• « #Femmes : #souffrance_au_travail » - Information - France Culture
    http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-«-femmes-souffrance-au-travail-»-2013-11-25

    Dans ce documentaire, il s’agit de comprendre comment le rapport hiérarchique peut être entaché de maltraitance psychologique, de sexisme ou de racisme.

    Elles s’appellent Isabelle, Anne, et Nadia. Elles ont un travail qui leur convenait jusqu’à ce que se mette en place une mécanique de la maltraitance verbale et psychologique imposée par un homme ou une femme supérieur hiérarchique. Elles racontent de façon émouvante l’enfer qu’elles ont connu, les influences désastreuses sur leur santé, l’état de leur corps, leur état psychologique, les relations avec leurs enfants, leur vie toute entière.

  • Comité de Soutien au Docteur Rodriguez : ou comment le patronat tente de museler un lanceur d’alertes sur le #harcèlement moral et ses dégâts.
    http://csdr.fr/wp

    Je me présente : je suis psychiatre hospitalier à l’hôpital de Montfavet, ancien chef de service.
    Je suis le fondateur de la première consultation sur la #souffrance psychique au #travail de la région PACA.

    Je suis attaqué par le Conseil de l’Ordre des Médecins de Vaucluse à la demande de la famille MULLIEZ propriétaire entre autre du groupe AUCHAN (Auchan, Alinéa) et du groupe ADEO (Weldom, Bricoman, Zodio…), pour un certificat médical qui fait le lien entre la pathologie présentée par une de leurs employées et ses conditions de travail et surtout qui parle de harcèlement moral.

    Il faut savoir que je prends en charge de nombreux employés de ces diverses sociétés, tous pour des faits de harcèlement moral au travail.

    Il faut savoir qu’Auchan Avignon Nord, le plus grand Auchan de France, a été la première entreprise française à se mettre en grève contre le harcèlement moral au travail.

    Il faut savoir que j’ai mis en place un groupe de harcelés au travail qui fonctionne maintenant depuis 2 ans et qui accueille régulièrement associations contre le harcèlement, syndicalistes, médiateur, médecins du travail, victimes et témoins du harcèlement. Que ce travail a fait l’objet de plusieurs reportages dans le presse écrite locale ainsi que sur FR3 PACA.

    Il faut savoir que je travaille maintenant en réseau avec l’association des médecins du travail couvrant l’ensemble du Vaucluse et du nord des Bouches du Rhône (plus de 80.000 salariés suivis), ainsi qu’avec de nombreux généralistes.

    Il faut savoir que la famille MULLIEZ a envoyé son avocat de Lille pour une conciliation au Conseil de l’Ordre des médecins du Vaucluse, alors que le cabinet dont celui-ci dépend avait un correspondant sur place.

    Il faut savoir que cet avocat a demandé une condamnation pour l’exemple !

    Il faut savoir que le Conseil Départemental a repris à son compte à la lettre prêt l’argumentaire patronal. Le médecin n’a pas le droit de parler de ce qui se passe dans l’entreprise. Le médecin n’a pas le droit de parler de harcèlement. Le médecin n’a pas le droit de faire de diagnostic de trouble psychique réactionnel. Le médecin n’a pas le droit d’évoquer les causes de la souffrance qu’il constate. Le médecin n’a donc plus de moyen de traiter ces états !

    Le Conseil départemental de Vaucluse se substitue à l’employeur qui n’a pas le droit de me poursuivre en tant que médecin hospitalier et porte plainte contre moi auprès de la Chambre judiciaire du Conseil Régional de la région PACA, pour non respect des articles 28 et 76 du Code de déontologie, alors qu’il ne le fait que sur ses commentaires sans valeur juridique et en contravention avec l’article L 461-6 du Code de la Sécurité Sociale.

    Il faut savoir que cette année je ne suis pas le seul poursuivi sur le territoire, 3 médecins du travail le sont également.

    Il s’agit de la première inculpation d’un médecin hospitalier, la première également d’un spécialiste.

    Il faut savoir que les dernières dispositions législatives et réglementaires, ainsi que les arrêts de la Cour de cassation vont tous dans le même sens d’une reconnaissance de l’importance du phénomène du harcèlement moral dans l’entreprise.

    C’est le moment que choisit le patronat, épaulé par le Conseil de l’Ordre, pour faire des exemples.

    Les plus dangereux pour eux sont les psychiatres et les médecins du travail, les seuls spécialistes reconnus comme pouvant faire le lien de causalité nécessaire entre le harcèlement et la pathologie.

    C’est pourquoi je fais appel à vous pour faire cesser ce scandale de poursuivre ceux qui sont à même de défendre les salariés en proie au harcèlement de leur direction lorsque le harcèlement devient une méthode de management comme on a vu à France Télécom (dont je prends d’ailleurs en charge quelques victimes sur PACA, des survivantes puisqu’il s’agit de femmes).

    Dr Jean RODRIGUEZ

  • Prof, le plus vieux métier du monde (Slate.fr)
    http://www.slate.fr/story/77556/prof-le-plus-vieux-metier-du-monde

    […] pour les enseignants nés en 1950, l’âge moyen de départ à la retraite reste de 60 ans, mais pour ceux nés en 1978, par exemple, il sera de plus de 66 ans. […]
    C’est en fait la conjonction de deux tendances — la logique des réformes de retraites en effet et surtout l’arrivée tardive sur les estrades des écoles des jeunes enseignants […].
    Les profs commencent en effet à enseigner assez tard : 27 ans pour le premier degré et 28 ans pour le second, indique le ministère de l’Éducation nationale. La « mastérisation » a élevé le niveau de la qualification pour devenir professeur (bac + 5), ce concours est parfois réussi après plusieurs essais successifs, ou après des tentatives d’exploration vers d’autres métiers. […]
    L’image saisit tout de suite : 70 ans pour enseigner devant une classe de quatrième, cela parait indubitablement âgé. […]
    Le débat actuel sur les retraites a fait émerger le sujet de la pénibilité chez les fonctionnaires : le « compte personnel de pénibilité », qui devrait être instauré en 2015 pour les seuls salariés du privé, intéressent aujourd’hui des métiers du public comme les infirmières des hôpitaux.
    Mais les profs sont loin d’être concernés. Ils ne travaillent pas en horaires décalés et si l’on cherche des critères objectifs cette catégorie professionnelle bénéficie d’une longévité remarquable.
    […]
    Mais surtout Philippe Watrelot, qui est à la fois enseignant et formateur d’enseignants, considère le puissant décalage entre le métier rêvé, souhaité, (élèves attentifs et curieux, calme dans la classe) et la réalité (que je vous laisse imaginer) de classe pèse beaucoup sur le moral des professeurs. Pour le dire autrement : enseigner c’est « déceptif ».
    […]
    La souffrance au travail est un sujet qui monte chez les profs. En juin 2012, le rapport de la sénatrice Gonthier-Maurin tendait un miroir effrayant aux enseignants. L’élue y parle de travail « empêché » et de conditions dégradées. L’année dernière une enquête commandée par la MGEN (mutuelle des enseignants) et réalisée auprès de deux milliers d’enseignants de 400 lycées et collèges établissait qu’un professeur sur six souffre de burn out.
    […]
    Enfin, le problème que soulignent tous mes interlocuteurs demeure qu’il est difficile de sortir de l’enseignement.

    #éducation #métier #enseignants #travail #souffrance

    • Une thèse développée par Alain Accardo : le capitalisme marchand a vaincu le capital culturel.

      Comme ricane le richissime Warren Buffett : « La guerre des classes, c’est ma classe qui l’a gagnée ! ». Le patron a terrassé le professeur, le marchand a pulvérisé l’enseignant, le gestionnaire a éclipsé l’universitaire et autour de monsieur Bergeret ligoté au poteau d’infamie, Babbitt ivre d’orgueil fait la danse du scalp.

      De cette défaite historique, on peut craindre que les enseignants ne se relèvent jamais. C’est de cette intuition douloureuse qu’ils sont depuis longtemps malades et les jeunes générations (largement féminisées, symptôme infaillible de la dévalorisation sociale) plus encore que les anciennes pour s’être laissé embarquer dans le train de l’élitisme moderniste et managérial. Ils sentent bien, derrière les bricolages réformistes des « nécessaires évolutions », que la misère de leur position est irrémédiable dans un monde où ils pèsent moins que les gladiateurs et les histrions, un monde auquel leur mission était d’insuffler du sens et qui leur préfère désormais d’autres marchands de rêve.

      http://blog.agone.org/post/2013/10/26/Le-scalp-de-monsieur-Bergeret

    • Je trouve le texte d’Accardo un peu curieux, ds la stricte séparation qu’il semble faire, comme s’il n’y avait pas eu de « bourgeoisie éclairée », mécènes, salons, « protecteurs des sciences », « haute culture » légitimante venant redoubler la domination économique, comme si savants et artistes n’étaient pas eux-même le plus souvent des enfants de la bourgeoisie industrielle etc. En gros, il a l’air de faire une dichotomie entre l’instituteur et l’industriel sur une base politique et puis c’est tout, comme si le capital n’allait pas au capital qq soient ses formes. Ou alors je saisis mal.

    • @moderne (qui dit que)

      En gros, il a l’air de faire une dichotomie entre l’instituteur et l’industriel sur une base politique et puis c’est tout, comme si le capital n’allait pas au capital qq soient ses formes. Ou alors je saisis mal.

      Opposer l’instituteur à l’industriel est un fait marquant depuis l’époque de Jules Ferry. Serait-ce parce que l’instituteur est en première ligne sur le front de la misère sociale ? L’école primaire s’est fait forte d’accueillir tous les enfants sans distinction. Le collège et le lycée bénéficiaient d’un écrémage : il y avait le fameux certificat d’études qui était une première porte de sélection puis le Brevet (BEPC : brevet d’études principales du collège). Les enseignants du second degré se sont trouvés confrontés à des élèves de toutes catégories sociales et cette mixité sociale a contribué à déstabiliser bon nombres d’entre eux qui avaient la fâcheuse habitude pédagogique de ne faire cours que pour les « bons élèves ». Dans le premier degré, les enseignants se sont vite tournés vers l’innovation pédagogique pour maintenir l’intérêt des enfants pour les apprentissages fondamentaux et les connaissances plus orientées « culture générale ». Et là on peut effectivement prétendre que la plupart des instits ont oeuvré à développer chez leurs élèves une tête bien faite alors que dans le second degré, on met encore trop souvent le paquet sur une tête bien pleine. Alors, oui, l’instit a pu passer pour une sorte de dangereux révolutionnaire pendant que son alter ego du collège ou du lycée était mieux accepté par la bourgeoisie industrielle ou marchande.

    • a pu

      J’ai l’impression que le débat en cours n’est pas sans lien avec la question du recrutement. Il y a 10 ans quand je suis entré dans le métier, on croisait des instits qui étaient entrés à l’#École_Normale au niveau de la seconde (donc bac-2). Aujourd’hui, approchent de la retraite ceux qui ont intégré l’École Normale juste après le bac. Il y a 15 ans pour entrer à l’#IUFM, il fallait une licence (bac+3). Depuis la dernière réforme, il faut un master (bac+5) pour devenir instit’, pardon professeur des écoles. Sociologiquement, il n’y a plus de réelles différences entre les professeurs (des écoles ou du secondaire). En terme de salaire, oui, mais sinon…
      Avant l’instit’ était issu des milieux populaires ET sa formation relevait de la promotion sociale (l’ascenseur ?). Par exemple, par ici il y avait des instits, fils et filles de paysans, ailleurs d’ouvriers. Aujourd’hui, comme le professeur du secondaire, l’instit’ un universitaire (bac+5), son choix d’orientation relève davantage de la reproduction sociale. Socialement, l’instit’ d’aujourd’hui ne comprend pas ses élèves des quartiers populaires car il vient de la bourgeoisie (d’où son finkielkrautisme latent). Pédagogiquement, l’instit’ d’aujourd’hui est un bon élève qui a mené à bien sa scolarité (bac+5 !), il a donc intrinsèquement du mal à comprendre pourquoi ses élèves échouent là où il n’eut aucune difficulté lui-même.
      [J’en parle tranquillement, j’en suis de ces instits.]

      J’ai bien peur que « l’instituteur […] en première ligne sur le front de la misère sociale » ne soit que résiduel.

      Pour moi, l’institutorat est une forme d’artisanat. Du coup, j’ai fort regretté que la création des #ESPÉ ne valide la format universitaire plutôt que de (re)devenir une formation professionnelle. Un recrutement post-bac plus ouvert sociologiquement qui aurait pu mener les impétrants au concours à un bac+5 malgré tout.

