• « La vraie #souveraineté_alimentaire, c’est faire évoluer notre #modèle_agricole pour préparer l’avenir »

    Professeur à l’université Paris-Saclay AgroParisTech, l’économiste de l’environnement #Harold_Levrel estime que le concept de « souveraineté alimentaire » a été détourné de sa définition originelle pour justifier un modèle exportateur et productiviste.

    Hormis les denrées exotiques, dans la plupart des secteurs, la #production_agricole nationale pourrait suffire à répondre aux besoins des consommateurs français, sauf dans quelques domaines comme les fruits ou la volaille. Or, les #importations restent importantes, en raison d’un #modèle_intensif tourné vers l’#exportation, au risque d’appauvrir les #sols et de menacer l’avenir même de la production. D’où la nécessité de changer de modèle, plaide l’économiste.

    Comment définir la souveraineté alimentaire ?

    Selon la définition du mouvement altermondialiste Via Campesina lors du sommet mondial sur l’alimentation à Rome en 1996, c’est le droit des Etats et des populations à définir leur #politique_agricole pour garantir leur #sécurité_alimentaire, sans provoquer d’impact négatif sur les autres pays. Mais les concepts échappent souvent à ceux qui les ont construits. Mais aujourd’hui, cette idée de solidarité entre les différents pays est instrumentalisée pour justifier une stratégie exportatrice, supposée profiter aux pays du Sud en leur fournissant des denrées alimentaires. Le meilleur moyen de les aider serait en réalité de laisser prospérer une #agriculture_vivrière et de ne pas les obliger à avoir eux aussi des #cultures_d’exportation. Au lieu de ça, on maintient les rentes de pays exportateurs comme la France. Quand le gouvernement et d’autres parlent d’une perte de souveraineté alimentaire, ça renvoie en réalité à une baisse des exportations dans certains secteurs, avec un état d’esprit qu’on pourrait résumer ainsi : « Make French agriculture great again. » Depuis le Covid et la guerre en Ukraine, la souveraineté alimentaire est devenue l’argument d’autorité pour poursuivre des pratiques qui génèrent des catastrophes écologiques et humaines majeures.

    Nous n’avons donc pas en soi de problème d’#autonomie_alimentaire ?

    Ça dépend dans quel domaine. Les défenseurs d’un modèle d’exploitation intensif aiment à rappeler que notre « #dépendance aux importations » est de 70 % pour le #blé dur, 40 % pour le #sucre, et 29 % pour le #porc. Mais omettent de préciser que nos taux d’auto-approvisionnement, c’est-à-dire le rapport entre la production et la consommation françaises, sont de 123 % pour le blé dur, 165 % pour le sucre, et 99 % pour le porc. Ça signifie que dans ces secteurs, la production nationale suffit en théorie à notre consommation, mais que l’on doit importer pour compenser l’exportation. Il y a en réalité très peu de produits en France sur lesquels notre production n’est pas autosuffisante. Ce sont les fruits exotiques, l’huile de palme, le chocolat, et le café. On a aussi des vrais progrès à faire sur les fruits tempérés et la viande de #volaille, où l’on est respectivement à 82 et 74 % d’auto-approvisionnement. Là, on peut parler de déficit réel. Mais il ne serait pas très difficile d’infléchir la tendance, il suffirait de donner plus d’aides aux maraîchers et aux éleveurs, qu’on délaisse complètement, et dont les productions ne sont pas favorisées par les aides de la #Politique_agricole_commune (#PAC), qui privilégient les grands céréaliers. En plus, l’augmentation de la production de #fruits et #légumes ne nécessite pas d’utiliser plus de #pesticides.

    Que faire pour être davantage autonomes ?

    A court terme, on pourrait juste rebasculer l’argent que l’on donne aux #céréaliers pour soutenir financièrement les #éleveurs et les #maraîchers. A moyen terme, la question de la souveraineté, c’est : que va-t-on être capable de produire dans dix ans ? Le traitement de l’#eau polluée aux pesticides nous coûte déjà entre 500 millions et 1 milliard d’euros chaque année. Les pollinisateurs disparaissent. Le passage en #bio, c’est donc une nécessité. On doit remettre en état la #fertilité_des_sols, ce qui suppose d’arrêter la #monoculture_intensive de #céréales. Mais pour cela, il faut évidemment réduire certaines exportations et investir dans une vraie souveraineté alimentaire, qui nécessite de faire évoluer notre modèle agricole pour préparer l’avenir.

    https://www.liberation.fr/environnement/agriculture/la-vraie-souverainete-alimentaire-cest-faire-evoluer-notre-modele-agricol
    #agriculture_intensive #industrie_agroalimentaire

  • #Productivisme et destruction de l’#environnement : #FNSEA et #gouvernement marchent sur la tête

    Répondre à la #détresse des #agriculteurs et agricultrices est compatible avec le respect de l’environnement et de la #santé_publique, expliquent, dans cette tribune à « l’Obs », les Scientifiques en rébellion, à condition de rejeter les mesures productivistes et rétrogrades du duo FNSEA-gouvernement.

    La #crise de l’agriculture brasse croyances, savoirs, opinions, émotions. Elle ne peut laisser quiconque insensible tant elle renvoie à l’un de nos #besoins_fondamentaux – se nourrir – et témoigne du #désarroi profond d’une partie de nos concitoyen·nes qui travaillent pour satisfaire ce besoin. Reconnaître la #souffrance et le désarroi du #monde_agricole n’empêche pas d’examiner les faits et de tenter de démêler les #responsabilités dans la situation actuelle. Une partie de son #traitement_médiatique tend à faire croire que les agriculteurs et agricultrices parleraient d’une seule voix, celle du président agro-businessman de la FNSEA #Arnaud_Rousseau. Ce directeur de multinationale, administrateur de holding, partage-t-il vraiment la vie de celles et ceux qui ne parviennent plus à gagner la leur par le travail de la terre ? Est-ce que les agriculteur·ices formeraient un corps uniforme, qui valoriserait le productivisme au mépris des #enjeux_environnementaux qu’ils et elles ne comprendraient soi-disant pas ? Tout cela est difficile à croire.

    Ce que la science documente et analyse invariablement, en complément des savoirs et des observations de nombre d’agriculteur·ices, c’est que le #modèle_agricole industriel et productiviste conduit à une #catastrophe sociale et environnementale. Que ce modèle concurrence dangereusement les #alternatives écologiquement et socialement viables. Que cette agriculture ne s’adaptera pas indéfiniment à un environnement profondément dégradé. Qu’elle ne s’adaptera pas à un #réchauffement_climatique de +4 °C pour la France et une ressource en #eau fortement diminuée, pas plus qu’à une disparition des #insectes_pollinisateurs.

    Actuellement, comme le rappelle le Haut Conseil pour le Climat (HCC), l’agriculture représente le deuxième secteur d’émissions de #gaz_à_effet_de_serre, avec 18 % du total français, derrière les transports. La moitié de ces émissions agricoles (en équivalent CO2) provient de l’#élevage_bovin à cause du #méthane produit par leur digestion, 14 % des #engrais_minéraux qui libèrent du #protoxyde_d’azote et 13 % de l’ensemble des #moteurs, #engins et #chaudières_agricoles. Le HCC rappelle aussi que la France s’est engagée lors de la COP26 à baisser de 30 % ses émissions de méthane d’ici à 2030, pour limiter le réchauffement climatique. L’agriculture, bien que répondant à un besoin fondamental, doit aussi revoir son modèle dominant pour répondre aux enjeux climatiques. De ce point de vue, ce qu’indique la science, c’est que, si l’on souhaite faire notre part dans le respect de l’accord de Paris, la consommation de #viande et de #produits_laitiers doit diminuer en France. Mais la solidarité avec nos agriculteur.ices ainsi que l’objectif légitime de souveraineté et #résilience_alimentaire nous indiquent que ce sont les importations et les élevages intensifs de ruminants qui devraient diminuer en premier.

