• Une pensée sur la crête, Paul Ariès - Entropia La Revue
    http://www.entropia-la-revue.org/spip.php?article118

    La décroissance est une pensée sur la crête, qui peut conduire au meilleur comme au pire. Le meilleur est ce qui permet aux peuples de reprendre espoir dans l’avènement d’une société plus humaine, en ayant, pour cela, tiré toutes les leçons des tragédies passées. Le pire serait de préparer l’avènement d’une société dont nous ne voudrions pas. (...)

    Il n’est certes jamais possible d’écrire l’histoire avant qu’elle ne se fasse, mais on doit se prémunir contre certains « virus » idéologiques en commençant par faire la chasse aux concepts équivoques.

    pour mes #archives ; #décroissance et #extrême-droite

    • Vu que ça n’a plus de sens sur l’autre sujet, je remets ici mon commentaire que j’avais fait après avoir lu cet article.

      Pfiou, lu l’article.

      Alors attention : tout en dégommant et mettant en garde avec raison à propos de gens d’extrême droite qui s’approchent de la décroissance, l’article est à mon avis plus vicelard que ça. Procédé récurent chez Ariès, il en profite quasiment à chaque chapitre pour faire des amalgames en incluant dans sa critique des gens qui n’ont absolument rien à voir avec la droite, ni le biorégionalisme, paganisme ou autre, mais qui ont critiqué SA manière de voir la décroissance. Notamment tous ceux qui ont critiqué son besoin de créer un parti politique. Il met volontairement dans le même sac, mais la plupart du temps sans nommer personne, des individus (Latouche, Jappe) ou des groupes (des mouvements décroissants plus portés vers l’anarchisme, les animateurs de decroissance.info, etc) avec d’autres individus et groupes de droite, organicistes, naturaliste, blablabla.

      Pour avoir suivi pendant plusieurs années ces débats au moment où ça se montait (les revues des différents courants, le parti, l’assez génial forum de decroissance.info, entre autre), c’est clair qu’il y a un rapport. (L’article en question datant bien du n°1 d’Entropia en 2006.) @bug_in pourra éventuellement témoigner de cette époque aussi. :D

      C’est intéressant bien évidemment. Mais ya pas que la critique de la droite dedans quoi.

    • J’aime beaucoup ce passage qui dit en substance que l’égalité n’est pas un postulat « physique » de départ, mais un objectif politique.
      Cela correspond vraiment à ma grille de lecture, et corrobore la lecture de Gouyon (http://seenthis.net/messages/67182) qui invite droite et gauche à accepter les éclairages des études scientifiques pour dépasser leurs dogmes fondateurs, au lieu de vouloir utiliser la science pour asseoir leurs représentations idéologiques...
      Laissons la nature là où elle est, avec ses splendeurs et ses horreurs, y compris en nous-mêmes, et occupons-nous de nous-mêmes pour la dépasser et construire un monde vivable...

      L’égalité ne se mesure ni dans les gènes ni dans un musée des arts et traditions populaires. L’égal est « simplement » celui que je reconnais comme égal [16]. L’égalité est certes une fiction, mais nous devons nous y accrocher. N’oublions pas que l’un des premiers gestes de la première République, puis de la deuxième, fut de proclamer l’interdiction de l’esclavage… On ne joue pas impunément à restreindre l’égalité. On ne joue pas plus impunément à l’étendre, car il ne peut y avoir d’union sans division. Le piège est aussi terrible que l’équilibre est instable. Quelle(s) limite(s) à l’humanité au moment où l’idéologie de la croissance ne rêve que de clonage, de « cyborgisation », etc. ? Ne nous laissons pas piéger par ceux qui, sous prétexte de dénoncer « l’égalitarisme », osent comparer l’uniformisation et l’égalité. Le propre de l’égalité est de défaire des inégalités (naturelles, sociales). Il n’y a donc d’égalité que dans la séparation (d’avec notre animalité). Comme il n’y a de politique et de démocratie que dans la division, c’est-à-dire dans ce même pouvoir de défaire.

      Sinon la chasse aux concepts équivoques est indispensable, tout le monde sera d’accord avec ça je crois. Ensuite le différend porte sur ce que l’on en fait. Faut il les éradiquer avant d’avancer dans la décroissance, ou bien avancer dans la décroissance en gardant comme objectif de les combattre sur la durée ?

    • L’antifascisme est un préalable élémentaire à toute action politique. Si quelqu’un n’est pas d’accord, c’est son droit ; mais alors il est clair qu’on n’appartient pas au même « camp » et qu’il n’y a pas d’objectif commun. À bon entendeur, salut ; les autres, vous pouvez m’oublier.

    • Qu’est-ce que le #fascisme, aujourd’hui ?

      Ce n’est pas de la provoc, c’est une vraie question qui mérite plus qu’un copié-collé du dico, tant le mot a été galvaudé à force d’être jeté à la gueule de tout le monde comme un anathème.
      Le fascisme est un truc super sérieux pour moi et le fait que tout le monde l’emploie à tort et à travers, essentiellement pour faire taire ceux qui ne pensent pas exactement comme eux, est un danger mortel. D’ailleurs, ma gosse m’a déjà fait le coup de me traiter de fasciste parce que je faisais mon job de parent.... Affligeant, mais terriblement de son temps.

      Pour moi, le fascisme, ça a été la rencontre brutale avec le #nazisme à travers la #Shoah. Nous étions là face à l’aboutissement de la pensée fasciste, dans sa version la plus industrielle.
      Ce choc intellectuel m’a poussé à reconsidérer ma place dans ma propre famille, laquelle était ouvertement raciste et xénophobe. J’ai parcouru un long chemin intellectuel et personnel par rapport à la pensée fasciste, raciste, totalitaire (trois notions connexes et pourtant différentes) pour tenter de comprendre ce qui était totalement impensable de mon point de vue : la machinerie de l’#antisémitisme, jusqu’à en faire un sujet de mémoire de recherche, un peu envers et contre tous : http://ethologie.free.fr/memoires

      Bien sûr, à l’occasion de ce travail, j’ai rencontré la pensée d’Hannah #Arendt et cette rencontre intellectuelle a profondément changé mes grilles de lectures sur les questions du #totalitarisme... et de beaucoup de mots en #isme, d’ailleurs.

      Ça, c’est le premier point : on doit délimiter ce dont on parle.

      Ensuite, quelle est la place de l’#anticapitalisme dans cette grille de lecture ?

      L’#altermondialisme tel qu’il a commencé à vraiment se populariser au début du siècle, a apporté une nouvelle couche à ma manière de penser le monde et les trucs en #isme. Bien sûr, en bon petit soldat de la #sociologie contemporaine, j’ai mangé ma dose de Weber et donc développé un esprit critique de plus en plus affirmé face au dogme économique dominant.

      La chute du mur de Berlin est effectivement un moment important, parce qu’il symbolise la fin de l’alternative au capitalisme, et donc le commencement de son emprise totalitaire sur le monde. Quant au 11 septembre, il marque à mon sens le basculement de #cosmologie qui découle de l’emprise du capitalisme sans entraves, à savoir une vision manichéenne du monde où on ne peut plus être que thuriféraire du système ou son ennemi à abattre. Depuis, c’est l’injonction permanente de #TINA et la mise en scène redondante de notre incapacité, non seulement de résister à cette emprise totale du dogme, mais à seulement penser hors du cadre du dogme.

      Et nos #fachos dans tout ça ?

      C’est à peu près ici que j’atteins mon point d’achoppement (le moment où je dois creuser plus loin, plus longtemps, dépasser les contradictions et tenter d’y voir plus clair).
      J’ai l’intuition forte que ces deux totalitarismes se complètent et se répondent parfaitement bien, que l’un nourrit l’autre, qu’ils sont des symbiotes monstrueux et du coup, je tends à penser que le combat intellectuel doit lui aussi être total et doit, quelque part, résoudre la question de l’œuf et de la poule.

      Capitalisme et fascisme partagent absolument les mêmes #présupposés, à savoir la « nature » intrinsèquement #inégalitaire et #hiérarchisée de l’humanité. Seule cette cosmologie permet la domination de ces deux idéologies sur nos sociétés, les justifie, chacune à sa manière.
      C’est parce que les êtres humains sont considérés dès le départ comme inégaux que peut être justifiée leur hiérarchisation et donc le fait que certains humains, considérés comme supérieurs aux autres, méritent plus et mieux que les autres, jusqu’à la confiscation des ressources vitales, jusqu’à la destruction directe ou incidente de tous ceux qui seront forcément considérés comme #surnuméraires.