      Puisqu’il semble que la formation des professeurs soit au centre des systèmes éducatifs les plus performants : http://seenthis.net/messages/189141

      NB : à noter que pour la profession des enseignants, la revalorisation en niveau d’étude s’est accompagnée d’une dévalorisation salariale et sociétale, ainsi que d’une féminisation de la profession.

    • @heautontimoroumenos (qui dit que)

      Pour moi, l’institutorat est une forme d’artisanat. Du coup, j’ai fort regretté que la création des #ESPÉ ne valide la format universitaire plutôt que de (re)devenir une formation professionnelle.

      Tout à fait d’accord, nous sommes des artisans voire même des artistes (je comparais ma préparation de classe à la mise en partition d’une symphonie pour orchestre, vu que j’ai le plus souvent exercé en milieu rural dans des classes à plusieurs cours. D’ailleurs ce côté bricolage artisanal et débrouille fut également raillé par certains de mes collègues, qui ne voyait dans cette façon de faire qu’une simple perte de temps.
      Maintenant la formation des enseignants fut-elle jamais « professionnelle » ? J’en doute. Étant passé par une formation en deux ans à l’École Normale (post bac+2 ans de glandouille en université), j’ai appris par l’expérience du terrain. Comme bon nombre de mes collègues d’alors. En discutant avec des plus jeunes, de ta génération, je pense, je me suis aperçu que la formation des PE (profs des ecoles) était toujours aussi indigente, trop « universitaire » et déconnectée des réalités du terrain.

  • Enseignants : les maîtres mots du désarroi (Libération.fr)
    http://www.liberation.fr/societe/2013/10/10/enseignants-les-maitres-mots-du-desarroi_938631

    Cet ouvrage met surtout en évidence une surcharge de travail tant la multiplicité des rôles qu’assume un enseignant est importante. Tour à tour éducateur, animateur, assistant social, coach, gendarme, infirmier, surveillant, etc. Il fait aussi affleurer la dure vie des remplaçants, la pénibilité de certains établissements, l’angoisse devant une impossible reconversion, la dureté parfois des rapports entre collègues et avec la hiérarchie, sans oublier le poids d’une administration souvent sourde, muette, ou les deux.

    #éducation #enseignants #souffrance_au_travail

  • « Stress scolaire : l’obsession de l’excellence » (ARTE)
    http://pro.arte.tv/2013/08/stress-scolaire-lobsession-de-lexcellence-sur-arte-le-17-septembre

    Diffusion le 17 septembre

    Caractéristique du système scolaire français, l’obsession de la réussite serait à l’origine de nombreux échecs scolaires. Un documentaire qui dresse un état des lieux sans concessions de l’enseignement à la française.

    Selon plusieurs études, la France est la championne d’Europe du stress scolaire. Un phénomène qui prend de l’ampleur ces dernières années, poussant de plus en plus d’élèves chez les psychologues.
    Mais pourquoi la peur d’échouer a-t-elle remplacé l’envie de réussir chez nos collégiens, et qui leur met la pression ? Les professeurs, les parents ou le système scolaire dans son
    ensemble ?
    Pour répondre à ces questions le réalisateur Stéphane Bentura a passé plusieurs mois dans le prestigieux collège Carnot à Paris.
    Il y a suivi un groupe d’élèves de troisième qui attendent avec appréhension leur affectation au lycée.
    Une immersion que le documentariste ponctue par les analyses d’experts de l’école, comme le sociologue François Dubet, ou encore l’actuel ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon, avant de se livrer à une comparaison avec les systèmes scolaires allemands et
    finlandais, qui font la part belle à l’approche pédagogique et à l’épanouissement des élèves.
    Le bilan de ce tour d’horizon est sans appel : en France, le système de notes et la compétition conduisent à l’échec scolaire des élèves qui auraient tout pour réussir.

    #éducation #école #enfants #stress #souffrance

  • #Revue en ligne « (Re)penser l’exil » :

    Dans le cadre du programme 2010-2016 – #Exil, Création Philosophique et Politique, Repenser l’Exil dans la #Citoyenneté Contemporaine – la revue en ligne (Re)Penser l’Exil se propose de présenter le travail de réflexion critique des participant.e.s sur les #représentations, les #mots, les #discours sur l’exil, en vue de mettre en lien l’exil, la création philosophique et politique et la citoyenneté contemporaine. Le Programme vise à faire un travail critique sur les modes de (dés)subjectivation, la fragmentation du #mouvement_social et le poids du déterminisme sur la pensée philosophique actuelle.

    Elle est un moyen de collectiviser les réflexions en cours, en vue d’une synthèse à la fin du programme (2016).

    Elle présente :

    Des textes produits à chaque étape du programme 2010-2016 et des textes en travail en vue de publications qui se préparent par ailleurs (livres notamment)
    Des matériaux, des documents, des faits divers, des contributions artistiques, poèmes, des textes de création théâtrale, etc..

    (RE)PENSER L’EXIL

    L’exil évoque à la fois les racines (Simone Weil) et la mer (Victor Hugo), la maison (Pinar Selek), le pain amer (François Rigaux). Les métaphores sont nombreuses. C’est un phénomène universel qui traverse l’histoire humaine et tous les continents. C’est une des facettes du diamant de l’expérience humaine (exil intérieur, #banissement, #expulsion_sociale, politique).
    L’exil est une notion riche, vaste, multiforme qui offre un espace d’hospitalité à une #réflexion_philosophique transversale visant à défragmenter des #expériences_humaines, politiques pour permettre un partage de la réflexion.
    Nous nous proposons de (re)penser l’exil dans ce qu’il contient d’épaisseur de #vie, de #souffrance, de #joie, d’#injustice, de #violence et aussi de souffle, de #puissance, d’#opportunité d’invention de la #liberté et de la #solidarité, de la citoyenneté.
    Le fil rouge est une question qui nous accompagnera durant toute la durée du programme (2010-2016) : serions-nous toutes, tous des exilé.e.s ? L’exil une fatalité du destin, une liberté en tension. Exil-des-exil, comment vivons-nous, pensons-nous cela ?

    LE TRAVAIL PHILOSOPHIQUE

    Le travail d’innovation philosophique dont a parlé Jacques Derrida au moment où il a fondé le Collège International de Philosophie à Paris, appartient à tout le monde. En partant de l’exil, nous voulons inventer et mettre en œuvre un travail à la fois modeste et ambitieux qui croise des expériences, des lieux, des pays, des continents, des temporalités, des générations, des sexes, des domaines de savoirs, des générations, des artistes, etc.. en partageant une réflexion critique.
    Il vise à favoriser le travail sur l’autonomie, la subjectivation individuelle et collective et la création philosophique.
    Il participe au débat critique et créatif sur l’exil et le des-exil dans le monde contemporain.

    http://revue-exil.com

  • Quand la poésie côtoie la phénoménologie, ou comment vouloir donner sens à une existence dépossédée de son horizon.

    Deux ou trois choses que je sais d’elle (1967) de Jean-Luc Godard
    http://www.youtube.com/watch?v=cVtYMQ2haeU


    http://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/deux-ou-trois-choses-que-je-sais-delle

    Doit-on souffrir pour faire un f#ilm ? 1966 : #Godard a tourné onze longs métrages en sept ans. De Deux ou trois choses que je sais d’elle, il dit « (…) c’est un peu comme si je voulais un #essai_sociologique en forme de roman, et pour le faire, je n’ai à ma disposition que des notes de musique. Est-ce donc cela le cinéma ? Et ai-je raison de vouloir continuer à en faire ? » Epuisé, englouti sous son travail, notre héros ? Craint-il d’avoir découvert ses propres limites ? Godard est mûr pour ne plus filmer désormais ­ comme il s’y abandonnerait ­ que ce qui s’offre à lui, la vie, et confondre son labeur avec elle. Le monde n’a qu’à se laisser regarder, se tenir coi, bien se tenir, le cinéma débarque, faisant feu de tout bois, et tout est son #objectif. Décomposant la vie en trois éléments (#réalité #objective, #subjectivité et #loi d’ensemble), JLG pense sincèrement ­ naïvement ? ­ pouvoir la retrouver telle qu’en elle-même, là, partout, autour. Dans une sorte de torpeur généralisée se joue plein pot un rituel de transsubstantiation brechtien : l’#actrice, son #corps et son #sang se métamorphosent en direct (par le seul effet du verbe) en personnage ; la #pensée entre en jeu. Le #style tend à rendre les #formes humaines, ou le contraire. Les villes changent et la vie s’ennuie dans les cafés (dans deux ans, Mai) ; les coeurs, les âmes grincent comme des portes. Alors, vive l’ivresse : trente ans après, le sujet ­ la #construction de #grands_ensembles et la vie qu’on y mène, une #prostitution_généralisée ­ est un sujet comme un autre (cette cité peu riante à la mode gaulliste, proprette, « #années_60 », est filmée comme #Tati filmait les gratte-ciel et #de_Broca, Brasília) et fait frémir (le pire arrivait). Godard, sans bouteille, filme comme il respire, avec la sérénité et la patience de la fatigue, sans plus aucune douleur, ou à son seuil, parce qu’il n’y a plus d’autre solution pour survivre. Alors, les #femmes, les #hommes, l’#argent, le #travail, la prostitution, l’#aliénation, tout, tout cela, c’est lui, mais aussi l’annonce de ses dix ou vingt autres films à venir : le produit dérivé est le #film lui-même… L’enfance de l’art a-t-elle 36 ans ? Un film, pour être adulte, facile et évident, doit-il être fabriqué à bout de force ? Faut-il avoir mal pour filmer, pour dire sa #souffrance, celle que vous inspire le #monde, celle du monde, ou suffit-il au contraire d’ouvrir l’oeil et le bon ?

    #Cinéma #nouvelle_Vague #Société #Consommation #Politique #Littérature #Philosophie #Langage #Jean-Luc_Godard #Vidéo

  • #Peter_Watkins cinéaste engagé et auteur d’un livre radical, « Média Crisis » paru aux édition homnisphères, évoque son film sur la commune et fait un parallèle entre le traitement de la commune dans les manuels d’histoire de France et le rôle des « mass média » audiovisuel(MMAV) qui sont selon lui, sont le moteur de la propagande néolibérale.

    http://www.article11.info/?Peter-Watkins-une-bouffee-d

    Dans son livre « Media Crisis », Peter Watkins analyse le lavage de cerveau médiatique, la pauvreté de la forme et l’inanité du fond de la plupart des productions contemporaines. Portant aussi la casquette de réalisateur, il applique dans ses films des principes inverses à ceux qui président à l’abrutissement des masses. Une efficacité cinématographique démente et un impact politique non négligeable.

    Partie 1
    http://www.youtube.com/watch?NR=1&feature=endscreen&v=K44rNau16EY

    (...)

    Dans sa très grande majorité, remarque Peter Watkins, la société refuse toujours de reconnaître le rôle de la forme et des processus de diffusion et de réception des productions des #MMAV. Ce qui signifie que les formes de langage qui structurent les messages des #films ou des programmes télévisés, ainsi que les processus tout entiers (hiérarchiques ou autres) de diffusion à l’attention du public sont complètement négligés et ne font pas l’objet de #débat. Consécutivement à ce manque de débat critique public, plus de 95% des messages diffusés par les MMAV sont #structurés selon le principe de #la_Monoforme.
    Ce « manque de débat critique public » est l’un des chevaux de bataille de l’auteur de #Media_Crisis. Non que les #téléspectateurs souhaitent des émissions de mauvaise qualité : ce sont les professionnels des médias qui le leur imposent. Et ce bien que personne n’a jamais demandé aux spectateurs leur avis. C’est même un véritable tabou, provoquant les ricanements du monde #audiovisuel. Faire participer les téléspectateurs aux grilles de programme ? Et puis, quoi encore ? Pourquoi pas leur proposer de se mêler du processus de création du film tant qu’on y est ?
    Dans ce manque de débat public, le formatage induit par les MMAV joue aussi un rôle essentiel. Comment le spectateur pourrait opter pour autre chose, lorsqu’aucun choix ne lui est laissé et qu’il est gavé de saloperie depuis sa naissance ? Quand un véritable #lavage de #cerveau s’ingénie à réduire tout sens critique, à donner constamment le goût des mauvaises choses et de la facilité intellectuelle, sans jamais - ou presque - proposer la moindre alternative valable ou
    crédible ?