    Côté #biodiversité, la littérature scientifique montre que l’usage des #pesticides est la deuxième cause de l’effondrement des populations d’#insectes, qui atteint 80 % dans certaines régions françaises. Les #oiseaux sont en déclin global de 25 % en quarante ans, mais ce chiffre bondit à 60 % en milieux agricoles intensifs : le printemps est devenu particulièrement silencieux dans certains champs…

    D’autres voies sont possibles

    Le paradoxe est que ces bouleversements environnementaux menacent particulièrement les agriculteur·ices, pour au moins trois raisons bien identifiées. Tout d’abord environnementale, à cause du manque d’eau, de la dégradation des sols, des événements météorologiques extrêmes (incendies ou grêles), ou du déclin des insectes pollinisateurs, qui se traduisent par une baisse de production. Sanitaires, ensuite : par leur exposition aux #produits_phytosanitaires, ils et elles ont plus de risque de développer des #cancers (myélome multiple, lymphome) et des #maladies_dégénératives. Financière enfin, avec l’interminable fuite en avant du #surendettement, provoqué par la nécessité d’actualiser un équipement toujours plus performant et d’acheter des #intrants pour pallier les baisses de production engendrées par la dégradation environnementale.

    Depuis des décennies, les #traités_de_libre-échange et la compétition intra-européenne ont privé la grande majorité des agriculteur·ices de leur #autonomie, dans un cercle vicieux aux répercussions sociales tragiques pouvant mener au #suicide. Si la FNSEA, les #JA, ou la #Coordination_rurale réclament une forme de #protectionnisme_agricole, d’autres de leurs revendications portent en revanche sur une baisse des #contraintes_environnementales et sanitaires qui font porter le risque de la poursuite d’un modèle délétère sur le long terme. Ce sont justement ces revendications que le gouvernement a satisfaites avec, en particulier, la « suspension » du #plan_Ecophyto, accueilli par un satisfecit de ces trois organisations syndicales rappelant immédiatement « leurs » agriculteurs à la ferme. Seule la #Confédération_paysanne refuse ce compromis construit au détriment de l’#écologie.

    Pourtant, des pratiques et des modèles alternatifs existent, réduisant significativement les émissions de gaz à effet de serre et préservant la biodiversité ; ils sont déjà mis en œuvre par des agriculteur·ices qui prouvent chaque jour que d’autres voies sont possibles. Mais ces alternatives ont besoin d’une réorientation des #politiques_publiques (qui contribuent aujourd’hui pour 80 % au #revenu_agricole). Des propositions cohérentes de politiques publiques répondant à des enjeux clés (#rémunération digne des agriculteur·ices non soumis aux trusts’de la grande distribution, souveraineté alimentaire, considérations climatiques et protection de la biodiversité) existent, comme les propositions relevant de l’#agroécologie, qu’elles émanent du Haut Conseil pour le Climat, de la fédération associative Pour une autre PAC, de l’IDDRI, ou encore de la prospective INRAE de 2023 : baisse de l’#élevage_industriel et du cheptel notamment bovin avec soutien à l’#élevage_extensif à l’herbe, généralisation des pratiques agro-écologiques et biologiques basées sur la valorisation de la biodiversité (cultures associées, #agro-foresterie, restauration des #haies favorisant la maîtrise des bio-agresseurs) et arrêt des #pesticides_chimiques_de_synthèse. Ces changements de pratiques doivent être accompagnés de mesures économiques et politiques permettant d’assurer le #revenu des agriculteur·ices, leur #accès_à_la_terre et leur #formation, en cohérence avec ce que proposent des syndicats, des associations ou des réseaux (Confédération paysanne, Atelier paysan, Terre de liens, Fédérations nationale et régionales d’Agriculture biologique, Réseau salariat, …).

    Nous savons donc que les politiques qui maintiennent le #modèle_agro-industriel sous perfusion ne font qu’empirer les choses et qu’une réorientation complète est nécessaire et possible pour la #survie, la #dignité, la #santé et l’#emploi des agriculteur·ices. Nombre d’enquêtes sociologiques indiquent qu’une bonne partie d’entre elles et eux le savent très bien, et que leur détresse témoigne aussi de ce #conflit_interne entre le modèle productiviste qui les emprisonne et la nécessité de préserver l’environnement.

    Une #convention_citoyenne

    Si le gouvernement convient que « les premières victimes du dérèglement climatique sont les agriculteurs », les mesures prises démontrent que la priorité gouvernementale est de sanctuariser le modèle agro-industriel. La remise en cause du plan Ecophyto, et la reprise en main de l’#Anses notamment, sont en totale contradiction avec l’urgence de s’attaquer à la dégradation environnementale couplée à celle des #conditions_de_vie et de travail des agriculteur·ices. Nous appelons les citoyen·nes et les agriculteur·rices à soutenir les changements de politique qui iraient réellement dans l’intérêt général, du climat, de la biodiversité. Nous rappelons que le sujet de l’agriculture et de l’#alimentation est d’une redoutable complexité, et qu’identifier les mesures les plus pertinentes devrait être réalisé collectivement et démocratiquement. Ces mesures devraient privilégier l’intérêt général et à long-terme, par exemple dans le cadre de conventions citoyennes dont les conclusions seraient réellement traduites dans la législation, a contrario a contrario de la précédente convention citoyenne pour le climat.

    https://www.nouvelobs.com/opinions/20240203.OBS84041/tribune-productivisme-et-destruction-de-l-environnement-fnsea-et-gouverne
    #tribune #scientifiques_en_rébellion #agriculture #souveraineté_alimentaire #industrie_agro-alimentaire

  • Une vraie #souveraineté_alimentaire pour la #France

    Le mercredi 6 décembre 2023, la FNSEA sortait du bureau d’Elisabeth Borne en déclarant fièrement que l’État abandonnait son projet de taxer l’usage des pesticides et des retenues d’eau. Cela vient conclure une séquence historique. Le 16 novembre déjà, l’Europe reconduisait l’autorisation du glyphosate pour 10 ans. Et, six jours plus tard, abandonnait aussi l’objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides à l’horizon 2030.

    Comment en est-on arrivé là ? La question a été récemment posée dans un rapport de l’Assemblée nationale. En plus du #lobbying habituel de la #FNSEA et de l’état de crise permanent dans laquelle vivent les agriculteurs et qui rend toute #réforme explosive, la question de la souveraineté alimentaire – qui correspond au droit d’un pays à développer ses capacités productives pour assurer la sécurité alimentaire des populations – a joué un rôle clé dans cette dynamique.

    La souveraineté alimentaire est ainsi devenue, depuis la crise du Covid et la guerre en Ukraine, l’argument d’autorité permettant de poursuivre des pratiques qui génèrent des catastrophes écologiques et humaines majeures. Il existe pourtant d’autres voies.

    Le mythe de la dépendance aux #importations

    De quelle souveraineté alimentaire parle-t-on ? Les derniers chiffres de FranceAgrimer montrent que notre « #dépendance aux importations » – comme aiment à le répéter les défenseurs d’un modèle intensif – est de 75 % pour le blé dur, 26 % pour les pommes de terre, 37 % pour les fruits tempérés ou 26 % pour les porcs.

    Mais ce que l’on passe sous silence, c’est que le taux d’#autoapprovisionnement – soit le rapport entre la production et la consommation françaises – est de 148 % pour le blé dur, 113 % pour les pommes de terre, 82 % pour les fruits tempérés et 103 % pour le porc. Le problème de souveraineté alimentaire n’en est pas un. Le vrai problème, c’est qu’on exporte ce que l’on produit, y compris ce dont on a besoin. Cherchez l’erreur.

    D’autres arguments viennent encore se greffer à celui de la souveraineté, dans un monde d’#interdépendances : la #France serait le « grenier à blé de l’Europe », il faudrait « nourrir les pays du Sud », la France serait « une puissance exportatrice », etc.

    Au-delà de l’hypocrisie de certaines de ces affirmations – en effet, les #exportations des surplus européens subventionnés ont détruit tout un tissu productif, en Afrique de l’Ouest notamment – il ne s’agit pas là d’enjeux liés à la souveraineté alimentaire, mais d’enjeux stratégiques et politiques liés à la #compétitivité de certains produits agricoles français sur les marchés internationaux.

    Comprendre : la France est la 6e puissance exportatrice de #produits_agricoles et agroalimentaires au monde et elle entend bien le rester.

    Voir la #productivité de façon multifonctionnelle

    S’il ne faut évidemment pas renoncer aux objectifs de #productivité_alimentaire nationaux, ces derniers gagneraient à être redéfinis. Car comment évoquer la souveraineté alimentaire sans parler des besoins en #eau pour produire les aliments, de la dépendance aux #énergies_fossiles générée par les #intrants de synthèse, de l’épuisement de la #fertilité des #sols lié à la #monoculture_intensive ou encore des effets du #réchauffement_climatique ?