      Inégalités et hiérarchisations permettent donc de justifier la #domination de certains sur tous les autres, que ce soit par leur phénotype, leur naissance, leur classe sociale, leur sexe, leur domicile, leurs préférences sexuelles ou leur fortune personnelle.

      Voilà où j’en suis, aujourd’hui.

    • @monolecte : merci pour cette réflexion que je partage dans les grandes lignes, mais j’ai un point à éclaircir.

      Capitalisme et fascisme partagent absolument les mêmes #présupposés, à savoir la « nature » intrinsèquement #inégalitaire et #hiérarchisée de l’humanité.

      La nature n’est pas intrinsèquement inégalitaire. Elle est juste diverse. Elle ne hiérarchise rien. C’est le système de valeur de l’esprit humain qui hiérarchise. Factuellement, comme disait Coluche, y a les grands, les petits, les blancs, les noirs, etc... on est tous égaux, mais le petit noir il sera moins égaux que les autres, ça c’est le système de valeurs idéologique qui l’établit.

      La nature n’est pas intrinsèquement égalitaire non plus. Elle est barbare. Elle tolère les dominations. Elle ne sanctionne pas le loup qui bouffe l’agneau, elle offre la survie à l’un, la mort à l’autre. La foudre ne s’abat pas sur l’être vivant qui massacre son frère.
      Si les humains en temps normal ne massacrent pas leurs frères, c’est grâce à leur construction idéologique.

      Pourquoi je dis ça ? Parce que je déplore à gauche qu’on mette le couvercle sur notre animalité de départ, sur la diversité de nos corps physiques dont on hérite de la nature, au motif que cela légitimerait les hiérarchisations et donc les dominations, le racisme, le sexisme et donc le capitalisme et le fascisme... Non non et non.
      Je souffre quand j’entends des gens de gauche recourir à la science pour se défendre face aux réacs/fachos que ceci ou cela n’est pas « contre-nature » pour combattre une inégalité ou une domination. Pour moi il n’y a qu’une réponse à avoir, c’est « oui, c’est peut être contre-nature. Et ben tant mieux ! »
      Car le problème n’est pas un problème de vérité scientifique. Le problème est une question de principe moral, de ce que l’humain peut et doit considérer comme règle, sous peine de rester animal..

      Donc pour revenir au sujet initial, et même si je ne suis pas sûr de comprendre la contrariété de @fil , garder à l’esprit cet enjeu fondamental de civilisation (se libérer de notre « animalité ») peut permettre de remplir localement des objetifs transitoires avec ceux qui n’ont pas (encore) cette vision là, mais qu’il faudra convaincre tôt ou tard, vu qu’on ne peut cohabiter paisiblement avec des barbares..

    • @monolecte à en croire mes lointains souvenirs de jeunesse, l’antifachisme se définit positivement comme l’ensemble des valeurs auxquelles le fachisme (mussolinien) s’opposait explicitement, dont la liste est donnée par la Wikipedia-fr pour ceux que la chose intéresse.

      Plus fondamentalement, ce qu’apporte au Capital les divisions du prolétariat est tellement évident que je ne peux à titre personnel cautionner quelque ostracisme que ce soit d’un camarade travailleur (mais pour les intellectuels, c’est bien entendu tout autre chose...)

    • Si tu n’as pas compris, prends ton temps ; relis par exemple les réponses de @supergeante et de @moderne

      @fil, je ne cherche pas la polémique, je pense avoir compris vos positions, j’ai donné en retour la mienne, y a des écarts, ok. Sincèrement ce qui m’échappe, c’est pourquoi ce débat est-il si sensible, pourquoi on en ferait une affaire personnelle, à parler de « camps » et de boycott de discussion. Je n’ai lu aucun propos louant ou même cautionnant les idées de De Benoist dans cette discussion.
      Donc soit nos pensées sont contaminées par ce mec et on s’en rend pas compte, et dans ce cas il serait utile d’identifier où et comment, soit on se fait un peu plus confiance dans le fait qu’on va pas devenir facho du jour au lendemain parce qu’on a lu son bouquin, ou qu’on a lu l’analyse de quelqu’un qui a lu son bouquin (JL Prat).

      JL Prat n’est pas dupe, nous non plus. Elle est où la complaisance ? Il s’agit juste de comprendre ce qu’un réac vient chercher dans le concept de décroissance, comment il va s’en servir. Pas de réhabiliter le réac, ni adhérer à ses idées... Je n’invente pas, quand JL Prat écrit ceci (c’est dans le texte), est-ce encore trop ambigu ?

      “Un intellectuel qui conçoit son œuvre sous l’angle de la stratégie est tout simplement nul”, comme Alain de Benoist l’a fort bien dit en d’autres temps, mais cela n’exclut pas qu’un grand intellectuel soit aussi un stratège. Le fondateur du GRECE s’est intéressé à la mouvance écologique à partir du moment où elle lui est apparue comme un milieu perméable aux idées qu’il défend et s’efforce de propager, ces idées qui devraient rendre obsolète le vieux clivage droite/gauche, puisqu’elles associent l’intention révolutionnaire à la préservation du milieu naturel, définissant ainsi l’objet d’une révolution conservatrice, ordonnée, comme il dit, au “conservatisme des valeurs”.

      (texte intégral ici http://seenthis.net/messages/157025)

  • #Walter_Benjamin et #Theodor_W._Adorno. Critique salvatrice et #Utopie.
    http://www.larevuedesressources.org/walter-benjamin-et-theodor-w-adorno-critique-salvatrice-et-uto

    Les grands novateurs de l’#Essai au #XXe_siècle qui influencèrent la postmodernité et renouvelèrent l’essai sur l’art, du moins ce qu’on en pense généralement, furent principalement, excepté Georg Lukács, les théoriciens sociologues du mouvement de l’école de Francfort, ainsi nommé à cause du projet marxiste de l’Institut de recherche sociale fondé en 1923 dans cette ville, qui les rassembla jusqu’à sa fermeture par le pouvoir nazi en 1933 (en fait un ajournement car le mouvement poursuivra son activité à (...)

    #Friedrich_Wilhelm_Nietzsche #Sociologie #Franz_Kafka #Millénarisme #Métaphysique #Christian_Schärf # Sonia_Goldblum #Traçés #École_de_Francfort #ENS_Éditions #Montaigne

  • L’invention du pré-cancer du sein - La Vie des idées
    http://www.laviedesidees.fr/L-invention-du-pre-cancer-du-sein.html

    Au-delà d’un sujet particulièrement grave qu’il contribue à repolitiser, l’ouvrage d’Ilana Löwy éclaire avec acuité les tendances sous-jacentes aux sociétés des pays riches, où la médecine étend progressivement son territoire en venant à s’occuper non seulement des malades, mais des bien-portants. Au nom de leur responsabilité et de leur bien-être, les individus sont sommés d’intérioriser des pratiques anxiogènes de calcul du risque. Ils en viennent à évoluer dans un monde particulièrement incertain, et recherchent en parallèle des certitudes face à la maladie et la mort. Enfin, le droit à l’autonomie des patients est proclamé, mais n’empêche pas en certains domaines des formes de domination médicales auxquelles il est très difficile de résister. On peut regretter que, par manque d’espace sans doute, ni la question des rapports sociaux de sexe ni celle d’une prévention fondée sur la prise en compte des facteurs environnementaux ne soient véritablement traitées dans le livre. Il n’en est pas moins une contribution particulièrement remarquable à la sociologie des sciences.

    #médecine #sociologie #cancer #seins

  • A propos de la monumentale étude sur la formation de la classe ouvrière anglaise(collection Points Histoire) de l’historien #Edward_P_Thompson

    Entretien avec #Miguel_Abensour à qui l’on doit l’édition française et l’historien #François_Jarrige qui a rédigé la préface pour l’édition en poche.
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/04/05/miguel-abensour-philosophe-et-francois-jarrige-historien-une-biographie-de-l

    Quelle a été l’influence de ce livre d’E. P. Thompson ? Pourquoi est-il si méconnu en France ?

    M. A. : Le livre a été traduit trop tard en français, en 1988, date qui explique que sa réception n’a pas été réussie. S’il avait été traduit en 1968, ou juste après, la situation aurait été différente. Est-ce qu’aujourd’hui les conditions sont réunies pour une meilleure réception ? L’école de François Furet (1927-1997), qui s’était repliée sur une lecture politique, au sens étroit du terme, paraît aujourd’hui dépassée, ce qui rend le contexte plus favorable.

