cette première cagnotte permettra de couvrir les premières procédures et consultations.

      Si cette somme est dépassée, l’intégralité des fonds sera reversée au Cha-U, association qui s’est créée au cours de l’année passée au sein de l’#Université_de_Lorraine et qui œuvre à combattre le harcèlement dans l’enseignement supérieur mais aussi à en penser les origines et structures afin de mieux l’éradiquer.

      Si l’enquête débouche sur un procès, une nouvelle cagnotte sera ouverte pour couvrir les frais lui étant liés, qui s’élèveront à une somme entre 1200 et 1500€.

      Si vous en avez la possibilité et que vous souhaitez mettre votre contribution, quel que soit son montant, je vous envoie toute ma gratitude. Si vous êtes précaire et ne pouvez pas m’aider, votre soutien moral compte aussi énormément.

      https://www.onparticipe.fr/cagnottes/yAk2mVjD


    • Dessins de Chereau et Deligne pour #Urtikan.net

      Les concurrents se pressent en rangs serrés.
      Il y a le candidat macroniste à la mairie de Paris qui se conduit comme un garçon de bureau, et couine qu’on « s’en prend à sa famille » (sic) parce que la photo de sa bite atterrit sur les « réseaux sociaux ».
      Il y a le performeur russe en transit, manipulé ou mal conseillé, ou spontanément assez niais pour penser que ce qui serait « très grave », c’est qu’un homme qui trompe sa femme soit élu maire de Paris. (D’accord il arrive du dix-neuvième siècle, à peine sorti des glaces, mais tout de même !)
      Il y a la grande cohorte des crétins de base qui échangent leurs estimations sur la taille et la circonférence de la teub du garçon de bureau.
      Et puis il y a les éditorialistes qui affirment sans rire que la sottise du performeur russe ajoutée à l’imprudence du crétin macroniste « mettent en danger la démocratie ». (Ben alors, qu’elle crève le plus vite possible, hein !)
      Impossibles de les départager.
      Tous ex aequo.

      Claude Guillon
      https://lignesdeforce.wordpress.com/2020/02/15/concours-du-pire-cretin-le-vainqueur-est

    • J’aurais rêvé d’écrire le discours de Benjamin Griveaux pour sa conférence de presse de vendredi matin. Cela aurait pu donner quelque chose dans ce genre : "Je vous le confirme, il s’agit bien de ma bite. Je n’ai rien fait d’illégal. En revanche, je compte bien poursuivre ceux qui ont fait circuler ces photos, parce que la loi m’y encourage. Et parce que la honte doit changer de camp. Solidarité avec toutes les victimes de revenge porn qui, habituellement, sont dans une situation moins privilégiée que la mienne." Drop the mic. »

      Ovidie

  • Oise : subvention annulée pour la fête qui célèbre la pureté des jeunes filles
    http://www.leparisien.fr/salency-60400/salency-la-mairie-annule-la-subvention-accordee-a-la-fete-de-la-rosiere-2

    « J’ai reçu 150 mails en deux jours, des messages qui m’ont blessé, relate Hervé Delplanque, maire (SE) de Salency. Je suis impliqué dans cette polémique sans en être l’organisateur. » Initialement prévu mi-septembre, le conseil municipal de Salency s’est réuni ce mercredi soir et a voté à l’unanimité l’annulation de la subvention de 1 800 € accordée en mars à la fête de la Rosière.

    Une nouvelle délibération doit être prise prochainement pour décider définitivement de l’avenir de cette manifestation qui, en 2019, entendait mettre à l’honneur « la réputation vertueuse » des jeunes filles.

    Mais depuis l’annonce du retour de cette fête née à Salency au Ve siècle, les réactions hostiles se sont multipliées. Des associations et collectifs féministes ont fustigé une « fête révoltante », « rétrograde et insultante ». « Tout le contraire », ne cesse de se défendre Bertrand Tribout, qui n’a pas souhaité commenter la décision des élus ce mercredi.

    Sur Internet, 37 000 signatures contre l’événement

    Avant le vote ce mercredi soir, l’opposition s’est surtout jouée sur Internet, à grand renfort de pétition et contre pétition. Ce mercredi, celle lancée par la Confrérie de Saint-Médard, qui réclame « le maintien de la tradition et du patrimoine du village » totalisait près de 600 signataires. Loin des 37 000 signatures recueillies par ses opposants.

    Une mobilisation qui a pris de court la municipalité salencienne, qui craint notamment « la venue massive de mouvements féministes et anticléricaux ». Le village s’est en effet soudainement retrouvé au centre de l’attention médiatique. La fête, qui n’a plus été organisée depuis 1987, a été évoquée par la BBC, la radio publique britannique, ou encore La Vanguardia, un des principaux quotidiens espagnols.
    En attente d’un avis du ministère de l’Intérieur

    Reste à savoir aujourd’hui si la fête verra tout de même le jour dans un an. Ghyslain Chatel, le sous-préfet de l’arrondissement de Compiègne-Noyon reste très réservé : « Il y a aujourd’hui une opposition qui risque de créer des troubles à l’ordre public, explique-t-il. Mais d’ici un an, on a le temps de voir venir. »

    La préfecture a récemment saisi la Direction des libertés publiques et des affaires juridiques, rattachée au ministère de l’Intérieur. Il s’agit désormais pour elle de « faire une analyse juridique des événements ». Un avis consultatif qui permettra de se prononcer ultérieurement sur l’annulation, ou non, de la fête.

    #misogynie #sexisme #catholicisme #culture_du_viol #vierge #slut_shaming #féminisme #hommage

    Dans le même esprit de « rendre hommage aux lâfâme » :
    L’élection de Miss Cagole fait son retour à Marseille.

    « On ne fait pas ça pour se moquer. A aucun moment ce n’est péjoratif. Au contraire, même : c’est un hommage ! »

    https://www.20minutes.fr/insolite/2324127-20180822-video-election-miss-cagole-fait-grand-retour-marseille-id

  • Une amie m’a envoyé cette drole d’image


    et je cherche d’ou ca sort.
    ici il y a d’autres images manifestement issu du meme manuscrit
    http://manuscriptminiatures.com/search/?manuscript=4937
    il semble conservé en Belgique http://belgica.kbr.be/fr/coll/ms/ms9961_62_fr.html
    et la reconnaissance d’image de gogol me renvoi à la chanson de geste « Raoul de Cambrai »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Raoul_de_Cambrai
    mais je reconnais pas d’épisode de femmes combattantes dans le resumé dispo sur Wikipédia.

    voici le texte entier pas encor lu.
    https://fr.wikisource.org/wiki/Raoul_de_Cambrai/Texte_entier

    il y a aussi des éléphants très minions


    du gore

    des zombis

    dont Jesus mais du coup je voie pas ce qu’il fait dans l’histoire de Raoul de Cambrai


    Et du coup je suis pas sur que ca soit les images du geste de Raoul de Cambrai.

    Je sais pas @simplicissimus si ca te dit quelquechose mais si c’est le cas je suis interéssée.

  • Sexisme à l’école, silence dans les rangs - L’Express
    https://www.lexpress.fr/education/sexisme-a-l-ecole-le-grand-tabou_2005156.html

    Partout, dans les établissements scolaires, les filles sont victimes de violences sexistes. Dans un mutisme assourdissant.

    Une ado de 15 ans plaquée contre le mur des toilettes du lycée professionnel Gallieni de Toulouse et victime d’attouchements de la part de trois agresseurs. Des élèves de terminale du lycée Camille Pissarro de Pontoise (Val d’Oise) qui, parce qu’elles seraient trop court-vêtues, doivent affronter des camarades masculins hilares, mimant des actes pornos et les injuriant sans retenue - « sale pute », « gros cul », « t’es bonne »...

    La vidéo d’une toute jeune fille ayant des rapports sexuels avec deux garçons qui circule de téléphone en téléphone, sans le consentement bien sûr de l’intéressée, auprès de ses pairs du lycée d’Alembert, dans le XIXe arrondissement parisien. Ce « tu suces ? » jeté au visage d’une élève du lycée Jacques-Prévert, à Savenay, près de Nantes, pour avoir eu l’"audace", encore une fois, de porter une jupe avec des chaussettes hautes et des souliers à talons. Mais aussi, parce que désormais le sexisme prend de nouvelles formes, des garçons qui refusent de s’asseoir à côté de leurs homologues féminines au collège Versailles de Marseille...

