• « Les vers de terre sont des alliés plus précieux que le glyphosate pour la santé de notre planète et de ses habitants »

    À l’aube du 50e anniversaire de son utilisation en France, le sort du #glyphosate est entre les mains de la Commission et des Etats membres de l’Union européenne. Le débat sur sa #toxicité pour l’homme et l’environnement est réel entre les autorités « compétentes », qui ont statué que le glyphosate ne présentait pas de « domaine critique de préoccupation », et les scientifiques, qui s’alarment et déclarent qu’il y a urgence à prendre en compte les données disponibles qui montrent le contraire.

    Sous nos pieds, des milliards de petits animaux doivent suivre ces débats avec anxiété ! Les vers de terre sont aux premières loges lors des applications de pesticides. Quels sont les impacts du premier d’entre eux, le glyphosate, sur ces discrets travailleurs des sols, qui participent à leur fertilité, à leur perméabilité et à la régulation du cycle de l’eau ?
    Un examen de la littérature scientifique sur les effets du glyphosate sur les #vers_de_terre permet d’identifier plus de 60 études, publiées entre 1982 et 2022. Que font nos sociétés de toute cette connaissance ? Pas grand-chose. Depuis plus de vingt ans, les agences européennes chargées de l’évaluation des risques ne tiennent pas compte de toutes les études scientifiques disponibles, nombre d’entre elles mettant en évidence des effets négatifs du glyphosate – ou des herbicides contenant du glyphosate –, sur les vers de terre.

    Plus de 30 études académiques sur le glyphosate

    En 2002, lorsque le glyphosate apparaît sur la liste des molécules autorisées à l’échelle de l’Union européenne, seuls deux tests réglementaires, menés par les firmes agrochimiques elles-mêmes, figuraient dans le dossier d’autorisation officielle. Or des études scientifiques menées en conditions réalistes – sols naturels, espèces présentes dans les sols agricoles – montraient déjà des dommages sur les tissus des vers de terre et des effets négatifs sur leur croissance, occasionnés par des produits à base de glyphosate.

    En outre, les deux tests cités dans le dossier étant « protégés » par le secret industriel, il n’est pas aisé d’y avoir accès. Mais pourquoi protéger des données qui concernent l’humanité tout entière ? Comment expliquer que nous, qui sommes exposés à ces molécules, ne puissions pas avoir accès à l’information sur leur dangerosité pour l’environnement ?

    En 2017, lors du dernier processus de renouvellement de la licence du glyphosate, seuls sept tests réglementaires ont été utilisés comme support pour l’évaluation des risques sur les vers de terre – tests là encore protégés, sans accès public aux données. Et ce, alors que plus de 30 études académiques sur le sujet étaient disponibles à cette date dans la littérature scientifique.

    Des tests non conformes à la réalité des sols agricoles

    En 2023, dans le cadre de l’expertise européenne, pilotée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), quelque 140 études ont été examinées sur cette question cruciale. Parmi elles, seulement deux concernaient les vers de terre, et elles n’ont finalement pas été considérées dans le rapport rendu à l’été 2023.
    Parmi les tests obligatoires que les producteurs de pesticides doivent effectuer avant la mise sur le marché de leurs produits figurent les tests sur des vers… de compost. Donc les pesticides sont testés avant autorisation sur des vers qui sont absents des zones où seront épandus les produits en question. Ce biais n’est pas anodin : une étude de 2013 a montré que ces vers de compost étaient jusqu’à quatre fois moins sensibles aux pesticides que les vers de terre réellement présents dans les sols agricoles !

    Ce n’est pas tout : ces tests réglementaires évaluent les effets à court terme (vingt-huit jours) d’une application d’un seul pesticide dans du « faux sol » (du sol artificiel). En réalité, nos travailleurs de la terre sont exposés à un cocktail de molécules appliqué plusieurs fois par an pendant de nombreuses années. La ressemblance avec la réalité n’est pas flagrante, et le manque de réalisme des tests obligatoires peut expliquer pourquoi ils ne peuvent permettre de révéler les effets observés dans la nature.

    Des effets délétères sur l’ADN et la reproduction des vers de terre

    Il est vrai que les vers de terre ne meurent pas suite à une exposition unique au glyphosate ou à un produit à base de glyphosate. En revanche, de nombreuses études réalisées dans des conditions de laboratoire relativement réalistes (vers de terre présents en sols agricoles, sols naturels, dose recommandée) montrent sans équivoque des effets délétères sur l’ADN, la croissance, la reproduction et le comportement des vers de terre, notamment. Des effets qui peuvent survenir après une seule application de glyphosate, à la dose recommandée.

    Les résultats observés sur un temps court en laboratoire sont corroborés par des études de long terme sur le terrain, qui mettent en évidence une diminution du nombre de vers de terre dans des parcelles traitées au glyphosate. Cette analyse sur le glyphosate rejoint les conclusions de l’expertise scientifique collective PestiEcoTox, conduite par l’Inrae et l’Ifremer, sur les effets des pesticides sur la biodiversité et les services écosystémiques.

    Ainsi, il faut bien comprendre que si les vers de terre ne meurent pas, leur comportement peut être altéré, ils ne grandissent ni ne se reproduisent normalement, ce qui conduit à une diminution progressive de ces alliés inestimables de la fertilité de nos sols ! Ces données précieuses, fiables et non protégées justifieraient à elles seules de ne pas renouveler la licence du glyphosate. En d’autres termes, de l’interdire.

    Pour un changement de paradigme socio-économique

    Il ne s’agit pas de nier les difficultés qu’une telle interdiction poserait aux agriculteurs, premières victimes de cette situation. Il est difficile de sortir de la dépendance à ces molécules.

    La solution pour sortir de ce dilemme réside sans doute, pour une grande part, dans un changement de paradigme socio-économique : meilleure rémunération des agriculteurs pour les services de préservation de la nature qu’ils pourraient offrir à la société, meilleur accompagnement technique pour sortir de l’#agrochimie, développement de fonds mutuels d’assurance, développement de l’#agroécologie

    Il y a urgence : du glyphosate, on en retrouve dans plus de 70 % des sols agricoles de France. Il ne fait aucun doute que les vers de terre sont des alliés plus précieux que le glyphosate pour une agriculture durable et pour la santé de notre planète et de ses habitants !

    Les premiers signataires de la tribune : Céline Pelosi, directrice de recherche à Inrae, écologue, écotoxicologue des sols et géodrilologue ; Marcel B. Bouché, directeur de recherche retraité, écologue, épistémologue et géodrilologue ; Gaspard Koenig, écrivain, auteur de Humus (éditions de L’Observatoire) ; Christophe Gatineau, géodrilologue de terrain et auteur de l’Éloge du ver de terre (Flammarion).
    Retrouvez la liste des signataires https://webdata.emmah.paca.inrae.fr/uploads/signataires-glyphosate-vers-de-terre.pdf
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/12/les-vers-de-terre-sont-des-allies-plus-precieux-que-le-glyphosate-pour-la-sa

    • « Le dossier glyphosate illustre jusqu’à la caricature le conflit entre agences réglementaires et institutions scientifiques », Stéphane Foucart
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/24/le-dossier-glyphosate-illustre-jusqu-a-la-caricature-le-conflit-entre-agence

      Le scepticisme devant les dangers du réchauffement ou l’hésitation vaccinale face au Covid-19 le montrent sans ambiguïté : la défiance vis-à-vis des avis scientifiques collégiaux, transparents et fondés sur la littérature savante, comporte des risques importants pour la société. Il n’y a pas de meilleur carburant à cette défiance que les situations dans lesquelles des instances investies d’une autorité scientifique apparemment semblable répondent de manière opposée à la même question. Revenu dans l’actualité avec le projet de réautorisation présenté le 22 septembre aux Etats membres de l’Union européenne (UE), le dossier glyphosate illustre jusqu’à la caricature ce genre de conflit, dont l’étalage public est préjudiciable à l’image de la science.

      #sciences #obscurantismes #société #écologie

    • « Le dossier glyphosate illustre jusqu’à la caricature le conflit entre agences réglementaires et institutions scientifiques »

      Le précédent du Bisphénol A

      Ces subtilités échappent sans doute à la plus grande part de l’opinion. Seul surnage le bruit de fond délétère du dissensus, qui nourrit le #relativisme et la #défiance. Censée relever de l’exercice scientifique, l’#expertise_réglementaire joue en réalité, parfois, contre la science. « L’évaluation faite par ces #agences_européennes ne correspond à aucun canon scientifique, résume la toxicologue Laurence Huc, directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, dans un entretien à Mediapart. Pour la biologiste que je suis, ce processus est une truanderie. »

      Les mots sont forts, mais il n’est pas nécessaire d’avoir un doctorat en épistémologie pour comprendre que la méthode à laquelle doivent se plier les agences de l’UE (et d’ailleurs) peut être source de déconvenues. C’est du reste ce qu’enseigne le proche passé. Sur un autre dossier, celui du #bisphénol_A (BPA), les éléments de la controverse étaient analogues ; son dénouement fut douloureux.

      (malgré l’emploi malheureux de "dissensus", condition de base du dispars humain comme des avancées scientifiques, dans le but d’inciter à une prise en compte du #consensus_scientifique (de sciences qui ne seraient pas l’économie politique, ce militant rationaliste pourrait insister davantage sur le #scepticisme généralisé comme condition de la gouvernementalité par la peur, et dans l’insignifiance), produit de contraste qui fait éclore les fondamentalismes et met dans l’impasse la critique)

      https://justpaste.it/ci57m

  • « Les #gestionnaires_d'actifs ont pris possession d’#infrastructures fondamentales de notre vie quotidienne » | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/gestionnaires-dactifs-ont-pris-possession-dinfrastructures-fondament/00108262

    Géographe à l’université Uppsala en Suède, Brett Christophers a étudié ces poids lourds de la #finance dans son dernier livre Our Lives in Their Portfolios. Why Asset Managers Own the World (Verso, 2023, non traduit). Il a constaté notamment leur intérêt croissant pour l’acquisition de logements, de routes, d’antennes-relais, de parcs éoliens ou de réseaux d’eau, en somme pour toutes ces infrastructures dont dépendent les populations, au point que nous vivons, selon le chercheur, dans « une #société de gestionnaires d’actifs ».

    […]

    Cette société, est-elle une utopie ou une #dystopie ?

    B. C :
    En effet, on peut se demander : qu’est-ce que ça peut faire que les propriétaires de ces #infrastructures soient des #gestionnaires_d’actifs ? Ces dernières affirment que c’est mieux pour tout le monde quand les infrastructures sont entre leurs mains plutôt qu’entre celles d’autres propriétaires, notamment les #pouvoirs_publics : les usagers bénéficieraient de meilleurs services, les clients de meilleurs rendements et l’#Etat pourrait se focaliser sur ses missions. En réalité, aucun de ces arguments ne tient. Le livre consiste justement à les déconstruire.

    Concernant les usagers, des reportages ont documenté les dérives des gestionnaires d’actifs. Mais on pourrait se dire que ces histoires sont anecdotiques ou qu’ils ne font pas pire que les autres. Après tout, ce n’est pas parce que ces #infrastructures sont publiques qu’elles sont forcément bien gérées. Je viens du #Royaume-Uni et on ne peut pas dire que quand le gouvernement détient ces infrastructures ce soit un modèle à suivre…

    Mais, en réalité, plusieurs études ont montré que ce n’est pas anecdotique. Par exemple, les taux d’expulsion sont plus élevés pour les logements possédés par des gestionnaires d’actifs que pour ceux appartenant à d’autres propriétaires. De même, les maisons de retraite sont plus chères, alors que le nombre d’heures par patient des infirmières y est plus bas, ce qui explique probablement pourquoi la mortalité y est plus élevée.

    #rentabilité #profits

  • Babyboomer gesteht : Meine DDR-Jugend war so was von spätrömisch dekadent !
    https://www.berliner-zeitung.de/open-mind/babyboomer-gesteht-meine-ddr-jugend-war-so-was-von-spaetroemisch-de

    Les vols de longue distance et les grosses bagnoles décriés pour leur empreinte climatique n’étaient pas l’affaire des citoyens de la DDR ni des petits employés et ouvriers à l’Ouest. C’est plutôt une affaire de la génération qui a grandi après 1989. Avec l’avènement du néo- libéralisme et ses machinations raffinées qui cassaient les prix et salaire des simples gens que les dégats extrèmes se sont généralisés.

    Comme pour la plupart des développements en Europe les USA avaient quelques dizaines d’années d’avance sur nos contrées. Le génocide des amérindiens a servi d’inspiration aux campagnes de conquête et d’extermination nazie, le fasciste Henry Ford et ses frères d’armes ont donné l’exemple pour la montée des Volkswagen, Citroën, Agnelli et l’exemple de la déstruction des réseaux de transport public accompli autor de 1960 aux USA a été suivi par Margret Thatcher et les autres dirigeants européens à partir des années 1980. Le cauchemar du chacun sa voiture, son vol vers les ïles et ses appareils électroniques pour tout usage nous a atteint que plus tard.

    Les « boomers » n’y sont pas pour grand chose et surtout pas ceux des classes populaires.La catastrophe climatique est un phénomène de l’hybris du capitalocène en pleine expansion aujourd’hui. Ce n’est pas une histoire à régler entre les générations mais entre les classes opprimées et celles au pouvoir.

    28.9.2023 von Torsten Harmsen - Die Babyboomer sind schuld an den Krisen der Welt, sagen manche. Doch haben sie wirklich in Saus und Braus gelebt und alle Ressourcen verpulvert? Eine Kolumne.

    Ich stehe an der Straßenecke. Plötzlich sausen zwei jugendliche Typen mit Elektrorollern heran. Mitten auf dem Gehweg springen sie ab und klatschen sich zum Abschied mit den Händen ab. Das geht etwa so: „He Bro“ – klatsch, klatsch – „Jo, Alta, bis bald“. Und weg sind sie. Die E-Scooter bleiben mitten auf dem Gehweg stehen, und zwar quer.

    Ich will noch rufen: „He, könnt ihr die Dinger mal an den Rand stellen!“ Aber ich beiß’ mir auf die Zunge. Denn ich bin der Letzte, der andere wegen ihrer Rücksichtslosigkeit ermahnen darf. Ich bin nämlich schuld, und zwar an der ganzen Misere, an den Welt-Krisen, weil ich in den 1960er-Jahren geboren bin. Gerade hat der Wirtschaftsprofessor Bernd Raffelhüschen gefordert, die sogenannten Babyboomer besonders zu belasten, weil sie die Probleme von heute verursacht hätten.

    „Da raffelt’s doch im Hüs’schen“, regt sich mein innerer Berliner auf. „Ick hab jar nischt verursacht.“ Ich versuche zu beschwichtigen: „Du bist doch gar nicht persönlich gemeint.“ – „Doch, ick nehm et aber persönlich. Ick hab immer jearbeet, meene Steuern bezahlt und so weita. Und jetze komm se, und ick bin der Buhma-Buhmann. Die Juurend denkt, wir ham in deren Alta in Saus und Braus jelebt und allet vapulvat.“

    Wasserkaraffe im Zimmer und Plumpsklo „über’n Hof“

    Ja, manchmal scheint es so. Ich würde gerne eine Zeitmaschine bauen und ein paar Leute in die Sechziger und Siebziger mitnehmen, um ihnen meine spätrömisch-dekadente DDR-Kindheit zu zeigen. Diese ist ja leider nur bruchstückhaft in Schwarz-Weiß-Bildern überliefert. Also gucken wir mal.

