• Des soldates auraient été « prostituées », admet le chef de la prison de Gilboa Par Times of Israel Staff 24 novembre 2021
    https://fr.timesofisrael.com/le-chef-de-la-prison-gilboa-semble-admettre-que-des-soldates-aurai

    Des geôlières ont raconté avoir été mises en contact avec des détenus afin d’être reluquées ou agressées en échange de concessions ; l’enquête a été classée et les plaintes enterrées.


    Le commandant de la prison de Gilboa, Freddy Ben Shitrit, arrive pour son témoignage devant le comité d’inspection du gouvernement pour enquêter sur l’évasion des prisonniers de sécurité de la prison de Gilboa, à Modiin, le 24 novembre 2021. (Crédit : Flash90)

    Le commandant de la prison de Gilboa, Freddy Ben Shitrit, a semblé confirmer mercredi des informations rendues publiques en 2018 qui avaient laissé entendre que des soldates qui effectuaient leur service militaire en tant que gardiennes dans la milieu carcéral avaient été « prostituées » et contraintes à avoir des relations sexuelles avec des terroristes palestiniens.

    Plusieurs anciennes gardiennes de la prison ont déclaré avoir été utilisées comme monnaie d’échange avec les détenus et délibérément mises en danger par leurs supérieurs afin d’obtenir des concessions de la part des prisonniers.

    M. Ben Shitrit a déclaré que la prison « faisait du proxénétisme avec les soldates » et « qu’elle remettait des femmes soldats à des terroristes à des fins sexuelles », faisant apparemment référence à une pratique présumée consistant à placer les femmes soldats en contact étroit avec les prisonniers comme des objets sexuels à reluquer, voire à agresser.

    « L’incident de proxénétisme a été un incident massif », a-t-il déclaré.

    Ce drame aurait eu lieu avant l’arrivée de Ben Shitrit à la tête de la prison.

    Ces accusations avaient été rapportées pour la première fois en 2018 par la Vingtième chaîne et fermement démenties par le service pénitentiaire. Une première enquête a été classée en raison d’un manque de preuves, ont rapporté les médias israéliens mercredi soir.

    Ben Shitrit a tenu ces propos alors qu’il témoignait devant un panel du gouvernement concernant les défaillances qui ont permis l’évasion de terroristes palestiniens, au mois de septembre. L’évasion a révélé des défaillances généralisées dans la prison, essentiellement liées à la pénurie de ressources humaines et matérielles.

    L’une des soldates qui a déclaré avoir été agressée sexuellement lors de l’incident a réclamé mercredi la réouverture de l’enquête.

    La soldate, dont le nom n’a pas été révélé, a déclaré à Walla qu’elle et d’autres gardiennes avaient été agressées sexuellement par un terroriste palestinien nommé Muhammad Atallah. Les gardiens ont affirmé que la direction de la prison était au courant de ces abus et les a couverts jusqu’à ce que des reportages médiatiques sur l’affaire les révèlent en juin 2018.


    Un gardien de prison dans une tour de surveillance à la prison de Gilboa, dans le nord d’Israël, le 6 septembre 2021. (Crédit : Flash90)

    Selon ces informations, un agent de renseignement de la prison aurait placé des gardiennes dans le quartier de sécurité de l’établissement à la demande du terroriste.

    La Douzième chaîne a déclaré que trois soldates étaient impliquées dans cette affaire.

    La soldate qui a témoigné a déclaré qu’elle avait reçu l’ordre d’accompagner Atallah dans l’établissement, ce qui lui donnait l’occasion de l’agresser, notamment en lui tripotant les fesses, tandis que ses supérieurs fermaient les yeux.

    En échange, Atallah, une figure puissante parmi les autres prisonniers, assurait la tranquillité de l’établissement pour le personnel de la prison, selon la Douzième chaîne.

    « Ils m’ont envoyée faire des missions que je n’étais pas censée faire pour être un objet sexuel afin d’obtenir des renseignements », a déclaré l’une des victimes présumées à la Douzième chaîne. « L’un des prisonniers de la sécurité a agi comme il le voulait envers moi. Insultes, offenses sexuelles, agressions verbales. Chaque fois que je venais prendre mon service, j’étais déprimée. »

    Elle a dit qu’elle était utilisée « comme un objet, comme une jolie fille, comme une tentatrice. Pour être juste un objet sexuel pour obtenir des informations d’eux ».

    « Mes commandants ne se souciaient pas de ce que je ressentais ou de ce que je vivais », a-t-elle déclaré.


