• Cagnotte de soutien à Myriam
    https://nantes.indymedia.org/posts/148443/cagnotte-de-soutien-a-myriam

    Le 12 juin dernier, à #Bordeaux, myriam à été poursuivie en appel pour outrage, refus d’obtempérer, délit de fuite, refus de signalétique, au bout d’un procès ubuesque elle à été condamnée, conformément au réquisitoire du procureur, à trois mois de prison avec un sursis probatoire de cinq ans et 300…

    #abus_policier #Antirépression #Solidarité #Global

  • La profession d’enseignant-chercheur aux prises avec le #nouveau_management_public

    Ce texte se propose d’analyser différents impacts de la #néolibéralisation de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) sur le contenu et les #conditions_de_travail des enseignants-chercheurs (EC). L’analyse s’appuie sur les résultats d’une enquête menée entre 2020 et 2022 sur la nature, les causes et les effets des mutations du #travail des EC. Cette recherche visait dans un premier temps à objectiver les évolutions et à saisir les représentations des acteurs à leur sujet. Le second temps entendait analyser les raisons et les vecteurs de ces évolutions. Outre la mobilisation de sources bibliographiques, trois outils ont servi à recueillir des données. Un questionnaire adressé en ligne aux membres des différentes sections du CNU et aux EC en poste dans cinq établissements (aux tailles, localisations et statuts variés), à l’exception de ceux du domaine de la santé [1] a permis de travailler sur 684 réponses complètes reçues. Des entretiens semi-directifs (de 30 à 90 minutes) ont ensuite été menés avec 108 répondants au questionnaire, avec 5 présidents ou vice-présidents d’université (en poste au moment de l’échange) et avec des représentants de 6 syndicats (SNESup, SNESup école émancipée, CFDT, CGT, FO et Sud) [2]. Des résultats provisoires ont enfin été discutés au cours de 7 séminaires réunissant des EC dans le but d’alimenter la réflexion et l’analyse finale. Le livre Enseignants-chercheurs. Un grand corps malade (Bord de l’eau, 2025) rend compte de façon détaillée des résultats de cette recherche.

    On montrera d’abord comment la mise en œuvre des principes du nouveau management public (#NMP) dans l’ESR a entraîné simultanément un alourdissement et un appauvrissement des tâches d’enseignement, de recherche et d’administration incombant aux EC. On abordera ensuite les effets de #surcharge et de #débordements du travail que produisent ces transformations du travail des EC ainsi que les impacts que cela engendre sur leur #moral, leur #engagement et leur #santé.

    Le travail des EC alourdi et appauvri sous l’effet de la #néo-libéralisation et du NMP

    La #néo-managérialisation de l’ESR a démarré dans les années 1990, sans qu’il s’agisse d’une #rupture absolue avec une #université qui aurait jusque-là échappé aux logiques capitalistes dominantes. Parlons plutôt d’une évolution marquée par l’adoption et l’adaptation des principes du néolibéralisme. Promus par la Société du Mont Pèlerin fondée en 1947, puis mis en œuvre à partir des années 1980 (par Thatcher et Reagan), ces principes prônent une réduction des missions et des coûts des services publics s’appuyant sur une gestion comparable à celle des entreprises privées. Il s’agit de rationaliser leur organisation et de réduire leurs budgets, d’instaurer une mise en concurrence interne (entre établissements, départements, équipes et collègues) et externe (avec des organisations privées fournissant des services de même nature), de viser leur rentabilité et de mesurer leur performance. Cela a conduit à favoriser le fonctionnement en mode projet, la diversification des financements en valorisant les #PPP (partenariats public/privé), l’évaluation sur #indicateurs_quantitatifs, les #regroupements… Les objectifs fixés étant l’#efficacité plutôt que l’#équité, l’#efficience plus que l’#utilité_sociale, la #rentabilité avant la qualité de service.

    Ce programme s’applique donc dans l’ESR français à partir des années 1990. En 1998, le #rapport_Attali « Pour un système européen d’enseignement supérieur » répond à une commande de #Claude_Allègre (ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie de 1997 à 2000) qui entend « instiller l’#esprit_d’entreprise dans le système éducatif » (Les Échos, 3 février 1998), une #orientation qui constitue une injonction à visée performative. Dans les établissements, et notamment les #universités_publiques, cette orientation va être conduite par des équipes comptant de plus en plus de technocrates et de managers formés et rompus à l’exercice du NMP qui entendent faire fonctionner une logique inscrite dans la droite ligne du « processus de production, de diffusion et de légitimation des idées néo-managériales en France depuis les années 1970 [3] »

    Le rapport Attali propose un cadre européen inspiré d’orientations de l’OCDE. Lors de la célébration du 800e anniversaire de la Sorbonne, toujours en 1998, les dirigeants français, allemand, britannique et italien lancent un appel pour « un cadre commun de référence visant à améliorer la lisibilité des diplômes, à faciliter la mobilité des étudiants ainsi que leur employabilité ». Dès 1999, 25 autres pays européens signent cet appel et donnent naissance au « #processus_de_Bologne » destiné à créer un Espace européen de l’enseignement supérieur avant 2010. En mars 2000, l’Union européenne rejoint ce projet, qui débouche sur la #stratégie_de_Lisbonne proposant de créer un « #marché_de_la_recherche ». C’est dans ce contexte qu’intervient la #bureaucratisation_néolibérale de l’ESR français qui va transformer la « #gouvernance » de l’ESR, ainsi que le travail et les conditions de travail de ses salariés, dont celles des EC.

    Parallèlement à la dégradation des #taux_d’encadrement (notamment en licence [4], avec des variations entre disciplines et établissements) et aux baisses d’effectifs et de qualification des personnels d’appui, les EC assument des tâches liées à l’enseignement de plus en plus nombreuses, diverses et complexes. Il s’agit notamment d’un travail d’#ingénierie_pédagogique de plus en plus prenant, d’une coordination de plus en plus fréquente d’équipes pédagogiques comprenant des précaires en nombre croissant (dont ils doivent aussi assurer le recrutement et le suivi), de réponses aux injonctions à la « #professionnalisation » (impliquant de faire évoluer les contenus de formation, en réécrivant les maquettes de diplôme en « compétences » [5], en multipliant le nombre de #stages à encadrer et en travaillant sur les #projets_professionnels des étudiants), d’une #complexification de l’#évaluation des étudiants due à la #semestrialisation, à des délais de correction raccourcis, à la « #concurrence » du web et désormais de l’IA et d’une prise en charge d’activités de #marketing et de #communication destinées à vanter, voire à « vendre », les diplômes, les parcours, l’établissement.

    - « On subit une accumulation de #micro-tâches, qui devient chronophage même si c’est souvent des bonnes idées. Par exemple, l’université nous demande de présenter les masters en faisant venir d’anciens étudiants, ce qu’on fait déjà deux fois pour les étudiants de L3 et aux journées portes ouvertes. Ils nous demandent de faire une présentation de plus pour diffuser plus largement sur des plateformes et toucher un public plus large. […] Autre exemple, on nous demande de refaire un point sur les capacités d’accueil de nos masters, et il faut refaire le travail. […] En fait, toute l’année on nous demande des #petits_trucs comme ça. » (PU en sciences de l’éducation et de la formation, en université).

    Une même dynamique opère du côté de la recherche, les activités sont aussi accrues et diversifiées dans un contexte de raréfaction des personnels d’appui, notamment en lien avec la #concurrence aiguisée entre chercheurs, entre labos, entre UFR, entre établissements. Cette évolution c’est aussi la baisse des #budgets_récurrents et la chasse aux #financements, en répondant à des #appels_à_projets émanant de institutions publiques (ANR, ministères, UE) ou d’acteurs privés, la course aux #publications dans les revues classées, en anglais pour certaines disciplines, la multiplication des #évaluations par les établissements, les agences (AÉRES puis #HCÉRES…), les tutelles, le ministère, l’œil rivé sur les classements, notamment celui de Shanghai.

    - « Une partie du temps, on est plus en train de chercher des budgets et de faire du #reporting que de faire la recherche elle-même. Sans compter qu’il faut publier pour être valorisé. Il y a des collègues dont on se demande ce qu’ils publient, parce que leur temps de recherche en fait, c’est du temps d’écriture, mais on ne sait pas sur quoi. » (PU en civilisation américaine en université).
    - « Si on regarde les laboratoires, il y a beaucoup de chercheurs et peu de personnels associés. Nécessairement, les EC doivent faire face à plus de tâches administratives. Et d’autre part, il y a des choses qui ont été formatées, il faut remplir des fichiers, des indicateurs, cela fait beaucoup de tâches administratives à réaliser. » (PU en électronique en IUT).

    À cela s’ajoutent les activités de sélection, de recrutement et de management des étudiants et des doctorants sur des plateformes aux performances discutables (#ParcoursPlus, #Mon_master, Adum), des ATER, des postdocs et des enseignants vacataires et contractuels, ainsi que de titulaires lorsqu’il faut siéger en comité de sélection quand des postes de MCF et PU (Professeur d’Université) sont ouverts. Il faut ici souligner la #surcharge spécifique pesant sur les #femmes, notamment PU, compte tenu des règles de parité (un COS doit compter au moins de 40% de membres de chacun des deux genres) et des inégalités de #genre dans les carrières [ 7].

    Les EC doivent aussi prendre en charge des activités d’information, d’évaluation et de valorisation à destination de divers instances et organismes, dans des délais souvent courts, au moyen d’outils numériques plus ou moins fiables et compatibles. Ces comptes à rendre portent en particulier sur la qualité des cursus, les débouchés professionnels et les taux d’insertion des diplômés, les coûts en heures et en masse salariale des cours, des TD et des TP, les résultats en termes de présence aux examens, de notes, de diplômés, d’abandons en cours de cursus…

    – « Je me sens être très gestionnaire, animatrice, gentille organisatrice une grande partie de mon temps. C’est quelque chose que je n’avais pas du tout anticipé en entrant dans ce métier, parce que je ne pensais pas avoir autant de #charges_administratives. […] Dès la 3è année après mon recrutement, j’étais directrice des études, à faire des emplois du temps, recruter des vacataires, travailler un petit peu le contenu de leurs interventions, mais je devais surtout faire des RH, essayer que ça convienne à chacun, récupérer les papiers qu’on lui demandait pour qu’il soit payé, etc. » (MCF en sociologie en IUT).

