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  • Immigration : prêt à « un bras de fer », Bruno Retailleau veut un accord global entre Londres et l’UE
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    Immigration : prêt à « un bras de fer », Bruno Retailleau veut un accord global entre Londres et l’UE
    Le Monde avec AFP
    Il s’est dit prêt à un « bras de fer » avec Londres au sujet de l’immigration. Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, en déplacement vendredi 29 novembre sur le littoral français, où plus de 70 migrants ont péri en 2024 en tentant de traverser la Manche, souhaite un accord entre Londres et l’Union européenne (UE). « Il faut une nouvelle relation avec les Britanniques. Le Brexit a changé la donne. Seule la conclusion d’un accord global entre le Royaume-Uni et l’UE peut réellement faire évoluer la situation », a-t-il déclaré dans un entretien accordé à La Voix du Nord publié vendredi.
    « Si je dois engager un bras de fer, je le ferai, a averti le ministre. La France ne peut assumer seule la question. Le Royaume-Uni doit prendre toute sa part, nos partenaires européens aussi. Il n’est pas question d’acheter notre silence avec des livres anglaises. Je veux que les dommages causés, les efforts que nous faisons, puissent être pris en compte à leur juste mesure. » « Il faudra à terme une voie légale [d’immigration] vers la Grande-Bretagne et une voie de réadmission pas seulement en France mais aussi vers les pays frontaliers », a ajouté M. Retailleau.
    Mais pas question pour lui de remettre en cause les accords du Touquet entre Londres et Paris, qui depuis 2004 fixent les contrôles des personnes sur le sol français en partance vers le Royaume-Uni : rompre avec ces accords « serait le meilleur moyen de reconstituer la jungle [de Calais] et d’emboliser le trafic transmanche », a-t-il estimé.Au moins 72 personnes sont mortes depuis le début de l’année en tentant de rallier l’Angleterre par la mer à partir du littoral français, selon un décompte de la préfecture du Pas-de-Calais, ce qui fait déjà de 2024 l’année la plus meurtrière depuis l’apparition du phénomène des « small boats » dans la Manche, en 2018.
    S’il dit ne pas pouvoir se « satisfaire de voir les morts s’ajouter aux morts », M. Retailleau exclut en même temps d’améliorer les conditions d’accueil des migrants sur le littoral, pour éviter d’augmenter encore « les trafics et l’appel d’air ». « Seule la fermeté peut régler les choses. La vraie générosité, c’est d’empêcher les gens de se noyer », a-t-il lancé.

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  • Royaume-Uni : le Premier ministre prévoit de mettre en place un plan pour réduire l’immigration - InfoMigrants
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    Royaume-Uni : le Premier ministre prévoit de mettre en place un plan pour réduire l’immigration
    Par La rédaction Publié le : 29/11/2024
    Keir Starmer veut notamment durcir les conditions d’embauche de travailleurs étrangers et des sanctions plus sévères pour les entreprises qui enfreignent les règles sur les visas. Le Premier ministre travailliste a également annoncé la signature d’un accord avec l’Irak pour lutter contre les réseaux de passeurs.
    Un seul but : freiner l’immigration, légale comme illégale. Lors d’une conférence de presse jeudi 28 novembre, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé vouloir réformer le système migratoire du pays et la mise en place prochaine d’un « plan pour réduire l’immigration ».
    Critiquant frontalement « l’échec » de ses prédécesseurs conservateurs qui avaient promis de « reprendre le contrôle » de l’immigration grâce au Brexit, le chef du gouvernement a défendu une « nouvelle approche » sur le sujet, notamment dans la gestion du système d’asile.Le Premier ministre compte entre autres cibler les visas de travail, première cause d’immigration au Royaume-Uni entre juin 2023 et juin 2024, selon les derniers chiffres publiés jeudi par l’Office national des statistiques. Le futur plan entend ainsi renforcer les contreparties demandées aux entreprises qui embauchent des travailleurs étrangers, notamment en matière de « formation de travailleurs, ici au Royaume-Uni », a précisé Keir Starmer.
    Ce dernier a également lancé un avertissement aux employeurs : ceux qui ne respectent pas les règles en matière de visa ou de salaire minimum pourront se voir interdire l’embauche de travailleurs étrangers pendant deux ans. « Les employeurs seront confrontés à des restrictions quant à leur capacité à faire venir des travailleurs étrangers (...) Ceux qui recrutent à l’étranger seront tenus de payer eux-mêmes les coûts associés », souligne le Home Office, l’équivalent du ministère de l’Intérieur, dans un communiqué publié jeudi.
    Concernant l’immigration illégale, Londres a aussi indiqué jeudi avoir conclu un accord avec l’Irak. Celui-ci prévoit de renforcer leur coopération contre les réseaux de passeurs et de « travailler » à accélérer le retour des migrants irakiens dans leur pays, quand ils n’ont pas de titre de séjour valable au Royaume-Uni.
    « Ces engagements historiques (...) envoient un signal clair aux réseaux criminels de passeurs sur notre détermination à agir dans le monde entier pour les traquer », a affirmé dans un communiqué la ministre de l’Intérieur britannique Yvette Cooper, qui était cette semaine en Irak où elle s’est notamment entretenue avec son homologue Abdel Amir al-Chammari. Ce « pacte » prévoit aussi un soutien financier de Londres aux autorités irakiennes.
    Depuis son élection en juillet dernier, Keir Starmer a abandonné le projet controversé d’expulsion vers le Rwanda des demandeurs d’asile arrivés de façon irrégulière. Le gouvernement travailliste a pour sa part davantage mis l’accent sur la répression des réseaux de passeurs et cible notamment ceux qui organisent des traversées clandestines de la Manche vers l’Angleterre sur des « small boats ».
    Début novembre, Keir Starmer a par exemple annoncé la création d’un fonds de 90 millions d’euros consacré à la lutte contre les trafiquants opérant dans la Manche. L’argent doit notamment servir à financer des équipements de surveillance de haute technologie et 100 enquêteurs spécialisés contre les réseaux de passeurs.
    Il souhaite également accroître la collaboration avec les pays européens pour faire baisser les arrivées. Ces dernières années, Londres a déjà signé des accords du même genre que celui élaboré avec l’Irak, comme avec l’Albanie en 2022, ou plus récemment avec la Serbie, le Kosovo et la Macédoine du Nord, pays de transit des migrants en route vers l’Europe de l’Ouest.
    Le Premier ministre britannique a aussi appelé à davantage de coopération avec la France, l’Allemagne et l’Italie pour contrer les passeurs, une « menace comparable au terrorisme » selon lui. Le mois prochain, Londres accueillera d’ailleurs une réunion des ministres de l’Intérieur des pays membres du groupe de Calais (Royaume-Uni, Allemagne, France, Belgique, Pays-Bas). Malgré les plans successifs en matière de lutte contre l’immigration illégale, les arrivées de migrants sur les côtes britanniques ne faiblissent pas. Depuis le début de l’année, plus de 33 500 personnes ont débarqué au Royaume-Uni après avoir traversé la Manche, soit davantage que sur toute l’année 2023, où l’on comptait près de 30 000 migrants arrivés en Angleterre par « small boats ».
    Un chiffre toutefois encore loin du record enregistré en 2022, avec l’arrivée de 45 000 personnes. Entre janvier et juin 2024, ces migrants venaient essentiellement d’Afghanistan, d’Iran ou du Vietnam. Entre le 1er octobre 2023 et le 30 septembre 2024, 2 129 Irakiens ont fait la traversée, selon le gouvernement britannique.
    Cependant, certains n’atteignent jamais les côtes anglaises. Ces dernières semaines, les drames se sont enchaînés dans la Manche. Depuis janvier, plus de 70 exilés ont trouvé la mort lors de cette périlleuse traversée, faisant de 2024 l’année la plus meurtrière dans la Manche, depuis l’apparition du phénomène des « small boats » en 2018.

