• Femmes migrantes, encore plus fragiles en temps d’#épidémie

    Au bas de l’échelle de la #précarité, ces femmes en migration qui voient se restreindre les possibilités d’#accueil et l’accès au système de #santé sont encore plus en danger.

    Ce n’est un secret pour personne, les #inégalités sont criantes devant la maladie du Covid-19 même si tout le monde y est exposé. L’#état_d’urgence_sanitaire laisse des populations entières sans protection, loin de tous dispositifs d’accueil et de prise en charge médicale et hospitalière. Nous voulons parler ici des centaines de femmes migrantes sans existence officielle ou demandeuses d’asile sans protection sociale ni matérielle. A ce dénuement du corps et de la dégradation brutale de leur état de santé, s’ajoutent les multiples violences dont elles font l’objet. #Victimes, elles le sont à plusieurs titres : socialement, sexuellement, psychologiquement, administrativement.

    L’augmentation des violences faites aux femmes lors du #confinement est réelle. Mais on peut se demander quel sens peut avoir la notion même de « confinement » pour ces #femmes_précaires dans une période où les liens entre #pouvoir et #violences sont mis à nu, la perte du premier exacerbant les seconds. Dans ce contexte, le climat de #peur les incite à l’#évitement ou l’(auto)exclusion de l’#espace_public sauf pour celles qui restent soumises à la loi du plus fort dans l’espace fermé de l’#appartement ou l’espace ouvert de la #rue. Rien ne leur est épargné. La peur des contrôles de police et la méconnaissance du fonctionnement des institutions les mettent à la merci de prédateurs, qui prolongeront en France leur calvaire.

    Généralement sans statut légal, ce sont des femmes seules, enceintes sans conjoint avec ou sans enfants. Ces dernières années, la décision inique de restreindre l’accès au système de santé pour les populations migrantes se révèle catastrophique aujourd’hui dans l’urgence de contenir la pandémie.

    Santé

    Nous savons par nos expériences professionnelles et nos enquêtes que les situations de forts #déclassements et d’#humiliations_sociales s’accompagnent le plus souvent de complications graves de santé. C’est encore plus vrai pour des migrants hommes et femmes ayant parcouru des milliers de kilomètres dans les pires conditions. Leur arrivée en Europe (quand ils y arrivent) ne va jamais sans une dégradation du corps et de la santé : blessures accidentelles, hypothermie, brûlures, problèmes cardiovasculaires, diabète, hypertension, etc. Les femmes migrantes sont quant à elles confrontées à des problèmes spécifiques touchant notamment à la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant, à la santé sexuelle et reproductive et une exposition plus grande aux violences sexuelles et aux maladies sexuellement transmissibles.

    Les déplacements forcés rendent la continuité des soins périlleuse pour certaines maladies chroniques y compris en France quand les traumatismes des violences sexuelles nécessitent des prises en charge spécifiques complexes et sur le long terme. Ainsi les effets du stress post-traumatique liés aux violences sont manifestes lors de leur parcours de soins : difficulté à se concentrer, incapacité à agir efficacement, remémoration douloureuse de l’agression, troubles amnésiques liés à la contradiction de devoir raconter et d’oublier, terreurs nocturnes et anxiété, autant de contraintes qui altèrent leur capacité à faire valoir leurs droits.

    Les réseaux de solidarité plus ou moins précaires sont mis à l’épreuve. Nous avons eu connaissance lors de nos activités sur le terrain qu’un certain nombre de femmes seules, enceintes ou avec enfant en bas âge, ont été « poussées » vers la porte de sortie par leur ami·es, hébergeure·s dès lors qu’elles avaient tous les symptômes, réels ou supposés, du Covid-19.

    Périple

    Le soin et la mise à l’abri des violences sont le salut de ces femmes. En période de pandémie, l’hôpital et ses soignants retrouve sa dimension d’« hospice » accueillant les plus démunis. Le système d’hébergement d’urgence sans cesse saturé voire inexistant dans certains départements, s’est retrouvé également en première ligne pour accueillir et soigner. Ces centres d’hébergement sont majoritairement collectifs et ne présentent pas de chambres adaptées au confinement avec leur sanitaire et cuisine propre. Dans leur périple, certaines femmes ont la chance d’être conduites vers les services d’urgence pour premier examen et réorienté vers les centres de desserrement dédiés au confinement des sans-abris atteints du Covid-19. On peut donc mesurer, sans trop de difficultés, les conséquences publiques, et pas seulement privées, de leur marginalisation (en réalité de leur invisibilité) juridiques et sanitaires. Ces femmes (car ce sont elles qui ont, dans les pires conditions, la charge quotidienne des enfants en bas âge), sont dans des logiques incessantes et infernales de survie au quotidien, comme celui, primordial, de se nourrir et de nourrir ses enfants, car biens des acteurs de la distribution alimentaire ont été contraint de limiter leur activité du fait de l’épidémie et du confinement de leurs bénévoles habituels, trop âgés pour s’exposer, provoquant ainsi des tensions dramatiques sur l’accès à la nourriture.

    Le cloisonnement des dispositifs du droit commun avec les réformes successives, ainsi que l’appauvrissement du système de santé, ont aujourd’hui de lourdes conséquences sur les conditions d’existences des plus fragiles.

    Pour remédier à ces manquements mortels (nous osons dire le mot) il est impératif que la puissance publique avec l’aide des acteurs sociaux se mobilise pour :

    – Davantage de place d’hôtel pour des confinements de qualité avec des stratégies de test PCR plus large pour ces publics surprécaires ;

    – Réduire significativement la pression sécuritaire sur les migrants et les campements, afin de favoriser le travail des associations et la coordination entre acteurs associatifs du soin-hébergement-sécurité alimentaire ;

    – Augmenter les dispositifs adaptés d’hébergement pour l’ensemble des mineurs placés par l’aide social à l’enfance et les mineurs non-accompagnés ;

    – Déployer davantage de places d’hébergement d’urgence pérennes pour les femmes victimes de violences sur le territoire et renforcer les dispositifs d’hébergement pour femmes seules notamment avec nourrissons et enfants ;

    – Accélérer les procédures de régularisations et de demande d’asile dans ce contexte de crise sanitaire ;

    – Accélérer la prise en compte des demandes de l’aide médicale d’Etat.

    Cette épidémie dépasse le strict enjeu du confinement. L’après-épidémie doit inclure dans les réflexions qui ne vont pas manquer de se poser sur le type d’organisation sociale que nous souhaitons dans tous les domaines de l’existence, ces populations qui étaient maintenues malgré elles hors du monde.

    https://www.liberation.fr/debats/2020/04/17/femmes-migrantes-encore-plus-fragiles-en-temps-d-epidemie_1785072
    #femmes #femmes_migrantes #fragilité #vulnérabilité #migrations #asile #réfugiés #coronavirus #covid-19 # Smaïn_Laacher

    @isskein & @karine4 —> #victimisation

  • Migrants in detention center go on hunger strike in fear of coronavirus

    Migrants at a holding facility near #Tunis have been on a hunger strike since April 6 to protest their continuing detention and mistreatment as well as the absence of coronavirus infection prevention measures.

    To date, there are 780 confirmed cases of the coronavirus and 35 deaths among the civilian population, while no cases have been recorded among the prison population.

    Tunisia has been in a state of total confinement with a nightly curfew since March 21 as part of efforts to stem the spread of the virus. On March 31, President Kais Saied released 1,420 prisoners in order to reduce the spread.

    Meanwhile, calls from human rights organizations to release prisoners have increased. United Nations High Commissioner for Human Rights Michelle Bachelet called on March 25 for “relevant authorities to work quickly to reduce the number of people in detention.” Similar appeals by the World Health Organization, the International Organization for Migration and the United Nations High Commissioner for Refugees followed.