    F. J. : Il faut bien voir que ce livre a infusé absolument partout, dans toute l’historiographie mondiale. En cela, la #France ressemble à un îlot épargné. En histoire, si on sort du cas hexagonal, les innovations les plus importantes des années 1980-1990, comme les Subaltern Studies en Inde, se sont totalement imprégnées d’Edward P. Thompson, car il s’agit d’écrire une histoire « par en bas », des dominés, de ceux qui ont été marginalisés par l’historiographie nationaliste ou marxiste. Et même en France, à mesure qu’on s’est détachés de l’historiographie marxiste, qui s’intéresse essentiellement aux organisations, aux syndicats ou aux leaders, on a vu monter un intérêt pour Thompson.

    Conférence à la #Sorbonne de François Jarrige et Xavier Vigna Maîtres de conférence en Histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne autour du livre d’Edward P. Thompson.
    http://vimeo.com/62285302

    Biographie de l’auteur :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Palmer_Thompson

    E. P. Thompson est né en 1924 à Oxford d’un père missionnaire presbytérien au Bengale, Edward John Thompson (1896-1946). Il abandonne ses études en 1941, à 17 ans, pour s’engager dans l’armée britannique : il combat notamment dans une unité blindée lors de la campagne d’Italie ; il participe notamment à la bataille de Monte Cassino4, puis à la prise de Pérouse, sur laquelle il reviendra lors d’une rencontre du mouvement pour la paix en Italie en 1984 5. Il adhère dans le même temps au Parti communiste de Grande-Bretagne.
    À l’issue de la guerre, alors qu’il dirige des cours du soir (extramural studies) de littérature dans le Yorkshire, il crée en 1946 le Communist Party Historians Group, avec notamment Christopher Hill, #Eric_Hobsbawm, Rodney Hilton et Dona Torr ; avec eux, il lance en 1952 une revue destinée à avoir une grande influence, Past & Present. De fait, « E. P. Thompson est un outsider académique, qui reste toute sa vie extérieur au monde d’Oxbridge, et un franc-tireur idéologique »3 : il quitte en 1956 le #parti #communiste pour protester contre l’#intervention #soviétique en Hongrie et contribue à la recomposition de la #gauche #marxiste #britannique, la Nouvelle #gauche (« New Left ») dans les années 1960. Il joue ainsi un rôle important, avec Perry Anderson ou Eric Hobsbawm, dans la création de la New Left Review en 1960, avant de prendre en 1965 la tête du Centre for Study of Social History (université de Warwick). Idéologiquement marqué par le socialisme anti-industriel du sujet de ses premières recherches, William Morris, E. P. Thompson « prône un #humanisme marxiste teinté de radicalisme plébéien »3.
    Il meurt à Worcester en 1993, à l’âge de 69 ans.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_P._Thompson

    #Histoire #historiographie #Archives #Ouvriers #Luttes #Révolution_industrielle #Politique #Sociologie #Usine #Luddisme #Livre

    • L’oeuvre de Thompson a été et demeure au purgatoire comme celle-ci : Age of Extremes (L’Âge des extrêmes) , ouvrage d’Eric Hobsbawm. Les historiens aussi s’unissent en groupes de pression... Les universitaires en ont même fait leur spécialité.

    • De cet ouvrage, il ne faut pas seulement dire que c’est sans doute un des plus beaux livres d’histoire qui ait été écrit ; car c’est aussi l’une des recherches les plus fondamentales pour comprendre le nouage entre la méthode historique et le problème de la constitution d’un #sujet_politique. L’ensemble de l’ouvrage présente une approche immanente à la constitution d’une conscience de classe : la première partie (« L’arbre de la liberté ») explore la manière dont se développe en Angleterre une conscience révolutionnaire jacobine, sous l’impulsion de la Révolution Française ; la deuxième partie (« La malédiction d’Adam ») met au jour l’opération de démantèlement de cette conscience par l’offensive capitaliste articulée à la « révolution industrielle » ; la troisième partie (« Présence de la classe ouvrière ») montre comment la conscience de classe ouvrière émerge peu à peu, à partir de la recomposition d’éléments de la conscience révolutionnaire jacobine dans un monde transformé. Mais qu’entend-on, exactement, par « conscience » ? Et surtout : le terme est-il adéquat pour saisir la réalité subjective dont il tente de rendre compte ?

      Thompson et le problème de la conscience, par Bernard Aspe
      http://multitudes.samizdat.net/Thompson-et-le-probleme-de-la

      #subjectivité

    • Pour le plaisir de voir et d’entendre Edward P. Thompson.
      Il n’y a malheureusement pas de sous-titres en français
      http://www.youtube.com/watch?v=RJl3_ulTmoQ

      Abstract: This is a film of a seminar on ’Models of Change’ over two days on 20th and 21st March 1976. The participants in the four sessions, lasting eight hours in all, were: Peter Burke, Sally Humphreys, Ernest Gellner, Raphael Samuel, Joel Kahn, Maurice Bloch, Jack Goody, Maurice Godelier, Arnaldo Momiliagno, Edward Thompson, Keith Hopkins, Tom Bottomore, Edmund Leach. The seminar was convened by Alan Macfarlane and held in King’s College, Cambridge.

      Description: This is one of four seminars in the series. The films of one other seminar will be made available on the web. The films were made and edited by the Audio Visual Aids Unit at Cambridge, directed by Martin Gienke and with the assistance of Sarah Harrison. The films were saved from deteriorating quarter inch tape by the British Film Institute, London.

  • L’état, le pouvoir,le socialisme de #Nicos_Poulantzas enfin réédité par la remarquable maison d’édition #les_Prairies_Ordinaires
    http://www.nonfiction.fr/article-6612-

    L’ouvrage de Poulantzas proprement dit s’organise quant à lui en cinq temps. Dans une introduction essentielle à la compréhension de sa démarche, l’auteur précise le sujet d’EPS, qui représente une tentative de #théorisation non pas de l’#Etat (chose impossible selon lui) mais de l’Etat #capitaliste (chose rendue possible par la séparation que le capitalisme suppose entre l’Etat et l’espace économique des #rapports de #production). Cette tentative est justifiée par le caractère insatisfaisant des approches existantes, qui considèrent soit que l’Etat est une institution neutre et préexistante aux #classes #sociales, soit que les classes dominantes le modèlent et en usent à leur goût. Poulantzas s’attache plutôt à démontrer que « toutes les actions de l’Etat ne se réduisent pas à la #domination politique, mais n’en sont pas moins constitutivement marquées » . Dans la même veine, il affirme que cet Etat ne reproduit pas sa domination seulement grâce à la #coercition et à la diffusion d’une #idéologie. Cela supposerait une pratique et un discours unifiés de la part d’appareils voués à l’une ou l’autre fonction, ce qui ne correspond pas à la #réalité. En effet, l’Etat est perméable aux #luttes de #pouvoir qui le débordent constamment, ce qui d’une part empêche l’unification de son discours et de sa pratique, et d’autre part explique qu’il produise aussi des « mesures positives » à l’égard des classes #subalternes. Tentant de résumer sa position théorique et en quoi elle se distingue du #marxisme-léninisme comme des approches wéberienne et foucaldienne, Poulantzas affirme que « contre toute conception en apparence #libertaire ou autre, […] l’Etat a un rôle constitutif non seulement dans les rapports de production et les pouvoirs qu’ils réalisent, mais dans l’ensemble des relations de pouvoir, à tous les niveaux. En revanche, contre toute conception #étatiste, […] ce sont les luttes, #champ premier des rapports de pouvoir, qui détiennent toujours le primat sur l’Etat » .

    Biographie de l’auteur :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicos_Poulantzas

    En #Grèce, il fait des études de #droit durant les années 1950 ; il est actif dans le mouvement étudiant et rejoint l’#EDA (Alliance démocratique grecque), organisation légale émanant du Parti #communiste grec, alors interdit1.
    Il vient en #France en 1960 et y obtient un doctorat en philosophie du droit. Il devient #professeur à l’université Paris 8, où il enseigne la #sociologie de #1968 à sa mort. Durant les années 1960, il est membre du PC grec, et, après la scission intervenue en 1968 suite à l’établissement de la #dictature, du Parti communiste grec de l’Intérieur2.
    Ses travaux renouvellent et approfondissent considérablement ceux de #Marx , #Lénine , #Gramsci , et portent notamment sur le rôle complexe et multiple de l’État dans les sociétés occidentales, les caractéristiques de la « nouvelle petite #bourgeoisie », la problématique de la #division #travail #intellectuel - travail #manuel . Opérant une distinction fondamentale entre l’appareil d’Etat et le pouvoir d’Etat, Poulantzas met en lumière les multiples fonctions dudit Etat ainsi que les rapports de force et les contradictions qui s’y manifestent.
    Vers la fin des années 1970, après la chute des dictatures portugaise (1974), grecque (1974) et espagnole (1978) , Nicos Poulantzas tente d’esquisser les contours théoriques d’une voie originale vers un #socialisme démocratique, proche des conceptions de l’eurocommunisme. Ses contributions sur ce thème ont été recueillies après sa mort dans Repères et sont précisées de façon plus systématique dans L’État, le pouvoir, le socialisme.
    Après plusieurs mois de dépression, il se suicide en octobre 1979 depuis la Tour Montparnasse de #Paris3.