    Urlaub auf Malle oder in Gran Canaria? Nee, ich fuhr mit meinen Eltern nach Unterpörlitz in Thüringen, mit dem Zug. Wir hatten ein Zimmer „bei Leuten“, das Plumpsklo „über’n Hof“. Man musste Slalom um die Hühnerkacke laufen. Eine Dusche gab’s nicht, aber auf dem Zimmer eine Waschschüssel und eine Karaffe mit kaltem Wasser. Aber man konnte schön wandern.

    Stets warme Räume im Winter? Nee, die Wohnung kühlte in der Nacht aus. Am Morgen musste ich mein kleines Öfchen beheizen. Kohlen-und-Asche-Geschleppe strukturierte die Tage. Ja, stimmt, wir pusteten Kohlendreck und Klimagase durch den Schornstein, denn es gab nichts anderes. Aber jede Kohle, jeder Holzscheit waren wertvoll. Heute brennt in jeder Gartenkolonie in lauen Sommernächten irgendein „Häuptling Qualmkopp“ fette Schwedenfeuer ab, um damit das Weltall zu heizen. Just for fun.
    Irgendwann habe ich alles nachgeholt

    Rund um die Uhr aufs Handy gucken und Videos streamen? Nee, diese Tätigkeit, für die heute Server irgendwo auf der Welt Unmengen an Energie aus fossilen Quellen fressen, war mir unbekannt. Ich guckte im Fernseher vielleicht drei Sendungen in der Woche. Ging ich einkaufen, kam alles in Beutel und Papiertüten. Plastiktüten gab es kaum. Mein Roller und mein Fahrrad hatten keine Motor-Antriebe. Langstreckenflüge? Ein Auslandssemester? Ein Freiwilliges Soziales Jahr (FSJ) in Lateinamerika? Pustekuchen! FDJ statt FSJ.

    Aber konnte ich was dafür? Nein, genauso wenig wie die Leute, die heute die Bedingungen nutzen, die es gibt. Und zugegeben: Nach dem Ende der DDR habe auch ich kräftig nachgeholt. Ich bin geflogen, durch die Welt gereist, wurde gasbeheizt, habe im Internet gesurft und im Winter Tomaten gekauft. Kurz: Ich habe mich verhalten wie die Generationen nach mir. Denn es ist eben kein Generationen-Problem, sondern eine Frage des Systems. Und man kann schön davon ablenken, wenn man Generationen aufeinanderhetzt. Wir sollten lieber über die Sache reden. Darauf ein pseudo-cooles „He Bro“ und „Jo, Alta“!

    #société_de_consommation vs. #DDR #climat #boomer

  • #Propriété_collective des #terres : « Des espaces de résistance face à l’agriculture industrielle et capitaliste »

    basta ! : Dans le secteur agricole, on compte seulement une installation pour deux à trois cessations d’activité, alors qu’un agriculteur sur quatre doit partir à la retraite d’ici 2030. L’accès à la terre est-il le frein principal à l’activité agricole en France ?

    Tanguy Martin : L’accès à la terre est clairement un frein, économique d’abord. La terre, selon les régions, peut coûter assez cher. S’y ajoutent les coûts des bâtiments, du cheptel, des machines, dans un contexte où les fermes n’ont cessé de grandir en taille depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Il y a aussi un principe de défiance : c’est plus facile de vendre ses terres, ou de les louer à son voisin qu’on connaît depuis très longtemps, qu’à quelqu’un qu’on ne connaît pas, qui peut vouloir faire différemment, non issu du territoire... Or, 60 % des gens qui veulent s’installer aujourd’hui ne sont pas issus du milieu agricole. Les freins administratifs se combinent à ce parcours du combattant.

    Aujourd’hui l’accès à la terre se fait par le marché : les terres sont allouées aux gens capables de rentabiliser une ressource, et pas forcément aux gens capables de nourrir un territoire ou de préserver un environnement.

    À partir de quel moment la terre agricole est-elle devenue une marchandise ?

    Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la terre est restée un bien de prestige et de pouvoir à travers lequel on maîtrise la subsistance de la population. Mais après 1945, l’agriculture est entrée dans le capitalisme : on commence à faire plus de profit avec la terre et la production de nourriture, voire à spéculer sur le prix de la terre.

    La terre est même depuis devenue un actif financier. Aujourd’hui, les sociétés dites à capitaux ouverts (financiarisées), dont le contrôle peut être pris par des non-agriculteurs, ont fait main basse sur 14 % de la surface agricole utile française. C’est plus d’une ferme sur dix en France [1]. Le phénomène a doublé en 20 ans !

    Peut-on vraiment parler de spéculation sur les terres en France alors même que le prix stagne en moyenne à 6000 euros par hectare depuis plusieurs années ? Il est quand même de 90 000 euros par hectare aux Pays-Bas !

    Depuis quelques années, le prix de la terre stagne et on pourrait en conclure qu’il n’y a pas de spéculation. En réalité, le prix de la terre a globalement augmenté en France sur les 20 dernières années.

    Actuellement, ce prix augmente dans certaines régions et baisse dans d’autres. Les endroits où l’on peut spéculer sur la terre sont globalement ceux où l’agriculture s’est industrialisée : les zones céréalières dans le centre de la France, de betteraves en Picardie, de maïs dans le Sud-Ouest... Là, le prix de la terre continue à augmenter.

    En revanche, il y a des endroits en déprise, notamment les zones d’élevage comme le Limousin, où le prix de la terre peut baisser. Les prix augmentent aussi à proximité des villes et des zones touristiques, où la terre risque de devenir constructible.

    En France, ce sont les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) qui sont en charge de réguler le marché des ventes des terres agricoles. Elles sont très critiquées. Que faut-il faire de ces organisations ?

    Les Safer ont participé à limiter les inégalités d’accès à la terre et un prix de la terre relativement bas en France. C’est vrai, même s’il y a d’autres explications aussi, comme la plus faible valeur ajoutée produite par hectare en France.

    Pour autant, les Safer doivent encore évoluer pour pouvoir répondre aux enjeux alimentaires et agricoles du 21e siècle, il faut arriver à démocratiser leur gouvernance. Celles-ci restent aujourd’hui très liées aux décisions du syndicalisme majoritaire (de la FNSEA, ndlr). Les Safer doivent aussi devenir plus transparentes. Actuellement, les réunions de décision se tiennent à huis clos : c’est censé protéger les gens qui prennent les décisions pour qu’ils soient éloignés de certaines pressions, mais cela crée une opacité très délétère pour l’institution.

    Un autre élément à revoir, c’est la façon dont on fixe les objectifs politiques des Safer. Ces dernières, quand elles achètent une terre, doivent la revendre à la personne qui répond aux objectifs politiques qui sont notamment fixés dans des documents nommés « schémas directeurs régionaux des exploitations agricoles ».

    Ces documents, écrits par l’État et validés par arrêté préfectoral, décrivent quel type d’agriculture vont viser les Safer et d’autres instances de régulation foncière. Or, ces documents, du fait que le syndicat majoritaire est largement consulté, défendent plutôt la prolongation de l’agriculture vers son industrialisation. Il y a donc un enjeu à ce que ces documents soient écrits pour défendre une agriculture du 21e siècle qui défend l’agroécologie, et des paysannes et paysans nombreux sur les territoires. À ces conditions-là, il n’y a pas de raison de vouloir se passer des Safer.

    Le fait que nous ayons un système qui alloue la terre, non pas en fonction de l’offre et de la demande, mais en vertu d’un projet politique censé répondre à l’intérêt général, est un trésor inestimable en France qu’il faut absolument garder.

    En creux de votre ouvrage se pose la question du rapport à la propriété. Est-il possible de dépasser le modèle du paysan propriétaire ?

    Sur le principe, rien ne justifie le fait qu’à un moment, une personne ait pu dire « cette terre m’appartient ». La terre étant à la fois un lieu d’accueil du vivant et le lieu où l’on produit la nourriture, on peut estimer que la propriété de la terre doit être abolie. Sauf que, dans une société très attachée à la propriété privée, cela paraît utopique.

    Prenons donc le problème d’une autre façon, et voyons ce qu’on peut déjà faire à court terme. Il faut avoir en tête que les agriculteurs ne sont pas majoritairement propriétaires des terres qu’ils travaillent : 60 % de cette surface est louée dans le cadre du fermage. Il y a même des paysan·nes qui décident parfois de ne pas acheter la terre et préfèrent la louer pour éviter de s’endetter.

    D’autre part, on dispose d’une régulation foncière selon laquelle la terre n’est pas une marchandise comme les autres et ne doit pas être uniquement dirigée par le marché. Ces mécanismes juridiques permettent à l’État, aux collectivités locales et aux syndicats agricoles, de définir ensemble qui va accéder à la terre indépendamment du fait que ces personnes soient riches ou pas.

    On a là un embryon qui pourrait faire imaginer un droit de l’accès à la terre en France institué en commun. Il faut renforcer et orienter ces mécanismes – qui ont plein d’écueils ! – vers des enjeux d’alimentation, d’emploi, d’environnement... Chercher à démocratiser la question de l’accès à la terre et « le gouvernement des terres », c’est à la fois une capacité à se prémunir des effets mortifères du capitalisme, et cela permet de penser comment on pourrait gérer les terres autrement.

    Le capitalisme n’est pas une fatalité : il y a d’autres manières d’être au monde, de produire de l’alimentation, de vivre, de sortir d’un monde où le but n’est que la recherche du profit. C’est comme quand on milite pour la sécurité sociale de l’alimentation : la Sécurité sociale en 1946 n’a pas renversé le capitalisme, mais elle a créé des espaces de répits face au capitalisme, extrêmement importants pour que les gens vivent bien et envisagent de transformer la société.

    Le livre dresse un panorama des organisations qui travaillent au rachat des terres pour les mettre à disposition de paysan·nes répondant à des critères socio-environnementaux, avec des règles transparentes d’attribution de l’accès au foncier. Les surfaces acquises restent toutefois modestes. Peut-on uniquement compter sur ce type d’initiatives ?

    Les gens qui s’intéressent à la terre aujourd’hui ont bien compris qu’on n’allait pas abolir la propriété privée demain. Ils ont aussi compris que s’ils voulaient expérimenter d’autres manières de faire de l’agriculture et de l’alimentation, il fallait accéder à la propriété des terres.

    L’idée de la propriété collective, ce n’est pas l’abolition de la propriété privée, mais que des gens se mettent ensemble pour acheter de la terre. C’est ce que fait Terre de Liens en louant ensuite la terre à des paysan·nes qui mettent en œuvre des projets répondant aux enjeux de société, d’emploi, d’environnement, d’entretien du territoire... Mais c’est aussi ce que font d’autres structures de propriété foncière – la Société civile des terres du Larzac, la Terre en commun sur la Zad de Notre-Dame des Landes, Lurzaindia dans le Pays basque, la foncière Antidote, et bien d’autres.

    Tout un tas de gens essaient d’acheter des terres pour en faire des espaces de résistance face à l’agriculture industrielle et capitaliste. Cela permet d’imaginer d’autres rapports à la propriété. Ce sont des lieux d’expérimentation très importants pour susciter de nouveaux imaginaires, apprendre à faire autrement, créer de nouvelles manières d’être au monde.

    Le problème de ces lieux-là, c’est qu’ils ne peuvent pas permettre un changement d’échelle. Cela ne peut pas être la solution de sortie des terres du capitalisme. Comme elles n’abolissent pas la propriété, s’il fallait racheter toutes les terres, cela coûterait des centaines de milliards d’euros.

    Par ailleurs, ces terres ne sont pas à vendre à court terme – une terre se vend en moyenne tous les 75 ans. D’où la nécessité de faire à la fois des expérimentations de propriété collective, tout en ravivant la question de la régulation foncière pour sortir l’agriculture du capitalisme.

    En quoi la lutte de Notre-Dame des Landes, victorieuse en 2018, a reconfiguré les luttes, notamment anticapitalistes, autour des terres ?

    La question agricole et foncière, en France et même en Europe, était très peu investie par les milieux anticapitalistes. L’activisme des gens qui vont s’installer dans la Zad, les coopérations menées avec des syndicats agricoles comme la Confédération paysanne, ont – non sans débats houleux et conflits internes – mené à une lutte assez exemplaire sur un territoire.

    La répression peut être énorme, mais la capacité de résistance aussi. Cette lutte a produit des façons de faire sur le territoire – en termes d’habitat, d’agriculture collective, de vivre ensemble – inspirantes pour toute une génération militant contre le néolibéralisme et le capitalisme. Beaucoup de milieux politiques aujourd’hui parlent de subsistance, d’alimentation, de terres.

    Notre-Dame des Landes marque aussi le fait qu’avec de moins en moins d’agriculteurs dans la société (2,5 % des gens sont des travailleurs de la terre dont 1,9 % sont des agriculteurs au sens légal), les enjeux agricoles ne peuvent être uniquement du ressort des luttes paysannes. La centralité de ces luttes doit être partagée avec d’autres types d’acteurs politiques, notamment des gens qui habitent le territoire sans être forcément paysans.

    La dynamique des Soulèvements de la Terre est-elle un prolongement de Notre-Dame des Landes ?

    En effet, il me semble que Notre-Dame-des-Landes est une inspiration forte de la pensée qui s’agrège autour des Soulèvements, mouvement riche de sa pluralité. Les Soulèvements montrent que les espoirs nés de l’expérimentation à Notre-Dame-des-Landes sont possibles partout et qu’il va falloir faire différemment dans tous les territoires – chaque endroit ayant ses spécificités.

    Les questions de rapport à la terre ont aussi émergé dans l’espace politique des années 1990, avec les luttes au Chiapas, au Mexique, qui continuent d’inspirer les milieux politiques en Europe et en France. Cette circulation des imaginaires de luttes permet de penser des mondes différemment. Les Soulèvements arrivent à fédérer de manière assez importante et repolitisent très clairement ces questions de la terre. Ils portent ces questions sur tous les territoires qui ont envie de s’en emparer en disant : « C’est possible aussi chez vous ».

    Peut-on sortir l’agriculture du capitalisme ? Pour Tanguy Martin, auteur de Cultiver les communs, il faut combiner les expérimentations de propriété collective tout en s’attachant à la régulation foncière.

    https://basta.media/Propriete-collective-des-terres-des-espaces-de-resistance-face-a-l-agricult
    #agriculture #résistance #capitalisme #accès_à_la_terre #terre #financiarisation #spéculation #Sociétés_d’aménagement_foncier_et-d’établissement_rural (#Safer)

  • Le secret du bonheur enfin révélé ! - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=0wtOJ_fCefk

    Un résumé vidéo du « World Happiness Report »(https://worldhappiness.report)

    #bonheur #société

    (je découvre en passant que Yt propose les transcriptions, pratique, alors je colle le résumé)

    Si on résume, le World Happiness Report nous apprend que le bonheur s’explique bien plus par 6 facteurs communs à l’ensemble de l’humanité que par des différences culturelles.