    But despite these calls, migrants held in detention centers in Tunisia have not been allowed to return to their homes or other accommodations where they can quarantine safely.

    Distressed migrant detainees held at el-Ouardia Reception and Orientation Center began their hunger strike April 6. They reached out to Al-Monitor to express their frustration that authorities had done nothing to improve their situation to keep them safe from the coronavirus. The detention facility, which lies on the outskirts of Tunis, is the subject of a damning report published Dec. 16, 2019, by the Tunisian Forum for Economic and Social Rights (FTDES). The report outlined a badly run facility where migrants are detained without charge in unsanitary conditions, given meager food rations, and subjected to aggressive interrogation, nightly lock-ins and regularly forced deportations.

    Rajabu Kilamuna, a human rights activist originally from the Democratic Republic of Congo, has been living in Tunisia for the past seven years under asylum seeker status. However, on Feb. 14, 2020, a senior immigration official came to his house to take him to el-Ouardia. Kilamuna told Al-Monitor he was denied access to a lawyer, had his phone taken from him and initially was unable to make contact with the outside world until last week when he had access to a phone. “I told them that I knew my rights and they didn’t even allow me to call my mother or a lawyer,” he said.

    Kilamuna founded the association Migrants sans Frontieres (Migrants without Borders) to help foreign nationals facing difficulties in a variety of issues such as opening bank accounts, setting up businesses or applying for asylum seeker status in Tunisia. Now he finds himself in limbo, unable to proceed with appealing his case and unable to return to his apartment in Tunis where he could sit out confinement in peace.

    Kilamuna said that, over and above the dirt and discomfort of the center, he and his fellow detainees are frightened of the virus spreading. “We have demanded the authorities [give us] a protection plan from COVID-19, but there is no plan. They bring people directly from the airport or from the prisons without testing.”

    He continued, “There are only two bathrooms between some 60+ detainees, several toilets do not work and we get only one piece of soap issued once a fortnight between three to four people. The mattresses are old and they smell, the bedding has not been changed in a long time and we are getting bitten by bugs.”

    He appealed, “We are asking for our rights to be released; we are no longer accepting to be caged like we are in a zoo.” He also expressed concern that there are also six women amongst their group and one teenage boy. “We are afraid for this teenager living where adults are living.”

    One of the six women detained at el-Ouardia spoke on the condition of anonymity to Al-Monitor. “We want to leave here. There is no water. There is nothing here to protect us. There is no heating; it is very cold at night and everybody is sick here. Where are human rights and women’s rights here in Tunisia?”

    Another detainee, Kwame Kofi Stephane, from Cote D’Ivoire, served a four-month sentence in Mornaguia Prison for overstaying his visa. At the end of his prison sentence, he was transferred to el-Ouardia. “I came here to work and earn money, but I was arrested for overstaying my visa and served four months and two weeks before they transferred me to el-Ouardia,” he told Al-Monitor.

    “People are starting to get sick. They are coughing. They go to the clinic [where medical personnel] only take someone’s temperature; they are not testing for COVID-19. They are not given medication, just a mask.” He said he is “very annoyed” about overcrowding and the lack of response from authorities.

    Both Kofi Stephane and Kilamuna describe racist verbal abuse and a culture of financial exploitation of the detainees by el-Ouardia staff. Kofi Stephane said, “The guards offer to buy things from the shop like biscuits or yogurt, but they will ask for five times the normal price to go buy it. They are making a business out of me.”

    Kilamuna reinforced this, saying, “They come to me saying, ‘Hey, Mr. Rajabu, give me 10 dinars, give me 20 dinars and I will give you your phone back.’”

    FTDES spokesperson Romdhane Ben Amor told Al-Monitor that there were high-level meetings on April 7 and 10 between the ministries of Interior, Social Affairs, and Human Rights and Transitional Justice, the Ministry for Human Rights and Relations with the Constitutional Courts and Civil Society, as well as representatives from civil society — but no promise of action was given, he said.

    On April 10, the FTDES published a communique signed by 34 Tunisian civil society organizations and 23 members of parliament demanding the release of detained migrants.

    That same day, those taking part in the hunger strike in el-Ouardia moved from the dormitories to the central courtyard. Al-Monitor has seen videos of police talking with detainees, and Kilamuna reported that although not aggressive, the policeman said those sleeping outside would be taken to prison if they did not return the beds to the dormitories.

    Kofi Stephane is also very concerned about the health of those participating in the hunger strike. “Some people are very weak; they cannot even go outside,” he said.

    The pandemic is shining a stern light on the issue of migrant detention in North Africa. Executive director of the Global Detention Project Michael Flynn told Al-Monitor that “there is considerable pressure by Europe on North African states to stop and halt migrant/refugee movement [toward Europe].”

    Author of the FTDES report Amal el-Makki told Al-Monitor that Tunisia has created a clear policy on migrants and immigration. Regarding el-Ouardia, she said, “There is a lack of clarity around the legal framework that regulates el-Ouardia and its activity. There’s little published legal or regulatory text related to the founding of the center.”

    She added, “For detained migrants, the risk of infection with COVID-19 is greater when there are no preventative measures. And when authorities continue bringing in new groups of immigrants, social distancing is impossible.”

    Flynn said governments “that take these people into custody are responsible for them. It is not just about just releasing [them], but finding a solution where they can be taken care of, where they can do social distancing.”

    As the fifth week of confinement in Tunisia begins, Flynn warned, “I think there is a disaster waiting to happen, and I think they need to find a solution.”

    Minister of Human Rights and Relations with the Constitutional Courts and Civil Society Ayechi Hammami said that of the 53 migrant detainees, the Moroccan government is arranging for the 22 Moroccans detained at el-Ouardia to be repatriated. For those of sub-Saharan origin, there is still no concrete solution.

    Al-Monitor pressed the minister about the status of those migrants who have persistent coughs, and he said, “It is true. There is a lack of testing in Tunisia for COVID-19; there is a doctor in the clinic of el-Ouardia, and it is he who decides to test or not to test.” Spokesperson for FTDES Romdhane Ben Amor said, “Officially there are no cases of COVID-19, but the clinic at el-Ouardia doesn’t have the capacity to test for COVID-19.”

    https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2020/04/tunisia-migrants-detention-lack-protection-coronavirus.html
    #rétention #détention_administrative #asile #migrations #réfugiés #coronavirus #covid-19 #grève_de_la_faim #résistance #Tunisie

    ping @_kg_ @thomas_lacroix @isskein

    Ajouté à la métaliste rétention et coronavirus :
    https://seenthis.net/messages/835410

    • Témoignage de Rajabu Kilamuna de l’association Migrants sans frontières, enfermé dans le centre de rétention d’#El_Wardiya

      CRIMINALISATION DE LA SOLIDARITE

      Témoignage de Rajabu Kilamuna de l’association Migrants sans frontières, enfermé dans le centre de rétention d’El Wardiya

      Rajabu est fondateur et coordinateur de l’association Migrants sans frontières. Migrants sans frontières est une association de défense des Droits de l’Homme, à caractère humanitaire, qui mène des activités en coopération avec divers partenaires (Tunisie terre d’asile, l’OIM, le HCR, le Conseil tunisien pour les réfugiés, l’Instance tunisienne de Lutte contre la Traite, l’Institut Arabe des Droits de l’homme, l’ALDA, M’nemti, l’Observatoire international des Droits de l’Homme, l’AESAT, Euromed droits …). L’association promeut la liberté de circulation des personnes et agit dans plusieurs domaines pour venir en aide aux personnes migrantes, entre autres : aide médicale, lutte contre l’exploitation au travail, soutien à des micro-projets pour encourager l’autonomisation des migrant.es, lutte contre la traite, soutien juridique aux personnes migrantes et informations concernant leurs droits en Tunisie, accompagnement de la demande d’asile, reconstitutions des liens familiaux, etc… Une partie importante de son travail concerne la défense des personnes migrantes arrêtées de manière arbitraire et/ou envoyées dans des centres de rétention tels que El Wardiya.

