• Cerrado: can the empire of soy coexist with savannah conservation?
    https://news.mongabay.com/2018/03/cerrado-can-the-empire-of-soy-coexist-with-savannah-conservation

    Matopiba is an acronym for Maranhão, Tocantins, Piauí and Bahia states. It isn’t a familiar place name to most Brazilians, but is well known to large-scale farmers, as it refers succinctly to the nation’s latest agricultural frontier.

    In #Matopiba, the soybean – due to its inexhaustible global market demand – stands head-and-shoulders above every other crop in importance. Soy experienced an astounding increase of 15 percent in occupied farmland in Matopiba between 2016/2017, with soy acreage likely to top 8.4 million hectares (32,432 square miles) by 2026/2027, says the ministry report.

    Crop #monoculture, hampered by environmental laws in the Amazon, has been expanding rapidly into the #Cerrado, the biodiversity-rich Brazilian tropical savannah which once covered two million square kilometres (772,204 square miles), an area bigger than Great Britain, France and Germany combined.

    More than half of the Cerrado’s native vegetation has been lost already to soy, corn, cotton and cattle, and the pace of deforestation here is far faster than in the Amazon today.

    #Brésil #soja #élevage #déforestation

  • Monsanto entre poison, mensonges et impunité Le Devoir -
    Pour Marie-Monique Robin, la magnitude du scandale sanitaire du glyphosate est supérieure à celui de l’amiante. _
    http://www.ledevoir.com/culture/livres/518520/entrevue-monsanto-entre-poison-mensonges-et-impunite

    C’est à n’y rien comprendre. Des centaines de nouvelles études scientifiques ont convaincu le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), lié à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de classer en 2015 le glyphosate, vendu depuis 1975 sous la marque Roundup par le géant des biotechnologies et des pesticides Monsanto, dans la catégorie « cancérigène probable ». Or, comme bien d’autres instances réglementaires à travers le monde, l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada a reconduit malgré tout son approbation pour l’utilisation du glyphosate, sur tout le territoire, et ce, pour une nouvelle période de quinze ans.

     
    « L’histoire se répète et ceux qui sont censés prendre des décisions ne s’en émeuvent pas, commente l’essayiste et documentariste Marie-Monique Robin. Nous avons un vrai problème institutionnel, et des deux côtés de l’Atlantique. »
     
    Dix ans après son explosif Le monde selon Monsanto, enquête à charge contre l’opacité et les manigances de la multinationale américaine, la militante reprend son bâton de pèlerin pour dénoncer les graves manques de transparence et l’aveuglement des autorités en ce qui concerne ce produit toxique. Cette fois, c’est le « scandale sanitaire » du Roundup qu’elle place au coeur d’une démonstration patiente et rigoureuse, qui prend aussi la forme d’un documentaire, pour lequel aucune de date de diffusion n’a encore été fixée au Québec.


    Le Roundup face à ses juges offre une synthèse retentissante de la désinformation massive, de la guerre d’expertises scientifiques où les dés sont pipés par une multinationale qui défend mordicus un « poison ». Ce « poison », le glyphosate, est le principe actif du célèbre herbicide Roundup, dont plus de 1,5 million de kilogrammes ont été épandus au Québec en 2015, autant dans les jardins d’ornement que dans la production agricole de maïs, de soya et de canola génétiquement modifiés, les fameux OGM.
     
    Les manoeuvres de la multinationale y sont comparées à celles de l’industrie du tabac et de l’amiante. La catastrophe est cependant « d’une magnitude sans doute bien supérieure à celle du scandale de l’amiante. Car, à la différence de l’amiante, le glyphosate est partout : dans l’eau, les sols, l’air, la pluie et les aliments », résume l’auteure dès les premières pages.

    Le coeur de son enquête prend comme fil conducteur le vrai faux procès que des représentants de la société civile ont mis en place en octobre 2016 à La Haye, aux Pays-Bas. Bien plus qu’un exercice de thérapie collective ou un événement faisant oeuvre de pédagogie, le Tribunal international Monsanto s’est déroulé devant des juges réels, insiste en entrevue par Skype Mme Robin : « De vrais juges ont émis un avis juridique d’autorité, un avis véritablement fondé en droit très argumenté et qui a donc une valeur juridique. » Rappelons qu’elle est la cofondatrice de ce tribunal, avec l’ancienne ministre française de l’Environnement Corinne Lepage.
     
    En plus d’alerter l’opinion, le but avoué était de faire reconnaître le crime « d’écocide » par le droit international, ou du moins de faire cheminer l’idée que la destruction des écosystèmes pourrait être passible de poursuites criminelles. Monsanto a refusé de comparaître à ce procès simulé. Le géant a renvoyé l’essayiste à une dizaine de liens sur Internet, dont des vidéos promotionnelles, en guise d’entrevue. Or, si l’empoisonneur était absent, des témoins du monde entier, eux, y ont montré leurs visages pour éclairer et humaniser un propos qui reste toujours très spécialisé malgré les efforts de vulgarisation.

    Des campements sanitaires


    En Argentine, des médecins mènent des « campements sanitaires » durant lesquels ils font du porte-à-porte systématique, localité par localité, afin de dresser un profil épidémiologique de territoires avoisinant les zones d’épandage massif du glyphosate. Le constat est sans appel, la « sojaisation » de la campagne — et son corollaire, l’utilisation de Roundup de Monsanto — a fait croître les cas de cancers, d’asthme, de malformations congénitales. Le Sri Lanka a été le premier pays au monde à interdire le glyphosate en 2015. Lors de l’annonce, le nouveau président, Maithripala Sirisena, a justifié sa décision : « L’herbicide était responsable d’un nombre croissant de maladies chroniques rénales [affectant] 15 % de la population en âge de travailler dans les régions du nord et a déjà tué 20 000 personnes », peut-on lire dans Le Roundup…

    En France, aux États-Unis, les liens entre le pesticide et la maladie se révèlent également et se font écho : « Tous ces gens qui ne se connaissaient pas, venus raconter des histoires très similaires, avec les mêmes pressions, la même impossibilité d’obtenir réparation », note Mme Robin.
     
    Il a fallu une poursuite judiciaire en France, qui a duré six ans, pour forcer Monsanto à retirer les expressions mensongères « biodégradables » et « laisse le sol propre » des étiquettes du Roundup. C’était en 2007, nous renseigne Marie-Monique Robin, et les stratégies « d’occultation systémique » étaient déjà bien en place, ajoute-t-elle, tout en indiquant avoir depuis longtemps fait la démonstration des « manipulations dont est capable Monsanto pour maintenir ses produits sur le marché ». Manipulations qui ont été révélées avec force dans les Monsanto Papers, ces milliers de pages de documents déclassifiés dans la foulée d’une action collective intentée en Californie contre Monsanto. La poursuite a été motivée par la décision de l’OMS de placer le glyphosate sur sa liste des cancérogènes probables pour l’humain, aux côtés des créosotes, des moutardes azotées et du chlorure de benzyle.
     
