• Gauche : Benoît Payan, un sous-marin marseillais au Nouveau Front populaire
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    Les personnages de cet article semblent agir dans une bulle loin des gens qu’ils sont censés représenter. C’est la cabale à la place du combat, seulement Melenchon/Delogu ont des rapports et une vie avec le peuple.

    Obsédé par sa réélection en 2026, le maire de Marseille craint la poussée des Insoumis dont les scrutins européens et législatifs confirment l’implantation sur ses terres d’élection. Lors des municipales de 2020, les amis de Mélenchon n’étaient pas monté dans le train du Printemps marseillais, qui avait repris la ville à la droite. L’ancien socialiste s’emploie à saper leur progression quitte à saborder le Nouveau Front populaire. Car Marseille vaut bien un gouvernement. Révélations.

    Au lendemain du second tour des législatives, la France des médias et des rédactions a redécouvert Benoît Payan : Payan par ci, Benoît par là, le Marseillais est soudainement partout, on l’entend sur France Info, LCI, sur BFM, on le lit interviewé par L’Express, on le repère signataire d’une tribune dans Libération, et on en passe.

    Benoît Payan, premier ministrable d’une gauche « raisonnable » ? Si « seul un socialiste » peut « apaiser », il prétend ne pas être celui-ci : « Je suis maire de la plus belle ville de France et il n’y a qu’elle qui compte. » Image France info

    Tous les micros tendus, le maire de Marseille professe à qui veut sa vision pour le pays et son idée d’un prochain gouvernement. Le tout inspiré de son expérience de coalition appliquée sur les rives du Vieux Port, où est posé l’hôtel de ville de Marseille. Payan reste persuadé qu’elle doit servir de matrice à la gauche, à l’échelle nationale. Et l’ancien apparatchik du PS des Bouches-du-Rhône - époque Guérini, une référence - pousse pour qu’un dirigeant de son ex-parti soit intronisé à Matignon.

    Pour le clerc de notaire, « il n’y a aucune raison que ce soit un insoumis plus qu’un autre » : « Le chef du gouvernement devra être un socialiste parce qu’il faut que le centre d’équilibre du Nouveau Front populaire soit au cœur de la gauche », assène le sudiste sur France Info. Et pas question d’une marche sur Matignon comme Adrien Quatennens en a jeté l’idée : « Qu’est-ce que c’est cette manière de faire ? », cingle Payan.

    « Doudou » Payan contre les Insoumis

    S’il se donne autant de mal, manœuvrant désormais à découvert pour faire déraper le NFP et isoler la France insoumise, après un mois d’intense lobbying en coulisses, c’est peu dire que « Doudou » Payan - le surnom attribué par les frères Guérini, quand il était leur porte-serviette - craint la montée en puissance des Insoumis. Avec trois députés ancrés sur la carte électorale marseillaise depuis 2022, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon avait largement distancé les autres listes de gauche aux dernières européennes : sur les bords du Lacydon, 21 % des voix sont allées à la liste conduite par Manon Aubry, contre seulement 11 % au PS et 5 % aux écolos. Un bon signal pour la gauche mais une alerte rouge pour le premier magistrat de la cité phocéenne, qui sait lire dans les urnes, dans l’optique des municipales de 2026.

    Contrairement à la situation nationale, et la réaction de la gauche après la dissolution déclenchée à l’Élysée, à Marseille les Insoumis font bande à part. LFI n’était pas de l’aventure du Printemps, qui a pris la main sur la municipalité après 25 ans de mandat(s) Gaudin en juillet 2020. En plein Covid, cette coalition hétéroclite - où s’est mêlent société civile, écologistes, communistes et oripeaux d’un PS local en décomposition - était parvenue à faire élire la Verte Michèle Rubirola grâce à la division de la droite, combinée à une abstention record. Six mois plus tard, la même Rubirola demandait à son premier adjoint Benoît Payan (avec qui elle formait un binôme au Département) de la remplacer, Rubirola prenant sa place de numéro 2 de la municipalité. Un switch inédit qui avait provoqué des rires à droite, des grincements de dents dans la société civile - qui voyait d’un mauvais œil le retour des professionnels de la politique et du vieux PS - et une perplexité certaine dans les rangs insoumis, absents du cénacle municipal et spectateurs passifs de cette manœuvre novatrice.

    2017, les Insoumis ciblent Marseille

    Trois ans plus tôt, en 2017, au sortir d’une élection présidentielle aussi harassante que frustrante, Jean-Luc Mélenchon avait jeté son dévolu sur Marseille pour s’y faire élire député.

    De cette ville où il a prononcé en 2012 ce qui restera peut-être son plus beau discours, devant une marée humaine sur les plages du Prado, pour sa première candidature présidentielle, il entend faire un laboratoire, y acheter une maison et y installer l’école de formation des cadres de son parti, pour préparer la conquête du pays. Les universités d’été des Insoumis y trouvent naturellement leur point de chute.

    En avril 2012, pour son dernier grand meeting de campagne, le candidat du Front de gauche prononce un discours vibrant devant plus de 100 000 personnes à Marseille, face à la Méditerranée : « Comme vous êtes émouvants, grands, beaux (...) Écoutez le souffle lent de l’Histoire (...) »... Image compte Facebook Jean-Luc Mélenchon

    Si le Che(f) est depuis reparti, laissant sa circonscription du centre-ville (la 4ème des Bouches-du-Rhône) à son bras droit Manuel Bompard, Marseille reste une place forte insoumise et une terre d’avenir. « L’institut La Boétie forme chaque année 5 à 10 militants marseillais, siffle une huile de la politique locale, admiratif. Quand ils reviennent, ce sont des soldats : dans la ligne et très efficaces. » Nul doute qu’avec les récents résultats sortis des urnes et leur patiente implantation, les LFIstes ne resteront cette fois pas hors du jeu lors des prochains scrutins locaux.

    J’appelle à un Printemps marseillais pour la France

    (Pres)sentant la tempête à venir, le maire de Marseille - qui a incontestablement du flair et a lui aussi été bien formé - a décidé de prendre les choses en main. « À Marseille, nous continuerons de faire la démonstration que l’union est la seule voie pour contrer ceux qui utilisent les colères et les fractures en portant un projet de repli et d’exclusion, prévient-il, dans un message posté sur X au soir des européennes, et de l’annonce de la dissolution. J’appelle à un Printemps marseillais pour la France. » Derrière le modèle à nouveau rabâché d’une ville aux 2600 ans d’histoire, beaucoup voit une invitation explicite à tenir les mélenchonistes à l’écart. A Marseille comme partout ailleurs.

    Un deal, et quitter la ville

    Mais l’ancien patron des Jeunes socialistes de Marseille ne s’est pas contenté seulement d’exposer sa méthode sur les plateaux des TV et des radios. D’après les informations de Blast, il s’est investi via d’autres canaux.

    « Dès le 9 au soir, il nous a appelés, se marre un conseiller ministériel. Payan nous a assuré qu’il allait se présenter dans les 13e et 14e arrondissements contre le RN, il voulait négocier pour n’avoir personne du camp présidentiel, en face. En échange, il ne poussait personne face à Sabrina Agresti-Roubache. (lire à la suite, ndlr) »

    Pour convaincre ses interlocuteurs, Payan aurait avancé d’autres arguments. « En plus il claironnait qu’il allait monter à Paris pour empêcher les négociations avec les Insoumis ». Des rodomontades prises avec des pincettes en Macronie : le chef de l’État se rappelle des promesses du même Payan en 2022, de le soutenir pour la présidentielle en remerciement du plan Marseille en Grand auquel il a été largement associé. Au final, lors du meeting tenu le 16 avril 2022, le maire avait éteint son portable et quitté la ville.

    Le 16 avril 2022, en bras de chemise, Emmanuel Macron s’adresse aux électeurs de gauche pour faire barrage à Marine Le Pen au second tour, depuis Marseille, sa « ville de cœur ». Il a beau chercher : Benoît Payan, dont il attendait la présence au premier rang de ses soutiens, n’est pas là. Image BFM

    Un incrusté à Paris

    Le 10 juin au matin, au lendemain de la sidération qui s’est abattue sur le pays avec l’annonce de la dissolution, le maire réunit les troupes de sa majorité pour une séance « de psychothérapie collective ». « Il a analysé les résultats en minorant le poids des Insoumis dans la ville, selon les mots d’un participant, dépité. On avait l’impression qu’il essayait de se convaincre, et ça a plutôt eu l’effet inverse. C’est très clair qu’il craint les Insoumis, dans la perspective de 2026. »

    Dans la foulée, le Marseillais file à Paris assister aux négociations internes à la gauche. Payan échoue à saborder l’accord, comme annoncé à ses contacts ministériels la veille, qui aboutit au lancement du Nouveau Front populaire officalisé dès ce 10 juin, et à l’annonce du programme commun (présenté le 13 juin). L’ancien porte-parole de la fédé du PS 13, qui a du métier, ne se démonte pas. Il y va alors « au flan », laissant fuiter sa détermination à se présenter face à Jean-Luc Mélenchon, si jamais le chef insoumis candidatait à nouveau à une circonscription marseillaise.

    En montrant ses muscles, Payan entend peser sur la répartition des circonscriptions. « Du bluff total, se marre rétrospectivement un conseiller municipal, mais il s’est incrusté dans les négociations. Et cela a beaucoup agacé, notamment Marine Tondelier des Verts qui aurait bien aimé le virer. »

    Au final, le Nouveau Front populaire réservera naturellement à LFI les trois circonscriptions de ses députés sortant, en accordera deux - des terres de mission, tenues par la droite et l’extrême droite - à EELV et donnera deux investitures aux candidats PS-Place publique : dans les quartiers Est de la ville, promis au RN, la secrétaire générale de Place Publique Pascaline Lécorché est envoyée ; dans les beaux quartiers, où l’élection est jouable, le maire de Marseille propulse son adjoint à l’économie, le socialiste Laurent Lhardit.

    Le 4 juillet dernier, le leader de Place Publique, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, est à Marseille pour faire campagne avec Benoît Payan et Laurent Lhardit (élu depuis député). Image compte X Laurent Lhardit

    Au terme de ces législatives anticipées, les résultats sortis des urnes dessinent une carte de Marseille où le RN est désormais bien implanté (3 députés, contre 1 précédemment), la France insoumise l’autre grande force politique (2 élus - avec également le « purgé » Hendrik Davi (1), proche de Clémentine Autin) alors que la majorité municipale compte 1 seul parlementaire. Une équation qu’il suffit de poser pour comprendre ce qu’elle implique. Et les cauchemars du maire de la ville.

    « Payan a un gros problème désormais, les circonscriptions LFI sont implantées là où il a ses proches et alliés : dans l’hypercentre, Manuel Bompard est député et la mairie tenue par un proche, Anthony Krehmeier ; dans les quartiers Nord, Delogu est devenue une star alors que la gestion de ces quartiers a été laissée par la majorité à Samia Ghali... L’équilibre bancal du Printemps marseillais ne va plus tenir très longtemps », analyse froidement un ténor de la droite, qui se réjouit de cette perspective en reconnaissant que, dans son camp, « c’est un moulon », où « on ne sait plus qui est où, entre muselieristes, Républicains canal historique, ciottistes et Horizons », et où « tout le monde veut s’exclure. »

    Payan vs Delogu : un duel de dingue(s)

    Comme rien n’est simple - aujourd’hui encore moins qu’hier -, il est amusant de savoir que le maire Benoît Payan et le député insoumis Sébastien Delogu étaient jusqu’alors très amis dans la vie. Dans un portrait consacré il y a deux ans au second par Libération, les deux se renvoyaient la balle, à qui mieux mieux.

    « Il est fou fou ! », s’exclamait Payan, devant la journaliste de Libé. « Il vous a dit que j’étais fou ? Lui aussi est fou », répliquait l’Insoumis.

    Le 1 juin 2017, dans les coulisses d’un débat sur France 3 Marseille, le sortant Patrick Mennucci et Jean-Luc Mélenchon se disputent un siège de député. Les deux ex-compagnons de l’aile gauche du PS sont devenus adversaires. Un duel des gauches toujours d’actualité. Image Olivier-Jourdan Roulot / Adieu Bourbon

    En 2017, le premier, alors conseiller départemental et patron du groupe socialiste d’opposition à Gaudin à la ville, participait en douce au comité stratégique du député PS sortant Patrick Mennucci. Un peu en retrait, étant là sans trop y être - ou le vouloir. Delogu, lui, était dans le camp d’en face. Il découvrait la politique auprès de son grand homme, Jean-Luc Mélenchon, dont il avait entendu le discours au Prado en 2012. Pendant qu’il le conduisait en ville dans son van noir, assurant aussi sa sécurité, Mélenchon lui prodiguait des conseils de lecture.

    Dans ce match indirect entre les deux amis, c’est Delogu qui l’avait emporté : Mélenchon était sorti vainqueur du duel des anciens de la Gauche socialiste (PS), s’emparant du siège de député de Mennucci. Payan ne s’en était jamais plaint, depuis.

    Lors des législatives 2017, Sébastien Delogu (à droite, au second plan) avec Jean-Luc Mélenchon, qu’il accompagne alors partout. Un premier plan, avec un journaliste de Marsactu, Patrick Mennucci. Image OJR / Adieu Bourbon

    Désormais, beaucoup pensent l’affrontement entre les « deux amis » inévitable. Il devrait se jouer plus tôt que prévu. L’article de Libé, en 2023, se concluait sur ces lignes : « L’insoumis prévient : en 2026, il soutiendra Payan, et la fois suivante, ce sera lui, le maire de Marseille. »

    Mais désormais, 2026 c’est demain et aujourd’hui déjà. Entre un Delogu député des quartiers nord, réélu au premier tour dans un fauteuil, qui incarne la gauche radicale, et un maire plus old school et conventionnel, dont le profil rassure l’électorat bourgeois du sud de la ville, l’affiche est prête.

    Si le temps de la clarification reste brumeux au niveau national, la ligne Payan - de Marseille à Paris, voire de Marseille contre Paris - est désormais lumineuse : tout sauf les insoumis.

    Dans ces conditions, pas certain que l’amitié triomphe, à la sortie. N’y qu’elle résiste, aussi belle et fofolle soit elle.