    LIRE AUSSI >> N’abandonnons pas les filles

    Ces anecdotes, glanées à travers toute la France, sont très loin d’être des cas isolés. Et les établissements cités ci-dessus ne sont pas forcément les plus « difficiles » ou les plus laxistes en matière de lutte contre les violences faites aux femmes.
    « Si les parents savaient... »

    Parmi eux, beaucoup, comme le lycée d’Alembert par exemple, ont même le mérite de dénoncer haut et fort ce qui se cache ailleurs. Mais voilà, entre l’accès à la pornographie - facilité par Internet, les smartphones et les tablettes -, la violence et le harcèlement pratiqués à grande échelle sur les réseaux sociaux, les stéréotypes de genre intégrés dès le plus jeune âge et, enfin, le développement de la radicalité religieuse dans certains établissements, c’est bien toute l’Education nationale qui doit faire face à une très inquiétante situation.

    #discrimination #misogynie #sexisme #viol #culture_du_viol #violence_masculine #sexisme_d'etat #violences_sexuelles #mixité #harcelement_sexuel #école #éducation #deni #backlash #pornographie #prostitution #enfance #harcelement #facebook #snapchat #slut_shaming #grossophobie

    • Article nauséabond qui sous couvert de dénoncer la violence sexuelle désigne l’adversaire à abattre ...

      Les « grands frères »

      A la lecture de ce récit d’une très grande force, il est possible de discerner trois « types de filles » : les « ultraféminines » au maquillage et aux tenues très sexuées ; celles qui, au contraire, reprennent les codes vestimentaires et verbaux des garçons, qui parlent dru et cru et s’habillent en jeans ou en joggings ; et celles qui portent le voile... Bon nombre de ces dernières mettent en avant leur libre choix.

      Mais Bernard Ravet, cet ancien proviseur de Marseille, qui a dénoncé dans un récent livre l’influence de l’extrémisme (Principal de collège ou imam de la République ?, éd. Kero), n’est pas si certain de cette liberté revendiquée et évoque même une forme de pression exercée par les grands frères qui se battent pour que les jeunes filles n’enlèvent leur voile qu’une fois à l’intérieur de l’école et pas devant la grille. Il y a aussi ces certificats médicaux qui fleurissent quand, en sport, vient le temps de la natation. Pour lui, il ne fait aucun doute qu’il s’agit là de certificats de complaisance pour échapper à la piscine et aux maillots de bain. « Il m’est arrivé de contacter plusieurs fois les médecins en question pour obtenir des explications, mais je me suis heurté à chaque fois au secret médical », explique Bernard Ravet.

      En 2005, alors qu’il était à la tête du collège Versailles de la cité phocéenne, il demande aux enseignants de remplir un questionnaire destiné à préparer la venue d’inspecteurs généraux, envoyés par le ministère de l’Intérieur. Thème de leur visite : « l’incidence de la montée des communautarismes sur les relations garçons-filles et les problèmes de mixité ». Les réponses que L’Express a pu se procurer sont édifiantes : « insultes particulièrement crues », « jugements péremptoires de la part des garçons sur les habitudes vestimentaires des filles », « propos injurieux dès qu’une fille se met en jupe », « très rares relations amoureuses voire même amicales », « certains estiment que le traitement cruel des femmes dans certains pays est normal si c’est leur religion », « certains élèves peuvent avoir du mal à accepter les remarques d’un professeur femme »...

      C’était il y a treize ans, mais Bernard Ravet doute que la situation ait évolué favorablement. « Récemment, une maman d’élève évoquait le cas de ce gamin de maternelle qui refusait de prendre la main d’une maîtresse parce que c’était une femme... », soupire l’ancien proviseur. Des faits difficiles à évoquer par les enseignants qui craignent d’être taxés de « racistes » par les uns ou de faire, malgré eux, le jeu des extrêmes. Faut-il pour autant s’interdire de parler et abandonner certaines de ces élèves à leur sort ?

  • L’expo « Mais t’étais habillé-e-x comment ? » démonte les clichés

    L’association féministe #Slutwalk Suisse expose des vêtements de femmes agressées dans le cadre de la Semaine de l’égalité.


    https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/L-expo-Mais-tetais-habillees-comment-demonte-les-cliches/story/27998827
    #habits #vêtements #clichés #viol #violences_sexuelles #exposition #femmes

  • Planquez-vous, les filles !

    Vaste débat que la #tenue_vestimentaire des filles. Une école de #Vallorbe vient de s’y lancer, par un #code_vestimentaire qui réserve la majeure partie de ses attentions aux tenues féminines. Il insiste sur les leggings, les trous au-dessus des genoux, les dos nus, les ventres nus, les décolletés devant ou derrière... Un code non genré indiquant tant aux filles qu’aux garçons que laisser trop de chair apparaître à un âge où les hormones sont en ébullition n’aurait-il pas été préférable ?

    La conclusion de la journaliste dans son édito :

    Un code vestimentaire ne sert à rien s’il n’est pas accompagné d’un décryptage de la sexualisation des corps des filles dans la société.

    https://www.lecourrier.ch/152124/planquez_vous_les_filles
    #habits #vêtements #habillement #genre #filles #femmes #école #Suisse

    • A l’école, code vestimentaire !

      A Genève et ailleurs en Suisse romande, les écoles imposent des codes vestimentaires aux élèves. Régulation plutôt que réflexion, règlement plutôt que pédagogie ; lorsque l’école importe les litiges des adultes et qu’elle le fait mal...
      Angélique, mère de famille, menant le combat contre ces « codes vestimentaires » à l’école.

      http://audioblog.arteradio.com/post/3080876/a_l_ecole__code_vestimentaire_

      #code_vestimentaire

    • «Qui a tabassé les cinq femmes?»

      La réponse à cette question ne peut être réduite ni à l’identité ni aux motivations des agresseurs. Nous ne savons que peu de chose sur cet acte de #violence, mais le fait qu’il ait opposé plusieurs hommes à cinq femmes à la sortie d’une boîte de nuit laisse imaginer que ces dernières ont dû refuser des avances agressives, celles dont toute femme fait l’expérience. Je connais moi aussi les violences sexistes dans nos rues. Un jour, un homme s’est masturbé devant moi dans le train – j’avais à peine 16 ans. Je suis restée paralysée, incapable d’agir. Au début, lors de ce type d’incident, je me suis interrogée : était-il trop tard ? Ma jupe était-elle trop moulante ? Mais plus tard, lorsqu’un homme m’a agressée en se déshabillant intégralement alors que j’étais enceinte de sept mois, j’ai compris que ces agressions avaient un nom : le sexisme.

      Une loi contre le sexisme est devenue indispensable

      Pour l’instant, nous fermons les yeux sur la violence sexiste. Pourtant, celle-ci ravage et détruit la vie des femmes partout dans le monde, d’autant plus depuis la crise économique et financière de 2008. En Suisse, elle tue une femme toutes les deux semaines. Elle a un coût humain, mais aussi financier, que le Bureau fédéral de l’égalité évalue à 2 milliards de francs suisses. Toutefois, nous disposons de trop peu d’informations sur le sexisme en Suisse. Les bureaux cantonaux de l’égalité devraient avoir plus de pouvoir et plus de ressources en la matière. Et les réponses politiques demeurent jusqu’à ce jour insuffisantes.

      À Genève, par exemple, le nombre d’heures d’éducation sexuelle à l’école est dérisoire et les élèves apprennent trop peu sur leur désir et leur droit de disposer librement de leur corps. Les publicités réduisant les femmes à des objets de désir prolifèrent sur tous les supports. La Ville et le Canton de Genève ne prennent pas assez en compte les besoins spécifiques des femmes dans leurs différentes dépenses publiques, tel l’éclairage dans la Vieille-Ville, là où les cinq femmes ont été tabassées. Il n’y a aucune unité de police spécialisée en cas de violence sexiste. Lorsqu’une femme ose appeler la police après un viol, elle risque de se voir répondre par le policier que sa détresse est une « histoire de filles », comme cela est arrivé à une amie. Il est tragique que 80% des plaintes pour viol en Suisse soient abandonnées à cause des coûts juridiques élevés et faute de soutien psychologique. Les juges condamnent majoritairement les agresseurs pour « contrainte sexuelle », réduisant ainsi leur peine à une amende, alors que la prison est obligatoire en cas de viol. Les associations qui défendent les victimes de violence et les droits des femmes comblent souvent les lacunes de l’État tout en essayant de survivre avec trop peu de moyens.