    L’inertie des gouvernements quant à la substance y est en partie expliquée, avec au coeur de cette manipulation le sacro-saint secret commercial, qui, pour protéger le monde des affaires, peut parfois mettre en péril la santé humaine et environnementale. Mme Robin cite l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui a reconduit récemment l’homologation du glyphosate pour cinq ans, elle aussi en se basant en partie sur des études issues de l’industrie, dont on ne sait rien : « Les données toxicologiques qui doivent protéger les humains devraient être accessibles à tout le monde, affirme l’essayiste. Or, on ne sait pas qui sont les experts qui ont signé le rapport qui a servi de base à l’EFSA », rendant par le fait même difficile la vérification des potentiels conflits d’intérêts.

    Du côté de l’industrie
    Pourquoi tant de secrets si Monsanto est convaincu que son produit est « plus inoffensif que le sel de table », dixit son propre slogan ? Sans doute parce que l’inertie contamine tout le monde, à commencer par les instances autoritaires, s’insurge Mme Robin.
     
    Et du côté de l’industrie ? C’est business as usual, comme on dit ! Monsanto a été acheté par le géant allemand Bayer pour la pharaonique somme de 81 milliards de dollars canadiens en 2016. Un mariage au prix exorbitant qui donne à ces deux géants devenus un tout les clés pour contrôler la chaîne agroalimentaire entière, des semences à l’assiette. « Avec, en prime, une panoplie de médicaments censés soigner les paysans et consommateurs malades à cause des poisons agricoles qui contaminent l’environnement », écrit l’essayiste.

    Comment agit le glyphosate ? Mis en vente en 1975, il s’agit d’un herbicide qui détruit les mauvaises herbes, ennemies des agriculteurs, mais le spectre de son action ne s’arrête pas là. Il se définit comme une substance totale foliaire systémique, ou non sélective en d’autres mots, qui tue presque toutes les plantes sur son passage, sauf celles modifiées génétiquement (OGM) pour résister. Une combinaison semences transgéniques-Roundup, qui est la pierre angulaire du modèle économique de Monsanto.

    Le Roundup face à ses juges
    Marie-Monique Robin, Éditions Écosociété, Montréal, 2018, 256 pages

    #Livre #Marie-Monique_Robin #glyphosate #Roundup #monsanto #bayer #Canada #Argentine #écocide #multinationale #herbicide #transgénique #justice #tribunal pseudos #experts #soja

  • 23 Companies Sign Manifesto to Halt Destruction of Brazilian Cerrado | Sustainable Brands
    http://www.sustainablebrands.com/news_and_views/supply_chain/sustainable_brands/23_companies_sign_manifesto_halt_destruction_brazilia

    Soy and beef production have played significant roles in the exploitation of the Amazonian rainforest, but the rollout of regulations to protect these precious natural resources have had unexpected consequences, driving these activities into regions that have largely been left untouched, such as Brazil’s Cerrado, a vast tropical savanna ecoregion of 2 million square kilometers.

    The pressing situation was a major topic of discussion at an event hosted by The Prince of Wales’s International Sustainability Unit and Unilever on Wednesday morning in London, during which the Prince of Wales called for greater actions to be undertaken to protect the Cerrado and other threatened areas around the globe. “An increasing concern is the extent to which success in reducing agricultural expansion into forests comes at the expense of the destruction of other wonderful ecosystems such as the Cerrado, the Chaco and the world’s remaining savannahs,” he said. “All of [these landscapes] are so vital for the services they provide and the biodiversity they sustain.”

    ...

    Signatories include Carrefour, Colgate-Palmolive, Co-operative Group Ltd, IKEA Food Services AB, Sainsbury’s, Kellogg Company, Lidl UK GmbH, L’Oréal SA, Mars Inc., McDonald’s Corporation, Marks and Spencer Group Plc, Nestlé S.A., Tesco Stores Plc., Unilever, Waitrose Ltd and Wal-Mart Stores, Inc.

    http://www.mightyearth.org/wp-content/uploads/2017/10/CerradoManifesto_September2017.pdf

    Support for Cerrado Manifesto Triples, Momentum Builds for Cargill and Bunge to Agree to End Deforestation for Soy, Meat
    http://www.mightyearth.org/support-cerrado-manifesto-triples-momentum-builds-cargill-bunge-agree-e

    61 leading meat, dairy and soy companies and retailers announced today their support for the Cerrado Manifesto, a pledge to eliminate clearance of native vegetation in the Brazilian Cerrado for large-scale agriculture. This number represents a tripling of support for the Manifesto since its release in October 2017. We appreciate the leadership of companies like Marks & Spencer, Tesco, Unilever, and Carrefour on this initiative.

    Cargill and Bunge, two of the world’s largest agribusinesses that are operating in the areas of Latin America with the highest levels of deforestation, are facing significantly increased pressure from their customers to expand their own success in eliminating deforestation for soy in the Brazilian Amazon to the Brazilian Cerrado, and other priority landscapes in Latin America.

    #Cerrado #Brésil #engagement #agroindustrie #soja #viande

  • Soylândia, le déséquilibre environnemental
    https://www.mediapart.fr/journal/international/260717/soylandia-le-desequilibre-environnemental

    Les routes, comme ici la Transamazonienne, sont la première étape de l’exploitation de la forêt © Thomas Cantaloube La culture intensive du #Soja a fait des ravages dans la forêt amazonienne, qui est toujours perçue comme un territoire à exploiter pour son bois, sa bauxite, son potentiel hydroélectrique… Les gouvernements brésiliens successifs, depuis la dictature des années 1970 jusqu’à aujourd’hui, n’ont jamais compris la diversité et les ressources de cette zone.

    #International #Amazone #Amazonie #Archéologie #Brésil #Ecologie #Environnment #extractivisme

  • MARCQ-EN-BARŒUL - 250 kg de soja OGM déversés devant la Cité des Échanges LVDN - Brigitte Lemery - 31 Mai 2017
    http://www.lavoixdunord.fr/170704/article/2017-05-31/250-kg-de-soja-ogm-deverses-devant-la-cite-des-echanges

    Plusieurs organisations opposées aux OGM étaient ce mercredi matin sur le pied de guerre devant la Cité des échanges, à l’occasion de la « Table ronde pour un soja responsable » de RTRS, un projet international regroupant producteurs, marchands et transformateurs de soja, mais sponsorisé entre autres, par Bayer, producteur de soja OGM. 