    Parmi ces 6 facteurs, 3 sont principaux et expliquent souvent les 3 quarts du bonheur de chaque pays, et sûrement de chaque individu. Ce sont :
    – avoir suffisamment d’argent pour ne pas vivre dans la misère ;
    – passer du temps avec ses proches et entretenir des bonnes ;
    relations qui permettent de compter sur les autres en cas de difficulté
    – et enfin être en bonne santé.

    Les 3 facteurs suivants sont secondaires. Ce sont :
    – le sentiment de choisir sa vie ;
    – venir en aide aux autres ;
    – et vivre avec un gouvernement et des entreprises non-corrompues.

    Puisque vous regardez cette vidéo, c’est probablement que vous payez un abonnement internet et avez acheté un écran pour la voir. Il est donc probable que vous ne soyez pas dans la misère et donc, gagner plus d’argent ne ferait augmenter que marginalement votre bonheur, voire pas du tout, voire même le ferait baisser.

    Là où vous pouvez vraiment gagner en revanche, c’est justement en
    passant moins de temps sur des écrans, et plus de temps en présentiel avec les personnes que vous aimez.

    Prenez aussi soin de votre santé, notamment en dormant assez et en faisant du sport, qui sont les 2 activités qui augmentent le plus le bonheur dans nos sociétés qui en manquent cruellement.

    Éduquez-vous pour vous permettre d’avoir plus de liberté de choix. Rendez-vous utile pour les autres, en donnant de votre temps et de votre argent pour des causes utiles. Et contribuez à un monde plus juste.

    • Voici un argument caricatural :

      Puisque vous regardez cette vidéo, c’est probablement que vous payez un abonnement internet et avez acheté un écran pour la voir. Il est donc probable que vous ne soyez pas dans la misère et donc, gagner plus d’argent ne ferait augmenter que marginalement votre bonheur, voire pas du tout, voire même le ferait baisser.

      Dans une société sans bureaux de PTT où tu ne peux plus faire ta demande d’allocations sociales sans passer par l’’internet la présence d’écrans et la disponibilité d’un accès internet n’excluent pas que tu fasse partie des misérables. Les vidéos transmises par les naufragés de la mer méditerranée en témoignent.

      L’argument était vrai avant l’an 2000 quand il fallait équiper son ordinateur Windows avec un trumpet ip stack afin de pouvoir accéder à l’internet et c’est sans doute toujours vrai pour les acheteurs du dernier produit Apple .

      Winsock Programmer’s FAQ ;-)
      https://tangentsoft.com/wskfaq

      Mis apart ce cas particulier l’argument est aussi valable que le sens de la caricature classique des dictateurs consensuels qui fait exprès d’omettre les véritables forces derrière la deuxième guerre mondiale.

      A l’époque l’auteur de la caricature d’Hitler et de Staline exprimait l’opinion que la guerre n’en était pas une entre pouvoirs impérialistes et contre le socialisme à la fois mais une guerre entre le bien (la démocratie) et le mal (les dictatures sanglantes).

      Là ces pickup-artists du bonheur font croire aux consommateurs sous-priviligiés à la recherche d’un peu de joie pour leurs vies tristes qu’au fond ils n’ont pas à se plaindre et si leur santé n’est pas excellente c’est à cause de leur mauvaises décisions individuelles.

      Pickup artist
      https://en.m.wikipedia.org/wiki/Pickup_artist

      La notion de bonheur même est une construction idéologique individualiste occidentale assez différente par exemple de la notion plus complexe et plus concrète du bien aller en Asie confucéenne. En fin de compte tous ces indexes et définitions du bonheur ne sont jamais précis et constituent une source de bonheur par leur risibilité plutôt que par leur bien-fondé.

      #idéologie #néo-libéralisme #bonheur #individualisme

    • @klaus @monolecte bé non il explique pourtant bien le procédé scientifique au début : on ne pose pas tant, ou pas juste, la question du bonheur aux gens (qui pourraient effectivement différer suivant les cultures), mais bien des questions variées et précises, et ce à une population importante et très représentative dans chaque pays. Du coup ton argument sur la différence culturelle du bonheur tombe un peu à l’eau, puisque c’est tout l’objet de ces études de construire un cadre d’enquête qui va au-delà des différences culturelles !

      En revanche ce qui n’est pas abordé, et qui pourrait faire croire implicitement que c’est « individuellement à chacun » d’augmenter les différents critères listés, c’est l’aspect politique que c’est bien des choix de sociétés de valoriser et permettre certains de ces points.

      Notamment le tout premier, si on comprend bien au final ce n’est pas du tout « avoir de l’argent » ni « le PIB » qui compte, mais bien « ne pas être dans la misère = subvenir à tous les besoins de base ». Donc manger à sa faim, avoir des habits, avoir un toit, pouvoir se laver… ET d’autres choses suivant les sociétés : en effet la notion de « besoins de base » étant en partie construite socialement. Il y a des impondérables comme « manger à sa faim », mais d’autres choses qui changent suivant les sociétés (comme « avoir internet » dans nos pays par ex). C’est là où la simplification en « avoir assez d’argent au regard du PIB de mon pays de résidence », est à la fois vraie et trompeuse. Vraie car effectivement quand on a une quantité d’argent correcte par rapport au PIB de son pays, alors on a un niveau de vie décent au regard des besoins attendus dans ce pays là. Mais trompeuse car à aucun moment il n’est dit que tout ça est construit socialement, et qu’on peut parfaitement imaginer un mode de vie qui 1) promeut moins les besoins matériels au delà du socle de base et 2) permet de subvenir plus facilement à ces besoins y compris au delà de la nourriture, de manière collective, et sans besoin d’argent (que ce soit par services publics, par travaux collectifs, ou autre, peu importe). En résumé le premier point n’est pas réellement une question d’argent et de PIB, si on est révolutionnaire. :p

      Dans tous les cas ce premier point n’explique pas tout, il y a aussi les autres critères, qui sont intéressants à connaitre aussi.

  • Affaire « Lafarge ». Les moyens d’enquête utilisés et quelques attentions à en tirer - Rebellyon.info
    https://rebellyon.info/Affaire-Lafarge-Les-moyens-d-enquete-25197

    Suite aux 35 arrestations des 5 et 20 juin dernier, les entretiens menés avec les arrêté.e.s ont en partie révélé l’ampleur de ce que l’État est prêt à déployer pour traquer celleux qui s’opposent au ravage écologique et industriel. Ecoutes, filatures, logiciel espion, reconnaissance faciale, balise GPS...

    À noter que plusieurs des personnes visées par ces réquisitions ont vu leur compte en banque clôturé sans explication ou ont subit des #contrôles_domicilaires très poussés par la CAF. Une clôture de compte bancaire inexpliquée peut ainsi être un signe de surveillance.

    La police dit ne pas envoyer de réquisitions à Riseup par peur qu’iels ne préviennent les personnes concernées, et considérant que Riseup ne leur répondra probablement jamais. Cela semble confirmer que l’utilisation de fournisseurs mail militantes mettant en œuvre un certain nombre de protections et de système de chiffrement tels que #Riseup leur pose beaucoup plus de problèmes d’accès que dans le cas de fournisseurs commerciaux [6]. (Il va sans dire que l’utilisation de clés de chiffrement PGP pour les échanges de mails ajoute une couche de protection supplémentaire).

    [...] Sans tomber dans le fantasme d’une surveillance permanente et omniprésente, autant prendre un certain nombre de mesures pour se protéger du traçage policier, tout en veillant à ce que ça ne nous pourrisse pas trop la vie et que ça ne nous empêche pas de nous organiser collectivement.

    Nous travaillons à une analyse plus poussée de ces premiers éléments et d’autres. Vous pouvez nous contacter à lesmoyens @ systemli.org

    #lafarge #police #justice #luttes #enquête #SDAT #ADN #vidéosurveillance #Reconnaissance_faciale #téléphonie #fadettes #géolocalisation #logiciel_espion #IMSI_catchers #écoutes #CAF #Pôle_emploi #impôts #ANTS #blablacar ++ #SNCF #FlixBus #banques #Twitter #Facebook (refus !) #Instagram #sonorisation_de_véhicule #boîtiers_GPS #Filatures #sociétés_d'autoroute #Demande_de_photos_des_véhicules_aux_péages_autoroutiers

  • China : Überholen ohne einzuholen – wie der Sozialismus chinesischer Prägung funktioniert
    https://www.berliner-zeitung.de/politik-gesellschaft/china-ueberholen-ohne-einzuholen-wie-der-sozialismus-chinesischer-p

    Quelques infomations de base sur la Chine, voici les découvertes d’une journaliste du Berliner Zeitung.

    23.9.2024 von Maritta Adam-Tkalec - Wie gelingt China der Aufstieg zur Weltmacht? Die Öffnungspolitik entfesselte Kräfte, das Selbstbewusstsein gegenüber dem Westen wächst mit dem Wohlstand.

    Das Staunen über Chinas Voranstürmen ist der Angst gewichen, das an strategischen Rohstoffen reiche Land mit seinen 1,4 Milliarden smarten Menschen werde dem noch kürzlich global dominanten Westen den Rang ablaufen. Kürzlich noch der arme Schlucker in Asien, vollführt China ein in Deutschland verlachtes Manöver: Überholen ohne einzuholen. Die Losung hatte Walter Ulbricht Ende der 1950er-Jahre für die DDR ausgegeben – die Überlegenheit des Sozialismus durch wirtschaftliche Erfolge zu beweisen – und scheiterte.

    Das moderne China macht damit Ernst; Ziel ist der Aufbau eines Sozialismus chinesischer Prägung. Deng Xiaoping, weder Staats- noch Parteichef, sondern mehr, nämlich Chinas „Überragender Führer“, erklärte 1978: „Der Sozialismus öffnet sich dem Kapitalismus, um am Ende wieder das Ziel des allgemeinen Wohlstandes zu erreichen.“ Zuerst sollten einige Leute reich werden, am Ende, so Deng damals, werde das ganze Volk reich sein. Jeden einzelnen ermutigte er dazu: „Reichwerden ist ehrenvoll.“

    China ist heute ein überwältigend modernes Land. Wer aus Deutschland kommt, begreift sehr schnell, wie weit der Überholvorgang schon gediehen ist. Höchste Zeit also, den „systemischen Rivalen“ besser kennenzulernen. Mit Viertelwissen über vermeintliche Zustände in China, das möglicherweise noch aus der Zeit der Kulturrevolution oder anderer chinesischer Wirren stammt, kommt man inzwischen wirklich nicht mehr weiter.

    Der Schlüssel zum Verständnis des chinesischen Fortschritts liegt in Dengs Konzept des Sozialismus mit chinesischem Antlitz. Damit ist, wohlgemerkt, das Ziel, nicht der derzeitige Zustand beschrieben. Und mit der simplen Formel „Kapitalismus plus Alleinherrschaft der Kommunistischen Partei“ ist das Phänomen nicht zu erklären. Richtig an der Formel ist, dass die staatsbeherrschende Kommunistische Partei Chinas den derzeit real existierenden Kapitalismus als dynamische Übergangsphase betrachtet: Die Gesellschaft muss durch sie hindurch, muss die Potenziale des Kapitalismus nutzen – um ihn dann zu überwinden. Man erinnert sich: Die Sowjetunion wollte direkt vom Feudalismus in den Kommunismus vorstoßen.
    Zehn Tage China: Das Weltbild wankt

    Was die deutsche Öffentlichkeit gemäß der politischen und medialen Hauptlinie von China halten soll, ist hinlänglich bekannt: China ist autoritär gelenkt, beachtet individuelle Menschenrechte wie Meinungsfreiheit nicht, unterdrückt die Minderheit der Uiguren, observiert alle und jeden, lässt keine Opposition zu, betreibt eine aggressive Wirtschaftspolitik, ist als Konkurrent einzuhegen. Gewachsene Abhängigkeiten sind zu reduzieren – Derisking heißt das neudeutsch.

    Nach zehn Tagen in China wankt das eingeübte Weltbild gehörig. Zu stark sind die Eindrücke von Modernität und Selbstbewusstsein, von den auf das Erreichte überaus stolzen Menschen. Der neu erlangte Status Chinas als aufstrebende Weltmacht führt unvermeidlich zu großem Selbstvertrauen im Verhalten gegenüber dem Westen. Ab jetzt redet man tatsächlich „auf Augenhöhe“. Nicht jeder im Westen hält das für eine Chance.
    Was chinesische Bürger sagen

    Doch was sind zehn Tage in China, seien sie noch so intensiv, instruktiv und von überraschenden, aufschlussreichen Begegnungen, geplanten wie zufälligen Informationsmomenten übervoll. Wer sich in dieser Lage anmaßen wollte zu wissen, „wie China ist“, der hätte jede Seriosität verspielt. Es sollen deshalb gesammelte Auskünfte und Beobachtungen zusammenfassend wiedergegeben werden: ­eine Skizze, ohne Wertung und Anspruch auf absolute Wahrheit.

    Was also haben chinesische Männer und Frauen auf Fragen geantwortet, auf Bitten um Erläuterung angeführt? Die erste Überraschung: Sie antworteten offen und angstfrei, auch wenn es um heikle Themen wie den Taiwan- oder Uigurenkonflikt ging. Die Quellen der Auskünfte sind vielfältig, sie werden in der Regel nicht im Einzelnen genannt, zumal sich die Antworten tendenziell ähnelten.

    Wohlstand, ein gutes Leben für sich selbst, die Familie, das Land – darin liegt der Kern aller Dinge. Sozialer und materieller Aufstieg durch eigene Anstrengung ist möglich, die Chancen für Tüchtige sind groß, so das Versprechen und die erfahrene Realität. Ob die Eltern noch arme Bauern waren oder Mao Tsetungs Kulturrevolution sie mit rudimentärer Bildung in die Fabriken gespült hatte – die Aussichten für Kinder und Enkel, zu studieren, in einem interessanten Job gut zu verdienen, in einer würdigen Wohnung zu leben (oder sogar eine zu kaufen, es gibt reichlich leerstehende), werden positiv bewertet. „Seht euch doch an, was aus unserem Land geworden ist“, sagt der Fischverkäufer auf dem Markt von Qingdao, der lange Zeit Lastautos steuerte, jetzt gute Geschäfte mit Fisch und Meeresgetier macht und sichtlich zufrieden mit seinem Aufstieg ist.

    Die Gehälter steigen seit Jahren, und zwar so, dass Unternehmen, anders als noch in Billiglöhnerzeiten, zögerlicher einstellen. So wird unter anderem die derzeit hohe Zahl von jungen Arbeitslosen erklärt. Vor der Öffnungspolitik hätten alle auch viel gearbeitet, erinnert sich ein Mittvierziger, aber jetzt lohne sich die Arbeit auch ganz persönlich, die Motivation sei hoch, für sich selbst den Wohlstand zu heben.