    #Marxisme #Philosophie #Politique #Sciences_politiques #livre

  • #Sociologie du #patronat français
    Liens entre #grandes_écoles #marchés #finance #technocratie #entre_soi (#plo)

    Quelques références [à compléter] :

    – Monique De Saint Martin , Pierre Bourdieu, Actes de la recherche en sciences sociales, 1978, vol. 20 http://seenthis.net/messages/97718 ; repris dans La noblesse d’Etat


    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1978_num_20_1_2592

    – Dudouet et Grémont, Les grands patrons en France (2010), qui fait une très bonne analyse des évolutions du grand patronat (et de ses liens avec la haute #administration #ena #pantouflage) depuis les années 1980.

    – Les guépards du #capitalisme français ? Structure de l’élite patronale et modes d’accès aux positions dominantes
    http://pierrefrancois.wifeo.com/documents/P.-Franois---Elites-conomiques.pdf

    Dans quelle mesure les mutations très profondes des firmes françaises au cours des trente dernières années ont-elles entraîné une transformation des caractéristiques sociales de ceux qui les dirigent ? En travaillant sur la population des administrateurs qui cumulent plus de deux sièges d’administrateurs dans les conseils d’administration des entreprises du SBF 120 en 1979 et en 2009 (les « interlockeurs »), on montre que ces propriétés sont restées extrêmement stables entre la fin des années 1970 et la fin des années 2000. Pour rendre compte de cette stabilité, il faut s’interroger sur les dispositifs concurrentiels qui réservent aux membres (masculins et français) de la classe dominante les chances d’accès aux positions économiques les plus élevées et qui, simultanément, organisent entre eux la compétition qui permet, au sein d’une population fort restreinte, de dégager ceux qui accèderont à ces postes. Cette concurrence peut se dérouler au sein (et en s’appuyant sur) de formes hétérogènes : des corps, des organisations et des marchés. L’emprise des corps de l’Etat s’accroît entre la fin des années 1970 et la fin des années 2000, les trajectoires purement organisationnelles restent les plus nombreuses mais leur part relative diminue. Ces différentes formes d’organisation de la concurrence sont très inégalement en prise selon les secteurs économiques. Cette segmentation des formes concurrentielles pour l’accès aux positions économiques dominantes réservait, dès la fin des années 1970, une part déterminante aux interlockeurs issus du secteur financier.

    – L’internationalisation des ecoles d’ingénieurs
    par Adrien Delespierre [thèse en cours]
    http://www.theses.fr/s77110

  • #Pierre_Bourdieu et #Jean-Claude_Passeron auteurs d’un livre ( les héritiers ) qui a fait date dans l’histoire de la sociologie s’entretiennent sur le sens et l’objet de la sociologie
    https://www.youtube.com/watch?v=3PISYZCFP58


    http://www.scienceshumaines.com/les-heritiers_fr_12988.html

    #Les_Héritiers a fait l’effet d’un véritable pavé dans la mare, en dévoilant les #mécanismes d’un fait #empirique que tout le monde constatait plus ou moins secrètement : à l’#école, les bons #élèves se recrutaient dans les milieux aisés et #cultivés (l’un allant souvent avec l’autre), alors que les enfants d’ouvriers attestaient de parcours scolaires médiocres. À l’#université ne se retrouvaient plus guère alors que les enfants de la #bourgeoisie. Pour les auteurs, c’est aux facteurs culturels, davantage qu’économiques, qu’il fallait imputer ce constat. Les enfants de cadres et de professions libérales bénéficient d’un capital culturel (conversations, #bibliothèques, fréquentation des #musées, voyages...) fourni par l’environnement familial dans lequel la culture est acquise « comme par osmose ». Or l’école légitime précisément ce type de culture qui « présuppose implicitement un corps de savoirs, savoir-faire et surtout de savoir-dire qui constitue le #patrimoine des #classes cultivées ». Pour les enfants de milieux #populaires, par contre, l’acquisition de la culture scolaire nécessite une véritable #acculturation, les apprentissages sont vécus comme des artifices, éloignés de toute #réalité concrète. Ce que les #enseignants considèrent alors comme une absence de dons de leur part n’est souvent que le résultat d’une #socialisation différente. D’où la violence symbolique d’une #institution (l’école) qui, au final, redouble les #inégalités sociales en pérennisant une véritable aristocratie scolaire (qui peut ainsi s’autoreproduire ; le thème sera développé en 1970 par les mêmes auteurs dans La #Reproduction), et en participant aussi à la fabrication de l’échec scolaire.

    #Sociologie #Sciences-sociales #Objet #Réalité #langage #Epistémologie #Positivisme #Communication #Sociologue #Capital_culturel #Ordre_social #Habitus #Livre #Vidéo

  • Selon #Marcel_Mauss les fondements des sociétés dites traditionnelles et archaïques en dehors du paradigme « économique » (marché, achat, contrat...) sont la triple obligation de donner,recevoir,et rendre.

    L’anti-utiltarisme comme nécessité de repenser l’organisation de la production de la « marchandise » et la finalité des rapports entre individus.

    #Alain_Caillé : professeur de sociologie à l’Université Paris X Nanterre et co-directeur du SOPHIAPOL. Il a fondé le mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales ( M.A.U.S.S. ) en 1981 et continue d’animer jusqu’à ce jour la revue du MAUSS. S’appuyant sur les travaux de Marcel Mauss, Alain Caillé développe une approche anthropologique de la constitution des communautés politiques sur la base du paradigme du don.

    http://www.youtube.com/watch?v=-_bLwIzYJhA

    http://valery-rasplus.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/02/27/10-questions-a-alain-caille.html

    Valéry Rasplus : Depuis 1981 votre nom est associé à la revue du MAUSS (d’abord Le Bulletin du MAUSS 1981-1988 puis La Revue du MAUSS trimestrielle 1988-1993 et enfin La Revue du #MAUSS semestrielle). Comment est venue l’idée de former cette revue qui s’est maintenant pleinement inscrite dans le paysage #intellectuel français et international ?

    Alain Caillé : Le point de départ est le suivant. J’avais vu en 1981 l’annonce d’un colloque sur le don à l’ Arbresle qui réunissait philosophes, économistes, psychanalystes etc. Fasciné depuis des années par l’Essai sur le don de Mauss (et par Karl #Polanyi), et d’autant plus qu’il me semblait réfuter ce qu’on m’avait enseigné en sciences économiques (j’étais alors docteur ès sciences économiques mais également assistant de sociologie à l’université de Caen) je décidai d’y assister. Nous fûmes quelques uns à nous étonner qu’aucun des intervenants ne semblât avoir lu Mauss. Et plus encore de la convergence entre #économistes et #psychanalystes sur l’idée que le don n’existe pas, qu’il n’est qu’illusion et idéologie puisqu’on n’a rien sans rien. Cette manière de penser était parfaitement congruente avec l’évolution récente de la sociologie dont je m’étais alarmé dans un article de Sociologie du #travail : « La sociologie de l’intérêt est-elle intéressante ? » (1981) dans lequel je pointais la surprenante convergence, au moins sur un point essentiel, entre des auteurs en apparence diamétralement opposés : Raymond Boudon et Michel Crozier, du coté #libéral, Pierre Bourdieu du côté #néomarxiste. Pour les uns comme pour les autres l’intégralité de l’action sociale s’expliquait par des calculs d’intérêt, conscients pour les deux premiers, inconscients pour le troisième. Tous trois, par de là leurs divergences criantes, communiaient ainsi dans ce que j’ai appelé l’axiomatique de l’intérêt, si bien représentée à l’Arbresle. Pour cette sociologie alors dominante l’homo sociologicus n’était au fond qu’une variante, un avatar ou un déguisement d’homo œconomicus. D’accord à quelques uns à l’Arbresle sur ce constat, nous décidâmes, Gerald Berthoud, professeur d’anthropologie à l’université de Lausanne, et moi, de créer une sorte de bulletin de liaison, ou un recueil périodique de working papers susceptible de favoriser les échanges entre ceux, économistes, anthropologues, sociologues, philosophes etc. qui partageaient cet étonnement et cette inquiétude face à l’évolution de la pensée en science sociale et en philosophie politique. Partout, en effet, nous le découvririons peu à peu, on était passé d’une perspective largement holiste, qui avait dominé pendant les Trente glorieuses, à un individualisme tout autant ontologique que méthodologique. Et ce basculement #hyperindividualiste allait de pair avec le triomphe généralisé de l’axiomatique de l’intérêt. Que l’on découvrait aussi bien en philosophie politique, dans le sillage de La Théorie de la justice de #John_Rawls (1971) - se demandant comment faire définir les normes de justice par des « hommes économiques ordinaires », mutuellement indifférents - qu’en biologie où fleurissaient la théorie du gène #égoïste ou la #sociobiologie. En économie, les « nouveaux économistes » faisaient leur percée, et la nouvelle #microéconomie, fondée sur la théorie des jeux offrait au modèle économique généralisé sa #lingua_franca.

    http://www.youtube.com/watch?v=dSXJVs9tuKE

    Valéry Rasplus : Vous expliquez que la conception maussienne du don est proprement politique, comment concevez-vous une bonne politique ?