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  • Manche : 54 migrants morts depuis le début de l’année, les moyens des secours mis en œuvre sont-ils adaptés ?
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    Manche : 54 migrants morts depuis le début de l’année, les moyens des secours mis en œuvre sont-ils adaptés ?
    Par Raphaëlle Aubert et Julia Pascual
    Trois personnes migrantes sont mortes noyées lors du naufrage de leur embarcation, dans la matinée de mercredi 23 octobre, à un mile nautique (1,8 kilomètre) au large de Blériot-Plage (Pas-de-Calais), portant à 54 le nombre de victimes en mer, en 2024, lors de tentatives de traversées de la Manche. Vendredi, c’est le corps sans vie d’un nourrisson de 40 jours, originaire du Kurdistan irakien, qui avait été repêché au large du littoral. L’embarcation à bord de laquelle la petite Maryam Bahez se trouvait avec ses parents s’était déchirée en mer. Alors que 28 000 personnes sont parvenues à rejoindre le Royaume-Uni, la mortalité de cette route migratoire a décuplé puisque en 2022, année record où 45 000 personnes ont rejoint l’Angleterre, on déplorait cinq décès en mer.
    Cette dangerosité accrue, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, l’a soulignée dans un tweet du 3 octobre. Il y faisait état de sa rencontre au G7 avec son homologue britannique, Yvette Cooper, laquelle saluait « l’engagement héroïque des forces de l’ordre pour empêcher les traversées vers le Royaume-Uni ». « Nous avons aussi partagé le constat que cette efficacité avait des conséquences néfastes avec une augmentation des décès », a écrit le ministre français.
    Depuis l’apparition du phénomène des small boats, fin 2018, ces bateaux ont toujours été de mauvaise facture, impropres à la traversée, et la prise de risque est majeure pour les migrants à bord. Au fil du temps, les passeurs ont en outre de plus en plus chargé ces canots pneumatiques mesurant moins de dix mètres, par appât du gain et au mépris de la vie humaine. Peut-être ont-ils été plus prompts à prendre des risques pour limiter les pertes économiques occasionnées par l’« efficacité » des forces de l’ordre à contrarier des départs en saisissant des canots avant leur mise en l’eau. Aujourd’hui, ce sont en moyenne près d’une soixantaine de personnes qui embarquent par small boat, contre une quarantaine en 2023 et une trentaine en 2022. Plusieurs naufrages sont récemment survenus avec plus de 80 personnes dans un bateau.
    « Du fait des canots surpeuplés, le départ des embarcations est un moment critique », explique un matelot qui a travaillé sur des opérations de sauvetage et qui a requis l’anonymat comme tous les marins ayant fait du secours dans le détroit du Pas-de-Calais qui ont accepté d’échanger avec Le Monde et qui ne sont pas autorisés à communiquer sur les opérations. « Les passagers, toujours plus nombreux, sont par ailleurs de moins en moins pourvus de moyens de sauvetage élémentaires tels que des brassières de sauvetage », précise la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
    Un autre sauveteur souligne l’incidence du recours aux taxi boats. Pour éviter que les forces de l’ordre ne crèvent les canots sur les plages, des passeurs mettent à l’eau des bateaux en amont des traversées et retrouvent des groupes de migrants directement dans l’eau. « Les migrants embarquent très vite. Ils peuvent aussi être rejoints par d’autres groupes, ce qui entraîne des départs chaotiques et surchargés. »
    « La surenchère dans le dispositif de surveillance et de sécurité, sous prétexte d’empêcher les traversées, a eu pour conséquence l’augmentation des décès qui surviennent lors des départs des embarcations. Ils se font dans la précipitation pour éviter d’être empêchés par la police », explique Charlotte Kwantes, coordinatrice nationale de l’association d’aide aux migrants Utopia 56.
    Depuis 2023, les morts surviennent de plus en plus près du littoral, selon les données de géolocalisation produites par le Secmar, organisme d’étude et de coordination pour la recherche et le sauvetage en mer, analysées et complétées par Le Monde. En 2024, ce sont ainsi 25 décès qui ont été localisés à moins de 300 mètres des côtes. Onze personnes sont notamment mortes asphyxiées – dont trois femmes, une fille de 7 ans et un garçon de 2 ans, des profils souvent placés au milieu des embarcations – victimes d’écrasement et d’étouffement lors de bousculades ou de mouvements de panique.
    Les secouristes sont saisis par la vitesse de ces drames. « Certains naufrages sont parfois fulgurants, entraînant la noyade rapide de passagers, même quand les moyens intervenant sont déjà à proximité », souligne la préfecture maritime. « Face à un bateau qui se déchire, le temps de descendre le semi-rigide de secours et de le mettre à l’eau, il y en a pour dix minutes, explique un matelot. Or, si les migrants n’ont pas de gilets, ils coulent à pic. »
    Le 3 septembre, quatorze personnes sont mortes au large de Gris-Nez (Pas-de-Calais) – le deuxième naufrage le plus grave survenu dans le détroit –, alors même que leur embarcation était surveillée par un navire affrété par l’Etat, le Minck. La chronologie des événements, dont a pu prendre connaissance Le Monde, montre que vingt-huit minutes se sont écoulées entre l’arrivée du Minck à hauteur du small boat, qui semblait ne plus pouvoir faire route, et la mise à l’eau du canot de secours rapide du navire. Quatre minutes plus tard, le small boat s’est disloqué et tous ses occupants se sont retrouvés à l’eau.
    Le 15 septembre, huit personnes ont été retrouvées mortes sur la plage d’Ambleteuse (Pas-de-Calais) après le retour à terre de leur embarcation, tandis que le Minck était, là encore, en surveillance, sans pouvoir intervenir, compte tenu de la proximité du rivage.

    « Pour une majorité des décès en 2024, il y avait un moyen de sauvetage français soit en surveillance de l’embarcation, soit à proximité », note Camille Martel, doctorante de géographie à l’université du Havre (Seine-Maritime), qui finalise une thèse sur le sauvetage en mer à la frontière franco-britannique. Au sein du monde maritime, certains interrogent la pertinence du dispositif de secours en mer. Ce dernier n’a jamais été aussi musclé. Mais est-il adapté ? « Le dispositif peut être considéré comme adapté », indique au Monde la préfecture maritime, précisant que depuis le 1er janvier, environ 5 000 personnes ont été secourues et plus de 600 embarcations suivies.
    Après le naufrage du 24 novembre 2021 – le plus grave jamais survenu dans la Manche lors de traversées de migrants, au terme duquel 27 corps ont été retrouvés et quatre personnes ont été portées disparues –, plusieurs militaires français du navire Flamant de la marine nationale et du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) de Gris-Nez ont été mis en examen pour « non-assistance à personne en danger ». A la suite des révélations dans la presse, fin 2022, sur la responsabilité des secours, l’Etat avait décidé de renforcer ses moyens d’action : acquisition de drones, équipement spécifique au secours d’un hélicoptère de la marine, recrutement d’effectifs au sein du Cross, installation de caméras optroniques côtières (dotées de capacités de détection et de suivi automatiques) dans les sémaphores, formation des équipages aux premiers secours…
    Surtout, six navires sont désormais en permanence d’alerte. Pourvus par la marine nationale, les douanes, les affaires maritimes ou encore la société privée de remorquage Les Abeilles International, il ne s’agit pas toujours des mêmes bateaux. Les embarcations plus petites et véloces de la gendarmerie maritime, des pompiers ou encore de la Société nationale de sauvetage en mer, la SNSM, peuvent aussi être sollicitées.
    En réalité, la pièce centrale du dispositif réside aujourd’hui dans le prépositionnement en mer de deux navires spécialement affrétés depuis avril 2023 par l’Etat, au terme d’un marché public, auprès de la société privée SeaOwl. Le Minck est un ancien chalutier-palangrier de 36 mètres de long. Conçu en 1976, le Ridens mesure près de 40 mètres de long. Les deux navires assuraient la sécurité de plateformes pétrolières avant d’arriver dans le détroit du Pas-de-Calais où ils sont consacrés à la surveillance et à l’accompagnement des canots vers les eaux anglaises et, en cas de demande d’aide ou de naufrage, interviennent au secours des embarcations. A leur bord, des équipages de moins de dix personnes, accompagnés de trois personnels de sécurité.« Ces bateaux ne sont pas faits pour du sauvetage, raille un marin de la région. Ils sont trop lents, leur tirant d’eau [profondeur à laquelle un bateau s’enfonce dans l’eau] est trop important, ils n’ont qu’un petit semi-rigide [canot de secours] opérationnel et les équipages ne sont pas formés. » Sollicitée par Le Monde, la compagnie SeaOwl nous renvoie vers la préfecture maritime. Cette dernière assure que les équipages « disposent de qualifications adaptées à la mission » et que les navires peuvent accueillir jusqu’à cent naufragés à bord, ce qui les rend « particulièrement adaptés au sauvetage de masse ». Elle ajoute qu’ils « ont été choisis selon un cahier des charges strict, auxquels les soumissionnaires ont répondu ».
    Le cahier des clauses, que Le Monde s’est procuré, laisse pourtant apparaître des incohérences. Divisé en deux lots, le marché public passé par la marine nationale pour un montant total de 16 millions d’euros prévoyait qu’un des deux navires ait un « tirant d’eau maximal inférieur à quatre mètres » pour pouvoir « opérer dans les zones de petits fonds de l’est du détroit du Pas-de-Calais ». Or, au moment où les naufrages ont lieu à proximité immédiate du littoral, le tirant d’eau du Minck est de 4,5 mètres et celui du Ridens est de 4,2 mètres.Enfin, ils devaient pouvoir « soutenir une vitesse opérationnelle continue de 10 nœuds minimum [18 km/h] ». Or, le Minck peut, sur le papier, péniblement atteindre la vitesse maximale de 10,5 nœuds. En étudiant les données de navigation accessibles, la doctorante Camille Martel a mis en évidence que lors du naufrage du 3 septembre, le Minck est monté à une vitesse de 7,9 nœuds maximum pour rentrer au port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), de sorte qu’il lui a fallu deux heures pour y parvenir. De même, lors d’un naufrage survenu le 15 décembre 2023, au cours duquel trois personnes sont mortes ou ont disparu, le Ridens (Esvagt-Charlie, à l’époque) a rejoint en plus de deux heures trente le port de Calais (Pas-de-Calais), à une vitesse comprise entre huit et neuf nœuds.
    Le Monde a interrogé plusieurs marins qui ont officié sur ces bateaux du groupe SeaOwl. L’un d’eux se souvient d’un démarrage de mission laborieux, début 2023, à bord du Minck (alors Apollo-Moon). « L’équipage n’avait pas d’expérience en sauvetage et le matériel était au ras des pâquerettes, dit-il. On partait avec cinq gilets de sauvetage [pour les migrants], on devait utiliser la grue pour mettre à l’eau le semi-rigide, il n’y avait pas d’infirmerie à bord, mais on avait trois anciens militaires en plus de l’équipage qui étaient là en cas de menace de la part des rescapés. » « Il n’y a pas eu de raté, mais on n’était pas bons, se souvient à son tour un ancien matelot à bord du second navire de SeaOwl. C’était le bazar, le bateau était en mauvaise condition et l’équipage n’était pas formé au sauvetage de masse. Ça revenait à aller au feu sans entraînement, on partait la boule au ventre. »
    « Le navire idéal n’existe pas, tempère un cadre de l’administration maritime. On prend les bateaux qui existent. » Il existerait pourtant des moyens plus adaptés, selon le capitaine Matthew Schanck, directeur du Maritime Search and Rescue Council, un organisme professionnel spécialisé dans le secours maritime installé en Angleterre, et qui mentionne « des bateaux conçus pour réaliser des sauvetages de masse, mais qui coûtent 50 000 euros par jour ».
    A son tour, Camille Martel fait remarquer que dans le cadre d’un accord de 20 millions d’euros entre l’Union européenne et l’Organisation internationale pour les migrations – une agence de l’ONU –, les gardes-côtes turcs ont été dotés en 2017 de six bateaux « ultramodernes » conçus pour le sauvetage de migrants, pouvant atteindre une vitesse de 30 nœuds et embarquer une quarantaine de personnes (neuf bateaux supplémentaires ont été commandés en 2020).
    « L’Etat est dans des contraintes budgétaires. Il ne peut pas calibrer le dispositif à l’infini, fait remarquer un conseiller ministériel. Et puis on n’arrivera pas au risque zéro. » En attendant, selon nos informations, des équipages ont réclamé davantage de matériel de flottaison, notamment lors d’une réunion de tous les acteurs du secours en mer, organisée par la préfecture maritime, à Cherbourg (Manche), début octobre. Des distributions de gilets de sauvetage aux migrants ont pu avoir lieu par moments en mer, mais sans relever d’une doctrine généralisée. « Les gens qui n’ont pas de brassière meurent en quelques secondes. Il faudrait pouvoir en distribuer », estime un secouriste. « Equipez-vous ! », leur a répondu la préfecture maritime, sans pouvoir financer un tel effort.
    « On a des besoins énormes en formation en secourisme et on n’est pas capables de les assurer », s’inquiétait aussi un marin au début de l’année auprès de la préfecture maritime lors d’une autre réunion. Une poignée de matelots ayant déjà officié au sein d’ONG en Méditerranée centrale telles que SOS Méditerranée ont été sollicités pour mener des formations. « Face à des personnes en hypothermie et victimes de noyade, le massage cardiaque est un sujet majeur », insiste le marin cité plus haut. Si les efforts sont notables, et plusieurs centaines de personnes ont été formées, principalement aux premiers secours, la rotation fréquente des équipages en diminue la portée. Récemment, lors d’un retour d’expérience sur le naufrage du 3 septembre, un médecin faisait remarquer que « la procédure de secours maritime de grande ampleur n’est pas adaptée ». Comment prendre en charge plusieurs personnes en urgence absolue ? Chacun convient d’un besoin de renfort et de professionnalisation. Six ans après le début du phénomène des small boats.

