• Étrange article, vraiment. S’il reflète vraiment le livre dont il est question, celui-ci ne semble pas s’être posé la question des formes d’organisation politiques et sociales que se donnent ces intellos précaires sans pour autant faire de cette catégorie un étendard, hormis la mince évocation de pratiques d’entraide et de débrouille. Pas plus n’avons-nous droit à une sorte d’historicisation de cette catégorie : existait-elle avant la fameuse « économie immatérielle » ? Enfin, alors qu’il s’agit visiblement d’une bonne vieille sociologie bien fixiste, on a même pas le droit aux fameux chiffres qui devraient valider l’importance du phénomène.
      Pourtant, forcément, ça résonne, cette histoire des intellos précaires (sur #seenthis, par exemple). Il devrait pouvoir se faire quelque chose d’un peu mieux que cette bouillie qui se termine sur la phrase qui dévoile mine de rien, l’échec patent de Bourdieu : il n’y a pas eu de miracle avec le mouvement de chômeur, c’était tout simplement la sociologie qui se gourrait... et se gourre toujours ?

    • Une certaine sociologie comprend ce qui ne change pas (sauf si c’est en terme de dégradation de l’existant), et a bien du mal avec tou ce qui peut constituer un évènement. Bourdieu ne pouvait comprendre -même si il avait du/su suivre - car c’était un #travailliste pour qui la création subjective où s’origine la politique devait rester une hérésie ou/et mystère dans le cas des précaires, c’est à dire d’illégitimes, socialement et sociologiquement, d’incapables politiques. Il avait d’ailleurs écrit dans une première version de son texte à propos des mobilisations de chômeurs et précaires de 1997/98 « miracle social » avant de rectifier pour dire « miracle sociologique ». Mais peut-être vaut-il mieux lire le rapport de recherche que cet article qui en rend compte : http://www.cee-recherche.fr/fr/rapports/82-libres-proletarises-travailleurs-intellectuels-precaires-ile-de-fra>
      Quand à la catégorie d’intello précaire, elle a été inventée (ou tout du moins rendue publique) par les Rambach, qui elles aussi ont toujours maintenu un fond « bourdivin » pour leur plaidoyer en défense de cette catégorie, vue comme étant celle des déclassés du travail intellectuel, au regard de la « réussite des parents », ce qui de leur point de vue de filles de la nomenklatura universitaire et éditoriale était parfaitement justifié et leur faisait (sous-)estimer à 200 000 le nombre des « intellos précaires », ce qui est totalement à côté de la plaque quand depuis des décennies l’hexagone compte des millions d’étudiants, que la fonction de l’école , de la fac a été transformée, non pas en raison du « travail immatériel » mais parce que la production de #travail_vivant au moyen de travail vivant est un ressort du capitalisme actuel. Voir, par exemple, 10 thèses sur l’#université productive http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=2685

      Quant aux formes d’#organisation que se donnent les précaires en tous genres, il est vrai que cela reste... une question, et que l’on a bien du mal à y trouver réponse... tout se passant comme si l’organisation purement capitaliste de la concurrence atomistique était quasi intégralement dominante, ce qui renvoie à la sempiternelle énigme « pourquoi n’y a-t-il pas davantage de révoltes ? », ce préalable à toute organisation éventuelle, du coté des dominés en tout cas.

      #auto_entrepreneur #free_lance #emploi_discontinu #vacataires #portage_salarial #enquête #minima_sociaux #CDD #pigiste #autoexploitation #burn_out #entraide