    On a ainsi assisté à un double mouvement d’alourdissement er d’appauvrissement du travail des EC sous les effets combinés des injonctions à la professionnalisation (la #loi-LRU de 2007 a ajouté « l’orientation et l’insertion » aux missions de l’ESR) et aux attentes des tutelles en la matière ainsi que des normes budgétaires strictes et des critères « d’#excellence » qui concrétisent l’essor des logiques et des modes de gestion du NMP et la #managérialisation de l’ESR (comparable à ce qu’a connu l’Hôpital,). Il en découle un ressenti fréquent de #perte_de_sens et un #malaise profond.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du #sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. »(MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).
    - « Quand j’ai démarré au début des années 2000, j’avais l’impression d’être en phase avec mon travail et peut-être plusieurs de mes collègues aussi. J’ai l’impression qu’il y avait une sorte de vision collective partagée. Cette vision collective partagée, je la sens moins parce que je sens des #découragements, je sens des #lassitudes. Le partage de la mission de chercheur, c’est plus compliqué et le partage de la vision de la mission d’enseignement pour moi, elle est galvaudée. » (MCF HDR en chimie en université).

    Le #moral et la santé des EC pâtissent des #surcharges et débordements vécus par les EC.

    La détérioration des situations de travail vécue par les EC produit des effets à la fois sur leur état moral, leur #engagement_professionnel et leur état de santé. Les surcharges combinées au sentiment de ne plus pouvoir faire leur travail correctement sont à l’origine de nombreuses #souffrances. Leur travail a été peu à peu alourdi par une accumulation de tâches dont une partie tient à la #procédurisation qui concrétise « la #bureaucratisation_néolibérale ». Cela nourrit un important « #travail_caché », invisibilisé et non rémunéré, qui conduit à la fois à accroître et à hacher l’activité.

    Il en découle des #surcharges_temporelles (extension de la durée du travail professionnel), des #surcharges_mentales (dues à l’accumulation de sujets et de préoccupations) et des #surcharges_cognitives (liées aux changements récurrents de registres d’activité).

    - « L’université française s’écroulerait si nous ne consentions pas à faire un travail parfois considérable gratuitement ou presque. » (PU en langue et civilisation)

    L’#intensification_du_travail qui passe par un accroissement du travail invisible, ou plus justement invisibilisé, des EC, implique des débordements fréquents de leur vie professionnelle sur leur #vie_personnelle (aussi bien du point de vue du temps que de celui des lieux). Ce phénomène a été aggravé par l’usage d’outils (téléphone mobile, micro-ordinateur, tablette) et de dispositifs techniques (mails, réunions et cours à distance, remontées de datas, recherches sur le web) qui favorise le travail en tout lieu et à tout moment, et donc le brouillage des frontières entre travail et hors-travail.

    - « Je pense que tous les collègues font un peu comme moi, le temps d’écriture des articles est pris surtout sur le samedi et le dimanche, donc sur le temps personnel, en fait. Parfois, les conjoints ont du mal à s’y faire, mais moi non, mon conjoint est un chercheur. Globalement, on travaille tous les jours. Sinon, ça ne passe pas. Ou alors, on ne fait que de l’enseignement et on écrit un article par an. » (PU en histoire du droit en université).

    Le débordement temporel et spatial est un fait massif difficile à mesurer pour les EC car ceux-ci, comme tous les enseignants, ont toujours travaillé à la fois sur leur lieu de travail et à leur domicile ou en vacances (pour préparer des cours, corriger des copies et des mémoires, lire et écrire des travaux scientifiques, tenir des RV et réunions à distance).

    La porosité des frontières entre lieux de travail et de vie, entre temps de travail et hors-travail est ambivalente. D’un côté, elle permet aux EC de choisir où et quand ils travaillent, à l’inverse de la plupart des salariés. Cette souplesse d’organisation procure un sentiment de liberté, et une liberté réelle, qui facilite la conciliation entre obligations professionnelles et activités personnelles, domestiques, familiales. Mais, c’est aussi un piège qui met en péril la vie personnelle et familiale en impliquant une absence de limite aux temps et aux espaces consacrés au travail. Ce risque est d’autant plus grand que ce sont souvent les activités de recherche (à la fois les plus appréciées et les plus empêchées au quotidien) qui trouvent place en dehors des lieux et temps de travail. Beaucoup d’EC en viennent alors à accepter, voire à rechercher, ces débordements du travail pour retrouver le plaisir de faire ce qu’ils aiment dans un contexte plus favorable qu’au bureau (environnement calme et agréable) et à l’abri de sollicitations multiples (passages, appels téléphoniques, mails urgents, etc.). Ne peut-on évoquer ici une forme d’#aliénation, voire de « #servitude_volontaire » ? Cela rappelle ce que différentes enquêtes ont montré chez des cadres du secteur privé qui, en travaillant chez eux, y compris le soir, le week-end ou en congé, retrouvent comme ils le disent une « certaine continuité temporelle » et un « cadre spatial favorable à la #concentration ».

    - « Il faut avoir le #temps de faire sa recherche, on est dans une espèce de course à l’échalote permanente. Moi, j’ai eu beaucoup de chance, je ne veux pas cracher dans la soupe, j’ai pu travailler sur ce que je veux, et après à moi de trouver de l’argent. Mais, c’est un métier où ça peut être très dangereux si on ne trouve pas son équilibre. Moi, ça m’a coûté certaines choses au niveau personnel [un divorce !] parce qu’il est arrivé un moment donné où je ne dormais plus la nuit parce que je voyais tout ce que je n’avais pas eu le temps de faire. J’ai eu besoin de faire un travail sur moi pour me ressaisir et me dire que si je n’avais pas fait ça ou ça, ce n’était pas si grave, personne n’est mort à cause de ça, on se détend. J’ai eu de la chance, j’ai refait ma vie avec quelqu’un qui est professeure des écoles donc avec un rythme peu différent ». (MCF en chimie en université).

    Les inégalités de prise en charge des tâches domestiques, familiales et éducatives entre femmes et hommes, auxquelles n’échappent pas les EC, conduisent à exposer de nombreuses EC à des difficultés spécifiques (contribuant aux inégalités de déroulement de carrière à leur détriment), d’autant que la façon d’exercer le métier, de gérer les relations avec les étudiants et de prendre des responsabilités est aussi marquée par des différences de genre.

    – « Cette intensification du temps de travail s’est encore accrue au moment de mon passage PU, avec certains moments de l’année où pour pouvoir conduire mon activité et honorer mes engagements professionnels, je dois sacrifier tous mes week-ends sur une longue période. […] Il me semble que cette intensification tient aussi à une division sexuée du travail présente dans nos composantes : nombre de mes collègues hommes ayant longtemps refusé de prendre des responsabilités, en tous les cas les responsabilités chronophages et peu qualifiantes dans les CV ». (MCF en communication).
    – « Les femmes sont plus touchées que les hommes car elles assument les responsabilités de care pour les étudiants mais aussi pour leurs proches descendants ou ascendants de manière très déséquilibrée par rapport aux hommes. La charge mentale des femmes EC est très lourde. Concilier maternité et ESR (et donc espérer voir évoluer sa carrière) est mission impossible sauf pour celles qui ont un conjoint ou un réseau personnel sur lesquels s’appuyer. L’explosion des publications émanant d’EC masculins pendant la pandémie en est un bon exemple ». (MCF en anglais).

    Ces débordements s’inscrivant dans un contexte de dégradation de la qualité du travail et des conditions de sa réalisation contribuent à nourrir un sentiment d’#insatisfaction. C’est aussi de la #désillusion et diverses #souffrances_morales mais aussi physiques qui découlent de cette combinaison mortifère entre surcharges, débordements et insatisfaction.

    - « Moi, j’ai beaucoup de désillusions sur mon métier. Beaucoup d’#amertume, en fait. […] Quand on est enseignant-chercheur, on démarre, on est à fond, on en veut, etc. On a plein d’envies, on a plein d’ambition, puis on arrive dans la réalité et on prend un gros coup dans la figure et ça t’arrête net. Parce qu’on te colle tout de suite une responsabilité. […] Et tout ça pour un salaire de m… ! […] Moi je trouve que former des gens comme on les forme pour faire ça, c’est du gâchis franchement. » (Vice-présidente d’une université en poste).

    Ce qui mine et fait mal, comme l’évoquent de nombreux EC quand ils décrivent l’évolution de leur métier, c’est en particulier l’impression de devoir travailler toujours plus avec toujours moins de moyens disponibles, et donc pour un résultat dégradé ; ils ont le sentiment d’un « #travail_empêché » (comme le nomme Yves Clot) parce qu’ils se sentent empêchés de faire un travail de qualité comme ils savent et voudraient le faire ; ils ont des doutes sur la réalité de ce qu’ils font par rapport à ce qu’ils attendent de leur travail et ce qu’ils pensent que doit être le #service_public.

    Beaucoup des EC interrogés durant l’enquête se demandent ce qu’est devenu leur travail, quel sens ils peuvent encore lui donner et quel avenir attend l’université (et plus largement l’ESR). Si la plupart acceptent que le cœur de leur métier dépasse largement les seules activités de base d’enseignement et de recherche, ils doutent de plus en plus de pouvoir faire ce métier, auquel ils sont attachés, dans les règles de l’art telles qu’ils les conçoivent, et en particulier avec l’attention requise et les résultats voulus.

    - « Je pense que le métier d’enseignant-chercheur au-delà des 35 heures, ce n’est pas trop quelque chose de nouveau. Un chercheur, je pense qu’il a toujours beaucoup travaillé le soir. Mais peut-être que maintenant, on n’arrive plus à trouver le temps de tout faire ce qu’on nous demande. Et peut-être que ça, c’est nouveau ». (PU en biologie en IUT).
    – « J’ai vraiment du mal à croire qu’on puisse faire les trois choses ensemble. C’est-à-dire à la fois avoir une activité de recherche de haut niveau, avoir un investissement dans l’enseignement qui permet, enfin selon le critère qui est le mien, de renouveler ses cours extrêmement régulièrement pour ne pas se répéter, et en plus avoir des fonctions administratives ». (MCF en histoire en université).

    Cela fait émerger des questions majeures : à quoi et à qui sert aujourd’hui le travail des EC ? Sont-ils en mesure de réaliser des enseignements et des recherches de qualité ? Que devient le service public de l’ESR ? Ces questionnements rejoignent les trois dimensions majeures du sens du travail énoncées : son utilité vis-à-vis de ses destinataires, le respect de leurs valeurs éthiques et professionnelles, et le développement de leurs capacités.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. » (MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).

    Les différentes évolutions que nous venons de décrire peuvent s’interpréter comme les signes d’un risque de #déprofessionnalisation, un processus à la fois lent et peu visible prenant la forme d’une remise en cause ce qui fonde leurs « gestes professionnels » et de leur #identité_professionnelle ». Ce dont on parle ici ne concerne pas seulement tel ou tel individu, mais le groupe professionnel des EC à travers trois aspects.

