• Le Québec a-t-il trouvé la méthode miracle pour éliminer les déserts médicaux ?
    https://www.jim.fr/viewarticle/qu%C3%A9bec-t-il-trouv%C3%A9-m%C3%A9thode-miracle-2024a1000a0f

    Raphaël Lichten | 28 Mai 2024

    Paris, le mardi 28 mai 2024 – Au Québec, les pouvoirs publics ont trouvé une méthode plutôt originale pour inciter les médecins à s’installer dans des zones moins densément peuplées, à travers un système de bonus/malus.

    • Au Québec, « le tarif des actes des médecins en début de carrière est pondéré en fonction du besoin en médecins dans leur zone d’exercice », Nicolas Jacquemet, Economiste, Anne-Laure Samson, Economiste, 12 mai 2024
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/12/au-quebec-le-tarif-des-actes-des-medecins-en-debut-de-carriere-est-pondere-e

      Les négociations sur la prochaine convention médicale, dans lesquelles la revalorisation du #tarif des consultations tient une place centrale, doivent se conclure le 16 mai. C’est l’occasion de réfléchir au rôle de la #rémunération_des_médecins dans le pilotage de l’#offre_de_soins sur le territoire français.
      L’existence de #déserts_médicaux est une difficulté à laquelle sont confrontés la très grande majorité des systèmes de santé dans le monde. Cette difficulté est directement liée au fait que la relation patient-médecin fonctionne selon les règles d’un marché fortement administré, où les prix ne sont pas libres de s’ajuster.

      Effets pervers

      La loi de l’offre et de la demande s’applique en effet tout autant à la #médecine qu’à d’autres sphères de l’économie. Sur un marché libre, la surabondance de médecins conduirait à une baisse de leurs tarifs et à une augmentation de la demande de soins, tandis que les déserts médicaux seraient des zones dans lesquelles les tarifs des consultations augmenteraient fortement sous la pression du manque de médecins, conduisant à une diminution de la demande de #soins.

      A mesure que de nouveaux médecins s’installeraient dans ces zones en raison de leur attrait financier, les tarifs baisseraient jusqu’à ce que la répartition des médecins ait permis de retrouver un équilibre entre la demande de soins qui émane des patients et l’offre de soins disponible localement. Selon ces principes, le tarif des consultations jouerait ainsi spontanément un rôle de tableau de bord des besoins de médecins sur le territoire, et attirerait les médecins dans les zones où les besoins sont les plus forts.

      Mais ce raisonnement « d’économiste » souligne également les effets pervers de ce mécanisme de marché appliqué aux soins de santé : la variation de la demande de soins qui suit celle des tarifs se traduirait concrètement par une consommation de soins, et donc un niveau de santé, inégale suivant les zones d’habitation.

      L’accès au soin lui-même deviendrait [ça alors] fortement lié au niveau de revenu. Ces raisons expliquent que les tarifs des consultations médicales soient fixés au niveau national par une négociation entre les représentants des médecins et l’organisme payeur de soins, l’Assurance-maladie, comme celle qui doit aboutir le 16 mai.

      ZRR et exonérations d’impôt

      L’expérience québécoise peut être une source d’inspiration utile à ce sujet. Le mode de rémunération des médecins y est identique à celui de la France (le #paiement_à_l’acte) et confronte le Québec (Canada) aux mêmes difficultés de raréfaction de l’offre de soins dans certaines régions. Le gouvernement québécois s’est alors doté d’une politique de rémunération des actes différenciée.

      Concrètement, le tarif des actes des médecins en début de carrière est pondéré en fonction du besoin en médecins dans leur zone d’exercice : les tarifs des actes réalisés par les médecins exerçant dans les zones peu denses sont plus élevés, alors que ces mêmes actes sont moins bien rémunérés lorsque les médecins exercent dans des zones très densément dotées en médecins.

      Cette mesure est similaire dans son principe aux « zones de revitalisation rurale » (#ZRR) créées en France en 1995, qui permettent aux médecins nouvellement installés de bénéficier d’une #exonération_d’impôt pleine pendant leurs cinq premières années d’exercice, puis dégressive pendant les trois années suivantes. Cet avantage financier a permis d’augmenter significativement le nombre de médecins installés en zone rurale – signe que les médecins réagissent positivement aux incitations financières [ça alors] à l’installation dans des zones peu denses.

      Mais un tel dispositif est très coûteux pour les #finances_publiques. Surtout, il ne joue que de manière très imparfaite le rôle de tableau de bord habituellement dévolu au prix sur un marché. Plutôt que d’attirer vers les zones rurales les seuls médecins qui, en l’absence de telle mesure, se seraient installés dans les zones très denses, ce surcroît de rémunération induit une mobilité des médecins vers les zones ciblées, quelle que soit leur provenance géographique.

      Composante d’une politique globale

      C’est sur ces deux aspects que la rémunération différenciée mise en place au Québec apporte une réponse particulièrement intéressante, et courageuse. Outre une rémunération bonifiée des actes médicaux dans les zones en déficit de médecins, cette mesure inclut également une rémunération moins proportionnelle dans les zones où la densité de médecins est particulièrement élevée par rapport à celle de la population.
      Cette modulation de la rémunération de la pratique médicale peut ainsi se faire à coût global constant, et tire son efficacité de ce qu’elle combine un surcroît d’attractivité dans les zones désertifiées à une baisse d’attractivité des zones très denses.

      Bien entendu, les incitations financières ne sont qu’une composante d’une politique globale de renforcement de l’attractivité de l’installation dans les déserts médicaux. Elles sont complémentaires du large éventail de mesures, souvent locales, qui ont prouvé leur efficacité : construction de maisons de santé pluriprofessionnelles, mise à disposition des locaux gratuitement, aide à l’emploi du conjoint, etc.

      Mais face aux débats lancinants sur les déserts médicaux, l’expérience québécoise offre de nouvelles pistes de réflexion, en cette période de négociations conventionnelles. En augmentant uniquement les tarifs des actes pour les médecins exerçant en zones sous-dotées, et en modulant les tarifs des actes en fonction de la densité médicale, cette négociation serait l’occasion de créer un véritable outil de planification à long terme de l’offre de soins sur le territoire.

      Oh là là, c’est compliqué d’instituer le marché.

      #médecins #deserts_médicaux

  • L’aide active à mourir : une fausse solution progressiste pour les personnes handicapées – Journal d’une indignée
    https://espoirsetluttes.wordpress.com/2024/12/08/laide-active-a-mourir-une-fausse-solution-progressiste-po

    L’aide active à mourir est souvent présentée comme un progrès, un acte de compassion ou un nouveau droit pour celles et ceux qui souffrent. Pourtant, derrière cette apparente bienveillance se cache une réalité glaçante pour les personnes handicapées : la société valide le #suicide comme une issue légitime à leurs difficultés. Dans un contexte de validisme systémique et d’inégalités sociales criantes, ce « choix » n’est ni libre, ni égalitaire.

    #handicap #aide_active_à_mourir

    • Cette semaine, une patiente m’a demandé de mettre fin à sa vie. ‪Dr Zoé‬ ‪@drzoelb.bsky.social‬
      https://bsky.app/profile/drzoelb.bsky.social/post/3lgl7zjh3js25

      Je vais vous raconter un peu de sa vie et notre conversation, révélatrice de pourquoi l’aide active à mourir, dans le contexte actuel, est une honte.

      Plutôt qu’une vie digne, on parle de mort digne, et c’est à gerber.

      Mme C. a 93 ans.
      Je la suis depuis son entrée en EHPAD, il y a 3 ans, EHPAD dans lequel je n’enverrai pas mon pire ennemi, que ce soit pour y travailler ou pour y être résident. On en reparlera plus loin.
      Elle est presque aveugle à cause d’une DMLA et ne marche plus depuis lgtps.

      Je suis allée voir Mme C. pour la visite trimestrielle. Son état est stable, hormis sa vue, son handicap moteur, et sa grande souffrance psychique, elle va « plutôt bien ».
      Elle marchait avant d’entrer en EHPAD, mais des mois confinée au fauteuil ont aggravé son état.

      Après l’avoir saluée, demandé si elle avait des problèmes à me signaler, examinée, je m’assois à côté d’elle pour lui demander si elle a des questions, comme à chaque fois.
      J’approche mes mains et elle les saisit entre les siennes, comme a chaque fois.

      « Combien de temps me reste-t-il à vivre, Docteur ?
      – Je ne sais pas Mme. C’est toujours difficile de répondre à cette question. Votre coeur, vos poumons, vos reins fonctionnent bien. Je n’ai pas de raison de penser que vous pourriez mourrir bientôt. »
      Ses yeux sont pleins de larmes

      « Je ne veux plus vivre Dr. Je n’en peux plus. J’ai une demande à vous faire, je veux que vous me fassiez une piqûre. Je veux partir.
      – Vous voulez une piqûre pour mourir, c’est bien ça que vous demandez ?
      – Oui. Je n’en peux plus. Je ne veux plus vivre comme ça.

      – Qu’est-ce qui rend votre vie insupportable au point de vouloir mourir ?
      Elle pleure beaucoup.
      – Tout. Tout est insupportable. Je ne vois personne de la journée. Juste pour les repas, le lever et le coucher. Et ce n’est pas voir des gens. Tout le monde souffre, ici.

      – Tout le monde souffre, c’est à dire ?
      – Les dames qui travaillent ici. Elles ont un mauvais travail. Je comprends, s’occuper des vielles personnes comme moi, nous nettoyer, c’est un mauvais travail. Personne ne veut s’occuper de gens comme moi. Je ne leur en veux pas.

      – Elles vont vite. Certaines sont brutales, elle me font mal. Tous les matins j’angoisse de savoir qui sera là. Parfois je crie et ça les énerve bien sûr. Je comprends, je n’aime pas parler en mal des gens. Mais j’ai de l’arthrose, ça me fait très mal quand on me secoue. »

      L’EHPAD dans lequel a été placée Mme C. est un lieu de maltraitance comme beaucoup d’EHPAD. Pour les personnels comme pour les résidents.
      Les locaux sont vétustes, sentent l’urine, les fenêtres ferment mal, l’équipe connait un énorme turn over, la plupart ne sont pas formées.

      Les résidents passent la plupart du temps dans leur chambre, sans aucune stimulation ou activité.
      Ils dépérissent au sens propre. N’importe qui verrait son état de santé se dégrader en étant confiné dans 9m2, assis devant la télé. C’est encore plus vrai quand on est âgé.

      Mme C. aurait pu continuer à marcher, pourrait écouter des livres audios et donner des cours de tricot avant que la dépression lui passe toute envie de pratiquer, raconter sa longue vie, partager ses meilleures recettes.
      La vie de Mme C. est précieuse comme toutes les autres.

      Dans un monde où nous avons choisi de mettre les personnes âgées et handicapées à part de la société, dans des structures maltraitantes de part leur fonctionnement même, et où les logiques comptables ont rajouté de l’horreur et de la déshumanisation à un quotidien déjà morne.

      Dans un monde où nous avons choisi de fracasser les services publics et particulièrement le service public de santé, en nous répétant qu’il n’y a plus assez pour tout le monde alors que les grandes fortunes ne se sont jamais aussi bien portées.

      Dans un monde où dans les pays qui ont autorisé l’aide active à mourir, le premier motif de recours n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les douleurs réfractaires aux traitements, les symptômes non contrôlés, mais bien le fait de ne pas vouloir être « une charge ».

      Dans un monde où on refuse de penser, y compris à gauche et ça me révolte, le validisme crasse de notre société, le sous texte eugéniste, le profond lien avec le capitalisme, les discours nauséabonds sur « l’assistanat », un monde qui hiérarchise les bonnes et les mauvaises vies.

      Dans ce monde, le « choix » d’avoir accès à l’aide active à mourir n’en est pas un.
      On n’a pas le « choix » de mourir dignement quand il est impossible de vivre dignement.

      Il n’y a pas de vie qui ne vaut pas la peine.
      Par contre il y a des gens qui n’en peuvent plus.

      C’est notre responsabilité collective de nous organiser pour que chacun puisse vivre dignement.

      Tant que nous ne nous serons pas attelés sérieusement à cette tâche, et dans un contexte d’effondrement du système de soin , l’aide active à mourir est un pied dans la porte.

      J’ai trop entendu les discours immondes de nos dirigeants sur les gens qui ne sont rien.
      J’ai trop vu les dérives comptables dans nos manières de soigner.

      Je vois très, très, très bien ce qui pourrait mal se passer.
      Et ça me terrifie.

      Force aux militants antivalidistes

      #vieillesse

    • « Avant de nous aider à mourir, on veut qu’on nous aide à vivre mieux. »
      https://lisbethmedia.com/avant-de-nous-aider-a-mourir-on-veut-quon-nous-aide-a-vivre-mieux

      Si le projet de loi sur la fin de vie fut interrompu à cause des législatives anticipées, en juin dernier, le texte n’est pas pour autant enterré. En début du mois, un article du journal La Croix nous apprenait que les partisan-es du projet de loi étaient prêt-es à relancer les débats à l’Assemblée nationale. Hier, le premier ministre François Bayrou a remis une pièce dans la machine, en affirmant vouloir scinder le projet de loi en deux textes, l’un sur les soins palliatifs, l’autre sur la fin de vie, ce qui soulève de nombreux remous, dans l’opposition comme dans son propre camp. Ce projet de loi est loin de faire l’unanimité à gauche, notamment dans les milieux anti-validistes, qui le perçoivent comme un abandon, à défaut de financer des services de santé de qualité et accessible à tout-es. Entretien.