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    Agresti-Roubache : Sans Gaudin, l’amie des Macron balayée

    Proche du couple Macron, la secrétaire d’État à la ville Sabrina Agresti-Roubache, en charge du Plan Marseille, se représentait dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône. Ces quartiers du sud de la ville étaient hier encore le fief de l’indéboulonnable Jean-Claude Gaudin. En 2022, Agresti-Roubache y avait été élue de quelques centaines voix grâce... au soutien de Gaudin et de ses réseaux sans y voir aucun paradoxe - alors que le macronisme a surgi au plan national en se réclamant du grand coup de balai (de la vieille classe politique) et que la productrice avait surfé localement sur la vague anti-Gaudin, présenté avec ses héritiers... comme « le monstre ».

    Pendant la campagne, « la ministre de Marseille » a fait défiler les têtes d’affiche de la macronie et du gouvernement, dépêchés à Marseille pour tenter de sauver son siège (ici avec Gabriel Attal). Peine perdue. Image compte Instagram SAR

    Cette fois, « le Vieux » n’a rien pu faire : Gaudin est décédé quelques semaines plus tôt, en mai dernier. Et la sous-ministre qui se rêvait maire de la ville a payée cash dans les urnes le retour à la réalité, son manque d’ancrage et la faiblesse de son implantation personnelle et quelques compromissions - comme l’interview en août 2023 au nouveau JDD bollorisé, étant la première membre du gouvernement à parler à l’hebdo désormais d’extrême droite, après la purge de sa rédaction, sans même parler de son rôle dans la promotion délirante et irresponsable du cas Didier Raoult.

    Au soir du premier tour, « la ministre de Marseille » est sortie en 3ème position. Constatant son échec, elle s’est désistée au nom du barrage républicain dans une circonscription qui a finalement envoyé à l’Assemblée nationale une députée RN. Le troisième parlementaire RN de la ville.

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    (1) Actualisation le 16 juillet 24 : avec Alexis Corbière, Danielle Simonnet, Clémentine Autain et François Ruffin, Hendrik Davi a décidé de rejoindre le groupe écologiste à l’Assemblée nationale.

    Crédits photo/illustration en haut de page :
    Blast, le souffle de l’info

    #France #Marseilles #politique #LFI #socialistes_PS

  • Mars 1921 : un tournant pour le mouvement révolutionnaire. Focus sur Cronstadt.

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    La vérité sur Cronstadt, par Joseph Vanzler alias Wright
    https://www.paperblog.fr/2349148/la-verite-sur-cronstadt-par-joseph-vanzler-alias-wright

    Des membres du Forum des amis de LO ont traduit ce texte. L’original en anglais se trouve ici, sur le site marxists.org : https://www.marxists.org/history/etol/writers/wright/1938/02/kronstadt.htm (John G. Wright, The Truth about Kronstadt, February 1938)

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    Beaucoup de tapage autour de Cronstadt
    (Léon Trotsky, 15 janvier 1938)
    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1938/01/lt19380115.htm

    – Un « front populaire » d’accusateurs
    – Les groupements sociaux et politiques à Cronstadt
    – Les modifications intervenues pendant les années de la guerre civile
    – Les causes sociales du soulèvement
    – Le caractère contre-révolutionnaire de la rébellion de Cronstadt
    – La Nep et l’insurrection de Cronstadt
    – Les « insurgés de Cronstadt » sans forteresse

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    Encore sur la #répression de Cronstadt
    (Léon Trotsky, 6 juillet 1938)
    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1938/07/lt19380706.htm

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    L’insurrection de Cronstadt

    – Mars 1921 en Allemagne
    – La NEP : une retraite indispensable
    – Adresse à #Max_Hoeltz

    #archiveLO (23 mars 1871)

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    Cronstadt, de Jean-Jacques Marie (494 p.)

    – 1917 : Cronstadt la rouge
    – L’agonie du communisme de guerre
    – Les premières lueurs de l’incendie
    – Les premiers signes de l’orage
    – Chronique d’une #révolte annoncée
    – Un cocktail explosif
    – Au bord du Rubicon
    – Les « privilèges des commissaires »
    – Le passage du Rubicon
    – Les balbutiements de l’insurrection
    – Les ouvriers de Petrograd et l’insurrection
    – Qui sont les insurgés ?
    – L’attente
    – Le comité révolutionnaire provisoire
    – Premier branle-bas de combat
    – L’assaut manqué
    – Cronstadt et l’#émigration
    #Lénine, #Cronstadt et le Xe congrès du parti communiste
    – Une « troisième révolution » ?
    – Vers l’assaut final
    – Le comité révolutionnaire en action
    – L’assaut final
    – Les raisons de l’échec
    – La répression
    – Reprise en main et réorganisation
    – L’exil finlandais
    – Nouvelles alliances
    – Le commencement de la fin
    – Derniers soubresauts
    – Fin de partie
    – Interprétations

    [...] Avec la #NEP, l’#insurrection_de_Cronstadt sort du domaine de la politique pour entrer dans celui de l’histoire. Les #SR_de_droite et de gauche qui l’appuyaient disparaissent. Seuls les #anarchistes revendiquent son héritage ; ils se contentent en général de paraphraser les proclamations, déclarations et appels, pris au pied de la lettre, sans analyser la réalité sociale du mouvement, comme si l’on pouvait étudier l’activité d’un groupe d’hommes en prenant ce qu’ils disent d’eux-mêmes comme critère de vérité. L’impact international de la révolution russe, son influence, le choc en son sein entre le socialisme (national) dans un seul pays de Staline et la révolution internationale incarnée par Trotsky, le plan quinquennal, la collectivisation, tout cela éclipse Cronstadt, qui sombre dans l’oubli, comme #Makhno, mort de tuberculose et d’épuisement dans un hôpital parisien en 1934. La Révolution inconnue de l’anarchiste russe #Voline, consacrée pour un bon quart à Cronstadt, ne sera publiée qu’en 1947, deux ans après sa mort.

    Trotsky a longtemps accordé peu d’attention à l’insurrection. Dans un discours du 28 juillet 1924 sur la situation mondiale Trotsky évoque Cronstadt comme exemple d’explosion sociale « Rationner un pays affamé, écrit-il, est chose difficile, nous le savons par expérience [...]. Nous avons pu constater que le régime de la ration de famine était lié à des troubles croissants qui ont amené en fin de compte l’insurrection de Cronstadt 7 », ainsi présentée comme une conséquence des rigueurs du communisme de guerre. Dans Ma Vie, publiée en 1929, il n’y consacre qu’une demi-ligne. Dans #La_Révolution_trahie, rédigée et publiée en 1936, Trotsky évoque tout aussi brièvement cette révolte, « qui entraîna pas mal de bolcheviks ».

    La guerre civile espagnole qui éclate en juillet 1936 et les procès de Moscou, dont le premier est organisé en août 1936, replacent Cronstadt sous la lumière de l’actualité. En Catalogne et en Aragon, où les anarchistes de la Confederacion National del Trabajo (la #CNT) sont très puissants, les ouvriers et les paysans, qui à peu près seul sont mis en échec le putsch franquiste, créent des comités, collectivisent les fabriques et la terre, forment des milices et constituent un Comité central de milices antifascistes qui rassemblent ouvriers et paysans en armes. Les partisans de l’ordre existant, le PC stalinisé en tête, exigent la dissolution de ces organismes populaires autonomes. La CNT l’avalise et envoie trois ministres au gouvernement, qui proclame l’intangibilité de la propriété privée des moyens de production et de la terre. Un anarchiste, Garcia Oliver, se retrouve ainsi ministre de la Justice, à la tête de l’appareil qui a longtemps persécuté les militants de son #organisation. Pour répondre aux critiques, les dirigeants anarchistes accompagnent leur collaboration gouvernementale avec le PC espagnol d’articles exaltant l’insurrection anti bolchevik de Cronstadt, dont ils se proclament les héritiers. Il est plus aisé d’exalter Makhno et Cronstadt àBarcelone que d’y combattre la politique de Staline. En décembre 1937, Trotsky leur répond : face à Cronstadt et à Makhno « nous avions défendu la révolution prolétarienne contre la #contre-révolution paysanne. Les anarchistes espagnols ont défendu et défendent encore la contre-révolution bourgeoise contre la révolution prolétarienne ».

    Les procès de Moscou d’août 1936, janvier 1937 et mars 1938 dénoncent en Trotsky un terroriste à la solde des nazis. Réfugié au Mexique, Trotsky tente de mettre sur pied une commission d’enquête sur les procès de Moscou. Un ancien député communiste allemand, #Wendelin_Thomas, réfugié aux États-Unis, membre dela sous-commission américaine, l’interpelle publiquement sur Cronstadt et #Makhno, en suggérant que l’attitude des bolcheviks dans ces deux cas annonce Staline et le #stalinisme.

    Trotsky lui répond par une brève lettre où il souligne que les marins de 1917 s’étant disséminés sur les divers fronts, restait à Cronstadt « la masse grise avec de grandes prétentions, mais sans éducation politique et pas prête aux sacrifices révolutionnaires. Le pays était affamé. Ceux de Cronstadt exigeaient des privilèges. L’insurrection fut dictée par le désir de recevoir une ration de privilégié ». Après ce raccourci saisissant, Trotsky affirme : la victoire des insurgés aurait débouché sur celle de la contre-révolution, « indépendamment des idées qui pouvaient être dans la tête des marins », qu’il juge, par ailleurs, « profondément réactionnaires : elles reflétaient l’hostilité de la paysannerie arriérée à l’ouvrier, l’#arrogance du soldat ou du marin pour Pétersbourg “civil”,la haine du #petit-bourgeois pour la #discipline_révolutionnaire ». Une fois maîtres de la forteresse, les insurgés ne pouvaient être réduits que par les armes.

    Un mois plus tard, il écrit dans une lettre à Erwin Wolf : « Ma réponse est beaucoup trop courte, insuffisante. » En septembre 1937, Victor Serge publie un article très critique sur l’attitude des bolcheviks face à Cronstadt. Informé, Trotsky écrit le 15 octobre un bref mot au trotskiste américain Wasserman des éditions Pionners Publishers. Il y affirme nécessaire de clarifier l’histoire de Cronstadt afin de pouvoir discuter avec les anarchistes, mais ajoute : « Cependant pour beaucoup de raisons, je ne puis écrire un article sur cette question » et affirme qu’il a proposé à son fils, Léon Sedov, d’écrire un travail détaillé et documenté qu’il préfacerait. #Wasserman insiste. Trotsky lui répond le 14 novembre qu’il comprend son insistance, mais il n’a en ce moment, répond-il, ni « les matériaux nécessaires ni le temps d’un article [...] absolument exhaustif ». Si Léon Sedov peut faire ce travail, Trotsky l’utilisera pour un article. Cinq jours plus tard, il écrit à son fils : « Il est absolument nécessaire d’écrire sur Cronstadt. » Il insiste sur un point : « Les matelots paysans, guidés par les éléments les plus anti prolétariens, n’auraient rien pu faire du pouvoir, même si on le leur avait abandonné. Leur pouvoir n’aurait été qu’un pont, et un pont bien court, vers le pouvoir bourgeois. » Soulignant néanmoins que « le mécontentement était très grand », il conclut : « les #matelots en rébellion représentaient le #Thermidor_paysan », ce qui n’est pas la même chose que la réduction de la révolte à la volonté d’obtenir des privilèges. #Léon_Sedov se met au travail.

    Trotsky y revient le 16 décembre dans une lettre au trotskyste américain Wright qui vient de terminer un article sur la révolte. Il prend la question sous un angle un peu différent. Il récuse l’idée que les soldats et les marins se soient insurgés pour le mot d’ordre politique des soviets libres. « Le reste de la #garnison de Cronstadt, affirme-t-il, était composé d’hommes arriérés et passifs qui ne pouvaient être utilisés dans la guerre civile. Ces gens ne pouvaient être entraînés dans une insurrection que par de profonds besoins et intérêts économiques. [...] ceux des pères et frères de ces marins et soldats, c’est-à-dire des paysans, marchands de produits alimentaires et de matières premières. En d’autres termes, la mutinerie était l’expression de la réaction de la petite bourgeoisie contre les difficultés et privations imposées par la révolution prolétarienne. »

    Confronté à une campagne sur Cronstadt qui entrave sa bataille difficile contre les falsifications des #procès_de_Moscou, il précise enfin son analyse dans deux articles : Beaucoup de bruit autour de Cronstadt (15 janvier 1938) et Encore une fois à propos de la répression de Cronstadt (6 juillet 1938). L’insurrection, précise-t-il d’abord, exprime la révolte des paysans contre la réquisition de leur production. Les marins, en grande majorité d’origine paysanne, furent les porte-parole « de la réaction armée de la petite bourgeoisie [la paysannerie] contre les difficultés de la révolution socialiste et la rigueur de la dictature prolétarienne. C’est précisément ce que signifiait le mot d’ordre de Cronstadt “Les soviets sans communistes” ».Il affirme ensuite n’avoir personnellement pris aucune part à l’écrasement de l’insurrection, ni à la répression qui suivit, ce qui n’a à ses yeux aucune signification politique, puisque, membre du gouvernement, il a jugé nécessaire la liquidation de la révolte, a participé à la décision d’y procéder si les négociations et l’ultimatum lancé restaient sans résultat et en assume donc la responsabilité politique.

    Il y revient une dernière fois dans son Staline inachevé écrit en 1939-1940, où il range Cronstadt parmi les « #légendes reposant sur l’#ignorance et le #sentimentalisme [...]. Ce que le gouvernement soviétique fit à contrecœur à Cronstadt fut une nécessité tragique ; évidemment le gouvernement révolutionnaire ne pouvait pas “faire cadeau” aux #marins insurgés de la forteresse qui protégeait #Petrograd, simplement parce que quelques anarchistes et #socialistes-révolutionnaires douteux patronnaient une poignée de paysans réactionnaires et de soldats mutinés ». À quelques nuances près, Trotsky, de 1921 à sa mort, maintint donc la même analyse de l’insurrection.