    Alain Caillé : La conception maussienne du don est en effet politique. Donner est l’acte politique par excellence puisqu’il permet de transformer les ennemis en alliés en faisant qu’il y ait quelque chose plutôt que rien, de la vie plutôt que de la mort, de l’action ou de l’œuvre plutôt que le néant. Mais, réciproquement, le politique est proprement « donatiste ». Le politique peut-être considéré comme l’intégrale des décisions par lesquelles les membres d’une communauté politique acceptent de donner et de se donner les uns aux autres, plutôt que de s’affronter, de se confier plutôt que de se défier. La politique n’est que l’interprétation plus ou moins juste, fidèle et réussie du politique. Une communauté politique peut être conçue comme l’ensemble de ceux dont on reçoit et à qui on donne. Et une communauté démocratique comme celle dans laquelle les dons entre les citoyens sont faits d’abord en tant que dons à l’esprit de la démocratie (et non aux ancêtres, à Dieu ou à une quelconque entité transcendante). La bonne politique est désormais celle qui favorise le #développement de la #démocratie voulue d’abord pour elle-même - et non d’abord pour des raisons instrumentales , - en tant qu’elle permet au plus grand nombre de se voir reconnu comme donnant ou ayant donné quelque chose. Ce qui suppose qu’il soit en capacité de la faire et que soit donc maximisées ses « capabilités ». Concrètement, la bonne politique est celle qui contribue à instiller et à instituer l’#autonomie politique de la société civile associationiste, qui n’est pas naturellement donnée et ne va pas de soi. La philosophie républicaine française, solidariste prenait l’individu non comme un point de départ - à la différence du #libéralisme économique, du libérisme - mais comme un but, et entendait l’éduquer de façon à ce qu’il conquière son autonomie face à l’État instituteur. Ce mot d’ordre est toujours d’actualité mais doit être complété par celui de l’institution de l’autonomie du monde des #associations.

    Bibliographie :
    –Essai sur le don de Marcel Mauss paru aux éditions PUF

    – L’esprit du don de Jacques .T. Godbout en collaboration avec Alain Caillé paru aux éditions la Découverte

    _Anthropologie du don d’Alain Caillé paru aux éditions de la Découverte

    –Théorie anti-utilitariste de l’action D’Alain Caillé paru aux éditions la Découverte
    #Utilitarisme #Individualisme #Anti-utilitarisme #Economie #Don #Solidarité #Anthropologie #Sciences-sociales #philosophie #Politique #Morale #sociologie #Homo-œconomicus #Marxisme #Bentham #Arendt #Boudon #Bourdieu #Lefort #Levi-Strauss #Castoriadis #Revue #Livres #Vidéo

    • Le modèle de la spirale me semble assez neutre idéologiquement, toutes les idéologies glorifiant aussi bien l’individu que la collectivité selon ses propres priorités.

      La crispation vient sans doute du fait que cela cause d’évolution sociale, donc il y a sans doute la même allergie spontanée à la question de l’évolution que celle apparue face à Darwin, à cause du malaise que cela crée sur la question de l’égalité entre les humains, puisque cela pourrait légitimer des hiérarchies.

      La spirale dynamique me semble adopter la vision de Patrick Tort (peut être idéaliste) sur Darwin et sur sa lecture de ce qu’on appelle aujourd’hui le darwinisme.
      La vision de Patrick Tort pour caricaturer, c’est de dire que ce qui a permis à la civilisation humaine de se développer contrairement au reste du règne animal, c’est sa capacité à s’opposer à la sélection naturelle en prenant soin des plus faibles pour bénéficier de leurs autres forces, en expliquant que Darwin était myope ou qu’Einstein était de santé fragile et aurait dû mourir à 8 ans.
      Cette lecture de gauche du « darwinisme » ressemble à la lecture de l’évolution sociale par la spirale dynamique. Il s’agit d’accepter des outils puissants pour la connaissance, même si une lecture superficielle peut faire croire à des théories contraires à nos valeurs idéologiques..

      Cet article résume bien à mon sens le dilemme de la gauche avec Darwin :
      http://www.lemonde.fr/livres/article/2008/09/11/patrick-tort-et-andre-pichot-darwin-l-eternelle-querelle_1093973_3260.html

      Dans la lecture – bienveillante – qu’il propose de l’œuvre darwinienne, Patrick Tort entend, au contraire, exonérer le naturaliste de ces accusations. Il rappelle qu’avant La Filiation de l’homme, publié en 1871, Darwin n’a rien écrit sur l’homme. Après la publication de L’Origine, il lui fallut donc plus de dix ans de réflexions pour se décider à parler de sa propre espèce. Pourquoi tant d’attente, demande en substance Patrick Tort, si Darwin avait pour intention de projeter abruptement le struggle for life sur les sociétés humaines ?

      En réalité et en dépit de ce qu’en fait dire une « tapageuse ignorance », Darwin était, selon Patrick Tort, « vigoureusement opposé au racisme ». Le philosophe développe notamment ce qu’il nomme l’"effet réversif de la sélection", dont les éléments seraient en germe dans La Filiation. Un « effet » au terme duquel la sélection naturelle sélectionne l’homme civilisé, donc la civilisation, qui ensuite s’oppose à la sélection et à l’élimination du moins apte. La morale serait ainsi une propriété émergente de la sélection naturelle. « Contrairement à nombre de ses lecteurs, Darwin n’a jamais oublié un instant que la sélection naturelle ne se borne pas à sélectionner des variations organiques avantageuses, écrit Patrick Tort. Elle sélectionne aussi (...) des instincts », et notamment "une « sympathie » altruiste et solidaire dont les deux principaux effets sont la protection des faibles et la reconnaissance indéfiniment extensible de l’autre comme semblable."

    • Toute forme d’organisation pour encadrer nos existences est idéologique même si elle est basée sur l’observation (qui induira forcément un classement donc une valeur hiérarchique) .
      Je ne connais pas aussi bien que vous la théorie de la spirale dynamique mais pour ce que j’en sais elle s’apparente selon moi à une vision utilitariste de la condition humaine (coaching et performance de soi ?)
      Il ne suffit pas de vouloir changer les erreurs de chacun afin de faire évoluer l’individu et par ricochet le groupe et la société. C’est la structure même en tant que contrat entre individus qu’il faut revoir(le cadre social, politique économique, éducatif). Mais il vrai que je fais partie de ceux qui ont une approche très superficielle de cette théorie. Par contre je ne suis pas surpris que cela vienne des États-Unis mère-patrie de l’utilitarisme qui a donné naissance à toute une littérature du développement personnel type PNL, Ennéagrame, management moderne...
      Ca me fait toujours peur de voir des sites proposer leurs services (payant ) pour nous former à devenir des êtres performants et accomplis
      http://valeursdynamiques.be/formations-certifications/un-cursus-complet

    • mais pour que j’en sais elle s’apparente selon moi à une vision utilitariste de la condition humaine (coaching et performance de soi ?)