      Ainsi, ce ne sont pas seulement ces hommes dont on ne sait encore rien qui ont tabassé ces cinq femmes mais l’ensemble de notre société sexiste, qui partage la responsabilité. Pour l’assumer, il nous faut réfléchir sur le vivre-ensemble, reconnaître l’égalité de toutes et tous et protéger nos vies. À l’image du racisme, le sexisme n’a pas sa place en Suisse ni ailleurs. Une loi contre le sexisme est devenue indispensable. Elle ne doit pas seulement protéger l’intégrité de la personne mais aussi offrir un cadre légal et normatif contre les discriminations et les violences sexistes. Une loi contre le sexisme devrait avoir pour but d’agir en faveur des victimes contre la haine, les insultes et la violence sexiste verbale, psychologique et physique dans l’espace public, privé et virtuel ; elle devrait prévoir des sanctions en cas de discrimination sexiste au travail, l’accès à la santé et au logement. Une telle loi serait un outil essentiel pour forger une société dans laquelle nous pouvons toutes et tous vivre dignement.

      Le sort de ces cinq femmes est de notre responsabilité collective, à nous de l’assumer. Dans tous les cas, je fais partie de ces nombreuses femmes qui refusent aujourd’hui que l’on nie leur liberté et leur égalité, et que leur vie soit menacée. Aujourd’hui nous nous organisons, nous parlons en notre nom et nous allons continuer à exiger un monde plus juste, sans sexisme ni racisme.

      https://m.tdg.ch/articles/5b744046ab5c37105d000001
      #agression

  • VIOL : Cʹest quoi la culture du viol ?

    Lʹassociation Viol-Secours à Genève reçoit des femmes ayant subi des violences sexuelles. Agnès Molnar, travailleuse sociale, nous raconte comment lʹélément de culpabilité revient systématiquement dans leurs témoignages. Coupable de se faire violer ? Coline de Senarclens, de lʹassociation #Slutwalk nous explique le concept de culture du viol qui imprègne toute notre société.

    https://www.rts.ch/play/radio/vacarme/audio/viol-cest-quoi-la-culture-du-viol-?id=8540519

    #culture_du_viol #viols #espace_public #peur

  • (1) La BD pour enfants « Max et Lili » est-elle sexiste ? - Culture / Next
    http://next.liberation.fr/livres/2017/04/19/la-bd-pour-enfants-max-et-lili-est-elle-sexiste_1562601

    L’une des premières à s’en alerter, c’est Rachel Gosselin, bibliothécaire du XIIIe arrondissement de la capitale. « Un de mes collègues est tombé sur l’un des albums et m’a dit "y’en a un qui est limite". » Sur l’image en question, issue de Lili ne veut plus se mettre toute nue, Valentine (sa meilleure copine) lui dit : « Dis donc, il est sexy ton cousin Victor. » Et Lili de rétorquer : « Avec ton ventre à l’air, tu n’as aucune chance ! Il n’aime pas les filles dévergondées ! » Interloquée, la bibliothécaire décide alors, avec l’aide de ses collègues, de passer en revue tous les ouvrages.

    Une nouvelle fois, elle est choquée par un dessin de Lili se faisant courser par une horde de garçons en dessous duquel est noté : « Comprends-tu qu’on ne peut pas s’habiller en classe comme à la plage ? Et que s’habiller sexy, c’est provocant ? » « Les enfants assimilent très vite, et ça peut avoir un impact important sur eux. C’est du conditionnement pur et simple. La société est déjà sexiste, ça porte l’enfant à se stéréotyper et amène une culpabilisation tacite de la jeune fille. En somme : "Si tu t’habilles trop court, attention à toi !" C’est dramatique pour le droit des femmes et la vision qu’ont les femmes d’elles-mêmes », déplore la jeune femme. Cette fois, Rachel Gosselin décide d’adresser un mail aux responsables jeunesse des bibliothèques municipales parisiennes. Le mail provoque peu de retombées mais sur la Toile, les images incriminées suscitent de nombreuses réactions.
    « C’est le rôle des parents de dire à ses enfants de ne pas s’habiller sexy »

    Libération s’est rendu le 12 avril à la bibliothèque Andrée Chedid, dans le XVe arrondissement de Paris, pour y rencontrer l’auteure de Max et Lili, invitée face à son jeune public. Sur place, Dominique de Saint Mars plaide l’humour. « C’est un faux procès car je suis une féministe dans l’âme », dit-elle. Et la bibliothécaire présente à ses côtés d’approuver. Le terme « dévergondé » ? « C’était pour dire un truc drôle et désuet. Lili est tout simplement jalouse de sa copine Valentine et la dénigre », argue-t-elle tout en mentionnant qu’il faut lire toute la BD pour comprendre.

    Sexy, c’est provocant ? « C’est le rôle des parents de dire à ses enfants de ne pas s’habiller sexy […]. Il faut laisser les enfants être des enfants, être dans son âge de latence. Car ça peut provoquer des réactions aussi bien chez les copains, chez les copines que chez des adultes malveillants. On a envie de protéger ses enfants », dit-elle.

    Dans l’album Max ne pense qu’au zizi, certains internautes ont relevé le dialogue entre Max et son père. « C’est vrai papa que les filles c’est pas du gâteau ?! » Réponse : « Surtout depuis qu’elles ont décidé d’être nos égales… » Ici, Dominique de Saint Mars plaide une nouvelle fois la dérision tout en précisant « que ce n’est pas si simple pour un homme de ne plus être le dominant. Y’a 2 000 ans d’histoire, il faut respecter l’évolution de l’humanité et leur laisser un temps d’adaptation ».

    #slut_shaming #sexisme #enfance #renversionnite #inversion_patriarcale

  • Genre et jeux vidéo
    http://lille1tv.univ-lille1.fr/videos/video.aspx?id=55028cfe-e270-4297-ab8f-a147ecaf020f

    Femmes et jeux vidéo, sexisme et jeux vidéo, genre et jeux vidéo... Toutes ces questions font, depuis quelque temps, couler beaucoup d’encre, sur le net notamment, et sont loin d’être simples. Après un rappel en images de l’évolution des représentations masculines et féminines en vidéoludie seront évoquées les pratiques des joueurs et des joueuses ainsi que quelques « affaires » qui ont récemment secoué l’actualité. Après une rapide revue de la littérature scientifique traitant de ce double sujet seront présentées la problématique et la structure de l’ouvrage collectif Genre et jeux vidéo (2015).

    Page personnelle : (...)

    • Oui, ça m’a attristé également @mad_meg. Ceci dit, ce sont des jeunes étudiant·es, elles et ils apprennent et s’ouvrent à d’autres points de vues à travers ces conférences. C’est déjà bien que quelques un·es étaient dans la salle.

      Il manque peut être une mise en perspective plus détaillée ou visuelle du sexisme en terme de volume (pour 1 femme qui harcèle*, combien se font harceler…). La conférencière a tenté d’en parler sur la fin avec l’analogie des femmes violeuses… mais le message semble avoir du mal à passer.

      * Sur l’exemple de la femme dans un groupe de travail « qui met une mauvaise ambiance », si harceler c’est justement dénoncer un certain sexisme, effectivement on n’est pas sorti de l’auberge, et effectivement c’est souvent mal perçu. J’interprète peut être mal sa phrase ceci dit (j’imagine que le terme était peut être pour ça, mais c’est pas certain ; on sait pas trop à ce moment là ce que cette étudiante souhaitait exprimer à travers son propre exemple, ou quel était le non-dit).