    Tout au long des soixante-dix ans d’#Union_soviétique (#URSS) l’insurrection de Cronstadt fut (à la rare exception des discours de Lénine au Xe congrès du parti communiste) présentée comme une simple émeute contre-révolutionnaire. Le Précis d’histoire du parti communiste publié en1938, revu et corrigé personnellement par Staline, consacre plus d’une page à cet épisode. Tout en reconnaissant le mécontentement de la paysannerie à l’égard des réquisitions, il voit dans « l’émeute contre-révolutionnaire de Cronstadt un exemple patent de la nouvelle tactique de l’ennemi de classe qui se camoufla en empruntant les couleurs soviétiques ; au lieu du vieux mot d’ordre avorté “À bas les soviets !”, il lança un mot d’ordre nouveau : « Pour les soviets, mais sans les communistes” ». Qui s’était soulevé, qui étaient les émeutiers, le lecteur de ce Précis très imprécis ne pouvait pas le savoir. Ses auteurs plaçaient les « gardes blancs, les SR et les mencheviks »à la tête d’une émeute aux insurgés sans visage et sans identité. Le tome 23 de la Grande Encyclopédie soviétique publié en 1953, l’année même où mourut #Staline, reprend l’antienne en y ajoutant les manœuvres des « traîtres trotsko-zinoviévistes » vrais responsables de l’insurrection, oubliés par Staline lui-même en 1938. […]

    #Kronstadt #anarchisme #mythologie

  • Élisabeth Dmitrieff : féministe, socialiste, communarde, BALLAST
    https://www.revue-ballast.fr/elisabeth-dmitrieff-feministe-socialiste-communarde

    Qu’est-ce qui a bien pu mener une jeune femme venue de Russie à prendre la tête de la plus impor­tante orga­ni­sa­tion fémi­nine durant la Commune de Paris ? Cette femme, c’est Élisabeth Dmitrieff. Inspirée par les popu­listes russes et proche de Marx, elle s’est inves­tie dans les clubs et dans les comi­tés, en mani­fes­ta­tion et sur les bar­ri­cades, pour l’au­to­no­mie des ouvrières et leur recon­nais­sance comme sujets révo­lu­tion­naires. L’his­to­rienne éta­su­nienne Carolyn J. Eichner, autrice d’un ouvrage de réfé­rence sur les femmes et la Commune récem­ment paru sous le titre Franchir les bar­ri­cades, en a fait un por­trait, que nous tra­dui­sons. De la Russie impé­riale à la Sibérie en pas­sant par Genève, Londres et Paris, elle nous place dans les pas d’une révo­lu­tion­naire internationaliste.

    Élisabeth Dmitrieff arrive à Paris le dixième jour de la Commune. La socia­liste et fémi­niste russe, tout juste vingt ans, contacte immé­dia­te­ment les membres du Conseil. Elle ren­contre ensuite les femmes à la tête des asso­cia­tions de tra­vailleuses. Dmitrieff, envoyée de Londres comme émis­saire de Marx et du Comité cen­tral de l’Association inter­na­tio­nale des tra­vailleurs (AIT), tire alors les leçons d’une situa­tion révo­lu­tion­naire : plu­tôt que d’en faire sim­ple­ment le compte ren­du pour Londres, elle décide de mettre à pro­fit son assise théo­rique et son expé­rience dans l’or­ga­ni­sa­tion de tels mou­ve­ments pour pas­ser à l’ac­tion. Deux semaines plus tard, le 11 avril, elle affiche et publie un « Appel aux citoyennes de Paris ». Celui-ci enjoint les femmes de se battre et annonce : « Paris est blo­qué, Paris est bom­bar­dé… Citoyennes […] aux armes ! La Nation est en dan­ger ! »

    #femmes #féminisme #la_Commune #socialistes_révolutionnaires #histoire

  • A New Home for French Socialists, on Paris’s Periphery - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/01/12/world/europe/france-socialists-home-paris.html

    Mirroring the decline of Social Democrats across Europe, France’s Socialists failed to capitalize on anger over globalization and rising inequality, ceding those issues especially to far-right populists.

    Since 2017, the Socialist Party has suffered a series of electoral defeats so disastrous that its very survival remains in doubt. The biggest beneficiary, of course, has been President Emmanuel Macron himself, a former investment banker and brief interloper with Socialists before he jettisoned them in 2017 to create his own centrist party.

    The optimists cast the party’s move from Paris’s Seventh Arrondissement a year ago because of financial constraints not as a retreat but as a chance at rebirth — an opportunity to shed their image of being limousine liberals and the “gauche caviar.”

    Their new home in Ivry-sur-Seine, an eastern, working-class suburb, gentrifying in pockets, which remains a stronghold of the French Communist Party, represented that aspiration, they say.

    “The symbol we sought was to be able to say that we are, once again, among those we’re called to represent,” said Olivier Faure, the party’s secretary general, adding that the party’s former supporters had “sometimes felt abandoned once we were in power.”

    Olivier qui ?
    #socialistes #gentrification ? #banlieue

  • Berliner Jungsozialisten und die Weltrevolution: Jusos wollen den Kommunismus zurück - Berlin - Tagesspiegel Mobil
    https://m.tagesspiegel.de/berlin/berliner-jungsozialisten-und-die-weltrevolution-jusos-wollen-den-kommunismus-zurueck/25013606.html

    Den ersten vier Seiten ist zu entnehmen, dass die Genossinnen und Genossen ihren Karl Marx und Friedrich Engels gründlich gelesen haben. Denn am Schluss des Antrags stehen konsequente Forderungen: Die Verstaatlichung von Schlüsselindustrien, eine radikale Demokratisierung von Wirtschaft und Gesellschaft, die vollständige Sozialisierung der Produktionsmittel und die Durchführung eines Verfassungskonvents mit dem Ziel einer rätesozialistischen Verfassung. Aber es soll auch global gehandelt werden, mit dem Zusammenschluss aller Rätedemokratien zu einer sozialistischen Weltrepublik und dem folgt – der Kommunismus. Im Juso-Landesverband wird der Antrag eher skeptisch gesehen. Solche Maximalforderungen, so hört man, stünden derzeit nicht auf der Agenda. Nicht so mutlos, junge Garde!

    Antrag T2–2/19
    https://www.tagesspiegel.de/downloads/25014540/1/antrag-jusos-steglitz-zehlendorf.pdf

    #Berlin #socialistes #Steglitz-Zehlendorf #SPD #Jusos

  • PS, sept ans de trahisons (1/6) : François Hollande, la faute originelle, par Gérard Davet et Fabrice Lhomme
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/25/francois-hollande-la-faute-originelle_5502751_823448.html

    (…) Désabusé, Christian Eckert, ancien secrétaire d’Etat au budget, ne nie pas qu’au terme du quinquennat la déception a été au rendez-vous : « On a eu le sentiment d’accoucher d’une souris. On s’est fait un peu rouler. » Cruel sans même le vouloir, il rapporte cette interrogation formulée un jour devant lui par Hollande, alors en pleine préparation d’une interview post-quinquennat : « Quand on me reparle de cette phrase sur la finance – je sais que la question va m’être posée –, rafraîchis-moi la mémoire : qu’est-ce qu’on a fait contre la #finance ? » Les questions, parfois, en disent plus long que les réponses.

    Premier volet d’une série en six épisodes que j’ai la flemme de lire en entier mais @baroug avait l’air d’apprécier. #socialistes

  • Le #productivisme aura-t-il une fin ? - La Vie des idées
    https://laviedesidees.fr/Le-productivisme-aura-t-il-une-fin.html

    Le productivisme aura-t-il une fin ?
    À propos de : #Serge_Audier, L’Âge productiviste, hégémonie prométhéenne, brèches et alternatives écologiques, La Découverte

    par Jean Bérard , le 5 juin

    Mots-clés Télécharger l’article
    Les doctrines les plus influentes (#libérales, #socialistes, #marxistes) qui se sont affrontées depuis le XIXe siècle pour définir l’avenir des sociétés industrielles ont en partage le productivisme, dont l’#hégémonie a marginalisé les #alternatives_écologiques. Vivons-nous la fin de cette #domination ?

    https://www.liberation.fr/debats/2019/02/08/serge-audier-la-gauche-porte-une-part-de-responsabilite-historique-dans-l

  • Après les européennes, Macron lâche les freins
    https://www.latribune.fr/economie/france/apres-les-europeennes-macron-lache-les-freins-818979.html

    En perdant son duel face au RN, le chef de l’État sort affaibli du scrutin européen. Il souhaite malgré tout accélérer ses réformes.
    […]
    Pour le chercheur du CNRS au Cevipof Bruno Cautrès, « le grand clivage politique qui oppose le Rassemblement national et la République en marche a marqué une étape supplémentaire d’affirmation dans la vie politique. Ce clivage résumé par Emmanuel Macron entre progressistes-libéraux et conservateurs-nationalistes est trop schématique. Les enquêtes montrent que les progressistes viennent beaucoup de la droite ».

    #progressistes !
    … comme jadis #socialistes ;-)

  • Les 66 propositions du « pacte pour le pouvoir de vivre » , où Berger sort de sa niche avec Hulot et qu’avec L’ImMonde ils se proposent d’amender et sauver le régime
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/05/les-66-propositions-du-pacte-pour-le-pouvoir-de-vivre_5431464_3232.html

    Dans une alliance inédite, dix-neuf organisations, ONG et syndicats présentent mardi 5 mars une série de mesures pour « faire face à l’urgence sociale et économique ».

    Document. Le ton est solennel. Dans un document publié mardi 5 mars, présenté dans Le Monde par Nicolas Hulot, le président de la fondation qui porte son nom, et le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, dix-neuf organisations, ONG et syndicats mettent en garde. « Les alarmes retentissent. Qu’elles viennent de nos organisations depuis des années ou plus récemment de citoyens éloignés de la vie publique, ces alarmes disent la même chose. Un modèle de société qui génère autant d’inégalités et d’injustices et met en péril la vie sur Terre de nos enfants et petits-enfants, et de millions d’êtres humains à travers le monde, n’est plus un modèle. C’est un non-sens », écrivent ces organisations.

    Ces structures – dont l’UNSA, ATD quart-monde, la Mutualité française, France terre d’asile, le Réseau action climat, la FAGE… – sont rassemblées dans une coalition inédite en faveur d’un « nouveau pacte politique, social et écologique », qu’elles définissent comme « un pacte pour l’humain et pour l’humanité (…). Un pacte du #pouvoir_de_vivre, aujourd’hui et demain, dans la dignité et le respect, un pacte qui nous engage tous ».
    A l’appui, 66 propositions, qui vont du logement à la formation, de la lutte contre l’exclusion à la mobilité, de la fiscalité à la politique du grand âge, avec comme exigence centrale la préservation de l’environnement et des conditions de vie futures de l’humanité.

    Avec une vidéo et la liste des propositions, "un quasi-programme politique"...
    #Pacte_social

    Nicolas Hulot et Laurent Berger : « 66 propositions pour un pacte social et écologique », Propos recueillis par Simon Roger, Audrey Garric et Rémi Barroux

    Au nom d’une coalition inédite de 19 organisations, l’ancien ministre et le secrétaire général de la CFDT présentent un pacte visant à concilier transition environnementale et équité.

    Représentant une alliance de dix-neuf organisations issues de la protection de l’environnement et du mouvement social, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, et Nicolas Hulot, ancien ministre de la transition écologique qui a démissionné de son poste en août 2018, aujourd’hui président de la fondation qui porte son nom, présentent un projet « pour donner à chacun le pouvoir de vivre ». Celui-ci rompt avec la politique du gouvernement, sur fond de crise des « gilets jaunes » et de mobilisations pour le climat.

    Vous présentez, mardi 5 mars, soixante-six propositions qui forment un « pacte social et écologique ». Qu’apportez-vous de plus dans le débat actuel sur l’enjeu climatique ?

    Nicolas Hulot Notre alliance : cette coalition veut rendre définitivement indissociable l’enjeu écologique et l’enjeu social. Ce n’est pas un front de dénonciation, mais de proposition. Notre responsabilité, dans un contexte très tendu, au niveau national, européen et, plus encore, au niveau mondial, est de ne pas rester dans le constat, mais d’aller vers la construction, dans la proposition, d’additionner les intelligences et cesser de les opposer.
    Toutes les initiatives en cours, marches, mobilisation des jeunes, etc., sont autant de signaux positifs, incitatifs, à destination des politiques. Dans une démocratie qui fonctionne bien, il faut trouver une forme de synchronisation entre les aspirations citoyennes et la volonté politique.
    Un dénominateur commun existe entre elles : la double soif de cohérence et de dignité. Ces mouvements posent des questions qui doivent être entendues, notamment la demande d’équité – que chacun prenne sa part à proportion de ses moyens –, et de dignité parce qu’il y a des injustices dont on s’est accommodé trop longtemps. Ce n’est plus possible dans un monde où tout se voit, tout se sait.

    Laurent Berger A l’urgence écologique a répondu une ambition très faible. Le mouvement social, qui a bien d’autres causes, s’est cristallisé au départ sur la question de la fiscalité écologique. L’ambition sociale n’est pas antinomique du respect de l’environnement et de l’ambition écologique, et doit être au contraire construite de façon concomitante. Dans notre pacte, se retrouvent des organisations environnementales, des syndicats, des associations de lutte contre la pauvreté, sur le logement, de jeunesse et des mouvements d’éducation populaire.
    Ensemble, nous voulons affirmer l’enjeu de la transition écologique. « L’Affaire du siècle » [quatre associations attaquent l’Etat en justice pour son « inaction climatique »], mais aussi la mobilisation internationale des jeunes, le 15 mars, et la marche du 16 mars pour le climat sont autant de raisons d’espérer. Ne lâchons rien, et même allons beaucoup plus loin sur la transition écologique. Elle contribue aux solidarités, à l’emploi, à la lutte contre la pauvreté. A la condition que l’on fasse les bons choix, notamment en termes de répartition des richesses, en termes de politique fiscale. Ce n’est pas ce qui se fait aujourd’hui.

    Qu’espérez-vous concrètement avec le lancement de la plate-forme ?

    N. H. Il faut rester réaliste, d’autant qu’on est à un point de bascule dans nos sociétés. Nous ne passerons pas d’un état de scepticisme et d’inquiétude à un état d’euphorie. Il en faudrait peu pour basculer vers l’irréversible. Et il n’en faudrait pas non plus beaucoup pour qu’en y mettant des moyens et de la cohérence, on puisse faire un saut qualitatif. Mais les délais sont très courts. Les choix qui vont être faits en Europe et en France sont déterminants sur l’amplitude de la crise écologique, qui se cumule à une crise sociale, économique, culturelle et de civilisation.
    A partir du moment où il y a une expression diversifiée, massive, une injonction presque amicale aux politiques, j’attends qu’ils se sentent pousser des ailes et piochent dans notre boîte à outils, dans les propositions de ceux qui représentent des citoyens, des hommes et des femmes de terrain. Qu’ils ne voient pas cela comme un affront, mais comme une aubaine.
    Il y a une nécessité de rétablir une forme de confiance entre le politique et le citoyen. Ne tombons pas dans le travers démagogique qui est de considérer que ce serait dû au fait que le politique ne comprend rien à rien. Il a les défauts et les qualités du reste de la population. Il faut essayer de comprendre pourquoi, tous les cinq ans, on se soumet à une forme d’illusion et pourquoi, un an et demi après, on retombe sur terre violemment.
    Ce qui ne fonctionne pas, c’est qu’on ne se donne pas les moyens, c’est-à-dire qu’on se débarrasse d’un certain nombre de sujets avec des feuilles de route, des plans mais, bien souvent, sans la capacité de les réaliser, et notamment sans le nerf de la guerre : l’argent. Dans une période de transition qu’il est nécessaire d’accompagner, afin de la rendre socialement acceptable et même désirable, il faut investir.