      Pas directement, mais vous pointez du doigt son principal handicap : ce modèle de dynamique sociale est effectivement un outil que les libéraux « utilitaristes » se sont appropriés (les pragmatiques qui acceptent leurs congénères « tels qu’ils sont » pourvu que ça leur permette de les exploiter au mieux, d’en tirer le meilleur profit de leurs relations avec eux).
      Pas étonnant, comme tout outil, cela rend bien service à ceux qui aiment s’en servir pour nourrir leur cupide dessein. Vous avez bien pointé du doigt ce succès chez les anglo-saxons, et à cause de cela, cet outil pourrait être assimilé à un outil de propagande utilitariste. Mon idée est qu’il faut dépasser cet a-priori.
      Tout comme la thèse de Darwin a été plébiscitée et exploitée par les fascistes, au point d’être considérée comme une doctrine d’embrigadement fasciste, alors que comme je ne soulignais, l’acceptation de la thèse Darwiniste a aussi été indispensable à la construction des valeurs de gauche, même si au départ elle a pu constituer un « handicap » pour la gauche (au point que la tentation négationniste / obscurantiste face à cette intuition scientifique a pu paradoxalement effleurer les forces de progrès).

      Je pense que le modèle de la spirale dynamique est d’inspiration libérale, certes, mais dans sa version « éthique minimale » telle que pensée par Ruwen Ogier.
      Je n’aime pas ce terme : « éthique essentielle » me semblerait un terme plus pertinent. Il ne s’agit pas d’avoir une éthique au rabais, mais d’avoir l’ambition de déterminer quelle éthique est le dénominateur commun à nos valeurs morales pour permettre à chacun de vivre librement, de façon compatible avec la destinée collective.

      Le modèle de la spirale dynamique modèle exclue vraiment l’idée de domination et de paternalisme. On n’est pas là pour juger les gens, mais juste pour les comprendre.
      La spirale dynamique exclue toute idée de « bien » et de « mal », elle laisse cette notion au libre-arbitre de chaque individu.
      Personne n’a autorité pour les remettre les autres dans le « droit chemin », car ce droit chemin n’existe pas de façon absolue, mais se comprendre les uns les autres doit nous amener à trouver des chemins plus compatibles (moralement acceptables pour chacun).

      Cela peut être vu comme un modèle qui prône un humanisme de tolérance et de bienveillance entre les humains (attention : tolérance ne veut pas dire laxisme, ni compromission.. il ne s’agit pas d’accepter l’inacceptable), mais pour ma part ce qui m’intéresse le plus, c’est de comprendre comment on fonctionne socialement en fonctions des valeurs dominantes d’un groupe social, et comment ce fonctionnement évolue de façon quasi-mécanique, pour nous aider à adopter l’approche la plus adéquate pour servir nos valeurs et nos idéaux.

  • L’expérience de la boîte - Une heure de peine...
    http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2013/06/lexperience-de-la-boite.html

    Dans le dernier billet, au milieu de mon énervement - pour lequel je ne m’excuserais que lorsque sera reconnue l’indécence des attaques contre le genre - j’ai proposé ma traduction de l’expérience de la boîte qu’utilise Michael Schawble dans son introduction à la sociologie The Sociologically Exmanined Life (j’ai une passion coupable pour les introductions à la sociologie, j’en fais la collection). Je me suis dit qu’elle méritait peut-être deux ou trois explications pour ceux qui voudraient en faire usage auprès de leurs proches. Je complète donc ici l’argumentaire qu’elle recouvre.

    #sociologie #épistémologie

    Voir la discussion là, pour le 1er épisode
    http://seenthis.net/messages/146600

  • Theodor W. Adorno et « l’industrie culturelle ».
    Une analyse d’une actualité stupéfiante !
    https://www.youtube.com/watch?v=DAyNnXV2WLs

    http://la-philosophie.com/adorno-horkheimer-industrie-culturelle

    La Théorie Critique et les médias

    La charge menée contre les médias est en effet lourde : ils leur reprochent de faire du public un “jouet passif”, réduit à opiner, à absorber toute la matière qu’on lui présente. Les médias transformeraient les citoyens en consommateurs abêtis, objectivés, #déshumanisés. Le #spectateur serait une sorte d’homme générique, comme l’était l’ouvrier aliéné chez #Marx, dont l’unité de condition consiste dans le fait qu’il a perdu toute fonction, et même toute capacité critique. Sa #conscience devient à l’ère des mass media une machine qui effectuent des « opérations standardisées ». Le schématisme de l’entendement aurait disparu : les médiations entre les catégories et les phénomènes ne sont plus du ressort du sujet, mais de la « conscience des équipes de production » qui tracent pour les consommateurs, à leur place, les cadres leur permettant de saisir le réel. Même le moi au cœur de l’identité, qui se construit d’abord au sein de sphère d’intimité, est gangrenée par l’univers médiatique, ne serait plus qu’un « un produit breveté déterminé par la société », il se conforme à être ce que l’industrie culturelle lui impose. L’individu est intégré de force au système, il devient un maillon, une pièce d’une immense machine qu’il ne contrôle pas, il n’est plus qu’un « appareil ».

    Pour ces deux penseurs, les médias sont la chute de l’homme moderne, la défaite du sujet pensant. Les médias semblent, selon eux, achever le mouvement d’ « autodestruction de la raison » prenant sa source chez les Lumières. Contre #Kant, ils estiment que ce n’est pas le sujet qui est devenu majeur, mais c’est la domination qui est devenue adulte. Et cette défaite de la pensée est d’autant plus grande qu’elle semble, si l’on suit leur diagnostic, sans chance de rémission puisque « l’attachement funeste du peuple pour le mal qu’on lui fait va même au-devant de l’astuce des autorités ».

    Présentation du livre coécrit avec le philosophe et sociologue allemand #Max_Horkheimer « la #dialectique de la raison » ou est développé le système d’industrie culturelle.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialectique_de_la_Raison

    Selon le livre, le monde entier est structuré par l’industrie culturelle (la culture de masse), laquelle est un système formé par le film, la radio, la presse écrite. L’industrie culturelle tend non pas à l’émancipation ou à la libération de l’individu, mais au contraire à une uniformisation de ses modes de vie et à la domination d’une logique économique et d’un pouvoir autoritaire. C’est en cela que l’industrie culturelle participe d’une anti-Aufklärung. Le phénomène ne concerne pas seulement les pays totalitaires, mais également les autres pays, à commencer par les sociétés libérales.
    Il y a une unité de la civilisation de masse, qui est dirigée d’en haut par un pouvoir économique qui dépasse celui de l’industrie culturelle et exerce sur elle son emprise. Il n’y a pas de différence de nature entre la propagande et l’industrie culturelle : la technique est la même. Le consommateur est considéré seulement comme client et comme employé, soit comme matériel statistique (comme un moyen et non comme une fin).
    La « culture » propagée par l’industrie culturelle n’est pas quelque chose d’extérieur à l’existence de l’individu. Elle semble concerner uniquement ce qui relève du loisir ou du divertissement, mais c’est là qu’elle exerce en réalité son emprise la plus forte. On croit échapper dans le divertissement au processus de travail, mais en réalité, c’est dans le divertissement que l’individu est préparé et discipliné par l’industrie culturelle pour l’affronter. Les carrières des professions libérales sont déterminées par l’appartenance à la "culture" plus encore que par les savoirs techniques, car c’est dans la "culture" que se manifeste l’allégeance au pouvoir et à la hiérarchie sociale. S’amuser, c’est donc être en accord avec la société.
    Le système de l’industrie culturelle marginalise, au contraire, ceux qui refusent cette uniformisation. Le pauvre est l’exclu par excellence du système. Bien que l’art se trouve également en dehors du système a priori, il n’échappe pas en fait à la logique de l’industrie culturelle, et se reconnaît même en elle comme un objet de consommation. En réalité, les individus sont imprégnés jusque dans leur langage, dans leurs gestes, dans leurs émotions les plus intimes par le pouvoir de l’industrie culturelle. Les consommateurs sont contraints de devenir non des sujets mais des produits.

    #Adorno #Philosophie #Sociologie #Politique #libéralisme #Critique #Médias #idéologie #Culture #Civilisation #Industrie #Arts #Littérature #Divertissement #Consommateur #Standardisation #Domination #Ordre #Esthétique #Ecole_de_Francfort #Audio #Livre

  • Le mythe de la « classe globale », par Michael Hartmann (#2012/08 en accès libre)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/HARTMANN/48060

    Délocalisations pour les uns, rémunérations stratosphériques pour les autres : doublement profitable pour ceux qui l’énoncent, le discours sur la mondialisation justifie à la fois la concurrence qui « s’impose » aux salariés et les #privilèges dont jouit une jet-set présentée comme supranationale. Une étude minutieuse montre pourtant que les bases de cette élite autoproclamée restent nationales.