    Une gardienne de prison avoir été utilisée par ses supérieurs comme monnaie d’échange avec les détenus. (Capture d’écran/Douzième chaîne)

    L’officier a reconnu avoir mis des gardiennes avec le prisonnier après que celui-ci a réclamé leur présence spécifique, a rapporté Walla.

    L’officier a été suspendu, mais a depuis réintégré l’administration pénitentiaire.

    L’ancienne soldate qui a demandé une enquête a déclaré : « J’attends du ministère public et de la police qu’ils rouvrent le dossier d’enquête. Ils doivent déposer un acte d’accusation contre l’officier de renseignement qui nous a livrées à des terroristes et contre tous ceux qui étaient au courant et se sont tus, et il y avait beaucoup de gens comme ça dans la prison. Nous nous sommes plaints que le prisonnier nous agressait sexuellement et on nous a dit de ne pas faire de commentaires. »

    L’avocate de la soldate, Galit Smilovitch, a déclaré que les commentaires de Ben Shitrit mercredi confortaient les accusations de sa cliente.

    « Il s’agit essentiellement d’un aveu indiquant que tout était planifié », a-t-elle déclaré. « Le ministère public doit s’occuper du problème à sa racine et ordonner la réouverture du dossier et le dépôt d’actes d’accusation contre toutes les personnes impliquées. »

    L’administration pénitentiaire a déclaré mercredi que les allégations ravivées étaient une tentative de détourner l’attention du témoignage de Ben Shitrit sur la mauvaise gestion de la prison.

    L’affaire a été « instruite sous la direction d’un précédent commissaire et classée par le bureau du procureur de l’État », a déclaré l’administration pénitentiaire dans un communiqué.

    « Si Ben Shitrit a entre les mains de nouvelles informations qui justifient la réouverture de l’enquête, il doit immédiatement les transmettre aux autorités chargées de l’application de la loi. »

    La ministre des Transports, Merav Michaeli, a qualifié les propos de Ben Shitrit de « choquants » et a déclaré que le ministre de la Sécurité intérieure, Omer Barlev, avait formé une commission chargée d’enquêter sur cette affaire.

    « Je suis sûre que tous les manquements et toutes les atrocités qui se sont produits dans la prison ces dernières années seront découverts et rectifiés », a-t-elle déclaré.

    #femmes #israël #Palestine #prison #prisons #soldates #proxénétisme  #prostitution #culture_du_viol #sexisme #exploitation #patriarcat #violence
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  • BALLAST | Svetlana Alexievitch, quand l’histoire des femmes reste un champ de bataille
    https://www.revue-ballast.fr/svetlana-alexievitch

    Un bataillon de soldats russes s’avance. Un bataillon composé majoritairement de femmes, et beaucoup d’entre elles ont du sang qui dégouline entre les jambes. Elles marchent depuis des heures ; elles ont leurs règles et rien pour dissimuler ce sang. Si bien que lorsqu’elles arrivent à un point d’eau, elles s’y précipitent et n’en sortent pas, même lorsque les Allemands mitraillent. « Nous avions besoin de nous laver, car nous avions trop honte devant les hommes… Nous ne voulions pas sortir de l’eau, et une fille a été tuée¹… » La honte d’avoir leurs règles plus forte que la peur de la mort. Cette scène de La Guerre n’a pas un visage de femme a fait partie des passages supprimés par la censure lors de la première édition du livre, en 1985 — passages qui n’ont pu être rétablis qu’en 2003. Il s’agissait de « détails physiologiques » qui n’avaient rien à voir avec la réalité de la femme soviétique, encore moins de la femme soviétique dans la guerre, avaient asséné les censeurs — malgré les protestations de l’auteure. Un dialogue emmuré : Alexievitch en était alors à son premier ouvrage et, déjà loyale à la vérité des laissés-pour-compte, affirmait en vain vouloir peindre une autre guerre et une autre réalité, une expérience que les hommes n’avaient pas vécue, qu’un auteur masculin ne pouvait raconter : les femmes dans la guerre. Rappelons déjà quelques chiffres, en ouverture du livre, afin de prendre la mesure de ce dont on parle : 225 000 femmes dans les différents corps de l’armée britannique ; entre 450 et 500 000 dans l’armée américaine ; 500 000 en Allemagne ; 800 000 dans l’armée soviétique.