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  • Le drame discret des migrants à Wimereux, le « Deauville de la Côte d’Opale »
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    Le drame discret des migrants à Wimereux, le « Deauville de la Côte d’Opale » Par Julia Pascual
    Au sud de Calais, la petite ville sert de plus en plus de point de départ aux candidats à l’exil, déterminés à rejoindre l’Angleterre. Les récents drames qui ont endeuillé les environs ne laissent pas les habitants indifférents. Napoléon Bonaparte avait installé une armée d’officiers sur la côte boulonnaise (Pas-de-Calais) pour s’emparer de l’Angleterre. De la présence de ce camp militaire entre Le Portel et Wimereux, de 1803 à 1805, il ne reste presque aucune trace. A Wimereux, seul subsiste l’obélisque érigé en hommage aux soldats de l’Empire.
    L’Angleterre n’a pas été conquise et Wimereux est devenue une station balnéaire cossue. Le charme des villas colorées du début du XXe siècle, qui ont survécu aux bombardements de la seconde guerre mondiale, fait la joie des touristes français ou belges. L’été, la population de la ville passe de 8 000 à 25 000 habitants. En ce samedi ensoleillé de septembre, des promeneurs parcourent la digue, sur la plage, les enfants jouent à marée basse, les chiens s’ébrouent. Depuis quelque temps, aux heures les moins fréquentées, un autre genre de visiteurs débarquent dans ce « Deauville de la Côte d’Opale ». Eux aussi veulent gagner l’Angleterre, dont on aperçoit les falaises crayeuses par temps clair. Ils viennent de Syrie, du Vietnam, d’Irak, d’Iran ou de la Corne de l’Afrique, ils fuient la guerre, les persécutions, la misère. Et leurs vaisseaux sont des radeaux. Depuis trois ans, de plus en plus de bateaux de migrants partent du sud du Pas-de-Calais, quand les départs se concentraient auparavant autour de Dunkerque et de Calais.
    Dans la nuit du 14 au 15 septembre, c’est ­d’Ambleteuse – un village voisin de Wimereux – qu’un groupe d’une cinquantaine de personnes a entrepris une traversée de la Manche. Très vite, leur canot surchargé se serait abîmé sur les rochers. Huit hommes sont morts. Le 3 septembre, c’est de la grande plage des dunes de la Slack, sur la commune de Wimereux, qu’un groupe composé en majorité d’Erythréens avait pris la mer peu avant 8 heures. Le canot pneumatique a chaviré en fin de matinée. Douze personnes se sont noyées, des femmes en majorité. Deux corps n’ont pas été retrouvés. L’année 2024 est d’ores et déjà la plus meurtrière depuis l’apparition, en 2018, des traversées en small boat, ces canots de moins de dix mètres sur lesquels s’entassent jusqu’à soixante voire quatre-vingts personnes.
    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les naufrages de migrants se succèdent dans la Manche
    Alors que les flâneurs arrivent un à un sur la digue de Wimereux en cette fin de matinée de septembre, un camion-benne de la municipalité se presse de ramasser les affaires laissées à l’aube par les migrants en partance, comme pour effacer toute trace d’eux. Ces histoires, ces drames, les Wimereusiens les connaissent pourtant.
    Pierre-Louis Couvelard, moniteur de surf et fondateur de Wimereux Surf School, le 14 septembre 2024.« On est aux premières loges », remarque Pierre-Louis Couvelard, 28 ans, qui tient depuis trois ans la première école de surf du coin. Le 23 avril, il se souvient avoir dû annuler un cours après que plusieurs personnes sont mortes étouffées dans un canot, dont une petite fille de 7 ans, originaire d’Irak. « C’était pile-poil en face de l’école. On n’allait pas passer devant le SAMU et les draps blancs », justifie Pierre-Louis Couvelard, dont la « plus grande peur est de retrouver un corps qui flotte ». « Ces gens vont à l’abattoir, souffle-t-il, souvent sans gilet de sauvetage. »
    S’il en vendait, Christophe Omnes est sûr qu’il ferait fortune. Des migrants lui en demandent « tous les jours », assure cet homme de 60 ans qui attend le client, enfoncé dans un transat devant son petit commerce d’articles de plage. « Je n’ai pas envie de m’enrichir sur la misère du monde. » Avec son téléphone, il lui arrive de prendre en photo les interventions des secours en mer. Au large de Wimereux, on aperçoit en permanence les bateaux affrétés par l’Etat pour surveiller le détroit du pas de Calais.
    « Quand on distingue les côtes anglaises, on peut croire que c’est simple de tenter la traversée, même pas besoin de boussole et on a de belles rampes de mise à l’eau », commente André Darcourt. Ce marin-pêcheur de 78 ans promène tous les matins le chien de sa fille sur le front de mer. Il n’hésite pas à entamer la conversation avec les policiers qui patrouillent près des dunes, comme avec les migrants qui rentrent bredouilles d’une tentative ratée. Il connaît les parkings où ils se cachent pour gonfler les embarcations, et ramasse parfois les bandes fluorescentes des gilets de sauvetage abandonnés. « Je les mets sur mes filets de pêche, ça me permet de les repérer la nuit à la lampe frontale », justifie ce retraité.
    Ce 14 septembre, dans une des rues de la ville, André Darcourt a retrouvé deux couvertures et un sac vide au pied d’un parcmètre qu’un groupe de touristes flamands tentait de faire fonctionner, sans prêter attention à ce discret vestige. Dans la commune, il y a bien quelques personnes qui « rouspètent », de crainte que le cours de ­l’immobilier ne soit affecté par la présence de migrants, rapporte-t-il. Mais les habitants naviguent surtout entre ignorance et empathie.
    « Ça fait mal au cœur », commente ainsi Xavier Guerville, un médecin de 53 ans croisé à sa fenêtre tandis qu’il repeint « en bleu Hawaii » les huisseries de sa coquette villa. « La présence des migrants s’est amplifiée depuis un an mais on n’a jamais eu de problème d’insécurité, ils se cachent dans des forêts », dit-il. « Ce sont des malheureux, ils ne nous embêtent pas », confirment à quelques pas un groupe de ­retraitées qui, chaque jour depuis des années, posent leurs chaises de camping et s’assoient avec leurs bichons maltais devant les cabines de plage de la ville, pour tailler une bavette.
    « Ce n’est pas comme à Calais, où ça fait vingt-cinq ans qu’ils vivent ça, remarque une habitante. Ici, la population n’est pas particulièrement vindicative. » A l’exception peut-être de Jean-Luc Dubaële, le maire (sans étiquette), qui a refusé de répondre à nos sollicitations et qui, dans une interview sur France Info le 3 septembre, disait sa colère : « On a de plus en plus de problèmes sur ma commune. On a des camps qui s’installent dans les forêts, derrière notre camping. (…) On essaye de démanteler les camps régulièrement. Les associations ne nous aident pas de ce côté-là, qui les alimentent en tentes et en tout ce qu’il faut pour les faire venir sur le secteur. » « Mais vous ­voulez qu’ils aillent où, du coup ? » l’interroge la journaliste. « Il y a quand même des lieux d’accueil sur Calais », bredouille-t-il.
    « On a l’impression que les exilés, ça fait tache dans le décor », ironise Sylvie Baudelet, une psychomotricienne à la retraite. Avec son mari, Eric, elle fait partie d’un groupe d’une vingtaine d’habitants, interpellés par la présence nouvelle de campements, qui ont formé en août le collectif Alors on aide. Ils offrent aux personnes la possibilité de se doucher ou encore de recharger leur téléphone. Sylvie et Eric Baudelet ont également hébergé quelques jours des Syriens, dont cette femme qui n’avait pas réussi à monter sur un bateau et qui ne quittait plus son gilet de sauvetage qu’elle avait surnommé son « sucre d’orge ».
    Le 14 septembre, des membres de ce collectif se retrouvent dans un parc à la sortie de Wimereux pour ramasser les restes d’un campement abandonné. Une façon de « contribuer à la paix sociale », font-ils valoir, afin de ne pas laisser les déchets alimenter le mécontentement de la population. A quelques kilomètres de là, caché dans un petit bois, un groupe attend sa chance. Il y a là une dizaine de Vietnamiens, un Somalien, une poignée de Kurdes d’Irak et d’Iran… « Cette nuit, nous passerons », espère Abbas, un homme de 44 ans qui arbore un tatouage de Che Guevara sur le torse et un du YPG (l’organisation politico-militaire kurde, les Unités de protection du peuple) dans le cou. Il espère rejoindre sa femme et ses deux enfants, qui ont accosté en Angleterre le mois dernier. A quelques mètres de là, en lisière du bois, indifférente au spectacle des préparatifs de départ, une famille de Wimereusiens cueille les dernières mûres de la saison.