    Dans quels secteurs ?

    N. H. Les problèmes de précarité énergétique, de mobilité, d’alimentation saine, appellent des investissements massifs. Et l’on sait bien que les marges budgétaires des Etats, si l’on tient compte des critères maastrichtiens et de la réalité de notre budget, sont réduites comme peau de chagrin. Si on ne sort pas des sentiers battus, on entretiendra encore une fois une mystification et une grande désillusion collective.
    Dans nos propositions, il y a deux choses. Premièrement, être capable d’extraire les investissements des critères européens. Deuxièmement, il faut un big bang fiscal parce que la fiscalité actuelle n’est pas juste, que le partage de l’effort n’est pas équitable. La fiscalité s’est accommodée trop longtemps de ce que les plus malins se sont organisés pour échapper à la solidarité. Parce qu’aussi, la fiscalité écologique a toujours été pensée comme additionnelle et punitive – ce qui s’est passé avec la fameuse taxe carbone –, alors qu’il faut faire en sorte qu’elle soit incitative ou dissuasive, mais sans mettre en difficulté.
    Bercy [le ministère de l’économie] doit faire son deuil sur l’affectation de la taxe carbone au budget national. Les recettes doivent être affectées à un coussin social, destiné aux gens qui se retrouvent dans une impasse. Personne ne conteste la nécessité de mettre un prix à la pollution, mais, collectivement, on s’y est très mal pris.

    L. B. Notre objectif, c’est que le gouvernement entende l’ambition que portent un certain nombre d’organisations représentant les corps intermédiaires. Celle-ci ne consiste pas en une simple liste de mesures, c’est celle d’un pacte social pour la transition écologique, la construction d’un autre modèle de développement. Pour cela, il existe plusieurs leviers dont le principal est financier. Il faut des politiques d’investissement, au niveau national comme européen, dignes de ce nom et pour cela, il faut mettre à contribution les flux financiers et rendre la finance plus responsable socialement et écologiquement.
    Le gouvernement doit comprendre que s’il se contente de retenir le troisième tiret d’une proposition, puis le quatrième d’une autre, cela ne fera pas sens. Cette transition doit se faire à hauteur de femme et d’homme. C’est cela que nous appelons le pouvoir de vivre. Nous n’avons pas seulement rédigé une contribution pour le grand débat, nous voulons nous inscrire dans la durée et peser sur les politiques menées, durablement. Et nous espérons qu’elle ne sera pas traitée d’un revers de la main.

    Pourquoi seriez-vous plus entendu aujourd’hui, alors que vous évoquez un « manque d’écoute du gouvernement »…

    L. B. Nous n’avons certes pas la certitude d’être entendus. Le gouvernement peut décider de traverser cette crise en continuant, comme avant, dans une pure logique budgétaire, sans fixer un cap de politiques sociales dans le cadre d’une vraie transition écologique. Si, à la fin du grand débat, la conclusion est soit institutionnelle, soit faite de mesurettes s’inscrivant dans un cadre budgétaire contraint, ce sera un échec. La colère ressurgira sous d’autres formes, avec des issues qui nous inquiètent profondément. Il n’y a pas qu’un enjeu écologique et social, il y a un enjeu démocratique dans la crise que nous traversons.
    Il n’y a que ceux qui n’auront pas essayé de peser sur l’issue du grand débat qui auront fait une connerie. Moi, je suis un peu plus flippé qu’il y a quelques années sur la situation sociale, écologique et démocratique. On aurait tous préféré être écoutés plus en amont. Mais il vaut mieux maintenant que jamais.

    La taxe carbone, point de départ de la colère des « gilets jaunes », peut-elle être conjuguée aux attentes sociales ?

    N. H. Pas telle qu’elle a été mise en œuvre. C’est un vieux débat. A l’époque où l’idée de fixer un prix au carbone avait été mise sur la table, je rappelle que les ONG, dont je faisais partie, avaient parlé de cette contribution climat énergie pour aider ceux qui allaient se retrouver dans la difficulté. La recette de cette taxe doit être intégralement affectée à la dimension sociale. Mais il faut quand même inciter tout le monde à la vertu, et mettre un prix à la pollution. Il faut un dispositif d’ensemble. J’ai toujours fait partie des convaincus qui estimaient que si on voulait cette transition, il fallait intégrer l’élément social. Pourquoi, d’après vous, ai-je appelé mon ministère « de la transition écologique et solidaire » ?
    Mais l’heure n’est ni au constat ni au procès du passé, notre démarche n’est pas agressive, elle est constructive. Personne n’a seul la vérité, mais chacun en détient une part. Le citoyen avec son gilet jaune a sa part de réalité mais ne mésestimons pas les corps intermédiaires, les ONG qui se sont penchées depuis longtemps sur cette question et avaient tiré le signal d’alarme.
    La fiscalité dans son ensemble est un outil de recettes pour certains, mais c’est aussi un outil de régulation. En affirmant les principes de prévisibilité, de progressivité et d’irréversibilité, en quinze ans, on peut changer les modes de production et de consommation. Qu’est-ce qui nous interdit dans la perspective européenne de mettre sur la table une TVA modulable en fonction des impacts sociaux et environnementaux ? Qu’est-ce qui nous interdit d’y aller à fond sur la taxe sur les transactions financières, car si nous ne donnons pas une bouffée d’air aux Etats, nous serons toujours condamnés à l’austérité au Nord et à la misère au Sud. Qu’est-ce qui nous interdit d’inscrire dans les priorités la fin de l’optimisation fiscale dans l’espace européen ?

    La fiscalité apparaît centrale dans votre approche…

    N. H. Si on ne met pas fin à ces injustices, je peux comprendre que la taxe carbone paraisse injuste car dans le même temps l’ISF a été supprimé. En outre, on voit que l’aviation et le transport maritime sont exonérés de cette taxe. Même si j’entends les arguments d’Emmanuel Macron sur l’intérêt d’arrêter cet impôt, il faut mettre l’ensemble de ces sujets sur la table si on veut apaiser les esprits. Que le citoyen n’ait pas le sentiment d’être le seul mis à contribution et que les plus gros pollueurs, les plus puissants, y échappent. Le moment de l’équité et de la vérité fiscale est venu.
    Dans la perspective des élections européennes, il faut mettre la barre très haut. Rien qu’en France, on a besoin de 10 à 30 milliards d’euros en plus pour investir dans la transition. Il ne faut pas les voir comme des éléments de dépense mais comme des éléments d’indépendance. Tout ce qu’on investira dans les énergies renouvelables restera dans nos frontières. Tout ce qu’on économisera grâce à l’efficacité énergétique sera autant d’argent à investir dans le social, la santé, l’éducation. Quand j’étais ministre, on me disait en permanence que, « par principe », on ne pouvait pas sortir des critères de Maastricht. Ce dont je suis sûr, c’est qu’à force de dire « on ne peut pas par principe », cela se terminera forcément mal. On ne peut pas continuer comme cela.

    Etes-vous favorables à la relance de la hausse de la taxe carbone ?

    L. B. Il y a nécessité de relancer la taxe carbone. Est-ce qu’il faut repartir sur le même mécanisme, c’est un vrai sujet. Mais donner un prix au carbone est nécessaire. Il faut aller plus loin : répartir différemment les richesses, taxer davantage les dividendes, taxer les transactions financières.

    N. H. Il faut regarder toutes les possibilités pour donner un prix à la pollution. Certains parlent d’une taxe flottante. D’autres disent que cela n’est pas possible à piloter, mais il me semble qu’en d’autres temps [entre 2000 et 2002], on a eu une TIPP [taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers] flottante. En revanche, on sait ce qu’il ne faut plus faire : une augmentation de la taxe carbone qui ne soit pas redistribuée, soit dans la transition énergétique, soit pour aider les personnes impactées qui n’auraient pas la possibilité de compenser.

    Faut-il rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ?
    L. B. On a besoin d’une contribution fiscale des plus hauts revenus. Est-ce l’ISF ? Les combats perdus ne m’intéressent pas, le gouvernement ne reviendra pas sur la suppression de l’ISF. Une régulation de la finance, en renforçant la lutte contre l’évasion fiscale ou en taxant les GAFA [les géants du numérique, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft], accompagnée par une fiscalité beaucoup plus redistributive avec, par exemple, une tranche d’impôts supplémentaire, peut permettre de dégager les moyens importants que nécessite la transition écologique. On doit mettre les moyens là où on en a le plus besoin – l’investissement productif au service de la transition écologique, la vie quotidienne des Français avec les déplacements, le logement –, et en direction des plus fragiles.

    N. H. La fiscalité écologique a été le bouc émissaire. Il y a eu un manque de transparence et la brutalité d’une hausse sans compensation. Vouloir dégager des marges de manœuvre grâce à la fiscalité écologique est une erreur. J’ai la conviction que pour Bercy, la taxe carbone a été une aubaine. Pour faire des économies, il faudrait plutôt remettre en cause les milliards de subventions aux énergies fossiles, ou revoir la fiscalité sur les dividendes et sur tout ce qui est exonéré en toute immoralité. C’est cela qui crée l’exaspération et la colère des citoyens, et qu’il faut remettre à plat.
    La transition, c’est aussi du concret. On propose, par exemple, un service public de la transition écologique avec un guichet unique. Cela fait partie de ces mille mesures qui restent lettre morte. On se fixe depuis plusieurs gouvernements des objectifs de rénovation des passoires thermiques, mais on ne met pas l’argent. Soit parce que l’on ne va pas le chercher là où il est, soit parce que l’on est prisonnier des critères de Maastricht.

    Comment trouver cet argent ?
    N. H. Les traités européens offrent des flexibilités que l’on n’exploite pas pleinement pour investir massivement dans la transition. L’urgence climatique ne justifie-t-elle pas de déroger, au moins quelques années, au court-termisme budgétaire ? Quand il y a eu la crise économique, on ne s’est pas posé la question de sortir de l’orthodoxie financière en faisant de la création monétaire, pour sauver pas seulement les banques mais aussi les épargnants. Cela a davantage servi à la spéculation plutôt qu’à l’investissement. Aujourd’hui, on s’interdit d’y penser pour sauver non seulement la planète, mais surtout l’avenir de nos enfants. Ça me rend dingue.
    On peut aussi étudier la proposition de Pierre Larrouturou et de Jean Jouzel du pacte finance-climat [qui prévoit notamment la création d’une banque et d’un fonds européen du climat, totalisant jusqu’à 300 milliards d’euros par an].

    L. B. Il faut aussi conditionner un certain nombre d’aides publiques versées aux entreprises au fait qu’elles investissent dans la transition écologique et dans des politiques sociales, comme l’intégration de personnes discriminées. Elles doivent aussi investir dans un partage de la gouvernance.

    Pourquoi la France ne sait-elle pas organiser concrètement la transition, comme assurer la mutation professionnelle liée à la fermeture d’une centrale nucléaire ?

    L. B. Notre pays ne vit que dans l’instant et pâtit d’une incapacité d’anticipation. Quand le moment des choix arrive, ils se déroulent toujours dans une forme d’hystérie et de confrontation stérile. On ne sait pas se fixer un cap clair ou tracer une trajectoire sans mettre les problèmes sous le tapis.

    N. H. Quand on s’est fixé l’objectif de réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 % d’ici à 2025, c’était un cas d’école : on met ça dans la loi de transition énergétique et plus personne ne s’en occupe. Quand on regarde après, c’est la panique. C’est pour ça que la transition doit être basée sur trois principes : prévisibilité, progressivité mais irréversibilité.

    Soutenez-vous la mobilisation des jeunes et la grève scolaire internationale du 15 mars ?

    L. B. Je préfère toujours voir des lycéens se mobiliser sur des causes nobles et justes, pour le climat, contre le racisme ou le rejet de l’autre, plutôt que sur des choix sur telle ou telle réforme de droit du travail qui les concernera un jour mais pas tout de suite. Je pense que la jeunesse a un devoir d’alerte et qu’elle l’exerce aujourd’hui. En revanche, je ne soutiens jamais la désobéissance civile. On vit avec des règles communes ; si on les respecte tous, on peut les faire évoluer.

    N. H. Je me réjouis simplement qu’ils se manifestent et expriment leur inquiétude car leur sort est entre nos mains. Je ne pratique pas la désobéissance civile, mais je n’ai pas à dire aux lycéens ce qu’ils doivent faire. Ce signal très intéressant ne peut pas laisser insensibles les uns et les autres.

    Nicolas Hulot, pensez-vous que votre démission ait été le catalyseur de ce mouvement ?

    N. H. Je ne suis pas le mieux placé pour y répondre, mais quand je regarde la chronologie des faits, je me dis que cela y a probablement contribué. Je ne l’avais pas imaginé. Je me réjouis de toutes ces initiatives, positives, constructives et pacifiques. Cela me redonne un peu d’espoir.

    Toujours prévoir un ersatz de #sociale-démocratie au cas où ça tangue trop fort.

    • « Le syndicat le plus constructif de France » : Comment Laurent Berger est devenu le premier opposant à Emmanuel Macron, [rire un peu avec] Françoise Fressoz
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/03/09/comment-laurent-berger-est-devenu-le-premier-opposant-a-emmanuel-macron_5433

      Depuis le début du quinquennat, le secrétaire général de la CFDT tente de s’inscrire dans une opposition constructive au chef de l’Etat pour rénover la social-démocratie.