    Enorme Lohnzuwächse

    Eine Frau in gehobenem Angestelltenverhältnis rechnet vor: Früher habe ein Fahrrad drei Monatsgehälter gekostet, jetzt könnte sie sich von einem Monatsgehalt einen kleinen Gebrauchtwagen kaufen. Vor der Öffnungspolitik konnte sich kaum jemand Restaurantbesuche leisten, jetzt sei das mehrmals die Woche üblich. Der Mindestlohn liegt derzeit bei 2100 Yuan (etwa 300 Euro), ein einfacher Arbeiter verdient etwa 4000 Yuan, ein Facharbeiter kommt auf 6000 Yuan, also etwa 770 Euro.

    Dazu kommen hinsichtlich Job und Bildung wachsende Wahlmöglichkeiten. Das ist der Rede wert: Kinder können in der Schule Fächer wählen – Musik, Sport, Informatik, Malerei – und dann sogar entscheiden, was sie studieren wollen. Kinder kämen nach Hause, so ein erstaunter Vater, und sagten ihren Eltern, was sie werden wollen. Und neuerdings gebe es in der Schule seiner Tochter Wahlen zum Schülersprecher, früher wurde der oder die von Lehrern ernannt: „In den nächsten 20 Jahren wird China einen weiteren Wandel erleben“, ist er sicher.

    Der Weg zum Studium ist allerdings mit harten Prüfungen auf jeder Stufe gepflastert: Das Bildungssystem beinhaltet starke Kriterien von Auswahl und Auslese. Das zwingt zu Anstrengung, und Eltern achten darauf, dass das Kind lernt; die Kosten für Nachhilfestunden sind indes erheblich. Daran wird auch Kritik geäußert: Manche Eltern könnten weniger investieren, so blieben womöglich Talente oder Spätzünder, die wichtig für die Gesellschaft werden könnten, auf der Strecke. Solche Verluste könne sich das Land nicht mehr leisten.

    Generell stimmen die Gesprächspartner der Auffassung zu, dass das Kollektiv wichtiger sei als das Individuum – einer alleine könne weder überleben noch vorankommen noch sich im Konfliktfall verteidigen. Die Bereitschaft, das Kollektiv, die Gemeinschaft, als prioritär zu akzeptieren, ist sicherlich ein wesentlicher Unterschied zu westlichen Sichtweisen. Harmonie zwischen den Menschen und Harmonie zwischen Mensch und Natur gehören zu den Grundsätzen der chinesischen Philosophie, des Konfuzianismus. Es gilt die eherne Regel: Dem Lehrer ist zuzuhören und zu folgen.
    „Leider gibt es zu wenig gute Kader“

    Solche Gefolgschaft setzt voraus, dass der Lehrer der Beste ist, dass man sich ihm anvertrauen kann. Ein KP-Mitglied, als solches durch das am Revers getragene Parteiabzeichen zu erkennen, sagt: „Genossen müssen immer die Besten sein, die Regeln respektieren, die Eltern achten, in respektablen Familienverhältnissen leben, das Vertrauen ihrer Mitmenschen genießen, als Mitarbeiter loyal zum Unternehmen stehen – kurz: den Menschen dienen.“

    Genau so verlangt es die Lehre des Konfuzius: Der Anführer, also der Lehrer, muss Vorbild sein. Ein älterer Genosse beklagt: „Leider gibt es zu wenig gute Kader.“ Aber für Korrupte werde das Leben immer schwerer, weil so viele Handy-Augen auf jedem ruhen, der öffentlich auftritt. Da habe es jüngst den Fall eines Provinzfunktionärs gegeben, an dessen Arm eine Rolex blitzte. Das löste einen Shitstorm aus. Dass die Uhr eine billige Fälschung war, half dem Mann nicht mehr.

    Wer fürchtet sich vor günstigen und guten chinesischen Elektroautos? Im Hafen Taicang in der ostchinesischen Provinz Jiangsu stehen sie zum Export bereit. XinHua/DPA

    Streitvermeidung gehört zu den Voraussetzungen guten Gelingens – von ganz unten bis ganz oben. Deng Xiaoping hatte auch dafür weise Sätze: „Nicht zu streiten heißt, Zeit zu gewinnen und zu handeln. Sobald man sich streitet, wird es kompliziert, und man verliert Zeit.“ Dem stimmten alle zufällig befragten Chinesen zu, und einer fand, dass es Xi Jinping auf den Punkt bringt: „Leeres Gerede führt unser Land in die Irre.“ Arbeit nach den Weisungen der „Besten“, also der Staats- und Parteiführung, sei also der sicherste Weg zum Ziel „gemeinsamer Wohlstand“. Laut Xi kommt man dem Ziel näher durch Vermögensumverteilung, Schaffung gleicher Aufstiegschancen und Reduktion sozialer Ungleichheiten.

    Bei allem Kapitalismus der gegenwärtigen Phase bleibt eines unantastbar: das gesellschaftliche Eigentum an Grund und Boden. Der gehört dem Staat. Komplett. Wer ein Häuschen baut oder eine Wolkenkratzerstadt, eine Fabrik oder ein Rechenzentrum: Das Grundstück wird gepachtet, in der Regel für 70 Jahre, mit Verlängerungsoption. So behält der Staat starke Durchgriffsmöglichkeiten. Soll eine Hochgeschwindigkeitsstrecke oder ein Industriepark entstehen – der Boden gehört dem Staat. Er entscheidet und siedelt bei Bedarf Bewohner um. In solchen Fällen gibt es großzügige Entschädigungen und neue Wohnungen.

    Heikel ist die Frage nach der demografischen Zukunft: Von 1980 bis 2016 galt die Ein-Kind-Politik, die das rasante Wachstum Richtung zwei Milliarden Einwohner scharf bremste – zu scharf, wie eine Kritikerin, eine KP-Genossin, findet: „Man hat zu spät damit aufgehört“, sagt sie. Heute liegt die Geburtenrate mit aktuell 1,09 Kindern pro Frau dramatisch unter dem Ersatzniveau von 2,1. China schrumpft, mit unabsehbaren Folgen.
    Die Rentenfrage: das Riesenproblem der Zukunft

    Noch gehen Chinesen zeitig in Rente, Männer mit 60, Frauen mit 50 beziehungsweise mit 55, wenn sie einen Bürojob ausüben. Sie zahlen in die Rentenversicherung, wer Glück hat, bekommt eine betriebliche Altersversorgung und hat privat vorgesorgt. Die durchschnittliche Rente liegt derzeit bei kümmerlichen 2400 Yuan, rund 310 Euro.

    Allerdings steigt die Rente jährlich um 200 Yuan, 26 Euro, berichtet ein Nutznießer, der im Park genüsslich seine Zigarette raucht. Das heißt: je älter, desto mehr Geld. Die Führung denkt angesichts der Bevölkerungsentwicklung über eine Anhebung des Renteneintrittsalters nach – ein äußerst unpopuläres Thema, aber eines, an dem mittelfristig keiner vorbeikommt: Derzeit zahlen fünf Werktätige für einen Rentner, 2050 wird das Verhältnis bei 2:1 liegen und das bei steigender Lebenserwartung. Die liegt heute mit rund 78 Jahren über dem Wert der USA. Migration, also eine spürbare Einwanderung, kann sich keiner vorstellen.

    Leben hinter der Internet-Firewall

    In der DDR zählte die mangelnde Reisefreiheit zu den Hauptgründen für die Unzufriedenheit der Bürger. Das Problem haben Chinesen nicht. Sie können privat ins Ausland fahren, sofern sie keine führenden Kader sind und das Reisen bezahlen können. Die Landeswährung Yuan ist konvertierbar, das Tauschen einfach.

    Für Besucher aus dem Westen ist die Kontrolle des Internets ein Ärgernis: Ein Leben ohne Google ist zwar möglich, aber beschwerlich. Der freie Fluss der (westlichen) Informationen findet jenseits der Great Firewall statt, der Großen chinesischen Datenmauer. Die jedoch scheint zu wandern, mal kommen WhatsApp-Texte durch, mal nicht; mal schafft es eine Nachricht über Googlemail, meistens aber nicht.

    Die Chinesen haben ihre eigenen, offenbar tadellos funktionierenden Systeme, über die gefunden werden kann, was interessiert und politisch keine Unruhe verbreitet – vom Wetter über Allgemeinbildung bis zum, natürlich, Parteiprogramm. Und da fließen die Informationen in Strömen, breit wie der Gelbe Fluss. Jeder hat ein Mobiltelefon, viele zwei, eines für jede Hosentasche.
    Bargeld? Nutzt niemand mehr, nicht einmal Bettler

    Wo die Filter, Kanäle und Schleusen für den kontrollierten Informationsfluss liegen – bleibt unsichtbar. Sie stören die meisten nicht, jedenfalls keinen der etwa ein Dutzend Befragten, ob den Markthändler, der die Preise seines Tagesangebots auf Zetteln mit QR-Code über seinen Stand gehängt hat, noch die Verwaltungsangestellte, die mit zwei Handys in der Tasche Familienalltag und Job koordiniert.

    Bargeld ist aus dem Alltag verschwunden, das Softeis an der Ecke, die Maut auf der Schnellstraße wie der Einkauf im Glitzerkaufhaus an der schicken Fußgängerzone wenige hundert Meter vom Tiananmen wird per Handy bezahlt. Selbst die Bettlerin im Fischmarkt von Qingdao (die es offiziell gar nicht gibt, doch der private Wachmann mit der roten Armbinde schaut über die Frau hinweg) – sie sammelt per Handy Spenden der Passanten ein. Leben und leben lassen, das praktizieren auch Chinesen.

    Stabilität ist das Wichtigste: Nichts soll die Entwicklung zu immer mehr Wohlstand für immer mehr Chinesen stören. Politisches Chaos, soziale Unruhen, ethnische Tumulte sind um jeden Preis zu vermeiden, man hat schlechte Erfahrungen – mit als katastrophisch erinnerten Umbruchszeiten instabiler dynastischer Herrschaft, mit Maos Machtübernahme und der Kulturrevolution.
    Angst vor Terroristen und Sicherheitsmaßnahmen

    Seit einem Anschlag uigurischer Terroristen mit Toten und Verletzten Ende Oktober 2013 herrscht in der Heimat der Uiguren verstärkte Repression, und in Peking wurden die Sicherheitsmaßnahmen verstärkt. Der Anschlag hatte sich ausgerechnet in der Nähe der Tribüne auf dem Tiananmen-Platz, dem symbolischen Zentrum des Riesenstaates, ereignet. Wer als Fußgänger heute auf den Platz will, muss mit einem Tag Vorlauf angemeldet sein und passiert Sicherheitskontrollen.

    Die chinesische Führung ist überzeugt davon, dass uigurische Fundamentalisten in der Provinz Xinjiang einen islamischen Gottesstaat errichten wollten. Den Unruhen unter der muslimischen Bevölkerung begegnet man mit der seit Jahrhunderten benutzten – konfuzianischen – Methode: Lehren und üben lassen, bis die Vorzüge (des chinesischen Systems) verstanden sind. Was dem westlichen Auge als Umerziehungslager erscheint, gilt vielen Chinesen als Bildungsstätte zur Hebung des kulturellen Niveaus.

    Der Krieg in der Ukraine vermag in China nur wenig Emotionen zu erzeugen, so der Eindruck. Interessant wird der Konflikt am ehesten mit Blick auf Taiwan. Aus europäischer Sicht stellt sich die Frage: Wird die Volksrepublik China (Festland) die Republik China (Taiwan) überfallen, um die seit 1949 abtrünnige Insel wieder einzugliedern? So wie Russland die Ukraine angriff, um deren selbstbestimmte Entwicklung abzubrechen?

    Die eingefangene chinesische Antwort bietet eine interessante Sichtweise. In Kurzfassung: Russland war so dumm, sich zum Überfall auf die Ukraine hinreißen zu lassen, Wladimir Putin ist in die von den USA aufgestellte Falle gelaufen. Den USA hat demnach der Zerfall der Sowjetunion in den 1990er-Jahren nicht gereicht, um Russland als geopolitischen Faktor auszuschalten, Russland war noch zu stark, vor allem wegen seiner Rohstoffe und als Energielieferant.

    „So dumm wie Putin sind wir nicht“

    Also musste man dafür sorgen, dass sich weitere Teile von Russland abspalten. Die Ablösung der Ukraine ist im Gange, an den Rändern ließen sich weitere Teile absplittern. „So dumm wie Putin wird Chinas Führung niemals sein“, sagt eine Journalistin, „sie wird sich nicht von den USA in einen Krieg um Taiwan hineinprovozieren lassen“. Und: „China hat Zeit. Die Taiwan-Frage wird sich anders als durch einen zerstörerischen Krieg lösen.“ Die chinesische Führung denkt in langen Linien.

    Die Formel für die Beschreibung der Pekinger Gesellschaftsstrategie ist also – frei nach Lenin – mindestens wie folgt zu erweitern: Konfuzius und Marx plus Kapitalismus plus umfassende Modernisierung sowie Digitalisierung des ganzen Landes führt zum Sozialismus chinesischer Prägung – und zum Aufstieg zur Weltmacht Nummer 1, die höchstens noch die USA als Konkurrenten hat. Das könnte funktionieren, solange die chinesische Führung der überwiegenden Mehrheit der Chinesen gegenüber das Fortschritts- und Wohlstandsversprechen halten kann – und damit ihre unumschränkte Macht sichert.
    Den chinesischen Weg gehen

    Pragmatismus hat der heutigen Führung der Reformpionier Deng Xiaoping mit auf den Weg gegeben mit seinen trefflichen Weisheiten: „Es ist egal, ob die Katze schwarz oder weiß ist, solange sie Mäuse fängt“, ist eine davon. Egal, ob die Methoden kapitalistisch oder sonst wie seien: „Unsere Modernisierung muss auf chinesischen Gegebenheiten aufbauen. Wir müssen von der Erfahrung anderer Länder lernen. Aber der Erfolg anderer kann nicht einfach kopiert werden. Wir müssen unseren eigenen Weg gehen: Wir müssen den Sozialismus chinesischer Prägung errichten.“ So Deng 1978.

    Wahrscheinlich ist dies der zentrale Punkt des chinesischen Erfolgsrezeptes: China funktioniert als immerzu lernendes System, im Großen wie im Kleinen.

    #Chine #société #voyage #tourisme

  • Postes Canada recueille illégalement des renseignements personnels et les loue La Presse canadienne à Ottawa

    Le commissaire à la protection de la vie privée affirme que Postes Canada enfreint la loi en glanant des informations sur des enveloppes et des colis dans le but de dresser des listes d’envoi qu’elle loue à des entreprises.

    Le bureau de Philippe Dufresne affirme que les informations recueillies pour ce programme de « listes de marketing » comprennent des données sur l’endroit où vivent les individus et le type d’achats en ligne qu’ils effectuent, en fonction du destinateur des colis.

    Or, le commissaire a constaté que Postes Canada n’avait pas obtenu l’autorisation des Canadiens pour recueillir indirectement de tels renseignements personnels.