    La démarche d’Alexievitch — parler spécifiquement de la guerre des femmes en tant que femme — va à contre-courant d’une doxa littéraire à l’épreuve des décennies : afin d’écrire un grand livre qui ne sera pas immédiatement catalogué comme de la littérature de filles, la femme doit oublier son sexe. Tout bon étudiant de littérature ou critique littéraire lambda qui s’interroge sur l’écriture féminine, qu’il s’agisse de la question de l’existence possible d’un style féminin ou du statut de la femme auteure, terminera sa dissertation ou son article par une envolée lyrique sur la fameuse nécessité de dépasser l’individualité, qu’elle soit celle d’un homme ou d’une femme, pour accéder à une neutralité supposément universaliste.

    « Alexievitch, déja loyale à la vérité des laissés-pour-compte, affirmait vouloir peindre une autre guerre que les hommes n’avaient pas vécue, qu’un auteur homme ne pouvait raconter. »

    Ainsi, l’historienne et traductrice Galia Ackerman et le sociologue Frédérick Lemarchand parlent-ils, non sans un certain mépris (et sans réelle justification) de la « verve féministe un peu obsolète² » d’Alexievitch. Mais si nous nous posons honnêtement la question des enjeux spécifiques des rapports entre genre et littérature, il est facile de voir que cette apparente neutralité est en fait parfaitement marquée : elle est masculine. L’auteure anglaise Virginia Woolf le montrait déjà dans son essai Une chambre à soi : tout écrivaine se trouvera confrontée à la littérature passée et risquera toujours de se définir par rapport à la figure de l’auteur masculin, que ce soit en se dévalorisant ou en s’affirmant par rapport à lui. Écrire de manière neutre impliquerait de parvenir à ne pas écrire par rapport à ces normes fondées sur quelques siècles d’écriture masculine. D’évidence, c’est impossible : tout écrivain s’inscrit dans un champ littéraire déjà investi. Mais rappelons, s’il en est besoin, que ce champ est non seulement dominé historiquement (les hommes font et sont l’Histoire) mais également hiérarchisé en termes de valeurs déterminées par celles du monde social le plus influent. La spécificité du champ littéraire est son extrême individualisation. Cette dernière invisibilise d’autant plus les rapports structurels de domination : réfléchir sur le sexe de l’auteur.e paraît alors facilement hors de propos.

    • #historicisation #femmes #guerre #menstruations #règles #armée #soldats #soldates

      voire aussi : L’ombre d’un doute - Stalingrad, les héroïnes cachées de l’Armée rouge
      https://www.youtube.com/watch?v=e2qJ5frQKnA

      Enquête sur les héroïnes cachées de l’Armée Rouge. Près de 520 000 femmes se sont engagées sur le front pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce phénomène a longtemps été caché. C’est à Podolsk que ces régiments féminins ont été formés dans une école de snipeuses, au sein de la maison des officiers d’Engels. Ces groupes ont été très présents pendant la bataille de Stalingrad. Mais ces femmes combattantes se sont illustrées plus particulièrement dans l’aviation. Après les importantes pertes humaines dans l’armée de l’air soviétique en 1941, plusieurs formations féminines ont été constituées. Redoutables, les aviatrices du 588e régiment ont été surnommées les Sorcières de la nuit. Pour retracer cet épisode de l’histoire méconnu, des survivantes dévoilent leurs souvenirs de combats.

  • Female Spies and Gender-Bending Soldiers Changed the Course of the Civil War | Collectors Weekly
    http://www.collectorsweekly.com/articles/female-spies-and-gender-bending-soldiers

    After 150 years, America is still haunted by the ghosts of its Civil War, whose story has been romanticized for so long it’s hard to keep the facts straight. In our collective memory of the war, men are the giants, the heroes remembered as fighting nobly for their beliefs. Confederate General Robert E. Lee’s surrender to Union General Ulysses S. Grant at the Appomattox Court House in Virginia on April 9, 1865, has achieved the status of legend, the moment a broken country started to reunite, even though that’s not exactly true.

    “A Lincoln official was completely flummoxed when he said, ‘What are we going to do with these fashionable women spies?’”

    What’s been largely lost to history is how remarkably influential women were to the course of the Civil War—from its beginning to its end. Without Rose O’Neal Greenhow’s masterfully run spy ring, the Union might have ended the months-old war with a swift victory over the Confederates in July 1861. Instead, the widow leaked Union plans to Confederate generals, allowing them to prepare and deliver a devastating Union loss at the First Battle of Bull Run, also known as the First Battle of Manassas, which caused the war to drag out for four more years. Elizabeth Van Lew, another woman running a brilliant spy ring who also happened to be a feminist and a “spinster,” was instrumental to the fall of the Confederate capital of Richmond, Virginia, on April 1, 1865, leading to Lee’s surrender eight days later.

