• #SwissLeaks : #HSBC abritait l’argent du #crime
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    «  Mr Simon  » et « l’abeille reine »

    La « blanchisseuse » en chef du réseau, Thi Phuong Mai Le, était surnommée « l’abeille reine » ou « gros nichons » par ses associés. Cette Vietnamienne de 38 ans était capable de blanchir 5 millions de dollars par mois, selon le FBI. Les autorités américaines estiment qu’au moins 8 millions auraient transité par HSBC Genève. Thi Phuong Mai Le a été condamnée à quinze ans de prison en 2008. De leur côté, les deux diamantaires clients de HSBC ont poursuivi tranquillement leurs affaires. En janvier 2005, neuf mois après l’envoi de la demande d’entraide américaine qui l’impliquait dans l’opération « Candy Box », #HSBC proposait à Alain Lesser de créer une #société_offshore pour mieux échapper au #fisc belge.

    Dans le cas de « Lenny », Anh Ngoc Nguyen, les banquiers de HSBC ont poussé la complaisance encore plus loin. Lorsque les Etats-Unis ont demandé à la Suisse de bloquer les 300 000 dollars qu’il détenait chez HSBC, la banque lui a recommandé de s’adresser au cabinet d’avocats Baker & McKenzie pour s’y opposer. Rodolphe Gautier, 28 ans, brillant avocat genevois spécialisé dans la criminalité en col blanc, est parvenu à faire lever temporairement ce séquestre en invoquant un vice de forme. L’Office fédéral de la justice suisse avait omis de respecter un délai de recours de soixante-douze heures. A ce stade, HSBC aurait pu demander à son client diamantaire de débarrasser discrètement le plancher et d’aller blanchir son argent ailleurs. Mais pas du tout.

    Dès la levée du séquestre, la banque a permis à Anh Ngoc Nguyen d’ouvrir un deuxième compte et d’y transférer les fonds visés par les autorités américaines. Le diamantaire en a profité pour faire disparaître 200 000 dollars au passage. Il a fallu des mois de procédures entre les Etats-Unis et la Suisse pour faire saisir le deuxième compte. En 2007, date à laquelle s’arrêtent les données « SwissLeaks », Anh Ngoc Nguyen était toujours client de la banque genevoise.

    Des aveux accablants

    S’il a pu se jouer aisément des autorités suisses, le diamantaire de Toronto a eu la partie moins facile une fois assis dans une salle d’interrogatoire face à l’agent spécial McLeod. Inculpé et arrêté lors d’un séjour aux Etats-Unis avec sa famille, il a rapidement avoué.

    Des aveux accablants. La piste donnée par Anh Ngoc Nguyen aux enquêteurs de la DEA révèle que la banque suisse n’a pas seulement hébergé les fonds de dealers. Ses coffres ont servi de base arrière, pendant des années, à une coopérative du crime où le #blanchiment de l’argent de la #drogue, le commerce des #diamants et le# trafic d’#armes se complétaient habilement. La confession du diamantaire allait aussi permettre aux enquêteurs de la DEA de retrouver la trace d’un trafiquant d’armes israélien auquel ils s’intéressaient depuis 2001.

    Anh Ngoc Nguyen a expliqué qu’un de ses principaux partenaires dans le système de blanchiment était un homme qu’il avait rencontré peu après l’ouverture de son #compte_en_Suisse et qu’il ne connaissait que sous le nom de « Moshe ». Quand les enquêteurs lui ont présenté huit photos d’identité, son doigt s’est posé sur celle de Shimon Yelinek. Les données en possession du Monde montrent que cet homme, né en Israël en 1961, conseiller à la sécurité du dictateur congolais Mobutu Sese Seko dans les années 1980, avait pu maintenir ses comptes auprès de #HSBC au moins jusqu’en 2007, bien qu’il ait été impliqué dans d’importants trafics d’armes dès 2001. Ils abritaient un peu plus de 860 000 dollars.

    A l’époque de ses premiers exploits, Shimon Yelinek avait 40 ans. Il était installé avec son épouse, Limor, au 23e étage de l’Edificio Mirage, une des plus hautes tours de Panama. Il se faisait appeler « Mr Simon ». Ce nom et un numéro de téléphone étaient apparus en 2001 sur une note manuscrite trouvée à Anvers, lors d’une perquisition de la justice belge qui enquêtait sur un réseau de trafic d’armes et de diamants entre le Liberia et la Sierra Leone. Un réseau qui avait permis à #Al-Qaida d’échapper au blocage de ses comptes bancaires par les autorités américaines, en convertissant des dizaines de millions de dollars en diamants peu avant les attaques du 11-Septembre. C’est le FBI qui avait révélé l’identité de Shimon Yelinek à la justice belge, à partir du numéro de téléphone trouvé sur la note.

    #banques #capitalisme #finance