      #historique #loi_Léonetti #antivalidisme #covid #euthanasie #suicide

    • Suicide assisté, euthanasie : le choix de la rupture et l’illusion d’un progrès, Yves-Marie Doublet
      https://www.fondapol.org/etude/suicide-assiste-euthanasie-le-choix-de-la-rupture-et-lillusion-dun-progres

      Dans un contexte de contraintes économiques, où les promesses de financement d’un cinquième risque sur la #dépendance ont été oubliées, la légalisation de la #mort_administrée, sans que cela ne soit assumé ouvertement, aurait le mérite de réaliser des économies. Les complémentaires santé soutiennent d’ailleurs souvent ouvertement la légalisation de l’aide active à mourir, alors que le reste à charge pour elles des dépenses de fin de vie pour la dernière année de vie peut être estimé à 10% de ces dépenses. Le Canada revendique dans un rapport parlementaire les gains nets que lui procure la mort administrée, soit 87 millions de dollars canadiens. Comme le relève Jean-Marc Sauvé dans une tribune : « La dernière ruse de notre société matérialiste ne serait-elle pas de s’abriter derrière la noble cause de l’autodétermination individuelle pour masquer une offre insuffisante de soins, notamment palliatifs, et alléger le fardeau financier de la solidarité à l’égard des plus âgés et des plus fragiles de ses membres ? ». La dépense publique de #soins_palliatifs représentait 1,4 milliard d’euros en 2021, les dépenses annuelles de santé en fin de vie s’élevant comme on l’a vu à 6 milliards d’euros. On mesure donc l’intérêt économique d’une légalisation de l’euthanasie et/ou du suicide assisté. Les plans quadriennaux de soins palliatifs ont été parcimonieux et se sont échelonnés avec souvent des interruptions de plusieurs années entre chaque plan. Le passage de plans quadriennaux à des plans décennaux de soins palliatifs permettrait d’étaler encore plus ces dépenses, en engageant chaque année moins de crédits publics, ceux-ci n’ayant au demeurant pas d’effet immédiat à la différence d’une légalisation de la mort administrée. En Autriche, l’augmentation des crédits des soins palliatifs annoncée lors de la légalisation du suicide assisté ne s’est pas concrétisée.

      #fin_de_vie #santé #suicide_assisté #dépense_publique #économie

    • Les non-dits économiques et sociaux du débat sur la fin de vie, Yves-Marie Doublet, Docteur en droit, chargé d’enseignement à l’espace éthique de l’AP-HP, Pascale Favre, Médecin, titulaire d’un DEA en droit et économie de la santé et doctorante en philosophie.
      https://www.fondapol.org/etude/les-non-dits-economiques-et-sociaux-du-debat-sur-la-fin-de-vie

      .... les personnes seules ou défavorisées sont surreprésentées parmi les populations ayant recours au suicide assisté.

      #darwinisme_social

  • Féministe jusqu’à la mort

    « Le #corps est kidnappé »

    Alors que nous mourrons de plus en plus à l’hôpital ou à l’EHPAD, que les pompes funèbres sont devenues un marché gigantesque à qui nous déléguons des gestes importants auprès de nos défunts, de nombreuses femmes réfléchissent à se réapproprier la mort et les #funérailles, collectivement. Comme les féministes ont pu le faire pour les naissances, elles parlent de revaloriser le travail de #soin, la nécessité de respecter les corps et la #temporalité propre à ces moments intimes et fragiles. Veillées à domicile, toilettes mortuaires, cérémonies, elles souhaitent réenchanter la mort.

    Comment retrouver des #rituels, et le temps nécessaire pour vivre des funérailles à nos images, c’est la question que pose ce premier épisode d’une série de deux autour de la mort.

    https://www.arteradio.com/son/61692772/feministe_jusqu_a_la_mort
    #féminisme #femmes #mort #décès
    #podcast #audio

  • Pourquoi acceptons-nous l’inacceptable ?

    Et comment construire une #santé_mentale_collective ?

    Les #injustices_sociales en France, comme la réforme des retraites, les discriminations raciales et la violence policière, sont exacerbées par des politiques migratoires répressives et des discours xénophobes. Les communautés LGBTQIA+, notamment les personnes trans, subissent aussi des attaques violentes et des régressions législatives. Ces inégalités sont systématiques et marginalisent des millions de personnes. Cependant, malgré ces luttes et mobilisations, une #résignation collective persiste, en partie à cause de mécanismes psychologiques invisibles qui rendent l’inacceptable acceptable.

    Malgré ces défis, des mouvements comme les Gilets jaunes ou les luttes féministes et antiracistes/décoloniales montrent que la #colère et la #résistance existent. Mais pourquoi ces élans s’essoufflent-ils ? Cette question dépasse les seules causes économiques et politiques, elle touche à des mécanismes psychologiques profonds. Ces mécanismes qui nous poussent à accepter l’inacceptable peuvent être déconstruits. En repensant la #santé_mentale comme un enjeu collectif, nous pouvons transformer notre manière de percevoir l’#injustice, en créant des espaces de #solidarité et d’#action commune. C’est à travers cette réinvention de notre rapport à l’autre et à la société que nous pourrons espérer changer les choses.

    Les mécanismes psychologiques de l’acceptation de l’inacceptable

    S’habituer à l’inacceptable ou le biais d’#adaptation

    Imaginez un bruit constant dans votre environnement, comme celui d’un ventilateur. Au début, ce bruit vous dérange, mais à mesure qu’il persiste, votre cerveau l’intègre et vous finissez par ne plus le remarquer. Ce phénomène, appelé #biais_d’adaptation, joue un rôle similaire face aux conditions de vie dégradées.

    Dans les sociétés contemporaines, ce biais se manifeste par l’#acceptation progressive de situations pourtant insupportables : précarité croissante, dégradation des services publics, ou explosion des prix de l’énergie. Par exemple, en France, le démantèlement progressif des hôpitaux publics, documenté par des sociologues comme Pierre-André Juven (La casse du siècle : À propos des réformes de l’hôpital public), a conduit à une pénurie de soignants et de lits. Pourtant, cette réalité est perçue comme une « #nouvelle_normalité » à laquelle il faudrait s’adapter, et non comme un #problème_systémique à résoudre.

    Ce phénomène se retrouve également dans des sphères plus personnelles. Prenons l’exemple du monde professionnel : un travailleur qui, année après année, voit ses #conditions_de_travail se dégrader – une #surcharge de tâches, des heures supplémentaires non payées, ou des #pressions_managériales croissantes – finit souvent par intégrer ces contraintes comme faisant partie du « métier ». Il rationalise : « C’est comme ça partout » ou « Je dois m’estimer chanceux d’avoir un emploi. » Pourtant, ces #ajustements_psychologiques masquent souvent une #souffrance profonde. En acceptant ces conditions, le salarié s’adapte à un #environnement_hostile sans remettre en question la structure qui en est responsable.

    De la même manière, les personnes racisées développent des #stratégies_d’adaptation face aux discriminations systémiques. Un exemple frappant est celui des #contrôles_au_faciès. Pour beaucoup, cette pratique récurrente devient une « #routine » : éviter certains quartiers, anticiper les interactions avec la police en préparant leurs papiers, ou encore minimiser l’expérience en se disant que « cela aurait pu être pire ». Ces #stratégies_d’ajustement sont des #mécanismes_de_survie, mais elles renforcent également la #banalisation de l’#injustice. Comme le souligne le sociologue Abdellali Hajjat dans ses travaux sur l’islamophobie et les discriminations, cette #normalisation contribue à invisibiliser les #violences_structurelles, car les individus finissent par intégrer ces traitements comme des faits inévitables de leur quotidien.

    D’un point de vue psychologique, cette #capacité_d’adaptation est un #mécanisme_de_protection : notre cerveau tend à minimiser les #chocs_émotionnels en « normalisant » ce qui devrait être exceptionnel. Mais cette adaptation, si elle nous protège individuellement, nous empêche collectivement de reconnaître l’#urgence_d’agir et peut paralyser l’#action_collective.

    L’#effet_de_normalisation : rendre l’injustice ordinaire

    Autre mécanisme à l’œuvre : l’effet de #normalisation. Les inégalités sociales, souvent présentées comme inévitables dans les discours politiques et médiatiques, finissent par être acceptées comme un état de fait.

    Prenons l’exemple des écarts de richesse. Lorsqu’un PDG gagne 400 fois le salaire moyen de ses employés, cette réalité devrait susciter l’indignation. Mais les récits dominants – comme celui de la « méritocratie » ou du « risque entrepreneurial » – transforment ces écarts en phénomènes normaux, voire légitimes. Les médias jouent ici un rôle central : en valorisant des figures comme Elon Musk ou Jeff Bezos, ils participent à cette construction idéologique. Comme l’explique le sociologue Pierre Bourdieu dans Sur la télévision, les médias ne se contentent pas de relater les faits : ils contribuent à modeler notre perception de ce qui est acceptable ou non.

    Cet effet de normalisation s’étend aussi à d’autres domaines. Les politiques d’#austérité, par exemple, sont souvent présentées comme des « nécessités économiques », rendant leurs conséquences – licenciements, fermetures de services publics – moins contestables. Les #discours_politiques insistent obstinément sur des #impératifs comme « réduire la dette publique » ou « améliorer la compétitivité », occultant les impacts humains et sociaux de ces choix. En nous habituant à ces récits, nous acceptons ce qui devrait être combattu.

    Cependant, il est essentiel de souligner que cette normalisation n’est ni totale ni irréversible. De nombreux travailleurs et travailleuses refusent ces conditions et s’organisent pour les contester. Les mouvements sociaux, les grèves et les luttes syndicales témoignent d’une résistance active face à cette normalisation.

    On peut par exemple observer le cas des femmes de chambre de l’hôtel Radisson Blu à Marseille déjà traitée par mon collègue Guillaume Etievant dans son article dédié. Après plusieurs mois de grève en 2024, ces travailleuses ont obtenu des augmentations salariales, une réduction des horaires de travail, et des compensations pour les heures supplémentaires. Elles ont ainsi mis en lumière les conditions de travail inacceptables qui étaient perçues comme normales dans l’industrie hôtelière, et ont prouvé qu’une organisation collective peut renverser cette « normalité ». En comparaison, la #lutte du personnel de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris, bien qu’elle ait pris fin, illustre également comment les conditions de travail dégradées peuvent être confrontées par la mobilisation collective.

    Ces #grèves illustrent un point crucial : en conscientisant les mécanismes de normalisation, il devient possible d’agir collectivement. Identifier ces récits qui banalisent l’injustice, les déconstruire, et s’organiser pour les contester sont des étapes indispensables pour transformer une indignation individuelle en une action collective. Ainsi, si l’effet de normalisation est puissant, il n’est pas insurmontable. Les #résistances_collectives montrent qu’il est possible de refuser l’inacceptable et de poser les bases d’une société plus juste.

    Le biais d’#impuissance apprise : quand l’échec paralyse

    Enfin, le #biais_d’impuissance_apprise joue un rôle crucial dans notre passivité face aux injustices. Décrit par le psychologue #Martin_Seligman dans les années 1960, ce biais se développe lorsqu’un individu, confronté à des situations où ses efforts ne produisent aucun effet, finit par croire qu’il est incapable de changer quoi que ce soit.

    Sur le plan collectif, ce biais se manifeste après des mouvements sociaux réprimés ou qui échouent à obtenir des victoires significatives. Les manifestations massives contre la réforme des retraites en France en 2023, bien qu’intenses, n’ont pas empêché son adoption. Pour beaucoup, ce type d’échec renforce un sentiment d’inutilité de l’#action_politique. Cette #impuissance_apprise n’est pas seulement un phénomène individuel : elle est renforcée par des stratégies institutionnelles. La #répression_policière, les discours dénigrant les grèves ou les mobilisations, ou encore la lenteur des changements politiques contribuent à installer ce #sentiment_d’impuissance. Ces mécanismes participent à la #reproduction_des_inégalités en paralysant toute velléité de contestation comme l’indique la sociologue Monique Pinçon-Charlot.

    Ces #biais_cognitifs – l’adaptation, la normalisation et l’impuissance apprise – agissent de manière insidieuse pour nous maintenir dans l’acceptation de l’inacceptable. Les comprendre, c’est déjà commencer à s’en libérer. Mais ces mécanismes ne suffisent pas à expliquer la #passivité_collective : ils s’articulent à des structures sociales et économiques qui les renforcent.

    La #charge_psychologique_individuelle dans un système oppressif

    L’#individualisation des #problèmes_sociaux

    Beaucoup de personnes se retrouvent à vivre des situations difficiles, comme le chômage ou la pauvreté, dans la solitude, se sentant souvent responsables de leur propre sort. Cette #culpabilisation est renforcée par un #discours_dominant qui fait porter la faute sur l’individu, et non sur le système qui produit ces inégalités. C’est désormais bien connu, il suffit de “#traverser_la_rue” pour trouver du travail. Pourtant, il n’y a pas de honte à être confronté à des difficultés qui échappent à notre contrôle. Le #chômage, par exemple, est largement le résultat d’un marché du travail précarisé et d’une économie qui valorise l’exploitation plutôt que le bien-être. Il est essentiel de rappeler qu’il n’y a aucun aveu d’échec à se retrouver dans une situation où les structures économiques et sociales sont défaillantes. Ce n’est pas un échec personnel, mais bien une conséquence de l’organisation injuste du travail et des ressources.

    Le #capitalisme_émotionnel : une #aliénation des sentiments

    Le “capitalisme émotionnel” désigne la manière dont notre société capitaliste transforme nos #émotions en une #responsabilité_personnelle et une marchandise. Dans ce système, il nous est constamment demandé de « rester positif », de « faire face » et de « réussir malgré les difficultés », en particulier dans des contextes d’injustice sociale et économique. L’idée de la « #résilience », souvent véhiculée par les médias et les institutions, devient un impératif moral : si vous échouez à être heureux malgré les adversités, c’est de votre faute. Cette pression constante pour gérer nos émotions comme une #performance_individuelle fait partie d’un processus plus large d’#aliénation_émotionnelle. En d’autres termes, nous sommes poussés à croire que nos émotions et notre bien-être sont des éléments que nous pouvons maîtriser par la #volonté seule, alors qu’ils sont en réalité fortement influencés par les conditions sociales et économiques. Cela nous empêche de voir que nos luttes intérieures ne sont pas des défaillances, mais des réponses normales à des systèmes qui ne répondent pas aux besoins fondamentaux des individus.
    Le #capitalisme_émotionnel est donc un outil de contrôle social, car il détourne notre attention des causes profondes de notre #mal-être (injustices sociales, précarité, discriminations) et nous fait croire que notre souffrance est une question d’#aptitude_personnelle à surmonter les épreuves. Cela crée un sentiment de culpabilité, car on nous fait porter la #responsabilité de nos émotions et de notre résilience, sans jamais questionner les #structures_sociales qui alimentent cette #souffrance.