    #Covid-19#migrant#migration#france#calais#wimereux#routemigratoire#manche#migrationirreguliere#smallboat#mortalite#sante

  • Nord de la France : une nouvelle lignée de bouées flottantes anti-migrants installée dans la Canche - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/58019/nord-de-la-france--une-nouvelle-lignee-de-bouees-flottantes-antimigran

    Nord de la France : une nouvelle lignée de bouées flottantes anti-migrants installée dans la Canche
    Par La rédaction Publié le : 26/06/2024
    Un nouveau barrage anti-migrants va être installé dans le nord de la France, dans la Canche, vers la ville d’Étaples, d’où partent de nombreuses embarcations à destination de l’Angleterre. Deux autres dispositifs similaires sont déjà installés dans la même zone.
    Et de trois. Un nouveau barrage anti-migrants va être installé dans la Canche, ce fleuve du nord de la France qui se jette dans la Manche, a révélé la Voix du Nord, dans un article publié le 25 juin. Il sera posé, comme les précédents, sur les berges de la ville d’Étaples, dans le Nord de la France.
    Concrètement, le dispositif consiste en l’installation d’une ligne de bouées qui traversent le fleuve de part en part, fixées à deux piliers en béton. Le but : contrer le phénomène des « taxi-boats », ces embarcations qui prennent la mer depuis les cours d’eau en amont pour éviter les contrôles renforcés le long du littoral. Un premier barrage flottant avait déjà été installé l’été dernier à Étaples. Puis, une seconde ligne de bouées avait ensuite été posée au même endroit, en septembre 2023, pour renforcer ce premier dispositif.
    Pour Xavier Delrieu, chef de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM), qui traque les filières d’immigration clandestine dans toute la France, ces bouées permettent de contrecarrer les plans des trafiquants. « Le bateau [des passeurs] gonflé est mis à l’eau sur des cours d’eau qui rejoignent la mer. Les passeurs espèrent ensuite charger les passagers à un endroit bien précis [de la Canche], ce qui permet d’éviter l’interception sur les plages », expliquait-il à InfoMigrants l’an dernier.
    Les autorités françaises espèrent ainsi bloquer les embarcations avant que ces dernières n’atteignent la mer – et ensuite le Royaume-Uni.Mais quelques mois après leur installation, dans la nuit du 30 au 31 mars, l’un des barrages avait été détruit, puis à nouveau endommagé pendant le weekend du 11 mai. Certainement l’œuvre de passeurs, selon les autorités. Preuve que le dispositif dérange.
    Pourtant, plus de 12 000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l’année, un record, soit 35 % de plus qu’en 2023 à la même période.
    Le nord de la France compte deux autres installations de ce type : un dans l’Authie construit en amont du port de la Madelon (près du Fort-Mahon) en janvier, et un autre dans le canal des Dunes, près de Dunkerque inauguré en 2021.Selon les associations d’aide aux migrants, présentes dans le nord de la France, ces barrages flottants augmentent au contraire les risques liés aux traversées. En mars, un Syrien de 27 ans et une fillette irakienne de sept ans ont péri noyés dans le canal de l’Aa en tentant de monter dans une embarcation de fortune.Au total, au moins 16 exilés sont morts en tentant de traverser la Manche depuis le début de l’année 2024. Ils étaient 12 pour l’ensemble de l’année 2023, et un en 2022, selon la préfecture de la Manche et de la mer du Nord.

    #Covid-19#migrant#migration#france#rouemigratoire#traversee#barrageflottant#smallboat#migrationirreguliere#sante

  • Au Royaume-Uni, Rishi Sunak fait plier la Chambre des lords et obtient la mise en œuvre de la loi sur l’expulsion des demandeurs d’asile au Rwanda
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/23/au-royaume-uni-rishi-sunak-fait-plier-la-chambre-des-lords-et-obtient-la-mis

    Au Royaume-Uni, Rishi Sunak fait plier la Chambre des lords et obtient la mise en œuvre de la loi sur l’expulsion des demandeurs d’asile au Rwanda
    Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante)
    Il aura fallu quatre mois au gouvernement britannique de Rishi Sunak pour faire adopter son projet de loi « Safety of Rwanda » (« sûreté du Rwanda »), notamment pour forcer la résistance des Lords au Parlement de Westminster. Ces derniers ont fini par lâcher prise juste après minuit, mardi 23 avril, permettant dans la foulée l’adoption par le Parlement de ce texte très contesté. Il déclare que le Rwanda est un pays sûr au regard de l’asile et permet ainsi la mise en œuvre, longtemps retardée, de l’accord de sous-traitance de demandeurs d’asile signé entre Londres et Kigali en avril 2022.
    Les avions pour le Rwanda pourront décoller « d’ici dix à douze semaines », en juillet, a promis Rishi Sunak lors d’une conférence à Downing Street, lundi, en amont des ultimes débats parlementaires. Des vols sur des compagnies aériennes commerciales ont été réservés, ainsi qu’un aéroport de départ, a assuré le premier ministre, depuis le pupitre barré d’un « stop the boats » (« stoppons les bateaux ») que sort Downing Street à chaque prise de parole sur les sujets migratoires. Considéré comme une priorité, l’accord Rwanda est un des derniers espoirs du dirigeant conservateur pour tenter de rattraper les travaillistes, en avance d’environ 20 points dans les sondages, à quelques mois des élections générales (très probablement cet automne).
    L’accord signé avec le Rwanda constitue une première en Europe et sa mise en œuvre est scrutée avec intérêt sur le continent. Il s’agit pour Londres de déporter dans ce pays d’Afrique de l’Est, à l’économie dynamique mais au régime considéré par beaucoup comme autoritaire, des personnes arrivées illégalement au Royaume-Uni (sans visa, en bateau ou cachés dans des camions). Ces personnes ne pourront réclamer l’asile que depuis le sol rwandais, qui examinera leur demande : il s’agit d’une délégation totale des responsabilités du Royaume-Uni vis-à-vis de l’asile. Le Rwanda, dirigé par le président Paul Kagame, a déjà obtenu environ 500 millions de livres sterling (580 millions d’euros) de Londres dans le cadre de l’accord.
    Déposé à la Chambre des communes en décembre 2023, le projet de loi « Safety of Rwanda » contourne une décision de la Cour suprême britannique, qui avait statué à l’unanimité, le 15 novembre 2023, que l’accord Rwanda était « illégal » car le Rwanda n’était pas un pays sûr : les demandeurs d’asile y sont exposés à un risque de refoulement vers leur pays d’origine. Jugé cruel par les associations de défense des droits des migrants, inquiétant pour de nombreux juristes, qui pointent des contradictions avec la convention européenne des droits de l’homme, le texte empêche les juges de questionner la sûreté du Rwanda en cas de recours des demandeurs d’asile contre leur expulsion. Il permet même aux ministres britanniques d’ignorer des mesures provisoires que prendrait la Cour européenne des droits de l’homme pour stopper des déportations.
    « Nous sommes les seuls à avoir un plan pour stopper les “small boats” [les bateaux pneumatiques traversant la Manche] », a affirmé lundi M. Sunak, assurant que le Labour « n’en a pas » et que le parti d’opposition « a tout fait pour faire dérailler le texte de loi ». « On m’accuse de manque de compassion, mais c’est tout le contraire, nous voulons créer une dissuasion permanente (…) avec un flux régulier de vols au Rwanda [pour décourager les traversées] et casser le modèle économique des passeurs », a ajouté le dirigeant, lui-même issu de l’immigration. Sa famille, d’origine indienne, est venue d’Afrique au Royaume-Uni dans les années 1960.
    Des dizaines de Lords – pas seulement des travaillistes, des dizaines de sans-étiquettes et pas mal d’évêques, membres de droit de la Chambre haute – ont tenté jusqu’au bout d’obtenir des concessions de Downing Street, espérant notamment l’adoption d’un amendement excluant les Afghans ayant travaillé pour l’armée britannique d’être déportés au Rwanda. Le Home Office n’a donné qu’une assurance verbale que ces Afghans ne seraient pas concernés. « L’accord Rwanda est un gadget exorbitant », a fustigé Yvette Cooper, la ministre de l’intérieur du cabinet fantôme travailliste – la gauche britannique a promis d’abandonner le texte si elle arrive au pouvoir.
    A l’autre bout du spectre politique, Nigel Farage, le président du parti d’extrême droite Reform UK, a qualifié le texte de loi de « totale mascarade », doutant de la volonté de M. Sunak de défier la convention européenne des droits de l’homme. Il est vrai que l’effet dissuasif de l’accord reste à prouver : il dépendra du nombre de personnes expulsées. Le risque d’une expulsion future au Rwanda n’a en tout cas pas encore découragé les traversées de la Manche, reparties à la hausse depuis le début de l’année, avec 25 % de passages supplémentaires par rapport à la même période l’an dernier. En 2023, 29 000 personnes étaient arrivées sur les côtes du Kent en bateaux pneumatiques.
    Même si le « Safety of Rwanda bill » limite les recours contre les expulsions, des appels seront quand même probablement recevables sur des motifs personnels (maladie, orientations sexuelles par exemple). Rishi Sunak assure être prêt : 150 juges et 25 cours de justice auraient été identifiés pour examiner ces appels en urgence, 500 personnes seraient chargées d’escorter les expulsés vers les avions. Mais des syndicats de fonctionnaires menacent de saisir la justice, s’inquiétant d’avoir à exécuter des décisions du Home Office potentiellement contraires aux obligations internationales du Royaume-Uni.
    Lundi, dans une déclaration commune, trois experts de l’ONU, Siobhan Mullally, la rapporteuse sur le trafic d’êtres humains, Gehad Madi, le rapporteur spécial sur les droits humains des migrants, et Alice Jill Edwards, la rapporteuse spéciale pour la torture, ont prévenu les compagnies aériennes transportant les demandeurs d’asile au Rwanda qu’elles risquaient, elles aussi, de se rendre complices de violations des droits humains.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#droit#migrationirregguliere#rwanda#payssur#expulsion#smallboat#sante#politiquemigratoire