    Partie 2
    http://www.youtube.com/watch?v=cFm9q1zzx-Q

    (...)

    Plus fondamentalement, ce que les professionnels des MMAV ont accompli durant les 20 ou 30 dernières années, c’est la diffusion et l’implantation efficace d’un « climat » #psychologique qui a servi de levier à l’idéologie consumériste, écrit Watkins. […] En d’autres termes, l’objet même du #consumérisme, qui sature le rendement des MMAV, est renforcé à de nombreux niveaux inconscients, par un processus caché et hiérarchique - avec son propre discours sociétal souterrain, où il apparaitrait que nous sommes incapables (ou non désireux) de vouloir l’identifier ou de le reconnaître.
    Ce climat, soigneusement inculqué, injecté au plus profond de notre psyché par les formes saccadées et fragmentées du langage des MMAV et par l’industrie du cinéma #commercial à l’échelle globale a entraîné chez nous une sérieuse diminution de notre capacité de concentration, un manque de tolérance pour des processus soutenus ou pour n’importe quelle forme de communication qui exigerait d’y consacrer plus de dix secondes, une amnésie de plus en plus généralisée face à notre histoire (surtout chez les jeunes générations), un besoin perpétuel et accru de changements. Tout cela a permis de façonner une société manifestement plus #privatisée, où règnent l’#insécurité et une agitation constante. Une société où la pensée compétitive, l’#égotisme, le #gain #personnel, et l’#indifférence envers la #violence et la #souffrance deviennent de plus en plus « la #norme » et où disparaissent la #pluralité authentique et l’#interaction #communautaire.

    (...)
    Partie 3
    http://www.youtube.com/watch?v=Z2_JP0vYtSY

    En faisant travailler ces acteurs non professionnels, il s’agit de jouer sur leur conscience politique. De déclencher leurs réactions à chaud. De les aider à oublier la camera. Et de se rapprocher ainsi au maximum de la réalité, de toucher à une authenticité que ne pourraient pas rendre des #acteurs professionnels. Dans les films de Peter Watkins, chacun conserve souvent son propre rôle, à peine travesti par les besoins scénaristiques. Ce qui explique pourquoi les spectateurs peuvent se retrouver soufflés par l’impression de #réalisme.
    Dans La Commune, le #réalisateur a été jusqu’à recruter des acteurs #amateurs en fonction de leurs #opinions conservatrices, avant de les habiller en #soldats versaillais, de les réunir dans une pièce et de les inviter à discuter. En résultent des débats et des prises de position puant le naturel (du genre : « Il faut de l’#ordre dans la #société, c’est évident, sinon ça ne peut pas marcher… »). Dans le même temps, le spectateur est constamment renvoyé à sa propre condition, que ce soit par des adresses directes ou au travers de procédés ana-ou-u-chroniques (qui n’ont pas eu lieu). Dans La Commune, c’est notamment le rôle de deux #journalistes-acteurs, qui interviewent les #communards tout au long du film.
    Un processus si efficace que les acteurs et certains passionnés du film se sont organisés en une association, Rebond pour la Commune, dont le but est de faire perdurer le processus réflexif du film. Une démonstration parfaite que, à l’inverse des productions prédigérées dont on ne se souvient pas cinq minutes après la fin, Watkins arrive à susciter un véritable processus de réflexion. Un réel boulot politique, quoi. Mais aussi un vrai danger pour les tenants de l’ordre #établi.

    Parie 4
    http://www.youtube.com/watch?v=ELj5hJDd-no&NR=1&feature=endscreen

    #Propagande #Télévision #Cinéma #Publicité #Communication #Pédagogie #Education #Enseignement #Critique #Médias #Histoire #1871 #la_commune #Paris
    #Mondialisation #Livre #Vidéo

  • Les Furies : Femmes et électrochocs en 2013
    http://les-furies.blogspot.ca/2013/04/femmes-et-electrochocs-en-2013.html

    Ce titre fait sursauter. Des électrochocs en 2013 ? Des images assez sombres nous viennent en tête des années 50-60, où les électrochocs étaient pratiqués à froid et servaient bien souvent comme outil pour punir et réprimer plutôt que pour soigner. Suite à de nombreuses critiques durant les années 70 et à l’arrivée de plusieurs traitements pharmaceutiques, l’utilisation des électrochocs a diminué.

    L’utilisation des électrochocs, maintenant appelée électroconvulsothérapie, ECT ou bien sismothérapie, semblent faire un retour en force dans beaucoup de pays occidentaux. Le nombre de séances d’électrochocs a doublé au Québec entre 1988 et 2003. En 2011, plus de 6000 traitements aux électrochocs ont été administrés à un nombre indéterminé de personnes à travers la province.

    Il existe peu de statistiques sur cette pratique au Québec. Les groupes communautaires québécois ont maintes fois demandé des chiffres au ministère de la santé. Parmi les chiffres obtenus par le comité Pare-chocs qui militent contre l’utilisation des électrochocs, on découvre entre autre que
    50% des électrochocs seraient donnés à des femmes de 50 ans et plus,
    41% à des personnes âgées de 65 ans et plus,
    Près de 10% à des femmes de 80 ans et plus,
    et 75% à des femmes.

    Force est de constater que les électrochocs sont bel et bien un enjeu féministe. D’ailleurs, le mouvement féministe a dénoncé à de mainte reprise l’aspect sexiste et patriarcal de la psychiatrie qui tend à diagnostiquer très facilement des problèmes de santé mentale aux femmes. On oublie facilement que derrière les étiquettes qu’on colle à ces femmes, se retrouve des réalités de vie forgées par des conditions structurelles, sociales et économiques. Si les diagnostics sont politiques, probablement que les traitements également !

    #psychiatrie #femme #femmes #sexisme #feminisme #electrochocs #violence

    • le retour... si ce vieux fantasme était jamais parti. Je suis régulièrement traité d’hystérique.
      J’ai lu ce texte qui accompagnait l’article

      Les électrochocs, une forme de violence contre les femmes - Bonnie Burstow, Ontario Institute for Studies in Education
      http://aocvf.ca/documents/electrochocs2.pdf

      Ca me terrorise cette manière de traiter les femmes agées. Est-ce qu’il y a des statistiques pour la France ? Les electrochocs semblent utiliser principalement pour « soigner » la dépression. Je vais voir ce que je trouve la dessus

      –-------

      Nombre d’ECT par an (électroconvulsivothérapie)

      France 70 000 en forte régression.
      Grande Bretagne 200 000
      États-Unis : 100 000 en forte régression.
      Québec, 8000 en 2003 contre la moitié en 1988 6

      (source SFAR 1999)
      http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lectroconvulsivoth%C3%A9rapie#Nombre_d.27ECT_par_an

      –------------

      Par contre, nous connaissons les taux d’administration d’ECT selon l’âge et le
      sexe. La revue Québec Science dans un dossier publié en 1997
      (8)
      ,
      nous
      apprend qu’en 1995 sur la totalité des électrochocs administrés, 0,6% l’ont été
      sur des moins de 19ans, le plus haut taux soit 16,2% à des femmes de 60-69
      ans et qu’au total 65,9% étaient des femmes contre 34,1% d’hommes. Les
      mêmes types de résultats sont cités par l’Agence d’Évaluation des Technologies
      et des Modes d’Intervention en Santé (AETMIS)
      (2)
      mais cette fois-ci les données
      sont fonction de la population globale
       : en 2001, le taux de séances pour 1000
      de population générale est de : 0,19 pour les 15-19ans, 3,41 pour les femmes de
      65 ans et plus (le plus haut taux) et 1,42 pour toutes les femmes contre 0,58 pour
      tous les hommes.

      Pour l’abolition des électrochocs !
      http://www.actionautonomie.qc.ca/parechocs/pdf/dernargumen.pdf

      –-----------------------

    • « Et si nous prenions le temps d’écouter les femmes dépressives, hystériques ou bipolaires ? »
      http://www.huffingtonpost.fr/thierry-delcourt/et-si-nous-prenions-le-temps-decouter-les-femmes-depressives-hysteriq

      Mais il est un fait social que Yasmina et de nombreuses patientes m’ont appris à découvrir et à ne jamais oublier, celui de ces « petits arrangements » pervers dans les familles et les institutions en charge d’être substituts parentaux, sans compter ceux des alcôves d’hommes qui ont le pouvoir de faire et de défaire une vie.

    • Vous êtes sures qu’on utilise encore le terme hystérique comme catégorie de maladie mentale ? Je vais vérifier, mais je ne crois pas. Je crois que c’est surtout un terme qui est passé dans le langage pour dénigrer une femme en colère ou véhémente. A suivre.

    • Le tableau est sans doute moins simple.
      Primo , la psychanalyse a fait grand cas de l’hystérie masculine, de sa naissance à Lacan. Deuxio , les électrochocs ne sont pas nécessairement cette maltraitance documentée par nombre d’écrivains et de patients, et qui fait retour, avec d’autres violences, dans des HP de plus en plus déshumanisés. Tout dépend des relations thérapeutiques dans lesquelles leur administration s’inscrit, de la manière dont ils sont administrés. Il ont par exemple été continuellement utilisés dans des hauts lieux de la psychothérapie institutionnelle (La Borde, La Chesnaie), pour ce que j’en comprends, comme moment d’ouverture, de retour à la verbalisation, quitte à en refuser l’administration à des patients qui - cherchant à soulager une angoisse inextinguible, à amender un état mélancolique aigu - en réclament une série, pour tenter autre chose.

    • @supergeante A priori oui, recoupé sur plusieurs sites.
      Mais par exemple, pour wikipedia « L’hystérie est en psychanalyse une névrose touchant les femmes et les hommes, aux tableaux cliniques variés, où le conflit psychique s’exprime par des manifestations fonctionnelles (anesthésies, paralysies, cécité, contractures...) sans lésion organique, des crises émotionnelles, éventuellement des phobies1. C’est une notion qui fait également partie de l’histoire de la psychiatrie et de la psychologie. »
      Alors que pour doctissimo :
      "La névrose hystérique touche essentiellement des jeunes femmes. Elle est la conséquence de la fixation symbolique de l’angoisse sur des symptômes physiques ou psychiques. L’angoisse n’est pas vécue comme telle : elle est convertie de façon inconsciente en pseudo-symptômes physiques.

      Cette névrose se développe sur des personnalités de type hystérique, qui présentent en général les caractères suivants :

      Un égocentrisme important ;
      Un besoin d’être apprécié de l’entourage qui les conduit à adapter leurs idées et leurs opinions à leur audience afin de mieux les séduire, voire à raconter des histoires (mythomanie) ;
      Une exubérance et une grande démonstrativité ;
      Une théâtralisation avec dramatisation de toutes les situations : ce sont des personnes qui se « mettent en scène »,
      Un besoin avide d’affection et de séduction qui conduit à érotiser les rapports sociaux tout en se retirant des que la situation devient plus impliquante ;
      Une tendance à nouer des liens assez factices.
      "

    • Euh Doctissimo, c’est sans doute utile pour butiner des infos, ne pas laisser aux médecins le monopole du savoir médical, mais ce site est essentiellement un vecteur des labos, des vendeurs, de la croyance en « la santé », et donc en l’occurrence de la psychologie comportementale..

      Sinon, ce dont le rapport sur L’utilisation des électrochocs au Québec ne dit rigoureusement rien, si ce n’est la question du consentement éclairé, c’est la #relation_thérapeutique dans laquelle s’inscrivent, ou pas, des séances d’électrochocs.

      Pour en rester aux électrochocs considérés isolément, techniquement, une version scientiste avec son enrobage de susurre éthico-légal :

      Les modalités ont en revanche beaucoup évolué, et le cadre réglementaire est précisément défini.
      Ainsi, l’anesthésie générale est devenue systématique, tout comme l’information et le consentement écrit du patient ou dans certains cas de son représentant légal. Surtout, (...) elle est devenue « un traitement très technique, et c’est désormais sur ce terrain-là que le débat se situe » : type de courant utilisé, position des électrodes, rythme d’administration...
      En France, comme dans la plupart des autres pays où elle est pratiquée, la sismothérapie est principalement proposée dans les troubles de l’humeur. « Malgré les progrès thérapeutiques récents (...), l’électroconvulsivothérapie (ECT) reste un traitement essentiel de la dépression. Sa place est unique dans les dépressions sévères, et l’ECT permet encore d’améliorer la survie du malade », (...).

      http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/11/15/volte-face-sur-l-electrochoc_1791344_1650684.html

      Les électrochocs, c’est donc une technique qui a connu des évolutions :

      L’utilisation de la technique unilatérale droite, d’impulsions courtes et de charges électriques moins importantes diminue la durée de cette période de confusion.

      http://www.psychomedia.qc.ca/forum/22701/page/1

      Mais ce type de description qui montre que le souci de « ne pas nuire » peut rester présent et susciter des transformations techniques en reste lui aussi à une vision qui isole l’"acte de soin" de la relation thérapeutique.