      Ne dites pas à Laurent Berger qu’il fait de la politique, il vous répondra que « la CFDT assume ce qu’elle est : un syndicat de transformation sociale ». Ne lui rétorquez pas qu’il est en train de s’imposer comme l’opposant numéro un au chef de l’Etat dans le camp de la social-démocratie moribonde, il vous assurera la main sur le cœur qu’il n’est « ni dans le combat politique ni dans une opposition à Emmanuel Macron, mais dans une démarche constructive ». Et pourtant, à 50 ans, le secrétaire général de la CFDT est en train de changer de stature. [tadadam !]

      Naguère discret, le syndicaliste occupe le devant de la scène politique, comme s’il était le dernier survivant de la famille sociale-démocrate mise en déroute par l’élection du candidat d’En marche ! Son dernier coup d’éclat ? La publication, mardi 5 mars, d’un « pacte social et écologique » soutenu par dix-neuf organisations, comportant soixante-six propositions concrètes, doublée d’un entretien croisé dans Le Monde avec l’ex-ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot. L’emblématique défenseur de l’environnement avait dit oui à Emmanuel Macron en mai 2017, avant de quitter le gouvernement en août 2018, estimant n’avoir pas les moyens de son action.

      Ce que proposent aujourd’hui les deux hommes est un véritable manifeste politique centré sur la compatibilité entre l’écologie et le social avec des propositions qui sont autant de contestations de l’action en cours : plus grande progressivité de l’impôt, taxation des hauts patrimoines, fin des dérogations bénéficiant aux revenus du capital, etc. En plein grand débat national, le texte aurait dû être logiquement porté par la gauche réformiste, si celle-ci n’était sortie exsangue de l’élection présidentielle.

      Fin janvier, L’Obs avait consacré sa « une » au syndicaliste, voyant en lui le digne héritier d’Edmond Maire (ex-secrétaire général de la CFDT) et le phare de la reconstruction de la deuxième gauche. Et tant pis si sa visibilité reste encore faible. Dans les rangs syndicaux, on ne s’improvise pas leader comme cela. Laurent Berger le Nantais a été repéré en 2003 par François Chérèque et a gagné ses galons un à un, en se faisant élire puis réélire patron de la CFDT, au terme d’un minutieux travail de terrain. Puis, il a hissé son organisation au rang de premier syndicat de France et cela l’a libéré.

      « Heureusement qu’il est là ! »

      Dans un pays où la gauche réformiste a toujours eu du mal à s’assumer, rongée par la culpabilité de n’être jamais suffisamment révolutionnaire, lui revendique haut et fort le positionnement que la centrale assume avec constance depuis l’éviction des trotskistes en 2003. « Je ne me lève pas chaque matin en me demandant ce que va dire Philippe Martinez [le secrétaire général de la CGT] », s’amuse-t-il.

      Sous le précédent quinquennat, cela donnait lieu à des discussions épiques avec François Hollande. « Assume donc tes conquêtes au lieu de t’en excuser » , conseillait le syndicaliste au chef de l’Etat, qui n’a pourtant cessé de louvoyer entre son aile sociale-démocrate et son aile sociale-libérale, pour finir par être dépassé par cette dernière.

      Même s’il déplore un beau gâchis, le leader cédétiste n’a jamais rompu le dialogue avec l’ancien président. Lorsque la Fondation Jean-Jaurès l’a auditionné à l’automne 2018 pour tirer l’inventaire du précédent quinquennat, Laurent Berger n’a pas chargé la barque, contrairement à beaucoup d’autres. Les deux hommes continuent d’échanger avec plaisir mais sans exclusive.

      Article réservé à nos abonnés : L’autopsie sans complaisance du quinquennat Hollande par la Fondation Jean-Jaurès

      Le syndicaliste a aussi des contacts réguliers avec Bernard Cazeneuve, Jean-Marc Ayrault, Michel Sapin et beaucoup d’autres dans les rangs #socialistes et #écologistes. « Heureusement qu’il est là ! », s’exclament ces derniers en substance.

      Mais plus les éloges fusent, plus le syndicaliste se braque. « Si la #gauche pense qu’elle peut me récupérer, elle se fourre le doigt dans l’œil ! », dit-il au Monde. Pas touche à l’autonomie de la CFDT, c’est son ADN [qu’une série de mutations génétiques initiées durant les 70 a totalement retournée] . Tout comme l’est sa volonté de s’affirmer encore et toujours comme le syndicat le plus constructif de France .

      Créer un rapport de force

      Oui, mais comment le démontrer sans débouché politique ? C’est la question autour de laquelle tourne Laurent Berger depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Pour prouver son utilité, il doit créer un rapport de force, donc jouer la surenchère. C’est la grande nouveauté par rapport à l’ère Hollande. Il n’y était pas forcément préparé car, a priori, rien d’incompatible entre lui et le président. A la fin de l’étrange printemps 2017, l’ex-secrétaire générale de la CFDT #Nicole_Notat avait d’ailleurs appelé à voter Macron. Et une grande partie des adhérents l’avait suivie, tout comme une majorité d’électeurs socialistes.

      Mais, depuis le début du quinquennat, le courant ne passe pas. « J’ai des discussions intéressantes avec le président mais, à certains moments-clés, lorsque certains mots sont prononcés comme ceux de solidarité ou de pauvreté, je vois son regard partir ailleurs », a récemment confié à un proche Laurent Berger, très troublé, de retour d’un tête-à-tête avec le chef de l’Etat.

      Lire aussi La gauche salue le « pacte » proposé par Laurent Berger et Nicolas Hulot [sic]

      Au sein de la majorité, un certain nombre d’élus ou de responsables regrettent d’ailleurs que le quinquennat se déporte trop à droite et néglige l’apport capital, à leurs yeux, du syndicat réformiste. Lorsque, en plein mouvement des « #gilets_jaunes », le premier ministre Edouard Philippe éconduit maladroitement le leader de la CFDT en refusant le « Grenelle du pouvoir de vivre » qu’il vient de proposer, le président du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale, Gilles Le Gendre, le rattrape par la manche en l’invitant, le 14 janvier, à intervenir devant les députés de la majorité. Laurent Berger y est ovationné.

      « Je n’ai pas de problème personnel avec Emmanuel Macron, je ne suis ni son ami ni son ennemi », tient aujourd’hui à préciser le leader syndical, faisant valoir que ce qui envenime leur relation dépasse largement le cadre du ressenti personnel.

      « Ce qui est en jeu, c’est la nature et l’ampleur de la recomposition politique en cours, analyse Gérard Grunberg, directeur de recherche émérite CNRS au Centre d’études européennes de Sciences Po. Soit il y a encore de la place pour une gauche sociale-démocrate rénovée, soit on va vers une recomposition à l’américaine autour d’un parti démocrate social-libéral. »

      Pour un retour en force des partenaires sociaux
      Laurent Berger joue clairement la première option. Le syndicaliste supporte mal le discours présidentiel autour des « premiers de cordée » qui néglige la notion « d’émancipation collective » chère à la CFDT. « On grandit avec les autres et dans les autres », martèle l’ancien adhérent de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), qui met en cause le bonapartisme du président, cette « vision personnelle » du pouvoir.

      Ce que reproche en retour Emmanuel Macron à la CFDT, comme aux autres syndicats, n’est pas moins lourd. Le président les tient pour responsables de ne pas vouloir assumer leur part dans la transformation qu’il appelle de ses vœux. « Si la CFDT avait fait son travail, on n’en serait pas là », soupire souvent M. Macron devant ses proches, en évoquant, entre autres, le chômage de masse qui gangrène le pays.
      Le mouvement des « gilets jaunes » n’a pas permis de solder la querelle. Certes, il a fait vaciller le pouvoir, mais sans épargner les syndicats, qui se sont sentis débordés et contestés. Là où Laurent Berger plaidait pour un retour en force des partenaires sociaux, le président a répondu par un grand débat national qui a conforté sa relation directe aux Français.
      L’idée que les syndicats, comme les partis, sont « mortels » s’ils ne se régénèrent pas, que le pays traverse un épisode dangereux pour la démocratie, parce que ses structures se désagrègent, éclaire toute sa démarche. « Il faut resserrer les liens avec la société civile et les territoires, martèle le syndicaliste. Si on veut éviter que le pays s’hystérise encore plus, il faut savoir entendre les différentes aspirations, dialoguer et concerter. »

      Depuis deux ans, le leader de la CFDT a intensifié le travail avec les intellectuels, les fondations, mais aussi les associations, pour faire émerger des propositions communes sur tous les grands sujets, devenant ainsi « le navire amiral de la société civile sociale-démocrate », selon l’expression du directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein. « Laurent Berger a parfaitement compris l’importance de l’enjeu environnemental. Il renoue avec ce qu’avait tenté de faire le syndicat dans les années 1970 en travaillant sur ce sujet avec les ONG », observe l’ancien secrétaire confédéral de la CFDT, Richard Robert, éditeur du site Internet Telos.

      « Je veux être utile », répète comme un mantra Laurent Berger, sans pour autant cacher que son alliance avec le très médiatique et populaire Nicolas Hulot est un pavé dans la mare. « Après ça, je ne crois pas qu’ils puissent nous mépriser totalement », jubile-t-il en désignant l’Elysée et Matignon. Quelques heures après la publication du manifeste, le chef de file de la CFDT a reçu ce SMS dithyrambique de Gilbert Cette, professeur d’économie associé à l’université Aix-Marseille, qui avait conseillé Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle : « Bravo pour ce texte, tu positionnes la CFDT comme le grand syndicat réformiste du XXIe siècle ! »

      La réaction de LRM, qui doit présenter sa contribution au grand débat dimanche 10 mars, est bien plus mesurée. « Je me retrouve sur le projet de société, sur le fait de remettre les citoyens au cœur et de penser les sujets de transition comme un tout », réagit le délégué général du parti présidentiel, Stanislas Guerini. Mais pas question pour autant d’avaliser les propositions du syndicaliste.
      « Je ne suis pas sûr qu’être dans la surenchère soit efficace. La période est tellement particulière qu’elle appelle chacun à se dépasser », souligne pour sa part le conseiller d’Emmanuel Macron Philippe Grangeon. Pas de doute, Laurent Berger fait de la politique.

      #CFDT #syndicat_jaune

  • Eau et assainissement : La mafia de Veolia et Suez remporte le match

    https://www.ladepeche.fr/article/2018/12/14/2924742-eau-et-assainissement-veolia-et-suez-remportent-le-match.html

    Toulouse Métropole a voté hier pour la délégation des services de l’eau et de l’assainissement respectivement à Veolia et Suez qui ont proposé « le prix le plus bas de France ».

    Pas facile en politique comme au football de sortir de l’angle du terrain où l’adversaire vous a coincé. Depuis juin 2017, pour choisir le mode de gestion de l’eau et de l’assainissement dans ses 37 communes, un enjeu technique mais aussi hautement politique, Toulouse Métropole s’est lancée dans la comparaison entre l’exploitation directe par ses agents et la délégation de ce service public à une entreprise privée. Les résultats sont tombés le 13 novembre : à cahier des charges équivalent, l’option Veolia pour l’eau et Suez pour l’assainissement est moins chère de 55 centimes par m3 que la régie directe (soit 2,91 € contre 3,46). C’est la préférence alors exprimée par Jean-Luc Moudenc, président de la Métropole.

    Hier, lors de l’assemblée des élus, qui a majoritairement approuvé les deux délégations, Pierre Trautmann, après le rappel de la procédure, a conclu sur ces mêmes chiffres : les délégations permettront une économie annuelle de 120 € en moyenne sur la facture pour une consommation de 120 m3 sur l’ensemble des 37 communes. Soit une économie de 49,70 € à 254,50 € par an selon les communes.

    Voilà, en ces temps de manif des Gilets jaunes, un « gain de pouvoir d’achat » ne s’est pas privé de marteler la majorité. Et un argument massue. « Nous avons le prix le plus bas de France », a répété, tableau à l’appui, Pierre Trautmann qui, dit-il, a été le premier surpris par les propositions de Veolia et Suez.
    Le poids de l’opinion

    Pour sortir du « corner », les quatre groupes minoritaires partisans de la gestion publique ont choisi la même tactique : contester la comparaison. « Les conditions des études ne sont pas égalitaires entre les deux modes de gestion », a résumé Martine Croquette (PCF). « Un prix en régie de 3 €, voire moins, c’est possible », a assuré François Lépineux (Métropole Citoyenne). Claude Raynal (PS) a jugé aussi que les écarts pouvaient être plus serrés. Et qu’il aurait été « utile de revisiter l’étude régie ». Sa préférence allant à une solution mixte : eau en régie, l’assainissement en délégation.

    Deuxième axe de la contre-attaque : rappeler pourquoi, à leurs yeux, la gestion directe est préférable. Ce qu’a fait Claude Touchefeu (Génération-s) : « il existe des domaines qui doivent être extraits de la logique marchande pour garantir transparence, qualité et contrôle. »

    La stratégie suffira-t-elle à emporter l’opinion ? Raymond-Roger Stramare (groupe des indépendants) a ramené la balle sur le terrain du prix : « Comment pourrions-nous expliquer à nos concitoyens le choix d’une régie plus chère ? » Jean-Luc Moudenc a lui enchaîné les tirs, ajoutant notamment « la hausse des investissements, le renforcement du contrôle par la puissance publique et l’instauration d’un contrôle citoyen ».
    Le groupe socialiste se divise

    À l’issue d’un débat qui n’a jamais dérapé, le vote, à main levée, a donné le résultat suivant : sur 134 élus, une élue ne prend pas part au vote (Dominique Faure, employée parle cabinet d’audit Grant Thornton qui intervient dans la procédure, et ex-de Veolia), 13 abstentions, 36 votes contre la délégation de service public et 84 pour. Les groupes Métropole citoyenne, PCF et Génération-s ont tous voté contre. Le groupe radical s’est partagé en deux, comme souvent, avec cinq voix pour. Et surtout le groupe socialiste a donné à voir l’image de la division. Sur 27 membres, 13 ont voté contre la délégation, comme le président du groupe Claude Raynal, 13 se sont abstenus et 1 a voté pour. Ce dernier, Jacques Sébi, maire de Montrabé, qui n’est plus au PS, a expliqué au micro : « on ne me demande pas si je suis pour la régie ou la délégation mais si je suis pour ce contrat ». Du côté des contre, on trouve deux maires, Karine Traval-Michelet (Colomiers) et Marie-Dominique Vézian (Saint-Jean). Du côté de l’abstention se range une majorité de maires. Ils sont huit : Gérard André (Aucamville), Brigitte Calvet (Aigrefeuille), Dominique Coquart (Villeneuve-Tolosane), Patrick Delpech (Gratentour), Robert Grimaud (Fontbeauzard), Lysiane Maurel (Aussonne), Patrice Rodrigues (Beauzelle) et Michel Rougé (Launaguet). Autant d’élus qui étaient même prêts à voter pour mais que leur président de groupe a ramenés, en partie, dans le droit chemin de la ligne politique.
    Le chiffre : 1, 3

    milliard d’€> Chiffre d’affaire. Les délégations de service public de l’eau et de l’assainissement représentent, sur douze ans, la durée du contrat, un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’€.
    Jean-Noël Gros

    #privatisation
    #services_publics
    #moudenc
    #eau
    et surtout #honte aux #socialistes qui n’ont même pas su voter contre

    Ce que ne disent pas les journalistes c’est qu’une fois les services revendus à ces prédateurs, la dépendance sera telle que les prix pour l’eau et l’assainissement vont flamber pour les particuliers. En pleine période Gilets Jaunes, Moudenc, le maire de Toulouse fait la preuve qu’il est un très mauvais gestionnaire pour sa ville, mais surement pas pour son porte monnaie.