    Comment évoquer la souveraineté alimentaire sans parler des enjeux fonciers, de l’évolution du #travail_agricole (25 % des #agriculteurs sont en passe de partir à la retraite), du #gaspillage_alimentaire – qui avoisine les 30 % tout de même – des #besoins_nutritionnels et des #habitudes_alimentaires de la population ?

    La #productivité_alimentaire doit dorénavant se conjuguer avec d’autres formes de productivité tout aussi essentielles à notre pays :

    – la capacité de #rétention_d’eau dans les sols,

    – le renouvellement des #pollinisateurs,

    – le maintien des capacités épuratoires des milieux pour conserver une #eau_potable,

    – le renouvellement de la #fertilité_des_sols,

    – la régulation des espèces nuisibles aux cultures,

    – ou encore la séquestration du carbone dans les sols.

    Or, il est scientifiquement reconnu que les indicateurs de productivité relatifs à ces services baissent depuis plusieurs décennies. Pourtant, ce sont bien ces services qui permettront de garantir une véritable souveraineté alimentaire future.

    La #diversification pour maintenir des rendements élevés

    Une revue de littérature scientifique parue en 2020, compilant plus de 5000 études menées partout dans le monde, montrait que seules des stratégies de diversification des #pratiques_agricoles permettent de répondre à ces objectifs de #performance_plurielle pour l’agriculture, tout en maintenant des #rendements élevés.

    Les ingrédients de cette diversification sont connus :

    – augmentation de la #rotation_des_cultures et des #amendements_organiques,

    – renoncement aux #pesticides_de_synthèse et promotion de l’#agriculture_biologique à grande échelle,

    - réduction du #labour,

    - diversification des #semences et recours aux #variétés_rustiques,

    - ou encore restauration des #haies et des #talus pour limiter le ruissellement de l’#eau_de_pluie.

    Dans 63 % des cas étudiés par ces chercheurs, ces stratégies de diversification ont permis non seulement d’augmenter les #services_écosystémiques qui garantissent la souveraineté alimentaire à long terme, mais aussi les #rendements_agricoles qui permettent de garantir la souveraineté alimentaire à court terme.

    Les sérieux atouts de l’agriculture biologique

    Parmi les pratiques de diversification qui ont fait leurs preuves à grande échelle en France, on retrouve l’agriculture biologique. Se convertir au bio, ce n’est pas simplement abandonner les intrants de synthèse.

    C’est aussi recourir à des rotations de cultures impliquant des #légumineuses fixatrices d’azote dans le sol, utiliser des semences rustiques plus résilientes face aux #parasites, des amendements organiques qui nécessitent des couplages culture-élevage, et enfin parier sur la restauration d’un #paysage qui devient un allié dans la lutte contre les #aléas_naturels. La diversification fait ainsi partie de l’ADN des agriculteurs #bio.

    C’est une question de #réalisme_économique. Les exploitations bio consomment en France deux fois moins de #fertilisant et de #carburant par hectare que les exploitants conventionnels, ce qui les rend moins vulnérables à l’évolution du #prix du #pétrole. En clair, l’agriculture biologique pourrait être la garante de la future souveraineté alimentaire française, alors qu’elle est justement souvent présentée comme une menace pour cette dernière du fait de rendements plus faibles à court terme.

    Au regard des éléments mentionnés plus haut, il s’agit évidemment d’un #faux_procès. Nous sommes autosuffisants et nous avons les réserves foncières qui permettraient de déployer le bio à grande échelle en France, puisque nous sommes passé de 72 % du territoire dédié aux activités agricoles en 1950 à 50 % en 2020. Une petite partie de ces surfaces a été artificialisée tandis que la majorité a tout simplement évolué en friche, à hauteur de 1000 km2 par an en moyenne.

    Par ailleurs, le différentiel de rendement entre le bio et le #conventionnel se réduit après quelques années seulement : de 25 % en moyenne (toutes cultures confondues) au moment de la conversion, il descend à 15 % ensuite. La raison en est l’apprentissage et l’innovation dont font preuve ces agriculteurs qui doivent en permanence s’adapter aux variabilités naturelles. Et des progrès sont encore à attendre, si l’on songe que l’agriculture bio n’a pas bénéficié des 50 dernières années de recherche en #agronomie dédiées aux pratiques conventionnelles.

    Relever le niveau de vie des agriculteurs sans éroder le #pouvoir_d’achat des consommateurs

    Mais a-t-on les moyens d’opérer une telle transition sans réduire le pouvoir d’achat des Français ? Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord évoquer le #revenu des #agriculteurs. Il est notoirement faible. Les agriculteurs travaillent beaucoup et vivent mal de leur métier.

    Or, on oublie souvent de le mentionner, mais le surcoût des produits bio est aussi lié au fait que les consommateurs souhaitent mieux rémunérer les agriculteurs : hors subventions, les revenus des agriculteurs bio sont entre 22 % et 35 % plus élevés que pour les agriculteurs conventionnels.

    Ainsi, le consommateur bio consent à payer plus parce que le bio est meilleur pour l’environnement dans son ensemble (eau, air, sol, biodiversité), mais aussi pour que les paysans puissent mieux vivre de leur métier en France sans mettre en danger leur santé.

    Par ailleurs, si le consommateur paie plus cher les produits bio c’est aussi parce qu’il valorise le #travail_agricole en France. Ainsi la production d’aliments bio nécessite plus de #main-d’oeuvre (16 % du total du travail agricole pour 10 % des surfaces) et est très majoritairement localisée en France (71 % de ce qui est consommé en bio est produit en France).

    Cette question du #travail est centrale. Moins de chimie, c’est plus de travail des communautés humaines, animales et végétales. C’est aussi plus d’incertitudes, ce qui n’est évidemment pas simple à appréhender pour un exploitant.

    Mais il faut rappeler que le discours sur le pouvoir d’achat des français, soi-disant garanti par le modèle hyper-productiviste de l’agriculture française, vise surtout à conforter les rentes de situations des acteurs dominants du secteur agricole. Car les coûts sanitaires et environnementaux de ce modèle sont payés par le contribuable.

    Rien que le #traitement_de_l’eau, lié aux pollutions agricoles, pour la rendre potable, coûte entre 500 millions d’euros et 1 milliard d’euros par an à l’État. Or, ce que le consommateur ne paie pas au supermarché, le citoyen le paie avec ses #impôts. Le rapport parlementaire évoqué plus haut ne dit pas autre chose : la socialisation des coûts et la privatisation des bénéfices liés aux #pesticides ne sont plus tolérables.

    Le bio, impensé de la politique agricole française

    Une évidence s’impose alors : il semblerait logique que l’État appuie massivement cette filière en vue de réduire les coûts pour les exploitants bio et ainsi le prix pour les consommateurs de produits bio. En effet, cette filière offre des garanties en matière de souveraineté alimentaire à court et long terme, permet de protéger l’eau et la #santé des Français, est créatrice d’emplois en France. Il n’en est pourtant rien, bien au contraire.

    L’État a promu le label #Haute_valeur_environnementale (#HVE), dont l’intérêt est très limité, comme révélé par l’Office français de la biodiversité (OFB). L’enjeu semble surtout être de permettre aux agriculteurs conventionnels de toucher les aides associés au plan de relance et à la nouvelle #PAC, au risque de créer une #concurrence_déloyale vis-à-vis des agriculteurs bio, d’autant plus que les #aides_publiques au maintien de l’agriculture biologique ont été supprimées en 2023.

    La décision récente de l’État de retirer son projet de #taxe sur l’usage des pesticides créé aussi, de facto, un avantage comparatif pour le conventionnel vis-à-vis du bio. Enfin, rappelons que la Commission européenne a pointé à plusieurs reprises que la France était le seul pays européen à donner moins de subventions par unité de travail agricole aux céréaliers bio qu’aux conventionnels.

    Ainsi, un céréalier bio français reçoit un tiers de subventions en moins par unité de travail agricole qu’un céréalier conventionnel, alors qu’en Allemagne ou en Autriche, il recevrait 50 % de #subventions supplémentaires. En France, l’État renonce aux taxes sur les pesticides tout en maintenant des #charges_sociales élevées sur le travail agricole, alors que c’est évidemment l’inverse dont aurait besoin la #transition_agroécologique.