    #Etat #Finance #Économie #Éducation #Capitalisme #Inégalités #Mondialisation #Europe #États-Unis

    Cet article s’appuie sur une #enquête empirique consacrée aux trajectoires professionnelles des hauts #dirigeants d’entreprise (présidents de conseil d’administration, présidents-directeurs généraux [PDG], présidents, etc.) au sein des cinq principales puissances économiques européennes (Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni) et des trois pays non européens les plus riches (Chine, Etats-Unis et Japon) — un ensemble géographique qui regroupe les trois quarts des cinq cents plus grandes #entreprises du monde. Les résultats quantitatifs sont présentés en détail dans « Internationalisation et spécificités nationales des élites économiques », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 190, Paris, décembre 2011.

    #sociologie #classes

  • „Secret, sécurité et vie privée” par #Michel_Wieviorka

    http://wieviorka.hypotheses.org/191

    Edward Snowden n’était pas au cœur du système, c’était un consultant, peu diplômé, un sans grade, dont les orientations idéologiques, libertariennes, auraient pu être connues aisément de ses employeurs. Les révélations qu’il a pu faire suggèrent des carences dans la façon dont la NSA assure sa propre sécurité électronique. Les Etats-Unis surveillent le monde entier, mais cette surveillance ne résiste pas elle-même à l’intrusion et à la divulgation.

    Cette affaire conduit aussi à examiner le modèle d’Etat qu’elle illustre. Ce modèle ne correspond pas à un régime totalitaire visant à contrôler jusqu’aux consciences individuelles, et il ne faudrait pas pousser trop loin la comparaison avec 1984 de George Orwell – un livre publié en 1949 dont les ventes viennent d’être relancées par cette affaire. Il s’agit plutôt de voir, en fouillant dans Google, Face Book, etc., comment se forment les idées, y compris au niveau d’une personne qui envoie des mails, des SMS, des images qui sont analysés dans leur éventuelle évolution. Au delà d’un hypothétique savoir sur le terrorisme en préparation, le pouvoir ne vise pas à imposer aux consciences sa vision du monde, mais à savoir en temps réel comment pensent les individus.

    #Données_personnelles #Big_data #liberté #Vie_privée #Transparence #Sociologie #Société #Contrôle #Etats_unis

  • « #Luc_Boltanski, Rendre la réalité inacceptable, à propos de la production de l’idéologie dominante »
    http://www.transeo-review.eu/Luc-Boltanski-Rendre-la-realite.html?lang=fr

    Au moment même où La Production de l’idéologie dominante, l’article qu’il avait cosigné en 1976 avec Pierre Bourdieu, est réédité sous forme d’opuscule (Paris, Demopolis/Raisons d’agir, 2008), Luc Boltanski propose avec Rendre la réalité inacceptable un ouvrage qui, loin de se limiter à la simple évocation de la genèse d’un texte fondamental, livre une réflexion générale sur les transformations des modes de domination. En effet, sous prétexte de faire l’histoire de l’écriture et de la publication de cet article, et plus largement celle de la mise en place d’Actes de la recherche en sciences sociales, L. Boltanski porte à jour les conditions historiques et sociales qui ont rendu possible une pensée susceptible de prendre l’idéologie dominante pour objet, et analyse leur disparition progressive dans un monde où les sciences sociales se voient de plus en plus confinées aux fonctions de disciplines d’appoint. Ainsi, non content de rendre compte des enjeux et de clarifier les concepts clés de l’article de 1976, ce texte propose une méditation sur le glissement qui a rendu « inacceptable » ce qui était alors « l’évidence même », à savoir une certaine vision des sciences sociales et de la manière – libre, inventive, collective – de les pratiquer.

    #Bourdieu #Idéologie_dominante #Classes_sociales #Structures_symboliques #Anthropologie #Sociologie #histoire #livre

  • Mozart, nouvelle arme anti-squat
    http://lemonde.fr/mobilite/article/2013/05/31/mozart-nouvelle-arme-anti-squat_3420838_1653095.html

    La SNCF y explique avoir testé la musique classique dans certaines gares "pour rétablir l’ordre" et dissuader "ces groupes de personnes [qui] utilisent les gares comme des lieux de squat" . "Figurez-vous que ça marche ! Soumettre ces personnes à des airs auxquels elles ne sont pas habituées a le mérite de les faire fuir" , se félicite un responsable.

    #contrôle_social #espace_public

    • oui et l’idée que Mozart ferait fuire les indésirables est assez curieuse.
      Comme je discute ici avec @Jean_no sur le rôle sociale de l’art, http://seenthis.net/messages/143795#message143923

      ici avec la musique, on a aussi l’idée que la musique classique serait agréable a certaines catégories sociales et pas à d’autres.

      Il y aussi un paradoxe chez ces proprio, qui se servent de la musique qu’ils aiment (Mozart ici, hier Bethoven) pour torturer des gens ou les faire fuire, comme si leur musique chérie était un genre d’arme.

    • A mettre en perspective avec les technique de torture utiliser par les USA a Abu Grahib et Guantanamo, à base de hard rock diffuser en boucle et à fond les ballons dans les cellules des présumés talibans.

    • On peut effectivement imaginer ce genre de torture sans le hard-rock : Céline Dion en boucle, Mireille Mathieu ("je suis une femme amoureuse" par Mireille Mathieu, c’était une technique utilisée pour m’envoyer jouer dehors quand j’étais gosse. Imagine que tu puisses pas sortir, O_o !!), One Direction ou Justin Bieber, ...

      erk... Non, pas Justin Bieber, non ...

    • oui tu fait bien de préciser @intempestive , le volume sonore et la diffusion en boucle alterner de phases de privations sensoriels font clairement partie du dispositif de torture. Mais j’avais lu que le choix du genre musicale (musique occidentale rock ET sataniste) était sensé briser un peu plus l’esprit des prisonniers et en se sens c’est la même idée que ce truc de mozart dans les gares.

      Sinon pour la musique c’est assez facile de voire les enjeux d’appartenance sociale qui s’y rattachent. A l’adolescence souvent on ne rigole pas avec le genre musical de sa bande (gothiques, vs rappeurs, vs techno, vs pop...)

    • Je vous conseille la lecture de « la distinction » de Pierre #Bourdieu paru aux éditions de Minuit sur la construction sociale du jugement et notamment des goûts culturels
      http://www.ina.fr/video/I12012180
      La critique du livre :
      http://www.alternatives-economiques.fr/la-distinction--critique-sociale-du-jugement-pierre-bourdie

      Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Le principal enjeu de la sociologie de la culture est évidemment de montrer que l’adage populaire est faux et trompeur. Faux parce que les goûts ne sont pas inexplicables, strictement individuels ou liés au caractère ou à la personnalité, mais au contraire produits par l’éducation, les rapports de domination, les stratégies de classement. Trompeur parce que l’influence de la position sociale sur le goût est d’autant plus grande qu’elle passe inaperçue, l’individu étant d’autant plus manipulé par celle-ci qu’il se croit libre de ses croyances, de ses choix et de ses opinions. Dans une tradition française qui remonte à Maurice Halbwachs et à Paul-Henri Chombart de Lauwe, Pierre Bourdieu s’emploie donc à démonter les ressorts du goût en matière de loisirs, d’art ou d’alimentation. Il s’appuie pour cela sur la notion d’habitus : un ensemble de pratiques, de règles et de contraintes issues de notre expérience, de notre milieu social, et liées à ce que notre entourage attend de nous. Et il étend son analyse aux comportements politiques.

      #Distinction #Violence_Symbolique #Habitus #Sociologie #Critique_du_Goût #Musique

    • En tout cas, ce qui est sûr, c’est que n’importe quelle musique non sollicitée, à fond dans une station de transports en communs, rend dingue et n’est supportable que le temps d’attente du prochain bus, de la prochaine rame. Et ce, sans convoquer ni Bourdieu, ni Mozart, ni Mireille Mathieu. Et que c’est effectivement utilisé dans certaines stations, dont celle à côté de chez moi, pour faire dégager jeunes et sans-abris qui stationneraient trop longtemps aux arrêts et dans les couloirs.

  • La gouvernance urbaine en question : le cas des lieux de nature cultivée, Une lecture de la situation rennaise
    Revue Vertigo, septembre 2012
    Auteurs : Paula Nahmias et Emmanuelle Hellier, géographes, Espaces et société, Rennes 2
    http://vertigo.revues.org/13109#abstract
    Article analysant autour de deux « actions de concertation » sur des jardins collectifs la difficulté des relations entre politiques et populations (vision d’en haut, vision des habitants). Ex. Prairies Saint-Martin et Blosne

    Institutions vs habitants

    (Les institutions publiques) estiment devoir réguler les fonctionnalités et usages des espaces de nature cultivée en ville au nom de l’intérêt général ; mais leurs propositions ne rejoignent pas nécessairement les attentes habitantes, fondées sur d’autres référentiels, tels que la connaissance des lieux et des rythmes vivants tirée de l’expérience quotidienne.

    les revendications habitantes se heurtent en fait à ce que l’institution prône comme l’intérêt général. Cet intérêt général semble défendu unilatéralement par les responsables de la gestion urbaine, mais l’intérêt du développement métropolitain est-il indifférent aux autres intérêts, à ceux des autres acteurs de la ville ?