    Dans un rapport sur l’enquête de son bureau à Postes Canada, M. Dufresne affirme que cette pratique constitue une violation de l’article 5 de la Loi sur la protection des renseignements personnels.

    Le commissaire a recommandé à Postes Canada de cesser d’utiliser et de divulguer les renseignements personnels de cette manière jusqu’à ce que la société d’État puisse demander et obtenir le consentement des Canadiens.

    Mais le commissaire Dufresne affirme que Postes Canada a refusé de prendre cette mesure corrective et il l’exhorte à reconsidérer sa décision.

    #surveillance #flicage #Société #poste #informations_personnelles #vie_privée

    Source : https://www.ledevoir.com/societe/798445/postes-canada-recueille-illegalement-renseignements-personnels-loue

  • Les commandos du changement civique
    https://laviedesidees.fr/Les-commandos-du-changement-civique

    Gary Alan Fine propose une ambitieuse sociologie de l’action civique. Il défend notamment l’idée que la (trans)formation des #institutions est toujours conduite par des petit groupes soudés et efficacement coordonnés. À propos de : Gary Alan Fine, The Hinge : Civil Society, Group Cultures, and the Power of Local Commitments, The University of Chicago Press

    #Société #groupe
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/202309_fine_final.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230920_fine.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230920_fine.docx

  • La structuration des sociétés modernes
    https://laviedesidees.fr/La-structuration-des-societes-modernes

    L’État-providence est aujourd’hui en recul, à tel point qu’il paraît difficile de maintenir l’idée que nos #Sociétés se différencient par leur système de #protection_sociale. Une autre typologie, fondée sur la nature des liens sociaux, semble plus adaptée.

    #État-providence #lien_social
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230919_paugam.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230919_paugam.pdf

    • Pour aller dans le sens de cet article, le système de protection sociale n’est que le résultat de la performance d’une société, laquelle repose sur un jeu de règles de vie dans cette société.

      Plutôt que de comparer les sociétés par un résultat (limité à la protection sociale dans l’exemple présent) il est plus pertinent de les comparer par les causes racines qui permettent d’obtenir le résultat.
      En ce sens il est effectivement plus pertinent d’identifier les « liens sociaux » qui permettent à une société d’obtenir, entre autres, le meilleur système de protection sociale.

      Cependant, il est possible de définir autrement ces « liens sociaux », en revenant à la définition d’une société. Une société est définie et structurée par des valeurs fondamentales qui gèrent les relations entre les acteurs d’une société (les personnes, les associations, les entreprises, les pouvoirs publics, l’environnement). Dis-moi quelles sont tes valeurs, je te dirais quelle société tu es.

      Ces valeurs ne sont pas forcément clairement identifiées autrement que dans la Constitution d’un Pays et certains articles de ses lois. Cependant, ce sont bien ces valeurs qui régissent les « liens sociaux ». Les relations personne-personne sont structurées par certaines valeurs, les relations entreprise-salarié par d’autres, etc.

      L’identification des valeurs d’une société, la mesure de l’impact de ces valeurs sur la performance (dont la définition reste à préciser) de cette société est un travail certainement plus logique, rigoureux, et finalement productif que la comparaison des systèmes sociaux.
      En effet, s’il est possible d’identifier les valeurs « gagnantes » et les valeurs « perdantes », il suffit à une société de changer certaines de ses valeurs pour en tirer « mécaniquement » le bénéfice.

  • Peut-on se réapproprier la science ?

    S’il est tout à fait nécessaire et utile de se réapproprier nombre de connaissances scientifiques et médicales, on ne peut le faire de manière émancipatrice que dans la perspective d’une critique radicale de la société capitaliste et industrielle. Plutôt que de continuer la recherche scientifique vers la quête de toujours plus de maîtrise et de puissance pour l’État et le Marché, il nous faut développer des recherches et acquérir des connaissances qui peuvent aider chacun à assurer mieux et plus facilement sa subsistance en se fondant sur les ressources locales.

    #Bertrand_Louart #Sciences_Critiques #Technocritique #critique_techno #subsistance #technoscience #société_industrielle etc.

    https://sciences-critiques.fr/peut-on-se-reapproprier-la-science

  • L’école vue par les médias
    https://laviedesidees.fr/Yann-Forestier-Changer-l-ecole-ou-la-sauver

    Le traitement des problèmes scolaires par les médias se réduit le plus souvent à un débat assez stérile entre progressistes, qui aspirent à « changer l’école » en la réformant, et réactionnaires qui veulent restaurer un ordre antérieur pour « sauver l’école ». À propos de : Yann Forestier, Changer l’école ou la sauver. Une polémique médiatique, Puf

    #Société #media #école
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230918_ecolemedia.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230918_ecolemedia.docx

    • Lors de la dernière audition, à court de nouvelles déductions, Z. avait finit par me questionner à propos d’un billet de France Culture sur la dissolution des Soulèvements de la Terre, écouté le matin même dans sa voiture. Il me précise que l’éditorialiste Jean Leymarie y critique la dissolution mais interroge la « radicalisation du mouvement » : « Leymarie cite le philosophe Pascal et son adage - la justice sans la force est impuissante mais la force sans la justice est tyrannique ? Continuerez vous malgré votre mesure de garde à vue à légitimer l’usage de la violence ? N’avez vous pas peur que votre mouvement devienne tyrannique ? Allez vous vous ranger du côté de la justice ? »

      Ce qui est bien quand on est seul à faire les questions et à savoir que les réponses ne viendront pas, c’est que l’on a toujours la possibilité de se les poser à soi-même et à son corps de métier. Une semaine après nos sorties de garde à vue, des policiers tuaient une fois de plus dans la rue un adolescent des quartiers populaires, provoquant le soulèvement politique le plus fracassant qu’ait connu ce pays depuis les Gilets Jaunes, avant d’envoyer des centaines de nouvelles personnes en prison. Alors que la conséquence que les policiers en tirent quant à eux est de revendiquer aujourd’hui, avec l’appui du ministère de l’Intérieur, un statut d’exception à même de les faire échapper à la loi, la question de ce que devient la force sans la justice est tragiquement d’actualité.

    • Quand je suis emmené pour la dernière fois dans son bureau pour l’audition finale, il ne nous cache cette fois pas sa forte déception et l’étonnement des enquêteurs de ne pas avoir été suivis par la juge. L’un deux soufflera d’ailleurs à une autre personne que celle-ci est « à moitié en burn out ». Lui confirme en tout cas qu’elle a estimé que « les conditions de sérénité des débats n’étaient pas réunies ». On peut imaginer, au-delà de toute autres considérations guidant cette décision, que la juge doit à minima répugner à ce que son indépendance soit publiquement mise en débat et à ce que le doute continue à se distiller sur son instrumentalisation au profit d’une urgence gouvernementale à mettre fin aux Soulèvements de la Terre. D’autant que depuis l’affaire Tarnac, les juges d’instruction savent bien que la fragnolite peut toujours les attendre au tournant, et depuis Bure que les associations de malfaiteurs trop enflées politiquement peuvent finir en relaxe.

    • Le capitaine nous affirme d’ailleurs que justement la SDAT « cherche aujourd’hui de nouveaux débouchés » du côté de l’« écologie » et « des violences extrêmes ».

      [...]

      Z. dira à plusieurs reprises que la seule raison pour laquelle la SDAT a pu « lever le doigt » pour être chargée de l’affaire était les « tentatives d’incendies sur des véhicules de l’usine », et que « sans le feu » tout ceci serait sans doute resté dans une catégorie de délit inférieur sans bénéficier de leur attention

      [...]

      Au long des 4 jours, on constate que Z. oscille quant à lui maladroitement entre une surqualification des faits incriminés seule à même de justifier que les moyens de la SDAT soit employée dans cette affaire, et une posture opposée visant à déjouer les critiques sur l’emploi des moyens de l’anti-terrorisme à l’encontre d’actions écologistes qui peuvent difficilement être qualifiée comme telles. Il estime d’un côté que notre mise en cause de l’emploi de la SDAT dans la presse est déplacée puisque la qualification « terroriste » n’est pas retenue dans le classement de cette affaire et que la SDAT agirait ici comme un « simple corps de police ». Mais il nous exposera par ailleurs dans le détail comment seuls les moyens exceptionnels de l’anti-terrorisme ont pu permettre de mener une telle enquête et que « nul autre qu’eux » aurait été capable de fournir ce travail.

      Il faut dire que la taille du dossier d’instruction encore incomplet est de 14 000 pages, ce qui représente à ce que l’on en comprend six mois de plein emploi pour un nombre significatif de policiers, et donne une idée du sens des priorités dans l’exercice de la justice dans ce pays. A sa lecture ultérieure et en y explorant dans le détail l’amplitude des moyens qu’ont jugé bon de déployer les enquêteurs pour venir à la rescousse de Lafarge, les mis en examen constateront qu’ils avaient effectivement carte blanche. L’officier concède d’ailleurs à mon avocat que la police est, ces dernières années, une des institutions les mieux dotées financièrement du pays, et admet que leurs syndicats font quand même bien du cinéma. En l’occurrence cette manne a été mise au service de ce qui paraît être devenu ces derniers mois deux impératifs catégoriques pour le gouvernement français et les entreprises qui comptent sur sa loyauté à leur égard. En premier lieu produire une secousse répressive suffisante pour décourager toute velléité de reproduction d’un telle intrusion. Il doit demeurer absolument inconcevable que la population fasse le nécessaire et mette elle-même à l’arrêt les infrastructures qui ravagent ses milieux de vie. En second lieu, étendre encore le travail de surveillance et de fichage déjà à l’œuvre sur un ensemble de cercles jugés suspects en s’appuyant sur les moyens débridés offerts par l’enquête.

    • Il veux savoir si j’ai lu les brochures visant à attaquer les #Soulèvements_de_la_Terre, de ceux qu’il qualifie d’« #anarchistes individualistes ». Les accusations portées à notre égard y sont selon lui fort instructives et mettent en cause les faits et gestes de certaines personnes d’une manière qui s’avère sans doute pertinente pour l’enquête. C’est notamment à partir de ces fables intégralement versées au dossier que la SDAT justifie certaines des #arrestations, et fonde une partie de la structure incriminante de son récit sur ces « cadres des Soulèvements » qui resteraient « au chaud » en envoyant d’autres personnes au charbon. Ce sont d’ailleurs ces mêmes pamphlets, publiées sur certains sites militants, que le ministère de l’Intérieur reprend avec application pour fournir des « preuves » de l’existence et de l’identité de certains soit-disant « #dirigeants », et alimenter, dans son argumentaire sur la dissolution, l’idée d’un mouvement « en réalité vertical ». Z. est en même temps « bien conscient », dit-il, que ces écrits, sont « probablement l’expression de « guerres de chapelles », comme ils peuvent en avoir eux-même de services à service ». Cela ne l’empêche pas de proposer à une autre personne, arrêtée lors de la première vague, de prendre le temps de les lire pendant sa garde à vue « pour réaliser à quel point » elle se serait fait « manipuler ».

      #récit #autonomie #surveillance #police_politique #SDAT (héritage du PS années 80) #arrestations #interrogatoires #SLT #écologie #sabotage #anti_terrorisme #Lafarge #Béton

    • Lafarge, Daesh et la DGSE
      La raison d’Etat dans le chaos syrien

      https://lundi.am/Lafarge-Daesh-et-la-DGSE

      Ce mardi 19 septembre se tenait une audience devant la cour de cassation concernant l’affaire Lafarge en Syrie dans laquelle le cimentier et ses dirigeants sont soupçonnés de financement du terrorisme. Alors que le terme terrorisme plane frauduleusement autour du désarmement de l’usine de Bouc-bel-Air, voilà l’occasion d’une petite mise en perspective.

      #lafarge #daesh #dgse #syrie

  • Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis
    http://carfree.fr/index.php/2023/09/08/il-ny-a-que-les-imbeciles-qui-ne-changent-pas-davis

    Qu’est-ce qui « coûte cher et provoque très peu de report de la voiture vers le train« ? Selon le ministre des transports #clément_beaune en octobre dernier, c’est l’abonnement illimité aux Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Transports_publics #allemagne #critique #france #politique #sncf #société #subventions #trains #transports_en_commun

    • Beaune annonce en fanfare à la télévision (dans l’émission Télématin) « la mise en place à l’été prochain d’un « Pass Rail pour tous » sur le modèle des Allemands… » Il coûtera « autour de 49 euros par mois » (Comme les Allemands…) et permettra de voyager en illimité avec les TER et Intercités, bref sur les trains régionaux (Comme les Allemands…). Le ministre espère une extension aux bus et tramways [et, probablement, les métros] (pas comme les Allemands qui ont eux déjà les bus et les tramways dans leur forfait à 49 euros…).

      même des imbéciles, méchants qui plus est, peuvent changer d’avis.

      ça fait si longtemps qu’on a pas vu une réforme qui ne soit pas une contre réforme que c’en est renversant (si ça se confirme, et selon les modalités de la mesure). il y a pour cela des raisons évidentes et souvent citées (bagnoles, béton, écologie, désindividualisation). l’une d’elle l’est peu, c’est qu’avec la marchandisation frénétique des billets depuis le lancement du TGV (avec une brutale segmentation tarifaire), et malgré la création de force cartes SNCF, rares étaient les clients capables de maintenir un plaisir du train qui tient à la souplesse de son usage (dépenser 3500 euros pour certains trains, sélectionnés, pour obtenir une carte grand voyageur plus...). avoir la possibilité de s’arrêter dans n’importe quelle gare sans avoir à prévoir et administrer un transport, c’est une brèche vers le voyage.

      #rail #forfait_de_transport_illimité #voyage

  • Petits paysans et gros mensonges
    https://laviedesidees.fr/Nicolas-Legendre-Silence-dans-les-champs

    L’agonie du monde agricole n’est pas une fatalité due à quelque « modernisation ». Elle résulte de phénomènes politiques et économiques, depuis le dogme de l’industrialisation jusqu’à l’intimidation envers les contradicteurs, en passant par le lobbying des firmes agrochimiques. À propos de : Nicolas Legendre, Silence dans les champs, Arthaud

    #Société #biodiversité #agriculture #consommation #paysannerie

  • Habitants et militants
    https://laviedesidees.fr/Habitants-et-militants

    Dans un panorama sur le #militantisme des quartiers populaires initié par la Fondation Abbé Pierre, le sociologue Denis Merklen éclaire les logiques sociales qui s’y déploient et les formes de créativité militante, en faisant la part peut-être un peu trop belle aux acteurs institutionnalisés. À propos de : Denis Merklen, Les indispensables. Sociologie des mondes militants, Éditions du Croquant

    #Société #classes_populaires
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230904_merklen.docx

    • De fait, les militants dont il est beaucoup question ici ont en commun de s’être constitués en associations dans la mouvance des politiques de la ville impulsées par l’État à partir du début des années 1980 pour faire face à la « crise des banlieues », d’abord considérée comme un déficit de « cohésion sociale » - plutôt que démocratique. Aussi, faire partie d’une association est « indispensable » pour bénéficier des ressources distribuées par les diverses institutions. Pas d’autre solution aujourd’hui, par exemple, afin de bénéficier d’emplois subventionnés, de financements de fonctionnement, ou encore d’un simple local. En retour, ces institutions exercent un droit de regard, voire de contrôle sur l’activité de ces « militants associatifs » - comme elles pèsent de plus en plus sur le travail social, pour en reformater et parfois en dénaturer les missions. On comprend que ces démarches interrogent les acteurs eux-mêmes ; d’un côté, elles ne vont nullement de soi, l’accès aux ressources est un marathon, la concurrence est vive ; de l’autre, la dépendance au secteur public (et privé) pose problème.