      Wardiya est dans son appellation officielle un centre “de réception et d’orientation”, situé dans la banlieue de Tunis à Ben Arous dans l’enceinte du camp paramilitaire de la Garde Nationale où sont enfermées les personnes étrangères de différentes nationalités, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et considérées comme étant en situation « irrégulière » sur le territoire tunisien. Les personnes étrangères sont généralement appréhendées à l’occasion d’arrestations arbitraires et au faciès. Une fois au centre de Wardiya, elles risquent l’expulsion à la frontière algérienne. La seule manière d’échapper à ce traitement pour les personnes étrangères est de régler leurs pénalités pour séjour irrégulier et de payer elles-mêmes leur billet d’avion pour rentrer dans leur pays d’origine. Si elles acceptent l’offre de retour « volontaire » de l’OIM, les pénalités sont annulées et le billet d’avion pris en charge par l’organisation.

      Concernant ces personnes migrantes enfermées à El Wardia, le soutien apporté par Rajabu consistait principalement à les mettre en contact avec leurs ambassades, des avocat.e.s, des instances juridiques ou encore des organisations de défense des Droits de l’Homme. Il se chargeait également de faire pression sur le HCR pour que l’organisation examine les demandes d’asile déposées depuis le centre. Car dans la plupart des cas, les demandes ne sont examinées que si elles sont transmises par la Police des frontières, qui bien souvent, fait obstacle à ces demandes. Aussi le travail de Rajabu était-il indispensable pour que les potentiels demandeurs d’asile enfermés à El Wardiya puissent malgré tout avoir accès au HCR. Selon lui, il arrive fréquemment que des demandeurs d’asile soient expulsés sans aucun examen préalable de leur demande d’asile.

      Impliqué dans la défense des personnes migrantes enfermées à EL Wardiya, en décembre 2019, Rajabu a assisté à une conférence organisée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), lors de laquelle ce sujet devait être évoqué. A cette occasion, la journaliste Amal El Mekki a pris la parole pour présenter les recherches qu’elles avaient menées sur le centre d’El Wardiya. Elle évoquait le statut juridique très flou de ce centre, les mauvaises conditions de rétention, les expulsions sauvages à la frontière algérienne et les pressions psychologiques pour que les migrants acceptent le retour « volontaire » de l’OIM. A la fin de la présentation de la journaliste, Rajabu était intervenu pour appuyer ses propos et présenter brièvement le travail de son association.

      Le 14 février 2020, Rajabu a été arrêté par la Police de la frontière tunisienne, à proximité de son bureau. Cela fait maintenant deux mois qu’il est enfermé dans le centre d’El Wardiya et il n’a encore reçu aucun motif clair pouvant justifier son arrestation, n’a fait l’objet d’aucune plainte, n’a jamais été conduit au Parquet, ni devant le Procureur de la République. Migrant lui-même en Tunisie depuis 7 ans et demandeur d’asile, il est titulaire d’un titre de séjour provisoire et d’un permis de travail. Il déclare avoir toutes les autorisations nécessaires concernant les activités de son association.

      D’après lui, une seule chose a pu motiver son arrestation : le fait qu’il constituait un témoin gênant et un potentiel obstacle au déroulement des expulsions sauvages depuis le centre d’El Wardiya. Ayant œuvré à la libération de nombreuses personnes (notamment en transmettant leur demande d’asile au HCR), il était selon lui vu comme étant un « bâton dans les roues » de l’administration. Dans le centre, les policiers l’accusent régulièrement d’être une menace à la sécurité nationale, sans lui préciser en quoi.

      Lorsqu’il a été emmené dans le centre d’El Wardiya, Rajabu a immédiatement été isolé seul dans une chambre et privé de téléphone pour l’empêcher de communiquer avec l’extérieur. Alors qu’il est blessé au niveau de la colonne vertébrale, qu’il souffre d’hémorroïdes aiguës et a besoin de changer ses lunettes pharmaceutiques, la Police de la Frontière et la Garde Nationale lui interdisent depuis son arrivée l’accès à des soins à l’hôpital. Malgré les tentatives d’isolement, Rajabu a réussi à se procurer des téléphones auprès de ses camarades pour alerter les Organisations des Droits de l’Homme sur sa situation.

      Rajabu est dans l’incertitude concernant son sort et en insécurité permanente. Depuis son arrivée dans le centre, il est régulièrement menacé d’expulsion. Il a répété plusieurs fois à la Police qu’il craignait des persécutions pour sa vie en cas de retour dans son pays d’origine en sa qualité de réfugié politique. La Police lui a alors dit qu’il n’avait qu’à aller dans un autre pays africain comme le Sénégal ou le Maroc.

      Le 18 février 2020, il a tenté de déposer une demande d’asile depuis le centre d’El Wardiya, à laquelle il a joint les demandes de 23 autres personnes migrantes enfermées avec lui, qui n’avaient pas encore pu avoir accès au HCR jusqu’alors. Malgré cette demande de protection, la Police de la Frontière a expulsé 6 d’entre elles, de nationalité guinéenne, à la frontière algérienne (lesquelles ont ensuite été expulsées au Niger par les autorités algériennes). Avant même que Rajabu ait passé son entretien avec un officier de protection du HCR, les policiers sont allés chercher son passeport dans son bureau en vue de son expulsion. Après celle des personnes guinéennes, Rajabu a assisté à deux autres expulsions. La première concernait 9 personnes, qui toutes sont retournées en Tunisie avant d’être à nouveau arrêtées par la police tunisienne et reconduites à El Wardiya. La seconde expulsion concernait 5 personnes dont 4 mineurs, lesquels, suite à la médiatisation de leur situation et aux pressions de la société civile, ont pu finalement être libérés et reconduits à Tunis pour le dépôt d’une demande d’asile auprès du HCR.

      Concernant les conditions dans le centre, Rajabu les décrit comme très difficiles. Ils sont environ 60 à y être enfermés dont 6 femmes. Les mesures préventives contre le COVID 19 ne sont pas respectées selon les normes de l’OMS. Les conditions sanitaires sont déplorables, avec seulement deux douches qui sont très sales. Ils reçoivent trois repas par jours mais les quantités sont insuffisantes et l’eau potable manque. Dans le réfectoire, il n’y a que 6 chaises pour tout le monde. Il n’y a qu’une prise de courant pour recharger les téléphones de l’ensemble des personnes enfermées.

      Depuis le lundi 6 avril, les personnes détenues à Wardiya sont en lutte. Certaines ont commencé une grève de la faim pour protester contre leur situation, ne buvant qu’un peu d’eau sucrée et salée. Depuis le jeudi 10 avril, ces personnes, ne recevant aucune suite favorable à leurs doléances, refusent de se laisser parquer dans les dortoirs la nuit (dont les portes sont fermées par des barres métalliques avec cadenas et sans lumière à l’intérieur) et ont sorti tous les matelas dehors. L’administration du centre a alors dressé une liste des contestataires et depuis le début du mouvement, leur fait subir diverses pressions.

      Rajabu a réussi à alerter plusieurs organisations sur sa situation, notamment le FTDES, Amnesty International, l’Organisation M’nemti, l’Observatoire International des Droits de l’homme, le Haut-commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, la Ligue Tunisienne des Droits de l’homme, l’Organisation mondiale contre la torture… Il est également soutenu par des personnalités politiques, des avocat.es, divers médias ainsi que des journalistes indépendant.e.s. En revanche, aucun de ses partenaires n’ont répondu à ses appels à l’aide (OIM, ALDA, Tunisie terre d’asile, EUROMED…).

      Alors que pendant des années, il s’en est fait le défenseur et le porte-parole, le sort qu’il subit actuellement est celui de toutes les personnes en exil qui se heurtent à la violence des politiques migratoires !