  • Chlordécone : les Antilles empoisonnées pour des générations, Faustine Vincent (Guadeloupe, envoyée spéciale de Le Monde)

    La quasi-totalité des Guadeloupéens et des Martiniquais sont contaminés par ce pesticide ultra-toxique, utilisé massivement de 1972 à 1993 dans les bananeraies. Une situation unique au monde.

    Il a vu ses collègues tomber malades et mourir tour à tour sans comprendre. « Cancer, cancer, cancer… C’est devenu notre quotidien. A l’époque, on ne savait pas d’où ça venait », se souvient Firmin (les prénoms ont été modifiés) en remontant l’allée d’une bananeraie de Basse-Terre, dans le sud de la Guadeloupe. L’ouvrier agricole s’immobilise sur un flanc de la colline. Voilà trente ans qu’il travaille ici, dans ces plantations verdoyantes qui s’étendent jusqu’à la mer. La menace est invisible, mais omniprésente : les sols sont contaminés pour des siècles par un pesticide ultra-toxique, le chlordécone, un perturbateur endocrinien reconnu comme neurotoxique, reprotoxique (pouvant altérer la fertilité) et classé cancérogène possible dès 1979 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

    Ce produit, Firmin l’a toujours manipulé à mains nues, et sans protection. « Quand on ouvrait le sac, ça dégageait de la chaleur et de la poussière, se rappelle-t-il. On respirait ça. On ne savait pas que c’était dangereux. » Il enrage contre les « patrons békés », du nom des Blancs créoles qui descendent des colons et détiennent toujours la majorité des plantations. « Ils sont tout-puissants. Les assassins, ce sont eux, avec la complicité du gouvernement. »

    Lire aussi : La banane antillaise veut contrer sa rivale bio
    https://lemonde.fr/economie/article/2017/03/06/la-banane-antillaise-veut-contrer-sa-rivale-bio_5089822_3234.html

    La France n’en a pas fini avec le scandale du chlordécone aux Antilles, un dossier tentaculaire dont les répercussions à la fois sanitaires, environnementales, économiques et sociales sont une bombe à retardement. Cette histoire, entachée de zones d’ombre, est méconnue en métropole. Elle fait pourtant l’objet d’une immense inquiétude aux Antilles, et d’un débat de plus en plus vif, sur fond d’accusations de néocolonialisme.

    Aux Antilles, le scandale sanitaire du chlordécone
    https://lemonde.fr/planete/article/2010/06/22/aux-antilles-le-scandale-sanitaire-du-chlordecone_1376700_3244.html

    Tout commence en 1972. Cette année-là, la commission des toxiques, qui dépend du ministère de l’agriculture, accepte la demande d’homologation du chlordécone. Elle l’avait pourtant rejetée trois ans plus tôt à cause de la toxicité de la molécule, constatée sur des rats, et de sa persistance dans l’environnement. Mais le produit est considéré comme le remède miracle contre le charançon du bananier, un insecte qui détruisait les cultures.

    Les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique en seront aspergées massivement pendant plus de vingt ans pour préserver la filière, pilier de l’économie antillaise, avec 270 000 tonnes produites chaque année, dont 70 % partent pour la métropole.

    La France finit par interdire le produit en 1990, treize ans après les Etats-Unis. Il est toutefois autorisé aux Antilles jusqu’en septembre 1993 par deux dérogations successives, signées sous François Mitterrand par les ministres de l’agriculture de l’époque, Louis Mermaz et Jean-Pierre Soisson. Des années après, on découvre que le produit s’est répandu bien au-delà des bananeraies.

    Le ministère de l’agriculture mis en cause dans un rapport sur le chlordécone
    https://lemonde.fr/planete/article/2010/08/24/le-ministere-de-l-agriculture-mis-en-cause-dans-un-rapport-sur-le-chlordecon

    Aujourd’hui encore, le chlordécone, qui passe dans la chaîne alimentaire, distille son poison un peu partout. Pas seulement dans les sols, mais aussi dans les rivières, une partie du littoral marin, le bétail, les volailles, les poissons, les crustacés, les légumes-racines… et la population elle-même.

    LE CHLORDÉCONE ÉTANT UN PERTURBATEUR ENDOCRINIEN, « MÊME À TRÈS FAIBLE DOSE, IL PEUT Y AVOIR DES EFFETS SANITAIRES »
    SÉBASTIEN DENYS, DIRECTEUR SANTÉ ET ENVIRONNEMENT DE L’AGENCE SANTÉ PUBLIQUE FRANCE
    Une étude de Santé publique France, lancée pour la première fois à grande échelle en 2013 et dont les résultats, très attendus, seront présentés aux Antillais en octobre, fait un constat alarmant : la quasi-totalité des Guadeloupéens (95 %) et des Martiniquais (92 %) sont contaminés au chlordécone. Leur niveau d’imprégnation est comparable : en moyenne 0,13 et 0,14 microgrammes par litre (µg/l) de sang, avec des taux grimpant jusqu’à 18,53 µg/l.

    Pesticides : les preuves du danger s’accumulent
    https://lemonde.fr/planete/article/2013/06/13/pesticides-les-preuves-du-danger-s-accumulent_3429549_3244.html

    Or, le chlordécone étant un perturbateur endocrinien, « même à très faible dose, il peut y avoir des effets sanitaires », précise Sébastien Denys, directeur santé et environnement de l’agence. Des générations d’Antillais vont devoir vivre avec cette pollution, dont l’ampleur et la persistance – jusqu’à sept cents ans selon les sols – en font un cas unique au monde, et un véritable laboratoire à ciel ouvert.

    Récolte dans une bananeraie de la propriété Dormoy, à Capesterre-Belle-Eau (Guadeloupe), en novembre 2000.
    Record du monde de cancers de la prostate

    En Guadeloupe, à cause des aliments contaminés, 18,7 % des enfants de 3 à 15 ans vivant dans les zones touchées sont exposés à des niveaux supérieurs à la valeur toxicologique de référence (0,5 µg/kg de poids corporel et par jour), selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Un taux qui s’élève à 6,7 % en Martinique. Cette situation est là encore « unique », s’inquiète un spécialiste de la santé publique, qui préfère garder l’anonymat :

    « On voit parfois cela dans des situations professionnelles, mais jamais dans la population générale. »
    La toxicité de cette molécule chez l’homme est connue depuis longtemps. En 1975, des ouvriers de l’usine Hopewell (Virginie), qui fabriquait le pesticide, avaient développé de sévères troubles neurologiques et testiculaires après avoir été exposés à forte dose : troubles de la motricité, de l’humeur, de l’élocution et de la mémoire immédiate, mouvements anarchiques des globes oculaires… Ces effets ont disparu par la suite, car le corps élimine la moitié du chlordécone au bout de 165 jours, à condition de ne pas en réabsorber. Mais l’accident fut si grave que les Etats-Unis ont fermé l’usine et banni le produit, dès 1977.

    Lire aussi : Guadeloupe : monstre chimique
    https://lemonde.fr/planete/article/2013/04/16/guadeloupe-monstre-chimique_3160656_3244.html

    Et en France, quels risques les quelque 800 000 habitants de Martinique et de Guadeloupe courent-ils exactement ? Les études menées jusqu’ici sont édifiantes – d’autres sont en cours. L’une d’elles, publiée en 2012 par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), montre que le chlordécone augmente non seulement le risque de prématurité, mais qu’il a aussi des effets négatifs sur le développement cognitif et moteur des nourrissons.

    Impact de l’exposition au chlordécone sur le développement des nourrissons
    https://presse.inserm.fr/impact-de-lexposition-au-chlordecone-sur-le-developpement-des-nourrissons/3624

    Le pesticide est aussi fortement soupçonné d’augmenter le risque de cancer de la prostate, dont le nombre en Martinique lui vaut le record du monde – et de loin –, avec 227,2 nouveaux cas pour 100 000 hommes chaque année. C’est justement la fréquence de cette maladie en Guadeloupe qui avait alerté le professeur Pascal Blanchet, chef du service d’urologie au centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre, à son arrivée, il y a dix-huit ans. Le cancer de la prostate est deux fois plus fréquent et deux fois plus grave en Guadeloupe et en Martinique qu’en métropole, avec plus de 500 nouveaux cas par an sur chaque île.

    Intrigué, le professeur s’associe avec un chercheur de l’Inserm à Paris, Luc Multigner, pour mener la première étude explorant le lien entre le chlordécone et le cancer de la prostate.
    http://ascopubs.org/doi/abs/10.1200/jco.2009.27.2153
    Leurs conclusions, publiées en 2010 dans le Journal of Clinical Oncology, la meilleure revue internationale de cancérologie, révèlent qu’à partir de 1 microgramme par litre de sang, le risque de développer cette maladie est deux fois plus élevé.

    « Affaire de gros sous »

    Entre deux consultations, Pascal Blanchet explique, graphique à l’appui : « Comme les Antillais sont d’origine africaine, c’est déjà une population à risque [du fait de prédispositions génétiques]. Mais là, la pollution environnementale engendre un risque supplémentaire et explique une partie des cas de cancers de la prostate. »

    Urbain fait partie des volontaires que le professeur avait suivis pour son étude. Cet agent administratif de 70 ans, au tee-shirt Bob Marley rehaussé d’un collier de perles, reçoit chez lui, près de Pointe-à-Pitre. Son regard s’attarde sur ses dossiers médicaux empilés sur la table du jardin, tandis que quelques poules déambulent entre le manguier et sa vieille Alfa Roméo.

    « J’AI ÉTÉ INTOXIQUÉ PAR CEUX QUI ONT PERMIS D’UTILISER CE POISON, LE CHLORDÉCONE. AUJOURD’HUI JE SUIS DIMINUÉ », CONFIE
    URBAIN, OPÉRÉ D’UN CANCER DE LA PROSTATE
    Quand il a appris qu’il était atteint d’un cancer de la prostate, Urbain s’est d’abord enfermé dans le déni. « C’est violent. On se dit qu’on est foutu », se souvient-il. Un frisson parcourt ses bras nus. « J’ai été rejeté. Les gens n’aiment pas parler du cancer de la prostate ici. » La maladie fait l’objet d’un double tabou : la peur de la mort et l’atteinte à la virilité dans une société qu’il décrit comme « hypermachiste ». « Mais les langues se délient enfin », se réjouit-il.

    L’idée de se faire opérer n’a pas été facile à accepter. « Et puis je me suis dit : merde, la vie est belle, mieux vaut vivre sans bander que mourir en bandant ! » Il rit, mais la colère affleure aussitôt : « J’ai été intoxiqué par ceux qui ont permis d’utiliser ce poison, le chlordécone. Aujourd’hui je suis diminué. » Selon lui, « beaucoup de gens meurent, mais le gouvernement ne veut pas le prendre en compte. Si c’était arrivé à des Blancs, en métropole, ce serait différent. Et puis, c’est aussi une affaire de gros sous ».

    Ce qui se joue derrière l’affaire du chlordécone, c’est bien la crainte de l’Etat d’avoir un jour à indemniser les victimes – même si prouver le lien, au niveau individuel, entre les pathologies et la substance sera sans doute très difficile. Mais l’histoire n’en est pas encore là. Pour l’heure, les autorités ne reconnaissent pas de lien « formel » entre le cancer de la prostate et l’exposition au chlordécone. Une étude lancée en 2013 en Martinique devait permettre de confirmer – ou non – les observations faites en Guadeloupe. Mais elle a été arrêtée au bout d’un an. L’Institut national du cancer (INCa), qui l’avait financée, lui a coupé les fonds, mettant en cause sa faisabilité.

    La nouvelle est tombée sous la forme d’un courrier signé par la présidente de l’INCa à l’époque, Agnès Buzyn, devenue depuis ministre de la santé. Quatre ans après, Luc Multigner, qui pilotait l’étude à l’Inserm, reste « estomaqué » par les arguments « dénués de tout fondement scientifique » avancés par le comité d’experts pour justifier cette interruption. « Je les réfute catégoriquement, affirme le chercheur. Si on avait voulu empêcher la confirmation de nos travaux antérieurs en Guadeloupe, on ne s’y serait pas pris autrement », souligne-t-il.

    Lire aussi : En Guadeloupe, des bananes sans pesticides

    Cette histoire a rattrapé Agnès Buzyn depuis son arrivée au gouvernement. Interrogée en février à l’Assemblée nationale, elle a soutenu que l’étude pâtissait d’un « biais méthodologique » qui l’aurait empêchée d’être concluante. « Je me suis appuyée sur le comité d’experts pour l’arrêter », insiste auprès du Monde la ministre de la santé dans son bureau parisien. Elle assure toutefois que le gouvernement est « prêt à remettre de l’argent pour tout scientifique souhaitant monter une étude robuste » et qu’un appel à projets va être lancé.

    Luc Multigner s’en désole : « Cela renvoie tout aux calendes grecques. C’est comme si tout le travail, l’énergie et les moyens financiers mis en œuvre ces quinze dernières années n’avaient servi à rien ! » Selon lui, « l’Etat n’est pas à la hauteur de la gravité du dossier ». Un sentiment largement partagé, tant le problème est géré au coup par coup et sans véritable stratégie depuis son irruption.