      Je parle par oui dire, faute de mieux. Mais j’ai été amené à en pas en rester à la lecture d’Aratud et d’autres, à faire attention à qui cause là dessus et d’où, et j’ai bien du modifier mon avis après avoir vu des patients en nettement meilleure forme après des électrochocs.

      Pour ce que j’en ai entendu dire, la période de confusion dite aussi période de réveil (anesthésique) qui suit ces séances constitue (ou pas...) un moment privilégié du soin, un (re)commencement. Entre être laissé à soi même en attendant que des médicaments prenne plus ou moins le relais des effets de l’électrochoc et être, d’emblée, partie prenante d’une relation, il y a un monde.

      ...il me paraît important que la spécificité de l’action de l’infirmier en psychiatrie s’affirme encore davantage. Dans le cas de l’ECT, la disparition du mot « choc » fait qu’il est assimilé toujours plus à un geste médicalisé et technique où la place de l’infirmier reste mal définie, voire pourrait passer aux yeux de certains comme superflue. Or, il m’apparaît toujours plus que l’accompagnement infirmier, notamment pendant la phase de réveil, est un élément important de ce soin, conditionnant en partie la réussite de l’ECT.
      En effet, auparavant, alors que l’on parlait encore de « dissolution du psychisme puis de reconstruction », ou, pour les psychanalystes de « tuer-ressusciter », de nombreux auteurs insistaient sur l’importance du réveil. La présence infirmière y trouvait tout son sens quand à un accompagnement et à un travail de reconstruction, aussi bien par rapport à la confusion qu’aux troubles mnésiques. Cette notion était très présente dans les protocoles concernant les cures de Sakel (choc insulinique), où le même infirmier se devait d’accompagner le patient pendant toute la durée de la cure.

      L’Ecrit, Clinique des Electrochocs (à destination des infirmiers psys)
      https://serval.unil.ch/resource/serval:BIB_69FC625981EB.P001/REF

      Depuis la formation d’infirmier en psychiatrie a été supprimée. C’était pourtant une de voies de la déhiérarchisation du soin (de la réduction du pouvoir des médecins comme pouvoir et puissance séparée) sur la quelle s’était appuyé bien des pratiques, allant jusqu’à inclure les autres personnels « de service » et les patients eux mêmes.
      Et les écrits que je trouve en ligne n’évoquent guère ce moment de reprise, de parole, accompagnée, la prise de notes, répétées, l’instauration d’une relation suivie qui pouvait y trouver place.

      Une petite histoire dans Pathique et fonction d’accueil en psychothérapie institutionnelle, #Jean_Oury. In Le contact. Ss la direction de Jacques Schotte
      http://www.lacanw.be/archives/institutionnalites/Le%20contact%20(J.%20Schotte%20ed.).pdf

      Je suis censé parler ici des rapports entre la #fonction_d'accueil et le pathique. Un vaste programme.
      J’aimerais, en guise de préambule, raconter une petite histoire, celle d’un accueil particulier qui s’est passé il y a plus de trente ans... J’avais été appelé d’urgence dans un village parce qu’une vieille dame était dans un état confusionnel, délirant, et particulièrement difficile. Ni la famille, ni le médecin ne pouvaient la décider à se faire soigner. J’intitulerai cette histoire non pas « La belle bouchère » mais « La vieille bouchère ». C’était en effet une grand-mère qui travaillait encore dans la boucherie d’un petit village. Elle était dans l’arrière-boutique quand je suis arrivé, en train de séparer les feuilles qui enveloppent la viande. Pour faire ce travail, elle tenait un énorme couteau, verticalement, l’extrémité du manche appuyé sur le tas de feuilles d’emballage. Rapidement, j’ai su qu’elle redoutait que le diable en personne ne vienne la chercher pour la punir de ses fautes, qu’il la mettrait dans une charrette, complètement nue, pour la promener dans le village. Voilà à peu près « l’accueil » tout à fait restreint dans lequel je me suis trouvé.
      Que faire ? Après quelques exhortations plus ou moins vigoureuses, j’ai constaté qu’on ne pourrait pas la convaincre de me suivre. Alors, comme par une inspiration à la Rosen — mais peut-être que les szondiens y reconnaîtront une « dimension » personnelle —, je suis entré dans son délire et lui ai dit : « Je suis Méphistophélès, mais je peux vous faire grâce de cette promenade, nue dans une charrette. Je veux simplement vous emmener dans ma voiture, et toute habillée ».
      Très rapidement, elle a fait ses valises et elle est montée dans ma voiture. Je l’ai emmenée en clinique. C’était en 1954. En arrivant, étant donné son état confusionnel, je lui ai fait un électrochoc qui a eu la vertu d’agir sur la confusion et de rétablir un niveau normal de la glycémie (parce qu’elle était également diabétique). Quand je l’ai revue, elle avait gardé une bonne conscience de cette première entrevue, mais, sur un mode très humoristique (elle était sortie de son état confusionnel), elle m’a dit : « Espèce de grande ficelle, va ! »
      L’accueil était réalisé. Il faudrait analyser à quel niveau... Elle est restée en clinique très peu de temps : cela s’est très bien passé. Voilà le premier exemple, presque cinématographique, des rapports entre l’accueil et le pathique.

      Un autre petite histoire, extraite d’un récit, où il se dit bien d’autres choses : 1971-1994, dans les lieux de la folie
      http://www.francis-berezne.net/index.php/sur-la-psychiatrie-11/36-opinions-dun-ancien-malade-sur-linstutution-psychiatrique

      J’arrive ([à La Borde] en janvier 72, après avoir été arrêté sur la voie publique, enfermé dans une cellule pendant une quinzaine de jours, cure de sommeil ou un machin de ce genre, et après un mois de placement d’office à Sainte Anne, dans l’attente d’une place libre à La Borde. J’insiste pour y aller, car je connais la clinique de réputation, et j’ai vu sur une scène parisienne un spectacle joué par ses pensionnaires qui m’a beaucoup ému. J’espère donc qu’on m’y soignera mieux que dans un service traditionnel, mais surtout je suis sûr que je n’y serai pas enfermé. Ca va plutôt mal quand j’arrive. Il n’y a pas grand chose à faire dans un premier temps qu’une série d’électrochocs. Dès que ça va mieux, je me dirige vers la salle de spectacle, car même si je viens de démissionner d’un poste d’enseignant aux Beaux Arts de Paris, les premiers jours à La Borde on me met en vacances de mes soucis professionnels, et je m’intéresse au théâtre. Je n’ai guère de souvenirs de ce premier séjour de quatre cinq mois, sinon des images, des sensations, rien de bien précis. Tellement peu précis que je me demande encore si j’ai fabriqué ces espèces d’étranges et familières poupées en bas nylon bourrés de coton hydrophylle, que j’ai aperçues un jour dans un musée d’art brut. Il y a certains états, psychothérapie institutionnelle ou pas, qui sont marqués d’une grande confusion, d’une grande incertitude, laquelle peut nourrir après coup un délire plus ou moins intense, psychothérapie institutionnelle ou pas.

      Certes, à La Borde mon délire s’apaise grâce aux activités et aux ateliers, aux entretiens et aux soins, mais la source de mon délire n’est pas épuisée, loin de là. J’ai beaucoup plus de souvenirs de mon deuxième séjour en 73, pareil, quatre cinq mois de suite, après une rechute assez sévère. Mon activité tourne encore autour du théâtre, mais aussi de l’écriture. Nous créons de façon collective un spectacle de grandes marionnettes inspirées du Bread et Puppet Theater, une troupe à la mode dans les années 68. Nous écrivons un spectacle sur ceux qui parlent et ceux qui se taisent, nous fabriquons des masques et des costumes sous lesquels nous nous dissimulons en incarnant des animaux. Nous jouons notre spectacle à La Borde devant un public Labordien. Je dis nous, et ça mérite qu’on s’y arrête un instant. J’ai du mal à préciser, c’est tellement loin, mais le #collectif me permet de ne pas être un mouton dans un troupeau, il me donne à nouveau le sentiment d’être quelqu’un.

      On nous bassine avec le CNR et ses tables de la loi mais on oublie l’esprit de résistance et les pratiques qu’il a suscité. La psychothérapie institutionnelle fut (est ?) de celle là, contre le délaissement meurtrier dont les fous firent l’objet pendant le Seconde guerre mondiale, et contre l. contre Oury répétait comme un antienne, « la psychothérapie institutionnelle ça n’existe pas ». Et il est évident qu’aujourd’hui la recrudescence de l’utilisation des électrochocs n’a le plus souvent rien à voir avec ce qui fut le premier souci de cette démarche, « soigner le soin, soigner l’institution ».

      Dans l’électricité sans les soviets, où réside au juste le problème ? Il me semble que c’est dans cet espace du collectif toujours plus colonisé de part en part par la gestion capitaliste et sa technocratie.

    • Putain colporteur, doctissimo est bien représentatif de son temps le glissement d’une définition scientifique vers une définition strictement sexiste d’une névrose qui devient la caractéristique et l’adjectif d’un seul sexe. Et tout ca par un média qui porte une caution médicale tout comme le monde celle de référence. Et les électrochocs c’est cool.

    • @unagi, les électrochocs « cool » ?! N’importe quoi.
      Subir une anesthésie, des décharges électriques, se retrouver dans un état de confusion, mais aussi se retrouver psychiatrisé ou avoir besoin de recourir à un asile, c’est pas « cool ». Et ce qui est pour le coup pas « cool » du tout du tout - loin des déprimes prolongées ou chroniques, plus ou moins invalidantes - c’est lorsque la #souffrance_psychique soit telle que dans certains cas, et sans même nécessairement agir pour mourir, sans même se suicider, il s’agisse de souffrir littéralement à en crever.

      Les tambouilles doctes et marchandes de Doctissimo visent à répondre, à leur façon, à un besoin d’appropriation par les malades eux mêmes de leur pathologie, des tactiques curatives, traitements, etc. Ce besoin là n’est pas nul. C’est de là qu’est née une expérience politique comme Act-up, par exemple. Évidemment Doctissimo c’est plutôt une poubelle, des gens s’y intoxiquent, d’autres récupèrent des choses et les assaisonnent à leur sauce. Le Monde j’ai précisé que c’était un point de vue scientiste, qu’est-ce qui fait mieux référence en matière de santé que le scientisme ?

      Oui, comme bien des catégories psychiatrique, hystérique est une insulte, et en l’occurrence une insulte sexiste. Mais enfin ce n’est pas parce qu’un terme est employé comme insulte qu’il en perd tout sens par ailleurs (pensons par ex. au mot « prolo », péjoratif ou au mieux - ?- condescendant ou nostalgique, et « esclave », descriptif et/ou péjoratif, n’est-ce pas variable ?). Quand bien même la psychiatrie scientiste l’a abandonné comme catégorie diagnostique :

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Hystérie

      Cette affection a disparu des nouvelles classifications du [super merdique, puisquil semble qu’il faille préciser] Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR) et de la Classification internationale des maladies (CIM-10), remplacée par les catégories trouble de la personnalité histrionique ou trouble somatoforme. L’étiologie de l’hystérie, pendant un temps indissociable de sa représentation sociale, a beaucoup évolué en fonction des époques et des modes.

      « Paranoïaque » et « schizophrène » sont aussi devenu des insultes (plus destinées aux mecs ou à des femmes en position de pouvoir). De tels de passage dans la langue commune en disent long sur la stigmatisation de la #folie et le refus de prendre en compte l’existence même de la souffrance psychique. Soyons fun et cool, et responsables, soyons sains. Soyons compétitifs, et transparents à nous mêmes. Quelle blague.

      J’évoquais autre chose que ces exemples et méthodes de 1913 pour mettre les questions qu’ils soulevaient en perspective. Il n’y a pas d’"électrothérapie" qui vaille, mais des chocs électriques peuvent faire partie d’une stratégie de #soin. Voilà ce que je voulais signaler.