      L’objection que l’on peut faire est donc la suivante : comme il existe des militants des quartiers populaires qui échappent à cette logique du guichet et font de leur indépendance un principe absolu, de même bien des activités, par exemple, en matière de violences policières et racistes, ou encore de redistribution alimentaire (Brigades de solidarité alimentaire, cantines, collectifs divers) évitent à tout prix de prendre la forme d’associations ; il en va du même principe d’autonomie de ces collectifs informels en lien avec des formes de vie (quartiers urbains, squats, communautés, collectifs ruraux, etc.). Qu’ils soient moins ou plus dotés en capitaux, scolaire et culturel, soient employés par les collectivités territoriales ou précaires vivant du RSA, ces militants-là entendent rester à bonne distance de l’institution sous toutes ces formes.

  • Nous gaspillons des milliards dans une révolution robotique qui n’arrivera pas Matthew Lynn - The Daily Telegraph

    Les espoirs placés dans la révolution robotique de la décennie 2020 se sont heurtés à des défis majeurs. Des échecs retentissants dans le domaine des robots cuisiniers et des taxis autonomes ont mis en évidence les limites techniques, les coûts élevés et les exigences de perfectionnement auxquels font face les innovations robotiques. Malgré les investissements massifs, la transition vers une automatisation généralisée semble encore lointaine et complexe.

    Les années 2020 étaient censées être la décennie où la révolution robotique décollait réellement. Nous serions tous en train de rouler dans des taxis contrôlés par ordinateur, de prendre des boissons auprès de robots barmans et de rentrer chez nous dans des maisons nettoyées par des serviteurs androïdes efficaces. Mais cela n’est pas encore arrivé et c’est pas pour demain.


    Au lieu de cela, à San Francisco, les voitures sans conducteur se détraquent ; tandis qu’en Grande-Bretagne, une start-up financée par des millions de dollars pour fabriquer des robots chefs a connu un échec spectaculaire. En réalité, la révolution des robots s’effondre – et des milliards sont sur le point d’être gaspillés dans le processus.

    Ce fut une semaine qui donne à réfléchir pour les évangélistes de l’industrie robotique. Vous pensez peut-être que San Francisco avait suffisamment de problèmes avec les vagabonds et la criminalité de rue, mais elle a désormais ajouté les taxis sans conducteur excentriques à sa liste de défis.

    Quelques jours après que l’unité Cruise de General Motors ait obtenu l’autorisation d’exploiter une flotte de taxis entièrement contrôlés par ordinateur, le chaos a éclaté dans les rues, obligeant à réduire de moitié le nombre de ces véhicules. L’un d’eux a heurté un camion de pompiers, tandis qu’un camion entièrement vide a été impliqué dans une collision avec un autre véhicule.


    Ce démarrage tumultueux n’est certainement pas ce que l’entreprise espérait, et il ne semble pas non plus susceptible d’inciter d’autres villes à permettre à Cruise, ou à des concurrents comme Waymo de Google, de déployer leurs véhicules sur leurs routes en toute liberté.

    De ce côté-ci de l’Atlantique, la startup spécialisée dans les robots cuisiniers, Karakuri, qui avait reçu d’importants financements, notamment de la part d’Ocado et du gouvernement, connaît actuellement des difficultés majeures. Les 4 millions de livres sterling investis par Ocado pour acquérir une participation de 20 % ont pratiquement été perdus, tout comme la majeure partie des autres investissements. En fin de compte, les actifs restants de l’entreprise ont été vendus pour seulement 350 000 livres sterling.

    Ses machines sophistiquées conçues pour préparer des sushis parmi une gamme de plats, remplaçant les chefs traditionnels, ont eu du mal à trouver une place rentable sur le marché. De même, Creator, une entreprise américaine qui construisait un restaurant de hamburgers entièrement géré par des robots, a fermé ses portes en mars.

    Pendant ce temps, il y a peu d’indications que les robots sont en train de conquérir le monde. Très peu d’entre nous possèdent encore des robots aspirateurs, et bien qu’il existe de nombreuses tondeuses à gazon automatisées sur le marché, la plupart d’entre nous préfèrent toujours la méthode traditionnelle de tonte manuelle dans le jardin.

    Mis à part quelques essais, la plupart de nos colis Amazon sont toujours livrés par des êtres humains, et nous continuons à acheter des produits auprès de vendeurs réels plutôt que d’opter pour des solutions électroniques. L’automatisation a eu un certain impact sur notre vie quotidienne. Les caisses en libre-service sont désormais courantes pour effectuer des achats rapides, et les chatbots sont là pour répondre à des questions simples lorsque nous souscrivons une nouvelle assurance.

    Cependant, il est frappant de constater à quel point la robotique a eu jusqu’à présent peu d’impact et combien de startups autrefois prometteuses ont été laissées de côté.

    Et ce, malgré d’énormes investissements. En 2021, l’industrie du capital-risque a injecté 17 milliards de dollars (13 milliards de livres sterling) dans le secteur, et presque autant l’année dernière, et ce n’est que l’argent destiné aux start-ups. Les grandes entreprises ont investi encore plus. Et il devrait y avoir une forte demande.

    Nous sommes tous conscients des pénuries de main-d’œuvre souvent paralysantes au Royaume-Uni, mais elles sont tout aussi graves en Allemagne, aux États-Unis et dans de nombreuses autres économies développées.

    Dans des secteurs comme l’hôtellerie et la logistique, les entreprises se plaignent constamment du manque de personnel. On pourrait penser qu’elles seraient enthousiastes à l’idée de faire appel à des robots pour effectuer le travail à leur place, mais malgré tous les investissements consentis, il n’y a pas grand-chose à montrer pour le moment. En réalité, trois défis majeurs se dressent devant elles.

    Tout d’abord, la technologie n’est généralement pas suffisamment performante. Il est relativement facile de créer une présentation convaincante pour attirer des investissements de sociétés de capital-risque et de concevoir un prototype capable d’accomplir quelques tâches simples en laboratoire. Cependant, transformer ce prototype en un produit fini pouvant être fabriqué en série est une tout autre histoire. Jusqu’à présent, il y a peu de preuves montrant que de nombreuses startups de robotique ont réussi à passer de la phase de développement à une intégration réussie dans le monde réel.

    Deuxièmement, le coût est souvent trop élevé. Pour ne prendre qu’un exemple, il existe déjà un certain nombre de robots barmen parmi lesquels choisir, et peut-être que certains d’entre eux préparent même un Martini assez décent. Mais une recherche rapide sur le Web révèle qu’ils coûtent généralement entre 116 000 et 151 000 euros pièce. C’est beaucoup.

    Il en va souvent de même pour les robots chefs, les serveuses ou le personnel d’enregistrement. Le simple fait est que les robots sont généralement conçus pour remplacer les compétences de bas niveau, qui, de toute évidence, se situent à l’extrémité la moins chère du marché du travail. Il est difficile de justifier de payer 116 000 euros pour un robot barman alors que vous pouvez en embaucher un vrai pour 29 000 euros par an.

    Bien sûr, avec des volumes plus importants et des séries de production plus longues, le coût de nombreux robots pourrait commencer à baisser, mais les prix devront baisser considérablement avant qu’ils ne deviennent réellement une proposition commercialement viable. Les entreprises ne remplaceront pas les gens par des machines tant qu’elles ne seront pas payées pour le faire.

    Enfin, les tâches pour lesquelles les robots pourraient être utilisés nécessitent des niveaux de perfection qu’ils ne peuvent pas encore atteindre. Personne ne veut d’un taxi sans chauffeur.

    robots #robot #travail #robotique #algorithme #robotisatio #automatisation #intelligence_artificielle #technologie #économie #capitalisme #santé #en_vedette #ia #numérique #société #startups

    Source : https://www.telegraph.co.uk/business/2023/08/27/robotics-revolution-falling-flat-metal-face
    Traduction : https://lemediaen442.fr/nous-gaspillons-des-milliards-dans-une-revolution-robotique-qui-narrive

  • La seconde vie des livres
    https://laviedesidees.fr/La-seconde-vie-des-livres

    Les plateformes numériques ont transformé en profondeur le marché du #livre d’occasion. L’occasion pour Vincent Chabault de proposer une sociologie des intermédiaires culturels. À propos de : Vincent Chabault, Le Livre d’occasion : sociologie d’un commerce en transition, Presses Universitaires de Lyon

    #Société #culture #marché #sociologie_économique
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230901_chabault.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230901_chabault-2.docx

  • Les normes de l’amour
    https://laviedesidees.fr/Les-normes-de-l-amour

    Quel sens social donner aux relations amoureuses des adolescent et jeunes adultes ? Une enquête comparée étudie comment les jeunes de différents milieux envisagent l’amour et la conjugalité et la manière dont il éclaire la question du genre pour cette tranche d’âge. À propos de : Isabelle Clair, Les Choses sérieuses. Enquête sur les amours adolescentes, Seuil

    #Société #sexualité #amour
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230830_amours.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230830_amours.pdf

  • Coop ou pas coop de trouver une alternative à la grande distribution ?

    Un #magasin sans client, sans salarié, sans marge, sans contrôle, sans espace de pouvoir où la confiance règne vous y croyez ? Difficile, tant le modèle et les valeurs de la grande distribution, et plus largement capitalistes et bourgeoises ont façonnés nos habitus. Néanmoins, parmi nous certains cherchent l’alternative : supermarchés coopératifs, collaboratifs, épiceries participatives, citoyennes, etc. Des alternatives qui pourtant reprennent nombre des promesses de la grande distribution et de ses valeurs. Les épiceries “autogérées”, “libres” ou encore en “gestion directe” tranchent dans ce paysage. Lieux d’apprentissage de nouvelles habitudes, de remise en cause frontale du pouvoir pyramidal et pseudo-horizontal. Ce modèle sera évidemment à dépasser après la révolution, mais d’ici-là il fait figure de favori pour une #émancipation collective et individuelle.

    Le supermarché : une #utopie_capitaliste désirable pour les tenants de la croyance au mérite

    Le supermarché est le modèle hégémonique de #distribution_alimentaire. #Modèle apparu seulement en 1961 en région parisienne il s’est imposé en quelques décennies en colonisant nos vies, nos corps, nos désirs et nos paysages. Cette utopie capitaliste est devenue réalité à coup de #propagande mais également d’adhésion résonnant toujours avec les promesses de l’époque : travaille, obéis, consomme ; triptyque infernal où le 3e pilier permet l’acceptation voire l’adhésion aux deux autres à la mesure du mérite individuel fantasmé.

    Malgré le succès et l’hégémonie de ce modèle, il a parallèlement toujours suscité du rejet : son ambiance aseptisée et criarde, industrielle et déshumanisante, la relation de prédation sur les fournisseurs et les délocalisations qui en découlent, sa privatisation par les bourgeois, la volonté de manipuler pour faire acheter plus ou plus différenciant et cher, le greenwashing (le fait de servir de l’écologie de manière opportuniste pour des raisons commerciales), etc., tout ceci alimente les critiques et le rejet chez une frange de la population pour qui la recherche d’alternative devient motrice.

    C’est donc contre ce modèle que se (re)créent des #alternatives se réclamant d’une démarche plus démocratique, plus inclusive, ou de réappropriation par le citoyen… Or, ces alternatives se réalisent en partant du #modèle_dominant, jouent sur son terrain selon ses règles et finalement tendent à reproduire souvent coûte que coûte, parfois inconsciemment, les promesses et les côtés désirables du supermarché.
    Comme le dit Alain Accardo dans De Notre Servitude Involontaire “ce qu’il faut se résoudre à remettre en question – et c’est sans doute la pire difficulté dans la lutte contre le système capitaliste -, c’est l’#art_de_vivre qu’il a rendu possible et désirable aux yeux du plus grand nombre.”
    Le supermarché “coopératif”, l’épicerie participative : des pseudo alternatives au discours trompeur

    Un supermarché dit “coopératif” est… un supermarché ! Le projet est de reproduire la promesse mais en supprimant la part dévolue habituellement aux bourgeois : l’appellation “coopératif” fait référence à la structure juridique où les #salariés ont le #pouvoir et ne reversent pas de dividende à des actionnaires. Mais les salariés ont tendance à se comporter collectivement comme un bourgeois propriétaire d’un “moyen de production” et le recrutement est souvent affinitaire : un bourgeois à plusieurs. La valeur captée sur le #travail_bénévole est redistribuée essentiellement à quelques salariés. Dans ce type de supermarché, les consommateurs doivent être sociétaires et “donner” du temps pour faire tourner la boutique, en plus du travail salarié qui y a lieu. Cette “#coopération” ou “#participation” ou “#collaboration” c’est 3h de travail obligatoire tous les mois sous peine de sanctions (contrôles à l’entrée du magasin pour éventuellement vous en interdire l’accès). Ces heures obligatoires sont cyniquement là pour créer un attachement des #bénévoles au supermarché, comme l’explique aux futurs lanceurs de projet le fondateur de Park Slope Food le supermarché New-Yorkais qui a inspiré tous les autres. Dans le documentaire FoodCoop réalisé par le fondateur de la Louve pour promouvoir ce modèle :”Si vous demandez à quelqu’un l’une des choses les plus précieuses de sa vie, c’est-à-dire un peu de son temps sur terre (…), la connexion est établie.”

    L’autre spécificité de ce modèle est l’#assemblée_générale annuelle pour la #démocratie, guère mobilisatrice et non propice à la délibération collective. Pour information, La Louve en 2021 obtient, par voie électronique 449 participations à son AG pour plus de 4000 membres, soit 11%. Presque trois fois moins avant la mise en place de cette solution, en 2019 : 188 présents et représentés soit 4,7%. À Scopeli l’AG se tiendra en 2022 avec 208 sur 2600 membres, soit 8% et enfin à la Cagette sur 3200 membres actifs il y aura 143 présents et 119 représentés soit 8,2%

    Pour le reste, vous ne serez pas dépaysés, votre parcours ressemblera à celui dans un supermarché traditionnel. Bien loin des promesses de solidarité, de convivialité, de résistance qui n’ont su aboutir. Les militants voient de plus en plus clairement les impasses de ce modèle mais il fleurit néanmoins dans de nouvelles grandes villes, souvent récupéré comme plan de carrière par des entrepreneurs de l’#ESS qui y voient l’occasion de se créer un poste à terme ou de développer un business model autour de la vente de logiciel de gestion d’épicerie en utilisant ce souhait de milliers de gens de trouver une alternative à la grande distribution.