  • Manche : 78 migrants secourus côté français, près de 800 arrivées au Royaume-Uni - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56152/manche--78-migrants-secourus-cote-francais-pres-de-800-arrivees-au-roy

    Migrants route migratoire Frontières Sauvetage La Manche
    Par La rédaction Publié le : 01/04/2024
    Alors que les secours français ont procédé au sauvetage de 78 personnes dans la Manche, samedi, les arrivées se sont succédées côté britannique. Depuis le début de l’année, près de 5 000 migrants ont débarqué au Royaume-Uni, un record. Week-end de Pâques chargé pour les secours français. Samedi 30 mars, les autorités ont procédé au sauvetage de 78 migrants répartis dans trois embarcations de fortune. Le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage, le CROSS Gris-Nez, a secouru un premier canot au large de Bray-Dunes, avec 55 personnes à bord. Elles ont ensuite été déposées au port de Dunkerque.
    Puis vingt autres exilés ont été pris en charge par un patrouilleur de la Marine nationale, au large de Mark cette fois, puis déposés au port de Calais.
    « Le reste des personnes de l’embarcation a refusé l’assistance proposée par des moyens français », affirme la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Premar) dans un communiqué. « Compte tenu des risques encourus par les migrants en cas d’actions contraignantes pour les obliger à embarquer sur les moyens de sauvetage de l’Etat (chute à la mer, choc thermique, trauma divers), il a été décidé de les laisser poursuivre leur route ». En lien avec le CROSS Gris Nez, « une surveillance est maintenue sur cette embarcation », précisent les autorités.
    Enfin, trois exilés en détresse à bord d’un voilier ont également été transférés à terre. Selon la Premar, le bateau avait été déclaré volé dans la nuit. Le même jour, 349 personnes et neuf embarcations débarquaient côté anglais. Le lendemain, 442 personnes supplémentaires posaient le pied à Douvres, selon les chiffres du Home Office. Les traversées de la Manche n’ont jamais été si nombreuses à cette période de l’année. En trois mois, 4 993 migrants ont rejoint le Royaume-Uni à bords de canots, un record. Soit une augmentation de près de 25% par rapport à la même période l’année dernière, lorsque 3 700 avaient été comptabilisées par le Home Office.
    Le Premier ministre Rishi Sunak s’était pourtant félicité, fin 2023, d’avoir fait baisser les arrivées de migrants par la Manche. L’année dernière, le Royaume-Uni a enregistré 29 437 arrivées en « small boats », contre 45 000 en 2022. Mais un facteur important permet d’explique cette baisse : l’accord signé entre Londres et l’Albanie en décembre 2022 pour lutter contre l’immigration clandestine.
    Cette année-là en effet, près d’un tiers des 45 000 arrivées sur le sol anglais concernaient des Albanais partis de France, souvent des hommes majeurs seuls. À l’été 2022, les Albanais ont même représenté jusqu’à 50 % des passagers de « small boats ».
    Pour dissuader les autres candidats à l’exil, Londres mise toujours sur son « étroite collaboration avec la police française », assure le Home Office dans un communiqué publié le 28 mars.
    Mais les autorités souhaitent surtout concrétiser leur projet de loi phare sur l’expulsion des demandeurs d’asile au Rwanda. « Le nombre inacceptable de personnes qui continuent de traverser la Manche démontre exactement pourquoi nous devons faire décoller les vols […] le plus rapidement possible », peut-on lire aussi dans le document. Après un ping-pong parlementaire infernal, le traité très controversé sera de nouveau examiné par la Chambre des Communes, le 15 avril prochain.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#traversee#manche#frontiere#smallboat#sante#calais#dunkerque#PREMAR

  • Migrants : la coopération franco-britannique trans-Manche en question
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/30/migrants-la-cooperation-franco-britannique-trans-manche-en-question_6225111_

    Migrants : la coopération franco-britannique trans-Manche en question
    Des drames récurrents entachent l’image de la France et du Royaume-Uni, deux pays porteurs des plus hautes valeurs des droits humains, ceux vécus par les migrants qui, chaque jour, au départ des côtes françaises, tentent de franchir la Manche et parfois s’y noient. Au cours des seuls trois premiers mois de 2024, au moins dix d’entre eux ont trouvé la mort, selon la préfecture du Nord. Les traversées maritimes clandestines ont commencé en 2018, succédant aux tentatives via le tunnel, après des années de « sécurisation » de plus en plus drastiques des abords de ce dernier.
    Le gouvernement conservateur britannique a fait du franchissement du channel par small boats, ces canots pneumatiques loués à prix d’or par des trafiquants, un tel enjeu à l’approche des élections législatives qu’il n’a cessé d’accroître sa pression sur les autorités françaises. Depuis 2000, celles-ci ont accepté de se faire les gardiennes de la frontière du Royaume-Uni.
    Les terribles conséquences de cette situation sont décrites dans l’enquête menée en commun par Le Monde et le média Lighthouse Reports. Des policiers ont été vus par des témoins à plusieurs dizaines de mètres de la côte française en train de crever des bateaux bondés ; d’autres créant des vagues pour dissuader les départs. Un exilé syrien est mort après une intervention policière. Quant à la noyade de 27 personnes dans la Manche, le 24 novembre 2021, elle serait à rapprocher de l’absence de réponse à leurs appels de détresse du centre de secours français. Un soupçon d’entrave à l’enquête judiciaire ouverte après cette tragédie pèse sur les autorités militaires.
    Cette hécatombe à bas bruit dans une mer séparant deux des pays les plus riches du monde a une cause : le cynisme révoltant des passeurs, profitant de la détresse de migrants fuyant la pauvreté et la répression. Mais elle se développe dans un cadre juridique spécifique : les accords qui, depuis ceux de Sangatte (2000), du Touquet (2003) et de Sandhurst (2018), délèguent aux forces de l’ordre françaises la surveillance de la frontière britannique.
    En mars 2023, Londres a promis le versement sur trois ans de 543 millions d’euros à la France pour « stopper davantage de bateaux », et 700 policiers et gendarmes français sont affectés à cette tâche. Les officiers britanniques qui participent aux réunions des forces de l’ordre françaises sont devenus « extrêmement intrusifs », selon un cadre de la gendarmerie. Ces pressions expliquent sans aucunement les justifier des pratiques de plus en plus violentes.
    De fait, la France, en empêchant les migrants de gagner la côte anglaise, joue un rôle analogue à celui, contestable, qu’acceptent la Turquie ou la Libye s’agissant des migrations vers l’Europe, en échange d’un financement de l’Union européenne. Ce rôle de la France comme « bras policier de la politique migratoire britannique », dénoncé dès 2015 par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), doit être questionné. Emmanuel Macron, qui le remettait en cause avant 2017, n’a fait que le conforter depuis qu’il est à l’Elysée.
    Faire cesser les tragédies récurrentes dans la Manche suppose une lutte implacable contre les trafiquants et l’absolu respect des droits humains par les forces de l’ordre. Mais la situation exige aussi que soient rediscutées les conditions de la coopération franco-britannique, actuellement à sens unique, et définies des alternatives à un état de tension sur tout le littoral du nord de la France, qui ne fait qu’envenimer le débat sur l’immigration.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#politiquemigratoire#frontiere#CNCDH#traversee#manche#smallboat#sante#mortalite#droit

  • Dans la Manche, les techniques agressives de la police pour empêcher les traversées de migrants
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/23/dans-la-manche-les-techniques-agressives-de-la-police-pour-empecher-les-trav