    • Je ne risquait pas de trouvé les statistiques des éléctrochocs pour la France :

      La CCDH a gagné son procès contre l’Assurance-Maladie pour l’obtention des statistiques d’électrochocs en France ! Les statistiques sont inquiétantes : plus de 25 000 séances d’électrochocs en 2017 en France… https://www.ccdh.fr/La-CCDH-a-gagne-son-proces-contre-l-Assurance-Maladie-pour-l-obtention-des-stat

      Si au départ, la CCDH a formulé cette demande, c’est parce qu’il n’existe aucune statistique officielle concernant le nombre d’électrochocs pratiqués chaque année dans notre pays. Ni les parlementaires, ni même les instances de santé comme la Haute autorité de santé etc. n’ont d’information sur ces pratiques dignes d’un autre temps.

      Or, les électrochocs sont remboursés par la Sécurité sociale. Cet acte est même codé « AZRP001 » dans la classification commune des actes médicaux.

      Les psychiatres ont toujours fait en sorte de cacher au grand public le fait que des électrochocs soient administrés en France, notamment car ces actes de barbarie ont tendance à « ternir » leur image, tant ils rappellent la violence pouvant régner au sein des hôpitaux psychiatriques.

      Cette bataille juridique a duré 1 an et trois mois. La CNAM a en effet communiqué au Tribunal administratif plusieurs mémoires pour justifier son refus de divulguer les informations.

      La CCDH précise qu’un électrochoc, qu’il soit réalisé avec ou sans anesthésie, est toujours, par définition, un traitement de choc aux conséquences irréversibles.

      C’est ainsi que le 11 janvier 2018, le Tribunal a ordonné à la CNAMTS de communiquer à la CCDH les statistiques d’électrochocs !

      A la lecture de ces statistiques, on constate 22% d’augmentation du nombre total d’électrochocs entre 2010 et 2017. Cette augmentation inquiétante est mise en lumière par la CCDH en alertant les autorités sanitaires sur la nécessité de faire interdire cet acte barbare.

      Tout ca ne dit pas le ration femmes/hommes mais on voie que la pratique augmente alors que ca devrait être l’inverse.

    • L’abus électrique des femmes : qui s’en soucie ?
      http://www.zinzinzine.net/abus-electrique-des-femmes.html

      Beaucoup de gens ignorent que l’électroconvulsivothérapie (ECT) – plus connue sous le nom d’électrochocs - continue d’être largement utilisée par la psychiatrie étasunienne [et pas seulement !]. Dans le dernier numéro de la revue Ethical Human Psychology and Psychiatry, le psychologue John Read et la co-autrice Chelsea Arnold notent : « L’archétype de la personne qui reçoit l’ECT reste, et ce depuis des décennies, une femme en détresse de plus de 50 ans. »

      Dans un examen détaillé des recherches sur l’ECT, Read et Arnold rapportent qu’il n’existe « aucune preuve que l’ECT soit plus efficace qu’un placebo dans la réduction de la dépression ou la prévention du suicide. » Iels concluent : « Compte tenu du risque élevé bien documenté concernant la dysfonction persistante de la mémoire, l’analyse du rapport coûts-bénéfices des ECT reste si faible que son utilisation ne peut être scientifiquement, ou éthiquement, justifiée. »

      Alors que la psychiatrie cite des études déclarant qu’un pourcentage élevé de patient·es connaitraient une amélioration grâce à l’ECT, à défaut d’un contrôle par placebo, ces études n’ont scientifiquement aucune valeur. Un nombre important de patient·es souffrant de dépression signalera une amélioration avec n’importe quel type de traitement. Une grande partie de l’efficacité de tout traitement de la dépression a à voir avec la foi, les croyances et les attentes. C’est pourquoi il est essentiel de comparer un traitement à un placebo afin de déterminer quelle part de l’amélioration doit être attribuée au traitement lui-même et quelle part à la foi, aux croyances et aux attentes. Dans la même veine, on peut trouver de nombreux témoignages de patient·es en faveur de l’ECT, comme on trouve des témoignages en faveur de n’importe quel traitement ; mais en science, ces témoignages sont qualifiés d’anecdotiques et signifient seulement qu’une personne croit qu’un traitement a fonctionné pour elle, et non que l’efficacité du traitement ait été scientifiquement prouvée.

      La psychiatrie est bien consciente de la mauvaise réputation de l’ECT, ce qui fait qu’aujourd’hui l’administration d’ECT n’est plus aussi éprouvante à regarder. Les patient·es reçoivent une anesthésie, de l’oxygène ainsi qu’un relaxant musculaire pour prévenir les fractures. Cependant, le but de l’ECT est de créer une crise convulsive, et ces « améliorations procédurales » de l’ECT augmentent le seuil d’atteinte de la crise convulsive, nécessitant ainsi une charge électrique plus élevée et plus longue, ce qui peut entraîner des lésions cérébrales encore plus importantes. Le « dosage électrique » standard est de 100 à 190 volts mais peut atteindre 450 volts. Ainsi, bien que pour les observateurices ces changement de procédures font que l’ECT ne semble plus autant relever de la torture qu’avant, les effets de l’ECT sur le cerveau causent toujours autant de dommages, sinon plus.

      « Les femmes sont soumises à l’électrochoc 2 à 3 fois plus souvent que les hommes », note Bonnie Burstow. Il n’y a aucune ambiguïté à cet égard, les femmes sont beaucoup plus susceptibles de recevoir un traitement par ECT que les hommes. Le rapport texan de 2016 a indiqué que les femmes avaient reçu 68% des traitements par ECT. Bien que les hommes soient aussi traité par ECT, comme pour les statistiques d’abus sexuels, les hommes sont soumis à l’ECT à un taux beaucoup plus faible. En ce qui concerne l’âge, le Texas a signalé que 61% des personnes ayant reçu une ECT avaient 45 ans et plus (l’âge en fonction du sexe n’était pas renseigné dans ce rapport).

      La psychiatre recommande généralement l’ECT pour les patient·es gravement déprimé·es après que divers antidépresseurs ne soient pas parvenus à améliorer les symptômes. La psychiatrie se focalise de plus en plus sur les symptômes et non sur les causes de notre malaise, et par conséquent, elle néglige souvent les sources évidentes de dépression telles que le deuil, les traumatismes non surmontés, ou d’autres formes de souffrances accablantes. Le livre ’’The International Nature of Depression’’ (1999) [La nature interactionnelle de la dépression], édité par les psychologues Thomas Joiner et James Coyne, documente des centaines d’études sur la nature interpersonnelle de la dépression ; dans une étude portant sur des femmes malheureuses en ménage diagnostiquées dépressives, 60% d’entre elles pensaient que leur ménage malheureux était la principale cause de leur dépression. C’est souvent des problèmes conjugaux ou bien l’isolement et la solitude qui alimente la dépression, mais il est plus facile et plus lucratif de proposer une ECT après l’échec des antidépresseurs que de faire tous les efforts thérapeutiques nécessaires pour prendre en compte la source de la dépression.

    • Les électrochocs doivent être abolis au Québec, réclament plusieurs groupes

      https://quebec.huffingtonpost.ca/2018/05/11/les-electrochocs-doivent-etre-abolis-au-quebec-reclament-plusieurs-groupes_a_23432617/?guccounter=1&guce_referrer_us=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8

      D’après des statistiques compilées par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), 66% des personnes ayant reçu des électrochocs en 2017 étaient des femmes. De ce nombre, 32% étaient âgées de 65 ans et plus et 0,7% étaient âgées de 19 ans et moins.

      Concernant la proportion plus élevée de femmes à recevoir des électrochocs, le docteur David Bloom souligne que les femmes sont plus à risque de souffrir de dépression majeure et donc d’avoir recours à ce traitement.

      Contre les électrochocs

      « On soutient que les électrochocs devraient être abolis parce que ce n’est pas efficace et que c’est dangereux. Ça cause un sérieux problème à la mémoire et ça peut endommager le cerveau. Il y a très peu de recherches qui sont faites pour réellement connaître les impacts à moyen et long terme des électrochocs », souligne le porte-parole du comité Pare-Chocs, Ghislain Goulet.

      M. Goulet, précise que son groupe s’oppose aux électrochocs depuis de nombreuses années, sans qu’il ne soit réellement écouté par le ministère de la Santé et des Services sociaux : « Ça fait plus de 10 ans qu’on est en contact avec le ministère de la santé et des services sociaux. Généralement, on n’a pas de réponse. Les premières années, il nous répondait pas. Le ministre Barrette n’a jamais accusé réception de nos lettres. »

      Le porte-parole du comité Pare-Chocs souligne que selon des témoignages de personnes ayant reçu des électrochocs, celles-ci auraient eu davantage de difficulté à socialiser après le traitement.

      Quelles répercussions ?

      Dans le formulaire de consentement que doivent remplir les patients avant de se soumettre à l’électroconvulsivothérapie, il est indiqué que la procédure peut provoquer de la confusion, des maux de tête, des courbatures ou raideurs musculaires, des nausées et des troubles de mémoire « généralement reliés au nombre et au type de traitements reçus ».

      Le document stipule que « ces troubles disparaissent habituellement dans les jours ou les mois suivant le traitement par électroconvulsivothérapie » et « qu’il est possible que certains souvenirs soient définitivement effacés. »

      Il est également indiqué que de rares complications, comme la dislocation ou fracture d’un os, la complication dentaire ou un rythme cardiaque irrégulier peuvent survenir.

      Le docteur David Bloom précise que si on peut mourir à la suite d’une telle procédure, cela est dû à l’anesthésie générale qui est appliquée et non à la méthode en tant que telle. « Le taux de décès est semblable à celui des gens qui subissent une chirurgie », indique-t-il. Il estime le taux de mortalité à la suite d’électrochocs à environ 2 sur 100 000.

      Le docteur estime entre 70 et 90% les chances que l’électroconvulsivothérapie ait un impact positif sur un patient souffrant de dépression majeure. Cette méthode serait ainsi potentiellement plus efficace que les antidépresseurs, dont M. Bloom estime le taux de réussite à environ 70%.

    • Les électrochocs, une forme de violence contre les femmes

      http://www.zinzinzine.net/electrochocs-une-forme-de-violence-contre-les-femmes.html

      En tant qu’avocate et survivante d’électrochocs, Carla McKague a souligné (Burstow, 1994) que les psychiatres qui sont favorables au traitement de choc se défendent souvent en disant que les électrochocs sont la plupart du temps administrés dans les cas de dépression et qu’en général, les femmes sont de deux à trois fois plus sujettes à la dépression que les hommes. Il y a du vrai dans cet argument. En effet, dans la société sexiste dans laquelle elles vivent, les femmes ont de bonnes raisons d’être plus déprimées que les hommes. Il est toutefois difficile de défendre cette position. Les lésions cérébrales, le contrôle et la terreur ne changent en rien les conditions d’oppression dans lesquelles vivent les femmes. De plus, comme cela a déjà été démontré, les électrochocs n’ont aucune efficacité particulière pour guérir la dépression. D’ailleurs, comme l’a découvert le Electro‑Convulsive Therapy Review Committee (1985), on administre de deux à trois fois plus d’électrochocs aux femmes qu’aux hommes, qu’elles soient ou non dépressives et quel que soit le diagnostic.

      Aucune de ces justifications ne fait le poids. Il est en effet difficile de justifier ce qui se produit à moins de regarder le phénomène par l’autre bout de la lorgnette, c’est-à-dire soit d’écarter la notion de « traitement » ou, ce qui semble plus approprié, de lui accorder beaucoup moins d’importance. Le fait est qu’il s’agit de coups et blessures et non pas d’un traitement légitime bien qu’il soit pratiqué dans un environnement médical. Les coups et blessures sont toujours horribles quelle que soit la personne qui les reçoit. Nous devons bien sûr nous préoccuper des hommes qui sont aussi victimes des électrochocs, mais, dans le cas qui nous occupe, ce sont surtout les femmes qui sont ciblées. Il y a des décennies, Ollie May Bozarth (1976), une survivante, décrivait le traitement de choc comme « une façon élégante de battre une femme » (p. 27) et cette description semble avoir un certain bien-fondé. Bien que la médicalisation camoufle la violence, les électrochocs constituent essentiellement une agression envers la mémoire, le cerveau et l’intégrité des femmes. C’est à ce titre que le traitement de choc peut vraiment être considéré comme une forme de violence contre les femmes.