    Construire une santé mentale collective : la santé mentale comme #bien_commun

    Pour dépasser les limites de l’individualisme, il est essentiel de repenser la santé mentale comme un bien commun. Plusieurs initiatives inspirées des luttes féministes et des communautés marginalisées ont démontré que des structures communautaires de soutien peuvent offrir des solutions alternatives. Par exemple, les centres sociaux autogérés ou les réseaux d’entraide pour les travailleurs précaires permettent de créer des espaces où les personnes peuvent partager leurs expériences et trouver du soutien, loin des logiques de consommation des soins traditionnels. Ces espaces permettent de reconstruire des liens sociaux, de se soutenir mutuellement et de remettre en question l’#isolement imposé par les structures capitalistes.

    Dépolitiser l’#aide_psychologique individuelle pour la repolitiser

    L’accès aux #soins_psychologiques n’est pas égalitaire. Pour beaucoup, les thérapies sont hors de portée, soit en raison des coûts, soit à cause de l’absence de structures accessibles dans certains quartiers ou pour certaines populations. De plus, tous les thérapeutes ne partagent pas nécessairement une vision progressiste ou collective de la #santé_mentale. Il est donc essentiel de ne pas considérer la #thérapie comme une solution unique ou universelle à des problèmes sociaux qui sont avant tout politiques.
    Plutôt que de pathologiser systématiquement les effets du système sur les individus, il est plus pertinent de reconnaître que les #souffrances_psychologiques, dans de nombreux cas, sont des réponses normales à des conditions sociales et économiques injustes. Cependant, cela ne veut pas dire que la santé mentale doit être entièrement politisée de manière simpliste ou que l’on doit jouer aux « apprentis sorciers » de la #psychiatrie. L’enjeu est de comprendre qu’un #soutien_psychologique efficace doit tenir compte du contexte social et des inégalités qui peuvent fragiliser un individu. Les modèles de soutien collectifs, comme les #thérapies_communautaires ou les initiatives de santé mentale qui se nourrissent des #luttes_sociales (féministes, anticapitalistes, etc.), offrent des alternatives intéressantes. Elles ne visent pas à remplacer les #soins_individuels mais à compléter une approche qui permet de sortir de l’isolement, de reconnaître la dimension sociale des souffrances et d’offrir des #espaces_d’entraide où les individus peuvent se sentir soutenus collectivement.

    L’action politique comme remède à l’impuissance

    Redonner un sens à l’action collective est essentiel pour contrer le #sentiment_d’impuissance que beaucoup de personnes ressentent face aux injustices sociales. Participer à des #mouvements_sociaux peut être un moyen puissant de reconstruire l’#espoir et de lutter contre l’isolement. Cependant, il est important de souligner qu’il n’y a aucune culpabilité à ne pas être impliqué dans ces actions. Chacun évolue à son rythme, et l’#engagement_politique ne doit pas être un fardeau supplémentaire. Ce qui est essentiel, c’est d’être conscient des dynamiques collectives et de comprendre que, même si l’engagement direct dans les luttes peut sembler difficile ou épuisant, il existe des façons diverses et variées de soutenir la justice sociale. Il n’est pas nécessaire de répondre à une injonction de « se bouger le cul » pour se sentir utile. Beaucoup de personnes, éssoré.e.s par des oppressions systémiques telles que la toxicité managériale, le racisme, le validisme ou les violences faites aux personnes LGBTQIA+, peuvent se retrouver dans une situation de souffrance où chaque geste peut sembler trop lourd. La #solidarité ne se limite pas à l’action visible ; elle peut aussi passer par la création d’espaces de soutien, le partage d’informations, ou simplement par l’écoute et la compréhension. L’important est de trouver des moyens de participer, à son rythme et selon ses capacités.

    Les victoires obtenues par des mouvements sociaux, comme l’augmentation du salaire minimum ou la reconnaissance des droits des travailleurs, ont un impact psychologique direct : elles brisent le sentiment d’impuissance et rappellent qu’il est possible de transformer la réalité. Ces victoires, bien qu’elles puissent sembler petites à l’échelle globale, nourrissent l’espoir et renforcent la solidarité. Faire de la #justice_sociale une condition de la santé mentale implique de revendiquer des #politiques_publiques qui réduisent les inégalités et permettent à chacun de vivre dignement. Des propositions telles que l’accès gratuit aux soins psychologiques sont des leviers importants pour garantir une santé mentale collective et émancipée.

    Les mécanismes psychologiques qui nous poussent à #accepter_l’inacceptable ne sont ni inévitables ni figés. En comprenant mieux ces biais, en décryptant l’effet de normalisation et en reconnaissant l’impact de l’individualisation des problèmes sociaux, nous pouvons démystifier cette #résignation_collective. Nous avons le pouvoir de déconstruire ces dynamiques à travers l’éducation, la solidarité et, surtout, l’action collective. Ce processus n’est pas facile, mais il est possible. Changer de regard sur les inégalités, c’est déjà commencer à les transformer. Ce n’est pas un effort solitaire, mais une démarche collective, qui commence par la reconnaissance des souffrances et la volonté d’agir ensemble pour y remédier.

    https://www.frustrationmagazine.fr/pourquoi-acceptons-nous-l-inacceptable

    #invisibilisation #accès_aux_soins #psychologie

    déjà signalé par @gorekhaa :
    https://seenthis.net/messages/1092977

  • Limeil-Brévannes : grève du plus grand hôpital gériatrique d’Île-de-France
    https://www.bfmtv.com/paris/replay-emissions/bonjour-paris/limeil-brevannes-greve-du-plus-grand-hopital-geriatrique-d-ile-de-france_VN-2

    Le personnel de l’#hôpital Émile Roux à Limeil-Brévannes (APHP) observe une #grève depuis plusieurs jours pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et les difficultés à prodiguer des #soins convenables aux patients gériatriques.

    Grève aux urgences du centre hospitalier d’Auch : la CGT lance un appel au rassemblement ce mercredi
    https://www.ladepeche.fr/2025/01/13/greve-aux-urgences-du-centre-hospitalier-dauch-la-cgt-lance-un-appel-au-ra

    Un appel au rassemblement a été lancé par le syndicat CGT ce mercredi 15 janvier à 9 h 30. Il s’inscrit dans le cadre de la grève illimitée portée par l’équipe paramédicale des #urgences du centre hospitalier d’Auch depuis le vendredi 27 décembre.

    « Même hors période de crise, l’hôpital n’y arrive plus ! » : manifestation des personnels du #CHU pour sauver les urgences de Montpellier
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault/montpellier/meme-hors-periode-de-crise-l-hopital-n-y-arrive-plus-ma

    Urgences de Villeneuve-Saint-Georges : 100 % de grévistes, 100 % de satisfaction
    https://www.cgt.fr/actualites/ile-de-france/sante-action-sociale/conditions-de-travail/urgences-de-villeneuve-saint-georges-100-de-grevistes-100-de-satisfaction

    Après onze jours de grève, les agent·es des urgences de l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges (94) ont obtenu un renfort de 14 postes pour permettre au service de fonctionner correctement.

  • « La fermeture progressive de l’école de psychomotricité de Sorbonne Université n’a pas soulevé la moindre réaction officielle »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/01/07/la-fermeture-progressive-de-l-ecole-de-psychomotricite-de-sorbonne-universit

    Le métier de psychomotricienne et psychomotricien, souvent méconnu du public, est essentiel, au cœur des soins de prévention, d’éducation, de réadaptation et palliatifs. De la petite enfance à la personne âgée, en passant par les adultes en situation de handicap et la psychiatrie, le psychomotricien intervient dans le cadre de handicaps moteurs, sensoriels et cognitifs.

    Pratiquée dans le secteur hospitalier, en libéral et en milieu associatif, la #psychomotricité prend une place croissante dans le parcours des patients en France, d’autant plus dans le contexte d’une augmentation des maladies chroniques, des troubles du développement précoce chez l’enfant et des maladies neurocognitives chez nos aînés. En France, plus de 14 000 psychomotriciens sont en exercice (données au 1er janvier 2022), et il existe 20 instituts de formation en psychomotricité (IFP), dont 6 universitaires.
    Celui de Sorbonne Université est le plus ancien et le plus important, accueillant chaque année plus de 150 étudiants pour une formation professionnalisante de trois ans. En raison de circonstances historiques défavorables, cette formation intégrée à l’université, mais relevant du ministère de la santé, est privée de tout financement depuis plus de dix ans. Seule la région Ile-de-France, se substituant partiellement à l’Etat, a attribué à Sorbonne Université une subvention annuelle couvrant un quart des dépenses indispensables.

    Un investissement national essentiel

    Face aux #restrictions_budgétaires croissantes auxquelles doivent faire face les #universités françaises, notamment du fait de l’absence de compensation des mesures décidées par l’Etat, des coûts énergétiques et des conséquences de l’inflation, la situation n’est plus tenable. Sorbonne Université n’a plus la capacité de subventionner sur ses fonds propres cette formation aux dépens des autres. Consciente de l’impact négatif de cette mesure sur la formation des futurs professionnels et sur l’accès aux soins, elle a dû, à regret, annoncer la fermeture progressive de son école de psychomotricité. Cela n’a pas soulevé la moindre réaction officielle, alors même que l’émoi chez les professionnels, les étudiants et les patients est considérable. Comment en est-on arrivé là ?

    Les priorités politiques en matière d’enseignement supérieur et de recherche ont toujours privilégié les #grandes_écoles, des résultats visés à court terme et les enjeux économiques immédiats, au détriment d’un soutien équitable et durable de la mission scientifique, sociétale et humaine des universités. Nous savons également que la #santé a toujours été considérée comme un secteur qui « coûte et ne rapporte pas », alors même qu’il est vital au sens littéral du terme pour les patients et que des économistes considèrent qu’il s’agit d’un investissement national essentiel.

    Ne pas investir maintenant, c’est la garantie d’avoir des coûts plus élevés demain. La situation est d’autant plus inacceptable que cette anomalie administrative qui perdure vient s’ajouter au financement de l’ouverture de nouvelles écoles ou de places supplémentaires dans d’autres établissements, créant un sentiment d’injustice profond. Nous ne comptons plus les alertes adressées aux ministres et conseillers restées lettre morte.

    L’avenir compromis de notre système de soins

    Il est paradoxal de constater que nos deux ministères (santé et enseignement supérieur) ont mis en place une commission chargée d’étudier l’intégration universitaire des formations paramédicales en s’appuyant sur notre évaluation précise du coût d’un étudiant en psychomotricité ! On finit par se demander si ce défaut de financement public subi ne conduit pas, volontairement ou non, à favoriser les formations paramédicales privées.

    Leurs coûts annuels élevés (de 8 000 à 10 000 euros par an) contraignent les étudiants à s’endetter, les éloignant de fait d’un exercice professionnel à l’hôpital public, alors même que la qualité de la formation privée n’est pas toujours au rendez-vous – comme l’attestent certaines fermetures récentes décidées par l’agence régionale de santé, notamment en Ile-de-France. Les patients peuvent légitimement s’interroger en se remémorant le récent Ségur de la santé dont on leur a tant vanté les effets attendus. C’est oublier les angles morts de cette feuille de route, qui a négligé les enjeux fondamentaux de la formation et de la recherche en santé, compromettant ainsi l’avenir de notre système de soins.

    La situation politique instable actuelle et l’endettement de la France n’aident pas à prendre les bonnes décisions, au moment où la plupart des universités annoncent un déficit budgétaire sans précédent. La fermeture progressive contrainte de l’institut de formation en psychomotricité de Sorbonne Université illustre ce qui risque de survenir pour d’autres formations dans de nombreuses universités.
    Priver l’université des financements nécessaires, c’est détériorer la formation des générations futures et notre capacité d’innovation, c’est hypothéquer l’avenir. Priver les facultés de santé des financements nécessaires à la formation des soignants, c’est aggraver les difficultés d’#accès_aux_soins déjà fortement présentes en France, et appauvrir le travail pluridisciplinaire nécessaire à une offre de #soins compétente, individualisée et empathique. Face à ce fiasco annoncé, une réaction salvatrice des pouvoirs publics s’impose !

    Bruno Riou (doyen de la faculté de santé, Sorbonne Université) et Nathalie Drach-Temam (présidente de Sorbonne Université)

    #enseignement_supérieur_privé

  • Pour lutter contre les #déserts_médicaux, élus locaux et soignants font preuve d’imagination

    « Hôpital de campagne », centres de santé sans but lucratif, médecins « solidaires »… Elus, associations et soignants engagés ne manquent pas de #solutions pour lutter contre les déserts médicaux, et montrer que ce n’est pas une fatalité.

    Y aura-t-il des services d’urgences ouverts à Noël ? C’est la question que se posent des milliers d’habitants dans des villes où les hôpitaux sont en tension permanente. Pendant l’été et les fêtes de fin d’année, la situation peut empirer.

    En médecine de ville aussi, se faire soigner est de plus en plus difficile dans un nombre croissant de communes. Près d’un tiers de la population française vit dans un #désert_médical. Et pourtant, à travers la #France, des citoyens, des médecins et des élu·es développent des #initiatives pour un accès aux soins pour tout le monde, partout.

    Des centres de santé lancés par des collectivités

    Des professionnels de santé et des élus locaux de différents bords politique s’engagent par exemple pour créer des centres de santé de #médecine_générale où les praticiens sont salariés.