    Toutes les voitures pénétrant ce matin sur le site de Entreprises et Cités et notamment de la Cité des Échanges à Marcq-en-Barœul ont eu droit à un tract et ont roulé sur du soja OGM, 250 kgs déversés par des opposants au soja OGM, des membres de la Confédération paysanne, du Collectif NPDC contre les OGM, le Collectif des faucheurs volontaires, Europe Ecologie les Verts. Une action qui fait suite aux Marches contre Monsanto organisées dans 40 pays et qui ont mobilisé des dizaines de milliers de personnes.

    Venant de toute l’Europe, du Brésil et d’Argentine, les 280 participants à la table ronde, dont certains valise à roulettes à la main ont eux aussi foulé ce tas de soja honni par la trentaine d’opposants regroupée devant l’entrée, afin de protester contre une table ronde, vécue comme une provocation. Elle fait en effet, la promotion du « Zéro déforestation » et continuerait « de déboiser pour le marché non-certifié ».

    Avec « la caution environnementale de WWF », explique Bernard Coquelle de la Confédération paysanne qui ne décolère pas : « leur argument, c’est le zéro déforestation depuis 2016 pour un soja responsable, mais ça ne tient pas compte de ce qui a été fait dans le passé, quand ils ont déforesté et cultivé le soja en monoculture, sans rotation de cultures. Le soja OGM est une plante pesticide, herbicide totale qui, utilisée année après année, épuise le sol. Et en plus ils continuent d’utiliser du round-up ! Nous on dit que c’est de la fumisterie ! Quand ils parlent de culture responsable, c’est un mensonge ! » À ses côtés Dominique Plancke des Verts, surenchérit : « Par définition, c’est du soja OGM, c’est irresponsable ! C’est une hypocrisie sans nom ! ».

    #Marcq-en-Barœul #OGM #round-up #WWF #Soja #monsanto #bayer #déforestation

  • What McDonald’s doesn’t want you to know about its ‘British’ beef | The Independent
    http://www.independent.co.uk/environment/mcdonalds-beef-burgers-amazon-rainforest-deforestation-cargill-bunge-

    In a report in February, campaign group Mighty Earth revealed how land was being cleared to make way for soy plantations in the Brazilian Cerrado and Bolivian Amazon.

    Now, in a follow-up report, they said “large industrial farms” were still selling to major global food companies that supply household names like #McDonald’s, #Burger_King, #Dunkin’Donuts, #Kellogg’s and #Kraft_Heinz.

    #déforestation #forêt #soja #viande #Bolivie #Brésil

  • ​Agriculture. Le #soja ruine les sols argentins

    Dans les régions de culture intensive de soja, des #inondations à répétition provoquent d’importants dégâts. La faute aux changements climatiques, assurent les autorités. Mais nombre d’experts accusent le modèle agro-industriel.


    http://www.courrierinternational.com/article/agriculture-le-soja-ruine-les-sols-argentins
    #agriculture #Argentine
    cc @odilon

    • Du calme @sombre :

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      Agriculture. Le soja ruine les sols argentins

      Environnement
      Argentine
      Página 12 - Buenos Aires

      Publié le 27/03/2017 - 09:23
      Dessin d’Alex, paru dans Liberté, Fribourg.

      Dans les régions de culture intensive de soja, des inondations à répétition provoquent d’importants dégâts. La faute aux changements climatiques, assurent les autorités. Mais nombre d’experts accusent le modèle agro-industriel.
      Nos services

      Tout commence par la pluie et les inondations, puis le secteur agricole rejette la faute sur le climat, les pertes économiques atteignent des millions, le gouvernement accorde des aides et promet des travaux. Et ce cycle redémarre dès l’orage suivant. Il se répète périodiquement et, début janvier, il a frappé les provinces de Córdoba, Santa Fe et Buenos Aires [dans le centre du pays].

      Pourtant, le fautif “n’est pas le climat, mais le modèle qui régit l’agriculture et l’élevage”, objecte l’ONG argentine de protection de l’environnement Naturaleza de Derechos. D’autres organisations militantes abondent dans ce sens et rappellent que le business agro-industriel fait de l’Argentine le leader mondial du défrichement. Et que des études démontrent les conséquences du changement d’affectation des sols.
      À lire aussi Agriculture. Les producteurs de soja disent merci au réchauffement

      Ainsi, en une heure, une forêt naturelle absorbe 300 millimètres d’eau, un pâturage traditionnel (consacré au bétail) 100 millimètres et un champ de soja à peine 30 millimètres. C’est ce que détaille un rapport de l’Instituto Nacional de Tecnología Agropecuaria (Inta, Institut national des techniques d’agriculture et d’élevage) relayé par le magazine Página 12 en avril 2016, après les inondations dans les zones de Córdoba et de Buenos Aires.

      L’un des auteurs, Nicolás Bertram, qui travaille au centre de recherche Marcos Juárez de l’Inta à Córdoba, note que :

      les trop-pleins d’eau ne sont pas dus au manque de travaux ni à l’excès de pluies, mais plutôt au développement des activités agricoles depuis les années 1990.”

      À lire aussi Salvador. La bête noire des forêts

      Nicolás Bertram a cosigné avec un autre universitaire, Sebastián Chiacchiera, une étude intitulée Remontée des nappes dans la région des pampas : augmentation des précipitations ou nouveaux emplois des terres ? Les deux chercheurs ont analysé les pluies depuis les années 1970 à nos jours, ainsi que les changements apportés au modèle de l’agriculture et de l’élevage, marqués par le développement de la culture du soja et l’éviction du bétail, entre autres variables.
      “Un tsunami venu du ciel”

      Dans les zones étudiées, “la nappe, qui se trouvait à 10 mètres de profondeur, est aujourd’hui à moins de 1 mètre de la surface, souligne Nicolás Bertram. Les sols sont saturés et ne peuvent plus rien absorber. C’est comme si on avait autrefois un grand pot de fleurs où l’on versait un seau d’eau. Maintenant, le pot est dix fois plus petit mais on y jette la même quantité d’eau.”
      À lire aussi Environnement. Macabre marée rouge au large des côtes chiliennes

      En 2015, lors des inondations dans la province de Córdoba, le gouverneur de l’époque, José Manuel de la Sota, a accusé les intempéries : “C’est un tsunami qui est venu du ciel.” De même, en janvier dernier, les chefs d’entreprise du secteur de l’agroalimentaire et des OGM regroupés au sein d’une association (Aapresid) ont évoqué une “catastrophe climatique et des inondations dues à un orage, qui ont placé le secteur agricole en alerte rouge”.

