• A Paris, des #éboueurs écœurés par les « #casseurs_de_grève » venus du Sud
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    Tous frais payés
    « Teuf Teuf », 55 ans, dont vingt-huit passés chez Pizzorno, à #Draguignan, a commencé à travailler à Paris lundi 13 mars, pour une mission ­inédite qui le comble. Son employeur lui a payé l’#avion pour venir et, dit-il, « nous a mis dans un confort, pour dormir, se restaurer ». « On est venus de notre plein gré, assure-t-il. On ne nous a pas mis le couteau sous la gorge. » « Teuf Teuf » est du genre hyperactif – son surnom vient du fait qu’il a longtemps préféré courir à côté du camion pendant les tournées, plutôt que de monter sur le marche-pied. Et ce jeune papy éboueur, au téléphone, se régale de l’accueil chaleureux des habitants : « Les commerçants et les enfants nous applaudissent, ça me touche beaucoup, ils sont reconnaissants. Comme j’ai dit à mon patron : tant qu’il y aura des déchets dans le 15e, je ne partirai pas de Paris. Je veux que les gens retrouvent la ville comme elle doit être. »

    « Teuf Teuf » préfère ne pas parler de la prime, évoquée par les grévistes, autour de 500 euros – ce que nie la direction –, pour inciter à faire le voyage – « pour l’instant, je ne suis pas venu pour ça ». Il n’a pas vraiment d’avis sur la réforme des retraites : « Chacun voit midi à sa porte. » Lui, un casseur de grève, comme le regrettent certains de ses collègues à Vitry ? « Ils pensent ce qu’ils pensent, c’est vrai que pour eux ce n’est pas évident, je le conçois. Mais, vous comprenez, on ne peut pas laisser les gens comme ça. » Alors il restera le temps qu’il faut pour tout nettoyer, même si « [s]a femme » lui manque.

    A Vitry, le ton à l’encontre des « sudistes » est dur. A 58 ans et malgré sa longue expérience chez Pizzorno, depuis 2009, Jean-Pierre Lascary, délégué syndical #CGT, déplore comme beaucoup un manque de solidarité. « Ils auraient dû être aussi mobilisés que nous, parce que ce que nous demandons, ça peut très bien les servir. La hausse de salaire, ça les concerne aussi. » La #réforme des #retraites a été la goutte d’eau, mais les grévistes de Vitry réclament aussi des augmentations et de meilleures conditions de travail. En octobre 2022, ils avaient déjà arrêté de travailler pendant six jours. Depuis, assurent-ils, la direction n’aurait pas respecté ses engagements. Pour l’instant, aidé par « Teuf Teuf » et les autres volontaires, Pizzorno ne semble pas vouloir discuter. Et peu importe le coût des primes pour les volontaires, estime Abdelkader Mekhti : « La direction, ils préfèrent payer plus que céder. »