      Breggin (1991) fait d’ailleurs allusion à cette forme de violence lorsqu’il cite un collègue qui disait au mari d’une patiente à qui il voulait administrer un traitement de choc que cela aiderait puisque le traitement fonctionnait comme une « fessée mentale » (p. 212). En tant que féministes, nous devons absolument mieux comprendre cette forme de violence. Il est également essentiel que nous abordions la question du point de vue des personnes touchées et que leurs témoignages et leurs problèmes quotidiens soient au cœur même de notre enquête.

      –---

      témoignage de Connie Neil (survivante des éléctrochocs) devant le Toronto Board of Health est très significatif :

      J’étudiais... en écriture dramatique. Comme chacun le sait, votre type d’écriture créative... dépend beaucoup de ce que vous êtes, de ce que sont vos souvenirs, vos relations antérieures, vos rapports avec les autres et de l’observation des rapports des autres personnes entre elles – ce genre de choses. Je ne peux plus écrire... Depuis le traitement de choc, il me manque entre huit et quinze ans de souvenirs et j’ai perdu les compétences acquises pendant ce temps, presque toutes mes études. J’ai une formation de pianiste classique... Le piano est toujours à la maison, mais… je ne peux plus en jouer. Je n’ai plus les habiletés nécessaires. Quand vous apprenez une pièce et que vous l’interprétez, elle s’inscrit dans votre mémoire. Mais pas dans la mienne. Je ne peux pas retenir ce genre de choses. Des gens s’approchent de moi et me parlent de choses que nous avons faites ensemble. Je ne sais plus qui ils sont. Je ne sais pas de quoi ils parlent, bien que, de toute évidence, j’ai déjà été leur amie. Ce que l’on m’a donné… c’est un électrochoc modifié et on considérait que c’était efficace. Par « efficace », je sais maintenant qu’on entendait que cela diminuait la personne. L’électrochoc a certainement eu cet effet sur moi… Je travaille maintenant comme commis à la paye pour le ministère des Travaux publics. J’écris des petits chiffres et c’est à peu près tout... C’est le résultat direct du traitement. (Phoenix Rising Collective, 1984, p. 20A-21A)

      Le fait que ce « traitement » soit utilisé sur des femmes agées, dépressive suite à une vie de discriminations et violences divers et variées et qui sont invisibilisées de plus en plus avec l’age, et donc pour les soigner on leur « diminue la personne », c’est à dire qu’on brise leur psychisme, on vide leur tête, on efface leur propres souvenirs.

      Ca me rappel une mannequin de défilé de mode que j’avais rencontré il y a 20ans (boulimique et cocaïnomane bien sur) et qui voulait me convaincre de faire des purges et lavement pour être vide comme elle. Je m’était demandé si cette beauté qui était si convoité chez elle par les hommes de tous les ages, n’était justement l’expression du vide intérieur.

      Le contrôle des épouses se trouve particulièrement au centre du phénomène. En général, c’est le psychiatre qui cherche le contrôle, parfois le mari a été incité à coopérer, parfois c’est le mari qui en est l’instigateur. Fréquemment, le mari est de connivence avec le corps médical pour que la femme soit prise dans la toile d’araignée d’un contrôle médico-conjugal complet.

      L’histoire de Wendy Funk (1998) porte explicitement sur le traitement de choc comme moyen de contrôle d’une épouse. En 1989, Wendy a subi des électrochocs en grande partie à l’instigation d’un médecin. Parlant de sexisme, Wendy rapporte la conversation suivante entre son mari et le médecin :

      « Pourquoi ne lui dites-vous pas de... passer plus de temps à la maison ? » demande le docteur King. « J’essaie, mais elle ne m’écoute pas », répond Dan en rigolant. « Vous n’êtes donc pas capable de contrôler le comportement de votre femme », d’ajouter le docteur King. (p. 15)

      Le docteur King a « expliqué » à Wendy que son « problème » venait du fait qu’elle négligeait sa maison et qu’elle perdait son temps à avoir des « préoccupations féministes » (p. 48). Prisonnière dans une institution psychiatrique, avec un mari qui faisait des pressions pour obtenir de la coopération et un médecin qui menaçait de l’envoyer loin de sa famille si elle n’acceptait pas le traitement de choc, Wendy a signé le consentement et a été soumise à une série d’électrochocs. Malgré l’amnésie importante qui en a résulté, Wendy a écrit que le psychiatre a encore insisté pour lui administrer encore plus d’électrochocs en lui disant : « Vous devriez vraiment avoir un traitement de choc ne serait-ce que pour le bien de votre famille. Inquiéter Dan à ce point à votre sujet n’est pas une chose qu’une bonne épouse devrait faire » (p. 91). Dans ce cas, le renforcement patriarcal du stéréotype de l’épouse et du comportement maternel est évident – le médecin est l’instigateur et le mari, un participant un peu hésitant.

      La plupart des survivantes qui ont témoigné lors des audiences et des femmes qui ont participé à la recherche ont reçu des électrochocs parce que leur mari avait signé le formulaire de consentement. Dans certains cas, il semble que les maris ont signé sans comprendre vraiment ce que le traitement de choc ferait à leur femme. Dans d’autres cas, il y a des raisons de croire qu’ils comprenaient très bien que leur femme subirait des dommages d’une manière ou d’une autre et que c’était exactement ce qu’ils voulaient (voir Warren, 1988).

      Dans un certain nombre de cas, les maris ont même applaudi ouvertement la perte de mémoire. Dans l’étude de Warren (1988), on a interviewé non seulement les femmes à qui on a administré des électrochocs, mais également les membres de leur famille et plusieurs maris ont exprimé leur satisfaction quant à la perte de mémoire. Par exemple, selon Warren (1988),

      Monsieur Karr a commenté la perte de mémoire à long terme de sa femme en disant que c’était la preuve que le traitement de choc était une réussite. Il a ajouté que sa mémoire n’était toujours pas revenue, particulièrement pour la période où elle était malade et « qu’ils avaient fait du bon travail. » Ces maris se sont servis des pertes de mémoire de leur femme pour établir leurs propres définitions de leur relation conjugale passée. (p. 294)

      Comme le démontrent différentes sources, la mainmise du mari et du médecin combinée à la peur de subir d’autres électrochocs suffit à inspirer la peur et, par conséquent, à contrôler les femmes. Une fois encore, l’expérience des femmes de l’étude de Warren (1988) est instructive. Dans un certain nombre d’entrevues, les femmes disent éviter d’aborder les problèmes avec leur mari « par peur d’une reprise du contrôle médico-conjugal sur leur vie… par peur de représailles sous la forme d’un traitement de choc » (p. 296). Les maris participent encore davantage à tisser la toile de contrôle médico-social en signant le consentement, en faisant des pressions sur leur femme pour qu’elle signe le consentement, en suggérant un traitement de choc, en agissant comme espion pour le compte du « docteur des électrochocs », en avisant le médecin des « mauvais comportements » de leur femme et en menaçant de dénoncer leur femme si elle ne se conforme pas (voir Burstow, 1994 ; Funk, 1998 ; Ontario Coalition to Stop Electroshock, 1984b ; Warren, 1988).

      Des histoires de contrôle comme celles de Wendy et de Connie sont courantes. En effet, lors des audiences, lorsque des survivantes parlaient du contrôle social que l’on avait exercé sur elles, je voyais, partout dans la salle, des femmes qui hochaient la tête en signe d’acquiescement. Il existe également des preuves objectives d’utilisations encore plus extrêmes des électrochocs pour contrôler les femmes. À cet égard, au Allen Memorial, non seulement on nettoyait le cerveau à fond par le traitement de choc mais on y implantait des messages à l’aide d’un magnétophone qui rejouait, des milliers et des milliers de fois, le même message pendant que les patientes dormaient. On passait, par exemple, le message suivant à une femme qui ne se sentait pas bien avec son mari : « Tu te sens bien avec ton mari » (cité dans Gillmor, 1987, p. 58). Dans le même ordre d’idées, le psychiatre de famille H. C. Tien a utilisé ouvertement les électrochocs pour influencer ce qu’il appelait le « relâchement de la mémoire » chez les femmes qui avaient des « difficultés conjugales ». Les transcriptions des dialogues entre Tien et un couple marié montrent, avant le traitement de choc, une femme qui se plaint que son mari la bat et qui dit qu’elle veut le quitter et, après chaque électrochoc, à l’instigation de Tien, une femme reprogrammée par son mari qui la nourrit au biberon. À la fin, la femme qui se dit satisfaite de son mari, est déclarée guérie et on lui donne un nouveau nom pour célébrer sa renaissance. Elle n’a plus jamais exprimé le désir de se séparer (pour plus de renseignements, voir Breggin, 1991).

    • Ici un hôpital français se vente de pratiqué cette méthode barbare et la patiente ne se souviens même pas des premières séances...
      https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/les-electrochocs-au-secours-de-la-depression-5181187

      Alors que dans les statistiques les violences faites aux femmes et aux enfants sont le plus souvent rapporté au médecins, ce sont les médecins qui font le moins de signalements aux services sociaux, à la justice ou même d’information préoccupante. Les médecins sont les premier·es à connaitre l’ampleur des violences faites aux femmes et aux enfants et ils les dissimulent et les laissé se poursuivre en les aggravant éventuellement à coups d’électrochocs, ou de valium, quant ils ne sont pas ouvertement du coté des conjoints ou parents agresseurs.

    • Oui je suis tétanisée aussi, j’avoue que ces lectures ne m’ont pas gonflé l’optimisme.
      Pour ton lien et le fait que les psychiatres prétendent que sous anésthésie c’est ok.
      J’ai trouvé cette présentation d’un psychiatre lors qu’un congrès de 2005 qui vente les éléctrochoques et les bienfaits de l’anesthésie, sur 15 patient·es testé il a trouvé moyen de luxé l’épaule d’un·e d’elleux.
      https://www.sfapsy.com/images/stories/deuxiemecongres/conferences/Sismotherapie.pdf

    • #maltraitances_médicales
      Je n’ai pas subi d’électrochoc mais j’ai été opéré par deux fois pour un cancer du sein il y a un an. La première fois, le chirurgien était furieux que je demande, dans un processus scientifique, à repasser une échographie après avoir tenté durant un mois de faire régresser la tumeur que j’avais. Il a finalement consenti parce que j’étais en larmes et que l’équipe m’a soutenu. Bon, le machin ne s’était pas amplifié, mais pas de régression. Sauf qu’à peine avais-je fait l’échographie, ils m’ont dit de me déshabiller et de passer la blouse bleue, de retirer mes lunettes (de super myope) puis ils m’ont descendu près du bloc sur un chariot et j’ai attendu 4 heures dans le noir avant l’intervention sans voir personne.
      Ils m’ont ensuite attachée puis endormie directement sur la table d’opération, je vois encore l’anesthésite s’acharner avec l’aiguille sur ma main, j’ai senti qu’on me plaquait un masque sur le nez et comme je suffoquais de ce gaz infect, on m’a dit « même des enfants le supportent » j’ai rétorqué que j’espérais juste qu’ils n’endorment pas les enfants avec cet odeur de pot d’échappement, puis j’ai sombré. Je me suis ensuite réveillée au milieu de la chirurgie si bien que la fois suivante, l’anesthésiste parlait d’éviter « d’être trop susceptible » et cette fois là je me suis réveillée 8h après l’opération de 30mn qui avait eut lieu le matin.
      Je m’arrête là parce que ce serait bien long de raconter les maltraitances subies, mais pour moi, la médecine est devenue un moyen de briser les êtres humains, à commencer par les femmes. La psychologue que j’avais vu la veille s’était déjà moqué de moi et de la façon dont je me tenais sur la chaise en me prévenant que j’avais une trop grande gueule et que les médecins n’aimaient pas ça.

    • Merci pour ton témoignage @vraiment
      Je suis désolé pour ce que tu as subie. Je ne trouve pas de mots. J’espère que tu va mieux. Je comprend que tu en vienne à dire que la médecine cherche à brisé les personnes. On voudrait achever les gens on ne s’y prendrait pas autrement.

  • #ADN : le #séquençage bientôt pour tous
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article1691
    La #HighTech au service des #instruments médicaux

    Les avancées en #médecine ont toujours, et à travers toutes les #époques , poussé les #chercheurs aux efforts pour réduire les #souffrances et anéantir les #maladies . Arrive donc, dès les années 70, ce qui est assez récent par rapport à #Hippocrate , le #décodage de l’ADN… En #2013 , il est déjà incontournable, dans certains #établissements hospitaliers pour la #précision de #diagnostiques ...