    • Ce procès d’intention au début de la vidéo, ou alors c’est juste qu’elle ne connait pas PacMan.
      Ms PacMan est apparue parce que Namco ne voulait pas vendre les droits à Midway qui avait déjà réalisé illégalement le portage sur Atari. Alors, dans le flou juridique, ce concurrent a inventé Ms PacMan. C’est devenu un jeu officiel uniquement après, quand Namco a pris conscience du succès.

      La suite de son discours est moins truffé de raccourcis.

      PS : j’ai lu son livre et j’aime bien. Je n’aime juste pas trop les raccourcis historiques au profit d’un discours. Je préfère opter pour le révisionnisme.

    • @sandburg Heu, ça change quelque chose par rapport au « design » rouge à lèvre de Ms PacMan ? (je ne connais pas du tout l’histoire donc…). Mais ils auraient pu imaginer PacWoman du coup… si c’était un problème de droits… tant qu’à faire…

    • A mon avis ces jeunes qui bossent dans le jeu vidéo sont venu à cette conférence pour poser leur « questions » à la fin et n’ont rien écouté ni compris à la conférence. Le fait qu’illes ne comprennent pas que la conférencière parle de sexisme autour du genre est quant même énorme.
      Par rapport au prétendu harcèlement que ferraient les femmes qui portent des décolletés sur les platforme video de JV pour avoir de bonus c’est aussi un grand retournement. Perso en tant que gameuses, les seuls que j’ai vu faire ce genre de choses sont des hommes avec un avatar de femme et de toute façon si des femmes faisaient ca je verrai pas le problème. J’ai rien contre les prostituées, mon problème est avec ceux qui consomment de la prostitution. Les garçons et hommes qui vont sur ces vidéos de joueuses à grand décolleté viennent y chercher ces décolletés. Voire un décolleté quant on le recherche et qu’on est prêt à faire des cadeaux pour les voire, c’est pas subir du harcelement sexuel. A ce que je sache les vidéos de joueuses en décolletés plongeant ne viennent pas de force sur les écrans de ces joueurs. Mettre ca en symétrie aux agressions que subissent les joueuses qui veulent venir jouer tranquillement et qui se font traité de tous les noms pour pas un rond c’est pas possible. Personnellement que ca soit des jeunes ca me déprime encore plus. Heureusement la conclusion est donné à la mention du sexisme crasse du forum 15-25 ans de jeux-video.truc et c’est deja bien de pas finir sur cet étalage de #male_tears #putophobie, misogynie et slut-shaming.

      Il y a un intervention qui aurais du être plus develloppé, le joueur qui explique qu’on lui reproche toujours dans les jeux de mettre la mauvaise ambiance car il relève les remarques sexistes, homophobes, racistes...
      A mon avis la mauvaise ambiance que mettent les femmes c’est qu’elles ne disent pas merci quant on les traitent des salopes. Ca correspond en tout cas à mon expérience du jeu de role et des MMORPG.

    • Par rapport au prétendu harcèlement que ferraient les femmes qui portent des décolletés sur les platforme video de JV

      Ill·es parlaient de Twitch.tv et effectivement il y avait eu quelques ban de femmes pour quelque nichon montré. Cela dit je n’ai pas souvenir d’hommes qui se serait fait ban en se montraint torse nu… cela m’étonnerait… donc là encore… Maintenant il semblerait que Twich ait interdit les tenues torse nu ou « sexy » comme on interdirait à d’autres endroits le voile… Ces hommes se font provoquer pour un rien quand même !

    • A mon avis la mauvaise ambiance que mettent les femmes c’est qu’elles ne disent pas merci quant on les traitent des salopes.

      Oui, ou qu’elles ne rigolent pas aux blagues lourdes, ou ne font pas la bise en souriant à tout le monde le matin, … tant de raisons possibles de recevoir des quolibets.

    • @marcimat
      Oui, ils auraient pu l’appeler autrement.

      D’autant que le personnage s’appelle Ms PacMan dès le début, alors que dans l’histoire, elle n’est pas encore en relation avec Mr du même nom. (à moins d’y voir un mariage en famille)
      Je dirais qu’ils ont joué la carte du clone au titre le plus approchant. Pour piéger de client, titres sur le packaging plus proches.

    • Durant les questions, la femme qui évoque des nanas qui mettent la mauvaise ambiance et/ou profitent de privilèges… ça fait penser à un passage du livre de Natacha Henry, Les Mecs lourds ou le paternalisme lubrique.
      http://lille.cybertaria.org/biblio/spip.php?article3111
      Où une extrême minorité de femmes adaptées aux codes du paternalisme sexiste en jouent à souhait. Mais Natacha Henry dit bien que c’est une minorité de femmes de pouvoirs (bourgeoises voire grandes-bourgeoises), et que c’est un jeu difficile à tenir au quotidien.

      Pour moi, c’est aussi une adaptation au système machiste (adaptation subie). Les réponses qui arrivent ensuite sont adaptées. Et on pourrait rebondir aussi sur le Slut Shaming, qui démontre d’une morale de contrôle machiste. Là, en plus, c’est une femme qui fait du Slut Shaming, sans la juger, elle me semble sous emprise, et sûrement dans un questionnement inconscient (je ne suis pas dans sa tête). Ça relève de l’intégration dans son groupe de potes. Si la communauté était féminisée, pas sûr que les quelques décolletés, tétons, lèvres qui dépassent et autres pipes en live ne soient autant slut shamés…
      Twitch est a critiquer, mais dans son rôle. Ils ont intégré le slut banning dans leur règles pour se prémunir de procès. (Ils font pareil avec les insultes, violence physiques, etc…) C’est pas vraiment la règle de Twitch, mais la règle des utilisateurs de Twitch. Ces règles sont le reflet de la société.

      Mais on sent bien dans l’assistance une vague de fans qui trouve qu’on touche un peu trop à leur chasse gardée en venant observer leurs pratiques sous l’œil du genre.

  • Kim Kardashian et les tontons braqueurs : faut le professionnel pour rester de marbre
    http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2017/03/27/kim-kardashian-et-les-tontons-braqueurs-faut-le-professionnel-pour-rester-de

    T’as beau avoir scruté les photos, observé le client sous presque toutes les coutures vu qu’elle a pas l’air trop farouche avec les photographes, quand la mère Kim apparaît, ça fait un choc. Jolie comme un cœur, à oilpé sous un peignoir qui crie un peu grâce au niveau du poumon, un valseur en conséquence qui te fait regretter d’avoir pas pris de cours de tango. Et avec ça, effrayée comme une biche quand tu lui colles un calibre en bon acier sur ses mèches folles, faut le professionnel pour rester de marbre et pas péter une durite.

    Le bon vieux cliché du viol de la bourgeoise valorisé et mis en scène de manière humoristique sur l’e-monde.fr.
    #culture_du_viol #misogynie #slut_shaming #haine #prédation

    sur le sujet du fantasme de viol des bourgeoises lire ce texte excellent de Christine Delphy : http://lmsi.net/Quand-la-haine-des-femmes-se

  • Brain Magazine - Page Q - Le POV d’Ovidie : Le féminisme pro-sexe est-il mort ?
    http://www.brain-magazine.fr/article/page-q/35922-Le-POV-d-Ovidie-le-feminisme-pro-sexe-est-il-mort

    Chacune a développé ses propres idées, pour ma part les miennes étaient très inspirées d’Annie Sprinkle, travailleuse du sexe durant 18 ans, réalisatrice, artiste « post-porn moderne », activiste éco-sexuelle et j’en passe. Je croyais surtout mordicus à son désormais célèbre « the answer to bad porn isn’t no porn, it’s to try to make a better porn ». Et j’y ai tellement adhéré que cela fait 17 ans que je réalise mes propres films et que je répète tel un mantra les préceptes du féminisme pro-sexe. Sauf que depuis quelques temps je les répète avec de moins en moins de conviction. Certains discours du type « la sexualité libère » me font royalement chier. Non la sexualité ne libère pas. Au mieux elle est un facteur personnel d’épanouissement, au pire elle est un facteur supplémentaire d’oppression. Il est indispensable que chacune d’entre nous puissions gérer notre sexualité comme nous l’entendons. Si nous jouissons, tant mieux, grand bien nous fasse. Si nous ne jouissons pas, il est éventuellement intéressant de questionner notre environnement social afin de détecter son influence éventuelle négative. Mais croire qu’on peut faire la révolution au lit est une aberration.