    Dans la Manche, les techniques agressives de la police pour empêcher les traversées de migrants
    Par Julia Pascual (envoyée spéciale à Calais (Pas-de-Calais) et Loon-Plage (Nord)), Tomas Statius (Lighthouse Reports), Cellule Enquête vidéo et avec la contribution de Fahim Abed, May Bulman et Bashar Deeb (Lighthouse Reports)
    Officiellement, la police a interdiction formelle d’intercepter en mer les embarcations de migrants qui tentent de traverser la Manche. Après plusieurs mois d’enquête, « Le Monde » et ses partenaires de Lighthouse Reports, de « The Observer » et du « Der Spiegel » ont pourtant pu documenter différentes situations où les forces de l’ordre emploient des manœuvres dangereuses à l’encontre de ces « small boats » pourtant déjà à l’eau.
    Il pleut des cordes et la grande tonnelle blanche, sous laquelle plusieurs dizaines de personnes viennent s’abriter, a du mal à supporter le poids de l’eau qui s’accumule. Il est presque 11 heures, dans une zone périphérique de Loon-Plage (Nord), ce mardi 12 mars, à l’entrée de l’un des nombreux campements de personnes migrantes présents depuis des années maintenant sur la commune, voisine de Dunkerque.
    Ziko (les personnes citées par leur prénom ont requis l’anonymat), 16 ans, vivote ici depuis cinq mois. Le jeune Somalien a déjà essayé cinq fois de gagner le Royaume-Uni. A chaque fois en bateau. A chaque fois sans succès. Systématiquement, les policiers sont intervenus pour stopper l’embarcation à bord de laquelle lui et d’autres espéraient traverser la Manche. « A chaque fois, ils ont crevé le bateau », se souvient-il.
    Il y a environ deux semaines de cela, les policiers ont fait une manœuvre au large de la plage de Gravelines (Nord) que le jeune homme n’est pas près d’oublier. Les fonctionnaires ont fait obstacle au canot alors qu’il était déjà en mer. « On était à plusieurs dizaines de mètres des côtes quand un bateau pneumatique avec cinq ou six policiers s’est approché et a crevé notre embarcation. » Ziko rapporte que lui et la cinquantaine de passagers sont tous tombés à l’eau. « J’avais de l’eau jusqu’à la poitrine, c’était très dangereux. Il y avait des enfants qui étaient portés à bout de bras par des adultes pour ne pas se noyer. »
    De ses cinq tentatives de traversée, c’est la seule au cours de laquelle le bateau de Ziko a été crevé en mer. Son témoignage, rare, vient percuter la version officielle livrée par les autorités depuis 2018 et l’explosion du phénomène des small boats, ces petites embarcations de migrants dont le but est de rejoindre le Royaume-Uni. Officiellement, la police a interdiction formelle d’intervenir lorsque les small boats sont déjà en mer. Dans une directive à diffusion restreinte du 10 novembre 2022, le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Marc Véran, rappelait que « le cadre de l’action des moyens agissant en mer (…) y compris dans la bande littorale des 300 mètres (…) est celui de la recherche et du sauvetage en mer » et « ne permet pas de mener des actions coercitives de lutte contre l’immigration clandestine ».
    Et ce, en dépit de la pression constante sur le littoral : alors que moins de 2 000 personnes ont traversé la Manche en 2019, elles étaient plus de 45 000 en 2022 et près de 30 000 en 2023. Un phénomène qui est devenu un irritant majeur dans la relation franco-britannique.Au terme de plusieurs mois d’enquête, Le Monde, ses partenaires du collectif de journalistes Lighthouse Reports, du journal britannique The Observer et de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel ont pourtant pu documenter différentes situations, parfois filmées, où des tactiques agressives similaires à celles que dénonce Ziko ont été employées depuis juillet 2023. D’après nos informations, elles sont même comptabilisées par le ministère de l’intérieur sous la dénomination explicite d’« interceptions en mer ». Des données d’une sensibilité telle qu’elles ne font l’objet d’aucune publicité.D’autres que Ziko en témoignent. La Défenseure des droits explique au Monde que quatre saisines sont en cours d’investigation portant sur des interceptions en mer en 2022 et 2023. Par ailleurs, l’inspection générale de la police nationale est saisie depuis l’automne 2023 d’une enquête préliminaire à la suite d’un signalement au parquet de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) effectué par Rémi Vandeplanque, un garde-côte douanier et représentant du syndicat Solidaires.
    Ce dernier rapporte que, le 11 août 2023, au petit matin, un gendarme aurait demandé à un membre d’équipage de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de l’aider à percer un bateau au large de la plage de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) avec une dizaine de personnes à son bord. Une action que le sauveteur a refusé d’effectuer, tout en avisant le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) de Gris-Nez (Pas-de-Calais).
    L’échange a été entendu sur l’un des canaux radio utilisés par le Cross. « En tant que policier, on ne peut pas agir d’une manière qui met la vie d’autrui en danger, affirme Rémi Vandeplanque. On doit respecter les règles. » Sollicitée, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord assure que, « si elle est avérée, cette initiative ne pourrait être qu’une initiative individuelle de la personne en question et inappropriée ».
    Rares sont les images qui documentent ces pratiques, mais une vidéo inédite que nous nous sommes procurée, datée du 9 octobre 2023, montre un semi-rigide de la police nationale tourner autour d’un small boat dans le port de Dunkerque en créant à dessein des vagues qui déstabilisent la petite embarcation. A bord se trouvent pourtant une trentaine de passagers. Une partie d’entre eux se tient sur le boudin du canot. De l’eau entre dans l’embarcation au point que ceux assis au milieu sont immergés jusqu’aux genoux. Le policier semble ensuite dire aux occupants du petit bateau de retourner sur le bord. Les migrants seront finalement débarqués sains et saufs. Une manœuvre dangereuse, jugent plusieurs experts maritimes, d’autant que, en cas de chavirement, les embarcations légères des forces de l’ordre ne sont pas dimensionnées pour conduire des opérations de sauvetage. « Cette vidéo m’a choqué, raconte Kevin Saunders, ancien officier de la Border Force britannique en poste à Calais jusqu’en 2016 et connu pour ses positions extrêmement critiques à l’égard de l’immigration. Elle me rappelle ce que les Grecs faisaient à la frontière maritime avec la Turquie. Je suis surpris que les Français fassent cela parce que c’est contraire à leur interprétation du droit de la mer. »
    « Les Français sont poussés à jouer le même rôle dans la Manche que celui que l’Union européenne offre aux pays africains. Paris reçoit beaucoup d’argent des Anglais pour empêcher les migrants de partir ou les arrêter en mer », renchérit de son côté le politiste autrichien Gerald Knaus, architecte de l’accord de lutte contre l’immigration irrégulière entre l’Union européenne et la Turquie, faisant référence à la pression grandissante des autorités britanniques.De son côté, la préfecture de la zone de défense et de sécurité Nord relativise : « On était en journée, dans une enceinte portuaire. Le but de l’intervention est de dissuader les passagers de s’approcher de la digue du Braek [qui mène à la mer du Nord]. C’est la seule fois où on a pu intercepter un small boat par cette manœuvre et ça a été dissuasif. Toutes les personnes migrantes ont été sauvées et les passeurs interpellés. »
    Dans une seconde vidéo, diffusée sur le réseau social TikTok en juillet 2023, un semi-rigide appartenant à la vedette de gendarmerie maritime Aber-Ildut, déployée depuis 2022 dans la Manche, est filmé en train de percuter à deux reprises une embarcation de migrants à pleine vitesse, au large des côtes de Boulogne-sur-Mer. Trois gendarmes sont à bord. L’un d’entre eux brandit une bombe de gaz lacrymogène en direction du small boat et intime à ses passagers de s’arrêter. Une pratique, encore une fois, contraire au cadre opérationnel français.
    « Refusant le contrôle coopérant, aucune action de coercition n’a été réalisée et cette embarcation a librement poursuivi sa route, précise la préfecture maritime, interrogée sur cette action. Le nombre de ces contrôles reste très modeste, aucun naufrage, blessé ou procédure non conforme n’a été signalé. »D’autres témoignages, recueillis auprès de migrants à Calais (Pas-de-Calais) ou à Loon-Plage, décrivent des tentatives de traversées empêchées par des forces de l’ordre, qui s’avancent dans l’eau, jusqu’aux épaules parfois, pour crever des bateaux bondés de passagers. « A aucun moment de telles consignes ne sont données ni même suggérées aux équipes coordonnées, assure pourtant la préfecture maritime, bien au contraire, la préservation de la vie humaine en mer est le seul credo qui vaille. »
    La lutte contre l’immigration irrégulière franchit-elle la ligne rouge ? Le 10 mars 2023, une grappe de journalistes trépignent dans la cour de l’Elysée balayée par un vent hivernal. Tous attendent la poignée de main entre le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, et le premier ministre britannique, Rishi Sunak, sur le perron du palais présidentiel. C’est le premier sommet bilatéral entre les deux pays depuis cinq ans. Le rapprochement qui doit être mis en scène ce jour-là va s’incarner sur un sujet : l’immigration. Londres annonce le versement sur trois ans de 543 millions d’euros à la France pour « stopper davantage de bateaux », au titre du traité de Sandhurst de 2018.
    Cet argent va permettre de financer le déploiement de réservistes et l’installation de barrières et de caméras de vidéosurveillance sur la Côte d’Opale, mais aussi la surveillance aérienne du littoral ou encore l’équipement des forces de l’ordre en drones, jumelles à vision nocturne ou semi-rigides, comme celui que l’on voit à l’œuvre dans la vidéo prise dans le port de Dunkerque. Une tranche importante d’une centaine de millions d’euros est aussi dévolue à des projets immobiliers tels que la création d’un centre de rétention administrative vers Dunkerque ou d’un lieu de cantonnement pour les CRS à Calais. Désormais, plus de 700 policiers et gendarmes sillonnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre heures les 150 kilomètres de littoral.
    Il n’est pas question ici de sauvetage en mer, au grand dam de certains opérateurs qui verraient bien leur flotte renouvelée alors que les naufrages d’embarcations sont récurrents et mettent à rude épreuve les équipages. Ainsi la SNSM a échoué à plusieurs reprises à bénéficier des fonds Sandhurst, « parce que son action n’est pas assimilable à de la lutte contre l’immigration illégale », justifie à regret un cadre de l’association dans un document que nous avons pu consulter.
    L’enveloppe d’un demi-milliard d’euros débloquée par les Britanniques en 2023 constitue, de l’aveu de plusieurs sources au ministère de l’intérieur, un tournant. « Cela a vraiment contractualisé la relation entre les deux pays, rapporte un cadre de la Place Beauvau, sous le couvert de l’anonymat. Les Anglais se comportent avec nous comme nous on le ferait avec un pays tiers. Ils mettent une pression énorme au quotidien sur le déblocage des crédits, si les chiffres ne s’améliorent pas. C’est non-stop et à tous les niveaux. »Déjà présents au sein d’un centre conjoint d’information et de coordination franco-britannique ainsi que dans une unité de renseignement à Coquelles (Pas-de-Calais), des officiers de liaison britanniques de la Border Force participent aussi, officiellement comme simples observateurs, à la réunion hebdomadaire de l’état-major de lutte contre l’immigration clandestine. « Ils sont extrêmement intrusifs, mais ils connaissent bien la zone, ils savent où on contrôle bien, où on est en difficulté », affirme un cadre de la gendarmerie.
    Pour tarir les flux de migrants, les Britanniques ne manquent pas d’idées. En octobre 2020, le gouvernement conservateur de Boris Johnson disait réfléchir à installer des machines à vagues pour repousser les small boats. En août 2021, la ministre britannique de l’intérieur d’alors, Priti Patel, est revenue enthousiasmée d’une visite en Grèce où elle avait effectué des patrouilles avec les gardes-côtes helléniques en mer Egée, l’une des portes d’entrée en Europe. « Elle a dit que nous devrions apprendre des Grecs, se souvient une source au Home Office. Ils étaient très agressifs, avaient un bon taux de détection. » Et ont, à de nombreuses reprises, fait l’objet d’accusations de refoulements illégaux de demandeurs d’asile vers la Turquie.Toutes ces idées sont partagées avec la France lors de réunions bilatérales. « Pour les Britanniques, il fallait attraper les bateaux en mer. Ils le disaient de façon par moment insistante, lâche un haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur, en poste jusqu’à fin 2020. Ils nous ont même expliqué comment faire, par exemple en lançant des grappins ou des filets. » A la préfecture de la zone de défense et de sécurité Nord, on reconnaît que « de nouvelles techniques sont essayées en permanence », à l’image de celle qui consiste à paralyser l’hélice d’un bateau de migrants à l’aide de filets.
    Mais « cela n’a pas été concluant », assure-t-on. « Notre stratégie, ça a été plutôt de dire qu’il fallait une forte présence sur les plages et empêcher les livraisons de bateaux, corrobore un ancien directeur de la police aux frontières. En mer, on porte secours aux personnes, on ne les intercepte pas. » D’autres croient que ce qui a freiné les autorités tient plutôt à des contingences matérielles : « Il n’y avait pas de moyens nautiques pour cela », assure l’ancien haut fonctionnaire du ministère de l’intérieur.
    L’ampleur du phénomène des traversées persistant, les digues ont-elles sauté ? Les manœuvres en mer des forces de l’ordre « se comptent sur les doigts d’une main », balaye une source au ministère de l’intérieur.Le 10 mars 2023, tandis qu’Emmanuel Macron et Rishi Sunak enterrent à l’Elysée des années de brouille diplomatique, le préfet maritime Véran signe une nouvelle directive à diffusion restreinte. Elle précise le cadre de certaines manœuvres opérationnelles face à l’apparition du phénomène des taxis boats, ces embarcations qui longent la côte et récupèrent les migrants directement à l’eau pour éviter les interceptions sur les plages. La directive ouvre la voie à l’interception de small boats en mer par les forces de sécurité intérieure, à condition d’opérer « uniquement de jour », dans la bande côtière de 200 mètres de littoral, avant que le taxi boat n’embarque des passagers et dans le cas où « moins de trois personnes » seraient à bord. (....)