    Près d’un millier de centres de ce type sont recensés en France (2023), un chiffre en progression constante ces dernières années. 40 % de ces centres sont gérés par des acteurs publics : collectivités territoriales, services de santé universitaires, centres hospitaliers. Les autres sont principalement conduits par des associations (donc à but non lucratif) ou des organismes comme des mutuelles.

    Des #médecins_solidaires

    Depuis 2022, un collectif de généralistes réunis dans l’association Médecins solidaires s’organise pour apporter des soins dans les zones sans praticiens. Plus de 500 médecins généralistes volontaires sont engagés dans cette association. « Un chiffre en constante augmentation », précise Médecins solidaires.

    Ils et elles se relaient pour exercer plusieurs semaines par an dans des centres de santé créés par l’association, assurent plus de 30 000 consultations annuelles, et ont permis à plus de 5000 patients d’avoir, enfin, un médecin traitant. En seulement deux ans, l’association a ouvert sept centres de santé dans des zones de désert médical, dans la Creuse, le Cher, la Nièvre, la Haute-Vienne, les Deux-Sèvres et l’Indre. Le dernier né a ouvert ses portes début décembre, à Reuilly, en Centre Val-de Loire.

    Le nouveau centre de santé de Médecins solidaires y accueillera chaque semaine un·e généraliste du collectif. Ouvert 50 semaines par an, il pourra être choisi par 1250 patients comme « médecin traitant ». Deux nouveaux centres de santé de l’association doivent ouvrir en 2025 et deux autres en 2026. Avec Basta !, nous étions allés à la rencontre de ces médecins engagés et de patients reconnaissants dans le centre de Charenton-du-Cher.

    Une maire veut monter un hôpital de campagne

    À Decize, dans la Nièvre, une maire a mis sur pied un « hôpital de campagne » en novembre pour interpeller l’État et l’agence régionale de santé sur la pénurie de médecins dans la zone. « En 2024, la commune de 5000 habitants compte deux praticiens, contre neuf il y a quinze ans. Les urgences de la ville sont quant à elles régulièrement fermées », soulignait France3 dans un article début novembre. `

    En octobre, constant que ses concitoyens ne peuvent tout simplement plus se faire soigner, la maire (PS) Justine Guyot avait pris un arrêté symbolique interdisant à ses administrés de tomber malade. Une soixantaine de communes de la Nièvre ont rejoint le mouvement, ce qui a permis d’attirer l’attention des médias.

    Justine Guyot est alors contactée par l’association des médecins étrangers diplômés hors Union européenne (l’association Ipadecc, pour “Intégration praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise”). Celle-ci milite pour la régularisation des praticiens diplômés en dehors de l’UE. Ils et elles sont environ 4000 à travailler dans les hôpitaux français, souvent de manière précaire, et sous- payée pour leur qualification.

    Ensemble, l’élue et l’association voulaient organiser une journée de consultations gratuites de spécialistes à Dezice. Finalement, « l’hôpital de campagne » n’a pas pu proposer de consultations, mais a été l’occasion de parler publiquement de cette mesure possible pour lutter contre les déserts médicaux : faciliter l’exercice de ces praticiens étrangers qui travaillent déjà en France, mais n’ont pas le droit de s’installer comme médecins dans les déserts médicaux.
    Des parlementaires proposent de réguler, en vain

    Au Parlement, des élu·es de divers partis essaient depuis plusieurs années de faire adopter une régulation de l’installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux. Mi-novembre encore, le député socialiste Guillaume Garrot a présenté une proposition de loi transpartisane qui vise notamment à réguler l’installation des médecins.

    L’élu PS de Mayenne est engagé avec 95 autres député·es au sein d’un d’un groupe de travail sur la désertification médicale. Le texte présenté le mois dernier a été signé par 237 députés issus du Nouveau front populaire, mais aussi des partis qui soutenaient l’ancien gouvernement, et du groupe Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires). Ce groupe de travail souhaite que la proposition de loi puisse être débattue au cours du premier trimestre 2025.

    Une première version de la proposition de régulation médicale avait déjà été déposée en 2023, elle-même précédée par une proposition similaire en 2019, déjà par Guillaume Garrot. En 2021, c’était un sénateur LR qui demandait lui aussi à réguler l’installation des médecins. À chaque fois, ces propositions ont été refusées. À chaque fois, les syndicats de médecins s’y sont fermement opposés.
    Les dentistes acceptent la régulation

    Pourtant, d’autres professions médicales sont déjà régulées : kinésithérapeutes, pharmaciens, sage-femmes, infirmières et infirmiers en libéral. Elles et ils ne peuvent s’installer dans une zone que si celle-ci n’est pas déjà sur-dotée.

    À partir de janvier, l’installation des dentistes va à son tour être encadrée : les nouvelles installations ne pourront se faire, que ce soit en libéral ou salarié en centres, que dans les zones qui ne sont pas déjà relativement bien dotées.

    Il était temps. Car plus de la moitié de la population française vit dans un territoire très sous-doté ou sous-dotées en chirurgiens-dentistes. Eux aussi avaient longtemps refusé toute régulation.

    https://basta.media/Pour-lutter-contre-les-deserts-medicaux-elus-locaux-soignants-font-preuve-i
    #imagination #résistance #solutions #solutions_locales #lutte #soins #accès_aux_soins #médecine #solidarité

  • Rapport 2024 de l’Observatoire des #expulsions de lieux de vie informels : la santé évincée !

    L’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels, dont le CNDH Romeurope fait partie, publie son 6ème rapport annuel. Au total, 1 484 expulsions ont été recensées sur tout le territoire français, du 1er novembre 2023 au 31 octobre 2024 : une augmentation de 34 % par rapport à l‘année précédente.

    DES EXPULSIONS RÉALISÉES AU MÉPRIS DES #DROITS DES PERSONNES

    Cette année encore, ces expulsions se sont déroulées au mépris des droits des personnes. 94 % des expulsions ont été mises en œuvre sans qu’un diagnostic préalable des #vulnérabilités des habitant·es n’ait été réalisé, allant à l’encontre de l’instruction du 25 janvier 2018 encadrant la résorption des #habitats_informels. Autre marque de non-respect de cette instruction, 88 % des expulsions ne sont pas accompagnées de propositions d’#hébergement pour les personnes, qui sont contraintes de retourner à l’#errance.

    Ces expulsions sont également marquées par des #violences envers les personnes. Ainsi, 87 % des expulsions ont été accompagnées d’une #destruction ou d’une #confiscation_des_biens des habitant·es.

    LES IMPACTS DES EXPULSIONS SUR LA SANTÉ DES PERSONNES

    Ce 6ème rapport de l’Observatoire s’est penché sur les effets des expulsions sur les #inégalités_environnementales de santé. Plusieurs professionnel·les de santé et associations témoignent de multiples conséquences directes des expulsions qui mettent en danger la santé des personnes : perte des documents médicaux, rendez-vous médicaux manqués, éloignement des lieux de soins, liens rompus avec les soignant·es, dégradation de l’état de santé, etc.

    Par ailleurs, l’Observatoire constate qu’afin de limiter les risques d’expulsions, les personnes sont contraintes de s’invisibiliser en s’installant dans des environnements souvent nocifs pour leur santé : proximité de déchetteries et de sites industriels, bordures de routes, sols pollués, zones exposées aux intempéries, etc…

    Pour mettre en avant des bonnes ou mauvaises pratiques d’(in)action publique face aux injustices environnementales, trois exemples sont analysés dans le rapport :

    - Le #saturnisme sur la #Butte_de_Montarcy – Comment la #santé_environnementale peut être un levier pour la #mise_à_l’abri
    - L’expulsions de “#Gens_du_Voyage sédentaires” à #Nemours – Un cas emblématique de violations des droits et de surexposition aux #nuisances_environnementales
    - L’#éloignement progressif des personnes exilées vers une zone industrielle loin des services de #soins à #Grande-Synthe et #Dunkerque

    https://www.romeurope.org/rapport-annuel-de-lobservatoire-des-expulsions-2024
    #rapport #France #accès_aux_soins #Roms #statistiques #chiffres #2023 #violence
    via @fil
    ping @karine4

  • Patiente morte à l’hôpital Lariboisière : l’#AP-HP sera jugée pour homicide involontaire
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/10/30/patiente-morte-a-l-hopital-lariboisiere-l-ap-hp-sera-jugee-pour-homicide-inv

    Selon le juge d’instruction, la « négligence grave réside bien évidemment dans le fait d’avoir pris en charge médicalement Mme Myrtil dans le service des #urgences vers 19 heures et de ne pas s’être préoccupé de l’évolution de son état pendant plus de cinq heures ».

    « Avant », poursuit-il, « de l’appeler vainement à la cantonade sous une identité erronée à deux reprises, sans chercher davantage à la localiser alors qu’elle se trouvait nécessairement sur son brancard dans le recoin du circuit court où il avait été positionné, avec son bracelet au poignet, et de l’y avoir laissée pendant toute la nuit, sans que personne ne s’en préoccupe. »

    Selon lui, « la faute de négligence grave a exclu toute possibilité de survie » de Mme Myrtil, avançant « le caractère létal d’une infection invasive à méningocoque en l’absence de prise en charge médicale ».

    [...]

    Selon une expertise rendue en décembre 2023, le placement de la patiente « en zone de “circuit court” ne semblait pas recommandé au regard de son état initial » mais « avait été validé par le médecin référent du fait d’un manque de place ».

    #hôpital #médecine #santé #soins

  • « Pour une assurance complémentaire gérée par la Sécurité sociale »

    Pour réduire le #déficit des dépenses publiques, le gouvernement propose de donner un coup de frein aux dépenses de #santé, qui représentaient, en 2022, 11,9 % du produit intérieur brut (PIB) de la France, nous plaçant en deuxième position des pays européens derrière l’Allemagne (12,6 %). Toutefois, en euros par habitant, l’Allemagne dépense en moyenne 20 % de plus que la France (4 343 euros versus 3 475 euros).
    La France est, en revanche, en tête des pays européens en matière de frais de gestion des financeurs des soins de santé : 6 % des dépenses de santé, contre 5 % en Allemagne et 3 % pour la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) (« Lutter contre le gaspillage dans les systèmes de santé », OCDE, 2017).

    En effet, spécificité française, nous avons pour chaque soin une double gestion, par l’Assurance-maladie obligatoire, d’une part, et par les #assurances privées complémentaires, d’autre part. Si bien que les complémentaires dépensent 7,7 milliards de frais de gestion alors qu’elles remboursent 13 % des soins, tandis que la Sécurité sociale dépense 7,5 milliards de frais de gestion alors qu’elle rembourse près de 80 % des soins. Autrement dit, lorsqu’un assuré verse 100 euros à une assurance complémentaire (mutualiste ou non), seuls 75 euros sont utilisés pour payer les soins contre 96 euros s’il les confie à la Sécurité sociale.

    « Faire mieux avec moins »

    En abaissant de 70 % à 60 % le remboursement des consultations chez le médecin ou chez la sage-femme, le gouvernement veut diminuer la #dépense_publique en la transférant aux assurances privées. Mais celles-ci répercuteront automatiquement la hausse sur le montant de la prime versée par leurs assurés, après une hausse de 8 % en 2024, déjà. Cette mesure purement comptable n’entraînera donc aucune économie pour la société. Elle va coûter plus cher aux assurés et provoquera un accroissement des #inégalités_sociales_de_santé dans la mesure où les moins fortunés, notamment parmi les #retraités, seront amenés à dégrader le niveau de leur couverture santé.

    A l’inverse, l’intégration des mutuelles dans une « Grande Sécu » remboursant à 100 % un panier de #prévention et de #soins solidaire permettrait à la collectivité d’économiser 5,4 milliards d’euros par an, d’après un rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie, publié en janvier 2022 (« Quatre scénarios polaires d’évolution de l’articulation entre Sécurité sociale et assurance-maladie complémentaire »). A défaut de cette réforme structurelle majeure, la création d’une assurance complémentaire gérée par la Sécurité sociale permettrait de « faire mieux avec moins », selon le vœu du ministre du budget. En effet, la gestion de l’assurance-maladie obligatoire et d’une assurance-maladie complémentaire par un financeur unique permettrait de supprimer le doublon inutile des frais de gestion.

    Les milliards économisés pourraient à la fois être ristournés aux assurés et servir à réduire le déficit de la Sécurité sociale. Gagnant, gagnant ! Cette mesure de bon sens est faisable puisqu’elle existe déjà en Alsace-Moselle, où deux millions de salariés bénéficient, pour des raisons historiques, d’un régime de santé spécial. Sa généralisation dépend seulement de la volonté politique du gouvernement et des parlementaires de supprimer la rente des assurances-maladie privées dites « complémentaires », moins égalitaires, moins solidaires et surtout moins efficientes que la #Sécurité_sociale.

    François Bourdillon est médecin de santé publique ; Mady Denantes est médecin généraliste ; Anne Gervais est hépatologue au centre hospitalier universitaire (CHU) Bichat, à Paris ; André Grimaldi est diabétologue au CHU de la Pitié-Salpêtrière, à Paris ; Olivier Milleron est cardiologue au CHU Bichat.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/25/pour-une-assurance-complementaire-geree-par-la-securite-sociale_6359630_3232

  • Les sénateurs taclent les complémentaires santé sur les hausses de cotisations
    https://www.notretemps.com/depeches/les-senateurs-taclent-les-complementaires-sante-sur-les-hausses-de-cotis

    Ils s’insurgent également contre les « garanties toujours plus couvrantes pour des frais d’ostéopathie, de naturopathie, ou de sophrologie », avec des forfaits - quatre séances d’acupuncture remboursées par exemple - qui « instaure une logique de crédits incitant à la consommation ».

    La couverture de ces prestations devrait être « optionnelle », et « sortie du contrat responsable afin de baisser le coût de la complémentaire santé pour les assurés qui n’y recourent pas », écrivent les sénateurs.