    #La_Louve, le premier supermarché de ce genre, a ouvert à Paris en 2016. Plus de 4000 membres, pour plus d’1,5 million d’euros d’investissement au départ, 3 années de lancement et 7,7 millions de chiffre d’affaires en 2021. À la création il revendiquait des produits moins chers, de fonctionner ensemble autrement, ne pas verser de dividende et de choisir ses produits. Cette dernière est toujours mise en avant sur la page d’accueil de leur site web : “Nous n’étions pas satisfaits de l’offre alimentaire qui nous était proposée, alors nous avons décidé de créer notre propre supermarché.” L’ambition est faible et le bilan moins flatteur encore : vous retrouverez la plupart des produits présents dans les grandes enseignes (loin derrière la spécificité d’une Biocoop, c’est pour dire…), à des #prix toujours relativement élevés (application d’un taux de 20% de marge).

    À plus petite échelle existent les épiceries “participatives”. La filiation avec le #supermarché_collaboratif est directe, avec d’une cinquantaine à quelques centaines de personnes. Elles ne peuvent généralement pas soutenir de #salariat et amènent des relations moins impersonnelles grâce à leur taille “plus humaine”. Pour autant, certaines épiceries sont des tremplins vers le modèle de supermarché et de création d’emploi pour les initiateurs. Il en existe donc avec salariés. Les marges, selon la motivation à la croissance varient entre 0 et 30%.

    #MonEpi, startup et marque leader sur un segment de marché qu’ils s’efforcent de créer, souhaite faire tourner son “modèle économique” en margeant sur les producteurs (marges arrières de 3% sur les producteurs qui font annuellement plus de 10 000 euros via la plateforme). Ce modèle très conforme aux idées du moment est largement subventionné et soutenu par des collectivités rurales ou d’autres acteurs de l’ESS et de la start-up nation comme Bouge ton Coq qui propose de partager vos données avec Airbnb lorsque vous souhaitez en savoir plus sur les épiceries, surfant sur la “transition” ou la “résilience”.

    Pour attirer le citoyen dynamique, on utilise un discours confus voire trompeur. Le fondateur de MonEpi vante volontiers un modèle “autogéré”, sans #hiérarchie, sans chef : “On a enlevé le pouvoir et le profit” . L’informatique serait, en plus d’être incontournable (“pour faire ce que l’on ne saurait pas faire autrement”), salvatrice car elle réduit les espaces de pouvoir en prenant les décisions complexes à la place des humains. Pourtant cette gestion informatisée met toutes les fonctions dans les mains de quelques sachant, le tout centralisé par la SAS MonEpi. De surcroit, ces épiceries se dotent généralement (et sont incitées à le faire via les modèles de statut fournis par MonEpi) d’une #organisation pyramidale où le simple membre “participe” obligatoirement à 2-3h de travail par mois tandis que la plupart des décisions sont prises par un bureau ou autre “comité de pilotage”, secondé par des commissions permanentes sur des sujets précis (hygiène, choix des produits, accès au local, etc.). Dans certains collectifs, le fait de participer à ces prises de décision dispense du travail obligatoire d’intendance qui incombe aux simples membres…

    Pour finir, nous pouvons nous demander si ces initiatives ne produisent pas des effets plus insidieux encore, comme la possibilité pour la sous-bourgeoisie qui se pense de gauche de se différencier à bon compte : un lieu d’entre-soi privilégié où on te vend, en plus de tes produits, de l’engagement citoyen bas de gamme, une sorte d’ubérisation de la BA citoyenne, où beaucoup semblent se satisfaire d’un énième avatar de la consom’action en se persuadant de lutter contre la grande distribution. De plus, bien que cela soit inconscient ou de bonne foi chez certains, nous observons dans les discours de nombre de ces initiatives ce que l’on pourrait appeler de l’#autogestion-washing, où les #inégalités_de_pouvoir sont masqués derrière des mots-clés et des slogans (Cf. “Le test de l’Autogestion” en fin d’article).

    L’enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Et on pourrait s’en contenter et même y adhérer faute de mieux. Mais ne peut-on pas s’interroger sur les raisons de poursuivre dans des voies qui ont clairement démontré leurs limites alors même qu’un modèle semble apporter des réponses ?

    L’épicerie autogérée et autogouvernée / libre : une #utopie_libertaire qui a fait ses preuves

    Parfois nommé épicerie autogérée, #coopérative_alimentaire_autogérée, #épicerie_libre ou encore #épicerie_en_gestion_directe, ce modèle de #commun rompt nettement avec nombre des logiques décrites précédemment. Il est hélas largement invisibilisé par la communication des modèles sus-nommés et paradoxalement par son caractère incroyable au sens premier du terme : ça n’est pas croyable, ça remet en question trop de pratiques culturelles, il est difficile d’en tirer un bénéfice personnel, c’est trop beau pour être vrai…Car de loin, cela ressemble à une épicerie, il y a bien des produits en rayon mais ce n’est pas un commerce, c’est un commun basé sur l’#égalité et la #confiance. L’autogestion dont il est question ici se rapproche de sa définition : la suppression de toute distinction entre dirigeants et dirigés.

    Mais commençons par du concret ? À #Cocoricoop , épicerie autogérée à Villers-Cotterêts (02), toute personne qui le souhaite peut devenir membre, moyennant une participation libre aux frais annuels (en moyenne 45€ par foyer couvrant loyer, assurance, banque, électricité) et le pré-paiement de ses futures courses (le 1er versement est en général compris entre 50€ et 150€, montant qui est reporté au crédit d’une fiche individuelle de compte). À partir de là, chacun.e a accès aux clés, au local 24h/24 et 7 jours/7, à la trésorerie et peut passer commande seul ou à plusieurs. Les 120 foyers membres actuels peuvent venir faire leurs courses pendant et hors des permanences. Ces permanences sont tenues par d’autres membres, bénévolement, sans obligation. Sur place, des étagères de diverses formes et tailles, de récup ou construites sur place sont alignées contre les murs et plus ou moins généreusement remplies de produits. On y fait ses courses, pèse ses aliments si besoin puis on se dirige vers la caisse… Pour constater qu’il n’y en a pas. Il faut sortir une calculatrice et calculer soi-même le montant de ses courses. Puis, ouvrir le classeur contenant sa fiche personnelle de suivi et déduire ce montant de son solde (somme des pré-paiements moins somme des achats). Personne ne surveille par dessus son épaule, la confiance règne.

    Côté “courses”, c’est aussi simple que cela, mais on peut y ajouter tout un tas d’étapes, comme discuter, accueillir un nouveau membre, récupérer une débroussailleuse, participer à un atelier banderoles pour la prochaine manif (etc.). Qu’en est-il de l’organisation et l’approvisionnement ?

    Ce modèle de #commun dont la forme épicerie est le prétexte, cherche avant tout, à instituer fondamentalement et structurellement au sein d’un collectif les règles établissant une égalité politique réelle. Toutes les personnes ont le droit de décider et prendre toutes les initiatives qu’elles souhaitent. “#Chez_Louise” dans le Périgord (Les Salles-Lavauguyon, 87) ou encore à #Dionycoop (St-Denis, 93), comme dans toutes les épiceries libres, tout le monde peut, sans consultation ou délibération, décider d’une permanence, réorganiser le local, organiser une soirée, etc. Mieux encore, toute personne est de la même manière légitime pour passer commande au nom du collectif en engageant les fonds disponibles dans la trésorerie commune auprès de tout fournisseur ou distributeur de son choix. La trésorerie est constituée de la somme des dépôts de chaque membre. Les membres sont incités à laisser immobilisé sur leur fiche individuelle une partie de leurs dépôts. Au #Champ_Libre (Preuilly-Sur-Claise, 37), 85 membres disposent de dépôts moyens de 40-50€ permettant de remplir les étagères de 3500€ selon l’adage, “les dépôts font les stocks”. La personne qui passe la commande s’assure que les produits arrivent à bon port et peut faire appel pour cela au collectif.

    D’une manière générale, les décisions n’ont pas à être prises collectivement mais chacun.e peut solliciter des avis.

    Côté finances, à #Haricocoop (Soissons, 02), quelques règles de bonne gestion ont été instituées. Une #créditomancienne (personne qui lit dans les comptes bancaires) vérifie que le compte est toujours en positif et un “arroseur” paye les factures. La “crédito” n’a aucun droit de regard sur les prises de décision individuelle, elle peut seulement mettre en attente une commande si la trésorerie est insuffisante. Il n’y a pas de bon ou de mauvais arroseur : il voit une facture, il paye. Une autre personne enfin vérifie que chacun a payé une participation annuelle aux frais, sans juger du montant. Ces rôles et d’une manière générale, toute tâche, tournent, par tirage au sort, tous les ans afin d’éviter l’effet “fonction” et impliquer de nouvelles personnes.

    Tout repose donc sur les libres initiatives des membres, sans obligations : “ce qui sera fait sera fait, ce qui ne sera pas fait ne sera pas fait”. Ainsi, si des besoins apparaissent, toute personne peut se saisir de la chose et tenter d’y apporter une réponse. Le corolaire étant que si personne ne décide d’agir alors rien ne sera fait et les rayons pourraient être vides, le local fermé, les produits dans les cartons, (etc.). Il devient naturel d’accepter ces ‘manques’ s’il se produisent, comme conséquence de notre inaction collective et individuelle ou l’émanation de notre niveau d’exigence du moment.

    Toute personne peut décider et faire, mais… osera-t-elle ? L’épicerie libre ne cherche pas à proposer de beaux rayons, tous les produits, un maximum de membres et de chiffre d’affaires, contrairement à ce qui peut être mis en avant par d’autres initiatives. Certes cela peut se produire mais comme une simple conséquence, si la gestion directe et le commun sont bien institués ou que cela correspond au niveau d’exigence du groupe. C’est à l’aune du sentiment de #légitimité, que chacun s’empare du pouvoir de décider, de faire, d’expérimenter ou non, que se mesure selon nous, le succès d’une épicerie de ce type. La pierre angulaire de ces initiatives d’épiceries libres et autogouvernées repose sur la conscience et la volonté d’instituer un commun en le soulageant de tous les espaces de pouvoir que l’on rencontre habituellement, sans lequel l’émancipation s’avèrera mensongère ou élitiste. Une méfiance vis-à-vis de certains de nos réflexes culturels est de mise afin de “s’affranchir de deux fléaux également abominables : l’habitude d’obéir et le désir de commander.” (Manuel Gonzáles Prada) .

    L’autogestion, l’#autogouvernement, la gestion directe, est une pratique humaine qui a l’air utopique parce que marginalisée ou réprimée dans notre société : nous apprenons pendant toute notre vie à fonctionner de manière autoritaire, individualiste et capitaliste. Aussi, l’autogestion de l’épicerie ne pourra que bénéficier d’une vigilance de chaque instant de chacun et chacune et d’une modestie vis-à-vis de cette pratique collective et individuelle. Autrement, parce que les habitudes culturelles de domination/soumission reviennent au galop, le modèle risque de basculer vers l’épicerie participative par exemple. Il convient donc de se poser la question de “qu’est-ce qui en moi/nous a déjà été “acheté”, approprié par le système, et fait de moi/nous un complice qui s’ignore ?” ^9 (ACCARDO) et qui pourrait mettre à mal ce bien commun.

    S’affranchir de nos habitus capitalistes ne vient pas sans effort. Ce modèle-là ne fait pas mine de les ignorer, ni d’ignorer le pouvoir qu’ont les structures et les institutions pour conditionner nos comportements. C’est ainsi qu’il institue des “règles du jeu” particulières pour nous soutenir dans notre quête de #confiance_mutuelle et d’#égalité_politique. Elles se résument ainsi :

    Ce modèle d’épicerie libre diffère ainsi très largement des modèles que nous avons pu voir plus tôt. Là où la Louve cherche l’attachement via la contrainte, les épiceries autogérées cherchent l’#appropriation et l’émancipation par ses membres en leur donnant toutes les cartes. Nous soulignons ci-dessous quelques unes de ces différences majeures :

    Peut-on trouver une alternative vraiment anticapitaliste de distribution alimentaire ?

    Reste que quelque soit le modèle, il s’insère parfaitement dans la #société_de_consommation, parlementant avec les distributeurs et fournisseurs. Il ne remet pas en cause frontalement la logique de l’#économie_libérale qui a crée une séparation entre #consommateur et #producteur, qui donne une valeur comptable aux personnes et justifie les inégalités d’accès aux ressources sur l’échelle de la croyance au mérite. Il ne règle pas non plus par magie les oppressions systémiques.

    Ainsi, tout libertaire qu’il soit, ce modèle d’épicerie libre pourrait quand même n’être qu’un énième moyen de distinction sociale petit-bourgeois et ce, même si une épicerie de ce type a ouvert dans un des quartiers les plus défavorisés du département de l’Aisne (réservée aux personnes du quartier qui s’autogouvernent) et que ce modèle génère très peu de barrière à l’entrée (peu d’administratif, peu d’informatique,…).

    On pourrait aussi légitimement se poser la question de la priorité à créer ce type d’épicerie par rapport à toutes les choses militantes que l’on a besoin de mettre en place ou des luttes quotidiennes à mener. Mais nous avons besoin de lieux d’émancipation qui ne recréent pas sans cesse notre soumission aux logiques bourgeoises et à leurs intérêts et institutions. Une telle épicerie permet d’apprendre à mieux s’organiser collectivement en diminuant notre dépendance aux magasins capitalistes pour s’approvisionner (y compris sur le non alimentaire). C’est d’autant plus valable en période de grève puisqu’on a tendance à enrichir le supermarché à chaque barbecue ou pour approvisionner nos cantines et nos moyens de lutte.

    Au-delà de l’intérêt organisationnel, c’est un modèle de commun qui remet en question concrètement et quotidiennement les promesses et les croyances liées à la grande distribution. C’est très simple et très rapide à monter. Aucune raison de s’en priver d’ici la révolution !
    Le Test de l’Autogestion : un outil rapide et puissant pour tester les organisations qui s’en réclament

    À la manière du test de Bechdel qui permet en trois critères de mettre en lumière la sous-représentation des femmes et la sur-représentation des hommes dans des films, nous vous proposons un nouvel outil pour dénicher les embuscades tendues par l’autogestion-washing, en toute simplicité : “le test de l’Autogestion” :

    Les critères sont :

    - Pas d’AGs ;

    - Pas de salarié ;

    - Pas de gestion informatisée.

    Ces 3 critères ne sont pas respectés ? Le collectif ou l’organisme n’est pas autogéré.

    Il les coche tous ? C’est prometteur, vous tenez peut être là une initiative sans donneur d’ordre individuel ni collectif, humain comme machine ! Attention, le test de l’autogestion permet d’éliminer la plupart des faux prétendants au titre, mais il n’est pas une garantie à 100% d’un modèle autogéré, il faudra pousser l’analyse plus loin. Comme le test de Bechdel ne vous garantit pas un film respectant l’égalité femme-homme.