    Le premier élément est une déqualification liée au fait que les EC sont de plus en plus souvent chargés de tâches ne correspondant ni au contenu, ni au niveau de leurs savoirs et de leurs objectifs. La deuxième dimension concerne la perte d’#autonomie à rebours de la #liberté_académique et de l’autonomie affirmées dans les textes. Le troisième aspect est le sentiment massivement exprimé durant l’enquête de l’#inutilité d’une part croissante du travail réalisé par rapport à ce que les EC voudraient apporter à leurs étudiants, et plus largement à la société qui finance leurs salaires, ce qui touche au cœur de l’identité fondant leur profession.

    La managérialisation de l’ESR alimente ce risque de déprofessionnalisation en enrôlant les EC dans les évolutions de leur travail et de leurs conditions de travail qui leur déplaisent, en les conduisant à faire - et pour ceux qui ont des responsabilités à faire faire à leurs collègues - ce qui les fait souffrir et que, pour partie, ils désapprouvent. C’est sans doute une des réussites du NMP que d’obtenir cette mobilisation subjective, comme la nomme la sociologue Danièle Linhart.

    La question de la déprofessionnalisation des EC mérite sans aucun doute d’être approfondie en termes de causes, de manifestations et d’effets. En l’état actuel de l’analyse, c’est une hypothèse à creuser dans le cadre d’un questionnement sur les impacts - et l’efficience - des modes de gestion impulsés par le nouveau management public et la bureaucratisation néolibérale.

    Si cette enquête ne suffit évidemment pas à établir un diagnostic global sur la santé des EC, elle permet néanmoins de mettre à jour des réalités peu connues et alarmantes. Ainsi, le terme épuisement est souvent revenu : il est employé spontanément par 45 répondants au questionnaire (dont 31 femmes). Il est évoqué 10 fois en réponse à la question : « Rencontrez-vous ou avez-vous rencontré des difficultés pour concilier vos différents activités professionnelles (enseignement, recherche, tâches administratives) ? Si oui, lesquelles ? ». Le stress, lui, est explicitement abordé dans 35 réponses (29 femmes) sans compter celles qui parlent du stress des étudiants et des Biatss. 17 répondants (dont 13 femmes) parlent de burn-out. Dans 7 de ces 17 cas, les répondants témoignent de burn-out subi par eux-mêmes ou par un membre de leur équipe au cours des dernières années. Les autres évoquent le risque ou la peur d’en arriver là. Les deux verbatims suivants illustrent l’importance de cette question.

    – « Il y a 20 ans, les réunions pouvaient durer 1 heure, 1 heure et demie. Aujourd’hui, il n’y a pas une réunion du CHSCT qui dure moins de 3 ou 4 heures. Parce qu’il y a un nombre incroyable de remontées au niveau des enseignants-chercheurs. […] Dans notre département, il y a eu pas moins de trois burn-out cette année, avec des arrêts maladie, des demandes de collègues de se mettre à mi-temps. » (PU, élu CGT).
    – « Je pense qu’il faut faire très, très attention. On est sur un fil raide. Ça peut basculer d’un côté comme de l’autre. Et je pense qu’on doit arrêter un peu le rythme, les gens sont fatigués, épuisés, donc il faut qu’on trouve un moyen de minimiser un peu les appels à projets. C’est sur ça qu’on se bat. Les garder, mais en faire moins. […] Bien sûr qu’on manque de moyens et bien sûr qu’il faut qu’on fasse comprendre à notre fichu pays que l’enseignement supérieur et la recherche, c’est un investissement. Je crois à ça profondément. » (Présidente d’une université en poste au moment de l’entretien).

    Pour conclure

    La profession des EC ressent assez largement un #malaise mettant en cause leur activité, voire leur carrière. Face à cela, la plupart des réponses sont aujourd’hui individuelles, elles passent pour certains par différentes formes de #surengagement (débouchant parfois sur du #stress, des #dépressions ou du #burn-out), pour d’autres (et parfois les mêmes à d’autres moments de leur carrière) à des variantes de désengagement (vis-à-vis de certaines tâches) pouvant aller jusqu’à diverses voies d’Exit (mises en disponibilité, départs en retraite avant l’âge limite, démissions très difficiles à quantifier). Les solutions collectives ont été assez décrédibilisées, notamment après l’échec du mouvement anti-LRU. De nouvelles pistes restent à imaginer et à construire pour ne pas continuer à subir les méfaits de la néo-libéralisation de l’ESR et trouver des alternatives aux dégradations en cours.

    [1] La situation des MCF-PH et des PU-PH à la fois EC à l’université et praticiens en milieu hospitalier étant très particulière.

    [2] Les verbatims présentés dans cette communication sont extraits des réponses au questionnaire ou des entretiens.

    [3] Bezès P. (2012). « État, experts et savoirs néo-managériaux, les producteurs et diffuseur du New Public Management en France depuis les années 1970 », Actes de la recherche en Sciences Sociales, n° 3, p. 18.

    [4] La massification de l’accès au bac s’est traduite par une très forte hausse du nombre d’élèves et étudiants inscrits dans l’ESR. Sur les 4 dernière décennies, ce nombre a plus que doublé en passant d’un peu moins de 1,2 million (à la rentrée 1980) à près de 2,8 millions (à la rentrée 2020). Le nombre d’EC n’a pas suivi !

    [5] Les diplômes universitaires doivent désormais figurer dans le Répertoire national des certifications professionnelles (le RNCP) conçu dans la logique des compétences.

    [6] Bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé de l’enseignement supérieur.

    [7] En dépit des principes d’égalité professionnelle, les femmes sont infériorisées dans l’ESR. Parmi les MCF, seul le domaine droit, science politique, économie et gestion (DSPEG) est à parité avec 51% de femmes et 49% d’hommes. Les femmes sont sur-représentées (58%) en Lettres, Langues et Sciences humaines (LLSH) et sous-représentées (34%) en Sciences et Techniques (ST). Du côté des PU, les femmes sont 29% (contre 45% parmi les MCF) même si ce pourcentage a augmenté ces dernières années. Les femmes sont minoritaires parmi les PU dans les trois domaines, y compris là où elles sont majoritaires parmi les MCF : elles sont 36% en DSPEG, 45% en LLSH et 21% en ST. Et les écarts de statut ne sont pas les seules inégalités de genre entre EC.

    https://blogs.alternatives-economiques.fr/les-economistes-atterres/2025/06/17/crise-de-l-esr-contribution-2-la-profession-d-enseign
    #ESR #enseignement #recherche #new_public_management

  • Sans titre
    https://nantes.indymedia.org/tumbles/148353/148353

    APPEL A SOLIDARITE PARTOUT OPERATIONS DE RAFLES MASSIVES DE PERSONNES IMMIGREES DANS TOUTE LA #France annoncées par Retailleau, ces mecredi 18 juin et jeudi 19 juin 2025 Vigilance maximale dans les transports (gares, trains, bus…) << 4 000 forces de l’ordre mobilisées pour contrôler les gares et trains en deux…

    #anti-racisme #Immigration/sans-papierEs/frontieres #Solidarité #Urgence

  • Lithium dans le #Finistère : en bord de mer gronde la #colère

    À #Tréguennec, un article sur un gigantesque #gisement et une visite ministérielle ont mobilisé les citoyens contre tout projet de #mine.

    L’affaire commence le 24 janvier 2022. « Sous le sol de Tréguennec, des milliers de tonnes de lithium, nouvel or blanc », titre ce matin-là Le Télégramme. Dans la minuscule bourgade du sud du Finistère – 320 habitants –, certains en recrachent leur café. Pourtant, le rapport du Bureau de recherches géologiques et minières qui mentionne le #gisement de 66 000 tonnes date de 2018, les sondages sur lesquels il s’appuie ont eu lieu entre 1977 et 2010. Mais jusqu’à peu, le lithium n’intéressait pas grand monde. C’était avant que ce métal ne devienne un composant essentiel des #batteries électriques et de la #transition_énergétique, et qu’il attise de plus en plus les appétits des industriels et des politiques (lire l’épisode 1, « Le lithium, de l’or blanc en barre » : https://lesjours.fr/obsessions/lithium-france/ep1-lithium-sous-sol-france).

    « C’est un collègue, rédacteur en chef adjoint, qui avait vaguement entendu parler de ça et m’a suggéré de creuser », raconte Didier Deniel, l’auteur de l’article. Qui n’imaginait pas susciter un tel effarement. Le maire Stéphane Morel lui-même n’était pas au courant. « Quand je suis allé le voir la première fois, il en est presque tombé de sa chaise, sourit le journaliste. Et sur le moment, il a pris les choses avec humour, disant qu’ils pourraient s’acheter les meilleurs joueurs de foot et concurrencer le PSG. » Sauf que dans la région, la nouvelle n’a pas suscité le même enthousiasme. Dans la semaine suivant la parution de l’article, une figure de la vie associative locale, Stéphane Le Garrec, monte le groupe Facebook « Lithium à Tréguennec, Non merci ! », qui rassemble très vite plus de 8 000 personnes. Le 26 février, une manifestation a lieu dans le village. Le maire ne plaisante plus. « Tréguennec et le pays bigouden ne sont pas à vendre, même pour tout l’#or_blanc du monde », écrit-il au Télégramme. C’est que ledit gisement ne se situe pas n’importe où.

    À quelques kilomètres du bourg, les vagues se fracassent sur la plage, fine bande de sable blanc séparée des terres par un cordon dunaire. À l’horizon, les bleus du ciel et de l’océan se confondent. Au lieu-dit #Prat-ar-C’Hastel, un tumulus abritant un cimetière préhistorique voisine une ancienne carrière de feldspath engloutie sous les eaux d’un étang. Le gisement de lithium, parmi les plus importants de l’Hexagone, est là, dans une zone à l’équilibre infiniment précaire, que les exploitations passées n’ont cessé de fragiliser. « Il y a un siècle, la #baie_d’Audierne était protégée par un mur naturel de galets de près de 20 kilomètres, formé il y a des dizaines de milliers d’années, lors de la dernière glaciation », raconte Benjamin Buisson, responsable du pôle littoral et biodiversité de la Communauté de communes du Pays Bigouden Sud. L’#Ero_Vili, le « sillon de galets » en breton.

    Mais dans les années 1940, ces galets sont une ressource précieuse pour l’armée allemande occupante, qui bâtit des bunkers tout le long de la côte ouest pour prévenir toute attaque maritime alliée – le mur de l’Atlantique. Fin 1941, les nazis installent une usine de concassage de #galets à Prat-ar-C’Hastel. En à peine plus de deux ans, quelque 400 000 m3 sont retirés du cordon protégeant la baie. Au cours des décennies suivantes, de nombreux autres prélèvements privés viendront le fragiliser encore davantage. Jusqu’à ce jour de février 1966 où l’Ero Vili se rompt sous les assauts de l’océan. L’eau envahit les terres, façonnant un nouveau paysage.

