Je suis une femme de 30 ans et je n’ai jamais agi ... Témoignage d’une gilet jaune de Bourgogne
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Je suis une femme de 30 ans et je n’ai jamais agi pour la France, mises à part quelques manifestions, toujours entraînée par mes proches. Jamais je n’ai fait quelque chose de moi-même. Mais j’ai pris conscience. A 30 ans, il s’en passe des choses, on fait, malgré soit, un bilan. Et après 13 ans de bons et loyaux services à l’usine, à la caisse d’un supermarché, dans des brasseries, chez des personnes âgées à faire le ménage... J’ai pris conscience, que moi, comme beaucoup d’autres, je serai probablement toujours au smic car je n’ai aucune évolution possible. Et le #smic, il sert à survivre, mais il ne permet pas de vivre dignement. Je pense que depuis que je suis maman, il n’y a pas un seul jour où je ne rêve pas à plus d’argent. Bien sur qu’il y a pire, en France et ailleurs, j’ai un travail, j’ai un toit, j’ai mangé du foie gras à Noël. Mais parce qu’il y a pire on ne peut pas rêver à mieux ? Et cet éventuel mieux ne permettrait pas d’aider aussi les autres, les plus démunis ? J’ai toujours demandé de l’aide, partout où j’allais, pour tenter de vivre dignement. Mais j’ai aussi toujours apporté la mienne. J’ai toujours donné une pièce à un SDF dans la rue, j’ai travaillé bénévolement dans des foyers d’enfants en difficulté, je suis allée faire la toilette de dames âgées qui ne pouvaient plus le faire elles même. Et tout ça juste pour aider.
Les présentations faites, j’en viens à mon message, le vrai.
Nous (ou plutôt vous) avez commencé ce mouvement en réponse à la hausse du prix du carburant, noble cause quand on sait que de nos jours, nous sommes tous obligés de prendre notre véhicule pour aller travailler. Bien sur, si on peut se déplacer à pieds ou à vélo, parfait, mais nous sommes une minorité à pouvoir le faire. Avec toute la meilleure volonté du monde, je ne peux pas aller travailler à 15 kilomètres à vélo avec un enfant de 7 ans. Une fois, une fille que je connais m’a dit « moi je m’en fous du prix de l’essence, quand je vais à la pompe je mets 50 euros à chaque fois donc je ne m’en rends pas compte ». Ok, très bien.
Depuis le début de ce mouvement, nous nous sommes tous éparpillés, et à juste titre. Nous avons abordé de nombreux sujets qui fâchent, qui nous fâchent. Nous nous sommes éloignés de notre idée de base, et je trouve ça bien, nous nous sommes tous réveillés, à notre niveau. Nous ne sommes pas tous agacés pour les mêmes choses et c’est ce qui fait notre force. Notre différence. Nous sommes de gauche, de droite, nous sommes des extrêmes, nous sommes parents, nous sommes célibataires, nous avons 17 ans, nous avons 35 ans, nous avons 60 ans, nous sommes actifs, nous sommes retraités, nous sommes SDF, nous vivons en appartement ou en maison, nous habitons au nord, au sud, nous habitons à la capitale, nous habitons dans des petits villages méconnus. Nous sommes là, ensemble, et nous nous fichons les uns et les autres de qui nous sommes. Restons unis.
On nous prend pour des idiots à la télé, 12 000 personnes samedi 29/12/18 ? Qui peut encore croire à ce mensonge ignoble ? Pour qui veut-on nous faire passer ? Des crétins ignorants qui déambulent dans les rues faute de mieux ? Toutes les pages facebook à elles seules, toutes les vidéos postées prouvent le contraire. Nous n’étions pas 12 000 samedi dernier, nous étions beaucoup plus et vous le savez. Ne nous laissons plus prendre pour des imbéciles, ne nous laissons par traiter de menteurs par des gens qui l’ont décidé. Ces pseudo journalistes qui bavent leurs conneries à la télé me font vomir. Quand tu as décidé d’être journaliste c’est ça que tu voulais faire ? Parler du nouvel album de Jennifer, d’une année sans Johnny, des vacances de Macron à Saint Trop ? Tu voulais nous faire croire, à nous, le peuple, que lorsque les premières neiges arrivent en France alors le reste du monde ne souffre plus, que lorsque les soldes d’été commencent il n’y a plus de famine, que la sortie du dernier film avec Kev Adams était plus importante que le réchauffement climatique ?