    Il faut parfois adapter les termes, peut être le collectif testé n’a pas d’Assemblée Générale mais est doté de Réunions de pilotage, n’a pas de salarié mais des services civiques, n’a pas de bureau mais des commissions/groupe de travail permanents, n’a pas de logiciel informatique de gestion mais les documents de gestion ne sont pas accessibles sur place ?
    Pour aller plus loin :

    Le collectif Cooplib fait un travail de documentation de ce modèle de commun et d’autogestion. Ses membres accompagnent de manière militante les personnes ou collectifs qui veulent se lancer (= gratuit).

    Sur Cooplib.fr, vous trouverez des informations et des documents plus détaillés :

    – La brochure Cocoricoop

    – Un modèle de Statuts associatif adapté à l’autogestion

    – La carte des épiceries autogérées

    – Le Référentiel (règles du jeu détaillées)

    – Le manuel d’autogestion appliqué aux épiceries est en cours d’édition et en précommande sur Hello Asso

    Ces outils sont adaptés à la situation particulière des épiceries mais ils sont transposables au moins en partie à la plupart de nos autres projets militants qui se voudraient vraiment autogérés (bar, librairie, laverie, cantine, camping,…). Pour des expérimentations plus techniques (ex : garage, ferme, festival,…), une montée en compétence des membres semble nécessaire.

    D’autres ressources :

    – Quelques capsules vidéos : http://fede-coop.org/faq-en-videos

    – “Les consommateurs ouvrent leur épiceries, quel modèle choisir pour votre ville ou votre village ?”, les éditions libertaires.

    https://www.frustrationmagazine.fr/coop-grande-distribution
    #alternative #grande_distribution #supermarchés #capitalisme #épiceries #auto-gestion #autogestion #gestion_directe #distribution_alimentaire

    sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/1014023

  • Tags antisémites à Levallois : un suspect juif âgé de 74 ans jugé mi-décembre Afp - Le Figaro

    Le suspect, un prothésiste dentaire de confession juive à la retraite et propriétaire du local visé par les tags, a invoqué de potentiels loyers impayés par le gérant du commerce pour expliquer son acte.

    Le tribunal de Nanterre a renvoyé jeudi au 14 décembre le procès d’un homme de 74 ans interpellé après la découverte d’inscriptions à caractère antisémite samedi sur la devanture d’un commerce casher à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Placé en garde à vue, le suspect, un prothésiste dentaire de confession juive à la retraite et propriétaire du local visé par les tags, a comparu jeudi 24 août devant le tribunal correctionnel.

    L’homme, qui comparaissait sous assistance respiratoire, a répondu de manière décousue aux questions de la présidente et invoqué de potentiels loyers impayés par le gérant de la sandwicherie pour expliquer son acte. Son avocat, Me Ian Knafou, a plaidé que son client, présenté comme « de confession juive et enfant de rescapé » de la Shoah, avait « pété un câble ».

    Dans l’attente de son procès, il a été placé sous contrôle judiciaire et a reçu l’interdiction de paraître à Levallois-Perret, de rentrer en contact avec le gérant de la sandwicherie ou de se rendre à son domicile. Le tribunal a ordonné une expertise psychiatrique du prévenu, ainsi que le demandait son conseil.

    Dans la foulée de la découverte des inscriptions, la municipalité de Levallois-Perret avait décidé d’entourer l’établissement d’une « palissade » pour cacher ces « tags immondes », dans l’attente du retour des gérants actuellement en vacances, selon la maire LR Agnès Pottier-Dumas. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’était dit sur X (ex-Twitter) « profondément choqué par ces inscriptions antisémites insupportables » et avait salué « la grande réactivité des policiers » ayant permis l’interpellation d’un autre suspect, relâché depuis. Les tags ont provoqué une vive indignation dans la classe politique.

    #antisémitisme #religion #société #justice #police #enquête #tribunal #justice

    Source : https://www.lefigaro.fr/faits-divers/tags-antisemites-a-levallois-un-suspect-age-de-74-ans-juge-mi-decembre-2023

  • #Barbie

    Parallèlement au monde réel, il existe Barbieland, un monde parfait où les poupées Barbie vivent joyeusement, persuadées d’avoir rendu les filles humaines heureuses. Mais un jour, une Barbie commence à se poser des questions et à devenir humaine.

    Sur les conseils d’une Barbie bizarre, elle part pour le monde réel afin de retrouver la fille à laquelle elle appartenait afin de pouvoir retrouver sa #perfection. Dans sa quête, elle est accompagnée par un #Ken fou amoureux d’elle qui va également trouver un sens à sa vie dans le monde réel…

    https://www.youtube.com/watch?v=5oBOyBxxHlk&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.genre-ecran.net


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbie_(film)
    #film #comédie #patriarcat #stéréotype #réalité

    • Une opération commerciale de #blanchiment_féministe

      Voilà un (trop) bel exemple de la capacité d’Hollywood de récupérer même les avancées politiques et idéologiques qui paraissent a priori les plus contradictoires avec ses visées capitalistes : soit un moment fort de la lutte d’#émancipation des femmes (depuis le déclenchement de #MeToo), une entreprise capitaliste (#Mattel) qui produit depuis 50 ans la Barbie, une #poupée mondialement célèbre figurant le #stéréotype_féminin le plus aliénant de la #société_de_consommation, et dont les ventes sont en déclin du fait des critiques féministes. Résultat : une actrice productrice, Margot Robbie, connue pour son féminisme fait appel à une jeune réalisatrice, Greta Gerwig, qui s’est fait connaître pour ses portraits progressistes de personnages féminins (Lady Bird, 2017 ; Les Filles du docteur March, 2021), pour faire un film qui reconfigure Barbie au prisme du féminisme contemporain, avec le financement de Mattel (le film a coûté 100 millions de dollars) qui orchestrera la promotion du film et la relance des ventes de poupées par la même occasion… Mattel n’a pas caché son ambition de créer une franchise, à l’image de Marvel.

      Le film porte la marque de cette alliance de la carpe et du lapin, en tentant d’orchestrer la régénération féministe du monde de Barbie, tout en voulant nous faire croire que la conception d’origine de la Barbie (par une femme) était un projet émancipateur : permettre aux petites filles de cesser de jouer à la maman avec leur poupon, pour se projeter dans une image flatteuse d’elles-mêmes en tant que femmes.

      Le film met d’abord en scène le « Barbie Land » habité par toutes les déclinaisons de la poupée que Mattel a mis sur le marché depuis 50 ans, dont celle qui se nomme elle-même comme la « #Barbie_stéréotypée » (incarnée par Margot Robbie) et qui est au centre de ce petit monde où les hommes, les Ken, ont besoin du regard des femmes pour se sentir exister (on aura reconnu l’inversion du monde où les femmes dépendent du « #male_gaze », tel que le cinéma mainstream le construit). Mais ce monde se détraque le jour où Barbie a une pensée morbide : elle devra partir dans le monde réel à la recherche de la femme qui a dessiné cette Barbie dépressive pour la neutraliser.

      Elle part avec Ken (Ryan Gosling) pour la Californie, où ils ont la surprise (divine pour Ken) de découvrir une société patriarcale où les femmes sont au service des hommes et exclues du pouvoir : le conseil d’administration de Mattel que Barbie va rencontrer, est exclusivement masculin et n’aura de cesse de faire repartir Barbie dans son monde, pour éviter toute contamination du monde réel avec le Barbie Land où le pouvoir feint d’appartenir aux femmes. Cette représentation satirique de la direction de Mattel relève davantage d’un stéréotype du cinéma hollywoodien contemporain que d’une critique réelle du capitalisme états-unien.

      Barbie rencontre deux femmes au look latino, une mère et sa fille, aussi brunes qu’elle est blonde, qui sont à l’origine de son dysfonctionnement. C’est Gloria, la mère (America Ferrera), employée chez Mattel, qui a dessiné des déclinaisons négatives de Barbie, alors que sa fille Sasha (Ariana Greenblatt) formule les critiques féministes de Barbie. Elles vont bizarrement devenir les alliées de Barbie pour l’aider à retrouver Barbie Land, qui entretemps est passé sous domination masculine, suite à la découverte faite par Ken du patriarcat dans le monde réel.

      La suite est assez confuse : la guerre des sexes dans Barbie Land donne lieu à plusieurs séquences mettant en valeur chorégraphiquement la plastique masculine, avant que les Barbies reprennent le pouvoir, galvanisées par le discours féministe de Gloria. Mais Barbie choisit finalement de revenir dans le monde réel avec ses deux alliées humaines, et sa première démarche en tant que « vraie femme » est de prendre rendez-vous dans une clinique gynécologique : on peut s’interroger sur cette fin qui réduit le discours féministe à une vision essentialiste de « la » femme…

      https://www.genre-ecran.net/?barbie=
      #féminisme

    • Féminisme et Barbie, Ana Dumitrescu

      https://blogs.mediapart.fr/ana-dumitrescu/blog/230723/feminisme-et-barbie

      Barbie : ce qui a attisé ma curiosité et m’a incité à y aller, ce sont les nombreux commentaires selon lesquels ce film est « féministe ». Mais le fond du #film tourne finalement autour de Ken et non pas de Barbie. C’est lui qui impose le débat et qui contraint l’action. Attention, je « spoile » l’intégralité du film pour le décrypter.

      un bon article opportunément signalé par @biggrizzly pour faire suite au propos d’une identitaire d’extrême droite dénonçant le wokism-féminisme (...) https://seenthis.net/messages/1011025

      (c’est pas tant l’alliance de la carpe et du lapin que féministes bankable sur le marché de la désintégration de tout discernement)

      ce Dumitrescu : #toctoc

      #cinéma

    • en vrai, Ken est un chic type, il a mis la mer à Tarbes.
      https://www.leboncoin.fr/ventes_immobilieres/2383862345.htm

      Nous vous présentons cette magnifique villa avec piscine sur le centre ville de Tarbes. Une jolie maison de 145 m2, avec 4 chambres dont une suite parentale avec salle d’eau et dressing. Maison sur 3 niveaux , avec 3 terrasse, salle de sport / fitness, grand dressing, cuisine d’été, et grand garage.

    • Greta Gerwig entre dans le club très masculin des films qui ont rapporté plus de 1 milliard de dollars
      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/08/11/avec-barbie-greta-gerwig-entre-dans-le-club-tres-masculin-des-films-qui-ont-

      EN UN GRAPHIQUE – Jamais un film réalisé par une femme, sans coréalisateur masculin, n’avait dépassé ce montant symbolique au box-office mondial.

      #$ #cinéma #femwashing

    • ça vous paraît lunaire que des gens voient dans Barbie de la promotion de l’homosexualité ?? Louise Kervella, PhD @ForzaBombardier
      https://twitter.com/ForzaBombardier/status/1691121401271574529

      L’obsession représentationniste vous aveugle vous êtes incapables de voir une critique de l’hétérosexualité
      littéralement à la fin Barbie s’émancipe de son couple qui lui apportait rien en devenant humaine et Ken comprend qu’il n’a pas besoin du regarde d’une femme pour être heureux et qu’il se suffit à lui-même
      On peut pas comprendre l’homophobie des État réactionnaires sans comprendre le rôle que joue le couple hétérosexuel dans le capitalisme à savoir la reproduction de la force de travail. Tout ce qui remet en cause le couple hétérosexuel peut-être un danger pour la classe dirigeante
      En plus on a vu plusieurs articles passer qui disaient que des femmes rompaient avec leur mec après avoir vu Barbie. C’est de ça qu’ont peur les pays qui l’interdise. Bien sûr c’est pas un film révolutionnaire non plus faut pas exagérer, mais il porte une critique

      y’a une différence entre la possibilité réelle pour le film de convaincre à l’homosexualité politique et la peur que ça arrive de la part de la bourgeoisie. Faut voir comment ils exagèrent à 1000% tous les combats féministes. Genre les suffragettes qui veulent le droit
      De vote sont présentée comme voulant asservir les hommes. Les militantes pour l’avortement sont présentées comme des tueuses d’enfants sanguinaires qui veulent que l’humanité cesse de se reproduire. Les militants pour le mariage gay sont présentés comme voulant supprimer la
      Famille hétérosexuelle. Moi ça me choque pas que Barbie qui critique un peu le patriarcat et le couple hétérosexuel, le montre comme pas nécessaire pour être heureux soit présenté comme de la promotion de l’homosexualité (en plus les hommes portent du rose)

      #hétérosexualité #couple #homosexualité

    • Barbie, la #femme_parfaite ?

      Plus de soixante ans après sa naissance, la poupée Barbie séduit toujours autant. Entre stéréotypes et discours émancipateurs, exploration d’un jouet iconique qui s’est transformé au gré des époques.

      Nul besoin de la présenter. Adoptée par plusieurs générations d’enfants, Barbie est une véritable icône intergénérationnelle. Imaginée en 1959 par la femme d’affaires américaine Ruth Handler, la célèbre poupée s’est rapidement retrouvée dans tous les foyers américains avant de conquérir le reste du monde. Astronaute, chirurgienne ou encore candidate à la présidentielle, Barbie devait initialement encourager les petites filles à se projeter dans des carrières masculines. Longtemps décriée pour sa silhouette filiforme et ses proportions irréalistes, elle incarne aujourd’hui une forme de diversité : au gré de ses avatars, elle est ainsi représentée dans un fauteuil roulant ou porteuse de trisomie 21. Désormais héroïne d’un film au prestigieux casting, la poupée est aussi devenue une influenceuse très suivie sur les réseaux sociaux.

      https://www.youtube.com/watch?v=gB_Ws3uRM5Q


      #icône #Ruth_Handler #Mattel #Lilli #poupée #modèle #Rolemodel #diversité #féminisme #féminité #jeu #hijab #voile #hijarbie #corps

  • ★ SYMBOLES ET POUVOIR – 🔴 Info Libertaire

    ★ Le Monde Libertaire ★ via Info Libertaire

    Dans son numéro 1849 (avril 2023), le Monde Libertaire publiait plusieurs articles en apparence très divers. « Pourquoi les ministres, le président et tutti quanti ont droit aux gyrophares pour griller les feux rouges ? » demande Aude R. (p. 17). Pourquoi l’inclusion grammaticale, si « dérisoire et artificielle » au regard des injustices salariales ou les agressions que les femmes subissent aux quotidien, est-elle devenue, « en ce qui concerne le féminisme, [la mesure] dont on parle le plus actuellement » ? s’interroge Marie-Claire C. (p. 19). Pourquoi la lecture de la Bible soulève-t-elle un début de débat entre Pierre S. (p. 18) et Julien O. (n° 1846, p. 47) ? Dans quelle mesure la servitude peut-elle être qualifiée de « volontaire » ?, se demande Louis J. (pp. 14-15).
    Ces sujets, en dépit de leur diversité, gravitent tous, je pense, autour d’une même question : pourquoi accordons-nous parfois davantage d’attention aux signes et aux symboles qu’à la réalité matérielle ? La question me paraît capitale pour la compréhension des formes contemporaines de l’oppression. Sans chercher ici à la résoudre, je veux entreprendre d’y apporter un peu de lumière (...)

    #société #pouvoir #symboles #anarchisme #émancipation...

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