    Aujourd’hui, le squelette de l’immense usine de concassage se dresse toujours, dominant le fragile cordon dunaire qui protège désormais les terres. Au loin, sur la plage, on aperçoit encore deux blockhaus à demi engloutis. Et de l’autre côté de la dune, la flore et la faune fourmillent. Quand on l’interroge sur les possibles impacts d’une #extraction_minière sur la zone, le responsable de la communauté de communes reste prudent : « Je suppose que beaucoup dépend de la technique d’#extraction. Mais le bruit, les poussières, le passage des camions, la gestion de l’eau, l’érosion, le risque que la mer s’engouffre dans les terres si l’on est trop près du trait de côte… Dans une zone sensible comme celle-ci, les #risques_environnementaux d’une extraction ne sont pas négligeables. »

    Et pour preuve, la prairie dunaire et son #écosystème sont aujourd’hui triplement protégés. Depuis 1982, les 650 hectares des rives de la baie appartiennent au Conservatoire du littoral. « Ces terres sont quasi inaliénables », souligne Benjamin Buisson. Selon le Code de l’environnement, le Conservatoire ne pourrait s’en séparer qu’à l’autorisation expresse du Conseil d’État. La prairie dunaire est encore une zone #Natura_2000 et, à l’automne 2021, elle a reçu le #label_Ramsar (de la convention internationale du même nom). « Certes, il s’agit d’une protection essentiellement symbolique, reconnaît Benjamin Buisson, Mais il n’existe qu’une cinquantaine de #zones_humides labellisées Ramsar en France, c’est dire leur importance et la valeur morale qui s’y attache. » Depuis deux ans, les élus locaux préparent même la transformation en parc naturel régional. Extraire du lithium à Tréguennec impliquerait donc de surmonter tous ces obstacles administratifs, symboliques… et sociaux.

    Car les gens d’ici sont férocement attachés à leur terre. Le 26 février 2022, quelque 600 personnes ont ainsi convergé vers Tréguennec. Dans la cour de l’ancienne école publique, on croise alors des pancartes « Pas touche à nos dunes » ou « Tréguennec n’est pas à vendre » et, dans la foule rassemblée, on ressort les mythiques anecdotes de la #résistance de Plogoff, à la fin des années 1970. À l’époque, l’État français prévoit de construire une centrale nucléaire dans cette commune à une trentaine de kilomètres de Tréguennec (dont les terres avaient été un temps considérées par EDF). Mais en juin 1978, les Plogoffites bloquent l’accès au site. Deux ans plus tard, ce sont des dizaines de milliers de manifestants qui déferlent et affrontent la police. En 1981, le projet est finalement abandonné. La résistance de Plogoff devient mythique. La documentariste Nicole Le Garrec (sans lien avec Stéphane Le Garrec) se souvient : « Il y avait une détermination sans faille, qui a rassemblé toutes les classes sociales – des agriculteurs, des marins, des anciens militaires, pourtant peu prompts à la rébellion… Les femmes surtout ont formé le cœur de cette cette résistance. »

    Le 26 février 2022, Nicole Le Garrec et son mari Félix sont allés manifester sans hésiter. Respectivement âgés de 80 et 90 ans, les deux documentaristes n’imaginaient pas se relancer dans la #lutte. « Mais quand nous avons appris qu’il y avait du lithium à Tréguennec, la question ne s’est pas posée », déclare Nicole. Elle raconte d’une voix douce et grave cette baie d’Audierne où ils ont vécu toute leur vie. « Je me rappelle encore l’époque où les vagues se brisaient sur l’Ero Vili. On entendait le roulement des galets à des kilomètres, comme un énorme grondement ! » Aujourd’hui, on ne l’entend plus, mais la beauté reste. « Nous pensions ce lieu magique à l’abri des appétits de l’industrie. Alors d’imaginer que l’on puisse le ravager, mon cœur s’est soulevé. »

    Pourtant, d’appétit de l’industrie… il n’y a pas pour l’heure : la mobilisation citoyenne a eu lieu avant même qu’un hypothétique projet de mine de lithium n’ait été évoqué – à ce jour, il n’y en a toujours aucun. Mais la secrétaire d’État à la Biodiversité, #Bérangère_Abba, a elle-même attisé les craintes le 9 février 2022, quand elle est venue contempler le paysage qui avait reçu quelques mois plus tôt le label Ramsar. « C’est un site exceptionnel mais les besoins sont importants, la pression géostratégique est forte sur ce type de #métaux. Il faut mesurer plus précisément avec des scientifiques l’ampleur de ce gisement. » La course à l’or blanc est mondiale et la France est sur la ligne de départ dans l’Allier. Pourquoi pas dans le Finistère ?

    « Le lithium n’est pas véritablement un métal “rare”, explique Guillaume Pitron, journaliste et chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). D’un point de vue strictement théorique, les ressources en lithium ne manquent pas. Mais la question ne se pose pas uniquement en termes de réserves disponibles mais également de réserves exploitables. Du lithium, il y en a au fond des océans ou dans d’autres zones écologiquement sensibles. Mais l’impact de son extraction serait tel que celle-ci en devient écologiquement inacceptable. Une telle extraction a donc un coût – social, politique – auquel entreprises et gouvernants ne veulent pas se confronter. »

    « Il y a des choses auxquelles il ne faut pas toucher », assène Nicole Le Garrec, en écho. Mais le monde fait alors face à un dilemme. Car les prévisions de croissance des besoins en lithium sont telles que les ressources actuellement exploitées pourraient bien ne pas suffire. Si la production mondiale a dépassé les 100 000 tonnes en 2021, elle devrait être multipliée par huit en 2040 pour répondre aux besoins annuels des seuls véhicules électriques, selon l’Agence internationale de l’#énergie. 800 000 tonnes par an, extraites de réserves mondiales prouvées de 22 millions de tonnes. La ruée vers l’or blanc prend des allures de course vers l’abîme.

    « Les prévisions de consommation annuelle de lithium ne sont pas tenables », tranche Judith Pigneur. Pour la docteure en génie industriel et spécialiste de l’extraction minière de l’association #négaWatt, une telle augmentation de la production mondiale est un danger. « Dans l’industrie, plus on va vite, plus les risques sanitaires et environnementaux sont importants », dit-elle (lire l’épisode 2, « Lithium dans l’Allier : les dés sont-ils pipés ? » : https://lesjours.fr/obsessions/lithium-france/ep2-mines-pollution). Mais au-delà, se pose la question de ce que nous sommes prêts à sacrifier pour accéder à cette précieuse ressource. Car à l’heure actuelle, le #recyclage du lithium n’est pas encore déployé : « La production massive n’en est qu’au début et nous ne pourrions pas recycler assez vite pour répondre aux besoins mondiaux tels qu’ils sont anticipés. » Reste donc la tentation d’extraire toujours plus, dans des zones potentiellement sensibles. « En comptabilisant les projets passés, actuels et futurs, 6,7 millions de km2 de la surface terrestre sont impactés par l’industrie minière, dont 8 % dans des aires protégées. L’accélération de la consommation annuelle de ressources comme le lithium constitue un péril majeur, dont les impacts sur la biodiversité pourraient dépasser ceux évités par l’atténuation du changement climatique », assure Judith Pigneur, s’appuyant sur une étude parue dans la revue Nature en 2020.

    « Il ne s’agit pas pour autant de remettre en question la transition énergétique et de continuer comme avant, mais il faut fixer des lignes rouges à ne pas dépasser, comme le respect des zones protégées », poursuit l’experte. Et pour cela, freiner l’augmentation de la consommation du précieux métal : « Nous ne pouvons penser la transition énergétique sans questionner nos usages et penser des mesures de #sobriété. Penser un futur parc automobile électrique réduit, en autopartage, construire de petites voitures avec des batteries moins importantes… » Dans le cas français, de telles mesures permettraient de limiter cette consommation exponentielle de lithium à 128 000 tonnes entre 2020 et 2050 au lieu de 340 000 tonnes, d’après les études de négaWatt.

    Guillaume Pitron, lui, cite volontiers Albert Einstein : « On ne résout pas un problème avec le mode de pensée qui l’a engendré. » Pour le journaliste, la transition énergétique n’aura de sens « que si elle nous invite à profondément changer la façon dont nous consommons le monde ». « Mais cela implique des changements organisationnels, politiques et des bouleversements intimes immenses, soupire-t-il. Je voudrais croire que si les mines se trouvaient sous nos fenêtres nous aurions tout à coup conscience de l’impact réel de nos modes de consommation. Mais c’est un vœu pieux. »

    À Tréguennec, un an après l’article du Télégramme, le lithium est toujours à 130 mètres sous terre, il n’occupe plus les conversations. Mais la méfiance demeure. Sur les bords de la carrière de Prat-ar-C’Hastel, les habitants ont planté un arbre à la mémoire de Stéphane Le Garrec, décédé dans un accident de voiture l’hiver dernier. À son pied, quelqu’un a déposé une ardoise, avec ce message : « Restons vigilants ».

    https://lesjours.fr/obsessions/lithium-france/ep3-treguennec-bretagne
    #lithium #extractivisme #Bretagne #voitures_électriques

  • Irlande : 796 bébés morts abandonnés dans une fosse commune vont être exhumés

    En 2014, Catherine Corless révélait que 796 enfants avaient été inhumés anonymement dans un foyer en Irlande. Plus de dix ans plus tard, les premières exhumations vont commencer. « Ce fut un combat acharné » , raconte cette femme aujourd’hui âgée de 71 ans à l’AFP. Lundi, des experts boucleront le périmètre de l’ancienne fosse septique du foyer St Mary des sœurs du Bon Secours. L’objectif : procéder aux recherches dès le mois de juillet.

    Tout commence en 2014. Cette année-là, Catherine Corless met au jour des preuves attestant du décès de 796 enfants - des nouveau-nés jusqu’à l’âge de neuf ans - dans ce foyer situé dans une petite ville située à 220 kilomètres de Dublin. Ses recherches conduisent à une découverte macabre : une fosse commune. « Il n’y avait aucun registre d’enterrement, pas de cimetière, pas de statue, pas de croix, absolument rien » , se rappelle-t-elle. Surtout « quand j’ai commencé, personne ne voulait écouter (...) je suppliais : sortez ces bébés de ces égouts, offrez-leur l’enterrement chrétien digne qu’on leur a refusé » , raconte-t-elle. En vain.