      De son côté, Horacio Brignone, un militant qui participe à la campagne Paren de Fumigar [“Stop aux pesticides”] dans la région de Santa Fe, reproche aux autorités d’avoir pour seuls interlocuteurs les responsables du secteur agricole : “Le gouvernement accorde des subventions à ceux-là mêmes qui sont responsables des inondations. Tous autant qu’ils sont, ils pensent retenir l’eau avec des aides, des exportations et la ‘production’. Ils font la même chose à chaque fois en espérant obtenir des résultats différents.”
      L’Argentine, parmi les 10 pays qui déboisent le plus

      Dans un communiqué, le Centre de protection de la nature [Cepronat, une ONG née en 1977, qui édite une revue écologiste], qui participe à la campagne Paren de Fumigar, dénonce : “Le modèle biotechnologique agricole aggrave les inondations. Les OGM, les pesticides et l’ensemencement direct ont provoqué la remontée des nappes phréatiques. La monoculture du soja et les produits chimiques qui y sont associés entraînent l’imperméabilisation des sols. Par conséquent, l’eau ne pénètre pas dans la terre et n’est pas absorbée. Elle se répand et inonde, tout simplement.”

      Carlos Manessi, du Cepronat, reproche aux entreprises et à la sphère politique de n’invoquer que le changement climatique ou le phénomène El Niño.
      À lire aussi Brésil. Revivre un an après la pire catastrophe écologique du pays

      L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a classé l’Argentine parmi les 10 pays qui ont le plus déboisé depuis le début des années 1990 – 7,6 millions d’hectares, soit une moyenne de 300 000 hectares par an. “Tous les ans, nous sommes témoins de grandes inondations, affirme Hernán Giardini, de Greenpeace. Ce n’est ni le hasard ni un phénomène naturel.” Il développe :

      C’est dû à l’absence de politique environnementale nationale pour protéger nos forêts et zones humides contre les incendies, contre le défrichement lié à la progression du soja, l’élevage intensif et la promotion immobilière.”

      La localité de Chabás, dans le sud de la province de Santa Fe, est l’une des plus touchées par les inondations. Les habitants ont dressé un barrage sur la RN 33 pour exiger des travaux d’infrastructure, des canaux et des pompes pour drainer l’eau. “Chabás est au milieu d’une mer de soja. L’eau a commencé à venir des champs sans qu’il pleuve au village. En deux heures, 70 % des rues étaient noyées” souligne un riverain, Miguel Fabrro.

      Córdoba est l’une des provinces qui subit le plus de crues. “Quelle coïncidence”, fait observer Darío Avila, avocat spécialiste du droit de l’environnement et membre de l’Assemblée permanente des droits de l’homme : “Ce ne sont que des zones où domine l’agriculture industrielle, au cœur de la culture du soja.” Pendant ce temps, le gouvernement de la province de Córdoba prépare une loi pour défricher de nouvelles régions et poursuivre le développement du complexe agro-industriel.
      Darío Aranda
      Lire l’article original
      Alerte sur l’Amazonie

      En vingt-cinq ans, “la production de soja a dévoré les forêts vierges et la savane du Mato Grosso à une allure stupéfiante”, écrit le site Mongabay spécialisé dans l’information sur l’environnement.

      Le Mato Grosso, un État amazonien de plus de 900 000 km2 situé à l’ouest du Brésil, est l’une des zones de la planète les plus riches en biodiversité. Il est aussi l’une des régions du pays les plus exposées aux appétits agro-industriels, et notamment à la production de soja, indique Mongabay.

      Entre 1991 et 2016, les surfaces consacrées au soja dans cet État sont passées de 1,2 à 9,4 millions d’hectares. Un moratoire a pourtant été signé en 2006 (Amazon Soya Moratorium) par l’industrie agroalimentaire brésilienne, les ONG et le gouvernement. Les signataires s’engagent à ne pas acheter de soja provenant de forêts amazoniennes défrichées.

      Malgré tout, le jeu des réformes agraires ainsi que le rachat de terres aux indigènes par des propriétaires terriens parviennent à accroître les surfaces dédiées à cette légumineuse.

      Dans cette région, les pratiques illégales et la corruption demeurent. Le gouvernement de Michel Temer fait aussi peser une menace sur les forêts du Mato Grosso, estime Mongabay. Le ministre de l’Agriculture – et ancien gouverneur du Mato Grosso –, Blairo Maggi, est surnommé “le roi du soja” : il dirige le plus important groupe de soja au monde, Amaggi. Et le Brésil ambitionne de prendre le leadership mondial de la production de cet oléagineux.

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      Página 12
      Buenos Aires
      La quotidienne
      20 000 exemplaires
      espagnol
      www.pagina12.com.ar/
      Lancé en 1987, Página 12 est devenu dans les années 1990 le quotidien de gauche le plus important de Buenos Aires. Avec son fondateur Jorge Lanata, il était très critique à l’égard du gouvernement du péroniste Carlos Menem, qui, entre 1989 et 1998, a privatisé une très grande partie des entreprises publiques argentines.
      A l’époque percutant et bien informé, il prenait position pour les droits de l’homme, s’attaquait à la corruption et dénonçait l’impunité en ressortant les affaires de l’époque des dictatures.
      Son esprit critique et son indépendance ont disparu avec l’arrivée au pouvoir des Kirchner (Néstor Kirchner de 2003 à 2007 puis Cristina de 2007 à 2015). Pour ses détracteurs, Página 12 était ainsi devenu un “communiqué de presse” du gouvernement.
      Avec l’arrivée au pouvoir du président de droite Mauricio Macri en décembre 2015, le statut de la presse argentine a changé. L’une des premières décisions prises par M.Macri a été de limoger par décret les présidents des institutions de régulation des médias audiovisuels et de télécommunications, qui avaient été nommés par Cristina Kirchner. Il a également modifier la loi sur les médias datée de 2009, que le nouveau pouvoir jugeait trop favorable aux médias kirchneristes.

      Faisant une grande place à l’actualité culturelle (littérature, cinéma…), Página 12 propose le week-end des suppléments avant-gardistes. Célèbre pour ses unes délirantes qui, par des montages astucieux, mettent en scène des hommes politiques, il cherche à toucher essentiellement le jeune public.

      Le site, fondé en 1997, donne théoriquement accès à la majeure partie des papiers de l’édition du jour et permet une recherche dans les éditions antérieures.

    • Excusez-moi pour ce mouvement d’humeur mais je trouve frustrant de se heurter au « mur du paiement » quand on veut lire un article intéressant. Merci @reka pour cette mise en ligne.
      Une question que je me pose : risque-t-on des ennuis quand on divulgue le contenu d’un article payant ? Met-on également @seenthis en porte-à-faux par rapport aux dispositions légales sur le #copyright ?

    • Tout à fait @sombre Personnellement quand on met en ligne un article soumis au « mur de paye » (Médiapart, Courrier international...) et donc réservé aux abonnés je ne partage pas et je remercie ceux et celles qui les mettent à la disposition de tous.