    #féminisme #mea_culpa #sex_war #sexualité #pornographie #violences_sexuelles #domination_masculine #prostitution

    • Ok @aude_v je t’appellerais sur certains sujet qui m’inspirent des discussions et suceptibles de t’interessé. Mais je ne suis pas très présente en ce moment, je dessine à fond.
      Par rapport à cet article, de mon coté c’est Ovidie qui a permis que je ravise mon enthousiasme concernant le féminisme pro-sexe vers les années 2000. Je trouve pas que ca soit une mauvaise nouvelle qu’Ovidie change de jugement sur ce sujet. C’est sur que c’est déprimant par rapport à l’ampleur du travail à faire vis à vis de la sexualité, mais il me semble que ce disours par Ovidie peut avoir un impacte positif.
      La semaine dernière j’écoutais cette conférence de Nathalie Bajos :
      https://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs_au_lycee/la_sexualite_chez_les_adolescents_nathalie_bajos.6865
      Nathalie Bajos y explique que le seul domaine ou les représentations par rapport à l’egalité n’ont absolument pas été modifiés c’est la sexualité. Et elle dit que c’est là qu’il faut agir. Je suis pas d’accord a ce sujet sur la conclusion de Ovidie « Mais croire qu’on peut faire la révolution au lit est une aberration. »
      En fait si on peu et on doit faire la révolution au lit ou en tout cas dans la sexualité (pas forcement dans un lit), mais pas avec le porno. Le porno c’est pas la sexualité (c’est de la prostitution avec une camera).
      Nathalie Bajos dit que c’est justement sur les représentations de la sexualité qu’on trouve les racines du sexisme.

    • Désolée, je n’ai jamais cru à un porno féminin ou « meilleur » porno.
      A partir du moment où on est conscient-e que quoi qu’on fasse, dans quelque domaine que ce soit, il sera récupéré, washé, par le fric essentiellement, mais pas seulement (religions, et autres intérêts de puissance, petite ou grande), il faut, avant d’entamer une réflexion ou d’agir, anticiper ce que sera le washing.
      Dans le porno il est transparent, évident, sans ambiguïté. Les hommes vont toujours récupérer la mise en image de relations sexuelles.
      La véritable révolution, du grain de sable, c’est la contestation, la résistance, individuelle, qui est souple, et qui ne permet pas à l’argent de s’organiser pour récupérer.
      Car ce qui est de l’ordre de nos émotions, nos envies, nos désirs est mouvant, divers, et non formaté.
      Dès qu’on commence à le mettre en forme, c’est l’autoroute pour une récupération.
      Valable pour tous les sujets.
      La sexualité c’est avant tout du fonctionnement personnel. Et interpersonnel. Personnel, donc multiple et varié, dépendant aussi du jour, de l’ambiance, de sa journée, sa vie, quotidienne et générale.
      Interpersonnel, c’est ça puissance deux (si on est deux, trois si on est trois, etc.).
      On a donc, à la base, un nombre quasi infini de vivre sa sexualité.
      Si on se base sur cette ligne, personne ne peut faire un montage pour récupérer ça.
      Le libertaire, vraiment appliqué, est irrécupérable par quelque puissance que ce soit.

    • A l’époque ou je croyais à ces théories pro-sexe via le porno féministe, il me semblait que ca serait tout de même un moyen de changer les représentations et les imaginaires de manière collective. Et que c’etait des experiences qui pourraient apporté une amélioration. C’etait un peu naïf, mais je pense qu’a l’époque je ne voulais pas encore reconnaitre a quel point l’hétérosexualité posait problème. Le truc c’est qu’a l’époque aussi je faisait la même confusion que Ovidie entre sexe et pornographie. Je n’avais pas encore identifié le lien entre la pornographie et la prostitution.

      Je pense que le travail de Nathalie Bajos est aussi une manière d’agir sur les représentations et imaginaires de la sexualité sans pour autant passé par la pornographie ni par la pratique de la sexualité elle même. Nathalie Bajos a fait par exemple une très grande étude sur la sexualité en France et ce genre d’étude a aussi du potentiel pour faire comprendre certaines choses. Elle fabrique des outils de comparaisons qui permettrons peut être de trouver des réponses et solutions à ce conservatisme sexuel.
      https://clio.revues.org/9780

      Édit : par rapport a l’utilisation de #seenthis et au web francophone. A mes yeux seenthis n’est pas qu’un espace de discutions. Ca peut l’être mais il y a plein d’autres maniere d’apprécier et d’utiliser seenthis. Je m’en sert beaucoup pour mon archivage, parfois je m’amuse toute seule sur un sujet, pour garder une trace de certaines trouvailles sur le web. C’est vrai que parfois j’ai envie de discuter et il y a personne de disponible (et pas que sur seenthis) et d’autres fois j’ai trouvé beaucoup une agréable compagnie pour mes nuits blanches et je pense en particulier à @tintin ( merci à toi). Par rapport au fait de tourner en rond sur seenthis (ou sur le web francophone), j’ai pas cette perception mais c’est probablement parce qu’en ce moment je vais bien alors l’aspect positif des choses m’apparaît. Ca m’arrive aussî d’avoir la sensation de tourner en rond sur le web mais Ca reflete plutot mon état de tourner en rond dans ma tete que lè fait que le web soit trop limité en lui meme. C’est comme ne rien trouver à lire à la BNF, c’est pas que la BNF n’aurais rien d’intéressant a lire, c’est que ce jour la rien ne m’intéresse.

    • https://seenthis.net/messages/390481
      https://seenthis.net/messages/383979
      Le sexe, l’art et la morale
      http://www.lamusardine.com/P7891-la-liberte-d-offenser-ogien-ruwen.html

      Contrôle plus strict des images ou des écrits à caractère « pornographique », censure à tout va sous prétexte de protéger « la jeunesse », les « sentiments des croyants » ou la « dignité humaine »...

      Désormais, faute de pouvoir s’attaquer directement aux pratiques sexuelles des individus, les nouveaux croisés de l’ordre sexuel s’en prennent à leurs représentations littéraires et artistiques. En partant de questions simples, #Ruwen_Ogien propose un ensemble d’arguments en faveur de la liberté d’offenser : Pourquoi n’est-on pas libre de voir ce qu’on est libre de faire ? Et pourquoi donc exiger des œuvres sexuellement explicites des qualités artistiques qu’on ne demande pas aux œuvres d’autres genres ? Le mauvais goût est-il un crime ? À qui profite vraiment la critique des morales du consentement ?

      Une très riche bibliographie pour cette liberté d’offenser, dont :
      The Culture of Radical Sex, Second Edition by Pat Califia
      http://www.popmatters.com/review/public-sex
      https://www.puf.com/sites/default/files/styles/ouvrage_couverture/public/9782130568810_v100.jpg?itok=zsYVfwla
      https://www.puf.com/content/Penser_la_pornographie


      Censure-moi - Histoire du classement X en France Christophe Bier - L’Esprit Frappeur -

      De Draguse ou le manoir infernal (1973) à Baise-moi (2000), en passant par Fais jaillir ton pétrole ou Tourne ton cul, que je marque un but, la loi X a frappé près de mille films en France. Depuis vingt-cinq ans, la loi X ne se contente pas de « protéger » les mineurs elle pénalise très lourdement ceux qui fabriquent, produisent et émettent des images interdites. Du coup, tout un genre cinématographique a disparu. Il a fallu que Baise-moi, un film « d’auteur », un « vrai » film tiré d’un gros succès de librairie, tombe sous son coup pour qu’on s’émeuve enfin sérieusement d’une loi qui soulève une question essentielle, celle de la liberté ou non de toute expression, qu’on la partage ou pas. #Christophe_Bier, l’un des meilleurs spécialistes du #cinéma_porno, retrace l’histoire de cet ultime dispositif de la censure d’État : aspects légaux, fonctionnement et, pour la première fois, les commentaires du comité de censure et la liste intégrale des films classés X.