    Le traitement réservé aux enfants nés hors mariage
    Lorsque les recherches de Catherine Corless ont été publiées, elles ont provoqué une onde de choc en Irlande, révélant de manière brutale le traitement réservé aux enfants nés hors mariage. Pendant des décennies, la société, l’État et l’Église catholique - qui a historiquement eu une main de fer sur les comportements en Irlande - ont relégué les femmes enceintes non mariées dans des « maisons mère et enfant » . Après l’accouchement dans ces institutions, les enfants étaient séparés de leur mère, puis souvent adoptés.

    À la suite des révélations de Catherine Corless, des enquêtes ont été lancées dans le pays. Elles ont établi que 56.000 femmes célibataires et 57.000 enfants sont passés par 18 foyers de ce type entre 1922 et 1998. Parmi eux, environ 9.000 enfants sont morts. Certaines de ces maisons étaient financées et gérées par les autorités sanitaires locales, d’autres par les ordres religieux catholiques. Le foyer de Tuam, lui, était administré par les sœurs du Bon Secours.

    « Tous ces bébés étaient baptisés, et pourtant l’Église a détourné le regard. Pour elle, cela ne comptait pas : ils étaient illégitimes, point final » , accuse-t-elle. Malgré la découverte de premiers restes humains en 2016 et 2017, il a fallu attendre 2022 pour qu’une loi autorise officiellement les fouilles. En 2023, une équipe a enfin été nommée pour mener les opérations à Tuam. Sa mission : retrouver, identifier et inhumer dignement les restes qui seront exhumés.

    Des échantillons ADN seront prélevés auprès de personnes capables d’attester un lien familial avec les bébés morts dans ce foyer. « Je n’aurais jamais cru voir ce jour arriver. Tant d’obstacles ont été franchis » , confie Catherine Corless. Mais, lucide, elle sait, que les fouilles ne fourniront pas toutes les réponses. « Même si on parvient à identifier quelques restes, cela n’apportera pas la paix à tout le monde » , souffle-t-elle.
    Source : https://www.lefigaro.fr/international/irlande-796-bebes-morts-abandonnes-dans-une-fosse-commune-s-appretent-a-etr
    #religion #catholique #clergé #bébés #Femmes #charnier #mariage #soeurs

  • #Formation : la post-production pour le #Podcast de création
    https://radioparleur.net/2025/06/17/formation-podcast-montage-mixage

    Deux jours pour partager méthodes et techniques accessibles sur Reaper ! Le podcast est un outil puissant de transmission, et #Radio_Parleur poursuit son cycle de transmission d’écritures et de techniques pour permettre son appropriation. Pendant ces deux jours de formation, co-organisé par le studio La Houle, et animés par le réalisateur de Radio Parleur, […] L’article Formation : la post-production pour le podcast de création est apparu en premier sur Radio Parleur.

    #Carousel_4 #Vie_de_la_rédaction #Atelier #Sonore

  • #Pastoralism is facing existential threat in #West_Africa - ScienceDirect
    https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0962629825000952

    #Political_Geography
    Volume 121, August 2025, 103363
    Political Geography
    Guest editorial
    Pastoralism is facing existential threat in West Africa
    Olivier J. Walther, Lacey Harris-Coble, Leif Brottem, Mirjam de Bruijn, Han van Dijk, Cletus F. Nwankwo, Adegbola T. Adesogan

    https://doi.org/10.1016/j.polgeo.2025.103363

    In March 2025, pro-government militias killed more than 130 Fulani pastoralists in the western Boucle du Mouhoun region of Burkina Faso, according to Human Rights Watch (HRW, 2025). This attack against unarmed civilians is far from an isolated incident in West Africa. It reflects a larger and disturbing trend in the region, where pastoralists are routinely accused of siding with violent extremist organizations affiliated with Al Qaeda and the Islamic State, and targeted by government forces and their allied militias.
    The increased frequency of such massacres is but one of the many threats facing pastoralism, a vital sector of the West African economy that contributes to the livelihoods of an estimated 25 million people in the Sahel and outskirts of the Sahara. From Senegal to Chad, pastoralists supply meat and dairy products to a rapidly growing population. Beyond the economic sphere, pastoralism is a cultural system in which animals are regarded as a source of social standing. Fulani, Tuareg, Moore and Tubu pastoralists are the carriers of unique conflict resolution mechanisms, knowledge of production systems, religious networks, political organizations, and gender roles.
    While they remain crucially important to West African #societies, these #pastoral_systems have experienced major crises since the second half of the 20th century. In the 1970s and 1980s, the great #Sahelian #droughts decimated livestock and led pastoral populations to adopt other modes of subsistence based on mobility, such as trade, tourism, and war. A new form of pastoralism emerged, managed by absentee owners, #neo-pastoralists, politicians, and businessmen, who abandoned the traditional equilibrium based on ecological complementarities. More than a result of climatic conditions, these changes were encouraged by state policies implemented to control the movements of populations deemed too politically independent (Walther & Retaillé, 2021). #Sedentarization, intensification, and privatization policies were also widely supported by international donors, despite a history of failure in the region and the reluctance of the pastoralists themselves to change their way of life.

    Je peux fournir le PDF si besoin !

    • Au #Tchad, la justice menace de poursuites les journalistes enquêtant sur un massacre d’#éleveurs
      https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/06/16/au-tchad-la-justice-menace-de-poursuites-les-journalistes-enquetant-sur-un-m

      Le procureur de la République de N’Djamena a menacé de poursuites judiciaires, samedi 14 juin, les journalistes ou acteurs de la société civile qui se rendent à Mandakao (sud-ouest du Tchad), sur les lieux d’un massacre commis en mai et visant des éleveurs locaux.

      Selon les autorités, 42 personnes ont péri dans cette tuerie. Les victimes sont des éleveurs peuls dont majoritairement des femmes et des enfants, selon des sources locales. « Certains journalistes et membres des sociétés civiles se permettent de se rendre, de leur propre initiative, à Mandakao (…) pour interroger certains habitants de ce village », a écrit le procureur Oumar Mahamat Kedelaye dans un communiqué parvenu à l’Agence France-Presse (AFP) dans la nuit de samedi à dimanche.

      Le 21 mai, l’opposant tchadien et ancien premier ministre, Succès Masra, avait été placé en détention provisoire sur des accusations « d’incitation à la haine » à la suite du massacre de Mandakao. Le chef du parti Les Transformateurs, candidat malheureux à la présidentielle de 2024, avait été arrêté cinq jours plus tôt à N’Djamena.

      « Compte tenu de la sensibilité de l’affaire, toute autre démarche parallèle [à la justice] est susceptible de constituer un empiétement sur les fonctions judiciaires », écrit le procureur dans son communiqué, ce qui selon lui pourrait entraîner des « poursuites judiciaires ».

  • #SONIC_HERITAGE

    Sonic Heritage is the first collection of the sounds of the world’s most famous sights.

    The project presents the sounds of 270 UNESCO World Heritage sites and items of intangible heritage – all reimagined by artists from around the world to create a brand new way of experiencing these spaces.

    Explore the heritage sounds in the interactive map and sound player below.

    https://citiesandmemory.com/heritage
    https://citiesandmemory.com
    #patrimoine #héritage #sons #audio #monde #base_de_données #cartographie_interactive #cartographie #cartographie_participative

  • Für Internet- #Soziologen, Digital- #Therapeuten und - #Verhaltensforscher incl. #KI-#Analysten

    via https://diasp.eu/p/17689334

    Wie schwer sich ein Völkerrechtler auf Twi_X tut, der versucht die rechtliche Situation zum gestrigen (13.06.2025) Angriff Israels auf den Iran - ganz im Gegensatz zur Bundesregierung - völkerrechtlich korrekt einzuordnen, und es mit Leuten zu tun bekommt, die entweder schlicht und ergreiffend zu dumm, zu arrogant, ideologisch zu verrannt (möglicherweise gedungene [KI]-Agitatoren) sind, um sich bei einem m.E. nicht allzu anspruchsvollen Diskurs soweit im Griff zu haben, ihr von Emotionen und Halbwissen geprägtes Urteilsvermögen von den Vorgaben des Völkerrechts zu trennen, lässt sich an dem ziemlich langen Beitragsstrang, an dem unser Völkerrechtler allerdings irgendwann die Lust verliert, exemplarisch nachvollziehen

  • Soudan : les stratégies de répit et d’entraide, au coeur de la résistance populaire

    Depuis 2023, les forces de soutien rapides (RSF) et les forces armées soudanaises s’affrontent dans une guerre destructrice qui n’épargne pas les civils. Les affrontements violents sont récurrents et la population civile construit des chemins de résistance pour faire face au chaos. Alternatives a organisé une conférence à l’occasion de La Grande transition sur les stratégies de paix et de résistance au Soudan, une discussion animée par un collectif étudiant et d’activistes de la diaspora soudanaise au Canada. Au cours de cette discussion, plusieurs spécialistes du conflit tentent de répondre à une question fondamentale : comment les civils peuvent s’organiser pour résister à la guerre ?

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/06/14/soudan-les-strategies-de-repit-et-dentraide-au

    #international #soudan

  • Chinas Kapital
    https://www.manova.news/artikel/chinas-kapital


    Suivant Rüdiger Rauls en Chine se dessine une nouvelle forme de socialisme. Il avance des arguments intéressants incompatibles avec les idées reçues « maxistes ». Il ne répond pas à la question si le parti communiste chinois et ses dirigeants constituent une organisation socialiste fiable. Qu’en disent les néo-maoïstes ? Une chose est certaine. On ne trouvera pas de réponse valable parmi les publications de propagande occidentale.

    13.6.2025 von Rüdiger Rauls - Das große ostasiatische Land hat erstmals eine Form des Sozialismus kreiert, der vom Westen nicht ohne Weiteres besiegt werden kann.

    Mit dem Gesetz zur Förderung der Privatwirtschaft hat China das Privateigentum an Produktionsmitteln rechtlich abgesichert. Ist das nun der endgültige Beweis dafür, dass die Volksrepublik nicht sozialistisch ist? Hat die Kommunistische Partei Chinas den Sozialismus verraten? Der Autor ist eher der Auffassung, dass er unter Xi Jinping und seinen Vorläufern in eine neue Phase seiner Geschichte geführt worden ist.