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    Royaume-Uni : en un an, des centaines de migrants condamnés pour « arrivée illégale » après avoir traversé la Manche
    Par La rédaction Publié le : 27/02/2024
    Depuis l’entrée en vigueur du Nationality and Borders Act en juin 2022, les autorités britanniques ont multiplié les arrestations de migrants débarqués sur son sol en « small boat ». En un an, environ 240 personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette loi, qui prévoit des peines de prison ferme pour les exilés condamnés.
    Des migrants dans l’illégalité pour avoir traversé la Manche. D’après une étude menée par l’université d’Oxford et une coalition d’organisations caritatives, quelque 240 personnes ont été accusées « d’arrivée illégale » au Royaume-Uni à la suite de la mise en place du Nationality and Borders Act (NABA). Ce délit, défini par l’article 24 de la loi a été introduit en juin 2022 et est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à quatre ans de prison.
    L’année qui a suivi l’application du NABA, de juin 2022 à juin 2023, 165 personnes ont été condamnées par la justice britannique pour ce délit.D’après les chercheurs, les ressortissants albanais, soudanais et égyptiens sont surreprésentés parmi les personnes arrêtées pour entrée illégale, au regard du nombre d’arrivées.
    Une infraction plus grave, inscrit dans l’article 25, qui consiste à faciliter l’arrivée dans le pays, est également en vigueur. Celle-ci est passible de la peine maximale de la réclusion à perpétuité. Ainsi, depuis la promulgation du NABA, 49 personnes ont été accusés d’avoir commis ce délit, en conduisant des embarcations par exemple, et sept ont été condamnées.
    L’étude pointe l’augmentation des arrestations en lien avec cet article : en 2022, une personne sur dix était arrêtée pour son rôle présumé dans la conduite du bateau. En 2023, ce chiffre est passé à une sur sept. Selon l’organisation caritative Humans for Rights Network, ces arrestations concernent aussi les mineurs. Ainsi, une quinzaine de jeunes ont été traités à tort comme des adultes et accusés des délits institués par le NABA, et 14 d’entre eux ont été incarcérés dans une prison pour adultes. Cinq ont finalement été attestés mineurs et ont été hébergés comme tels par les autorités locales. D’après le rapport, l’évaluation de l’âge des migrants se faits sur des caractéristiques physiques aléatoires, tels que la « voix cassée », une « moustache », une « mâchoire forte » ou des « épaules larges » et un « rasage évident ».
    La reconnaissance de minorité est une problématique récurrente dans le pays. En 2022, au moins 867 migrants mineurs ont été considérés à tort comme des adultes par le Home Office, d’après un rapport publié par les ONG Human Rights Network, Asylum Aid et Helen Bamber Foundation. Ces mineurs ont été « placés seuls dans des hébergements aux côtés d’adultes, ou dans des centres de détention pour migrants, exposés à des risques importants », affirmait le document.
    Un réfugié syrien, Zain, interrogé par les chercheurs de l’université d’Oxford, affirme avoir vu des adolescents dans la prison HMP Elmley, dans le Kent. « Les adolescents, quand ils arrivent à la prison, arrêtent tout de suite de manger, ils arrêtent de communiquer. Ils ont transféré [un jeune] au quatrième étage avec les détenus à haut risque, a-t-il raconté. Au bout d’un mois, il a commencé à devenir très maigre. Il a commencé à avoir des problèmes de santé mentale. Il pensait que les gardes étaient là pour le tuer, envoyés par des gens [de son pays] ».
    Depuis deux ans, le Royaume-Uni s’est lancée dans une politique punitive à l’encontre des migrants arrivés sur son sol via la mer. Cette voie prise par les autorités britanniques n’est pas sans rappeler celle appliquée - à un degré supérieur, pour le moment - par la Grèce. Régulièrement, des exilés y sont condamnés à des peines de prison dépassant la centaine d’années.Au Royaume-Uni désormais, se poster à la barre d’une embarcation suffit à incriminer un passager. Le plus souvent, les preuves sont constituées de photographies « provenant de drones ou d’officiers de la Border Force équipés d’appareils photo à long objectif », avait souligné à InfoMigrants en juillet 2023 Victoria Taylor, doctorante au Centre de Criminologie de l’Université de droit d’Oxford et membre du laboratoire de recherche Border Criminologies. Parfois aussi, les témoignages d’autres passagers du canot suffisent.
    Aussi, dans au moins une des affaires observées au tribunal par le réseau de chercheurs dont elle fait partie, "la simple « proximité » de la barre du canot a été suffisante pour justifier l’inculpation". Et ce, malgré les dénégations du prévenu.Le 23 février, un Sénégalais, Ibrahima Bah, a été condamné à 9 ans et demi de prison après le naufrage d’une embarcation, le 14 décembre 2022, qui avait coûté la mort à quatre migrants. Contrairement aux autres passagers dans le bateau, Ibrahima Bah n’avait pas payé sa traversée en échange de quoi il devait conduire le canot.Lors du procès, l’un des survivants a raconté les cris et les appels à l’aide, avant qu’un bateau de pêche ne vienne à leur secours. Il a aussi défendu Ibrahima Bah en expliquant que ce dernier avait essayé de rapprocher l’embarcation du bateau de pêche, et que sans lui « nous serions tous morts ».
    Le 2 février, un Soudanais de 22 ans a écopé, lui, de 18 mois de prison pour « facilitation » de l’immigration clandestine. Le jeune homme « a été aperçu en train de contrôler la barre [du bateau]. Il a coupé le moteur et a tenté de s’éloigner de la barre à l’approche du navire des forces frontalières », a précisé la National crime agency (NCA). Le Soudanais de 22 ans a expliqué avoir quitté son pays en février 2021 et avoir traversé le Tchad, la Libye et la Tunisie avant de traverser la Méditerranée. Arrivé en Italie, il a rejoint la France. Puis le Royaume-Uni, où il vit désormais en prison.