      La criminalisation de ses activités solidaires avec les personnes migrantes et les tentatives de réduction au silence dont il fait l’objet sont inacceptables !

      Stop à la criminalisation de la solidarité et à l’enferment des migrant.es !

      https://ftdes.net/temoignage-de-rajabu-kilamuna-de-lassociation-migrants-sans-frontieres-enferm

    • Communiqué

      Centre #El_Ouardia, des personnes migrantes privées de leur liberté sans garanties judiciaires

      Tunis le 30 avril 2020,
      Sous l’appellation officielle et neutre de « centre d’accueil et d’orientation », le centre de El Ouardia est bel est bien un centre de rétention pour personnes migrantes, bien que son statut juridique soit pour le moins incertain.
      Préoccupées par des récents mouvements de protestation de la part des migrants détenus qui ont éclatés en pleine pandémie, les organisations signataires ont souhaité demander des explications aux autorités compétentes sur la nature et le fondement juridique de la détention dans ce centre.
      Ainsi, un courrier officiel a été adressé au gouvernement tunisien et au conseil supérieur de la magistrature, en date du 28 avril 2020
      D’après les informations récoltées, le centre accueillerait actuellement plusieurs dizaines de personnes migrantes, bien que ce nombre varie continuellement avec des libérations et de nouveaux placements en détention, en dépit du risque sanitaire lié au COVID-19. Toutes les personnes détenues ont en commun d’être de nationalité étrangère et d’ignorer le fondement juridique de leur détention. Certaines personnes migrantes seraient détenues à El Ouardia pour absence de titre de séjour, tandis que d’autres auraient fait l’objet d’une condamnation pénale. Le fondement juridique de la privation de liberté reste à éclaircir, qu’il s’agisse de rétention administrative ou de détention.
      L’opacité qui entoure ce centre et le manque d’informations fournies aux détenu.e.s sur leur situation juridique depuis toujours fait craindre que nous soyons face à des cas de détention arbitraire systématique, allant à l’encontre de la constitution tunisienne et de ses engagements internationaux.
      Aussi, les organisations signataires ont demandé officiellement aux autorités concernées de clarifier instamment les fondements juridiques de la privation de liberté des personnes détenues à El Ouardia et de prendre toute mesure à même de faire cesser cette détention s’il est établi qu’elle est dénuée de fondement juridique et par conséquent arbitraire. Les organisations ont en outre appelé les autorités juridictionnelles à exercer un contrôle prompt et efficace sur la légalité de ces détentions. .
      La situation est d’autant plus urgente pour les détenu.e.s en cette période de crise sanitaire provoquée par la propagation du COVID-19. Le risque sanitaire est en effet plus important dans les centres de détention où les gestes barrières et la distanciation sociale ne peuvent pas être observés aussi aisément qu’à l’extérieur. Ce risque pourrait s’accroitre avec l’arrivée de nouveaux détenus, d’où l’urgence de clarifier le statut juridique de ce centre et des personnes qui y sont privées de liberté.

      Les organisations signataires :

      Avocats Sans Frontières (ASF)
      Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES)
      Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT)
      Tunisie Terre d’asile
      Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD)
      Association Beity
      Damj

      L’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement (AFTURD) Association de défense des libertés individuelles (ADLI)

      Le Comité pour le respect des libertés et les droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT)

      Association By Lahwem ?

      L’Association « Vigilance pour la Démocratie et l’État Civique

      Communiqué reçu via la mailing-list Migreurop, le 30.04.2020

  • Quartiers populaires : le Covid-19 inquiète les « éduc’ de rue » | Jonathan Louli
    https://rapportsdeforce.fr/pouvoir-et-contre-pouvoir/quartiers-populaires-le-covid-19-inquiete-les-educ-de-rue-04186810

    Depuis le début de la crise sanitaire, les éducateurs et éducatrices de rue ont été contraint.e.s d’abandonner leur quartier d’intervention. Leur désertion forcée de la rue laisse les habitant.e.s dans un face à face parfois compliqué avec la police et exacerbe leur précarité. Assigné.es à un travail de gestion, ils et elles s’inquiètent. Cette période a priori provisoire ne pourrait-elle pas transformer durablement leur métier ? Source : Rapports de Force

  • Non, les prix n’ont pas bougé, mais les courses peuvent quand même coûter plus cher - Économie - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/economie/non-les-prix-n-ont-pas-bouge-mais-les-courses-peuvent-quand-meme-couter

    Avec la hausse de la demande durant le confinement et des rayons moins garnis, de nombreux consommateurs sont forcés de se tourner vers des produits plus coûteux.

    Depuis le début du confinement, certains consommateurs s’étonnent de la note au moment de passer en caisse. Pourtant, les prix ont faiblement varié au mois de mars. Simple impression liée à la modification de notre consommation et de nos repères ? En partie, sans doute. Mais il pourrait bien s’agir d’un peu plus que cela.

    • Dans le Carrefour-Racket proche de mon domicile il ne reste que le haut de gamme et le bio.
      Pour soutenir la « filière française » je peux aussi acheter des asperges à 14 €/kg (en pleine saison de production, je le souligne)
      La botte de radis est certes à un prix identique mais sa taille a diminuée d’une semaine sur l’autre !

    • Coronavirus : le pouvoir d’achat des Français va baisser après le confinement, selon l’agroalimentaire
      https://www.lunion.fr/id145872/article/2020-04-18/coronavirus-le-pouvoir-dachat-des-francais-va-baisser-apres-le-confinement-se

      « Une nouvelle ère s’engagera lors de la sortie de crise », anticipe le président de l’Association nationale des industries agroalimentaires, Richard Girardot.

      C’est une mauvaise nouvelle pour le porte-monnaie. L’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) juge que la hausse des coûts va finir par se faire sentir du côté des consommateurs.

      L’industrie agroalimentaire rassure, jusqu’à présent, elle absorbe des hausses de coûts générées par la crise sanitaire, sans les répercuter sur les prix à la vente. Mais la situation pourrait changer rapidement, selon l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) qui publie son deuxième « baromètre » du secteur en temps de confinement.

      @R_Girardot, Président de l’@ANIA_FRANCE était sur @franceinfo ce matin. A propos des surcoûts : "C’est ce qui a été dépensé par les chefs d’entreprise pour assurer la sécurité des salariés, c’est aussi la hausse des matières premières [...], des emballages et du transport"

      @R_Girardot, Président de l’@ANIA_FRANCE était sur @franceinfo ce matin : "Il va y avoir une renégociation des coûts avec les distributeurs et c’est évident qu’il y a un risque d’inflation vis à vis des consommateurs".

      « Tous les Français doivent en avoir conscience »

      « Même si l’inflation en rayons est quasi nulle, les entreprises de l’alimentation supportent des hausses de coût directement liées à l’augmentation des prix des matières premières, des coûts de maintenance des outils de production ou encore de l’achat des équipements de protection des salariés »,détaille l’Ania et relève France info.

      « Ces hausses de coûts, remontées par l’ensemble des industriels, sont comprises entre 3% et 16%. Elles grèvent actuellement la rentabilité des entreprises agroalimentaires », ajoute l’association qui a interrogé 700 entreprises entre le 6 et le 10 avril.

      « Tous les Français doivent en avoir conscience. Une nouvelle ère s’engagera lors de la sortie de crise, façonnée par une demande durablement modifiée du consommateur, dans ses choix, ses circuits d’achat, son pouvoir d’achat », annonce le président de l’Ania, Richard Girardot.

      #agroalimentaire #prix

    • C’est à dire qu’on peut s’indigner des rémunérations et des conditions de travail des ouvriers agricoles tout en demandant des prix bas mais la contradiction (car c’en est une !) ne se résout qu’en remettant sur la table toute l’économie agricole et les aides étatiques à la céréale à exporter.