    Neues vom Sozialismus

    Für Kapitalismuskritiker ist Kapital dasselbe wie Weihwasser für den Teufel. Dabei unterliegen sie einer Verwechselung. Kapital ist nicht gleich Kapitalismus. Zwar ist es das wesentliche und offensichtliche Wirtschaftsmerkmal, das der bürgerlichen Gesellschaft ihren Namen gab. Aber auch in der Feudalgesellschaft hatte es in den Städten bereits kapitalistische Produktionsweise und Kapital gegeben. Nach seinem Sieg über den Adel wurde die neue Gesellschaft des Bürgertums mit seiner Produktionsweise als Kapitalismus bezeichnet. Daraus entstand die Verwirrung um den Begriff Kapitalismus, der einmal für das Wirtschaftssystem steht, aber auch oft für das Gesellschaftssystem verwendet wird, das auf dieser Produktionsweise beruht.

    Nun ist in China eine ähnliche Entwicklung eingetreten wie beim Übergang vom Feudalismus zum Kapitalismus, eigentlich seine historische Fortsetzung. Erstmals ist das Kapital als herrschende Klasse der bürgerlichen Gesellschaft durch den Sieg des Sozialismus nachhaltig überwunden worden. Nachhaltig ist sie nicht nur deshalb, weil dem Bürgertum die politische Macht entrissen wurde. Das hatte es schon in der Sowjetunion und anderen sozialistischen Staaten gegeben.

    Die Nachhaltigkeit besteht vielmehr in der Wirtschaftskraft, die in ihrer Produktivität die des Westens überwunden hat. Diese sorgt für die Festigkeit der sozialistischen Gesellschaft in China. Die Volksrepublik ist der größte Warenproduzent der Welt, insofern ist sie schwer zu erschüttern, vielleicht sogar unbesiegbar.

    Darin besteht der entscheidende Unterschied zu anderen sozialistischen Staaten wie der Sowjetunion und des einstigen sozialistischen Lagers. Auch hier waren die alten politischen Machtverhältnisse umgestoßen worden zugunsten von Regierungen unter der Führung kommunistischer Parteien. Wie aber die Geschichte gezeigt hat, waren diese Entwicklungen nicht unumkehrbar gewesen. Es war nicht gelungen, eine leistungsfähigere Wirtschaft aufzubauen und sich damit dem Würgegriff des Westens und seines Kapitalismus zu entziehen. Die Sowjetunion zerbrach. Die kommunistischen Parteien verloren ihren bestimmenden Einfluss auf die Entwicklung ihrer Gesellschaften.
    Alte Lehren

    Die Menschen leben nicht von Luft und Liebe, ebenso wenig macht Idealismus sie auf Dauer satt. Begeisterung und Opferbereitschaft müssen irgendwann in ein Leben münden, das die Opfer gelohnt hat, sonst lässt der Einsatz selbst für das gerechteste Gesellschaftssystem nach. Irgendwann muss sich dessen Überlegenheit durch ein besseres Leben unter Beweis stellen. Menschen wollen ein menschenwürdiges Leben führen. Dazu gehört auch Wohlstand. Das ist das eigentliche Ziel des Sozialismus, nicht ein Leben unter der Fuchtel der reinen Lehre. Theorie ist kein Selbstzweck, sie ist Mittel, den richtigen Weg zu finden und einzuhalten. Aber sie muss sich zudem in der Wirklichkeit als richtig herausstellen.

    Die Klassiker des Marxismus hatten die Bedeutung des Kapitals für die gesellschaftliche Entwicklung hervorgehoben. Deshalb betonten sie die Notwendigkeit, dass das Proletariat als Träger einer neuen Gesellschaft die Verfügungsgewalt über die Produktionsmittel erringen muss. Darin sahen sie Grundlage und wesentliches Merkmal des Sozialismus. Denn nur diese Verfügungsgewalt konnte die Lebensgrundlagen der Gesellschaft sicherstellen, deren große Mehrheit die Klasse des Proletariats bildet.

    Nur Wirtschaft schafft all das, was Mensch und Gesellschaft zum Leben brauchen.

    Nach diesen Grundsätzen und Lehren des Marxismus hatte auch China bis weit in die 1970er Jahre gehandelt. Da die internationalen Finanzmärkte den sozialistischen Staaten weitgehend verschlossen waren, blieben ihnen kaum andere Möglichkeiten, als die wirtschaftliche Entwicklung aus den eigenen Quellen voranzubringen. Das änderte sich mit der Annäherung zwischen den USA und China. Die Entspannung zwischen beiden führte zu einer wirtschaftlichen Öffnung, die internationales Kapital in die Volksrepublik brachte.

    Doch der Zustrom an Kapital setzte einen anderen Umgang mit den Produktionsmitteln voraus, sonst hätte kein westliches Unternehmen in China investiert. Es wurden Lockerungen geschaffen, die die Investitionen der Geldgeber schützten und zudem die Rückführung ihrer in China erwirtschafteten Gewinne zuließen. Denn den kapitalistischen Unternehmen ging es um die Erwirtschaftung von Gewinnen, nicht um Beihilfe zur Entwicklung Chinas oder gar das politische Ziel der Vernichtung des Sozialismus.

    Ausländische Direktinvestitionen wurden im Rahmen von Unternehmen mit chinesischer Mehrheitsbeteiligung, sogenannten Joint Ventures, zugelassen. Der Umgang mit dem Privatbesitz an Produktionsmitteln, wie er in der marxistischen Literatur als notwendig erachtet worden war, war erstmals in größeren Umfang den Notwendigkeiten der Entwicklung des Landes und seiner Gesellschaft angepasst worden. Für diesen Wandel prägte der damalige Führer Chinas, Deng Xiaoping, den Satz, ihm sei es egal, ob die Katze schwarz oder weiß ist, wenn sie nur Mäuse fängt.
    Neue Politik

    Die Erkenntnis hatte sich durchgesetzt, dass eine gesellschaftlichen Ordnung Berechtigung und Unterstützung nur daraus erfährt, in wie weit sie den Menschen ein menschenwürdiges Leben ermöglichen kann, egal ob Sozialismus oder bürgerlicher Kapitalismus. In der Folgezeit wurden die Bedingungen für Investitionen in der Volksrepublik immer weiter gelockert, wobei aber stets die Vorteile für die chinesische Gesellschaft im Vordergrund standen. So kam die Entwicklung des Landes mit Riesenschritten voran. Heute ist China die zweitgrößte Volkswirtschaft und der größte Warenproduzent der Welt.

    2018 war in Shanghai mit Elon Musks Tesla-Gigafactory erstmals auch ein Unternehmen ohne chinesische Mehrheitsbeteiligung zugelassen worden. Es befand sich von seinem Start an als Aktiengesellschaft zu 100 Prozent in privaten Händen. Damit erlebt der Privatbesitz an Produktionsmitteln, der von der marxistischen Literatur als die Grundlage des kapitalistischen Wirtschaftssystems herausgearbeitet worden war, seine Wiedergeburt in einem Land, das sich als sozialistisch bezeichnet.

    Im Mai dieses Jahres wurde das Gesetz zur Förderung der Privatwirtschaft verabschiedet, das ausdrücklich das Privateigentum an Produktionsmitteln garantiert. Dieses war zwar bisher stillschweigend geduldet worden, nun wurde es gesetzlich geregelt und festgeschrieben. Dazu gehört auch, dass private Unternehmen gegenüber staatlichen gleichgestellt und „Maßnahmen zum Abbau von Marktzugangsbarrieren“ (1) ergriffen werden. Die chinesische Führung spricht dem privaten Sektor darüber hinaus ausdrücklich eine große Bedeutung für die Entwicklung des Landes zu.

    Immerhin umfasst dieser Teil der Wirtschaft mittlerweile „mehr als 57 Millionen Privatunternehmen und über 100 Millionen Selbstständige“ (2). Sie stellen „laut offiziellen Statistiken über 50 Prozent der Steuereinnahmen, mehr als 60 Prozent des BIP, rund 70 Prozent der inländischen Innovationsleistungen, 80 Prozent der städtischen Arbeitsplätze und über 90 Prozent aller Unternehmen im ganzen Land“. (3)

    Die Volksrepublik betrachtet diese Entscheidung als eine Modernisierung, „eine neue Etappe in Chinas Wirtschaftspolitik“ (4) und sieht sich im Übergang zu einer neuen Phase wirtschaftlicher Entwicklung. Man fühlt sich nun im Stande, selbst „Durchbrüche in Kerntechnologien voranzutreiben und neue Branchen anzuführen“ (5). China versteht sich nicht länger als Werkbank für billige Massenprodukte, sondern arbeitet unter der Losung „qualitativ hochwertige Entwicklung“ an seinem technologischen Führungsanspruch.
    Neue Verhältnisse

    Haben die Kritiker Chinas nun doch Recht gehabt, dass es sich bei seinem Sozialismus nur um verschleierten Kapitalismus handelt, in dem die Eliten der Partei den Menschen ein X für ein U vormachen? Auf den ersten Blick sieht es so aus.

    Denn die chinesischen Kommunisten haben einen der wichtigsten Grund- und Lehrsätze der marxistischen Klassiker über Bord geworfen: Die Vergesellschaftung der Produktionsmittel. Aber waren diese Theorien gedacht für die Ewigkeit oder für den Zeitraum, der damals überschaubar war, gegründet auf damaligem Wissen?

    Es waren die Erkenntnisse über das Wesen des Kapitalismus, über seine Überwindung und die ersten notwendigen Maßnahmen zur Erreichung dieses Ziels, aber alles aus dem Kapitalismus heraus, auf der Basis des damaligen Wissens. Über den Sozialismus selbst lagen noch gar keine Erkenntnisse vor, geschweige denn praktische Erfahrungen. Insofern betreten die Chinesen heute Neuland. Sie schaffen eine sozialistische Gesellschaft und müssen sich den Problemen des Alltags und der Bewältigung von Regierungsaufgaben stellen, vor denen die Klassiker des Marxismus nie gestanden hatten.

    Anders als diese es voraussehen und darstellen konnten, hat sich China an die Weltspitze der Produktion und vor allem der Produktivität gearbeitet. Das Land ist als größter Warenproduzent selbst für die kapitalistischen Staaten unverzichtbar und aufgrund seiner Produktivität der westlichen Wirtschaft überlegen. Nicht Sanktionen, auch nicht Donald Trumps neuerliche Zölle oder sonstige Behinderungen können den Aufstieg der Volksrepublik aufhalten.

    Der Sozialismus der Sowjetunion konnte noch wirtschaftlich niedergerungen werden, der chinesische nicht mehr.