    • Ouais. Ce serait une offre qui répond à la demande (se faire chouchouter ailleurs que chez le coiffeur et le masseur, et autrement que par le recours aux livraisons tous azimuts, histoire de compenser une vie minable et un travail inutile ou nuisible ?).
      J’ai du prendre une « mutuelle » car mon revenu excédait le plafond CSS. Dedans (pas loin de 10% de mon salaire mensuel, quand même) il y a n’imp’, sans cote sécu, mais du dentaire et de l’optique avec du reste à charge, et du dentaire sans cote sécu qui reste à payer plein pot, pas comme la naturopathie.
      Être normal c’est payer une bureaucratie commerciale, des frais de représentation, et des charlatans.

      #santé #assurances_privées #complémentaires_santé #soins

  • Ricardo Lange über Dokureihe „Inside Charité“ : Missstände in Kliniken sind in ganz Deutschland Realität
    https://www.berliner-zeitung.de/gesundheit-oekologie/ricardo-lange-ueber-dokureihe-inside-charite-missstaende-in-klinike

    Ce n’est pas avec un reportage de télé privée qu’on changera quoi que ce soit aux problèmes dans les cliniques d’Allemagne. Les mesures néolibérales de privatisation y ont établi une peinurie qui empêche l’accès aux soins adéquats pour tous, sauf pour les patients privés et profitables.

    15.9.2024 von Ricardo Lange - Nach der Veröffentlichung einer Stern-Recherche ist die Empörung über Berlins bekannteste Klinik groß. Unser Kolumnist arbeitete selbst einmal dort und übt Kritik – an den Autoren.

    „Stern Investigativ – Inside Charité“, so heißt die erste Folge der neuen RTL-Dokureihe, die in den vergangenen Tagen für Aufregung und Empörung gesorgt hat. Der Aufschrei in den Medien und vor allem in den sozialen Netzwerken ist groß: „Boykottiert die Charité ... Schämt euch!“ oder „Unter aller Sau! Die Klinik sollte sofort geschlossen werden!“ sind noch die harmloseren Kommentare, die man unter den Beiträgen der Charité lesen kann.

    Ich kenne die Charité nicht nur vom Hörensagen oder von Kollegen, sondern habe dort selbst mehrere Jahre auf der Intensivstation gearbeitet und dabei auch ein speziell von der Charité entwickeltes 15-monatiges Traineeprogramm absolviert. Schon deshalb habe ich mir die Reportage angeschaut und bleibe, ehrlich gesagt, mit einem Stirnrunzeln zurück und frage mich, ob dafür jetzt eine Undercover-Mission nötig war.
    Fakten werden ignoriert: Missstände im Gesundheitswesen bestehen seit Jahren

    Seit Jahrzehnten weisen Experten auf die Missstände im Gesundheitswesen hin, auf den Personalmangel, der nicht nur das Personal ausbrennt und über die Grenzen der Belastbarkeit treibt, sondern auch die Sicherheit der Patienten massiv gefährdet. Immer wieder gehen Pflegekräfte teilweise wochen- und monatelang für eine bessere Patientenversorgung und einen Entlastungstarifvertrag deutschlandweit auf die Straße, und auch ich rede mir seit Ewigkeiten den Mund fusselig.

    Das Problem: Viel zu oft interessiert es keine Sau! Das Medieninteresse geht gegen null. Aber wenn man jemanden mit der Mistgabel durchs Dorf treiben kann, wie in diesem Fall die Charité, dann ist das Geschrei groß und alle reiben sich verwundert die Augen. Ich frage mich inzwischen ernsthaft, woran das liegt. Ist es pure Ignoranz oder einfach nur Dummheit? Wer heute noch nicht gemerkt hat, dass die Missstände im Gesundheitswesen ihre Opfer fordern, hat entweder die letzten Jahre in einer Höhle verbracht oder alle Fakten ignoriert.

    Die Charité ist international bekannt, sie wird zu den zehn besten Kliniken der Welt gezählt. Sie hat eine eigene Fernsehsendung, eine jahrhundertealte Geschichte und Tradition. Das weckt Erwartungen und lässt das Bild einer perfekten Hochglanzklinik entstehen.

    Doch wer glaubt, dass die Charité deshalb von Missständen und Personalmangel verschont bleibt, der glaubt auch an den Weihnachtsmann. Auch sie hat mit Personalmangel zu kämpfen, auch sie kann sich keine neuen Mitarbeiter aus den Rippen schneiden, und auch die Charité steht – wie in der Reportage mehrfach betont – unter finanziellem Druck. Ob man das wahrhaben will oder nicht.
    Missstände und Personaldruck in Kliniken sind in ganz Deutschland Realität

    Trotzdem versucht die Charité, den Personalmangel durch gut bezahlte Prämien für eigene Mitarbeiter, die aus dem Frei einspringen, abzufedern und ist auch eine der wenigen Kliniken, die nicht um jeden Cent feilschen, um im Notfall mit Leasingpersonal eine unterbesetzte Station zu unterstützen.

    Die einzelnen Fälle in der Reportage sind natürlich ausschnitthaft und verkürzt dargestellt, und da ich nicht vor Ort war, kann und will ich kein abschließendes Urteil abgeben. Die Bewertung und die Aufarbeitung der Vorfälle sind Aufgabe der Charité.

    Man muss sich aber auch vor Augen führen, dass die investigativen Journalisten laut Berichterstattung ein ganzes Dreivierteljahr vor Ort recherchiert haben und nur eine Handvoll Situationen zusammengekommen sind, in denen scheinbar Missstände dokumentiert wurden, die man selbstverständlich beleuchten muss.

    Auf der anderen Seite – und das gehört zur Wahrheit dazu – behandelt die Charité fast eine Million Patienten im Jahr. Darunter sind viele komplizierte Fälle, die extra aus dem Ausland eingeflogen oder aus anderen Kliniken hierher verlegt werden, weil diese mit ihren Behandlungsmöglichkeiten am Ende sind. Für viele Patienten ist die Charité die letzte Hoffnung. Fakt ist, dass die gleichen Probleme, die in der investigativen Reportage „Inside Charité“ thematisiert werden, in vielen, vielen anderen Kliniken in ganz Deutschland Realität sind.
    Der eigentliche Skandal: Die Politik kennt die Probleme, handelt aber nicht

    Man macht es sich also ziemlich einfach damit, mit dem Finger abwertend auf die Charité zu zeigen. Die Ursachen liegen zu einem großen Teil ganz woanders: angefangen bei den Ländern, die seit Jahren ihrer Finanzierungspflicht aus dem Krankenhausfinanzierungsgesetz nicht nachkommen, um die Krankenhäuser zum Beispiel bei der Anschaffung neuer Geräte oder bei notwendigen Sanierungen zu unterstützen, über die Politik, die die Probleme genau kennt, es aber bis heute nicht auf die Kette bekommt, etwas daran zu ändern. Das ist der eigentliche Skandal.

    In meinen Augen gibt es eine gewisse Unausgewogenheit in der Berichterstattung. Man hat sich den großen Player herausgepickt, um Quote zu machen, und hat es versäumt, den Blick nach rechts und links zu wagen und das große Ganze in den Fokus zu rücken. Investigativer Journalismus hat auch Schattenseiten und hinterlässt in vielen Fällen verbrannte Erde.

    Hier ist es das zerstörte Vertrauen der Kollegen untereinander. Der künftig misstrauische Seitenblick auf jeden Neuen. Die Patienten und Angehörigen, die sich nun ohne Einwilligung in ihren verletzlichsten Momenten trotz Verpixelung auf jeder medialen Plattform wiedererkennen. Und nicht zuletzt ein Imageschaden, der viele Patienten verunsichert zurücklässt. Hätte man die Hoffnung, dass sich durch die Reportage tatsächlich etwas im Gesundheitswesen zum Besseren wenden würde, könnte man das alles vielleicht mit halbem Herzen hinnehmen. So bleibt nur ein bitterer Nachgeschmack.

    #iatrocratie #Allemagne #Berlin #hôpital #médecine #soins #privatisation

    • Anasse Kazib : « CPE, état d’urgence, impérialisme : non, de Villepin n’est pas un camarade ! »
      https://www.revolutionpermanente.fr/Anasse-Kazib-CPE-etat-d-urgence-imperialisme-non-de-Villepin-n-

      Je suis toujours stupéfait de voir nos pires ennemis à la Fête de l’Huma. Mais également de voir comment le manque de mémoire politique et la brutalité du macronisme font dérailler la boussole de nombreuses personnes de gauche.

      De Villepin est une ordure de politicien bourgeois. Ce n’est pas juste le « gars du CPE », c’est un politicien de droite qui a mené durant des années au pouvoir et dans les couloirs des ministères les pires attaques contre notre camp social. C’est le 1er ministre de l’état d’urgence et de la répression brutale contre les révoltes dans les quartiers populaires de 2005.

      Alors je vois certains au loin venir me dire que sur Gaza il ose dire certaines choses. Oui, il dit certaines choses. Mais d’une part, c’est parce qu’il ne joue aucun rôle direct dans l’appareil d’Etat aujourd’hui, mais également parce que la bourgeoisie est divisée. Elle n’est pas homogène sur tout et certains vieux bourgeois comme De Villepin ont un logiciel différent du macronisme ou de l’affrontement permanent.

      Dans le patronat, vous avez des patrons très radicaux, qui veulent briser les travailleurs, risquant des grèves dures par la suite. D’autres patrons pensent que donner quelques primes, laisser un peu de pouvoir aux délégués du personnel permet une meilleure stabilité dans l’entreprise pour l’accumulation de richesse. Est-ce que cela en fait des alliés pour autant, voire des camarades ? Non, jamais. Cela reste des patrons et des ennemis de classe qui vivent de l’exploitation des travailleurs. De Villepin c’est la même chose.

      Lorsqu’il parle de Gaza, c’est pour parler de « la place de la France ». De Villepin est un gaulliste pur souche, un gars biberonné à la domination de l’impérialisme français sur les pays du Moyen Orient et d’Afrique. Il critique le macronisme car il voit que l’impérialisme français s’affaiblit à l’échelle internationale et dans ses anciennes colonies. Le gaullisme c’est la Françafrique, c’est la colonisation, le financement de dictature militaire pour maintenir les intérêts français, la répression, le massacre des algériens à Paris etc… Quelqu’un qui se revendique gaulliste se revendique de cette tradition et de ce passé d’oppressions.

      Si De Villepin apparaît dans la séquence comme celui qui donne l’impression de dire des « vérités » sur Gaza, c’est parce que l’écrasante majorité des voix palestiniennes ici sont interdites à la télé depuis des années. Les historiens sont interdits, les ONG sont interdites, les militants sont réprimés à l’image de Imane Maarif. On devrait surtout se poser cette question : pourquoi les seules voix « dissonantes » qui obtiennent de la visibilité sont celles de De Villepin ou encore de l’ancien Ambassadeur de France en Israël. Il n’y a donc aucune voix palestinienne ici ?

      On peut écouter une interview, la commenter. De là à l’applaudir et le revendiquer comme si c’était je ne sais qui, c’est plus que trop. C’est revendiquer un ennemi de classe historique pour quelques mots dans une interview. Écoutez les interviews jusqu’au bout et pas les 2-3 punchlines sur Twitter et vous verrez que sa préoccupation première n’est pas le peuple palestinien, mais la place de l’impérialisme français sur la scène internationale. Les périodes de crises politiques sont des périodes troubles et il est plus qu’important d’avoir du discernement sur les choses, sinon demain on tendra la main à ceux qui nous ont mis la misère hier et qui ont eu l’intelligence de se faire plus discret ensuite…

      Voir aussi la vidéo d’Anasse Kazib sur le sujet :

  • 18e #baromètre de la pauvreté et de la #précarité Ipsos

    Le 18e baromètre de la pauvreté et de la précarité réalisé par Ipsos pour le Secours populaire français brosse le tableau d’une précarité qui s’aggrave, s’étend et où l’accès à l’#énergie, à la prévention et aux #soins est fortement dégradé, en particulier pour les populations des #zones_rurales.

    Les #difficultés_financières des Français ne faiblissent pas malgré une légère accalmie sur le front de l’#inflation. C’est ce que montre la 18e édition du baromètre de la pauvreté et de la précarité Ipsos / Secours populaire* : deux Français sur cinq disent désormais avoir traversé « une période de grande #fragilité_financière » au moins à un moment de leur vie. Jamais ce niveau n’a été aussi élevé depuis le pic enregistré en 2013. Le niveau de difficulté est tel qu’au total, 62 % des Français déclarent avoir connu la pauvreté ou avoir été sur le point de la connaître. Un chiffre en hausse de 4 points par rapport à 2023.

    Cette fragilité financière touche en premier lieu les #catégories_populaires. Ainsi, 80 % des #ouvriers déclarent « avoir connu la pauvreté ou avoir été sur le point de la connaître », un niveau en progression de 6 points en un an. Parmi les personnes vivant dans les communes rurales, zones où la population est constituée d’une part importante d’ouvriers et d’employés, le niveau monte à 69 %. Le ressenti dans les zones rurales a été particulièrement interrogé dans cette édition du baromètre 2024, en raison de l’actualité et des témoignages des bénévoles sur le terrain (voir plus bas).

    62% des Français touchés ou menacés par la pauvreté

    Compte tenu d’une situation économique sur le fil du rasoir pour de très nombreuses familles, la crainte d’une transmission de la pauvreté entre générations est massivement partagée : 79 % des Français estiment que les risques sont plus élevés pour les jeunes. C’est chez les parents d’enfants de moins de 18 ans que l’inquiétude est la plus grande (86 %). Cette préoccupation s’est stabilisée à ces niveaux très élevés depuis 2018. Cela traduit un manque de confiance dans le futur au vu de la calcification continue des processus de reproduction des inégalités.

    La grande fragilité de nombreux ménages se reflète dans la hausse, pour la troisième année consécutive, du ‘’seuil de pauvreté subjectif’’ : une personne seule doit désormais disposer de 1 396 euros par mois pour ne pas être considérée comme pauvre, selon les Français. Au terme d’une hausse de 19 euros par rapport à 2023, le ‘’seuil de pauvreté subjectif’’ n’avait jamais été porté aussi haut par les personnes interrogées, le plaçant pour la première fois à 2 euros du #SMIC (1 398 euros nets pour un mois travaillé à temps plein).