  • Quelques histoires de migrants à travers le monde, pendant la pandémie:

    Les premiers travailleurs agricoles étrangers arrivent à Montréal
    Daphné Cameron, La Presse, le 11 avril 2020
    https://www.lapresse.ca/actualites/202004/11/01-5268954-les-premiers-travailleurs-agricoles-etrangers-arrivent-a-montrea

    “Irresponsible and Dangerous”: U.S. Deports Haitians Despite Coronavirus Risks
    Isabel Macdonald, The Intercept, le 13 avril 2020
    https://theintercept.com/2020/04/12/haiti-coronavirus-united-states-deportation

    Gulf’s migrant workers left stranded and struggling by coronavirus outbreak
    Alexander Cornwell, Reuters, le 14 avril 2020
    https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-gulf-workers-idUSKCN21W1O8

    Romanian fruit pickers flown to UK amid crisis in farming sector
    Lisa O’Carroll, The Guardian, le 15 avril 2020
    https://www.theguardian.com/world/2020/apr/15/romanian-fruit-pickers-flown-uk-crisis-farming-sector-coronavirus

    #Canada #USA #Haiti #Golfe #UK #coronavirus #solidarité #Migrants

    Voir compile des effets délétères indirects de la pandémie :
    https://seenthis.net/messages/832147

  • Bus et tram bondés en Seine-Saint-Denis malgré le coronavirus | Actu Seine-Saint-Denis
    https://actu.fr/societe/coronavirus/bus-tram-bondes-seine-saint-denis-malgre-coronavirus_33089445.html

    Depuis la mise en place de mesures de confinement pour lutter contre la propagation du coronavirus Covid-19, l’offre de transport a été réduite à 30 %, en moyenne en Île-de-France. 

    Sauf qu’en Seine-Saint-Denis, cette offre ne semble pas répondre aux besoins de la population. « La Seine-Saint-Denis est un département qui se caractérise par le fait que beaucoup de personnes travaillent dans les services dit « essentiels à la continuité de la nation ». Aujourd’hui, une proportion importante continue à travailler et à devoir se rendre sur leur lieu de travail », explique la préfecture. Dès lors, la fréquentation des transports en communs se révèle plus importante que dans certaines zones du territoire francilien.

  • Dans les quartiers populaires, « si on remplit le frigo, on chope le corona », Louise Couvelaire, le 18 avril 2020
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/18/dans-les-quartiers-populaires-si-on-remplit-le-frigo-on-chope-le-corona_6036


    File d’attente pour une distribution de nourriture organisée par AC Le Feu et le centre social Toucouleurs à Clichy-sous-Bois, le 15 avril. GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »

    Les quartiers populaires entament leur deuxième mois de confinement à bout de souffle, mais encore soutenus par un faisceau de solidarités inédites, réinventées dans l’urgence.

    Il y a ceux qui ont encore un travail et prennent tous les risques pour le garder. Ceux qui craignent pour l’avenir de leurs enfants. Et il y a ceux qui ont faim. Ce sont souvent les mêmes. Les quartiers populaires entament leur deuxième mois de confinement à bout de souffle, mais encore soutenus par un faisceau de solidarités inédites, réinventées dans l’urgence.

    Ce matin-là, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), les premiers sont arrivés à 8 heures, soit trois heures avant l’ouverture des portes de la maison de la jeunesse de la ville. A 11 heures, la file d’attente s’étirait sur 300 mètres. Mercredi 15 avril, ils étaient des centaines à patienter pour remplir leurs caddies de salades, courgettes, pommes, yaourts et crème fraîche. Sans débourser un centime. Organisée par le collectif AC Le Feu et le centre social Toucouleurs, avec le soutien de la Fondation Abbé-Pierre, cette distribution alimentaire était la troisième en huit jours. 190 personnes se sont présentées la première fois, 490 la seconde, puis 750.

    Les 50 palettes de nourriture données par des anciens des quartiers, grossistes, semi-grossistes et vendeurs – « qui n’ont pas oublié d’où ils venaient », se félicite le cofondateur de l’association, Mohamed Mechmache –, n’ont pas suffi à répondre à la demande. Du jamais vu. « Il y a urgence dans ces territoires, tout va se casser la gueule, alerte le cofondateur d’AC Le Feu. Des centaines de personnes que nous ne connaissions pas sont en train d’apparaître sur nos radars. On ne sait pas comment ils vont trouver les ressources un mois de plus pour se nourrir. »

    Dans la queue, il y avait Samia*, une aide-soignante de 42 ans, mère de quatre enfants, dont le salaire ne suffit plus à financer le budget nourriture du foyer, qui a été multiplié par trois depuis le début du confinement. Il y avait Evana* aussi, la mine lasse, assise sur son déambulateur, le visage recouvert d’une épaisse couche de fond de teint trop clair. Evana a 48 ans mais elle en fait vingt de plus. Elle ne s’est jamais remise d’un accident de voiture qui l’a laissée avec un bassin cassé. C’était en 2014. Depuis, elle n’arrive pas à rester debout plus de quelques minutes et vit d’une petite pension d’invalidité qui ne suffit pas à payer son loyer. Le confinement est en train de la clouer sur place. Jusqu’à présent, ses amis et sa famille l’aidaient à boucler ses fins de mois en lui donnant des « petits billets de 10 euros ou 20 euros par-ci par-là, mais ils ne peuvent plus venir me voir, alors j’accumule les dettes et je n’ai plus rien pour nous nourrir, moi et ma fille ».
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’inquiétante surmortalité en Seine-Saint-Denis : « Tous ceux qui vont au front et se mettent en danger, ce sont des habitants du 93 »

    Pour des familles, la cantine est le seul repas de l’enfant

    Lors de son allocution du 13 avril, Emmanuel Macron a annoncé le versement d’une aide financière exceptionnelle pour « les familles modestes avec des enfants afin de leur permettre de faire face à leurs besoins essentiels ». Chaque famille bénéficiaire du RSA ou de l’Allocation de solidarité spécifique (ASS) recevra 150 euros, plus 100 euros par enfant, et les familles touchant des aides au logement percevront 100 euros par enfant. « Pffff…, souffle Ahmed*, ça ne va pas suffire. » Ahmed n’est pas du genre commode. Père autoritaire de sept enfants, il est au chômage partiel depuis que le restaurant dans lequel il fait la plonge a fermé ses portes. « A force de rester là sans rien faire, mes enfants ont faim toute la journée et ce que je touche ne suffit pas ! », lance-t-il, sur les nerfs. Avec l’arrêt de la cantine à 1 euro le déjeuner, il n’a plus les moyens de subvenir aux besoins de sa famille. Une situation qu’il vit comme une humiliation. A peine évoqué les paniers repas qui lui sont offerts par une association et il raccroche sans préavis.