    Que peuvent faire les citoyens au regard de ce constat déprimant ? Consommer des produits bio malgré tout, et trouver des moyens de les payer moins cher, grâce par exemple à la #vente_directe et à des dispositifs tels que les #AMAP qui permettent de réduire le coût du transport, de la transformation et de la distribution tout autant que le gâchis alimentaire, les variabilités de la production étant amorties par la variabilité du contenu du panier.

    Les agriculteurs engagés pour la #transition_écologique, de leur côté, peuvent réduire les risques associés aux variabilités naturelles et économiques en créant de nouvelles formes d’exploitations coopératives combinant plusieurs activités complémentaires : élevage, culture, transformation, conditionnement et distribution peuvent être organisés collectivement pour mutualiser les coûts et les bénéfices, mais aussi se réapproprier une part significative de la #chaîne_de_valeur laissée aujourd’hui au monde de l’agro-industrie et de la grande distribution.

    Il ne s’agit pas d’une #utopie. De nombreux acteurs essaient de faire émerger, malgré les résistances institutionnelles, ces nouvelles pratiques permettant de garantir la souveraineté alimentaire de la France à long terme.

    https://theconversation.com/une-vraie-souverainete-alimentaire-pour-la-france-220560
    #foncier #industrie_agro-alimentaire #alimentation #collectivisation
    #à_lire #ressources_pédagogiques

  • Riprendiamoci il cibo !

    Sovranità e democrazia alimentare: la ricerca di diversità dal seme alla tavola.

    Il cibo è una scelta, non solo quando si va a far la spesa. Attraverso le nostre azioni di cittadini e le nostre scelte agro-alimentari, infatti, possiamo decidere insieme ai contadini che cosa e come seminare e coltivare e – alla fine della filiera – che cosa portare in tavola.

    Questo libro spiega i concetti di sovranità alimentare e di democrazia alimentare raccontando le buone pratiche e le reti già esistenti in Italia e non solo: dalle CSA – le comunità di sostegno all’agricoltura che mettono in relazione diretta tra gli agricoltori e la comunità locale -, ai PGS – il Sistema di Garanzia Partecipata territoriale che certifica in modo collaborativo i prodotti e le pratiche agricole-. Fino alle FoodCoop – i supermercati collettivi – e ai Gruppi d’acquisto solidale.

    Per ribadire che il cibo – from fark to fork, dalla terra alla tavola – è (anche) una questione politica, di giustizia sociale e alimentare.

    Un libro essenziale per capire il rapporto tra agricoltura e cibo oggi e che si rivolge non solo a singoli lettori, ma alle organizzazioni della società civile e alle amministrazioni locali.

    https://altreconomia.it/prodotto/riprendiamoci-il-cibo
    #alimentation #souveraineté_alimentaire #démocratie_alimentaire #livre #justice_sociale #justice_alimentaire #agriculture

  • Guerre rurali, lo scontro per la “sovranità alimentare”
    https://irpimedia.irpi.eu/grainkeepers-sovranita-alimentare-guerra-ucraina

    L’invasione russa in Ucraina ha riacceso il confronto tra chi vuole rendere l’agricoltura europea più sostenibile e chi vuole continuare a produrre il più possibile senza curarsi della crisi climatica Clicca per leggere l’articolo Guerre rurali, lo scontro per la “sovranità alimentare” pubblicato su IrpiMedia.

  • Food Sovereignty

    Our food is a commodity, the ingredients of which we often have as little insight into as the social and ecological conditions under which it is produced. Biodiversity, productive soils, and water resources are growing scarce. Corporate power exerts increasing pressure on small-scale agricultural producers. In the Global South, they are deprived of their land and control over seeds. Farm workers are exploited in global supply chains and exposed to toxic pesticides on a daily basis.

    When we take the numerous global crises and dysfunctionality of contemporary agricultural and food systems into account, it becomes clear that a real transformation of these systems is urgently needed. They must be changed into local and people-centred food systems independent of corporate control.

    In this dossier, we gather reports on the working and living realities of farm workers and small-scale food producers and their common struggles with social movements around the world against corporate-dominated agricultural and food systems. A real transformation of the agricultural and food systems is urgently necessary and possible!

    https://www.rosalux.de/en/dossiers/food_sovereignty

    #souveraineté_alimentaire #alimentation #ressources_pédagogiques #multinationales #terre #terres #graines #semences #pesticides #agriculteurs #agriculture #industrie_agro-alimentaire #droit_à_l'alimentation #système_alimentaire

  • COUSCOUS : LES GRAINES DE LA DIGNITÉ

    « Couscous : les graines de la dignité » est une invitation au débat ouvert, sérieux et collectif sur les politiques de #dépendance_alimentaire poursuivies par tous les gouvernements tunisiens depuis la fin de l’époque coloniale française jusqu’à aujourd’hui.
    Le film se concentre sur les conditions politiques, sociales, économiques et écologiques des #céréales et démontre comment la question de l’#alimentation est en fait au cœur de la question de la #dignité_humaine individuelle et collective, ainsi que de l’indépendance et de la #souveraineté_alimentaire locales et nationales.

    https://cmca-med.org/film/couscous-les-graines-de-la-dignite

    #film #documentaire #film_documentaire
    #Tunisie #indépendance_alimentaire #agriculture

  • 5 questions à Roland Riachi. Comprendre la #dépendance_alimentaire du #monde_arabe

    Économiste et géographe, Roland Riachi s’est spécialisé dans l’économie politique, et plus particulièrement dans le domaine de l’écologie politique. Dans cet entretien, il décrypte pour nous la crise alimentaire qui touche le monde arabe en la posant comme une crise éminemment politique. Il nous invite à regarder au-delà de l’aspect agricole pour cerner les choix politiques et économiques qui sont à son origine.

    https://www.carep-paris.org/5-questions-a/5-questions-a-roland-riachi
    #agriculture #alimentation #colonialisme #céréales #autosuffisance_alimentaire #nationalisation #néolibéralisme #Egypte #Soudan #Liban #Syrie #exportation #Maghreb #crise #post-colonialisme #souveraineté_nationale #panarabisme #militarisme #paysannerie #subventions #cash_crop #devises #capitalisme #blé #valeur_ajoutée #avocats #mangues #mondialisation #globalisation #néolibéralisme_autoritaire #révolution_verte #ouverture_du_marché #programmes_d'ajustement_structurels #intensification #machinisation #exode_rural #monopole #intrants #industrie_agro-alimentaire #biotechnologie #phosphates #extractivisme #agriculture_intensive #paysans #propriété_foncière #foncier #terres #morcellement_foncier #pauvreté #marginalisation #monoculture #goût #goûts #blé_tendre #pain #couscous #aide_humanitaire #blé_dur #durum #libre-échange #nourriture #diète_néolibérale #diète_méditerranéenne #bléification #importation #santé_publique #diabète #obésité #surpoids #accaparement_des_terres #eau #MENA #FMI #banque_mondiale #projets_hydrauliques #crise_alimentaire #foreign_direct_investment #emploi #Russie #Ukraine #sécurité_alimentaire #souveraineté_alimentaire

    #ressources_pédagogiques

    ping @odilon

  • L’urgence de l’agro-écologie et de la souveraineté alimentaire

    Dans son éditorial, Quels systèmes alimentaires… demain ?, publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Laurent Delcourt souligne la nécessité de repenser nos systèmes alimentaires, « Contre les solutions technologiques des grandes firmes, vieilles recettes emballées dans une nouvelle rhétorique verte et transformiste, la société civile appelle à un changement radical de cap » pour permettre l’éradication de « la faim, l’insécurité alimentaire et toutes les formes de malnutrition ». Il aborde, entre autres, la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle des populations précarisées, la progression du nombre des affamé·es, la désorganisation des « longues chaines d’approvisionnement mondiales » et leur caractère « intrinsèquement excluant et inégalitaire », les conséquences sanitaires liées à la généralisation du modèle agroproductiviste, « Croissance de la faim et de la malnutrition, dégradation de l’environnement, changement climatique et émergence de nouvelles maladies apparaissent comme les symptômes d’un dérèglement systémique qui appelle des réponses systémiques »

    Note sur : Alternatives Sud : Un système alimentaire à transformer

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/22/lurgence-de-lagro-ecologie-et-de-la-souverainete-alimen

    #international #alimentaire

  • Towards a just agricultural transition in North Africa

    The bleak reality of global climate change becomes clearer with each new report issued by the Intergovernmental Panel on Climate Change.1 North Africa is extremely vulnerable in the face of climatic and environmental crises, which are a daily occurrence in the lives of the millions of people living in the arid, semi-arid and desert areas of the region. Over the last few decades, drought rates and temperatures have risen continuously, leading to increasing desertification. The region also suffers from severe water scarcity2, land degradation and livestock depletion.3 The accelerated environmental crises directly and indirectly affect agriculture (including grazing) and fishing activities. They also intensify poverty and erode food sovereignty.4 Approximately 52 per cent of the total population in North Africa live in rural areas5 and this population, which includes small-scale farmers and farm workers, is among the poorest and most impacted by the stark effects of agroecological crises.