    • @sombre en fait je sais pas. Je le fais spontanément de temps en temps quand la communauté en a besoin. Si on m’écrit sur des bases juridiques pour m’expliquer qu’il ne faut plus le faire, on verra à ce moment là comment réagir.

      Le Diplo a foutu toute ma collection cartographique sous paywall, alors que lorsque nous l’avions conçu, c’était clairement pour la mettre à disposition du public gratuitement. Je trouve simplement révoltant qu’ils aient pris cette décision (mais ces gens sont tellement obtus) et de m’attache maintenant à tout republier ailleurs pour que l’accès à ces archives soient de nouveau gratuite.

  • Burger King animal feed sourced from deforested lands in Brazil and Bolivia | Environment | The Guardian
    https://www.theguardian.com/environment/2017/mar/01/burger-king-animal-feed-sourced-from-deforested-lands-in-brazil-and-bol

    The hamburger chain #Burger_King has been buying animal feed produced in soy plantations carved out by the burning of tropical forests in Brazil and Bolivia, according to a new report.

    Jaguars, giant anteaters and sloths have all been affected by the disappearance of around 700,000 hectares (1,729,738 acres) of forest land between 2011 and 2015.

    The campaign group Mighty Earth says that evidence gathered from aerial drones, satellite imaging, supply-chain mapping and field research shows a systematic pattern of forest-burning.
    Beauty and destruction: the Amazon rainforest – in pictures
    View gallery

    Local farmers carried out the forest-burning to grow soybeans for Burger King’s suppliers Cargill and Bunge, the only two agricultural traders known to be operating in the area.

    #viande #soja #déforestation #forêt #Brésil #Bolivie

  • I signori del cibo: chi decide cosa arriva sulla nostra tavola

    “Pochi grandi gruppi controllano la produzione, la commercializzazione e la distribuzione del cibo che mangiamo”, spiega Stefano Liberti. “Queste industrie trattano il cibo come se fosse un giacimento di petrolio. Si cerca di produrre il più possibile al minor costo possibile, a scapito della qualità degli alimenti, dell’ambiente e dei diritti dei lavoratori che operano nella catena alimentare”.
    Stefano Liberti, autore del libro I signori del cibo. Viaggio nell’industria alimentare che sta distruggendo il pianeta (Minimum fax 2016), ha seguito la filiera di quattro prodotti alimentari – la carne di maiale, la soia, il tonno in scatola e il pomodoro concentrato – per scoprire come si sta trasformando il mercato globale del cibo.

    http://www.internazionale.it/video/2017/02/07/liberti-cibo
    #alimentation #finance #spéculation #chaîne_alimentaire #Stefano_Liberti #porc #soja #thon #tomates #globalisation #mondialisation

    • I signori del cibo. Viaggio nell’industria alimentare che sta distruggendo il pianeta

      Dopo A Sud di Lampedusa e il successo internazionale di Land grabbing, Stefano Liberti ci presenta un reportage importante che segue la filiera di quattro prodotti alimentari – la carne di maiale, la soia, il tonno in scatola e il pomodoro concentrato – per osservare cosa accade in un settore divorato dall’aggressività della finanza che ha deciso di trasformare il pianeta in un gigantesco pasto.
      Un’indagine globale durata due anni, dall’Amazzonia brasiliana dove le sconfinate monoculture di soia stanno distruggendo la più grande fabbrica di biodiversità della Terra ai mega-pescherecci che setacciano e saccheggiano gli oceani per garantire scatolette di tonno sempre più economiche, dagli allevamenti industriali di suini negli Stati Uniti a un futuristico mattatoio cinese, fino alle campagne della Puglia, dove i lavoratori ghanesi raccolgono i pomodori che prima coltivavano nelle loro terre in Africa.
      Un’inchiesta che fa luce sui giochi di potere che regolano il mercato del cibo, dominato da pochi colossali attori sempre più intenzionati a controllare ciò che mangiamo e a macinare profitti monumentali.

      http://www.minimumfax.com/libri/scheda_libro/779

    • Le #capitalisme raconté par le #ketchup

      La force d’un système économique tient à sa capacité à s’insinuer dans les moindres replis de l’existence, et en particulier dans nos assiettes. Une banale boîte de concentré de tomate contient ainsi deux siècles d’histoire du capitalisme. Pour son nouvel ouvrage, Jean-Baptiste Malet a mené une enquête au long cours sur quatre continents. Une géopolitique de la « malbouffe » dont il présente ici un tour d’horizon inédit.

      Dans la salle d’un restaurant décorée d’ours et de cobras empaillés, au cœur de la vallée de Sacramento, en Californie, un homme mord dans son hamburger face à une bouteille de ketchup. M. Chris Rufer, patron de la Morning Star Company, règne sur la filière mondiale de la tomate d’industrie. Avec trois usines seulement, les plus grandes du monde, son entreprise produit 12 % du concentré de tomate consommé sur la planète.

      « Je suis une sorte d’anarchiste, explique M. Rufer entre deux bouchées. C’est pourquoi il n’y a plus de chef dans mon entreprise. Nous avons adopté l’autogestion » — une « autogestion » où l’informatique remplace les cadres, mais qui ne prévoit pas que les travailleurs contrôlent le capital de l’entreprise. Mécène du Parti libertarien (1), M. Rufer laisse aux employés le soin de se répartir les tâches qui échoient encore à des êtres humains. Dans les ateliers de la ville de Williams, la Morning Star transforme chaque heure 1 350 tonnes de tomates fraîches en concentré. Lavage, broyage et évaporation sous pression sont entièrement automatisés.

      Traversé continuellement d’un essaim de camions tractant des doubles bennes de fruits rouges, l’établissement est le plus compétitif du monde. Il fonctionne en trois-huit et n’emploie que soixante-dix travailleurs par rotation. L’essentiel des ouvriers et des cadres ont été éliminés, remplacés par des machines et des ordinateurs. De ce traitement de « première transformation » sortent de grandes caisses contenant différentes qualités de concentré.

      Mises en conteneurs, elles circuleront sur tous les océans du globe. On les retrouvera, aux côtés de barils de concentré chinois, dans les mégaconserveries napolitaines qui produisent l’essentiel des petites boîtes de concentré vendues par la grande distribution européenne. Les usines dites « de seconde transformation » des pays scandinaves, d’Europe de l’Est, des îles Britanniques ou de Provence emploieront également du concentré importé comme ingrédient dans leur nourriture industrielle — ratatouille, pizzas surgelées, lasagnes... Ailleurs, ce produit pourpre et visqueux, mélangé à de la semoule ou à du riz, entre dans les recettes populaires et les mets traditionnels, du mafé à la paella en passant par la chorba. Le concentré de tomate est le produit industriel le plus accessible de l’ère capitaliste : on le trouve sur la table des restaurants branchés de San Francisco comme sur les étals des villages les plus pauvres d’Afrique, où il se vend parfois à la cuillère, comme dans le nord du Ghana, pour l’équivalent de quelques centimes d’euro (lire « Des produits chinois frelatés pour l’Afrique »).