    « Dans certaines familles très modestes, le repas de la cantine est le seul repas de la journée de l’enfant, témoigne Eddy*, 42 ans, éducateur de vie scolaire dans un lycée du département, qui, « en temps normal », distribue des barquettes à emporter composées des restes du jour aux élèves les plus démunis. « Avec le confinement, nous avons créé un groupe WhatsApp pour tenter d’identifier les plus en difficultés et chacun de nous achète ce qu’il peut pour eux. Le Coronavirus a un effet loupe sur tous les dysfonctionnements et toutes les inégalités. »


    A Clichy-sous-Bois, le 15 avril. GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »

    Ahmed reçoit ses paniers de l’association Têtes grêlées, lancée par Sylla Wodiouma, surnommé « Djoums » dans le quartier des Quatre-Chemins, à Pantin. Le jeune homme de 34 ans distribue chaque semaine quelques dizaines de « kits » composés de nourriture et de produits d’hygiène qu’il a pu financer grâce à l’appel aux dons lancé sur la plate-forme Leetchi. Il a récolté un peu plus de 6 000 euros en trois semaines. « Beaucoup de familles qui travaillaient en tant qu’intérimaires ou non déclarées n’ont plus rien, elles ont tenu deux semaines et puis tout s’est effondré », raconte Djoums. Les listes de personnes à soutenir, dont les noms lui sont signalés par des voisins, des travailleurs sociaux et des amis, « explosent », témoigne-t-il.
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    Tenaillée par la « honte »

    Sur ces listes, figure désormais Nassira*. La jeune femme de 29 ans parle à voix basse pour ne pas réveiller ses quatre filles âgées de 13 ans à cinq mois. Il est pourtant midi. « Les aînées se couchent vers 2 heures du matin et je les laisse dormir le matin, je les réveille à l’heure du déjeuner, peu avant de mettre les petites à la sieste, comme ça, elles peuvent être un peu tranquilles pour faire leurs devoirs. » Sans travail ni mari, elle vit des allocations familiales et accueille dans son petit deux pièces de 41 mètres carrés du quartier des Courtillières son père de 65 ans atteint d’un cancer du foie. Elle dort avec ses quatre filles dans une chambre minuscule et ne veut surtout pas qu’elles sachent qu’elle n’a plus les moyens de les nourrir. « Qu’est-ce que mes enfants vont penser de moi, que je ne suis pas capable de prendre soin d’elles ? » confie-t-elle, tenaillée par la « honte ».

    Fatoumata* elle aussi a honte. Et peur. Sans-papiers ivoirienne, elle se terre avec ses trois enfants dans une modeste HLM d’une cité de l’Essonne qu’elle sous-loue pour 300 euros par mois. Elle n’est pas sortie de chez elle depuis le début du confinement, pas même pour faire des courses, terrorisée à l’idée d’être contrôlée par la police omniprésente et susceptible de lui demander attestation et pièce d’identité à tout instant. Impossible de se faire livrer, elle n’a plus un sou. La nourriture commence à manquer. Fatoumata travaillait jusqu’au début du mois de mars : elle faisait des ménages dans des hôtels en « empruntant » les papiers d’une autre moyennant 20 % sur les sommes qu’elle rapporte. Mais il ne reste rien des 800 euros gagnés entre le mois de février et le début du mois de mars. C’est sa fille aînée de 16 ans qui a fini par lancer un SOS à la responsable d’une association de quartier qu’elle a l’habitude de fréquenter. La directrice a mis 80 euros de sa poche pour lui faire un premier marché et le déposer devant sa porte. « Toutes les associations et les centres sociaux sont fermés, les gens ne savent pas vers qui se tourner », dit-elle. L’une de ses collègues a pris la suite la semaine suivante.

    Au moment où certaines familles apparaissent pour la première fois sur les radars des associations, d’autres, au contraire, ne répondent plus à l’appel. Comme en témoigne une professeure de français dans un collège de Seine-Saint-Denis qui dit avoir perdu le contact avec 40 % de ses élèves. Dans les quartiers Nord de Marseille, Fatima Mostefaoui tire la sonnette d’alarme. Dans un texte rédigé au nom du collectif des femmes des quartiers populaires, elle écrit : « Je suis pauvre, triste, un peu en colère ; non, beaucoup en colère (…). Hier déjà dans ma cité, la réussite scolaire était un rêve inaccessible. Alors là, pour moi, l’école à la maison, c’est un tsunami qui va me noyer et emporter mes enfants ». Fondatrice de l’association Avec Nous, la militante a lancé l’opération « Partage ton Wi-Fi » pour inciter les résidents qui disposent d’un réseau Internet à en faire bénéficier leurs voisins en dévoilant leurs codes d’accès.

    A deux doigts de « tout lâcher »

    Nadia*, elle, est à deux doigts de « tout lâcher », le suivi des devoirs à la maison auxquels elle « ne comprend rien », les courses au rabais qui l’obligent à nourrir ses deux enfants de pain fait maison et de pâtes, les négociations « qui n’aboutissent à rien » avec son bailleur social pour lui permettre d’échelonner le paiement de son loyer. A 45 ans, elle vit dans le 3e arrondissement de Marseille, l’un des plus pauvres de la cité phocéenne. Le 17 mars, premier jour du confinement, elle a perdu son travail − au noir, en tant que femme de ménage pour des particuliers − et la rémunération qui allait avec − un peu moins de 500 euros par mois. « Ma voisine est en dépression, je ne vais pas tarder à la suivre », annonce-t-elle en aspirant sur sa cigarette. Elle n’a qu’une crainte : que cette épidémie de Covid-19 « détruise l’avenir de [ses] enfants ». Son fils, lycéen, et sa fille, collégienne, sont en train de « perdre le fil », dit-elle, et d’accumuler un retard qu’ils ne sont pas sûrs de pouvoir rattraper malgré le prêt d’un ordinateur via l’association Avec Nous.


    750 personnes sont venues récupérer de la nourriture lors de la distribution du 15 avril à Clichy-sous-Bois. GUILLAUME HERBAUT POUR « LE MONDE »

    A 800 kilomètres de là, on a croisé Sofia* sur un bout de trottoir de Clichy-sous-Bois, un cabas dans chaque main remplis de denrées gracieusement distribuées par AC Le Feu. 16 ans à peine, silhouette fluette, mots écorchés, cette « fervente lectrice » d’Emile Zola évoque sa mère, femme au foyer, son père, qui a pris la poudre d’escampette, elle raconte les efforts « immenses » qu’elle fournit pour figurer parmi les premières de sa classe de 2nde, parle de « l’influence de son milieu » qui la condamne « à la misère » pour résumer l’angoisse de ce confinement et des conséquences « tragiques » sur sa vie, elle raconte les « droits qu’elle n’a jamais eus » et les « chances qu’elle n’aura jamais plus ». Elle en est convaincue. Sofia est en colère, elle est en train de décrocher, et elle le sait. Impossible de suivre le rythme de l’école à la maison. Chez elle, « pas d’ordinateur, pas d’imprimante, un seul téléphone pour quatre enfants ». Tout est dit. Elle tourne les talons. « Si ceux qui ont de la chance dans la vie s’inquiètent de l’après, interroge Mohamed Mechmache, imaginez ce que ressentent ceux qui n’ont rien. » Ou si peu.

    Le père Patrice Gaudin les voit chaque matin aux arrêts de bus, les aides-soignantes, les caissières, les livreurs, les travailleurs du BTP, les éboueurs. Chaque matin, il voit ces « colonnes de travailleurs de l’ombre » passer devant son église du christ Ressuscité plantée au cœur de Bondy Nord, en Seine-Saint-Denis, tous ces « héros silencieux de nos cités » dont il admire le « sens du devoir ». Le « père Patrice », comme l’appellent les résidents du quartier, se dit « horrifié » par les inégalités que génère ce confinement. Avec sa carrure de rugbyman et son franc-parler − « avant d’arriver ici il y a cinq ans, j’y connaissais que dalle aux cités » −, il veut défendre l’honneur de ceux dont « on dit trop souvent depuis quelques semaines qu’ils ne respectent pas les règles du confinement » et à qui « on ne rend pas assez justice » malgré les risques auxquels ils sont exposés au quotidien.
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    La conviction d’avoir « un rôle important »

    Keltoum* a subi les foudres de son mari, furieux qu’elle se mette en danger. « Il aurait préféré que je m’arrête, mais finalement il a compris. » La jeune femme de 36 ans a dix ans de labeur dans la grande distribution derrière elle et la conviction d’avoir « un rôle important ». Elle occupe le poste de manager dans les rayons d’un petit supermarché du 93. Six de ses collègues ont fait valoir leur droit de retrait. Ils ont été remplacés par des étudiants de l’université Paris 8 Vincennes Saint-Denis. « Il faut faire tourner le magasin, dit-elle. Si je m’absente, il n’y aura plus rien dans les rayons. »