    Die Legitimierung des Privatbesitzes an Produktionsmitteln ist nicht Ausdruck von Schwäche, keine Unterwerfung unter das Kapital, sondern Ausdruck von Stärke. Die Volksrepublik kann das private Kapital wieder zulassen, denn es ist keine Klasse mehr, die sich politisch organisieren kann. Sie hat keine politische Macht mehr, ist nur noch Geldgeber, wie sie auch während des Feudalismus Geldgeber des Adels war – ohne Macht. In China bestimmen die kommunistische Partei und die Organe der sozialistischen Gesellschaft darüber, unter welchen Bedingungen privates Kapital sich im Land betätigen und wie es verwendet werden darf. Der chinesische Sozialismus kann das Privateigentum wieder zulassen, denn entscheidend ist, wer darüber bestimmt, nicht wer es besitzt.

    Als der Adel seine politische Macht verloren hatte, durfte er trotzdem große Teile seines Grundbesitzes behalten, der eigentlich die wirtschaftliche Grundlage seiner Macht gewesen war. Aber als Klasse hatte er seine Macht verloren. Das siegreiche Bürgertum wachte fortan darüber, dass der Adel seinen Grundbesitz nicht benutzen konnte, um wieder politische Macht zu erringen. In China wachen die Kommunistische Partei und die Organe der sozialistischen Gesellschaft darüber, dass die Kapitalbesitzer sich nicht wieder zur herrschenden Klasse aufschwingen können.

    China ist in seiner Praxis über den Erkenntnisstand der marxistischen Theorie hinaus. Deren Väter widmeten sich in erster Linie zwei Aufgaben, die für die damalige Zeit bedeutend waren. Sie untersuchten die Funktionsweise des Kapitalismus und stellten die Welt vom Kopf auf die Füße. Sie deuteten die Vorgänge in der Welt aus der Sicht des materialistischen Weltbildes neu und die bisherige Geschichte als eine Geschichte von Klassenkämpfen, nicht mehr der Heldensagen. Die Geschichte des Sozialismus hatten sie damals noch nicht schreiben können. Diese schreibt heute China.

    Quellen und Anmerkungen:

    (1) Global Times vom 20. Mai 2025, Chinas Gesetz zur Förderung des Privatsektors tritt in Kraft und stärkt Wachstum und Vertrauen trotz externem Druck
    (2) ebenda
    (3) Chinadaily vom 30. Mai 2025, Neues Gesetz sorgt für Stabilitätsschub in Chinas Privatwirtschaft
    (4) Global Times vom 20. Mai 2025, Chinas Gesetz zur Förderung des Privatsektors tritt in Kraft und stärkt Wachstum und Vertrauen trotz externem Druck
    (5) ebenda

    #Chine #socialisme #capitalisme

  • Diviser par deux la durée d’indemnisation : les chômeurs, nouvelle cible de Gérald Darmanin
    https://www.humanite.fr/politique/assurance-chomage-2/diviser-par-deux-la-duree-dindemnisation-les-chomeurs-nouvelle-cible-de-ger

    Les privés d’emploi comme boucs émissaires. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin déroule ses idées en vue de l’élection présidentielle de 2027. En bon macroniste, elles sont violentes d’un point de vue social. Sur l’antenne de BFM-TV ce jeudi matin, il a proposé de réduire la durée d’indemnisation de l’assurance-chômage, aujourd’hui de dix-huit mois, à « entre six et neuf mois ». Soit une division au minimum par deux. « Si on veut financer ce budget de la justice, ce budget de l’Éducation nationale, de la Défense, il faut que nous fassions des efforts sur le budget social », a-t-il justifié.

    Chômage : sur TF1, Maud Bregeon soutient la proposition de Darmanin de diminuer par 2 la durée d’indemnisation
    https://www.tf1info.fr/politique/chomage-sur-tf1-maud-bregeon-soutient-la-proposition-de-darmanin-de-diminuer

    "Chacun comprend qu’aujourd’hui le système, pour un certain nombre de personnes, n’est pas suffisamment incitatif", a-t-elle déclaré.

    .... "Il faut forcer les gens à aller travailler", avait ajouté l’ex-maire de Tourcoing.

    La majorité des chômeurs indemnisés est aujourd’hui employé, tout comme un tiers des allocataires du RSA. Mais CGT, PCF et Huma tiennent mordicus à dire "privés d’emploi". Ce fétichisme du travail nie ses conditions réelles et contribue à réduire les précaires à des victimes. La droite a beau jeu.

    #société_punitive #idéologie_du_travail #gauche_poubelle #chômeurs #précaires

  • Penser la pauvreté, forger la solidarité
    https://laviedesidees.fr/Penser-la-pauvrete-forger-la-solidarite

    Investi depuis les années 1950 contre la misère, le mouvement ATD Quart Monde a su conjuguer action de terrain, recherche et plaidoyer, jusqu’à influencer durablement les politiques sociales en France et à l’échelle internationale.

    #Société #pauvreté #solidarité #précarité #dignité #exclusion
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250613_brodiez.pdf

  • « Raconteries » de Charles Pennequin et « Disparitions, apparitions » de Joachim Séné : deux nouveaux livres publiés par les éditions Abrüpt.

    Une poésie qui déborde, refuse les normes, et fait du langage un lieu d’expérimentation et de transformation radicale.

    https://liminaire.fr/creation/livre-lecture/article/raconteries-de-charles-pennequin-et-disparitions-apparitions-de-joachim-se

    Ces deux ouvrages partagent une volonté radicale de faire éclater les cadres traditionnels de la littérature. Le texte de Charles Pennequin explore l’écriture comme geste vital, performatif, où le corps parle autant que les mots, dans une lutte contre l’aseptisation littéraire. De son côté, le recueil de Joachim Séné propose une poésie fragmentaire et sensorielle, mêlant le grotesque au numérique, où les corps se dissolvent et ressurgissent sous formes symboliques ou organiques. Tous deux défendent une écriture du vivant, traversée par le réel, la violence sociale, et une forme d’urgence — à dire, à crier, à exister autrement. Une poésie qui déborde, refuse les normes, et fait du langage un lieu d’expérimentation et de transformation radicale.

    (...) #Radio_Marelle, #Écriture, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Podcast, #Littérature, #Corps, #Performance, #Société, #Voix, #Abrüpt (...)

    https://abrupt.cc/charles-pennequin/raconteries
    https://abrupt.cc/joachim-sene/disparitions-apparitions

  • Migliaia di persone partite dalla #tunisia nel #convoglio_sumud verso Gaza
    https://radioblackout.org/2025/06/migliaia-di-persone-partite-dalla-tunisia-nel-convoglio-sumud-verso-g

    Rompere l’assedio via terra, in totale continuità con l’iniziativa della Freedom Flottilla, per raggiungere il valico di #rafah e fare pressione affinché l’esercito israeliano faccia passare gli #AIUTI_UMANITARI già presenti a Rafah per la popolazione di Gaza è l’obiettivo del convoglio partito da Tunisi e organizzato dal Coordination of Joint Action for Palestine, Coordinamento […]

    #L'informazione_di_Blackout #global_march_to_gaza #palestina
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/06/March-to-Gaza-Tunisia-SUMUD-2025_06_12_2025.06.12-10.00.00-escopo

    • De Tunis à Gaza, de Montréal à Rafah : briser le siège, refuser le silence

      Il est des gestes qui ne relèvent ni du secours humanitaire ni du #symbole abstrait, mais bien de l’#histoire. La #Marche_mondiale_vers_Gaza en fait partie. Plus qu’un simple rassemblement international, c’est un #soulèvement moral et politique. Un refus collectif de l’#indifférence. Une réponse populaire, transnationale, résolue et indocile à la mise à mort programmée d’un peuple.

      Le 15 juin 2025, des milliers de personnes venues de plus de trente pays convergeront vers la frontière de Rafah. De Tunis à Vancouver, de Dakar à Santiago, une génération dispersée mais insoumise a choisi d’écrire une autre page de notre histoire. Elle incarnera une conviction profonde  : la #solidarité n’est pas une option morale, c’est un impératif politique.

      Cette initiative n’est ni charitable, ni symbolique. Elle est une riposte, une #dénonciation vivante de l’ordre mondial qui laisse mourir de faim un peuple entier dans un silence organisé. C’est le #cri de celles et ceux qui refusent de normaliser le génocide, de réduire Gaza à une parenthèse humanitaire dans un monde saturé de #cynisme.

      Née dans l’urgence d’un monde anesthésié, la Marche mondiale pour Gaza est le fruit d’un #refus : celui de détourner les yeux alors qu’un des pires génocides du XXIe siècle s’accomplit sur nos écrans, en toute impunité. Depuis octobre 2023, plus de 55 000 Palestinien·nes ont été martyrisé·es, soit environ 2,4 % de la population de Gaza. Et ce chiffre, déjà insoutenable, reste sous-estimé. Selon The Lancet, revue scientifique de référence, le nombre réel de martyrs pourrait avoir atteint 186.000 dès juin 2024. Imaginons ce qu’il en est aujourd’hui.

      Face à cette barbarie orchestrée, la Marche est une insurrection morale. Une coordination citoyenne mondiale rassemblant plusieurs réseaux :

      la #Freedom_Flotilla_Coalition, qui tente de briser le blocus par la mer ;

      la Marche Mondiale vers Gaza, mobilisée par voie aérienne ;

      * et la #Coordination_de_l’action_commune_pour_la_Palestine, partie de Tunisie, qui emprunte la voie terrestre.

      Et c’est justement de Tunis, ma ville natale, que le #convoi_Al-Soumoud, la #caravane_terrestre_de_la_ténacité a choisi de faire ses premiers pas. Tunis, témoin d’une solidarité enracinée avec la cause palestinienne, terre d’accueil de l’Organisation de Libération Palestinienne (OLP) après les massacres de Sabra et Chatila en 1982, terre d’exil des résistant·es jusqu’au retour à Gaza en 1994, et terre frappée par les bombes israéliennes lors de l’attaque aérienne du 1e octobre 1985 contre le quartier général de l’OLP à Hammam Chott. Ici, Gaza n’est pas une abstraction, mais une mémoire vivante. Une mémoire populaire, que ni la répression ni les renoncements gouvernementaux n’ont pu effacer. Une ville qui continue de dire non, même bâillonnée.

      Je suis aussi Canadienne, de cette terre qui m’a accueillie, et c’est depuis Montréal que je m’engage au sein de la coordination nationale de la Marche mondiale pour Gaza. Cette double appartenance n’est pas une contradiction, mais une richesse : celle de pouvoir tisser des ponts entre les rives, relier les récits, faire dialoguer les mémoires, et assumer les responsabilités qui découlent de chaque côté de l’océan.

      Car le Canada n’est pas neutre. Il continue d’exporter des armes, de signer des contrats militaires, de soutenir Israël diplomatiquement, et de voter contre les droits des Palestinien·nes dans les instances internationales. Marcher depuis ici, c’est refuser cette complicité active. C’est agir depuis le cœur même de l’Empire. Car ce génocide est commis avec notre argent, nos lois, nos impôts, et surtout nos silences.