    • Pourquoi n’est-on pas libre de voir ce qu’on est libre de faire ? Et pourquoi donc exiger des œuvres sexuellement explicites des qualités artistiques qu’on ne demande pas aux œuvres d’autres genres ? Le mauvais goût est-il un crime ? À qui profite vraiment la critique des morales du consentement ?

      Je trouvè qu’il n’y a que des mauvaises question si dessus. Lè porno c’est pas ce qu’on est libre de faire, car dans la prostitution il n’y a pas de liberté et la prostitution n’est pas autorisé partout. D’autre part la pornographie ne fait pas que filmé ce qu’on est libre ou autorisé à faire, cf pornographie impliquant des enfants, des animaux, des viols...
      Pour la question deux, lè porno c’est pas une oeuvre d’art. C’est pas une fiction. Il y a pas d’effets spéciaux pour les scènes de cul, la seul chose qui est simulé dans le porno c’est le plaisir sexuel des femmes et encor si lè real ne prefere pas qu’elle hurle de douleur. Lè porno lè seul genre auquel on peu lè comparé c’est le snuffmovie puisque la aussî on ne fait pas semblant.
      La question du bon gout est ridicule. J’ai jamais vu d’attaque contre lè Porno a ce sujet chez les feministes.
      Croire que la dénonciation de la culture du viol c’est de la moral Ca me fait bien mal au coeur. A qui profite le consentement ? Bah Ca peut profiter aux personnes dont on se passe du consentement.

      Confondre les feministes abolitionnistes avec les cathos et la moral puritaine c’est refusé toute mise en cause de la sexualité patriarcale.

      Il a l’air vraiment nul ce livre sur le porno comme offense.

    • Ok je connaissais pas ce masculiniste. Merci @rastapopoulos
      @vanderling je ne comprend pas trop pourquoi tu conseil ce bouquin dans cette discutions. Ce livre semble assimilé toute critique du porno à du puritanisme et vu qu’il y a une question sur « la morale du consentement » c’est bien que l’auteur est au courant des théories féministes sur la culture du viol et les assimile aux sexistes de la manifs pour tous.

    • Sur la première question : « Pourquoi n’est-on pas libre de voir ce qu’on est libre de faire ? »
      Prenons le film porno le plus « artistique ». Pour les plus puritains, c’est un mélange absolument intolérable de tous les vices si on l’envisage dans toutes ses dimensions : fabrication, diffusion, consommation.
      – Fabrication
      Les acteurs et les actrices pornos, outre le fait qu’ils sont des victimes surexploitées et humiliées par des producteurs véreux, mafieux, dégoûtants, sont aussi des déviants moraux
      parce qu’ils « baisent pour de l’argent » et parce qu’ils s’exhibent sans honte devant l’équipe technique puis à l’écran. Ce sont des « putes » et des « exhibitionnistes ».
      – Diffusion
      Les rues sont envahies d’images pornos. Les écrans de télé aussi. On nous oblige à voir ce qu’on ne veut pas voir. C’est complètement écoeurant. On est en « état de viol permanent »
      – Consommation
      Le consommateur d’images pornos, à la télé ou sur le net, contribue indirectement à la prospérité d’une industrie esclavagiste et à engraisser des producteurs véreux, mafieux, dégoûtants. Il est, lui aussi, un déviant sexuel répugnant : certainement « voyeur » et très probablement, masturbateur.

      Mais l’exhibitionnisme et le voyeurisme sexuels n’ont absolument rien d’immoral si, comme dans le cas des acteurs/actrices et des consommateurs.ces de porno, ils sont le fait d’adultes consentants.

      R.Ogien

      Le discours d’Ovidie est d’autant plus intéressant qu’elle est passé derrière la caméra. Et si je ne suis pas un fervent admirateur de ses films, il me semble quand même qu’elle revendique une certaine qualité et esthétique face au "porno crade". « the answer to bad porn isn’t no porn, it’s to try to make a better porn »
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Ovidie#En_tant_que_r.C3.A9alisatrice
      Sinon, si R.Ogien est un gros libéral. Brain Magazine m’a tout l’air du magazine à t’offrir un mug avec ton abonnement.

    • @mad_meg
      parce qu’il était dans mes étagères et qu’il a été proposé de faire ce livre à R.Ogien par Sarah Chiche : directrice de la collection érotique « L’Attrape-corps » aux éditions de La Musardine, dont Ovidie est l’un des auteurs-phares.
      La musardine qui à réédité, en format poche, son Porno Manifesto.

    • C’est bien la citation précédente est l’exemple typique d’amalgame entre la critique de la marchandisation et exploitation, et le puritanisme sans argument autre que c’est pas bien c’est de la déviance. Or Ogien est un philosophe, cultivé, qui a beaucoup lu. Donc il le fait sciemment. Donc c’est un salaud, CQFD.

    • Les rues sont envahies d’images pornos. Les écrans de télé aussi. On nous oblige à voir ce qu’on ne veut pas voir. C’est complètement écoeurant. On est en « état de viol permanent »

      ah mais quel bloubigoulba ce discours. D’un coté il dit le porno c’est de l’art et de l’autre il dit etre ecœuré par sa version soft (cf la pub) et en profite pour galvaudé le mot viol.
      Si la pub utilise le registre du porno c’est bien que le porno se banalise. Utilisé cet argument pour défendre le porno ca dépasse mon entendement.

    • @mad_meg @rastapopoulos
      Je précise que je n’ai pas encore lu entièrement ce bouquin.
      l’extrait cité plus haut est l’introduction au 5 ème chapitre qui en comporte 11 :
      – Avant propos : L’exception littéraire et artistique
      – Qu’est-ce que la liberté sexuelle négative ?
      – Notre liberté d’expression vaut-elle plus que leur indignation ?
      – Pourquoi n’est-on pas libre de voir ce qu’on est libre de faire ?
      – Pourquoi parler de « censure » ?
      – Les juges ont-ils le droit de juger les oeuvres de l’esprit ?
      – Faut-il punir l’intention de provoquer des réactions « lascives » ?
      – Regarder est-il un crime ?
      – Le mauvais goût est-il un crime ?
      – Conclusion : Offenses et préjudices
      – Bibliographie
      – Remerciements

      Mais l’exhibitionnisme et le voyeurisme sexuels n’ont absolument rien d’immoral si, comme dans le cas des acteurs/actrices et des consommateurs.ces de porno, ils sont le fait d’adultes consentants. (1)
      (1) La question de savoir s’ils.les sont « pervers » au sens ou l’entend telle ou telle théorie psychologique est d’une nature complètement différente : elle ne m’intéresse pas ici. Je mets aussi de côté la question, souvent évoquée dans les attaques contre le porno, du consentement suffisant des acteurs dans un contexte de surexploitation. Ce n’est pas un problème spécifique au porno. Il est commun à un très grand nombre d’activités économiques aujourd’hui dans le monde : celles ou des enfants sont contraints de travailler pratiquement comme des esclaves, entre autres. Les critiques qui m’intéressent, sont celles qui admettent que les acteurs.ices sont consentants.es dans tous les sens raisonnables de ce terme et jugent néanmoins que ce qu’ils.elles font est répugnant.

    • oui d’ou le bloubigoulba mais c’est peut etre une expression un peu daté ...