    S’il faut disposer au minimum d’un SMIC pour faire face aux dépenses de la vie quotidienne, c’est que les fins de mois restent tendues : 52 % des répondants déclarent ne toujours pas réussir à mettre de l’argent de côté (-1 % seulement en un an). Surtout, 16 % des personnes interrogées sont même à découvert chaque mois. Là encore, la proportion est en recul par rapport à l’an dernier (-2 %), mais les ouvriers, qui constituent la catégorie sociale la plus confrontée à cette précarité, voient leur compte bancaire plonger dans le rouge deux fois plus souvent que le reste de la population (31 %).

    Les fins de mois difficiles résultent d’arbitrages de plus en plus serrés. On observe une nouvelle dégradation en 2024 sur de nombreux postes budgétaires essentiels tels que l’énergie, le logement ou l’accès à une mutuelle santé : jamais les difficultés enregistrées sur ces postes n’ont été aussi élevées. Près d’une personne sur deux peine à payer ses factures d’énergie : 47 %, un nouveau record, au terme d’une hausse de 2 points depuis 2023. Les factures sont si lourdes que 43 % des personnes interrogées ne chauffent pas leur logement lorsqu’il fait froid, « parfois ou régulièrement ».
    38 % peinent à payer loyer et emprunt immobilier

    Particulièrement frappées, plus des deux tiers des répondants disposant de revenus inférieurs à 1 200 euros nets par mois ont du mal à régler leurs dépenses énergétiques : ils sont 69 %, un niveau en hausse de 5 points par rapport au baromètre précédent, montrant ainsi une dégradation très forte de la situation des plus de 8 millions de personnes vivant avec les revenus les plus bas.

    De même, le coût du logement continue de fragiliser les familles, à un niveau jamais mesuré auparavant : 38 % rencontrent des difficultés à payer leur loyer ou leur emprunt immobilier (+4 points). Ce qui corrobore les témoignages recueillis par les bénévoles sur le terrain depuis des mois.

    Enfin, un autre record est à déplorer, dans le domaine de la santé cette fois : 29 % des répondants éprouvent de fortes contraintes pour disposer d’une mutuelle (+3 points). De la même façon, du fait de la baisse de son pouvoir d’achat ces dernières années, un Français sur trois (32 %) est toujours contraint « parfois ou régulièrement » de ne pas faire trois repas par jour.

    De tels contrastes entre les différents niveaux de vie témoignent d’une aggravation des inégalités d’accès aux besoins essentiels. Ces écarts se mesurent aussi entre habitants des grandes villes, globalement plus aisés, et des petites communes rurales, où les catégories populaires sont très représentées.

    Ainsi, 57 % des ruraux peinent à partir en vacances au moins une fois par an. C’est 9 points au-dessus que l’ensemble de la population alors que les vacances participent au bien-être des personnes et à leur dignité. De même, hors des métropoles, 40 % des répondants ont de grandes difficultés à disposer d’équipements numériques en état de fonctionnement. C’est 7 points de plus que l’ensemble des Français. Une privation qui marginalise dans une société où l’accès aux services, et même aux services publics, a massivement migré sur Internet, rendant plus aléatoire la possibilité de faire valoir ses droits.

    Violence à distance, mais aussi dans l’image de soi que les gens peuvent renvoyer à leur entourage : 36 % des habitants des espaces ruraux peinent à prendre soin de leur apparence physique, faute de moyens. C’est un niveau supérieur à la moyenne des personnes interrogées (31 %).

    Les privations touchent tous les secteurs de la vie. En cette année qui aura vu le retour des Jeux olympiques et paralympiques à Paris, un siècle après leur précédente édition dans la ville Lumière, un habitant sur trois vivant dans une commune rurale (31 %) renonce à pratiquer un sport ou une activité de loisirs. Ces privations sont encore plus fortement ressenties dans la population d’ensemble (35 %).
    44% des ruraux jugent difficile l’accès aux services de santé

    Les inégalités s’expriment aussi sur le plan collectif. « Si certains territoires sont moins dotés en services publics, ce n’est pas du fait de leur ruralité mais de la pauvreté de ceux qui les habitent », notent les sociologues Benoît Coquard et Clara Deville (Le Monde diplomatique, juillet 2024). Pour l’accès aux services publics fondamentaux, la situation apparaît préoccupante : un Français sur trois (34 %) juge difficile l’accès aux services de santé autour de chez lui. Cette proportion atteint plus de deux habitants sur cinq en zone rurale (44 %).

    En matière de transports en commun, 59 % des ruraux estiment que leur accès est difficile, soit parce qu’ils sont trop éloignés ou trop irréguliers ; c’est 18 points de plus que pour les réponses de l’ensemble des Français. Enfin, près d’un quart des habitants vivant hors des villes grandes ou moyennes (24 %) jugent les différents services sociaux peu accessibles. Et ce, alors que les besoins y sont souvent élevés.

    https://www.secourspopulaire.fr/18e-barometre-de-la-pauvrete-et-de-la-precarite-ipsos-secours-popul

    #baromètre #statistiques #chiffres #France #rapport #secours_populaire #2024 #rural

  • Charité Berlin : Vernichtendes Urteil der eigenen Ärzte über ihre Klinik
    https://www.berliner-zeitung.de/mensch-metropole/charite-berlin-vernichtendes-urteil-der-eigenen-aerzte-ueber-ihre-k

    L’hôpital le plus célèbre d’Allemagne est également le pire, si on croit les jeunes médecins qui y travaillent.

    12.9.2024 von Jens Blankennagel - Dieser Eindruck ergibt sich jedenfalls aus einer Umfrage der Zeitschrift Stern unter Ärzten. Besonders kritisiert wird die Behandlungsqualität in Deutschlands bekanntester Klinik.

    Die vor 314 Jahren gegründete Charité ist nicht nur ein historischer Ort, der viel Stoff bietet für eine erfolgreiche TV-Reihe, sie ist auch seit langem die bekannteste Klinik Deutschlands. Deshalb ist das Krankenhaus nicht nur für Berlin interessant, sondern steht durchaus auch exemplarisch für das hiesige Gesundheitswesen. Nun wird bekannt, dass etwa 200 Ärzte der Charité offenbar besorgt sind um die Sicherheit der Patienten des Hauses. Das jedenfalls berichten das Hamburger Magazin Stern und der Fernsehsender RTL.

    In einer bisher unveröffentlichten Umfrage sollen die Ärzte vernichtend über die Versorgungsqualität im eigenen Haus geurteilt haben. Von den 200 Befragten sollen mehr als 80 Prozent die Schulnoten vier, fünf oder sechs vergeben haben.

    Nach Angaben der Medienhäuser hat ein Reporterteam in monatelanger Recherche Missstände an der Klinik aufgedeckt. Außerdem soll es zwei Umfragen gegeben haben, „die einen eklatanten Widerspruch zwischen Anspruch und erlebter Wirklichkeit offenbaren“, heißt es bei Stern und RTL.

    Die Charité ist mit fast 3300 Betten eine der größten Uni-Kliniken Europas. Sie beschäftigt nach eigenen Angaben etwa 23.500 Mitarbeiter, davon etwa 5700 Ärzte und Forscher.
    Mehr als die Hälfte gibt schlechte Noten

    An der internen Umfrage zur Behandlungsqualität sollen mehr als 200 Mediziner mehrerer Standorte und Kliniken teilgenommen haben, vom Berufsanfänger bis zur Oberärztin. Auf die Frage „Wie bewerten Sie die Qualität der Patientenversorgung unter den aktuellen Arbeitsbedingungen?“ gab es nur ein einziges Mal die Antwort sehr gut. Aber 44 Prozent antworteten mit mangelhaft und acht Prozent mit ungenügend. Damit vergaben mehr als die Hälfte die Schulnoten fünf oder sechs. Mit „ausreichend“ antworteten 29 Prozent.

    Außerdem wird von einer zweiten Umfrage der Ärztegewerkschaft Marburger Bund berichtet. Bei der wurden wiederum mehr als 200 Mediziner befragt, dieses Mal ging es allerdings um angehende Ärzte, also Studenten im praktischen Jahr. Sie wurden zu ihren Erfahrungen in ihrer jeweiligen Berliner Klinik befragt. Etwa die Hälfte arbeitete in der Charité. Davon sagten gut zwei Drittel, sie würden die Charité anderen Studenten nicht als Lehrkrankenhaus empfehlen.

    Die andere Hälfte der angehenden Ärzte war in anderen Berliner Kliniken tätig und deutlich zufriedener, denn von ihnen sollen zwei Drittel ihr Krankenhaus empfohlen haben. Ein weiteres Ergebnis bei allen: Nur zehn Prozent fühlten sich durch das praktische Jahr gut vorbereitet auf den Berufsalltag.

    Zu den Umfragen wurde dann auch Peter Bobbert befragt, Vorstandsvorsitzender des Marburger Bundes Berlin-Brandenburg. Der Mediziner sagte, die Ergebnisse beider Umfragen seien „erschreckend“ und könnten nicht schöngeredet werden. Sie spiegelten aber „genau die Erfahrung, die wir auch machen“.

    Ein Anwalt der Charité antwortete auf Anfrage von Stern und RTL, die beiden Umfragen seien der Charité nicht bekannt, ihre Ergebnisse aber ohnehin nicht repräsentativ. Der Anwalt verwies auf Ranglisten, in denen die Charité auch international regelmäßig zu den besten Krankenhäusern gekürt wird.

    #Berlin #soins #médecins #hôpitaux
    #iatrocratie

  • Un petit néandertalien, témoin du soin social durant la préhistoire
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/07/10/un-petit-neandertalien-temoin-du-soin-social-durant-la-prehistoire_6248289_1

    Probablement trisomique et souffrant de troubles prononcés de l’audition et de l’équilibre, l’enfant a bénéficié du soutien de son groupe de chasseurs-cueilleurs. Une découverte qui éclaire l’origine de la compassion.

    [...]

    « Le cas de CN-46700 est particulièrement intéressant, ajoutent-ils, parce que le soin dont il a fait l’objet était destiné à un individu immature qui n’avait pas la possibilité de rendre la réciproque pour l’assistance reçue. » Le fait que cette forme d’aide désintéressée soit aussi présente chez notre espèce « suggère que cette adaptation sociale complexe a une origine très ancienne dans le genre Homo », avancent-ils en conclusion.

    Celle-ci est saluée par l’anthropologue indépendante australienne Lorna Tilley, qui travaille sur la « bioarchéologie du soin » : « Je n’ai aucun doute quant à la fourniture de soins sociaux – et plus particulièrement de soins liés à la santé – dans ce cas précis et dans la société néandertalienne de manière plus générale, car il y en a de nombreuses preuves éclatantes. »

    Au-delà, elle se dit « ravie que l’étude remette explicitement en question un argument basé essentiellement sur le rationalisme économique selon lequel le #soin (dans toutes les espèces humaines) serait un arrangement transactionnel découlant d’un contrat d’“altruisme réciproque”, plutôt que de motifs d’amour, de compassion, de responsabilité envers autrui, etc. ». Pour elle, cette conception était « plus révélatrice de la culture sociopolitique occidentale moderne que du passé ». Elle note ainsi que la thèse d’une « évolution de l’altruisme réciproque » a été proposée en 1971 par Robert Trivers (université Harvard, aux Etats-Unis), au moment où les idées de l’économiste libéral Milton Friedman (1912-2006) gagnaient en influence.

    https://justpaste.it/257wk

    #empathie #compassion #altruisme #néandertaliens #archéologie #économie #idéologie

  • #Suisse Quatre cœurs sur cinq transplantés sur des enfants proviennent de l’étranger ats/ami - RTS

    Quatre cœurs sur cinq transplantés sur des enfants en Suisse viennent de l’étranger. Cette importation a permis de faire reculer le taux de mortalité des enfants ayant besoin d’un cœur de donneur à 15%, selon le directeur de Swisstransplant.

    Ce taux était encore de 80% il y a 16 ans, quand Franz Immer a commencé à travailler pour la fondation suisse pour la transplantation d’organes, indique-t-il au Tages-Anzeiger. https://www.tagesanzeiger.ch/flughafen-zuerich-ambulanz-jet-brachte-um-1-23-uhr-ein-spenderherz-aus

    Entre 350 et 400 organes, le plus souvent des cœurs, sont répertoriés chaque année sur la plateforme de l’organisation européenne d’attribution FOEDUS. L’organisation a été créée parce qu’il est souvent impossible de trouver un receveur local, surtout pour les enfants.



    La Suisse a importé 45 organes et en a exporté 26 en 2023. L’objectif est qu’exportations et importations s’équilibrent. Le transport d’un organe coûte environ 20’000 francs. « Pour un cœur, un transport ne doit pas durer plus de quatre heures. »

    #Santé #Enfants #transplantation #coeur #importation

    Source : https://www.rts.ch/info/suisse/2024/article/quatre-c-urs-sur-cinq-transplantes-sur-des-enfants-proviennent-de-l-etranger-286

    • Hôpitaux sous tension : Au Luxembourg, les urgences soignent les naufragés de France Thomas Holzer - L’Essentiel

      LUXEMBOURG - « Certains ont été refusés ou ont attendu pendant des heures ». Face à un défaut de prise en charge de Thionville à Nancy, des patients franchissent la frontière pour se faire soigner au Grand-Duché. Un défi pour les établissements luxembourgeois.

      Aux Hôpitaux Robert Schuman, les patients de France et de Belgique arrivent en nombre. Editpress

      Des temps d’attente parfois interminables, des limitations d’accès, voire des fermetures et, in fine, une prise en charge qui inquiète. Les services d’urgences sont sous tension dans cinquante hôpitaux français. Parmi eux, le CHR Metz-Thionville, qui fait de nouveau face à un manque de personnel cet été.