    Keltoum est responsable des commandes et du réapprovisionnement. A l’occasion, elle fait aussi des remplacements en caisse. Depuis le 17 mars, le panier moyen du consommateur a presque doublé, passant de 12 euros à 22 euros. « Les gens achètent plus, du coup, j’ai une charge de travail deux à trois fois supérieure à la normale, le tout dans une atmosphère très pesante », confie-t-elle. Tous les jours depuis un mois, la jeune femme adopte le même rituel en rentrant chez elle : elle ouvre la porte, pose son sac à terre, retire ses chaussures, se déshabille dans l’entrée, met le tout à laver et fonce sous la douche. « J’essaie de pas être parano mais il y a de l’angoisse, et encore, heureusement qu’on a des visières maintenant pour nous protéger des clients. »

    Depuis trois semaines, Phaudel Khebchi passe ses journées à imprimer des visières en 3D qu’il distribue ensuite aux caissières et aux personnels soignants des commerces et hôpitaux voisins. Directeur du musée numérique la Micro-Folie, à Sevran (93), il a déjà fabriqué plus de 200 visières qu’il a appris à confectionner grâce aux fiches techniques partagées sur Internet par les « makers » des visières solidaires. « Le plus pénible, se désole Keltoum, c’est de voir que beaucoup de gens n’ont rien changé à leurs habitudes, ne serait-ce que par respect pour nous. Ils viennent faire leurs courses tous les jours, parfois plusieurs fois par jour, et parfois, seulement pour s’acheter une barquette de fraises. »

    « Si on se retire, qu’est-ce que les gens vont devenir ?, lance Sosthène*, le directeur du supermarché, tout aussi habité par sa mission que sa manager des rayons. On est un peu comme le personnel de santé, on a besoin de nous. » Lorsqu’il a entendu la ministre du travail, Muriel Pénicaud, le 1er avril, inviter les entreprises privées à verser une « prime exceptionnelle de pouvoir d’achat » (défiscalisée et exonérée de charges salariales et patronales) de 1 000 euros destinée à « soutenir ceux qui sont au front », il a cru pouvoir annoncer une bonne nouvelle à ses 25 salariés. « Sauf que pour l’instant, personne ne nous en a parlé, s’inquiète le directeur. Cette prime, c’est une aide financière, oui, mais pas seulement, c’est aussi une forme de reconnaissance dont nous avons tous besoin pour tenir le coup psychologiquement. »

    « Moi, la prime de 1 000 euros, je n’y ai pas droit ! », affirme Stéphane Lafeuille. Depuis trois ans, le quadragénaire est éboueur intérimaire à Champigny-sur-Marne (Seine-et-Marne). Il n’a jamais décroché de CDI, il enchaîne les contrats journaliers payés au smic. « Avec mes collègues intérimaires, on vit dans la grande précarité. Si on remplit le frigo, on chope le corona. » Avant l’intervention de Mamadou Sy, commercial et conseiller municipal, qui a dégoté un lot de 100 masques qu’il a distribué aux éboueurs de la ville, il travaillait sans aucune protection. « Aujourd’hui encore, on fait nos tournées avec des petits gants en plastique alors que les poubelles des particuliers débordent et que les gens jettent leurs déchets médicaux, leurs mouchoirs, leurs masques et leurs gants en vrac dans les poubelles aux couvercles jaunes normalement exclusivement dédiées au tri sélectif, dénonce-t-il. L’angoisse est permanente, si j’attrape le virus, je n’ai rien, aucun filet de sécurité. » Impossible d’exercer un quelconque droit de retrait, il n’est pas salarié.

    « A ce rythme, dans un mois, nous, travailleurs au noir, travailleurs précaires, habitants des quartiers, enfants des quartiers, on va se retrouver définitivement hors-jeu, redoute Nadia, de Marseille. Pour l’instant, on tient grâce aux solidarités locales et parce qu’on ne veut pas se laisser faire. Mais pour combien de temps encore ? »

    #travailleurs_précaires #solidarité

  • Le formidable élan de générosité pour les migrants à Nancy
    #Covid-19#migrant#migration#France#solidarite

    https://www.francebleu.fr/infos/societe/le-formidable-elan-de-generosite-pour-les-migrants-a-nancy-1587055875

    L’association Un toit pour les migrants à Nancy vient en aide à près de 70 familles et plus de 50 jeunes. Lors de leur dernier appel à générosité lancé au début du confinement, les bénévoles ont reçu trois fois plus de dons que d’habitude. Un formidable élan pour des migrants en grande précarité.

  • ACTUALITES : À Marseille, des migrants montent une association pour dénoncer les violations de leurs droits | Réseau International Diaspora En Ligne
    #Covid-19#migrant#migration#France#solidarite#droit
    http://diasporaenligne.net/actualites-a-marseille-des-migrants-montent-une-association-pour-de

    Allocations interrompues, absence de logement ou courriers égarés : un groupe de migrants marseillais a lancé une association afin de dénoncer de sérieux manquements à leurs droits, lesquels sont, disent-ils, d’autant plus bafoués avec le confinement décrété pour lutter contre le coronavirus. En un mois d’existence, l’association compte plus d’une centaine de membres.

  • Kuwait: Ensure protection of migrant workers in COVID-19 response: Joint Letter | Amnesty International
    #Covid-19#migrant#migration#Koweit#solidarite
    https://www.amnesty.org/fr/documents/MDE17/2167/2020/fr

    A joint letter from a coalition of civil society organizations and trade unions, urging the Government of Kuwait to ensure that migrant workers receive adequate protection from COVID-19.

  • Coronavirus : MSF arrête ses opérations de sauvetage de migrants à bord de l’« Ocean Viking »
    #Covid-19#migrant#migration#Europe#Mediterranee#sauvetage#solidarite

    https://www.20minutes.fr/monde/2762751-20200417-coronavirus-msf-arrete-operations-sauvetage-migrants-bord

    CRISE SANITAIRE MSF espère continuer ses missions sur un autre bateau, tandis que SOS Méditerranée préfère prendre des précautions face aux risques liés à l’épidémie de Covid-19

  • Coronavirus does discriminate, because that’s what humans do, Rebecca Solnit, TheGuardian, April 17, 2020
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/apr/17/coronavirus-discriminate-humans-racism-sexism-inequality

    It has also become clear that health disparities due to racism increased the chances of becoming severely ill or dying. From New Orleans to Chicago, black people were at disproportionate risk of death. Higher levels of diabetes and hypertension can be linked to the stress of racism; asthma and respiratory problems are tied to the polluted air of many urban and industrial areas; and lack of long-term access to good medical care and food sources (due to poverty and discrimination) play their part.

  • Confinement : le préfet du Morbihan interdit la vente d’alcool à emporter
    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/confinement-le-prefet-du-morbihan-interdit-la-vente-d-alcool-a-emporter-1

    Face à l’augmentation des violences au sein des familles morbihannaises pendant le confinement, le préfet Patrice Faure a choisi d’interdire la vente d’alcool à emporter dès ce vendredi 17 avril.
    « Le duo confinement et alcool fait mauvais ménage », assure le préfet du Morbihan dans une vidéo publiée ce vendredi 17 avril sur Internet.

    Les violences intrafamiliales en hausse de 30%
    D’après Patrice Faure, « les violences intrafamiliales ont augmenté de plus 30% en quelques jours ». « Les nombreuses interventions des forces de l’ordre se font quasi systématiquement sur fond d’alcool. Nous ne pouvons tolérer de telles violences. »

    Face à ce constat, le préfet a donc décidé d’interdire la vente d’alcool à emporter, autre que la bière et le vin, le cidre et les boissons fermentées non distillées à partir de ce vendredi 17 avril et jusqu’au 11 mai, date envisagée pour le déconfinement. « Il en va de l’intérêt des familles et des enfants, » martèle Patrice Faure.