      En fait dans cette petite phrase il mélange beaucoup de chose :
      – les attaques puritaines contre le porno à base de #slut_shaming et #putophobie
      – le discours intello théorique sur la différence entre erotisme et porno qui se joue en fait surtout sur le bon gout et les difference de domination sexuelle masculine selon les classes. Parceque les textes littéraires erotico-porno que j’ai pu lire n’etaient pas mieux au niveau du sexisme des représentations. Et par rapport à la pub dans la rue, même si elle a une influence du porno on n’y voie pas de sexe explicite comme dans le porno.
      – les attaques masculinistes qui défendent les agresseurs sexuels en disant qu’ils sont agressé par la vision des femmes (dans la pub, dans la rue, dans le porno). Son expression de « viol permanent » me renvoie à ce contexte.
      – un pseudo discours anti-pub mais creux et opportuniste. C’est à dire que le mec défend une grosse industrie du proxenetisme international tout en se moquant de la pub. Mais le porno aussi il fait de la pub et on va pas dire que cette ndustrie le fait dans le respect du désir des gens. Et si dans les kiosques de rue on se tape la une de hot magazine qui reste assez soft ou même si gucci s’est inspiré d’un scenario de viol à la base du porno, dans les boites mail, les sites de streaming, à coté du dernier Disney tu as une pub beaucoup plus explicites que celles de la rue et celle là, l’industrie du porno ça la déranger pas de la mettre sur une page de streaming qui s’adresse à des gosses.
      – La mention du viol qui est ici tout à fait malvenue vu le contexte et qui jette la confusion sur ce mot, confusion dont on a franchement pas besoin.
      – et tout ca dans une parfaite invisibilité des questions de genre, comme si femmes et hommes étaient interchangeables dans cette industrie. Comme si c’était les hommes qui étaient sexualisé dans la rue avec la banalisation du porno et comme si c’était les hommes qui subissaient un viol permanent.
      Il manque aussi le tag #inversion_patriarcale et #renversionite du coup :)
      Et puis il mérite bien un petit #phallosophe quant même ce monsieur ^^

    • C’est vrai que j’ai un peu évacué ici la pression d’être sollicité sexuellement par la pub. Mais j’ai entendu cet argument utilisé par des hommes pour excusé des comportement sexistes vis à vis de femmes, du harcelement de rue ou du slut-Shaming du coup je suis assez suspicieuse sur cette histoire. En plus les femmes sont autant scollicitées par ces pubs d’un point de vue sexuel et leur malaise se place à un autre niveau en plus de cela, car ces pubs peuvent les mettre dans des situations très inconfortable. Par exemple attendre à un arret de bus la nuit à coté d’une pub d’inspiration porno-chic perso ca augmente mon malaise.

      Et par rapport à ton amie et son père. C’est clairement une agression sexuelle à caractère incestueuse. Exposer des enfants à de la pornographie c’est une agression sexuelle et c’est en principe condamné par la loi. Je reviens avec un lien là dessus. Si tu pouvais mettre un « #TW inceste » sur cette partie @aude_v parceque j’ai vecu ca et ca me met un peu mal de voire remonté ce souvenir.

      Et pour la question du bon gout (et du dégout) je suis d’accord que c’est franchement hors sujet et in-interessant. Surtout qu’il a aucune approche politique, et que le gout c’est à mes yeux une affaire d’appartenance de classe. En fait il aborde le sujet par tous les moyens qui lui permettent d’éviter une approche politique.

      edit sur l’exposition de mineur à la pornographie et au droit j’ai trouvé ceci qui donne un peu de détail : http://www.legadroit.com/droit-du-sexe.html

    • Il est écrit comme ça @mad_meg et qu’il soit publié aux éditions de La Musardine n’est pas un hasard. Je n’ai jamais mis les pieds dans leur librairie (sise rue du chemin vert à Paris) Cette maison d’édition/librairie est assez paradoxale et mieux vaut savoir séparer le bon grain de l’ivraie avant d’en franchir le seuil ou de visiter son site.

      @aude_v Évidemment que c’est violent, en faire une question de bon goût est malhonnête.
      bon ou mauvais goût, là n’est pas la question. Je penche plutôt pour le mauvais genre. Ou par exemple : Daddy’s girl de Debbie Dreschler.

      #Daddy’s_girl n’est pas un album dont on peut dire qu’il est bon ou qu’il est beau . Si l’impact émotionnel de ce livre est si fort c’est qu’il aborde ce sujet grave qu’est l’inceste, ceci sans sensationnalisme, avec une simplicité et une honnêteté dans la narration peu commune : l’émotion n’étant ni provoquée ni imposée. Le dessin de #Debbie_Drechsler tout en rondeur et en douceur s’accorde totalement au point de vue de la narratrice, une fillette de douze ans.

      http://www.du9.org/chronique/daddy-s-girl

    • La notion même de virginité est extrêmement sexiste, androcentré et hétéro sexiste. C’est un mot qui n’a existé qu’au féminin en français avant qu’on lui fabrique un masculin peu utilisé.
      – La vierge est la femmes ou la fille qu’aucun penis n’a pénétré. C’est une femme qui n’a pas encore été vendu par son propriétaire (le père) à un autre homme.
      – C’est le penis des hommes qui définit une femme son identité et sa valeur. La femme pas encore colonisé par un penis masculin à plus de valeur.
      – Virginité veux dire « sans tache, pure, propre... » et cette expression implique qu’une femme pénétré par un penis est « taché, impure, sale » et on retrouve ce qu’on appel le slut shaming. Elle implique l’idée que la sexualité est sale, vile...
      #virginité

  • Madonna révèle avoir été violée dans un formidable discours contre le sexisme
    http://mobile.lesinrocks.com/2016/12/13/musique/madonna-revele-ete-violee-formidable-discours-contre-sexisme-1188

    Sacrée « #Femme de l’année » aux Billboard Women in Music le 9 décembre, #Madonna s’est fendue d’un discours défonçant le #sexisme dans l’#industrie_musicale.

    Preuve de plus que la #pop fait bien de s’emparer du féminisme : invitée à recevoir le prix de Femme de l’année lors de la cérémonie des #Billboard’s Women in Music le 9 décembre, Madonna, 58 ans, s’est employée à dénoncer le sexisme auquel elle a été confrontée dans l’industrie musicale durant sa longue carrière dans un discours d’une justesse incroyable.

    ...

    Avant d’exposer ces règles :

    “Si vous êtes une #fille, vous devez jouer le jeu. Vous avez le droit d’être jolie, mignonne et sexy. Mais n’agissez pas de façon trop maligne. N’ayez pas un avis qui dérange. Vous avez le droit d’être réifiée par les hommes et de vous habiller comme une salope, mais ne soyez pas maîtresse de votre côté salope. Et ne partagez, je répète ne partagez surtout pas vos fantasmes sexuels avec le monde. Soyez ce que les hommes veulent que vous soyez, et encore plus important, agissez de façon à ce que les femmes se sentent en confiance même si vous êtes entourée d’hommes. Et pour finir ne vieillissez pas. Vieillir est un péché. Vous serez critiquée, calomniée, et vous ne passerez plus à la radio.”

    “On me traitait de pute et de #sorcière

    #viol #violences_sexuelles

  • « Elles ne se respectent pas » http://prenezcecouteau.tumblr.com/post/150087029033/elles-ne-se-respectent-pas

    Quant je parle du féminisme de Beyonce à mes amies blanches, féministes, et adeptes de Mona Chollet, leur première réaction est : « nan mais faut qu’elle arrête de se proclamer féministe hein, tu ne peux pas te dire féministe un jour et te balader en combinaison en latex le lendemain avec le fil du tampon qui dépasse hein, en tout cas, ça ce n’est pas MON féminisme ».

    Je suis d’accord avec ce qui est dit dans l’article mais ne comprend pas ce que Mona Chollet viens faire dans cette galère. J’ai pas vu de tels propos dans @beautefatale (bien au contraire puisque c’est cette lecture qui m’a ouvert les yeux sur ma misogynie intégrée, le colorisme, le femonationalisme et permis justement de ne plus juger les femmes sur leur apparence) et la il est question d’adeptes de Mona Chollet et non directement d’elle. J’ai l’impression que ni la personne qui écrit ce texte, ni les sois disant adeptes de Mona Chollet qui slut-shame Beyoncé, n’ont lu ses textes (ou alors j’ai raté un épisode) et ça fait un drôle d’effet de voire Mona cité comme féministe Blanche (blanche en principe ne designe pas la couleur de peau mais un feminisme raciste).
    @mona
    #feministes_blanches #racisme #slut-shaming

  • Slut shaming et prude shaming sont les 2 faces d’une même pièce
    Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps slut shaming comme prude shaming font partie de la culture du viol.
    Et je trouve dommage que dans pas mal de discussions féministes assez généralistes, on ne parle que d’une de ces faces et pas de l’autre.
    Certes, la culture du viol ne s’exerce pas de la même manière mais les deux restent intrinsèquement liés .
    Au sexisme s’ajoute souvent d’autres oppressions.
    On peut donc devenir soi-même oppressifve en remettant en question la capacité d’agir(certes dans un contexte patriarcal) et de choisir de la personne.
    De toute façon, quelque soit le choix que nous faisons,les oppresseurs s’en prendront à nous .