      Toute l’humanité mange de la tomate d’industrie. En 2016, 38 millions de tonnes de ce légume-fruit (2), soit environ un quart de la production totale, ont été transformés ou mis en conserves. L’année précédente, chaque Terrien avait en moyenne absorbé 5,2 kilos de tomates transformées (3). Ingrédient central de la « malbouffe » (4) autant que de la diète méditerranéenne, la tomate transcende les clivages culturels et alimentaires. Elle n’est soumise à aucun interdit. Les civilisations du blé, du riz et du maïs décrites par l’historien Fernand Braudel ont aujourd’hui cédé la place à une seule et même civilisation de la tomate.

      Lorsqu’il presse le flacon Heinz pour couvrir ses frites d’une nouvelle giclée de ketchup, produisant ce bruit caractéristique que des milliards d’oreilles ont appris à reconnaître depuis l’enfance, M. Rufer n’a sans doute en tête ni la composition de la sauce ni son histoire mouvementée. Si, malgré sa couleur rouge, le « tomato ketchup » n’a pas le goût de la tomate, c’est que sa teneur en concentré varie entre 30 % et... 6 % selon les fabricants, pour 25 % de sucre en moyenne. Aux États-Unis, il s’agit de sirop de maïs (génétiquement modifié, la plupart du temps). Mis en cause dans l’épidémie d’obésité qui frappe le pays, omniprésent dans l’alimentation industrielle des Américains, ce « glucose-fructose » coûte moins cher que les sucres de canne ou de betterave. Dopés à l’amidon modifié, aux épaississants et aux gélifiants comme la gomme xanthane (E415) ou la gomme de guar (E412), les pires ketchups représentent l’aboutissement d’un siècle de « progrès » agroalimentaire.

      Dans les usines de M. Rufer comme dans toutes les installations de transformation du globe, l’essentiel de la technologie vient d’Italie. Née au XIXe siècle en Émilie-Romagne, l’industrie de la tomate a connu une expansion planétaire. C’est en émigrant, à la fin du XIXe siècle, que des millions d’Italiens diffusent l’usage culinaire de la tomate transformée et stimulent les exportations de conserves tricolores vers l’Argentine, le Brésil, les États-Unis. En Italie, durant la période fasciste, la boîte en fer symbolise la « révolution culturelle » inspirée du futurisme qui exalte la civilisation urbaine, les machines et la guerre. La tomate en conserves, nourriture de l’« homme nouveau », conjugue ingénierie scientifique, production industrielle et conservation de ce qui a été cultivé sur la terre de la patrie. En 1940 se tient à Parme la première « Exposition autarcique des boîtes et emballages de conserve », un événement qui fait la fierté des hiérarques du régime. La couverture de son catalogue montre une boîte de conserve frappée des lettres AUTARCHIA. L’autarcie verte, la voie économique suivie par le fascisme, rationalise et développe l’industrie rouge. « De nos jours, deux aliments globalisés de la restauration rapide, le plat de pâtes et la pizza, contiennent de la tomate. C’est là, en partie, l’héritage de cette industrie structurée, développée, encouragée et financée par le régime fasciste », souligne l’historien de la gastronomie Alberto Capatti.

      Apparues au XIXe siècle aux États-Unis, la boîte de soupe à la tomate Campbell’s et le flacon rouge Heinz — dont il se vend annuellement 650 millions d’unités à travers le monde — rivalisent avec la bouteille de Coca-Cola pour le titre de symbole du capitalisme. Fait méconnu, ces deux marchandises ont précédé l’automobile dans l’histoire de la production de masse. Avant que Ford n’assemble des automobiles sur des chaînes de montage, les usines Heinz de Pittsburgh, en Pennsylvanie, fabriquaient déjà des conserves de haricots à la sauce tomate sur des lignes de production où des tâches telles que le sertissage des boîtes étaient automatisées. Des photographies de 1904 montrent des ouvrières en uniforme Heinz travaillant sur des lignes de production : les bouteilles de ketchup s’y déplacent sur un rail. Un an plus tard, Heinz vend un million de bouteilles de ketchup. En 1910, il produit quarante millions de boîtes de conserve et vingt millions de bouteilles de verre. L’entreprise est alors la plus importante multinationale américaine (5).

      Dans le sillage de la vague néolibérale des années 1980, et grâce à l’invention des conditionnements aseptiques (traités pour empêcher le développement de micro-organismes), qui ouvrent la voie aux flux intercontinentaux de produits alimentaires, les géants tels que Heinz ou Unilever sous-traitent progressivement leurs activités de transformation de tomates. Désormais, les multinationales du ketchup, de la soupe ou de la pizza se fournissent directement auprès de « premiers transformateurs » capables de fournir du concentré industriel à très bas coût et en très grande quantité. En Californie, en Chine et en Italie, quelques mastodontes transforment à eux seuls la moitié des tomates d’industrie de la planète. « Si les Pays-Bas, où s’est implantée une usine Heinz gigantesque, sont le premier exportateur de sauces et de ketchup en Europe, ils ne produisent pas de tomates d’industrie, précise le trader uruguayen Juan José Amézaga. Tout le concentré employé dans les sauces qu’exportent les Pays-Bas ou l’Allemagne est produit à partir de concentré d’importation en provenance de diverses parties du monde. Les fournisseurs peuvent se trouver en Californie, en Europe ou en Chine. Cela fluctue en fonction des périodes de l’année, des taux de change, de l’état des stocks et des récoltes. »

      Premier producteur mondial de concentré de tomate, la Californie ne compte que douze usines de transformation. Toutes sont titanesques. Elles fournissent à elles seules la quasi-totalité du marché intérieur nord-américain et exportent vers l’Europe des concentrés vendus parfois moins cher que les concentrés italiens ou espagnols. À la différence des « tomates de bouche », destinées au marché de frais, les variétés buissonnantes de « tomates d’industrie » ne sont pas tuteurées. Parce que le soleil dispense une énergie abondante et gratuite, elles poussent exclusivement en plein champ, contrairement aux cultures sous serre qui alimentent les étals toute l’année. En Californie, les récoltes débutent parfois dès le printemps et s’achèvent, comme en Provence, à l’automne.

      « Améliorées » depuis les années 1960 par des généticiens, les tomates de l’agro-industrie sont conçues d’emblée pour faciliter leur transformation ultérieure. La science qui guide l’organisation du travail intervient aussi en amont, au cœur même du produit. L’introduction d’un gène a par exemple permis d’accélérer les cueillettes manuelles et rendu possibles les récoltes mécaniques. Tous les fruits de la filière mondiale se détachent de leur pédoncule d’une simple secousse. Bien qu’aujourd’hui les tomates d’industrie du marché mondial soient majoritairement de variétés dites « hybrides », la purée de tomates est entrée dans l’histoire comme le tout premier aliment OGM commercialisé en Europe (6).

