• ""Pour revenir à l’article de Wikipédia, l’ajout a été fait par quelqu’un qui est familier de Wikipédia, puisque, j’ai fait le test, il n’est pas possible d’obtenir ce code depuis l’éditeur visuel :

      Cette affirmation fallacieuse a été retirée le 14 décembre, le même jour, donc, à 16:15, soit cinq heures après avoir été fielleusement ajoutée. Cinq heures d’erreur, à l’échelle d’une encyclopédie, ce n’est pas grand chose, mais voilà, ce sont cinq heures pendant lesquelles le public, intrigué par l’affaire du Conseil National du Numérique, est venu sur la page se faire une idée. Ce jour-là, l’article Rokhaya Diallo a été affiché 9500 fois, ce qui est loin d’être négligeable et en a fait la 29e page la plus consultée du site — affluence sans commune mesure avec le jour précédent (où la page ne figure pas parmi les cent plus fréquentées) ni avec le jour suivant (où elle a eu trois fois moins de lecteurs). On peut imaginer que cet ajout, réalisé à un moment optimal, a influencé le portrait qu’un nombre considérable de gens se font de Rokhaya Diallo, d’autant que « l’information » a été immédiatement répercutée par de nombreux sites et des particuliers, abusés de bonne foi.""

    • Il y a au moins une idée dans son texte avec laquelle je souscris (sur certains sujets je fais pareil) :

      On m’a rapporté souvent que des enseignants du secondaire interdisent à leurs élèves de recourir à Wikipédia, disant qu’il faut impérativement chercher d’autres sources, parce que Wikipédia n’est pas fiable, ou bien n’est pas d’une qualité suffisante pour répondre aux critères d’un devoir scolaire [...] la consigne anti-Wikipédia est un peu hypocrite car rares sont ceux d’entre nous qui n’utilisent pas l’Encyclopédie libre comme porte d’entrée pour explorer un sujet, ou en tout cas, qui ne s’en satisfont pas pour obtenir tel ou tel renseignement factuel.

  • Savoirs CDI : Gilles Sahut et les arcanes de Wikipédia
    https://www.reseau-canope.fr/savoirscdi/index.php?id=3019


    L’importance des références dans Wikipédia

    La question référentielle est centrale dans les travaux de Gilles Sahut. Il rappelle qu’il s’agit d’une tradition qui s’est construite au fil des siècles et cite à cet effet Langlois et Seignobos en France, pour qui *« le texte persuade, les notes prouvent »* .

    Cette pratique s’est développée principalement dans le cadre scientifique au travers de la logique des publications notamment pour renforcer l’argumentation :

    « L’étude ethnographique du travail scientifique publiée par Latour détaille les procédés rhétoriques utilisés par les chercheurs pour étayer la crédibilité des textes qu’ils produisent. Muni de références, un écrit de recherche devient plus difficilement contestable. Il est mieux armé pour affronter la critique, pour être engagé sur le terrain des controverses et résister aux attaques d’un éventuel contradicteur (et concurrent). Par l’intégration de références dans un écrit, le scripteur atteste à la fois de l’existence d’une source et de la présence d’une information au sein de celle-ci. Rappelons que “Le document est une preuve et la mention d’un document est la preuve que le document existe : c’est la preuve de ici preuve” (Couzinet, Régimbeau, Courbières, 2001), Dès lors, l’information devient virtuellement vérifiable par un lecteur, ce qui a pour effet d’accroître sa crédibilité. » (Sahut, 2015)

    La référence est aussi un moyen de se placer dans une sorte de filiation pour tenter de capter en quelque sorte l’autorité du document cité. On retrouve dans le projet de Wikipédia une forme de filiation encyclopédique. La crédibilité encyclopédique a en effet souvent reposé sur une autorité institutionnelle ou tout au moins sur celle de ses rédacteurs qui doivent être jugés sérieux tout au moins par leurs pairs. Plus l’encyclopédie gagne ensuite en crédibilité, plus c’est finalement le fait d’en être contributeur qui devient un gage de qualité. C’est dans ce cadre que l’encyclopédie de Diderot et D’Alembert s’est inscrite :

    « À travers leur œuvre, les philosophes affirment la primauté des droits de la raison sur la force de la tradition. L’Encyclopédie retranscrit l’évolution conjointe des sciences et techniques et du devenir des humains, ces derniers disposant de la capacité de diriger la marche des savoirs afin de développer ceux qui sont le plus utiles8. L’autorité repose désormais sur l’expertise de l’auteur qui prime sur le poids des textes du passé. » (Sahut, 2015, P.132)

    #citation #wikipédia #sources_documentaires