    North Africa’s perilous situation in regard to climate change stands in contrast to the fact that the region accounts for a very small percentage of global greenhouse gas emissions. In 2017, the entire African continent produced approximately 4 per cent of global carbon dioxide emissions, while the average emissions per African person were the lowest in the world, at approximately 0.9 tonnes per annum.6 In the North Africa region, Egypt produced 0.6 per cent of global emissions, Algeria 0.5 per cent, Tunisia 0.1 per cent and Morocco 0.15 per cent.7 A recent study shows the global unevenness of greenhouse gas emissions: while the Global North’s rates stand at 90 per cent, the Global South produces only 10 per cent.8 However, countries in the Global South bear the brunt of the crises brought on by climate change, and are in dire need of a just transition – to help mitigate the harmful impacts of environmental change and to adapt to their long-term consequences.

    Agriculture is both negatively impacted by climate change and a significant contributor to it. Due to the dominance of global capitalist food systems and industrial agricultural production, land use and forest management accounted for a total of 23 per cent of greenhouse gas emissions between 2007 and 2016.9 North African countries are no exception to this pattern, dominated as they are by a high-emissions corporate food regime.10 Against this background it is vital to assess the possibilities for, and obstacles to, a just transition in the North African agricultural sector.

    (...)

    https://longreads.tni.org/towards-a-just-agricultural-transition-in-north-africa
    #Afrique_du_Nord #transition_agricole #agriculture #climat #changement_climatique #désertification #eau #sécheresse #pêche #souveraineté_alimentaire #néolibéralisme #paysannerie #extractivisme #agriculture_régénérative #agro-écologie #agroécologie

  • #Souveraineté_alimentaire. Aux États-Unis, les Amérindiens veulent “décoloniser leur assiette”

    La pandémie de Covid-19 a accru la volonté d’#autonomie_alimentaire des Amérindiens, qui renouent aujourd’hui avec les semis, les cultures et les #pratiques_culinaires traditionnelles pour “rééduquer” leur palais.

    Au printemps 2020, alors que le Covid-19 se propageait aux États-Unis, #Daniel_Cornelius a fait ses #semis. Membre de la nation #Oneida du Wisconsin, il vit dans la campagne vallonnée du sud de Madison, où il a planté des carottes, des tomates ainsi que des plantes traditionnelles amérindiennes : fèves, citrouilles et maïs.

    Il a aidé d’autres Amérindiens à faire de même. En juin, il a pris son tracteur manuel, direction le Nord, jusqu’aux Chippewas du lac du Flambeau, pour les aider à retourner et à préparer la terre selon la tradition.

    Puis, il a amené des graines de courge à la réserve Menominee du #Wisconsin, où les habitants ont aménagé des parterres de culture surélevés comme le faisaient leurs ancêtres.

    Il a collecté du sirop sur des érables et a ramassé du riz sauvage puis, en septembre, il s’est rendu à une foire dans la réserve Oneida, près de Green Bay, où il les a échangés contre des poivrons, des œufs de caille et de la soupe de maïs. “Presque tout le monde voulait de ce sirop d’érable”, raconte-t-il.

    Renouer avec les pratiques traditionnelles

    Cornelius fait partie du mouvement dit de “souveraineté alimentaire”, de plus en plus populaire chez les Amérindiens, qui vise à augmenter la production locale et à renouer avec l’agriculture et les pratiques culinaires traditionnelles.

    C’est un phénomène à grande échelle qui va de la culture d’un potager par des familles dans leur jardin jusqu’au développement d’un réseau d’organisations régionales et nationales dédiées à la coopération entre tribus, au partage de techniques agricoles et à la préservation de variétés ancestrales.

    “Les gens sont demandeurs de ces produits, explique Cornelius, également conseiller technique pour le Conseil agricole intertribal de Billings, dans le Montana, et professeur à l’université du Wisconsin. Et ils ont aussi soif de connaissances.”

    Pour de nombreux Amérindiens, le retour à des produits et cultures traditionnels s’inscrit dans un effort plus large pour se “décoloniser”. Une façon de réparer les ravages économiques et culturels infligés par les descendants d’Européens qui les ont chassés de leurs terres, enfermés dans des réserves et envoyés dans des pensionnats et ont tout fait pour les couper de leurs racines.

    Cela ne passe pas seulement par un regain d’intérêt pour les #plantes_ancestrales mais aussi par un retour à une certaine vie économique et culturelle, et à des coutumes et des traditions liées à la #nourriture et à sa production.

    Des effets bénéfiques sur la santé

    Sur le plan pratique, la souveraineté alimentaire est une solution qui vise plus d’autonomie et qui ouvre également des perspectives économiques dans les communautés les plus pauvres.

    (#paywall)

    https://www.courrierinternational.com/article/souverainete-alimentaire-aux-etats-unis-les-amerindiens-veule
    #peuples_autochtones #USA #Etats-Unis #décolonisation #alimentation #agriculture

    ping @cede @odilon

    • Seeds and beyond: Native Americans embrace ‘food sovereignty’

      Last spring, as COVID-19 swept the nation, Daniel Cornelius planted. A member of the Oneida Nation of Wisconsin, he lives in the rolling farm country south of Madison, where he planted carrots and tomatoes, as well as traditional Native American crops – beans, pumpkins, and corn in hues ranging from cream to deep red and bearing names like Tuscarora white, Mohawk yellow, and Bear Island flint.

      He helped others plant, too. In June he took his small walk-behind tractor north to help members of the Lac du Flambeau Band of Lake Superior Chippewa start gardens, heaping the soil in long mounded rows in imitation of traditional planting hills. He brought squash seeds to the reservation of the Menominee Indian Tribe of Wisconsin, where members have been building raised beds after ancient Menominee practice. He tapped box-elder trees for syrup and gathered wild rice, and in September he brought them to a bartering event on the Oneida reservation, near Green Bay, where he traded them for peppers, quail eggs, and corn soup.

      “Almost everyone wanted that box-elder syrup,” he says.

      Mr. Cornelius is part of a growing “food sovereignty” movement among Native Americans, an effort aimed at increasing local food production and reviving Indigenous agricultural and culinary practices. It’s a broad-ranging movement that includes families growing vegetables in backyard gardens and an ever-expanding network of regional and national organizations devoted to fostering intertribal cooperation, sharing agricultural know-how, and promoting the use and preservation of traditional crop varieties.

      “People are hungry – literally hungry to eat these foods,” says Mr. Cornelius, who is also a technical adviser for the Intertribal Agriculture Council, based in Billings, Montana, and an instructor at the University of Wisconsin-Madison. “But also, in a more figurative sense, they’re just hungry for knowledge.”

      For many Native Americans, the return to traditional foods is part of a wider effort to “decolonize” their people, a way to repair the economic and cultural damage inflicted by European Americans who drove them from their lands, confined them to reservations, sent them to boarding schools, and tried to sever them from their old ways. It means not just planting old seeds but reviving the economic and cultural life, the ceremonies, the customs and beliefs, around food and food production.

      In a practical sense, food sovereignty offers a path toward greater self-sufficiency and economic opportunity in poor communities. Perhaps more critical are its potential benefits for public health. Native Americans face high rates of diabetes, heart disease, obesity, and other conditions that food sovereignty advocates say result from a dependence on processed foods.

      “We’ve got to get back to a diet and food system that our bodies and our babies can handle,” says Gary Besaw, head of the Department of Agriculture and Food Systems on the Menominee reservation.

      Since it emerged a year ago, COVID-19 has given new urgency to these efforts. The coronavirus hit Native American communities hard: In December, the Centers for Disease Control and Prevention reported that Native Americans and Alaskan Natives were 3 1/2 times more likely than white Americans to become infected with the virus. Yet, while COVID-19 has revealed the vulnerability of Native peoples, it has also inspired more of them to plant, fish, gather, and hunt.