    L’affaire du chlordécone surgit au tout début des années 2000 grâce à la mobilisation d’un ingénieur sanitaire, Eric Godard, de l’Agence régionale de santé (ARS) de Martinique. C’est lui qui, le premier, donne un aperçu de l’ampleur des dégâts en révélant la contamination des eaux de consommation, des sols, du bétail et des végétaux. Il est mis à l’écart pendant plus d’un an après sa découverte, mais des mesures sont prises : des sources d’eau sont fermées, d’autres traitées, et des zones entières sont interdites à la culture – étendues par la suite à la pêche.

    « L’ETAT A MIS UN CERTAIN TEMPS À PRENDRE LA DIMENSION DU PROBLÈME ET À CONSIDÉRER L’ANGOISSE QUE ÇA POUVAIT GÉNÉRER AUX ANTILLES »
    AGNÈS BUZYN, MINISTRE DE LA SANTÉ
    Après cela, l’affaire semble tomber dans l’oubli. Il faut attendre qu’un cancérologue, Dominique Belpomme, dénonce un « empoisonnement » dans la presse nationale en 2007, provoquant une crise médiatique, pour que les pouvoirs publics s’emparent vraiment du sujet. Un premier plan national d’action est mis sur pied, puis un deuxième. Leur bilan est « globalement mitigé », constate un rapport d’évaluation, qui critique la « juxtaposition d’initiatives ministérielles distinctes », l’absence de coordination et le manque de transparence auprès de la population. Un troisième plan court actuellement jusqu’en 2020. Il encadre notamment les recherches pour mieux connaître les effets sanitaires du chlordécone.

    « L’Etat a mis un certain temps à prendre la dimension du problème et à considérer l’angoisse que ça pouvait générer aux Antilles », admet Agnès Buzyn. Mais la ministre de la santé l’assure : « Avec moi, il n’y aura pas d’omerta. J’ai donné l’ordre aux Agences régionales de santé [ARS] de Martinique et de Guadeloupe d’être transparentes envers les citoyens. »

    La consigne semble être mal passée. Dans une lettre adressée à la ministre le 23 janvier, un syndicat de l’ARS de Martinique dénonce les « pressions que subissent les agents pour limiter l’information du public au strict minimum », mais aussi les « manœuvres visant à la mise à l’écart du personnel chargé de ce dossier », dont l’expertise est pourtant « unanimement reconnue ». Et pour cause : l’un des agents ostracisés n’est autre qu’Eric Godard – encore lui –, qui doit son surnom, « M. Chlordécone », à sa connaissance du dossier.

    En dire aussi peu que possible

    Contacté, le directeur général de l’agence, Patrick Houssel, dément : « Il ne s’agissait pas de faire pression, mais de mettre en place une communication plurielle, pour qu’elle ne soit plus seulement faite par M. Godard. » De son côté, le ministère de la santé voit là un simple « problème interne de ressources humaines », et non une alerte.

    En dire aussi peu que possible, de peur de créer la panique et d’attiser la colère. Pendant des années, les autorités ont appliqué cette stratégie au gré des nouvelles découvertes sur l’ampleur du désastre. Mais le manque de transparence a produit l’effet inverse. La suspicion est désormais partout, quand elle ne vire pas à la psychose : certains refusent de boire l’eau du robinet, la croyant, à tort, toujours contaminée. D’autres s’inquiètent pour les fruits, alors qu’il n’y a rien à craindre s’ils poussent loin du sol – le chlordécone disparaît à mesure qu’il monte dans la sève, ce qui explique que la banane elle-même ne soit pas contaminée.

    Lire aussi : 23 juin 2010 : William Dab lance l’alerte sur le chlordécone
    https://lemonde.fr/festival/article/2014/08/25/23-juin-2010-willam-dab-lance-l-alerte-sur-le-chlordecone_4475480_4415198.ht

    L’inquiétude et la défiance envers les autorités se sont encore aggravées après la publication, en décembre 2017, d’un rapport controversé de l’Anses. L’agence publique avait été saisie pour savoir si les limites maximales de résidus de chlordécone autorisées dans les aliments étaient suffisamment protectrices pour la population. La question est brûlante, car un changement dans la réglementation européenne en 2013 a conduit – comme le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, l’a reconnu en janvier – à une hausse mécanique spectaculaire des limites autorisées en chlordécone pour les volailles (multipliées par dix) et pour les viandes (multipliées par cinq).

    Or, dans ses conclusions, l’Anses estime que ces nouveaux seuils sont suffisamment protecteurs. Selon l’agence, les abaisser serait inutile, et il est « plus pertinent d’agir par les recommandations de consommation pour les populations surexposées » au pesticide. Elle le justifie par le fait que le problème ne vient pas des circuits réglementés (supermarchés), mais des circuits informels (autoproduction, don, vente en bord de route), très prisés par les habitants, en particulier les plus pauvres, mais où les aliments sont souvent fortement contaminés.

    LA CARTOGRAPHIE DES ZONES POLLUÉES, RESTÉE CONFIDENTIELLE DEPUIS SA RÉALISATION EN 2010, A ENFIN ÉTÉ RENDUE PUBLIQUE FIN AVRIL POUR LES DEUX ÎLES
    La population n’est pas la seule à avoir été choquée. Des scientifiques, des médecins, des élus et des fonctionnaires nous ont fait part de leur indignation face à ce qu’ils perçoivent comme un « tournant », « en contradiction totale » avec la politique de prévention affichée par les pouvoirs publics, visant au contraire à réduire au maximum l’exposition de la population au chlordécone.

    Plusieurs d’entre eux soupçonnent le gouvernement de vouloir privilégier l’économie sur la santé, en permettant aux éleveurs de bœufs et de volailles de vendre leurs produits avec des taux de chlordécone plus élevés. De son côté, Agnès Buzyn reconnaît qu’« on a tous intérêt à ce que les seuils soient les plus bas possible », mais se dit « très embarrassée » pour en parler puisque « l’alimentation est de la responsabilité du ministère de l’agriculture ». Celui-ci n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.

    La polémique a en tout cas obligé l’Etat à revoir sa stratégie. Son nouveau maître-mot : la communication. « Pour restaurer la confiance, il faut être transparent, affirme Franck Robine, préfet de la Martinique et coordinateur du troisième plan national sur le chlordécone. On n’a pas de baguette magique, mais on montre aux gens qu’on s’occupe du problème et qu’on partage avec eux les connaissances. » La cartographie des zones polluées, restée confidentielle depuis sa réalisation en 2010, a enfin été rendue publique fin avril pour les deux îles. Un colloque public sur le chlordécone se tiendra également du 16 au 19 octobre en Guadeloupe et en Martinique. Une première.

    La mobilisation s’organise

    Il en faudra toutefois davantage pour rassurer la population. Depuis le rapport controversé de l’Anses, la colère prend peu à peu le pas sur le fatalisme et la résignation. La mobilisation s’organise. Des syndicats d’ouvriers agricoles de Guadeloupe et de Martinique se sont associés pour la première fois, en mai, pour déposer une pétition commune auprès des préfectures. Ils réclament une prise en charge médicale et un fonds d’indemnisation pour les victimes. Une étude cherchant à établir les causes de mortalité de ces travailleurs, qui ont été les plus exposés au chlordécone, est en cours.

    Des habitants font aussi du porte-à-porte depuis trois mois. « Même ceux qui n’ont pas travaillé dans la banane consomment des aliments contaminés, donc il faut qu’ils sachent ! », lance l’une des bénévoles. Les personnes âgées sont les plus surprises. Certains ignorent encore le danger auquel la population est exposée. D’autres sont incrédules. Harry Durimel, avocat et militant écologiste, raconte : « Quand je distribuais des tracts sur les marchés, les vieux me disaient : “Tu crois vraiment que la France nous ferait ça ?” Ils ont une telle confiance dans la République ! Mais ça bouge enfin, les gens se réveillent et prennent la mesure de la gravité de la situation. » D’autant qu’il n’existe, à l’heure actuelle, aucune solution pour décontaminer les sols.

    Lire aussi : Pollution : la France va mesurer les pesticides dans l’air sur tout le territoire à partir de 2018
    https://lemonde.fr/pollution/article/2017/11/28/pollution-la-france-va-mesurer-les-pesticides-dans-l-air-sur-tout-le-territo

    Qui est responsable de cette situation ? La question est devenue lancinante aux Antilles. Des associations et la Confédération paysanne ont déposé plainte une contre X en 2006 pour « mise en danger d’autrui et administration de substances nuisibles ». « On a dû mener six ans de guérilla judiciaire pour que la plainte soit enfin instruite, s’indigne Harry Durimel, qui défend l’une des parties civiles. Le ministère public a tout fait pour entraver l’affaire. » Trois juges d’instruction se sont déjà succédé sur ce dossier, dépaysé au pôle santé du tribunal de grande instance de Paris, et actuellement au point mort.

    Le Monde a pu consulter le procès-verbal de synthèse que les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) ont rendu, le 27 octobre 2016. Un nom très célèbre aux Antilles, Yves Hayot, revient régulièrement. Il était à l’époque directeur général de Laguarigue, la société qui commercialisait le chlordécone, et président du groupement de producteurs de bananes de Martinique. Entrepreneur martiniquais, il est l’aîné d’une puissante famille béké, à la tête d’un véritable empire aux Antilles – son frère, Bernard Hayot, l’une des plus grosses fortunes de France, est le patron du Groupe Bernard Hayot, spécialisé dans la grande distribution.

    Devant les gendarmes, Yves Hayot a reconnu qu’il avait « pratiqué personnellement un lobbying auprès de Jean-Pierre Soisson, qu’il connaissait, pour que des dérogations d’emploi soient accordées ».

    « Scandale d’Etat »

    Surtout, l’enquête judiciaire révèle que son entreprise, Laguarigue, a reconstitué un stock gigantesque de chlordécone alors que le produit n’était déjà plus homologué. Elle a en effet signé un contrat le 27 août 1990 avec le fabricant, l’entreprise Calliope, à Béziers (Hérault), « pour la fourniture de 1 560 tonnes de Curlone [le nom commercial du chlordécone], alors que la décision de retrait d’homologation [le 1er février 1990] lui a été notifiée », écrivent les enquêteurs. Ils remarquent que cette quantité n’est pas normale, puisqu’elle est estimée à « un tiers du tonnage acheté sur dix ans ». De plus, « au moins un service de l’Etat a été informé de cette “importation” », puisque ces 1 560 tonnes « ont bien été dédouanées à leur arrivée aux Antilles » en 1990 et 1991. Comment les douanes ont-elles pu les laisser entrer ?

    D’autant que, « s’il n’y avait pas eu de réapprovisionnement, il n’y aurait pas eu de nécessité de délivrer de dérogations » pour utiliser le produit jusqu’en 1993, relève l’Oclaesp. Les deux dérogations accordées par les ministres de l’agriculture visaient en effet à écouler les stocks restants en Guadeloupe et en Martinique. Or ces stocks « provenaient de ces réapprovisionnements », notent les gendarmes. La société Laguarigue a justifié cette « importation » par une « divergence dans l’interprétation de la réglementation ». Yves Hayot ne sera pas inquiété par la justice : il est mort en mars 2017, à l’âge de 90 ans.

    Contacté par Le Monde, l’actuel directeur général de l’entreprise, Lionel de Laguarigue de Survilliers, affirme qu’il n’a « jamais entendu parler de cela ». Il précise qu’il n’était pas dans le groupe à l’époque – il est arrivé en 1996 – et assure que Laguarigue a « scrupuleusement respecté les trois phases d’arrêt du chlordécone » concernant sa fabrication, sa distribution et son utilisation.

    « LES DÉCISIONS PRISES À L’ÉPOQUE ONT PRIVILÉGIÉ L’ASPECT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL À L’ASPECT ENVIRONNEMENTAL ET À LA SANTÉ PUBLIQUE »
    Les conclusions des enquêteurs sont quant à elles sans ambiguïté : « Les décisions prises à l’époque ont privilégié l’aspect économique et social à l’aspect environnemental et à la santé publique », dans un contexte concurrentiel avec l’ouverture des marchés de l’Union européenne. La pollution des Antilles au chlordécone est ainsi « principalement la conséquence d’un usage autorisé pendant plus de vingt ans. Reste à savoir si, au vu des connaissances de l’époque, l’importance et la durée de la pollution étaient prévisibles ».

    Un rapport de l’Institut national de la recherche agronomique, publié en 2010 et retraçant l’historique du chlordécone aux Antilles, s’étonne du fait que la France a de nouveau autorisé le pesticide en décembre 1981. « Comment la commission des toxiques a-t-elle pu ignorer les signaux d’alerte : les données sur les risques publiées dans de nombreux rapports aux Etats-Unis, le classement du chlordécone dans le groupe des cancérigènes potentiels, les données sur l’accumulation de cette molécule dans l’environnement aux Antilles françaises ?, s’interroge-t-il. Ce point est assez énigmatique car le procès-verbal de la commission des toxiques est introuvable. »
    http://institut.inra.fr/Missions/Eclairer-les-decisions/Etudes/Toutes-les-actualites/Chlordecone-aux-Antilles-francaises

    Lire aussi : Le débat sur le rôle du hasard dans le cancer relancé
    https://lemonde.fr/pathologies/article/2017/03/23/le-debat-sur-le-role-du-hasard-dans-le-cancer-relance_5099833_1655270.html

    Le rapport cite toutefois l’une des membres de cette commission en 1981, Isabelle Plaisant. « Quand nous avons voté, le nombre de voix “contre” était inférieur au nombre de voix “pour” le maintien de l’autorisation pour les bananiers, dit-elle. Il faut dire que nous étions peu de toxicologues et de défenseurs de la santé publique dans la commission. En nombre insuffisant contre le lobbying agricole. »

    Longtemps resté discret sur le sujet, Victorin Lurel, sénateur (PS) de la Guadeloupe, ancien directeur de la chambre d’agriculture du département et ancien ministre des outre-mer, dénonce un « scandale d’Etat ». « Les lobbys des planteurs entraient sans passeport à l’Elysée, se souvient-il. Aujourd’hui, l’empoisonnement est là. Nous sommes tous d’une négligence coupable dans cette affaire. »

    #économie #santé #pesticides #socialistes #vivelaFrance

  • Lundi je ne sors pas de chez moi !
    Vendredi soir c’était la fête des voisin·es, moment toujours apprécié car moment toujours convivial et toujours joyeux. Bien-sûr, on n’attend pas la fête des voisins pour partager mais c’est une réelle jubilation de s’installer au milieu de la rue (juste devant chez moi), une rue relativement passante et de couper l’accès aux voitures qui nous emmerdent le restant de l’année, particulièrement dès les beaux jours, où doit se serrer sur un bout de trottoir, les un·es rentrant du travail ou de courses, les autres ramenant les enfants de la crèche ou de la garderie, les un·es rencontrant les autres commencent à tailler une bavette, bavette à laquelle se joignent celles et ceux qui arrivent petit à petit et alors se forme peu à peu un petit attroupement : soit on déborde sur la route et on se fait raser les miches par les bagnoles qui passent, soit on se range en rang d’oignons.