  • Live and let die - De l’O2 dans le gaz
    http://delo2danslegaz.eklablog.com/live-and-let-die-a57528651

    Un lit. Un bien grand lit pour une si petite chose, édentée et chauve, recroquevillée sur son funeste sort dans d’imperceptibles soubresauts. A côté, étendue sur la table, l’immensité de la médecine impuissante en seringues inutiles et fioles dérisoires. Et devant ce triste bordel deux blouses blanches, circonspectes, aux tempes grises et à la mine abattue. Je me revois encore, perplexe, écouter la longue litanie monocorde de circonstance tout en tripatouillant discrètement mon petit secret de verre.

    – Et vous avez pensé à essayer la petite poudre, à un moment ? Parce que là, franchement…

    – Oui, bien sûr. On la dit bien efficace, cette poudre. Personnellement, je ne l’ai jamais utilisée. Ce serait pas mal, mais apparemment il est assez difficile de s’en procurer. Nous avons passé commande auprès de la pharmacie, nous en disposerons d’ici à une semaine.

    Une semaine de plus ? Je te jure.

    – Tenez, la voilà, dis-je à l’infirmière qui se ranime d’un coup à la vue du sésame ancestral.

    – Enfin les choses sérieuses ! Qu’elle ajoute en filant préparer la potion avec cette voix de rogomme qu’ont ces vieilles rombières séculaires au cuir si épais.

    Je suis gêné. Je le connais à peine, ce médecin.

    – Vous êtes bien certains de vouloir tenter le coup ? Parce qu’il va y avoir une apnée transitoire. Qui peut être longue. Et qu’il faudra probablement respecter, à mon sens.

    – ... Longue, vraiment ?

    – Assez. Suffisamment. Êtes-vous prêts, vraiment ?

    – … On n’a plus tellement le choix. Vas-y.

    [...]

    J’ai traîné mon dégoût quelques jours puis j’ai recroisé mon comparse d’un jour, à l’internat. Entre la poire et le dessert. Entourés de spectateurs dubitatifs et de commentateurs distants. On a causé. De ce moment, de ma tourmente. De son malaise. Du mien. De comment les gens autour ont perçu les choses. De nos vues du problème, de nos façons de faire. Sans pour autant être d’accord, nous avons pourtant convenu qu’on rejouerais la pièce différemment, si c’était à refaire.

    Quand ce sera à refaire.

    On cause beaucoup de ces choses-là, partout, tout le temps. Tout le monde. Sans vraiment savoir, en fait. Bientôt, il y aura peut-être bien de nouvelles lois pour ça. Pour éviter le pire. Pour cadrer l’humanité.

    #euthanasie #souffrance

  • Quand Renault anticipait le suicide de ses cadres accusés à tort d’espionnage - Économie - France Info
    http://www.franceinfo.fr/economie/quand-renault-anticipait-le-suicide-de-ses-cadres-accuses-a-tort-d-espion

    Ce sont des documents très embarrassants pour Renault, que révèlent France Info et France Inter : un échange de mails au sein du service communication du constructeur, au moment où a éclaté, en janvier 2011, la fausse affaire d’espionnage qui avait conduit au licenciement de trois cadres, trois salariés accusés à tort et sans preuve tangible. A ce moment-là, Renault avait prévu de communiquer sur le possible suicide de ces cadres.

    quel monde !

    #souffrance_au_travail #cynisme #business

    • « Merci de demander à Emmanuelle de travailler sur une déclaration à utiliser en interne et externe au cas où l’un d’entre eux commettrait l’imparable [lapsus de F. De Grèves, qui, on l’imagine voulait écrire » irréparable « , NDLR]. Ca serait sur le thème, nous sommes abasourdis et nous avions pris les dispositions médico-psychologiques pour les trois individus. »

      Le problème, au-delà du cynisme de la démarche, c’est que Renault n’aurait peut-être pas proposé d’assistance médico-psychologique à ses salariés. « Elle était prête », mais elle n’a pas été proposée reconnaît-on dans l’entourage de la direction. Ce que relate dans un mail la collaboratrice qui va rédiger la déclaration « prête à diffuser » en cas de suicide. Elle envoie ce message à Frédérique Le Grèves le 11 janvier à 16h46 :

      « Caroline m’avait bien mentionné l’assistance médico-psychologique proposée aux trois personnes. Cependant, si nous commençons à donner cet élément, ça donne l’impression qu’on se justifie et cela risque d’appeler pas mal de questions sur la nature de cette aide (...) ».

    • Et la direction n’y trouve rien à redire

      « On est un entreprise du CAC 40, on travaille sur toutes les possibilités, y compris les pires scénarios », explique le responsable. « Frédérique Le Grèves a fait son travail de directrice de la communication en envisageant toutes les hypothèses ».

  • Face à la violence scolaire, la pédagogie ?
    http://www.huffingtonpost.fr/beatrice-mabilonbonfils/violence-scolaire_b_1902905.html

    Notre École est en souffrance : à la souffrance des enseignants en doute dans la construction incertaine de leur professionnalité répond celle - plus invisible, moins étudiée- des élèves. Cette invisibilisation de la souffrance scolaire des élèves tient à son caractère probablement socialement inédit, renvoyant à l’incapacité de l’Ecole à fonder un ordre opérationnel compatible avec les mutations sociales contemporaines. Elle tient aussi à l’illégitimité sociale de son expression pour la génération-massifiée-de-l’égalité-des-chances. Elle tient enfin à la laïcité interprétée comme séparation stricte entre sphère publique et sphère privée.
    Sous l’enjeu des mots et du vocabulaire, se joue une histoire scolaire construite autour du déni de la question politique et qui rabat sur les sujets individuels des problèmes qu’on renonce à traiter collectivement.
    […] Ne pouvant occuper la place qui leur est assignée par le « désir de l’institution », [les élèves] ne cherchent donc que la confirmation de leur rejet. Il convient alors de se demander comment l’élève d’aujourd’hui peut essayer de se maintenir en vie en tant que sujet désirant, non pas seulement sujet aliéné, dans l’institution/organisation scolaire et ce faisant, comment il entrerait en collusion avec « les désirs de l’École ».
    […] Peut-on dire que la guerre est déclarée non plus à l’échec scolaire mais aux élèves en échec, formidable violence institutionnelle fonctionnant à la ségrégation, à la sanction, à l’exclusion et à la responsabilisation individuelle ? Le déclin de la discipline scolaire au profit de l’injonction d’autonomie est porteur de nouvelles exigences pour le sujet. Chacun est sommé de prendre en charge lui-même des problèmes qui relevaient hier de l’action ; chacun est sommé de réussir et ses échecs renvoient à ses qualités intrinsèques.
    […] Enfin dans l’École, l’élève est soumis à des injonctions paradoxales : les programmes d’éducation à la citoyenneté prônent la solidarité, l’entraide, l’égalité, la coopération , l’intérêt général, l’acceptation de l’Autre et le fonctionnement pratique de l’école requiert la compétition individuelle, encourage la réussite individuelle, pratique l’évaluation à outrance, la hiérarchisation des élèves, des séries, des établissements, accepte la ségrégation, parfois l’humiliation, le rejet de l’altérité.

    #éducation #école #violence #souffrance #échec_scolaire #institution

  • La refondation et la souffrance des enseignants (Educavox)
    http://www.educavox.fr/actualite/debats/article/la-refondation-et-la-souffrance

    Les cinq années qui ont suivi, 2007/2012, ont été catastrophiques. Une accumulation de mesures imposées, une culture du résultat apparent, une superposition de tâches paperassières dont personne ne comprenait l’utilité, un développement organisé de l’autoritarisme avec prolifération des injonctions et des exigences immédiates, avec un système de primes et de sanctions sans précédent, des animations pédagogiques fortement contestées, un encadrement dont les nouvelles promotions ont été rigoureusement formatées, lui-même oppressé, les contrôles incessants, tout a été conçu et mis en place pour détruire l’école. La seule mesure susceptible de donner un peu de bonne conscience aux décideurs et aux exécutants a été l’aide individualisée, qui n’a rien coûté, qui n’a fait l’objet d’aucune réflexion collective qui est condamnée par tous les spécialistes, de tous les bords politique, et qui est « vomie » par tous les enseignants selon une expression trouvée dans le rapport Debarbieux/Fotinos.

    #éducation #enseignants #souffrance_au_travail

  • Pourquoi les enseignants démissionnent-ils ? (RIRE)
    http://rire.ctreq.qc.ca/2012/09/pourquoi-les-enseignants-demissionnent-ils

    L’étude met en évidence un certain nombre de facteurs ayant poussé les enseignants participants à quitter leur emploi. Ces derniers ont mentionné surtout des causes en lien avec les conditions d’exercice de leur profession. Notons en exemple :
    – la gestion de classe difficile
    – la précarité du travail
    – les relations avec les collègues
    – la charge de travail
    – le manque de soutien offert par la direction
    – la faible valorisation de la profession
    À différents niveaux, ces éléments pourraient tous être en cause dans le choix de quitter la profession enseignante. De plus, les résultats de la recherche ont permis de constater que les participants n’avaient pas l’impression, dans le cadre de leur travail, de satisfaire leurs besoins psychologiques et fondamentaux.

    #éducation #enseignants #démission #souffrance_au_travail

  • Suicides à France Télécom : l’entreprise mise en examen pour harcèlement moral
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/07/04/suicides-a-france-telecom-didier-lombard-mis-en-examen-pour-harcelement-mora

    Le groupe France Télécom, en tant que personne morale, a été mis en examen vendredi 6 juillet dans l’enquête sur la vague de suicides en 2008 et 2009 chez l’opérateur, a indiqué son avocate, Me Claudia Chemarin. Il s’agit de la première mise en examen pour ce chef d’accusation d’une entreprise du CAC 40.

    Jeudi, l’ex-numéro deux du groupe, Louis-Pierre Wenes, et l’ancien directeur des ressources humaines, Olivier Barberot, ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire avec à la clé une caution de 75 000 euros.

    L’ancien patron du groupe, Didier Lombard, à la tête de France Télécom de 2005 à 2010, avait été le premier dirigeant à être mis en examen mercredi, le cautionnement ayant été fixé pour lui à 100 000 euros.

    #souffrance_au_travail #harcèlement_moral #justice

  • Violences faites aux enfants | mémoires traumatiques et victimologie
    http://memoiretraumatique.org/memoire-traumatique-et-violences/violences-faites-aux-enfants.html

    La #famille est le lieu où s’exercent la grande majorité des violences envers les #enfants et la quasi totalité des homicides d’enfants.
    Selon les statistiques (Observatoire National de la Délinquance, 2010, par le 119, numéro d’appel pour les enfants en danger) les auteurs des violences sont très majoritairement les parents, les pères pour les violences sexuelles (81,6% des auteurs), les mères pour les négligences graves et les conditions d’éducation défaillantes (en sachant que les enfants sont le plus souvent avec leur mère), et les violences graves sont également partagées. En toute impunité, la famille peut se révéler comme une des pires zones de non-droit, et se transformer en un véritable système totalitaire où tous les droits fondamentaux des enfants peuvent être bafoués, où il est possible de commettre des crimes et des délits inconcevables sur des personnes sans défense, totalement dépendantes, et privées de liberté. L’enfant est encore trop souvent considéré comme la propriété de ses parents auxquels il doit respect et obéissance quoi qu’il arrive.

    C’est à peu près le même constat pour les #violences faites aux femmes : loin de l’image dominante du prédateur extérieur qui rode, de la mauvaise rencontre, l’écrasante majorité des actes violents est le fait de proches de la victime : conjoint, famille, amis, collègues.

    Les symptômes psychotraumatiques qui traduisent une grande #souffrance des enfants et des adolescents et qui sont une preuve des violences subies, sont le plus souvent interprétés comme des problèmes de personnalité inhérents à l’enfant, à sa mauvaise volonté, son égoïsme, ses provocations, voire sa méchanceté et son caractère vicieux. Et plutôt que de relier ces troubles psychotraumatiques à des violences subies ou dont l’enfant a été le témoin, on va trouver de nombreuses rationalisations qui auront bon dos, telles que la crise d’adolescence, les mauvaises fréquentations, l’influence de la télévision, d’internet, etc., ou bien la faute à pas de chance : « mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour avoir un enfant comme ça ? », voire même dans une inversion orwellienne particulièrement perverse : « on l’a trop pourri, gâté, c’est un enfant roi !! ». L’hérédité peut être aussi appelée à la rescousse : « il est comme… son père, son oncle, sa grand mère, etc », ainsi que la maladie mentale, d’origine génétique de préférence. C’est comme cela que les suicides des enfants et des adolescents, ou les jeux dangereux, comme celui du foulard, seront mis sur le compte d’une contagion ou de dépressions, les violences subies n’apparaissant presque jamais en tant que cause directe. Il est utile de rappeler que les premières causes de mortalité en France chez les moins de 25 ans sont les accidents et les suicides, et que ceux-ci sont très fortement corrélés à des violences subies.