TU VOULAIS NOUS FAIRE CROIRE A NOUS, QU’ON ETAIT VIOLENT ?
Tu voulais nous faire passer pour des monstres, des casseurs, des voleurs, des menteurs ? Tu voulais nous faire croire qu’on était 12 000 ce samedi ? C’est ça que tu voulais quand tu as fait ton école, tu voulais divulguer de la merde à la France, à la terre entière ? Tu voulais nous faire croire qu’à cause de nous les magasins perdaient de l’argent ? Tu voulais nous faire croire que Auchan était en souffrance par notre faute ? Sais tu combien d’entre nous peuvent encore faire leurs courses à Auchan ? Tu as voulu obéir, tu as voulu t’écraser, tu as voulu être sûr de bien toucher ton salaire à la fin du mois en nous faisant passer pour des terroristes, très bien, reste bien caché derrière ton bureau.
Car les journalistes, ce sont nous, et nous n’avons pas fait d’école pour ça. Nous sommes allés sur le terrain, le vrai, nous sommes allés au bon endroit et nous avons vu, nous avons entendu et nous avons filmé. Mais ne prends pas nos vidéos qui montrent le vrai visage des gens et des choses. Ne montre pas nos chants, nos danses, nos mots, nos gestes, nos marches pacifiques. Ne montre pas ça tu as raison. Nous avons des yeux et ils n’ont pas besoin de regarder la télé. Pour la première fois depuis des décennies, l’argent que nous avons mis dans nos téléphones nous servent à filmer la réalité de la France.
Car nous avons vu, nous qui étions dehors, comment on traite les femmes, les enfants dans ce pays. Et bien sur les hommes ne sont pas en reste.
Alors je suis allée dehors, moi, la timide, la peureuse, la nerveuse, la stressée de la vie, celle qui trouve toujours autre chose à faire que quelque chose d’important, et j’ai vu. Dijon est une petite ville et nous étions près de 5000 le 15 décembre, un groupe soudé, léger, dans la bonne humeur et la légèreté, à marcher tranquillement. Nous nous sommes trouvés face à des rues entières complètement bouchées, bloquées par des voitures de police et des hommes en uniforme, bloquées par des grillages, bloquées par des hommes casqués, armés, armurés. Nous n’avons pas pu avancer, nous avons été traités de terroristes, les « badauds » ont été enfermés dans les magasins et les restaurants pour que nous ne leur fassions pas de mal. Nous avons rebroussé chemin, dans le calme, avec pour ambiance une mini fanfare et des gens costumés. Nous sommes arrivés à la place de la République, les forces de l’ordre suivaient chacun de nos mouvements. Nous étions là, dehors, debout, à discuter, à observer quand les premières grenades ont été lancées, nous enfumant tous. Alors forcément, moi, comme de nombreuses personnes présentes, nous ne connaissions pas cette sensation d’étouffer, nous ne savions pas ce que ça faisait de ne plus pouvoir respirer, d’avoir les yeux qui brûlent. Et pourtant je voulais rester, je voulais voir, je voulais sentir, je voulais observer. Les gaz en partie évacués, nous nous sommes ressoudés mais les jets ont été de plus en plus nombreux. Personne n’avait chargé, personne n’avait crié, personne n’avait d’arme, personne n’avait pris aucun équipement de la ville pour faire de barricades, de feu ou que sais-je encore. LES GENS ETAIENT JUSTE DEBOUT DANS LA RUE. Et nous avons été chassés, nous citoyens. L’homme est libre d’aller et venir là où bon lui semble et nous avons été privés de ce droit. Nous avons dû fuir contre les forces de l’ordre qui avaient été missionnées et envoyées pour nous faire fuir.