    Certains hommes cisgenres vont me dire qu’iels subissent ce genre de pressions qui ressemblerait à du prude shaming et slut shaming mais je trouve étrange(non) que ce genre d’arguments soit sur des sites connus pour leur masculinisme (assumé ou non) .
    Cependant, la pression est réelle et fait partie du continuum de la masculinité toxique.
    Mais la plupart du temps, dans les deux cas, les victimes du patriarcat trinquent.
    http://viedelamia.canalblog.com/archives/2016/09/05/34189259.html
    #consentement #oppressions #prude_shaming #slut_shaming #victim_blaming #violences_sexuelles

  • Les 400 culs - Peut-on aimer le sexe sans avoir à s’en cacher ? - Libération.fr
    http://sexes.blogs.liberation.fr/2011/05/19/peut-on-aimer-le-sexe-sans-avoir-a-sen-cacher

    Pour « accrocher » les lectrices et les rendre plus dépendantes, les magazines féminins disposent d’ailleurs d’une arme redoutable : la double-contrainte (double-bind), une technique qui consiste à mettre les gens dans une position intenable. Exemple : Essayer de plaire mais sans en avoir l’air. Assumer ses rondeurs, sans être grosse. Aimer le sexe, sans passer pour une pute. Il y a une forme de perversité dans ces messages contradictoires. Perversité parfois si flagrante qu’il est presqu’impossible de ne pas réagir à une couverture au fond très banale, stupidement banale. Désespérément banale. Presque tous les magazines féminins nous répètent depuis des années que nous ne devons pas avoir l’air de putes, ni de salopes. Comme si les femmes devaient avoir honte de leurs désirs et les dissimuler sous un vernis glamour. Comme si les hommes ne pouvaient respecter que les « filles difficiles ».

    #féminisme #domination_masculine #sexisme #hétérosexualité #patriarcat #culture_du_viol #injonction_paradoxal #double_blind #double_contraire #putophobie #Slut_shaming et #male_tears

  • Buffy, partie V : les relations affectives et les agressions ordinaires
    http://www.lecinemaestpolitique.fr/buffy-partie-v-les-relations-affectives-et-les-agressions-ordin

    La première partie traite de la façon dont la série renverse un trope sexiste en présentant une jeune fille blonde errant dans des cimetières la nuit pour tuer des monstres. La deuxième partie traite du racisme de la série. La troisième partie analyse l’intrication entre sexisme, classisme et psychophobie, qui se cristallise dans une opposition […]

    #Séries #amitié #famille #féminisme #slut_shaming #violences #violences_intrafamiliales

  • Meghan Murphy : La Slutwalk d’Amber Rose est l’apogée naturelle des Slutwalk

    https://tradfem.wordpress.com/2016/01/29/meghan-murphy-la-slutwalk-damber-rose-est-lapogee-naturelle-des-s

    A l’époque, j’ai rigolé à l’idée que cet individualisme loufoque soit qualifié de « mouvement ». On n’y trouvait ni solidarité, ni analyse de classe, ni compréhension des systèmes d’oppression, ni compréhension de l’oppression tout court… C’était juste un méli-mélo de mantras que les publicitaires et l’État capitaliste américain nous balançaient depuis des décennies : ton destin est ce que tu en fais. Ta capacité à « choisir » des implants mammaires ou à profiter en quelque façon d’un système exploiteur est, en fait, autonomisante. Si je me traite de salope et que ça me plaît, me voilà libérée avec succès du patriarcat. Évidemment, fantasmer notre libération tout en restant sous la coupe d’un système qui nous détruit est exactement ce que souhaitaient les détenteurs du pouvoir. [...]

    Qu’on s’entende bien, je n’ai pas d’aversion pour Rose. Je respecte le fait qu’elle essaye de guérir de tout ceci, et je respecte le fait que ses intentions étaient bonnes en organisant cet événement. J’ai été émue par ses propos quand elle a parlé, en larmes, de sa douleur à être humiliée et insultée par des hommes qui l’ont utilisée, qu’elle a aimés, et dont elle a porté un enfant. Mais le « pardon » et « l’énergie positive » n’ébranleront jamais le patriarcat. Et sincèrement, la Slutwalk ne souhaite pas ébranler le patriarcat.

    Traduction : Tradfem
    Article original : http://www.feministcurrent.com/2015/10/07/amber-roses-slutwalk-is-the-natural-pinnacle-of-slutwalk

    #Meghan_Murphy est écrivaine et journaliste indépendante, secrétaire de rédaction du soir pour le site rabble.ca, et fondatrice et directrice du site Feminist Current. Vous pouvez la suivre sur Twitter : https://twitter.com/MeghanEMurphy

    #Slutwalk #Amber_Rose #Feminist_Current #tradfem

  • Désexualisation et violence contre les femmes en situation de handicapes
    http://prenezcecouteau.tumblr.com/post/131416801137/une-des-attitudes-sociales-communes-est-de

    Une des attitudes sociales communes est de considérer que les personnes handicapées ne sont pas sexuelles - que leur handicap les dépouille de leurs pulsions sexuelles, et qu’en plus le handicap rend les gens intrinsèquement indésirables sexuellement, donc ce n’est pas comme si ils allaient trouver des partenaires qui allaient bien vouloir d’eux. Ces considérations sont de notoriété publique, malgré le fait qu’elles créent des attitudes et des structures sociales extrêmement néfastes.
    Persister à dire que les personnes handicapées ne sont pas sexuelles, par exemple, joue un rôle direct dans le refus de voir l’abus sexuel et la violence commise à l’égard de ces personnes(1). Après tout, clament les gens, ces comportements sont ancrés dans la sexualité (la raison pour laquelle cette croyance continue malgré toutes les évidences du contraire me dépasse), et vu que les personnes handicapées n’ont pas de sexualité, cela signifie qu’ils ne peuvent pas être agressés sexuellement ou abusées - c’est presque comme si les gens croyaient sincèrement que les personnes handicapées sont comme des poupées, avec un grand vide là où leurs organes génitaux devraient être. (On se demande ce qui arrive aux gens qui deviennent handicapé-e-s sur le tard.)

    There’s a common social attitude that disabled people are not sexual — that something about disability strips people of their sex drive, and that, moreover, disability makes people inherently sexually unappealing, so it’s not like they could find partners even if they wanted them. This is accepted as common knowledge, despite the fact that it creates some extremely harmful social attitudes and social structures.
    The insistence that disabled people are not sexual, for example, plays directly into the denial of sexual abuse and violence committed against disabled people. After all, people claim, these behaviours are rooted in sexuality (why this belief persists despite all evidence to the contrary is beyond me), and since disabled people have no sexuality, this means they can’t be assaulted or abused — it’s almost as though people genuinely believe that disabled people are like children’s dolls, with a great big void where their genitals would be. (One wonders what they think happens to people who acquire disabilities later in life.)

    (1)J’en profite pour rappeler quelques statistiques (source) : en France 70% des femmes handicapées seraient victimes de violence, et en Europe les femmes handicapées ont entre 1,5 et 10 % plus de risques d’être maltraitées que les femmes valides.

    –----------
    La note sur les statistiques n’est pas de moi mais de la traductrice du site « prennez ce couteau ». Selon d’autres sources moins fiable et moins recommandables ( http://madame.lefigaro.fr/societe/le-chiffre-de-la-honte-4-femmes-handicapees-sur-5-victimes-de-violen ) ca serait 80% des femmes handicapées qui seraient victimes de violence. Mais de toute facon 70% c’est tellement ahurissant qu’on est pas à 10% près !

    Par rapport au texte, les femmes en général sont traité en objet sexuels mais pas en sujet (sexuel), elles sont déjà dépouillées de pulsion sexuelles. Une femme sur trois subira une agression sexuelle au cours de sa vie et les femmes qui ont des pulsions sexuelles sont durement réprimées avec le mot salope #slut_shaming. Le handicape semble faire un effet démultiplicateur sur ce phénomène (on passe de 1/3 à 7/10 victimes d’agressions sexuel !!!).

    #violence #discrimination #domination #sexualisation #désexualisation #femmes #validisme #handicap