      “People are seeing the weakness within our current food system,” says Rebecca Webster, who with her husband, Stephen, grows corn and other traditional crops on the Oneida reservation. “They want to know where their food is coming from. They want to take control back.”

      Much of the food sovereignty movement focuses on seeds: growing and preserving them, as well as finding and distributing old and not-yet-forgotten varieties. Some of this work requires research, like figuring out where a seed company acquired its varieties long ago. It also involves hunting down a variety that someone has been growing – and then producing enough seed to share. Organizations like Seed Savers Exchange, based in Decorah, Iowa, and long devoted to promoting heirloom seeds, have in recent years been growing Native varieties and sending out seeds to a small number of established growers. In addition, an expanding universe of workshops and YouTube videos is available to teach aspiring growers how to use Native agricultural techniques.
      The “Three Sisters”

      The most popular seeds are the “Three Sisters” of Indigenous agriculture: corn, beans, and squash. They are traditionally grown together in mounds, as the Websters do on the Oneida reservation. The cornstalks serve as a trellis for the bean vines, while the beans, which are legumes, enrich the soil for the corn. The squash sprawls out all around. A modification of this strategy is to grow the corn and beans in mounded rows, with squash on the ends. Many Native growers also plant tobacco and sunflowers.

      When the pandemic struck, the demand for seeds soared. People had more time at home; they also were rattled by local food shortages. On the Meskwaki Settlement in Tama, Iowa, Shelley Buffalo, local foods coordinator for the Meskwaki Food Sovereignty Initiative, grappled with a “huge increase” in requests for seeds. “There were many people who were gardening for the first time,” she says. Appeals to the Traditional Native American Farmers Association “nearly depleted what we had,” says Clayton Brascoupé, a farmer in Tesuque Pueblo, New Mexico, and the group’s program director.

      “There were people contacting us from a lot of new places,” he says. “They said, ‘Can you send seed?’”

      But it’s not all about seeds. Native Americans are also raising bison, spearing fish, picking chokecherries, harvesting wild rice – and much more.

      It’s a movement that touches every tribe in the United States and reflects both the geographical and historical diversity of Native American communities. The Quapaw Nation of Oklahoma raises bison on lands recovered from lead and zinc mining and operates its own meat processing plant. The Muckleshoot of Washington state have hosted workshops on how to fillet a salmon and slice up an elk. Ndée Bikíyaa, or People’s Farm, is trying to revive agriculture among Arizona’s White Mountain Apache. Minnesota’s Red Lake Ojibwe sell mail-order wild rice and chokeberry jam. And in Hugo, Minnesota, just outside the Twin Cities, the organization Dream of Wild Health teaches Native children how to garden; a program for teenagers is called Garden Warriors.

      “This year was a big wake-up call for our tribe,” says Greg Johnson, a member of the Lac du Flambeau Band and an expert in cooking muskellunge, a predatory fish found in northern lakes, which he does by wrapping it in birch bark and baking it in the ground, under a fire. Mr. Johnson says that worries over the food supply sent twice the number of his band than usual out to spear walleyed pike in northern Wisconsin lakes early last spring, a tradition among his people. More people hunted deer later in the year; he taught some of them how to can the venison.

      “In many respects, for me it was really good to see that,” he says. “There were people you never thought would get wild rice. There were people who you never thought would get wild medicines. It was really incredible.”
      Chef participation, too

      Getting the food is only part of the movement. A growing number of chefs are promoting Native cuisine, among them Sean Sherman, an Oglala Lakota and recipient of a James Beard Award. The founder and CEO of The Sioux Chef business in Minneapolis, Mr. Sherman directs a food lab devoted to teaching Native culinary approaches. COVID-19 delayed his plan to open a restaurant, but it inspired a new form of outreach: ready-to-eat meals prepared in the Twin Cities and distributed to Native communities around the region. By December, a crew of 24 workers was sending 6,000 meals a week. It distributed 500 meal kits before the holidays, including the fixings for what Mr. Sherman describes as a Native grain bowl – Potawatomi corn, bison meat, dried blueberries, and puffed wild rice. “That was a fun one,” he says.

      Efforts to revive Native foods are not new. Mr. Brascoupé recalls an intertribal meeting in Gallup, New Mexico, in 1992 at which older farmers voiced concerns about their dwindling numbers. “They also saw a decline in people’s health,” he says. “They tied those two together.”

      In the years since, Mr. Brascoupé has seen a steady increase in the ranks of Native farmers. And what started as a rural movement, he says, has moved to cities, where many Native Americans live – to community gardening and programs teaching Native gardening and culture to children. Mr. Brascoupé attributes much of the resurgence not to tribal initiatives, which have become widespread, but to younger individuals carrying on the work of their elders. Once a young farmer himself, he now has grandchildren who farm.

      “A lot of what we see now started with young people,” Mr. Brascoupé says. “It was more from the bottom up than the top down, from tribal governments.”

      Indeed, the food sovereignty movement builds upon the perseverance and determination of individuals and families who have worked over many years to keep Native food traditions alive. One of these people is Luke Kapayou, who grew up on the Meskwaki Settlement. “When I was growing up, all of us, we had to help with the gardens,” he recalls. “Most of the families had their own gardens.”

      As Mr. Kapayou got older, however, he noticed that fewer people were gardening. And those still doing it were planting fewer old varieties – mainly just corn, the most prized of Native foods. He resolved to keep growing traditional beans and squash, and he began to seek out other varieties both on and off the settlement. He consulted old ethnographies. He even tried – unsuccessfully – to track down seeds at a New York museum.

      “Most of the seeds that me and my family are growing in our garden are what my parents and great-grandparents were growing,” he says. “They’ve been growing for a thousand years. I don’t know, I think I believe these seeds are sacred. They’re very special. It makes me want to keep growing them, and I want to make sure our kids keep growing them.”
      Plenty of challenges

      Despite its successes, the food sovereignty movement still faces plenty of challenges. Growing old crop varieties can be labor-intensive: If done in the traditional way, they are planted and harvested by hand, with the three main crops – corn, beans, and squash – planted together. Also, growers need to take care that nearby field crops, especially corn, don’t cross-pollinate with traditional varieties. And it takes time to preserve the foods – usually by drying – and to cook them up in traditional dishes, such as corn soup, which Mr. Kapayou prepares outside in an old kettle over a wood fire. In addition, efforts to take advantage of Native treaty rights for hunting and fishing continue to meet resistance – as when a group of non-Native people harassed Mr. Johnson while he speared walleyes at a Wisconsin lake last April.

      Nor is it easy to get people to renounce modern processed foods. Nicky Buck knows this well. A member of the Prairie Island Indian Community in Minnesota, she grew up behind a McDonald’s and ate sugar sandwiches as a child – and developed kidney disease as an adult. Today she eats – and promotes – Native foods in her community.

      “You just have to retrain your palate,” she says. “You have to decolonize your palate.”

      Decolonizing the palates of the young poses a special challenge. Parents make sloppy Joes out of bison meat and substitute flint corn for wheat pasta. Ms. Webster, the mother of two teenage daughters, says, “We’re trying to show that corn is cool enough even though there’s a frozen pizza looking at them.”

      The gardening itself may occasion a complaint from younger ones, but it’s good family time. Indeed, the food sovereignty movement is often about bringing people together – growing, harvesting, trading seeds and food, and, of course, eating. A Native foods cooperative on the Oneida reservation has 15 member families and saw more applications to join last year than ever before. “There are a lot of folks showing interest,” says Lea Zeise, who manages the co-op.
      A year-round effort

      Food sovereignty is a year-round effort. Over the winter, gardeners have been cooking up what they harvested and preserved in the fall – the dried beans, the canned venison, the corn boiled and dried and stored in glass jars. In northern Wisconsin, members of the Lac du Flambeau Band were busy with winter spearing, chopping holes through 28 inches of ice to get to the fish.

      “We’re going to get as many muskies as we can,” says Mr. Johnson. “We have a lot of younger people who want to do this.”

      Others are looking forward to spring – planning their gardens, shelling dried corn for seed, and in some cases looking beyond the pandemic to a resumption of the workshops and conferences that have helped spread the food sovereignty movement. “People can’t wait to get together,” says Mr. Cornelius.

      In the meantime, Mr. Cornelius, like other food sovereignty advocates, is heavily booked on Zoom. He’s also full of plans for his own farming. In midwinter he was thinking he should plant his greenhouse soon. He was also trying to figure out how to tap more trees in early spring, including a stand of silver maples on land he just bought last year – 51 acres, mostly woods, plus the derelict buildings of an old dairy farm. He hopes to bring in cattle. His friends say he should raise bison. Maybe someday, he tells them.