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  • Le Royaume-Uni signe un accord avec Frontex pour lutter contre l’immigration irrégulière - InfoMigrants
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    Le Royaume-Uni signe un accord avec Frontex pour lutter contre l’immigration irrégulière
    Par La rédaction Publié le : 23/02/2024
    Le gouvernement britannique signe ce vendredi un accord avec l’agence européenne chargée du contrôle des frontières pour lutter contre l’immigration irrégulière, dans le domaine du renseignement. Le but : mieux se coordonner pour combattre les réseaux de passeurs.
    Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, le Premier ministre britannique Rishi Sunak multiplie les mesures pour lutter contre l’immigration irrégulière. La dernière est un accord signé ce vendredi 23 février avec Frontex. Le partenariat avec l’agence européenne chargée du contrôle des frontières prévoit des échanges d’information et de renseignements pour mettre à mal les réseaux de passeurs. Il vise également à renforcer la coopération entre Britanniques et Européens notamment dans l’utilisation des nouvelles technologies comme les drones.
    La signature formelle de cet accord se passe à Londres entre le directeur général de la police britannique aux frontières Phil Douglas et le directeur exécutif de Frontex Hans Leijtens, en présence du ministre britannique de l’Intérieur James Cleverly et de la Commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson.
    La criminalité organisée en matière d’immigration et les passeurs « sont des défis mondiaux qui nécessitent des solutions et des ambitions partagées », a déclaré le patron du Home Office James Cleverly, saluant dans cet accord une « nouvelle étape cruciale dans la lutte contre l’immigration clandestine » et les traversées de la Manche à bord de petites embarcations.
    Londres a déjà signé des accords similaires avec la France. Depuis plusieurs années, les deux pays collaborent pour lutter contre l’immigration irrégulière. Mais en janvier, un rapport virulent de la Cour des comptes accusait le Royaume-Uni d’en faire trop peu dans son échange d’informations. « La Cour a constaté que les Britanniques ne communiquent pas de renseignements exploitables sur les départs des ’small boats’ et donnent des informations de premier niveau, très générales et non recoupées », peut-on y lire.
    Démantèlement d’un important réseau de passeurs
    Jeudi 22 janvier, Europol a annoncé le démantèlement d’un des « plus importants » réseau de passeurs opérant dans le nord de la France. Dix-neuf personnes ont été arrêtées en Allemagne, selon l’agence européenne de police luttant contre le crime organisé.
    L’investigation, qui a duré 18 mois, « s’est concentrée sur un réseau irako-kurde soupçonné de faire passer clandestinement des migrants irréguliers du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Est depuis la France vers le Royaume-Uni » via la Manche, a précisé Europol.
    Les membres de ce réseau coordonnaient parfois huit passages durant une nuit, à l’aide « d’embarcations pneumatiques de mauvaise qualité » – ni adaptées, ni sûres pour le transport de plus de dix personnes. L’Allemagne est régulièrement citée par les enquêteurs comme l’une des bases arrière du trafic de canots gonflables destinés aux traversées de la Manche. Le trafic de migrants est « une menace toujours mortelle, a rappelé Europol. Les activités de trafic illicite de migrants via de petits bateaux n’ont cessé d’augmenter depuis 2019, avant de devenir en 2021 le mode opératoire le plus couramment utilisé pour le trafic illicite de migrants de l’UE vers le Royaume-Uni, dépassant le trafic illicite par camion ».
    En 2022, le nombre de traversée de la Manche avait atteint des records, avec l’arrivée de 45 000 migrants au Royaume-Uni. En début d’année, Londres s’est félicité d’avoir récolté les fruits de ses lourds investissements dans la militarisation de sa frontière maritime. Le nombre de personnes atteignant le littoral anglais a baissé d’un tiers en 2023. Le Royaume-Uni a enregistré 29 437 arrivées de migrants en « small boat » cette année-là.Mais un facteur important permet d’explique cette baisse : l’accord signé entre Londres et l’Albanie en décembre 2022 pour lutter contre l’immigration clandestine. Cette année-là en effet, près d’un tiers des 45 000 arrivées sur le sol anglais concernaient des Albanais partis de France, souvent des hommes majeurs seuls. À l’été 2022, les Albanais ont même représenté jusqu’à 50 % des passagers de « small boats ».

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  • Manche : près de 140 migrants, dont un bébé de quatre mois, secourus en une journée - InfoMigrants
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    Manche : près de 140 migrants, dont un bébé de quatre mois, secourus en une journée
    Par La rédaction Publié le : 19/02/2024
    Samedi, 145 exilés répartis sur plusieurs canots ont été pris en charge par les secours français. L’un d’eux a été repêché au large de Boulogne-sur-Mer, alors qu’il sombrait en mer. Tous ses occupants, dont un nourrisson de quatre mois, sont sains et saufs. Alors que les députés britanniques ne cessent de s’écharper sur la mise en application du projet d’expulsion vers le Rwanda, les traversées de la Manche, elles, ne faiblissent pas. Samedi 17 février, plus de 145 exilés ont été secourus au large des côtes françaises : 140 par deux navires affrétés par l’État, et cinq autres personnes d’une même famille après que leur canot a chaviré, ont indiqué la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Premar) et celle du Pas-de-Calais.
    Les autorités ont d’abord secouru samedi matin avec le Ridens, un navire participant au dispositif de surveillance et de sauvetage mis en place par l’État dans le détroit du Pas-de-Calais, 57 migrants en détresse après une avarie survenue sur leur embarcation. Les naufragés ont « été débarqués et pris en charge par les services de secours à terre » au port de Calais, indique un communiqué de la Premar. Un peu plus tard, en milieu de journée, ce sont 75 personnes présentes à bord d’un canot demandant assistance qui ont aussi été secourues, et récupérées par le remorqueur d’assistance et de sauvetage Abeille Normandie. « Elles ont été déposées au port de Boulogne-sur-Mer en présence des équipes de secours », indique encore le communiqué.
    Dans le même temps, cinq autres exilés, dont un bébé de quatre mois, ont été quant à eux repêchés après le chavirage de leur embarcation près de Boulogne-sur-Mer. « En hypothermie », ils ont été conduits « vers l’hôpital le plus proche » mais leur état n’inspirait pas d’inquiétude, a précisé la préfecture. D’après le journal la Voix du Nord, ces personnes sont toutes issues d’une même famille kurde.
    La veille, c’est un tout autre sauvetage qui a été conduit par les autorités, britanniques cette fois. Sept migrants cachés dans un camion ont en effet été découverts à bord du ferry Seven Sisters, qui naviguait entre Dieppe et Newhaven. Selon la BBC, qui reprend des informations de la police britannique, six, dont certains étaient inconscients, ont été transportés à l’hôpital. « Ceux qui étaient en dessous étaient les plus mal en point. Ils suffoquaient et frappaient sur les parois. C’est semble-t-il ainsi qu’ils ont été repérés », a rapporté un passager français du navire à Paris Normandie.
    Deux hommes ont été arrêtés dans cette affaire, a déclaré la police britannique de Sussex. L’un pour « entrée illégale » au Royaume-Uni, l’autre pour avoir « facilité l’entrée illégale » de ce petit groupe de migrants sur le territoire. L’embarquement s’est fait dans le port normand de Dieppe, pourtant ultra-surveillé. Au fil des années, la pose de caméras de sécurité ou encore de barbelés s’y est multiplié. Les Britanniques y ont même financé, en 2019, un grand hangar dédié à l’inspection minutieuse des camions, d’une surface de 300 m², qui a coûté 680 000 euros, rappelle Paris Normandie.
    Pour freiner les arrivées de migrants sur son sol, Londres multiplie les initiatives. Sur le terrain, avec le renforcement du dispositif de surveillance sur les côtes, mais aussi dans les téléphones des exilés. D’après des documents consultés par le Times, le ministre de l’Intérieur James Cleverly souhaite faire appel à des influenceurs du réseau social TikTok basés dans plusieurs pays, pour dissuader les candidats à l’exil de venir au Royaume-Uni. Une liste restreinte de personnes a déjà été établie en Albanie. Elle comprend « un rappeur, deux comédiens, des blogueurs lifestyle, des personnalités de la télévision et un écrivain voyageur », explique le journal. Ces derniers seraient rémunérés à hauteur de 5 800 euros chacun, pour notamment avertir les internautes intéressés par la traversée de leur potentielle expulsion au Rwanda. En 2023, le Royaume-Uni a enregistré 29 437 arrivées de migrants en « small boats », contre 45 000 en 2022. Malgré une baisse des arrivées d’exilés sur le littoral britannique, les drames en mer, eux, restent nombreux. Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 janvier, cinq personnes sont mortes noyées dans une eau à 9 degrés alors qu’elles tentaient de rejoindre une embarcation en partance pour le Royaume-Uni.

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  • Traversées de la Manche : plus de 1 000 migrants arrivés en 15 jours au Royaume-Uni - InfoMigrants
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    Actualités : Traversées de la Manche : plus de 1 000 migrants arrivés en 15 jours au Royaume-Uni
    Par La rédaction Publié le : 29/01/2024
    Entre le 15 et le 29 janvier, plus de 1 000 exilés ont traversé la Manche depuis la France pour rejoindre les côtes anglaises. Après une période d’accalmie, les départs ont donc repris. Les traversées restent meurtrières : quatre migrants ont trouvé la mort dans la nuit du 13 au 14 janvier. L’eau était à neuf degrés.
    Après 25 jours sans arrivées, Londres a renoué le 13 janvier avec les débarquements de canots de migrants sur ses côtes. En 15 jours, 1 057 exilés ont traversé la Manche. Dans le détail, 358 personnes ont par exemple été recensées pour la journée du 17 janvier, 139 pour le 14 janvier et 276 pour le 28 janvier, selon les chiffres communiqués par le Home Office.
    Les départs ont donc repris malgré le froid et la température de l’eau qui n’excède pas 10 degrés. La police française se déploie sur tout le littoral pour empêcher les canots de se mettre à l’eau. Les autorités ont ainsi empêché mercredi 17 janvier le départ en mer d’une centaine d’exilés, dont des enfants. Ils s’apprêtaient à partir depuis la plage de Sangatte. Cette arrestation est intervenue quatre jours après un naufrage dramatique survenu au large de Wimereux, à quelques kilomètres de Sangatte. Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 janvier, cinq personnes sont mortes noyées alors qu’elles tentaient de rejoindre une embarcation en partance pour le Royaume-Uni. Deux adolescents syriens de 14 et 16 ans figurent parmi les victimes.
    Depuis des années, la France et le Royaume-Uni multiplient les mesures pour empêcher les traversées de la Manche. En mars 2023, les deux États ont signé un énième accord pour le déploiement de patrouilles supplémentaires côté français notamment. Coût du dispositif pour Londres : près de 500 millions d’euros.
    Le Royaume-Uni s’était même félicité en début d’année d’avoir récolté les fruits de ses lourds investissements dans la militarisation de sa frontière maritime. Le nombre de personnes atteignant le littoral anglais a baissé d’un tiers en 2023. Londres a enregistré 29 437 arrivées de migrants en « small boat » cette année-là, contre 45 000 en 2022.
    Un facteur important permet d’explique cette baisse : l’accord signé entre Londres et l’Albanie en décembre 2022 pour lutter contre l’immigration clandestine. De nombreux Albanais traversent la Manche : en 2022, près d’un tiers des 45 000 arrivées sur le sol anglais concernaient des Albanais partis de France, souvent des hommes majeurs seuls. A l’été 2022, les Albanais ont même représenté jusqu’à 50 % des passagers de « small boats ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#grandebretagne#smallboat#militarisatiion#manche#traversee#mortalite#sante