    Attitude/réaction des habitants

    Le public n’est pas mis en situation de consultation et de concertation réelle et encore moins d’empowerment. Dans les faits, la participation ne vise donc pas forcément la démocratisation de l’action publique. Dans ces conditions, l’habitant se retrouve souvent porteur d’un avis défensif.

    La vision métropolitaine est portée à une telle échelle qu’elle considère comme inaudibles et invisibles les dynamiques produites à l’échelle des quartiers. Ces opérations de grande envergure cristallisent alors assez logiquement des oppositions, habitantes, citoyennes, voire politiques, qui font monter le conflit en généralité autour de choix et de visions urbaines différenciées.

    Prairies Saint-Martin

    l’élargissement de la mobilisation politique observable depuis la création de la première association en 2011 aux Prairies témoigne de l’opposition entre la vision de citadins attachés à « leurs » terres, rejoints par des militants et agriculteurs, et une promotion de l’aménagement métropolitain par l’intégration de tous les espaces urbains dans le foncier valorisable.

    L’élargissement continuel de la mobilisation aux Prairies Saint-Martin, des habitants aux associations généralistes (patrimoine, écologie) et aux mouvements urbains plus politisés, montre bien que le souci alimentaire est loin d’être une préoccupation confinée au monde rural.

    Méthode/expérience sur le Blosne

    cet essor de créativité et d’aspiration à l’agriculture urbaine chez les habitants se heurte à la manière dont les institutions locales mènent le processus de concertation, qui ne reconnaît que de manière sélective la légitimité et la capacité d’action de l’habitant. En effet, la Ville décide en amont du type, du rôle et de la localisation des jardins collectifs dans le projet de parc en réseau, et sur cette base, essaie de conduire la participation des habitants de telle et telle manière .

    Deux réflexions des chercheuses

    L’approche sensible de l’habitant vis-à-vis de son milieu de vie en fait un être légitime dans un écosystème.

    si le végétal est valorisé dans l’image et le projet urbain, comme une « coloration saine », la nature cultivée par les habitants eux-mêmes n’est pas si bien acceptée dans la Ville. Visiblement, ce ne peut pas être la même nature qu’à la campagne ; ce qu’on tolère à la ferme ou dans une propriété privée n’est pas adapté à la ville, dont les autorités gestionnaires émettent leurs propres normes urbaines de la nature.

    #Sociologie_urbaine
    #Métropole
    #environnement
    #concertation
    #démocratie_locale
    #institution_et_habitants

  • Comment la gentrification est devenue, de phénomène marginal, un projet politique global
    Auteur : le géographe Mathieu Van Criekingen
    Revue Agone, Villes et résistances sociales, 2008

    http://revueagone.revues.org/201#ftn1

    Dernier paragraphe :
    Concurrence entre villes/attractivité territoriale

    Le dogme néolibéral selon lequel le gouvernement des villes doit désormais favoriser les agents économiques opérant à l’échelle internationale pour pouvoir espérer quelques retombées « sociales » à l’échelle locale a acquis, au cours des deux dernières décennies, une puissance redoutable.

    Plus loin

    un modèle mimétique de gouvernement des villes paraît s’imposer, prônant à toutes de faire reposer leur développement économique et social sur l’attraction de potentiels économiques exogènes dans le cadre d’une concurrence inter-urbaine exacerbée

    Plus loin

    La frénésie contemporaine de « grands projets urbains » est la partie la plus visible de cette concurrence que se livrent les villes prétendant à un statut de métropole – régionale, nationale, continentale ou mondiale, selon l’ambition.

    La liste faite par l’auteur est éclairante : centre de congrès, complexes d’affaire mêlant bureaux, hôtels, commerces et résidences haut-de-gamme, technopoles avec de nouveaux campus, musées d’art contemporain, cités des sciences, salles de concert...

    le champ des politiques de redistribution est progressivement désinvesti (en matière de production de logements sociaux notamment) ou mis à la remorque des retombées escomptées de la politique d’attractivité du territoire.

    #gentrification
    #urbanisme
    #métropole
    #sociologie_urbaine

  • Quelqu’un qui a pris des bonnes décisions à plusieurs reprises a l’impression qu’il est infaillible... Et là, danger !

    Sur France Inter, mercredi 22 mai, au cours de l’emision la « tête au carré », Frédéric Dardel, professeur de biologie moléculaire a parlé du livre de Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée, Flammarion et en a dit des choses très intéressantes. J’ai extrait l’essentiel de sa « recension radiophonique » - qui laisse penser que la lecture de ce livre est passionnante (je lai commandé hier) - pour porter au débat la question du processus de décision qui je pense est fondamentale en ce qu’il guide le cours de notre vie : prise de décision, parfois ultra rapide, sans le temps de « réfléchir », ou parfois très longue, ou parfois impossible. Parfois aussi on ne prend pas de décision du tout pour laisser les choses se faire (ou pourrir...). bref... Food for thought. Tout le monde peut s’y retrouver. Transmis (aussi) à ma hiérarchie...

    http://www.franceinter.fr/emission-la-tete-au-carre-la-nature-en-bord-de-chemin

    et

    http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=624734

    à partir de la 38e minute.

    Frédéric Dardel, : « Ce livre parle de la façon dont fonctionne notre esprit et notre mode de raisonnement, et montre très bien qu’il y a deux façons de penser qui se superposent : l’une, très intuitive qui fonctionne par association d’idées, et l’autre rationnelle, qui est une pensée consciente, "efficace et mathématique", mais elle est paresseuse alors que la pensée intuitive nous propose des solutions toutes faites, elle marche par association d’idées, mais bien souvent, elle nous induit en erreur...

    Un exemple plutôt marrant : Daniel Kahneman explique que quelqu’un qui a pris des bonnes décisions à plusieurs reprises a l’impression qu’il est infaillible. Mais le nombre de fois où l’on a l’impression qu’on est infaillible, c’est seulement deux parce qu’on a tendance à ne se rappeler que du fait... qu’on ne s’est pas trompé ! Lorsqu’on fait des efforts de concentration, pour raisonner, faire des calculs, au bout d’un moment on fatigue et notre système inconscient a tendance à nous proposer une solution toute faite. Le livre regorge de petites expériences qu’on peut faire sur soi-même, lesquelles sont très probantes, très convaincantes...

    Ce livre est en grande partie consacré au "défaut de l’intuition". Il ne s’agit pas, en s’intéressant à nos erreurs, de nier l’intelligence humaine, pas plus que les descriptions des maladies dans les livres de médecine ne nie la bonne santé. Nous sommes, pour la plupart, en bonne santé la plupart du temps, comme nos jugements et nos actes sont, la plupart du temps, appropriés. Tandis que nous naviguons au fil de notre existence, nous nous laissons guider par des impressions et des sensations, et la confiance que nous avons dans nos convictions, et nos préférences intuitives et généralement justifiées... Mais pas toujours ! nous sommes souvent sûrs de nous, alors que nous avons tort, alors qu’un observateur objectif sera capable, mieux que nous, de détecter nos erreurs. »

    Daniel Kahneman : « Ce livre ne vous rendra pas plus intelligent : on "éduque" pas l’intuition aussi facilement. Ce qu’on peut faire, par contre, c’est de reconnaître qu’on est "dans une situation qui va produire des illusions". Il y a par exemple, des illusions visuelles, et pour celles-ci je ne ferai pas confiance à mes "impressions" »

    Frédéric Dardelle : « Ce livre s’adresse au grand public, il est très accessible, sans jargon technique. Il fait réfléchir sur notre façon de raisonner »

    #philosophie #sociologie #économie #processus_de_décision

  • L’ethnographie en trois dimensions - La Vie des idées
    http://www.laviedesidees.fr/L-ethnographie-en-trois-dimensions.html

    Le sociologue américain Jack Katz revient sur sa trajectoire intellectuelle et plaide pour une ethnographie en trois dimensions, combinant une attention aux interactions, à l’expérience biographique et aux processus historiques.


    #Société #sociologie #criminalité #ethnographie #corps #États-Unis