      “One step at a time,” he says.

      https://www.csmonitor.com/USA/Society/2021/0222/Seeds-and-beyond-Native-Americans-embrace-food-sovereignty

      #semences #graines

  • Souveraineté alimentaire et accès à la terre

    « Cette étude, dont vous tenez le résultat entre les mains, est le troisième volet d’une série consacrée à l’accès à la terre, thématique centrale du programme 2017-2021 d’Entraide et Fraternité (EF). Les deux premiers volets ont été consacrés en 2018, à Madagascar et en 2019, aux Philippines.

    Cette dernière contribution, consacrée à l’insécurité foncière en République démocratique du Congo (RDC), s’inscrit également, de façon plus transversale, dans une réflexion sur la « décolonisation des savoirs », suscitée par un collectif de chercheurs de l’Angaza Institute de Bukavu, en partenariat avec l’Université catholique de Louvain. Le défi relevé consistait à identifier, à prendre en compte et à déconstruire les relations de pouvoir logées au cœur de la fabrique de la connaissance. »

    Note sur : Emery Mushagalusa Mudinga : Insécurité foncière en RDC
    L’accaparement des terres dans la province du Sud-Kivu : expériences paysannes

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/08/27/souverainete-alimentaire-et-acces-a-la-terre

    #international #terre #alimentaire

  • #Santé

    Le procès de l’Hôpital public , blog, PAR FLORIAN VIVREL
    https://blogs.mediapart.fr/florian-vivrel/blog/060221/proces-de-lhopital-public-chapitre-5-2009-loi-hopital-patients-sante

    Belle illustration du monde merveilleux vanté par les êtres supérieurs que sont les gens "responsables", "rationnels", "sérieux", "bons gestionnaires", "courageux" etc.

    Cash investigation - Santé : la loi du marché / intégrale - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=2pPCt0XqZLs

    Cash investigation - Santé : la loi du marché

    Laboratoires pharmaceutiques un lobby en pleine santé (Les infiltrés - France 2) - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=d7dPq8F6k1k


    #Santé #Sciences #Multinationales #Marketing #Documentaires

    Maladies à vendre, en VOD - ARTE Boutique
    http://boutique.arte.tv/f7062-maladies_a_vendre
    Maladies à vendre - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=-8R-h76mjp8

    Les médicamenteurs - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=oXKZyok0V_o

    Ehpad : l’heure des comptes ?
    https://www.france.tv/france-2/cash-investigation/3103799-ehpad-l-heure-des-comptes.html
    #Fraude_fiscale

    « L’#OMS : dans les griffes des lobbyistes ? » : un documentaire troublant diffusé sur Arte
    https://mrmondialisation.org/loms-dans-les-griffes-des-lobbyistes
    #Conflits_d'intérêts #Documentaires #Organisations_internationales #Santé #Sciences #Multinationales

    « au cours des trois dernières décennies, la structure internationale a perdu son indépendance financière : Aujourd’hui, ses principales ressources proviennent de plus en plus de fonds privés et d’entreprises dont les intérêts dépendent de ses décisions »

    « Bien qu’elle ait toujours été financée pour partie par des mécènes privés, cette part ne s’élevait qu’à 20% dans les années 1970 : les autres 80% provenaient des États membres des Nations Unis. Or, aujourd’hui, la situation s’est inversée. »

    « la structure est de plus en plus dépendante des financements en provenance de mécènes privés, comme Bill Gates ou les industriels pharmaceutiques, car elle manque d’aides publiques »

    Hôpital public sous pression : la raison du malaise - Chronique Mediapart #01 - Osons Causer
    http://osonscauser.com/hopital-public-pression-raison-malaise-chronique-mediapart

    BALLAST Hôpital public à l’agonie. Par Sarah Kilani
    http://www.revue-ballast.fr/hopital-public-a-lagonie

    " Les cotisations ont été rebaptisées « charges », le système de santé a été accusé de « coûter » et on ne présente plus le fameux « trou de la Sécu »."

    " La part de la valeur ajoutée affectée à la masse salariale (renommée « coût du travail ») a commencé à décroître, faisant perdre à la Sécurité sociale plusieurs centaines de milliards d’euros"

    "Alors que, de longue date, les hôpitaux publics étaient financés par une dotation globale forfaitaire (allouée à chaque établissement), la réforme de l’assurance maladie de 2004 a profondément bouleversé le fonctionnement des établissements de santé. La grande majorité de leur financement s’effectue désormais sur le principe de la tarification à l’activité (ou T2A) et dépend dès lors du nombre et de la nature des actes et des séjours réalisés2. À chaque acte correspond un code, lequel donne droit à un remboursement de la part de l’assurance maladie."

    "Ce système pousse très fortement les hôpitaux à orienter leur politique vers une course aux actes lucratifs afin de leur permettre d’engranger de l’argent et de survivre. Les médecins sont incités à augmenter leur activité (notamment les chirurgiens et ceux qui ont une activité de consultation). Les dérives sont nombreuses et les patients opérés hors indications ne sont pas rares. Les activités peu lucratives et coûteuses pour les hôpitaux sont, de fait, délaissées.

    Certains médecins, afin de faire survivre leur service, sont amenés à dépasser très largement les limites acceptables de l’éthique — en mettant en place des soins inutiles ou en maintenant artificiellement certains patients en vie pour pouvoir coder ces actes ou débloquer les enveloppes allouées à ce type de soins."

    "Afin de « récupérer des parts de marché » dans l’offre de soin, les hôpitaux se placent en concurrence directe avec les cliniques pour les actes lucratifs (notamment chirurgicaux). La concurrence a parfois même lieu au sein de l’hôpital, où certains services s’arrachent les activités lucratives (...) la T2A désavantage nettement l’hôpital public par rapport aux cliniques puisque le premier gère les pathologies lourdes, assure une activité de recherche et d’enseignement et, en tant que service public, ne peut sélectionner ses patients."

    "Afin d’optimiser au maximum ce codage, de nombreux hôpitaux ont désormais recours à des « cabinets d’optimisation » — comme Altao."

    "Plusieurs témoins, dans des hôpitaux différents et même d’anciens employés de ces entreprises privées, affirment l’existence d’une triche lors du codage visant à déclarer des actes non réalisés ou à aggraver l’état des patients afin d’arnaquer la Sécurité sociale"

    "Il arrive alors que des patients hospitalisés soient gardés un ou deux jours de plus que nécessaire, avant leur transfert dans une autre unité, lorsque le service dispose de lits vides — et ce afin d’augmenter artificiellement son taux d’occupation et d’éviter à terme les fermetures de lits jugés pas assez rentables pour les administrations. (...) Ce système les incite parfois à exagérer la gravité de l’état des patients lorsqu’ils codent le séjour du patient, sous peine de ne pas voir débloquer le financement forfaitaire associé : en deçà d’un certain seuil de gravité du patient (...) celui-ci n’est pas rémunéré. Les médecins sont prisonniers d’un dilemme omniprésent : tricher ou voir leur service ou une partie de leurs lits fermés "

    "Les tentatives de rappel des administrations à l’ordre et de légiférer sur le temps de travail des internes12 se sont souvent soldées par un échec. Pour cause : ces derniers ne dénoncent que très rarement leurs conditions de travail de peur de perdre des opportunités professionnelles (durant leurs études, ils sont mis en compétition pour l’accession aux postes très prisés de chef de clinique-assistant)"

    "Alors que les médecins disposent d’une enveloppe annuelle pour leur formation continue, certains préfèrent se faire financer les congrès hors de prix par les laboratoires pharmaceutiques afin d’épargner ce coût à leur hôpital : cela génère les problèmes d’indépendance que l’on sait"

    "La dégradation de la qualité de vie au travail pour les soignants a rendu l’hôpital public de moins en moins attractif, au profit, bien souvent, des établissements à but lucratif qui pour la plupart appartiennent à des groupes financiers"

    "Avec la loi Touraine, un nouveau cap a été passé. Sous un prétexte totalement fallacieux d’accès aux soins, le tiers-payant a été généralisé : véritable cheval de Troie des mutuelles. Son opacité va pouvoir masquer aux yeux des citoyens une réalité qui ne se fera probablement pas attendre : le déremboursement progressif des soins par l’assurance maladie au profit des assurances privées. Le patient n’ayant plus à avancer le tarif des soins, il ne verra plus quelle part est prise en charge par l’assurance maladie et quelle part est remboursée par sa mutuelle. Le transfert du financement de la santé de la cotisation sociale vers les marchés privés peut commencer en toute discrétion."