      La délégation canadienne, dont je fais partie, composée de militant·es, de syndicalistes, de professionnel·les de la santé, de jeunes et d’artistes engagé·es s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Nous marchons parce que ce faux lointain, cette illusion de distance, expose crûment notre participation, passive ou structurelle, au système qui rend le massacre possible. Nous marchons pour dire que nous refusons d’être complices. Que nos passeports ne nous protègent pas de la honte. Que nous aurons des comptes à rendre à nos enfants, et aux leurs.

      Depuis le 2 mars 2025, Israël impose une fermeture totale des points de passage vers Gaza, empêchant toute entrée de nourriture, médicaments et aide humanitaire. Le blocus de Rafah a provoqué famine, effondrement sanitaire, déplacements forcés à grandes échelle. Face à cette situation, la Marche mondiale pour Gaza porte trois revendications claires : la levée immédiate du blocus de Gaza, l’ouverture inconditionnelle du passage de Rafah, l’entrée de l’aide humanitaire et la fin des complicités internationales qui rendent ce génocide possible et durable.

      Nous ne sommes pas naïfs. Nous savons que les États ne plient pas sous la seule pression morale. Mais nous savons aussi que l’histoire avance par accumulation : de cris, de pas, de ruptures. Sans cette marche, nous serions plus seul·es et sans doute plus honteux·euses. Elle est un acte de mémoire, mais aussi un pari sur l’avenir. Elle affirme que la Palestine vit encore : dans chaque slogan, chaque keffieh, chaque regard levé.

      Nous ne marchons pas pour nous donner bonne conscience. Nous marchons pour ouvrir une brèche dans le mur de l’indifférence. Pour rappeler à nos peuples que la lutte palestinienne est aussi la nôtre : une lutte contre le colonialisme, pour la justice globale, pour le droit à la vie, à la dignité, à la terre et au rêve.

      Je marcherai pour Gaza, oui. Mais aussi pour mes enfants et pour les enfants de Tunis, ceux que j’ai vus écrire encore sur les murs : « القدس لنا / À nous Jérusalem ». Je marcherai pour les jeunes de Montréal qui ne comprennent pas pourquoi les bombes reçoivent plus de soutien que les vies. Pour toutes celles et ceux qui croient encore que marcher, c’est résister ; que résister, c’est espérer ; et qu’espérer, c’est déjà se battre.

      Cette marche, enfin, est une #promesse. Celle de ne pas céder. Car tant qu’il y aura des peuples qui marchent, il y aura des peuples qui résistent. Et tant qu’il y aura des résistances, le projet colonial ne dormira jamais tranquille. Palestine vaincra !

      https://www.ababord.org/De-Tunis-a-Gaza-de-Montreal-a-Rafah-marcher-pour-briser-le-siege-marcher-po

  • Vers une imposition formalisée⠀ ?
    https://blog.merigoux.fr/fr/2019/12/20/impots-formels.html

    (...)

    Le code #M produit et publié chaque année par la #DGFiP à l’issue du vote de la #loi_fiscale va ainsi pouvoir servir de base à tout une série d’implémentations de tout ou partie du code des impôts insérées dans diverses applications. En effet, #Mlang offre la possibilité de générer à partir du code M et vers divers langages de programmation des programmes calculant une liste de variables de sorties en fonction d’une liste de variables d’entrées et de conditions spécifiques. Concrètement, si LexImpact a besoin d’une implémentation Javascript ou WebAssembly de la fonction qui calcule l’impôt de cas types en fonction des valeurs des tranches d’imposition, Mlang pourra la générer ! Dans ce cas précis, le calcul de l’impôt pourra même se faire dans le navigateur Internet et non sur un serveur.

    Une autre application intéressante serait la traduction du code M vers des langages de #simulation #macro-économique comme #TROLL ou #SAS. En effet, ces langages sont utilisés par l’#Insee afin de réaliser des modèles de l’#économie française qui ont besoin de l’expression #mathématique de l’impôt sur le #revenu. Ces #modèles pourraient donc chaque année se mettre à jour en récupérant la nouvelle version du code M compilée vers TROLL ou SAS, au lieu de devoir refléter eux aussi les changements de législation dans leur code.

    Enfin, Mlang va pouvoir améliorer notre prototype de #prouveur automatique du code des #impôts. En effet, avant de le traduire vers un #solveur #SMT, il est nécessaire de réduire la complexité mathématique de la fonction à sa substantifique moelle pour éviter de faire exploser la consommation de ressources du solveur. Le cadre du compilateur Mlang et la sémantique formelle de M nous permettent de réaliser des optimisations fiables qui vont simplifier le programme sans en changer le sens, avec ou sans conditions supplémentaires. Au delà des optimisations classiques telles que l’élimination de code mort, il est aussi prévu d’utiliser l’outil d’interprétation abstraite #MOPSA afin d’effectuer une analyse plus fine du programme. Raphaël Monat et moi espérons que, combinée à des stratégies de division de requêtes en sous-problème, cette optimisation du code M nous permette de faire passer à l’échelle notre prototype de preuve automatique de théorèmes sur le code des impôts.

    Au delà de l’aventure technique, je pense qu’il y a plusieurs leçons à retirer de cette histoire. Premièrement, c’est le libre accès à la recherche et au code qui permet aux synergies et aux initiatives inhabituelles de se développer. La DGFiP est la première administration au monde à publier ainsi son implémentation du calcul de l’impôt, et je pense que ce projet apportera rapidement à cette administration des retombées positives. Tout mon code est également publié sous licence libre, car il est important qu’un outil qui permette l’analyse fine et automatisée de la fiscalité française soit accessible à toutes et tous, et non pas réservé à un acteur privé qui l’utiliserait pour son propre profit. Deuxièmement, je pense que ce projet montre une fois de plus que l’innovation vient souvent d’un travail de recherche fondamentale mené sur le long terme. Les outils utilisés ici (comme le prouveur Z3) ont des fondements théoriques solides établis sur des dizaines d’années, et je me tiens bien sûr sur les épaules de géants. J’espère que cet exemple d’application des méthodes formelles pourra attirer l’attention sur ce domaine peu marketable en ces temps de course à « l’intelligence artificielle ». Troisièmement et pour terminer, ma volonté avec ce projet est aussi de montrer que l’innovation peut aussi profiter directement au secteur public. Je salue ainsi l’existence du programme des entrepreneurs d’intérêt général dont fait partie l’initiative #LexImpact. Un tel programme ne pourrait selon moi que gagner à se rapprocher de la recherche appliquée menée également pour l’intérêt général dans les laboratoires français. Alors que la perspective d’une carrière dans la recherche publique semble si morose pour nombre de jeunes gens très qualifiés, l’idée de pouvoir utiliser ses connaissances pour améliorer l’action de l’État me semblerait être un moteur puissant à utiliser afin d’éviter la fuite des cerveaux vers un secteur privé dont les activités, surtout dans le domaine de la tech, manquent parfois de sens.

  • Nicholas Noe sur X : https://x.com/NoeNicholas/status/1932734150873882849

    A longstanding blindspot among “sovereignists” is now gaping with the “New Israel”: no matter how submissive/passive Lebanon becomes, Israel is increasingly likely to harm the state as per its ever more extreme interests;& there are no restraints for this among “friendly” states.

    Un angle mort de longue date parmi les « #souverainistes » est désormais béant avec le « Nouvel Israël » : peu importe à quel point le #Liban devient soumis/passif, Israël est de plus en plus susceptible de nuire à l’État en fonction de ses intérêts toujours plus extrêmes ; et il n’y a aucune restriction à cela parmi les États « amis ».

    Mais assister à la défaite du Hezbollah ne vaut-il pas toutes les #souverainetés du monde ?

    #déni

  • #Palestine Vivra – Podcast
    https://radioparleur.net/2025/06/10/palestine-vivra-podcast

    Palestine Vivra est un podcast en 5 épisodes. Il témoigne de l’impérialisme israélien et de ses pratiques d’appropriation d’enjeux de #Lutte pour justifier le sionisme, la colonisation et le génocide contre le peuple palestinien. Face à la sidération Ce projet est né lorsque j’ai débuté un service civique au sein de Radio Parleur, un […] L’article Palestine Vivra – Podcast est apparu en premier sur Radio Parleur.

    #Au_fil_des_luttes #Carousel_1 #anti-apartheid #antisionnisme #colonialisme #décolonialisme #greenwashing #Impérialisme #pinkwashing #Solidarité

  • Krieg in Sudan : Wo ist Yousif ?
    https://www.borderline-europe.de/dramen/krieg-sudan-wo-ist-yousif

    In keinem Krieg Afrikas gibt es so viele vermisste Menschen wie in Sudan. Es ist bislang ein komplett unterbelichtetes Phänomen, dabei zählt das „erzwungene Verschwindenlassen“, wie es völkerrechtlich genannt wird, in die Kategorie der schwersten Menschenrechtsverletzungen weltweit. Abertausende Frauen suchen nach ihren Ehemännern. Wie Kareema Adama.

  • A unifying modelling of multiple land degradation pathways in #Europe

    Land degradation is a complex socio-environmental threat, which generally occurs as multiple concurrent pathways that remain largely unexplored in Europe. Here we present an unprecedented analysis of land multi-degradation in 40 continental countries, using twelve dataset-based processes that were modelled as land degradation convergence and combination pathways in Europe’s agricultural (and arable) environments. Using a Land Multi-degradation Index, we find that up to 27%, 35% and 22% of continental agricultural (~2 million km2) and arable (~1.1 million km2) lands are currently threatened by one, two, and three drivers of degradation, while 10–11% of pan-European agricultural/arable landscapes are cumulatively affected by four and at least five concurrent processes. We also explore the complex pattern of spatially interacting processes, emphasizing the major combinations of land degradation pathways across continental and national boundaries. Our results will enable policymakers to develop knowledge-based strategies for land degradation mitigation and other critical European sustainable development goals.

    https://www.nature.com/articles/s41467-024-48252-x
    #sol #sols #dégradations #cartographie #visualisation #indice #agriculture

  • Rien qu’une fois faire des vagues
    https://nantes.indymedia.org/zines/147546/rien-quune-fois-faire-des-vagues

    Un témoignage critique des Soulèvements de la terre. Texte écrit à six mains par des membres du collectif STop Micro, qui a co-organisé en mars 2025 un évènement avec les Soulèvements de la Terre. Analyse politique et éthique des pratiques des SDT. « Rien qu’une fois Faire des vagues et…

    #Soulèvement_de_la_Terre