      Une situation compliquée, dont les conséquences se font ressentir au Luxembourg. Selon nos informations, les hôpitaux du Grand-Duché constatent un afflux de patients venus de l’autre côté de la frontière. Parfois d’assez loin : « Beaucoup viennent du Pays-Haut, d’Arlon (Belgique), de la région messine, voire de localités entre Metz et Nancy. Certains ont été refusés, d’autres ont attendu pendant des heures », observe le Dr Fabienne Koerperich, médecin référent des urgentistes aux Hôpitaux Robert Schuman.

      Urgentiste depuis de nombreuses années, la cheffe de service a vu la situation se tendre depuis un certain temps. « Cela ne date pas de cet été. Mais nous constatons également la présence de plus en plus de personnes qui ne travaillent pas au Luxembourg ».

      Désemparées face à un système à flux tendu, certaines personnes ne se posent même plus la question et choisissent directement de faire plusieurs dizaines de kilomètres pour se rendre au Luxembourg. Quitte à perdre du temps dans les trajets.

      Une meilleure prise en charge ?
      Avec aussi l’idée de se prémunir contre un mauvais diagnostic. « Les cas sont divers et variés. Des patients débarquent pour des choses plus graves. C’est aussi une question de moyens. Les frontaliers savent et voient que la prise en charge est différente », reconnaît le Dr Koerperich.

      Face à cette réalité, les hôpitaux luxembourgeois se retrouvent obligés de s’adapter. Qu’importe son pays de résidence, chaque patient est accueilli et soigné. Mais si elles ne déplorent pas de difficultés comparables, les équipes au Luxembourg peuvent aussi tirer la langue. « Ce n’est pas la seule raison. Le problème est global et tient également à l’augmentation de la population au Grand-Duché », tempère la professionnelle, qui alerte également sur le manque de nouveaux médecins urgentistes.

      Aux Hôpitaux Robert Schuman, des discussions ont déjà été menées en interne. Cependant, des solutions pérennes ne pourront émerger que d’une réflexion plus globale sur la santé à l’échelle transfrontalière.

      #Hôpitaux #Urgences #Soins #Luxembourg #Belgique #frontières

      Source : https://www.lessentiel.lu/fr/story/hopitaux-sous-tension-au-luxembourg-les-urgences-soignent-les-naufrages-d

  • #Franco_Battiato - La Cura

    https://www.youtube.com/watch?v=cLJp-YJeuzc

    Ti proteggerò dalle paure delle ipocondrie
    Dai turbamenti che da oggi incontrerai per la tua via
    Dalle ingiustizie e dagli inganni del tuo tempo
    Dai fallimenti che per tua natura normalmente attirerai

    Ti solleverò dai dolori e dai tuoi sbalzi d’umore
    Dalle ossessioni delle tue manie

    Supererò le correnti gravitazionali
    Lo spazio e la luce per non farti invecchiare

    E guarirai da tutte le malattie

    Perché sei un essere speciale
    Ed io, avrò cura di te

    Vagavo per i campi del Tennessee
    Come vi ero arrivato, chissà
    Non hai fiori bianchi per me?
    Più veloci di aquile i miei sogni
    Attraversano il mare

    Ti porterò soprattutto il silenzio e la pazienza
    Percorreremo assieme le vie che portano all’essenza

    I profumi d’amore inebrieranno i nostri corpi
    La bonaccia d’agosto non calmerà i nostri sensi

    Tesserò i tuoi capelli come trame di un canto
    Conosco le leggi del mondo, e te ne farò dono

    Supererò le correnti gravitazionali
    Lo spazio e la luce per non farti invecchiare

    Ti salverò da ogni malinconia

    Perché sei un essere speciale
    Ed io avrò cura di te
    Io sì, che avrò cura di te

    #musique #chanson #care #soins #cura #patience

  • « Lorsque la puissance publique ne parvient plus à offrir des soins, quel risque prend-on à renverser la table ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/08/09/lorsque-la-puissance-publique-ne-parvient-plus-a-offrir-des-soins-quel-risqu

    Aujourd’hui, l’#accès_aux_soins est une préoccupation majeure des Français, avant même le terrorisme, le contrôle des flux migratoires ou la lutte contre le réchauffement climatique, d’après les enquêtes d’opinion qui se succèdent (voir par exemple l’enquête Ipsos, « Ce qui préoccupe les Français », en juillet).

    Les carences sont connues, documentées et vécues par tous au quotidien. Selon le ministère de la santé, 87 % du territoire est considéré comme un désert médical, et un tiers de la population n’a pas un accès suffisant aux soins. Les #urgences souffrent, craquent, ferment ou trient. L’accès à un spécialiste ou à un centre d’expertise peut prendre des mois, à condition qu’ils acceptent encore de nouveaux patients.

    Ainsi en est-il par exemple des centres antidouleur, des centres médico-psychologiques ou des équipes de #soins_palliatifs auxquels n’ont accès que la moitié des patients qui en auraient besoin alors même qu’ils sont atteints de maladies graves en phase parfois très avancée (Cour des comptes, juin 2023). Trop souvent, l’accès aux soins est affaire de réseau. « Connais-tu un bon médecin spécialiste ? » « Pourrais-tu parler de moi ? » « As-tu quelqu’un dans ta famille qui connaît quelqu’un ? » Le capital social est ainsi devenu la meilleure assurance-maladie, ce qui crée dans le pays un fort sentiment d’insécurité médicale.

    Le soin comme engagement

    Cette réalité est un moteur profond de colère et une des causes majeures du sentiment de déclassement. L’impossibilité de parvenir à être soigné ou à faire soigner ses parents ou ses enfants génère une immense et légitime rancœur. La violence qui s’exerce parfois à l’encontre des #soignants en est une conséquence. Lorsque la puissance publique ne parvient plus à offrir des soins, quel risque prend-on à renverser la table ? Les votes des dernières semaines traduisent aussi cette réalité.

    Soignants, nous ne sommes pas là par hasard. Nous sommes là parce que ce qui compte, c’est l’humain. Infirmiers, aides-soignants, psychologues, pharmaciens ou médecins de toutes disciplines, nous accueillons tous ceux qui demandent de l’aide. Chaque jour, nous accompagnons les personnes dans leur diversité. Pour nous qui les soignons, ces personnes ne sont pas de gauche ou de droite, françaises ou étrangères, avec ou sans papiers, elles sont simplement humaines, et notre mission est de les aider à guérir ou à vivre avec la maladie et de les accompagner parfois jusqu’à la mort.

    En cela, le #soin est un engagement politique au sens le plus élémentaire, c’est notre engagement : prendre soin de tous sans distinction et avec la même attention parce que la relation de soin est un bien commun. Alors même que notre société valorise le pouvoir, le contrôle et la force, nous, soignants, nous sommes là pour entendre la détresse, pour accompagner la souffrance jusqu’à parfois même l’envie de mourir et pour essayer de comprendre, soulager et rassurer. Or, notre service public du soin est exsangue voire maltraitant, pour les personnes qu’il accueille comme pour celles qui y travaillent. Chaque jour, nous faisons avec inquiétude le constat de la fragilité de notre système de #santé et de son incapacité croissante à répondre aux besoins de tous.

    Un choix de société

    Nous sommes dans une période de grande incertitude politique. Dans ce contexte chaotique, nous invitons nos élus, d’où qu’ils viennent, à faire front commun en faveur du soin pour le bénéfice de tous. Comment souhaitons-nous habiter notre Terre pour prendre soin des humains qui la peuplent ? Comment voulons-nous collectivement prendre soin de tous et, en particulier, des personnes malades, vulnérables, âgées ou handicapées ?

    Ces questions font du soin un projet profondément politique, un choix de société au-delà des querelles de partis. Car une société qui n’accompagne pas de manière satisfaisante ceux qui ont le plus besoin d’aide face à la maladie et à la souffrance est une société où se développent la colère et l’indifférence. Soignants, nous ne pouvons nous résoudre à cette défaite annoncée qui serait celle de tous et d’abord des plus fragiles.

    Le soin rassemble et ouvre une perspective de solidarité, de progrès et de fraternité. Il replace le progrès technique au service de l’humain, peut remédier à de nombreuses pathologies sociales (isolement, sentiment d’inutilité, violences de tous ordres…). Il est un éloge de l’attention et nous invite à nous engager les uns pour les autres. Il est l’espoir de recoudre notre société fracturée. Nous espérons que s’impose la « loi du plus faible ». Ce plus faible que nous continuerons d’accompagner quoi qu’il arrive parce que c’est notre métier, notre choix et le cœur battant de notre engagement. Ce cœur qui bat pour toute notre société.

    Parmi les signataires : Pr Georges Abi Lahoud, neurochirurgien, ICVNS Paris, membre de l’académie nationale de chirurgie, Thierry Amouroux, infirmier, porte-parole du SNPI (Syndicat national des professionnels infirmiers), Dr Cyril Boronad, pharmacien, président du Synprefh (Syndicat national des pharmaciens en établissement de santé), Dr Claire Fourcade, présidente de la SFAP (Société Française d’accompagnement et de soins palliatifs), Carole Gauvrit, présidente du CNPAS (Conseil national professionnel des aides-soignants, Dr Raphaël Gourevitch, psychiatre, hôpital Sainte-Anne, délégué de la Société médico-psychologique, Pr Olivier Guérin, président du CNP (collège national professionnel) de gériatrie, Pr Patrice Queneau Membre émérite de l’Académie nationale de médecine, membre émérite de l’Académie nationale de pharmacie, Dr Manuel Rodrigues, président de la SFC (Société française du cancer), Ghislaine Sicre, infirmière, présidente de Convergence Infirmière…

    La liste complète des signataires https://docs.google.com/document/d/18q42X6swl4VX4oY6zPt1os6z2-_9l2cp66sTpT4R3Q8/edit

    #déserts_médicaux

  • « Je n’ai plus aucune confiance » : les patients face à la maltraitance verbale des médecins | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/266711/maltraitance-medicale-verbale-blagues-lourdes-remarques-mepris-sexisme-racisme

    Certaines paroles des soignants ne sont pas sans conséquences, particulièrement dans cette relation fondée sur une forme de #dépendance.

    « Lors d’une consultation, alors que je n’allais pas bien du tout psychologiquement, le médecin m’a dit qu’il pourrait remplacer mon père pour prendre soin de moi mais qu’il était un “père incestueux”, raconte Anita, 28 ans. Sur le moment, j’ai été sidérée, j’ai ri comme si je n’avais pas compris, mais je n’ai jamais pu retourner le voir. J’ai dû chercher un autre médecin. »
    Ayant vécu une longue errance diagnostique et ayant été confrontée à maintes reprises à diverses violences verbales de la part de soignants, j’ai d’abord voulu voir si j’étais un cas isolé. J’ai aussi souhaité comprendre l’impact que ces violences pouvaient avoir sur les patients, sur leur suivi, l’observance de leur traitement et sur la relation qu’ils entretiennent désormais avec le corps médical.

    #médecins #soignants #patients #santé #soin

  • « Certes, l’on initie à l’école maternelle l’enfant à son rôle d’élève, mais cela ne doit pas se faire en oubliant les visées de socialisation au jugement individuel et critique » | entretien avec #Ghislain_Leroy
    https://publications-prairial.fr/diversite/index.php?id=4344

    Du côté de l’#école #maternelle, j’ai pu montrer à ce titre de profondes évolutions curriculaires. Durant la période allant des années 1970 à nos jours, les objectifs de lire-écrire-compter gagnent très largement du terrain, qu’il s’agisse d’aborder ces apprentissages directement ou indirectement (par exemple, par la phonologie). Cela s’effectue au détriment d’autres objectifs, qui étaient jadis hautement légitimes, tels que le « vivre ensemble » ou encore « l’affectivité » (je reprends des catégories de textes officiels anciens de l’école maternelle). Dans mon ouvrage L’école maternelle de la performance enfantine, je montre que ces évolutions du #curriculum formel ont changé les pratiques effectives. Elles sont parfois plus scolarisantes encore que les pratiques prescrites par le curriculum officiel ; par exemple, quand on insère systématiquement des objectifs d’écriture (comme le graphisme) dans les activités d’arts plastiques, alors même que ce n’est pas demandé par les textes officiels les plus scolarisants, comme ceux de 2008. Les enseignants apparaissent alors, en un sens, plus royalistes que le roi ! C’est qu’ils ont intégré l’importance de la demande de « fondamentaux ».

    Deuxièmement, le curriculum n’est pas lié qu’à une priorisation de certains objectifs en termes de disciplines scolaires. Il valorise aussi certains comportements et en dévalorise d’autres. Cherche-t-on à ce que l’enfant fasse ce que l’adulte veut ? Qu’il soit concentré ? Qu’il obéisse ? Qu’il fasse preuve de créativité ? Qu’il s’affirme ? L’évolution scolarisante de l’école maternelle que j’ai évoquée ci-avant va aussi dans le sens d’attentes disciplinaires [comportementales] plus importantes entre 3 et 6 ans. Dans les années 1970, on cherchait à ce que l’enfant s’individualise par des expérimentations personnelles et propres. On valorisait aussi la figure d’un adulte attentif aux soins affectifs envers l’enfant. Dans les pratiques, les choses furent très variées, et ces objectifs éducatifs furent loin d’être mis en œuvre partout, mais c’est une tendance de l’époque.

    RG : Quels sont les effets ou les conséquences de cette évolution ?