      Avec sa peau épaisse qui craque sous la dent, la tomate d’industrie supporte les cahots des voyages en camion et le maniement brutal par les machines. Même placée au fond d’une benne sous la masse de ses congénères, elle n’éclate pas. Les grands semenciers ont veillé à ce qu’elle contienne le moins d’eau possible, contrairement aux variétés de supermarché, aqueuses et donc inadaptées à la production de concentré. L’industrie rouge se résume au fond à un cycle hydrique perpétuel et absurde : d’un côté, on irrigue massivement les champs dans des régions où l’eau est rare, comme la Californie ; de l’autre, on transporte les fruits dans des usines pour évaporer l’eau qu’ils contiennent afin de produire une pâte riche en matière sèche.

      https://www.monde-diplomatique.fr/2017/06/MALET/57599

      Un article qui date de 2017, avec une infographie de @odilon... je mets ici pour archivage

  • L’#Europe nous impose-t-elle les #OGM ?
    https://www.franceinter.fr/emissions/le-vrai-faux-de-l-europe/le-vrai-faux-de-l-europe-07-janvier-2017

    C’est à la fois vrai et faux [...]

    Chaque État peut faire ce que bon lui semble : interdire ou autoriser. La France les interdit, tout comme 18 autres pays en Europe. Cette interdiction vaut, même si à Bruxelles, on a délivré une autorisation de mise sur le marché européen. Il suffit pour un État d’invoquer différents motifs, comme par exemple la politique agricole, l’environnement, ou les conséquences socio-économiques de ces OGM. Seule une dizaine de pays en Europe autorisent les cultures d’OGM ; mais en pratique seul le mais Monsanto 810 a reçu une autorisation européenne, il n’est cultivé que dans cinq pays, essentiellement d’ailleurs en Espagne.

    [...] On peut malgré tout importer des aliments à base d’OGM. Ces OGM, ils servent avant tout à nourrir du bétail, des volailles et des porcs. Quant au consommateur, il doit en être avertit, l’Europe impose que la présence d’OGM figure sur l’étiquette dès que la présence de 0,9% d’OGM.

    [...]

    Au final ces OGM se retrouvent donc dans nos assiettes ! Au total 72 aliments contenant des OGM ont reçu une autorisation de commercialisation en Europe : ça va du #maïs, au #soja en passant par le #colza, le coton ou la betterave sucrière.

    Les écologistes pointent que si en Pologne on éleve des porcs à base d’OGM, le jambon sera vendu dans les supermarchés en Allemagne ou en France. Ce qui n’est pas réglé c’est donc la cohabitation entre des pays qui autorisent et ceux qui interdisent les OGM. Il y a aussi le problème de la dispersion des semences le long des frontières.

    La Commission européenne a tenté de clarifier les choses, mais pour le moment, ni le Parlement Européen ni les états européens ne semblent très pressés de régler la question, autrement dit, le problème reste entier....

  • Corporate growth still driving deforestation, CDP shows - BBC News
    http://www.bbc.com/news/science-environment-38210577

    A study by the Carbon Disclosure Programme (CDP) suggests almost a quarter of company revenues depend on deforestation-linked commodities.

    These commodities are cattle products, soy, palm oil and timber products.

    The findings are based on disclosures from 365 investors worth US $22 trillion (£17 trillion).

    “We found this year that a substantial share of corporate income depends upon commodities that are linked to deforestation risk,” explained Katie McCoy, CDP’s head of forests.

    “When we carried out our analysis, we found that - on average - about a quarter of companies’ revenue are dependent on commodities that have been linked to deforestation.”

    #forêt #déforestation #élevage #soja #industrie_palmiste #exploitation_forestière

  • La globalizzazione del maiale

    La tesi di questo libro è semplice da riassumere: la produzione di cibo è sempre più lontana dai luoghi del suo consumo perché dipende soprattutto dalle logiche della finanza. #Stefano_Liberti, giornalista d’inchiesta, la espone con ricchezza di esempi e ritmo di racconto, seguendo le filiere di quattro prodotti globali: carne suina, soia, tonno in scatola e pomodoro concentrato.

    http://www.internazionale.it/opinione/giuliano-milani/2016/10/22/i-signori-del-cibo-recensione
    #livre #viande #soja #thon #tomate #alimentation #agriculture #nourriture #finance #mondialisation #globalisation

  • Chinese Firm Said to Take Control of Brazilian Soybean Exporter - Bloomberg
    http://www.bloomberg.com/news/articles/2016-05-02/chinese-firm-said-to-take-control-of-brazilian-soybean-exporter

    China is so hungry for soybeans it’s said to have taken a major foray into expanding its control over supplies from Brazil, the world’s top exporter.

    A unit of China’s Shanghai Pengxin Group Co. bought a controlling stake in Brazil’s soybean trader and biodiesel maker Fiagril Ltda for $286 million, said a person with direct knowledge of the matter, who asked not to be identified because the details of the deal haven’t been published. The deal would be the first major Chinese acquisition of an agricultural company in Brazil.

    Growing Chinese appetite for meat has spurred increasing demand for the oilseed, which is crushed into meal for livestock feed. Soybeans are also turned into cooking oil and biofuel. China, the largest pork-eating country, is the world’s biggest buyer of the commodity and the nation’s imports have tripled since 2005. Prices have jumped 21 percent this year as unfavorable weather threatened South American supplies.

    #soja #industrie_de_la_viande #agrocarburant #Chine #Brésil

  • Au #Mozambique, de grands groupes agricoles ne font qu’une bouchée des petits fermiers
    http://farmlandgrab.org/post/view/25577-au-mozambique-de-grands-groupes-agricoles-ne-font-quune-bouchee-

    Pour le rachat de sa maison et de ses champs de deux hectares, Régina Macomba, une paysanne quinquagénaire de Mutuali (nord), a touché 6.500 meticals, soit l’équivalent de 130 euros ou deux mois de salaire minimum.

    Elle n’a pas eu le choix face à Agromoz, une co-entreprise du groupe Amorim, qui appartient à l’homme le plus riche du Portugal, et d’Intelec, l’une des sociétés de l’ancien président mozambicain Armando Guebuza (2005-2015).

    En 2012, cette société a obtenu du gouvernement une concession de 10.000 hectares pour cultiver du #soja dans cet endroit reculé proche de la frontière avec le Malawi. Le soja est destiné à nourrir des poulets au Mozambique, selon Agromoz.