  • Dans les foyers, les chibanis meurent à huis clos - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/societe/dans-les-foyers-les-chibanis-meurent-a-huis-clos

    Adef a quand même dépêché un agent… pour encaisser les loyers

    Sans compter le fait que les résidents des foyers, les plus âgés notamment, ont des facteurs de comorbidité plus élevés du fait des professions exercées et des conditions de vie. Les chibanis notamment représentent une population déjà plus fragile sur le plan de la santé. « 4,5% des 60-69 ans nés au Maghreb ont des problèmes de dépendance contre 1,3% chez ceux nés en France, soulève l’UNAFO (Union professionnelle du logement accompagné). Ils ont parfois le profil des personnes accueillies en EHPAD. »

    A Saint-Ouen, Aboubacar Diallo se retrouve démuni face à la crise. « Je ne peux même pas aller faire du porte-à-porte puisque je n’ai ni gants ni masque », s’inquiète-t-il. Lui-même a été atteint du Covid-19. Il raconte : « J’ai frôlé la mort. J’ai passé deux semaines dans ma chambre, je pouvais à peine me lever, j’étais coupé du monde ». Le médecin qu’il a eu au téléphone lui a déconseillé de se rendre aux urgences, lui prescrivant pour seul remède du Doliprane. « Je n’arrivais pas à respirer, j’avais l’impression qu’on m’enfonçait des coups de poignards dans le torse, c’était terrible », décrit-il.

  • Le coronavirus n’a plus de vieux à tuer sur ce continent
    Par Gauz, Jeune Afrique, le 16 avril 2020
    https://www.jeuneafrique.com/927936/politique/tribune-le-coronavirus-na-plus-de-vieux-a-tuer-sur-ce-continent

    En raison de l’âge de la population en Occident, le coronavirus y est un problème très grave. Il pose un défi civilisationnel, et questionne son mode de vie, sa société. L’Afrique n’est pas concernée de la même façon pour la simple raison que, depuis soixante ans, l’incurie de ses hommes politiques, l’avidité des places financières, les foutaises des plans d’ajustement dits structurels, toutes les ambitions à la petite semaine d’aventuriers sans foi ni loi ont déjà fait le travail : il n’y a plus de vieux à tuer sur ce continent.

    En Afrique, l’espérance de vie ne dépasse pas 62 ans. Le Niger et l’Ouganda ont 15 ans d’âge moyen ! Oui, vous avez bien lu, et vous pouvez vérifier. L’Afrique a 20 ans. Chaque jour, sa jeunesse est un atout vendangé parce que la mort précoce est un talent continental. Un quinquagénaire à Bouaké est un miraculé.

    #coronavirus #Afrique #inégalités #solidarité

    à rajouter aussi à la recension des travaux sur la corrélation entre #inégalités et #problèmes_sociaux ici :
    https://seenthis.net/messages/765806

  • Carnets de réclusion 1 - Coronavirus et dispositifs de contrôle social : l’exemple chinois | Lundi Matin
    https://lundi.am/Carnets-de-reclusion-1

    (extraits)

    Selon l’héritage de cette pratique, les personnes bien notées se verront offrir des « privilèges » : priorité aux admissions scolaires et à l’emploi, par exemple. Facilité d’accès aux prêts et au crédit à la consommation. Location de vélos et de voitures sans dépôt de garantie. Salle de gymnastique gratuite. Transports publics moins chers. Réduction des temps d’attente dans les hôpitaux. Promotion accélérée au travail. Priorité dans la file d’attente pour un logement social. Allégements fiscaux.

    Dans la ville de Hangzhou, les « bien notés » ont un accès prioritaire aux offres d’emploi chez Tencent, à des remises sur le prix des smartphones achetés chez Alibaba, à des coupons de réduction sur le site d’e-commerce TMall (possédé par Alibaba) ou encore à des nuits d’hôtel gratuites lors de voyages avec AliTravel.

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    La ville de Pékin prévoit de mettre en place son propre système de notation et de « listes noires ». Ainsi, selon une déclaration officielle de la capitale chinoise, « avant la fin de 2020, sera mis en place un projet de points de confiance personnels, couvrant l’ensemble de la population résidente […] la non-fiabilité dans un domaine entraînera des restrictions dans tous les domaines, de sorte qu’il soit difficile pour les personnes non fiables de n’avancer ne serait-ce que d’un seul pas [8]. »

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    Le processus de ludification (ou de gamification) est au cœur du système chinois. Le gouvernement tente ainsi de faire passer l’obéissance totale pour un jeu permanent dans lequel tout le monde peut gagner quelque chose, comme dans les casinos en ligne. C’est une méthode de contrôle social déguisée en jeu vidéo.

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    La vitalité du crédit social est encore plus manifeste dans les petits villages de l’agglomération. Une centaine d’entre eux disposent déjà d’une ’place du crédit social’, où des panneaux ludiques et colorés détaillent les commandements, affichent les visages des citoyens méritants et précisent les points ajoutés ou retirés durant le mois écoulé [12].

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    A la différence de tous les fichiers auparavant constitués par les États, leurs polices, le mouvement eugéniste, les nazis ou les milices, le système de crédit social est visible, consultable : les individus sont parfaitement informés de cette surveillance continue qui s’affiche sur leurs écrans avec un score à améliorer. En novlangue néolibérale, cela s’appelle un « scoring comportemental interactif et ludique [17] ».

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    Ce solutionisme emprunte toujours à l’arsenal techno-scientifique les concepts, les idées et les moyens qui nous ont précisément conduits au bord du gouffre. Il en est ainsi du big data et de l’intelligence artificielle : après avoir été créés pour l’armée, développés pour le commerce puis l’exploitation en ligne de travailleurs précarisés, voilà que conformément à leur possibilité de gérer et de catégoriser un grand nombre de données et de comportements, ils sont logiquement utilisés pour le contrôle social et politique des populations.

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    Imaginez un monde où votre accès aux services publics, à une connexion Internet ou à certains emplois seraient directement corrélés à une notation qui vous collerait à la peau, partout, tout le temps, exactement comme un chauffeur Uber ou un livreur eBay. Noter tous les humains, en permanence, dans un projet de management implacable.

    Une dictature panoptique mathématiquement établie, technologiquement répandue, une organisation scientifique de la surveillance qui aurait pour but d’enrôler la majorité des populations, tout en laissant survivre quelques archipels-témoins de l’ancien monde.

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    si l’on résume l’argumentaire, cela donne : « Ce pays n’étant pas une démocratie, l’outil numérique devient un incroyable pouvoir de contrôle policier ». Mais détestable en Chine, serait-il acceptable en Occident ? Tout dépendrait-il de qui s’en sert et comment ? Une litanie renouvelée à dessein qui masque la nature intrinsèque du numérique : tout numériser, ce qui est en parfaite congruence avec la propension du capital à tout valoriser, avec l’aspiration des États à « gérer les troupeaux » ou avec la prétention du mode de connaissance scientifique à rendre compte du réel par des abstractions commensurables.

  • WHO launches global megatrial of the four most promising coronavirus treatments | Science | AAAS
    https://www.sciencemag.org/news/2020/03/who-launches-global-megatrial-four-most-promising-coronavirus-treatments

    Scientists have suggested dozens of existing compounds for testing but WHO is focusing on what it says are the four most promising therapies: an experimental antiviral compound called #remdesivir; the malaria medications #chloroquine and #hydroxychloroquine; a combination of two HIV drugs, #lopinavir and #ritonavir; and that same combination plus #interferon-beta, an immune system messenger that can help cripple viruses. Some data on their use in COVID-19 patients has already emerged—the HIV combo failed in a small study in China-but WHO believes a large trial with a greater variety of patients is warranted.

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