    GL : Parce que l’on attend plus de résultats scolaires de l’école maternelle, on attend des #enfants plus précocement « #élèves » et la relation de #soins affectifs a très largement, du même coup, perdu en légitimité (il faut donner à voir l’image d’une école maternelle « école »). Cela pose parfois la question d’une maternelle contemporaine n’hésitant pas à être brutale dans la relation à l’enfant ; j’ai pu documenter des situations de #maltraitance_éducative, liée au climat de fortes attentes de résultats scolaires. Dans ce contexte, j’analyse dans plusieurs productions récentes le succès actuel de la notion d’#autonomie comme le signe d’une valorisation non plus d’un enfant simplement obéissant, mais d’un enfant appliquant de lui-même, avec zèle et enthousiasme, ce que l’on attend de lui. Il est particulièrement rallié au projet éducatif que l’on a pour lui, et l’idée d’un hiatus entre ce que l’on veut pour lui, et ce qu’il veut, s’évanouit. C’est surtout frappant dans certaines approches #Montessori qui doivent donc être analysées dans leurs dimensions disciplinaires latentes. Nombre d’acteurs éducatifs contemporains (#enseignants, mais aussi parents) n’envisagent plus que l’enfant puisse ne pas adhérer, en tant qu’individu, au projet éducatif que l’on forge pour lui. J’estime qu’il revient au sociologue de l’enfance d’exercer une vigilance critique vis-à-vis de ce type de « définitions sociales de l’enfant » actuellement en croissance, pour reprendre l’expression de Chamboredon.

    [...]

    RG : Vers quoi devrait, selon vous, tendre le curriculum de l’école maternelle dans le contexte actuel ?

    GL : Je reste assez convaincu que l’école maternelle devrait dialoguer davantage avec d’autres institutions préscolaires, dites « holistiques », qui se fixent des objectifs de développement de l’enfant qui ne sont pas que scolaires. Il ne s’agit évidemment pas pour autant de mettre de côté les objectifs de réduction des inégalités socioscolaires, mais de considérer que le suivi d’objectifs préparatoires à la suite de la scolarité et d’objectifs de développement plus globaux (que l’on peut éventuellement nommer socio-émotionnels) sont probablement plus complémentaires qu’opposés. Je ne souscris pas à l’idée selon laquelle la surscolarisation de l’école maternelle serait un remède à la lutte contre les inégalités sociales. Je crois à ce que je nomme une « professionnalité complexe » à l’école maternelle, capable d’être exigeante sur les ambitions d’apprentissages scolaires (en particulier pour les enfants ayant peu de dispositions scolaires), tout en étant capable de saisir également les vertus de moments moins directifs ; d’apprendre, progressivement, aux enfants à devenir des élèves, tout en étant sensible à leur développement socio-émotionnel plus général. Le lien adulte/enfant à l’école maternelle ne saurait se réduire à la relation enseignant/élève ; cela me paraît un appauvrissement considérable de ce que cette relation à l’enfant est, ou peut être, en réalité.

    Enfin, pour ajouter encore une strate à cette « professionnalité complexe » que j’appelle de mes vœux, j’aurais aussi tendance à dire qu’il serait nécessaire d’être à la fois capable de socialiser l’enfant avec les objectifs curriculaires actuels, mais aussi de lui apprendre, en un sens, à endosser de réelles postures critiques et personnelles. Je regrette à ce titre que les activités de « débats » par exemple (prônées notamment dans les programmes de l’école maternelle de 2002) se fassent plus rares. Certes, l’on initie à l’école maternelle l’enfant à son rôle d’élève, mais cela ne doit pas se faire en oubliant les visées de socialisation avec le jugement individuel et critique ; voilà une manière d’atteindre l’« autonomie » qui est probablement différente de l’usage aujourd’hui tout à fait galvaudé de cette notion évoquée plus haut. Mais peut-être que dire cela est de plus en plus subversif politiquement (alors que c’était une vision assez ordinaire il n’y a pas si longtemps), dans un contexte où, en réalité, on attend de plus en plus de normalisation précoce des enfants, c’est-à-dire de #disciplinarisation (projet social qui me semble au demeurant progresser bien au-delà des attentes envers l’enfance). Souhaite-t-on encore réellement que l’enfant soit socialisé à avoir de l’initiative personnelle ?

    #éducation

    • J’ajouterais deux éléments qui expliqueraient cette focalisation sur le « devenir élève » et les « apprentissages fondamentaux » en maternelle, en plus de la source institutionnelle directe du curriculum décrite par Ghislain Leroy (qui est prépondérante).

      Le premier c’est les évaluations nationales. Même si on y est opposé, tout le monde s’y est habitué, et sans qu’on y fasse trop attention l’école se met à tourner autour de ça. Les évaluations de début de CP en particulier sont très violentes pour les enfants, notamment parce qu’on les évalue sur beaucoup de choses, y compris des notions qu’ils n’ont jamais vues (parce qu’à mi-CP et début de CE1 on réévalue pour voir la progression). Les résultats sont compilés, des moyennes d’écoles sont faites à différents niveaux spatiaux, puis l’école élémentaire se réunit avec la maternelle du secteur pour en parler, c’est-à-dire parler des exercices où la note est en-dessous de la moyenne et fait salement ressortir l’école. C’est la maternelle qui est responsable des résultats de début de CP, et ici tu peux être sûr d’être à tous les coups perdants : si les résultats sont bons, on te sucre des moyens ; s’ils sont mauvais, on viendra te donner des leçons parce que ta pédagogie est nulle. Bref, pour ne pas être classé dans les écoles ou les profs nuls, tu as intérêt à ce que tes élèves aient des bons résultats en début de CP, donc à les préparer à la myriade de trucs que les évals demandent. Ce souci de réussir aux évals, c’est aussi bien sûr dans l’intérêt des élèves, parce que tu sais qu’à 15 jours de la rentrée, ils se tapent une semaine d’éval, et que ça ira mieux pour eux s’ils savent faire.

      En plus de ça, bien sûr, ces évaluations mettent en lumière les « attendus de fin de cycle », c’est-à-dire les compétences listées dans les programmes censées être acquises en fin de maternelle. Si les programmes disent bien que chacun apprend à son rythme, tu ne peux pas échapper à la nécessité de ces attendus si dès la rentrée de CP il y a l’éval. Ca sert vraiment à mettre la pression à tout le monde, ça dit : si tu ne travailles pas correctement en maternelle, tu vas le payer (et ça le dit à tout le monde, aux profs, aux enfants et aux parents).

      Le deuxième élément c’est une certaine évolution de notre identité professionnelle en contexte de crise du métier. Notre métier est sur la pente descendante (et ça ne va pas s’arranger), le salaire baisse par rapport à ce qu’il était, les conditions de travail sont plus difficiles, il y a pénurie de candidats, hausse des démissions, concurrence du privé, recours plus important aux contractuels embauchés en quelques minutes, etc. Notre fierté alors, c’est les « apprentissages », « faire entrer les élèves dans les apprentissages ». C’est ça qui nous distingue des autres professionnels de la petite enfance, c’est ça qu’on peut mettre en avant pour montrer notre importance dans le système, c’est ce qui prouve nos compétences tant dénigrées (souvenir d’un directeur en réunion de rentrée disant aux parents de petite section : ici c’est pas la crèche, c’est l’école, il y a des choses à apprendre, un programme, donc pas de doudou, pas de tétine, même pour la sieste - … l’angoisse).

      L’autre jour, on parlait des différences entre maternelle et élémentaire. Je disais qu’en maternelle, on pouvait laisser jouer les enfants librement dans la classe. Une collègue est partie d’un rire méprisant en s’exclament « Qu’est-ce que j’entends ?! ». Pour elle, c’est inconcevable de se mettre en retrait (ou d’admettre qu’elle le fait), de laisser les enfants hors de ses tableaux de progression hebdomadaires/mensuels/annuels des apprentissages. Sinon à quoi elle servirait ? Comment verrait-on ses compétences qui font que, non, son métier n’est pas de la garderie ? Cette fierté revendiquée à avancer à marche forcée dans les apprentissages dès la petite section est une façon de se distinguer alors que l’institution, la société, nos conditions de travail, nous renvoient une image de nous-mêmes peu flatteuse. En plus de l’effet sur les enfants, le risque c’est aussi que ça amène les collègues à se dénigrer mutuellement.

    • Bascule de la mission première de l’école maternelle

      Christophe Joigneaux, chercheur spécialiste de la maternelle, s’est attaché à décrypter les projets de programmes en français. Pour le chercheur, si ces projets sont dans la continuité des programmes précédents, on retrouve les mêmes évolutions, mais plus affirmées. « La scolarisation de l’école maternelle est de plus en plus affirmée. Pour la première fois, on parle de la discipline scolaire de « français ». Avant, on parlait plutôt de langage. On parle aussi de la grammaire pour la première fois ». La première référence aux mathématiques comme discipline dans des programmes de maternelle, c’était en 2021, rappelle-t-il. « Il y a une montée incessante de la mission historique de la maternelle, la mission propédeutique (préparer la réussite des apprentissages) en CP particulièrement, mais après aussi ». Le chercheur explique que ces projets sont centrés sur la préparation de la lecture avec le décodage. « C’est une bascule. Cette mission est première à l’exclusion de l’autre grande mission, le respect du développement et du rythme d’apprentissage de l’enfant ». Il relève aussi le nombre d’occurrences des mots enfants et élèves, 9 occurrences du mot enfant contre 53 du mot élève. « C’est assez significatif ».

      L’école maternelle est de plus en plus positionnée comme la première école du cursus scolaire avec une perte de son identité curriculaire selon Christian Joigneaux qui note la disparition du jeu libre et le fait que les coins jeux ne peuvent plus être fréquentés librement. « En gros, il faut se concentrer sur les compétences fondamentales, prédictives de la réussite en français. Peu de place est laissée à la spontanéité de l’enfant… »

      Le spécialiste relève aussi des « repères temporels très précis dans ces projets ». « Si cela peut répondre à des demandes d’enseignants par rapport aux derniers programmes où il n’y avait que des attendus de fin de cycle, cela laisse beaucoup moins de liberté, surtout celle de s’adapter aux rythmes des élèves – on peut aller trop vite pour certains et accroitre les inégalités ». Du côté des contenus, il les estime « très chargés et très prescriptifs ». « Comment adapter avec tout cet empilement ? Comment s’y prend l’enseignant pour caser tout ça ? Toutes les conditions sont réunies pour que les nouveaux programmes accroissent la défiance des enseignants vis-à-vis de l’institution ».

      « Les fondamentaux, sont-ils vraiment fondamentaux ? », questionne Christophe Joigneaux. « Ces projets montrent que l’on n’a pas appris du passé. En particulier des programmes de 2008 où il y avait un découpage très fort. Ça permet de mieux réussir au début CP mais pas au début du CE2. Ce qui était considéré comme prédicteur de la réussir, ne l’était qu’à court terme ».

      https://www.cafepedagogique.net/2024/05/29/ozp-la-maternelle-en-rep

  • Fin de vie : Entretien avec François Guillemot et Bertrand Riff sur Radio Campus Lille !

    Ce Samedi 13 Avril, une heure avec l’AMD. Pour écouter l’émission en mp3, LE LIEN : https://www-radio-campus.univ-lille1.fr/ArchivesN/LibrePensee/LP240413.mp3

    La fin de vie. C’est un sujet qui fait débat en France en ce moment. La convention citoyenne sur la fin de vie a rendu ses conclusions après 27 jours de débats et d’entretiens avec une soixantaine spécialistes. Dans leur rapport, les citoyens tirés au sort déclarent : « Après en avoir largement débattu, la majorité de la Convention s’est prononcée en faveur d’une ouverture à l’aide active à mourir. »

    Si en France l’aide active à mourir n’est pas encore possible, elle l’est par contre dans un pays tout proche : la Belgique. Pour aider les Français qui souhaitent en bénéficier, l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) propose son aide. Elle dispose d’un local à Lille (Nord), à moins d’une heure de la Belgique. A Lille, c’est Monique et le docteur François Guillemot qui s’occupent des personnes et les accompagnent.

    La suite : https://actu.fr/hauts-de-france/lille_59350/depuis-lille-ils-accompagnent-des-patients-en-belgique-pour-leur-fin-de-vie_589

    Source : http://federations.fnlp.fr/spip.php?article2296

    #AMD #mort #fin_de_vie #aide_à_mourir #aide_active_à_mourir #handicap #Belgique #Santé #liberté #décès #santé #mort #mort_choisie #acharnement_thérapeutique #AMM #souffrances #femmes #radio #Hôpital #soins_palliatifs

  • Ma vie, ma mort, mon choix !

    Un émission de radio campus Lille, avec aux micros, Nadine, Monique, Anick, Frédérique, Véronique.

    Mourir, est le dernier acte de notre vie. Nul ne doit pouvoir en décider à notre place.

    https://www-radio-campus.univ-lille1.fr/ArchivesN/LibrePensee/LP240309.mp3

    Pourquoi la France a-t-elle toujours 20 ans de retards en Europe pour légaliser les pratiques de liberté humaine ?


    Une majorité de Français attendent ce droit nouveau, la convention citoyenne l’a montré. Mais est-ce forcément signe de progrès pour notre société ? Ne sommes-nous pas de plus en plus individualistes, l’attente des français ne traduit-elle pas cet esprit du siècle ? Et la solidarité dans tout ça ?

    On se plaint des conditions d’accueil des malades et personnes âgées indignes dans un système de santé en panne, la priorité n’est-elle pas de restaurer notre service public et de financer les SP ?

    Parlons des médecins, qui sont ou seraient opposés au droit à l’AMM.

    Vous faites référence au combat des femmes pour le droit à l’IVG, dans les décennies 60/70, diriez vous qu’il y a une filiation avec le combat que vous menez aujourd’hui pour l’AMM ?

    Quels sont nos moyens et modes d’action ?
    . . . . .
    Le Choix-citoyens pour une mort choisie, est une association laïque, apolitique et pluraliste dans les convictions philosophiques, spirituelles, religieuses de ses membres. Le respect de la liberté de conscience est le fondement de son combat. Il concerne tous ceux qui défendent la laïcité, c’est à dire un monde de tolérance.
    . . . . .
    Antenne Nord Pas de Calais : MDA 27 rue Jean Bart 59000 Lille 
lechoix5962@laposte.net tel : 06 70 31 56 94 https://choisirmafindevie.org

    Source : http://federations.fnlp.fr/spip.php?article2292

    #Santé #liberté #décès #santé #mort #mort_choisie #acharnement_thérapeutique #AMM #souffrances #femmes #radio #Hôpital #soins_palliatifs