• Nouveau programme de renouvellement urbain : bientôt le bonheur ?
    http://larotative.info/nouveau-programme-de-847.html

    Le 15 décembre 2014, l’État a lancé son nouveau programme de renouvellement urbain, aussi appelé ANRU 2. Un programme qui va toucher trois quartiers des alentours — le Sanitas à Tours, la Rabaterie à Saint-Pierre-des-Corps et les Quartiers Nord à Blois — et qui, du moins si on en croit la prose officielle, va faire basculer leurs habitants dans le bonheur le plus grand.

    [La politique de la ville] a vu le jour il y a plus de 35 ans avec le plan « Habitant et vie sociale » en 1977 et qui a ensuite pris divers noms pour une réalité proche : essayer de traiter par l’évolution de l’urbanisme des phénomènes identifiés par l’État comme problématiques (chômage, insécurité, etc.). En ligne de fond chez les élus et les urbanistes : la croyance totale en le fait que des retouches plus ou moins importantes du cadre bâti [1] puissent suffire à améliorer une situation sociale engendrée par les politiques du même État dans d’autres domaines (emploi, éducation, social).

    Pour cela les solutions sont toujours plus ou moins les mêmes : dispersion des habitants « à problèmes » lors des procédures de relogement, modification des typologies de logement (en réduisant par exemple le nombre d’appartements de grandes tailles), embellissement des immeubles et des espaces publics et sécurisation de ceux-ci (résidentialisation des tours et des barres, vidéosurveillance, etc.), « désenclavement » grâce aux transports en commun...

    (...)

    Ce qui est bien avec les critères connus c’est qu’ils annoncent la couleur. Il va s’agir de faire dans le divers (pas trop de grands apparts pour familles pauvres), le mixte (faire venir des gens plus friqués et des boîtes), le rentable (grâce à la disponibilité foncière), le durable (vive l’économie verte) et le désenclavé (l’enclavement, cette plaie des quartiers populaires !).

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    La présentation générale pose d’emblée les choses : « le nouveau programme de renouvellement urbain, c’est changer la ville pour changer la vie ». C’est ambitieux et ça rappelle quelque chose... « changer la vie » c’est pas un vieux slogan socialiste ça ? Si, si, ça date des années 1970. Et on vous a même retrouvé l’hymne éponyme du moment (attention au volume de vos enceintes, ça peut faire mal). En 1972, « Vivre mieux, changer la vie » était le titre d’un des projets du programme commun qui consistait à demander la réduction du temps de travail, l’augmentation des salaires, la généralisation de la sécurité sociale, et de l’aide au logement. Bref, on nous ressort la bonne vieille rhétorique du changement. Mais au fait, qui croît encore aux socialos pour changer quoi que ce soit dans un sens positif ?

    #urbanisme #ville #socialisme_municipal

  • Rayons Frais : réchauffé d’arts de la rue
    http://larotative.info/rayons-frais-rechauffe-d-arts-de.html

    Jibédé, du duo Polémix et la Voix Off, s’attaque au festival tourangeau Rayon Frais, élitiste, prétentieux, où le public est filtré et contrôlé. Et le compare avec le défunt festival d’arts de la rue Au Nom de la Loire qui lui, proposait de la culture à la fois exigeante et populaire. Expérience probante, pourtant torpillée en 2003 par la mairie « socialiste ».

    Antithèse aseptisée du souffle insolent qui, dans les années 60-70-80, donne naissance à ce que l’on nomme « théâtre de rue » : spectacle qui s’offre à tous sur la place publique, sans chercher à contrôler les spectateurs. Apprécions au passage le détournement de l’expression « arts de la rue » vers « arts urbains ». Du populo vers la branchitude. Nettoyés de l’espace public et incarcérés les clowns, pitres, mimes, aboyeurs, marionnettistes, échassiers, jongleurs et autres vermines de saltimbanques. Contrôlés les bouffons et les fous du roi ! Sélectionné le public ! Rue y-es-tu ? Que fais-tu ?

    (...)

    Les quelques centaines de privilégiés qui ont le capital culturel et relationnel nécessaire pour savoir ce qu’est Rayons Frais, iront, eux. Susceptible de voter PS, c’est cette « élite cultivée » supposée « de gauche » qui était ici visée [4]. Personne d’autre. Que les pauvres restent dans leurs cités pendant que des artistes intelligents glosent sur « la Cité, le forum et l’agora ». Le tout sous couvert de « doter notre quotidien urbain d’une nouvelle mémoire ». La DRAC [5] adore ce genre de charabia qui sait élégamment masquer son mépris pour le peuple, juste bon à payer des impôts pour financer ces choses qui ne lui sont pas destinées.

    #culture_populaire #arts_de_rue #socialisme_municipal