  • PETITE ANNONCE : Cherche tortionnaire à temps plein, salaire élevé, expérience requise | Zemmour va pouvoir passer des paroles aux actes, sans se complaire dans l’assistanat de son nouveau statut de chômiste.
    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/05/25/petite-annonce-cherche-tortionnaire-a-temps-plein-salaire-el
    Ah oui : ceci n’est pas une blague.

    « L’Ambassade de la diversité propose un poste de tortionnaire, salaire 16 000 à 21 000 livres, plein temps », pouvait-on lire. Proposée par un « gouvernement d’un Etat du Moyen-Orient », l’annonce précisait qu’il s’agissait de « travailler au sein d’une prison moderne ». « Notre candidat idéal doit savoir infliger des douleurs extrêmes et de la #souffrance », précisait la petite annonce, ajoutant qu’"une bonne pratique des équipements médicaux et dentaires ainsi qu’une grande connaissance de l’anatomie sont demandées".

  • La souffrance du lepéniste
    Les mots sont importants (lmsi.net)
    http://lmsi.net/La-souffrance-du-lepeniste
    un texte excellent sur un site essentiel

    Ce que François Hollande devrait dire, mais ne dira sans doute pas
    par Pierre Tevanian, 30 avril

    C’est entendu : l’électeur lepéniste souffre. De Rachida Dati à Ségolène Royal, De Hollande à Sarkozy, tout le monde le dit, partout : la France qui vote FN, c’est la France qui souffre, et il faut entendre cette souffrance. Et en un sens c’est vrai...

    /.../

    #racisme #souffrance #Lepen #FN #lmsi #election

  • Pour un pacte national de lutte contre l’échec scolaire (AFEV)
    http://www.pacteechecscolaire.org

    Au-delà des chiffres, c’est une réalité très difficile que vivent, dans leur rapport à l’#école, des milliers d’#enfants et leur famille, et dans une autre mesure les enseignants eux-mêmes. Notre système scolaire est en effet caractérisé par une forte pression sur les élèves et leurs parents et par une compétition qui créent de la #souffrance et nuisent à son efficacité.
    Il faut passer d’un système de « sélection » à un modèle de « promotion », d’où chaque enfant, quelles que soient ses difficultés et ses appétences, pourra sortir avec la qualification et les compétences nécessaires à son futur parcours, avec un rapport confiant aux apprentissages et une image positive de soi.
    Ce ne sont pas des mesures, ni même des #réformes aussi audacieuses soient-elles, qui suffiront à redonner à l’#éducation son rôle premier et son efficacité. Il faut aujourd’hui définir ensemble le modèle éducatif que nous souhaitons pour la société française.

    1. En finir avec l’amalgame effort et souffrance
    […] notre système a pour particularité de placer un nombre très important d’enfants en situation de souffrance, incompatible avec les exigences de l’apprentissage. Dévalorisation de soi, intériorisation de l’échec, violences des rapports avec les autres… […]
    2. Réinventer le collège unique
    […] Le #collège doit être repensé comme le prolongement de l’école primaire afin que chaque élève en sorte avec les compétences scolaires et culturelles nécessaires pour son futur parcours. […]
    3. Pour une orientation choisie en filière professionnelle
    L’enseignement professionnel [est] souvent vécue comme une injustice
    – l’élimination d’une trajectoire scolaire idéale –, l’orientation en « pro » a trop longtemps été envisagée comme une option par défaut réservée aux élèves « non qualifiés » pour les filières d’enseignement général.

    Les promoteurs de ce « pacte » a choisi la voie d’une médiatisation people via Libération, ce qui n’est pas bon signe… Pourtant, il s’agit d’une approche plus politique qu’il n’y paraît avec des propositions qui font sensées : éducation populaire, disparition des notes, prise en compte de la souffrance générée par l’école, priorité donnée à l’élève et à son parcours, importance de la place des familles, ambitions de « réinventer » le collège unique, l’orientation en filière professionnelle…
    L’#AFEV se revendique de l’éducation populaire et regroupe des étudiants qui interviennent en soutien scolaire dans les quartiers populaires.
    #éducation_populaire

  • « J’ai atteint mon objectif : faire cours » (Libération)
    http://www.liberation.fr/vous/01012366880-j-ai-atteint-mon-objectif-faire-cours

    Dans mon établissement, rien n’est jamais gagné. Il suffit d’être « moins en forme que d’habitude », ou d’une heure où l’on décide de faire une blague, et tout peut basculer à nouveau. Ce matin, j’ai été moins ferme, et Medhi, à 8 h 10, a clairement refusé de travailler, car il n’avait pas envie. Sébastien s’est levé sans autorisation à 8 h 20 pour aller faire un doigt d’honneur à Messhi, et une nouvelle élève est arrivée, que j’ai découvert dans le rang. J’ai beaucoup crié.

    Il y a aussi des parents qui nous touchent. Ceux qui disent « merci, merci, merci » en nous offrant des pâtisseries orientales, et qui, surtout, nous font confiance. Ceux qui disent : « Ah mais s’il t’emm…, tu le frappes fort, madame, très fort. »
    L’an dernier, un père m’a montré dans le bureau d’un CPE comment il fallait frapper son petit. J’ai aidé l’enfant à se relever. Quand je suis sortie du bureau, je me suis effondrée. J’étais sa prof principale, et c’est moi qui avais insisté lourdement pour que le père vienne me rencontrer pour parler du comportement, parfois insolent, de son enfant.

    Je note, je note, jusqu’à l’intervention du papa, où pendant quelques minutes, je n’ai plus pu rien écrire. Il pleure en disant à son fils : « Parle-moi. » La mère ne dit rien, mais il n’est pas difficile de lire dans ses yeux une incompréhension réelle de la situation (elle parle très peu le français) et une appréhension grandissante, car elle voit son mari les yeux pleins de larmes. Rémy nous explique qu’il a « des soucis d’argent ». […]
    La sentence tombe. Rémy est exclu définitivement. Il a 16 ans. Pour lui, l’école n’est plus obligatoire. Nous lui parlons de la mission d’insertion. J’ai le sentiment qu’il n’ira pas. Le père s’inquiète que son fils reste seul toute la journée, sans pouvoir aller au collège. J’ai la tête baissée sur mes cinq feuilles de notes, une boule dans la gorge qui ne passe pas.

    J’ai perdu patience. Je m’en veux. En criant sur S., je crois que j’ai aussi hurlé sur l’absence de préparation à ces situations-là, lorsque j’étais en formation. […] les situations personnelles, familiales, sociales et parfois même médicales, sont tellement particulières, que même si j’avais des fiches de travail miracles, cela n’y changerait pas grand-chose.

    #éducation #collège #souffrance

    • Alors qu’on demande à l’enseignement de corriger les tares d’une société en crise, comment les enseignants pourraient-ils affronter la difficulté d’une mission impossible au moment où ils sont les plus méprisés ? Ils sont beaucoup à avouer s’être trompés de métier. Dans le monde du fric et du toc, de l’inculture triomphante, il faut beaucoup de force ou d’illusion pour croire encore que l’#éducation des enfants peut être une vocation. Alors, peut-être les plus fragiles, pas les moins courageux, si les mots ont encore un sens, lancent-ils un dernier message avant leur mise à mort. Un ministre pourra soutenir que cela n’a pas de sens pour de pauvres raisons d’opportunité, sans savoir, sans réfléchir, juste en service commandé, et des journalistes de reprendre le refrain moderniste des résistances au changement. Dépolitiser, pour les uns, en ramenant le suicide à un fait singulier et pathologique ; politiser, pour les autres, en le rattachant au manque de courage ou de réalisme des faibles ; mais toujours déposséder les morts du sens de leur dernier geste. Une indécence si banale qu’elle se voit à peine.

      #enseignant #souffrance #sondage

  • Paroles pour l’école (ATD-Quart Monde France)
    http://www.atd-quartmonde.fr/parolespourlecole

    « Ma fille Morgane était en classe de SEGPA. On m’a appelé. Ils voulaient encore la descendre plus bas. J’ai pas voulu. Morgane déteste l’école, elle s’est toujours sentie inférieure aux autres. Les enfants de notre quartier, les « quartiers chauds », sont souvent ciblés. Chaque fois qu’il y a un problème, je me déplace. Je ne les laisse pas enfoncer mes enfants. La SEGPA, c’est déjà spécial, je me suis battue parce qu’ils voulaient que ma fille soit handicapée. Elle est restée en SEGPA puis a fait un CAP, elle a eu son CAP avec des bonnes notes. Et Morgane s’est débrouillée, elle ne sait pas lire alors elle est allée voir l’assistante sociale pour sa dyslexie, pour être aidée pour son examen. Elle a eu une reconnaissance MDPH pour sa dyslexie et a eu de l’aide. Elle aimerait bien lire. Dans ses stages, ça c’est toujours bien passé. Elle trouve des moyens de se débrouiller. »

    « Quand j’étais petit, j’étais dans le fond de la classe. Les profs, les élèves, ils n’avaient pas le même regard car nous étions « du voyage ». Quand tu rentres à l’école, dès que tu es annoncé comme gens du voyage, le regard il change : c’est un regard méprisant. Or la première chose que tu apprends quand tu rentres dans une école, c’est le regard. C’est pour ça que j’ai pas aimé l’école, à cause de ce regard. Quand t’es pas bien à l’école, tu peux pas bien travailler non plus. J’étais rejeté dans le fond de la classe, ça prouve que t’es pas accepté par le prof. Comme je me révoltais, j’étais à chaque fois viré de la classe. J’ai donc fait beaucoup d’écoles.
    Le bon souvenir, c’était dans une école – un centre de redressement – où il y avait plein d’enfants étrangers. Entre personnes de couleur on ne se sentait pas rejeté. Des fois les manouches éduqués ils apprenaient aux autres à lire et à écrire en venant dans le camp. »

    #éducation #échec_scolaire #témoignage #souffrance

  • L’acharnement évaluationniste qui gangrène l’école... (Educavox)
    http://www.educavox.fr/L-acharnement-evaluationniste-qui

    On a l’impression dans certains secteurs que tout est fait ou tenté pour rendre irréversibles les politiques imposées depuis 2007. Ceux qui en souffrent sont évidemment en bas de l’échelle et au pied du mur : les professeurs des écoles, écrasés par les tâches inutiles, désemparés face à la prolifération des injonctions, éberlués par la multiplication des usines à cases, empêchés de penser. […]
    Le pouvoir aura atteint quelques uns de ses objectifs implicites : moins de monde aux réunions d’information syndicale (même celles sur le temps de travail), passivité lors des animations pédagogiques, chahuts de potaches lors des conférences, absence dans les débats publics, même ceux programmés pour la promotion d’une autre école.
    Cette désaffection sera difficile à effacer. […]
    La plupart se réfugient dans leur classe, dans leur contact avec les élèves. On entend souvent cette déclaration : « Tout ça, je m’en f… Dans ma classe, avec mes élèves, je suis bien ». Même si l’on sait bien que c’est de moins en moins vrai, que les tensions au sein des classes s’accroissent, que les élèves sont de plus en plus « durs », on peut penser que les enseignants s’efforcent de les protéger de la folie du système, parfois en se repliant sur des pratiques fort anciennes qui leur permettent dans le même temps de se mettre à distance et d’avoir la paix avec les parents. […]
    Cette réalité pourrait être rassurante si les preuves de la gangrène qui tue les enfants ne se généralisaient. […] Condamnation d’un enfant de 3 ans. Effet Pygmalion garanti. […] Nous allons à la catastrophe et tout nous y pousse, du ministre aux inspecteurs davantage chargés de la propagande gouvernementale que de l’accompagnement des enseignants. […]
    Et force est de constater que la pensée ultra libérale qui stigmatise et transforme les victimes en coupables, qui s’appuie sur l’insensé pilotage par les résultats, n’a pas d’alternative proposée enthousiasmante, que les projets éducatifs en préparation pour 2012 fuient la question de l’ennui, celle du sens, celle du plaisir d’apprendre, celle du bonheur à l’école. On parle chiffres et postes, mais pas de la vie dont l’école a bien besoin.

    #éducation #école #évaluation #réforme #souffrance