    Comme la centaine d’autres familles délogées en novembre 2013 pour laisser place à cette installation, Régina Macomba reste traumatisée par son éviction brutale.

    « Trois jours après nous avoir indemnisés, les bulldozers étaient là pour détruire nos maisons et nous avons dû emmener nos biens et notre nourriture à l’aube en portant tout sur nos têtes », se rappelle-t-elle.

    #terres #évictions_forcées

  • #Argentine : les nouveaux OGM “nationaux”. Les résistances se multiplient
    https://www.grain.org/fr/article/entries/5361-argentine-les-nouveaux-ogm-nationaux-les-resistances-se-multiplient

    Au cours des 20 dernières années, l’Argentine a servi de plateforme à l’introduction et à l’expansion des #OGM dans la région du Cône sud d’Amérique latine. Pour comprendre le rôle essentiel qu’a joué ce pays dans l’avancée la plus spectaculaire qu’ait vécu un OGM depuis la naissance de l’agriculture industrielle, il nous faut revenir sur l’introduction du soja RR (« Roundup Ready » – tolérant à l’herbicide Roundup de Monsanto) en Argentine. Cette introduction a eu lieu pratiquement en même temps que son approbation par les États-Unis en 1996. En moins de deux décennies, l’absence de débats publics, les normes confectionnées sur mesure pour les grandes entreprises sans aucun fondement juridique et surtout la soumission de l’État aux intérêts des entreprises ont permis au #soja RR d’envahir illégalement plus de 46 millions d’hectares en Argentine, au #Brésil, au #Paraguay, en Uruguay et en Bolivie.

    #terres #semences #agro-industrie

  • #Soja, #viande et #sucre qui nous arrivent du Brésil : « Tachés du sang de nos enfants » hurlent des tribus amérindiennes - RTL Info
    http://www.rtl.be/info/monde/international/une-agriculture-tachee-du-sang-des-enfants-indigenes-les-indiens-du-bresil-appel

    Les Etats-Unis, l’Asie et l’Europe doivent savoir qu’une partie du soja, de la viande et du sucre de canne qui leur parvient est tachée du sang des enfants indigènes. Continuer à les consommer, c’est entraîner plus de crimes contre nos peuples", a assuré à l’AFP Lindomar Terena, coordinateur de l’Articulation des #peuples_indigènes du #Brésil (#Apib).

    L’appel au #boycott, lancé il y a quelques jours, provient de six peuples indigènes, appuyés par des dizaines de mouvements sociaux, syndicaux et de l’église brésilienne ainsi qu’Amnesty International.

    Les Amérindiens demandent aux acheteurs étrangers de cesser d’acquérir, via des géants brésiliens comme JBS, Marfrig, Bunge ou encore ADM, des produits agricoles du Mato Grosso do Sul.

    ...

    Cette région, à la frontière avec le Paraguay, est le théâtre d’un conflit meurtrier entre les Indiens, notamment Guaranis, et les agriculteurs. Certains pâturages et plantations sont reconnus comme terres indigènes mais la justice tarde à y réintégrer les tribus.

    Condamnés à vivre au bord des routes ou dans des bidonvilles, certains Amérindiens réoccupent des territoires, ce qui fait monter la tension.

    Plus de 40 #assassinats d’indigènes ont eu lieu dans le Mato Grosso do Sul en 2014 d’après les chiffres de l’ONG CIMI, qui dénonce un « génocide ». Le dernier meurtre en date, celui d’un jeune leader guarani, remonte à fin août. Le taux de suicide dans cette population est par ailleurs l’un des plus élevés au monde, d’après l’ONG Survival International : 232 pour 100.000 en 2013.

    #terres #agro-industrie

  • #Déforestation : 18 millions d’hectares de forêts perdus en 2014
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/09/03/en-2014-la-planete-a-perdu-18-millions-d-hectares-de-forets_4744568_3244.htm

    La déforestation de la planète continue. Le recul de la couverture forestière dans le monde, en 2014, correspond à deux fois la superficie du Portugal, ou encore à celle du Cambodge ou de la Syrie, soit plus de 18 millions d’hectares (ou 180 000 km2), selon les données de l’université du Maryland, aux Etats-Unis, et de Google, publiées mercredi 2 septembre par la plate-forme Global Forest Watch.

    Cette diminution des forêts (définies comme un couvert végétal d’au moins 5 mètres de haut), qui représentent un tiers de la surface émergée de la planète, ne cesse de s’amplifier. L’année 2014 se révèle être, à l’exception de 2012, la plus mauvaise depuis le début du XXIe siècle. A chaque minute, ce sont quelque 2 400 arbres qui sont coupés. Et plus de la moitié des hectares de forêts perdus le sont dans les pays tropicaux.

    De nouvelles zones de recul apparaissent, comme dans le bassin du Mékong, principalement au Cambodge, en Afrique de l’Ouest (Sierra Leone, Liberia, Guinée…), à Madagascar, dans la région du Gran Chaco, en Amérique du Sud, plus particulièrement au Paraguay. « Cette nouvelle analyse indique une poussée vraiment alarmante de la perte de forêts dans des zones auparavant négligées », estime Nigel Sizer, directeur international du programme des forêts au World Resources Institute (WRI). Soixante-deux pour cent de la perte de couverture arborée en 2014 se sont faits, en zone tropicale, dans des pays autres que le Brésil et l’Indonésie, les deux pays les plus touchés historiquement par la déforestation ; contre 47 % en 2001.

    « Dans beaucoup de ces pays, l’accélération de la déforestation est due aux productions de plus en plus importantes de #caoutchouc, de #soja, d’#huile_de_palme et de #bœuf, analyse Nigel Sizer. Pour ralentir cette perte de forêts, nous devons améliorer la gouvernance forestière pour empêcher les défrichements illégaux, planifier de façon plus équilibrée l’utilisation des #terres et les demandes des grands importateurs, pour arriver à une production de produits de base durable. »

    #forêt

  • Mapping responsible soy irresponsibly
    http://agro.biodiver.se/2015/07/mapping-responsible-soy-irresponsibly

    Good thinking by the Round Table on Responsible Soy (RTRS) to map where it is most — and least — environmentally responsible to extend soy cultivation in South America.

    “An interesting exercise, isn’t it?” they ask. No doubt it was meant rhetorically, but I’ll answer anyway: definitely, you bet! But how much more interesting if there had been a way of adding your own data to theirs. I’d really like to know, for example, about any crop wild relatives found in those light green areas in particular: “Areas where existing legislation is adequate to control responsible expansion (usually areas with importance for agriculture and lower conservation importance).” I know where to get the CWR data.1 But how do I mash them up with this?

    Est-ce que les cartographes ont de solutions ? @reka, @fil et les autres ?

    #visualisation #cartographie #agriculture #soja