    #historicisation #femmes #soldates #espionnes

    • Abbott says she would have loved to have featured African American women more prominently in the book, but by and large, she was not able to find enough source material revealing their perspectives. The one exception was Harriet Tubman, who also used her slave escape route known as the Underground Railroad, where African American hymns spread messages through coded lyrics, to operate a spy ring herself. But Tubman’s story was much too large to be contained within the scope of the Civil War.

      #Harriet_Tubman

    • Edmondson was actually one of 400 known women who passed as men to serve in the military during the Civil War. While the War Department required that Union recruits undergo a full physical exam, which would including stripping naked, most doctors were so overwhelmed by the flood of potential soldiers they cut corners and approved the volunteers with a quick glance. Very few of the women posing as soldiers were living as men before the war. Some female privates were fleeing abusive parents or husbands. Some women didn’t want to be separated from their husbands who were enlisting. Others, like Edmondson, felt deeply committed to their sides’ cause. Most of them, Abbott speculates, were impoverished and in desperate need of the military stipend, $13 a month for Union privates and $11 for Confederates. Abbott was most puzzled by how few got caught.

      “I came to the conclusion that they were getting away with it because nobody had any idea what a woman would look like wearing pants,” she says. “People were so used to seeing women’s bodies pushed and pulled in these exaggerated shapes with corsets and crinoline. The idea of a woman in pants, let alone an entire Army uniform, was so unfathomable that they couldn’t see it, even if she were standing in front of them. Emma had such a great advantage over the other women: Here’s somebody who already honed her voice and her mannerisms. She was already comfortable as Frank Thompson, who was a real person to her. She wasn’t going to make any of the rookie mistakes, like the woman who, when somebody threw an apple to her, reached for the hem of her nonexistent apron, trying to catch the apple. My favorite story is the corporal from New Jersey who gave birth while she was on picket duty, like, ‘The jig is up!’”

      While Abbott considers Edmondson “gender fluid,” she decided to write about her with a “she” pronoun, as a woman, as opposed to writing about her as a transgender man with a “he” pronoun, in part because Edmondson abandoned her Frank Thompson persona after she deserted the Army—out of fear she was about to be exposed and arrested—on April 17, 1863, and never brought him back. She changed her name to Emma Edmonds and started living as a woman again.

      “After the war, Emma ended up getting married and having children,” Abbott says. “Frank Thompson was just as legitimate a person, I think, to Emma, but somebody that she also decided ultimately that she was not. He was, I think, somebody who was convenient to her in that time. She was clearly attracted to men during the war because she fell in love with a fellow private, but who knows if she was bisexual. That’s certainly a possibility that she might not have felt comfortable exploring or even knew how to acknowledge in that time period. She was definitely gender fluid, and Belle was probably as well.”


      Frank Leslie’s 1863 cartoon “The Art of Inspiring Courage” shows a woman threatening to join the Union army if her husband doesn’t. (Courtesy of Karen Abbott)

      Part of Emma’s impulse to create Frank Thompson came from a desire to escape the dreary life as a farmer’s wife she saw laid out before her in New Brunswick, Canada, before the war: She suffered at the hands of her abusive father; she saw how miserable her sisters were as farmer’s wives; and at 16, she was set to be married off to a lecherous elderly neighbor. Men seemed to be the source of her misery; but they also had all the power to be free. In her writings, she described men as “the implacable enemy” and wrote how she hated “male tyranny.”

      According to Emma’s memoir, she was inspired by a novel she bought from a peddler, Fanny Campbell, the Female Pirate Captain: A Tale of Revolution, which told the story of a woman who disguised as a man and became a pirate to liberate her kidnapped lover. After Fanny freed him, she continued to pose as a male pirate for several weeks, as the pair had more adventures on the high seas. Supposedly, this story fueled Emma to cut her long hair, run away from home, and start living as Frank in the United States.


      The title page of “Fanny Campbell, the Female Pirate Captain: A Tale of Revolution,” the book that inspired Emma to start living as a man. (Via Harvard University, Houghton Library)

      “She was very much like a second-wave feminist, way before the second wave,” Abbott says. “She recognized that men had the power, and the way for her to attain any of that was to become a man. But she definitely felt comfortable as a man, and I think that that was a vital, integral part of her personality.”

      What’s surprising throughout the book is the way old men, like Emma’s neighbor, would openly ogle teenage girls. Back then, the age of sexual consent was right after puberty, which could be as early as age 10 or 12. By age 17, a rival of Belle Boyd’s already dubbed her “the fastest girl in Virginia or anywhere else for that matter.”