    Donc, vendredi c’était la fête des voisin·es et juste avant la fête on a appris la mort de notre maire, mort qu’on a fêté comme il se doit. L’homme était un socialiste de droite et a soutenu Macron lors de la dernière campagne présidentielle.

    Les obsèques ont lieu lundi, Macron doit faire le déplacement, marque de considération posthume pour le soutien inconditionnel de l’ancien énarque, ancien député, ancien ministre, ancien sénateur et ancien maire donc, à l’actuel président.

  • Ah, et tu sais qui on a aussi, près de #montpellier (Bédarieux, à une heure à l’ouest) : Fabcaro
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Fabcaro

    Fabrice Caro, dit Fabcaro, né le 10 août 1973 à Montpellier, est un auteur français de bande dessinée.

    […]

    La ville de Montpellier lui rend hommage au printemps 2017 avec une exposition à la salle Dominique Bagouet intitulée « La Zaï zaï zaï zaï attitude » 4. Organisée par les éditions 6 pieds sous terre, cette exposition s’intéresse à la dimension autobiographique de l’oeuvre de Fabcaro en lui associant le regard de trois autres auteurs de BD : Emilie Plateau, Tanxxx et Gilles Rochier. Fabrice Erre, auteur de BD et collaborateur régulier de Fabcaro, est le commissaire d’exposition.

    #y’a_d’la_vedette

  • Bruno Julliard, ex-président de l’Unef : « Le discours de l’Unef pour défendre le voile, ce sont des décennies de combat piétinées »
    https://www.marianne.net/politique/bruno-julliard-ex-president-de-l-unef-le-discours-de-l-unef-pour-defendre-

    Bruno Julliard, président de l’Unef entre 2005 et 2007, contredit ses successeurs à la tête du syndicat étudiant. Pour lui, le voile portée par Maryam Pougetoux, présidente de l’AGE de Paris IV, a bien une portée politique. Il critique vertement dans « Marianne » la « radicalisation » et la « marginalisation » de son ex-organisation.

    Ce monsieur important semble avoir faim. Il aimerait bien avoir une petite place au banquet LREM. Alors il explique qu’avoir une femme à un rôle important à l’UNEF, c’est une régression pour l’UNEF.
    Il aurait pu dire que ces préoccupations sur les croyances n’étaient qu’une façon de ne pas traiter des préoccupations actuelles de l’ensemble des membres du syndicat étudiant, à savoir les réformes en cours. Mais non, il préfère déblatérer sur des choses sur lesquelles il n’a à peu près aucune légitimité à causer : le féminisme et la laïcité.

    #socialistes #carriéristes #il_faut_euthanasier_les_socialistes_a_la_façon_dont_keynes_le_suggérait

  • Eymeric ne paye pas ses billets de trains. Il est condamné à 3 mois de prison, et envoyé à Fleury-Mérogis. Un mois plus tard, sa mère apprend qu’il s’est pendu. "Je vous ai donné mon enfant en bonne santé, que s’est-il passé ?" , relevé sur l’oiseau bleu chez @OIP_sectionfr

    C’est une "loi de sécurité quotidienne (LSQ, novembre 2001) socialiste qui prévoit des peines de prison contre les fraudeurs « récidivistes » dans les transports en commun.

    #le_PS_tue #prison #justice

  • Les titres de presse qui te mettent dans la peau d’un agresseur sexuel :

    Près d’une femme sur deux victime de caresses ou d’attouchements non consentis

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/02/23/selon-une-etude-43-des-femmes-victimes-de-caresses-ou-d-attouchements-non-co

    Des caresses ou attouchements non consentis ca s’appelle des AGRESSIONS SEXUELLES. Agression sexuelle c’est le ressenti des victimes, Caresse celui des agresseurs. A croire que ces states sont fournis afin d’être aggravées. Comment peut on lutter contre les agressions sexuelles quant on appel ca des caresses non-consentis !?

    • Le parisien parle de « subir des gestes sexuels sans consentement. » et d’agressions sexuelles" au lieu de caresses et d’attouchements non consentis.
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      http://www.leparisien.fr/societe/12-des-femmes-ont-deja-ete-violees-selon-une-enquete-23-02-2018-7575399.p

      Selon une étude de l’institut Ifop pour la Fondation Jean Jaurès, réalisée auprès de 2 167 femmes de 18 ans et plus, 12 % ont été victimes d’un ou plusieurs viols au cours de leur vie. Et 43 % ont subi des gestes sexuels sans leur consentement.

      « Ce chiffre de plus d’une femme sur dix est tout à fait interpellant et se situe au-dessus de ce que d’autres enquêtes ont mesuré par le passé », note dans son étude la Fondation Jean Jaurès, pour qui la récente prise de conscience et un mode d’interrogation par Internet, donc sans face-à-face, ont pu lever les tabous sur une réalité jusque-là sous-estimée.

      La dernière étude conséquente sur le sujet avait été publiée en 2016. L’enquête « Violences et rapports de genre » du très sérieux Institut national d’études démographiques (INED), révélait déjà une réalité effrayante : 62 000 femmes victimes chaque année de viol et de tentative de viol, et une femme de moins de 35 ans sur vingt agressée sexuellement chaque année.

      Parmi les victimes de viol – ou de viols -, 51 % déclarent l’avoir subi pendant l’enfance ou l’adolescence. Les viols par un inconnu ne représentent que 15 % des cas de viols sur mineur, 17 % des viols sur adulte. Dans la grande majorité des cas, c’est donc dans l’entourage familial, amical, géographique, scolaire ou de travail que se trouve l’agresseur.
      Dans 83 à 85 % des cas, le violeur connu de sa victime

      Autre donnée de l’enquête qui conforte l’idée d’un emmurement dans le silence : seules 38 % des femmes violées en ont parlé à des proches. 15 % ont porté plainte. Cette impossibilité à se plaindre s’expliquerait, selon Michel Debout, coordinateur de l’enquête, psychiatre et professeur de médecine au CHU de Saint-Etienne, Chloé Morin, directrice de l’Observatoire de l’Opinion, et Jérôme Fourquet de l’IFOP, par « une effraction de l’espace privé et intime de la victime » pour des femmes qui, bien que disposant souvent des preuves médicales d’une agression sexuelle, craignent pour leur avenir personnel et social, voire familial, notamment pour les victimes de viols conjugaux.

      Pour ces femmes agressées par leur conjoint, parler peut s’avérer terrible. « A la dévalorisation provoquée par la situation de viol s’ajoute la dévalorisation liée à son manque de pertinence qui l’obligera souvent à mettre en avant les autres qualités de son conjoint et le fait que sa violence est souvent provoquée par des contraintes de vie dont il serait lui-même la victime », écrivent les auteurs du rapport. « Cette ambivalence, il faut le comprendre, est paradoxalement nécessaire à l’équilibre psychique fragilisé de la victime et permet inconsciemment de préserver la représentation qu’elle a de ses propres enfants, qui deviendraient, sinon, les enfants d’un violeur et ne seraient en rien les enfants de l’amour ».

      –---

      C’est l’étude de l’institue Jean Jaurès qui est à l’origine de ce point de vue d’agresseur. Le monde à repris tel quel et le parisien à fait un travail d’analyse et d’ajustement du vocabulaire.
      https://jean-jaures.org/nos-productions/viols-et-violences-sexistes-un-probleme-majeur-de-sante-publique

    • Le truc du « sans consentement » c’est qu’il focalise le débat sur le comportement de la victime.
      Relation (ou gaudriole ou caresses) « sous contrainte » permettrait de recentrer sur l’agresseur.

    • rapport forcé sur fr3 émission nés sous X
      #euphémisme

      C’est d’une autre époque, faudrait arrêter de croire que se taire mentir ou modifier les termes peut servir à protéger la victime.

  • #Marylise_Lebranchu: «Le #PS a explosé, il est temps de travailler»
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120817/marylise-lebranchu-le-ps-explose-il-est-temps-de-travailler

    © Reuters Ancienne ministre de la fonction publique de #François_Hollande, l’ex-députée du Finistère dresse pour Mediapart le bilan d’un quinquennat qui aura vu mourir le PS. Le parti « a perdu la bataille de l’hégémonie culturelle depuis longtemps déjà », estime-t-elle, et tout est à reconstruire.

    #France #Benoît_Hamon #Jean-Christophe_Cambadélis #socialistes

  • Benoît Hamon veut « inviter toute la gauche à discuter, sans sectarisme » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290617/benoit-hamon-veut-inviter-toute-la-gauche-discuter-sans-sectarisme?onglet=

    C’est un défi colossal qui est devant nous, et il est avant tout sociologique. Or le PS a laissé de côté la sociologie pour privilégier la psychologie et l’économie. Aujourd’hui, il y a un électorat populaire qui se retrouve dans le choix de radicalité de Mélenchon, et un électorat plus bourgeois qui se retrouve dans la modernité de Macron. À nous de retrouver une forme de synthèse, de projet commun interclassiste, entre catégories populaires et classes moyennes, favorisées et défavorisées, autour de l’environnement, du travail, des services publics, des solidarités, de l’école, de la République, pour reconstituer la base sociale et électorale qui nous manque désormais.

    Hum, hum... interclassiste ou alliances de classe : ce choix de mots a une histoire, malheureusement.

    Notre mouvement, et on le verra ce week-end, ne part pas d’un amphithéâtre universitaire ou d’une grande salle historique où se retrouvent des gens qui se connaissent déjà depuis longtemps et cherchent indéfiniment la pierre philosophale de la gauche. Notre approche est citoyenne et militante, et je sais que nous aurons une base importante, bien au-delà du PS et des partis classiques de la gauche française.

    J’aimais bien l’idée, j’avais une approche empathique... mais ce mépris pour ceux qui cherchent depuis toujours... Y’a quelque chose qui ne sonne pas clair.

    #politique #France

  • #Luc_Carvounas : les confessions d’un ex-« bon petit soldat » de Valls
    https://www.mediapart.fr/journal/france/200517/luc-carvounas-les-confessions-dun-ex-bon-petit-soldat-de-valls

    Luc Carvounas « Ni Dieu ni maître » est la nouvelle devise de Luc Carvounas, un ancien proche de #Manuel_Valls. Le sénateur-maire d’Alfortville, candidat aux législatives, prône un dialogue entre les composantes de la gauche en désaccord avec le nouveau pouvoir.

    #France #élections_législatives_2017 #parti_socialiste

    • Dans un moment où un président de gauche n’avait plus fait une politique de gauche… Mélenchon a capté à son compte l’espoir déçu. Bravo l’artiste !

      Vous venez de parler « d’un président de gauche qui n’avait plus fait une politique de gauche ». Vous évoquez la déchéance de nationalité et la loi sur le travail…

      Et le CICE ! Il a été imposé par l’énarchie.

      Attendez, c’était au début du quinquennat et on vous a entendu le défendre pendant des années !

      Dans le logiciel qui était alors le mien, je ne voulais pas ajouter du trouble au trouble. Maintenant, j’ai décidé que ma parole était très libre.

      #socialistes

  • Ludivine Bantigny, historienne : « Faudrait-il un mémorial des vies brisées ? »
    http://www.liberation.fr/debats/2017/05/09/ludivine-bantigny-historienne-faudrait-il-un-memorial-des-vies-brisees_15

    Tout était déjà là : en 1985, Jacques Delors entonnait l’hymne de la « bataille économique joyeuse et sauvage » et « des réalités aussi souveraines et immuables que des étoiles dans la nuit » : la compétition, l’entreprise et le marché. François Hollande vantait le sacrifice d’emplois, les gains de productivité et le dynamisme des marchés financiers. Cette politique qu’il célébrait il y a trente ans, il l’aura menée jusqu’au bout durant son quinquennat : atteintes au code du travail et aux droits des chômeurs, amputation des dépenses publiques, crédit d’impôt et pacte de responsabilité, travail du dimanche et « en soirée » - l’euphémisme de la loi Macron -, libéralisation des professions réglementées qui a aujourd’hui un nom, l’"ubérisation". Et au milieu de ce cortège écrasant, la répression policière contre les manifestants.

    De telles « réformes » n’en sont pas : elles accroissent la précarité, creusent les inégalités et étendent la pauvreté. Elles frappent par la mise en concurrence, l’anxiété et parfois l’angoisse d’une compétition généralisée. Le mal qu’elles font porte des noms. Celui de Djamal Chaar, immolé par le feu devant un Pôle Emploi. Celui d’Edouard Postal, cheminot et syndicaliste harcelé par son employeur, qui s’est jeté sous un train. Celui de Rémi Fraisse, passionné d’écologie, à qui un gendarme a ôté la vie. Ceux de Lamine Dieng, Amine Bentounsi ou Adama Traoré. Faudrait-il un mémorial des vies brisées pour rappeler la responsabilité immense et l’indécence de gouvernements « #socialistes » que, de toutes leurs forces, les socialistes historiques combattraient - et qui de fait ont été combattus, par les grèves et dans la rue ? Il était donc là, « le changement » ?

  • I didn’t hire François Hollande, and the rest is history – by Pierre Briançon
    http://www.politico.eu/article/france-election-francois-hollande-a-little-joke-job-interview-political-obi

    For decades, men like Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand or Jacques Chirac left the younger members of their party only small crumbs to feed their ambitions. As they were busy governing, the underlings were consumed by the small-town maneuvers and cynicism that, for them, came to encapsulate what politics is all about.

    #François_Hollande #journaliste #fromage #socialistes

  • « La Négociation » : un film sur le « vrai » travail des politiques
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-carnets-de-la-creation/la-negociation-un-film-sur-le-vrai-travail-des-politiques
    https://vimeo.com/184824030

    Nicolas Frank, documentariste, film « La Négociation ». Documentaire en forme de thriller politique qui suit les négociations menées par Stéphane Le Foll, ministre de l’#Agriculture, sur la #Politique_Agricole_Commune pendant 9 mois à Bruxelles.

    #documentaire #technocratie #socialistes #PAC #Union_européenne @xavsch