    "La loi Touraine impose également la création des groupements hospitaliers de territoire (GHT). La mise en place de ce projet, inspiré par le rapport Larcher de 2008 (remis sous la présidence de Nicolas Sarkozy), a débuté ce mois-ci et doit être abouti en 2021. Cette procédure prévoit la création de pôles d’activité clinique inter-établissements visant à « coordonner l’offre de soins ». Sauf que, dans le contexte de restrictions budgétaires, au nom de « l’optimisation » et de « la mutualisation des moyens »15, il ne faut pas douter que cela donnera lieu à la fermeture de certains services "

    "Quand les hôpitaux seront définitivement précarisés et redevenus des dispensaires, comme avant la construction des CHU financée grâce à la cotisation sociale dans les années 196018, les patients n’auront plus que le choix de se diriger vers les cliniques pour se faire soigner. S’ils en ont les moyens. Car le gel des cotisations, la compression continue de la masse salariale, le chômage et les nombreux cadeaux de l’État aux entreprises en termes de cotisations patronales finiront par mettre à terre l’assurance maladie, au bénéfice des mutuelles qui auront la part belle."

    "Que les médecins ne se fassent plus d’illusions : la sécurité de l’emploi et la liberté d’exercice dont ils disposent en France seront sans tarder balayées quand les mutuelles et les cliniques soumises aux objectifs actionnariaux de rentabilité seront reines. Les patients n’auront probablement plus le choix de leur médecins ; les mutuelles les dirigeront vers ceux avec qui elles auront passé des contrats aux prix qui leur conviendront."

    #Lobbying : les labos pharmaceutiques ne lâchent rien | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/lobbying-labos-pharmaceutiques-ne-lachent-rien/00082521

    L’hôpital, objet de convoitises des labos | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/lhopital-objet-de-convoitises-labos/00082527

    Enième illustration du bouclage de la boucle :

    « Faute de budget public, la formation médicale des praticiens continue en effet à être financée à hauteur de 98 % par l’industrie pharmaceutique, selon l’Igas »

    « Pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un médicament, un laboratoire doit en effet effectuer des essais cliniques, qui sont encadrés par des normes internationales et doivent obligatoirement avoir lieu en CHU. D’où la nécessité pour les industriels de trouver des équipes médicales au sein de ces établissements »

    Comment les labos s’immiscent dans les facs de médecine | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/labos-simmiscent-facs-de-medecine/00082529
    Quand les labos soufflent à l’oreille des pouvoirs publics | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/labos-soufflent-a-loreille-pouvoirs-publics/00082530

    Overdoses sur ordonnance aux États-Unis, par Maxime Robin (Le Monde diplomatique, février 2018) #Multinationales
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/02/ROBIN/58390

    Vaccinations obligatoires, le débat confisqué, par Leïla Shahshahani (Le Monde diplomatique, janvier 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/01/SHAHSHAHANI/58252

    Overdoses sur ordonnance aux États-Unis, par Maxime Robin (Le Monde diplomatique, février 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/02/ROBIN/58390
    #Lobbying

    "à l’origine réservé aux malades du cancer en phase terminale et à la chirurgie lourde. Un marché très limité. Pour l’étendre, le laboratoire lance en 1995 une campagne de lobbying agressive : il entend repenser totalement le rapport à la souffrance du patient. La douleur, quelle que soit son intensité, devient le nouvel ennemi du corps médical. Des études financées par l’entreprise recommandent aux praticiens de la considérer comme un « cinquième signe vital », au même titre que le pouls, la température, la pression artérielle et la respiration."

    L’heure des comptes pour Purdue Pharma, par Maxime Robin (Le Monde diplomatique, février 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/02/ROBIN/58388

    « L’activité philanthropique des Sackler rayonne dans les plus grands musées du monde. Elle a valu à l’un de leurs patriarches, Mortimer Sackler, d’être nommé chevalier par la reine d’Angleterre en 1999. »
    « Le laboratoire dispose de moyens immenses pour assurer sa défense. Jusqu’à présent, il s’est tiré d’affaire en versant de l’argent, dans des règlements à l’amiable qui lui ont permis d’éviter des condamnations pénales »

    La médicalisation de l’expérience humaine, par Gérard Pommier (Le Monde diplomatique, mars 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/03/POMMIER/58465
    #Multinationales #Conflits_d'intérêts #Lobbying #Etats-Unis #Marketing #Santé #Sciences

    "ils savent se montrer plutôt généreux (par exemple en offrant des croisières de « formation » aux jeunes psychiatres)."

    "Le lobbying de « Big Pharma » a gagné aussi les facultés de médecine, où l’on n’enseigne plus que le DSM. Mieux encore, il arrive que les laboratoires dispensent eux-mêmes les enseignements — de multiples conflits d’intérêts ont été dénoncés."

    "Le marketing du DSM est simple : il suffit d’inventer à intervalles réguliers de nouveaux troubles"

    "des associations de parents, dont certaines sont subventionnées par les laboratoires pharmaceutiques (par exemple l’association HyperSupers TDAH France, soutenue par les laboratoires Mensia Technologies, Shire, HAC Pharma et NLS Pharma)."

    "Jerome Kagan, professeur à Havard, déclarait dans un entretien en 2012 que le TDAH n’est pas une pathologie, mais « une invention. Quatre-vingt-dix pour cent des 5,4 millions d’enfants sous Ritaline aux États-Unis n’ont pas un métabolisme anormal (4)  »"

    Traitement de choc pour tuer l’hôpital public, par André Grimaldi, Thomas Papo & Jean-Paul Vernant (Le Monde diplomatique, février 2008)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2008/02/GRIMALDI/15627

    #États_Unis : ces malades qui s’endettent pour se soigner
    https://mobile.francetvinfo.fr/monde/usa/etats-unis-ces-malades-qui-s-endettent-pour-se-soigner_3423709.h

    Les laboratoires pharmaceutiques en accusation, par Paul Scheffer (Le Monde diplomatique, octobre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/10/SCHEFFER/53952

    Promesses et limites du séquençage de l’ADN
    L’eldorado de la médecine sur mesure. par Raúl Guillén 
    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/09/GUILLEN/63456

    Des conflits d’intérêts qui suscitent la défiance.
    Une médecine sous influence.par Philippe Descamps, novembre 2020 #Santé
    https://www.monde-diplomatique.fr/2020/11/DESCAMPS/62393

  • On n’a pas signalé ces deux captations d’interventions d’Aude Vidal sur son livre sur Égologie, dont une très longue par @latelierpaysan ici présent !

    Aude VIDAL - ÉGOLOGIE : écologie, individualisme et course au bonheur
    https://www.youtube.com/watch?v=ouEdpD9w5x0

    L’Atelier paysan s’attaque à l’autonomie technique des paysan-nes en leur proposant une alternative concrète : les former à autoconstruire leur matériel agricole.
    Est-ce suffisant pour enrayer l’industrie de la machine, qui impose de remplacer les paysan- nes par des robots, des drones, des capteurs informatiques ?
    Quelles sont les conséquences de ces « solutions technologiques » pour les communautés paysannes, pour l’environnement, pour le modèle alimentaire ?

    Aude Vidal nous parle ici des « alternatives », dans la suite de son ouvrage Egologie : les
    expérimentations écologistes sont-elles le laboratoire d’innovations sociales plus
    respectueuses de l’être humain et de son milieu ? ou accompagnent-elle un recul sur soi et ce sur quoi il est encore possible d’avoir prise dans un contexte de dépossession démocratique et économique ?

    Une belle manière pour l’Atelier paysan de questionner la limite des alternatives : l’expansion de pratiques alternatives peut-elle provoquer de la transformation sociale ? Les pratiques sociales parviennent-elles à infléchir les rapports sociaux ?
    A l’Atelier paysan, dont l’activité centrale est de proposer des alternatives concrètes et immédiates aux paysannes et paysans, nous pensons que non. Nous avons l’intuition qu’il nous faut dans le même temps tenter d’exercer un rapport de force avec les dominants (pour nous l’industrie de la machine et la techno-science).

    Et une autre plus récente :
    https://www.youtube.com/watch?v=lxqPsK2mkAY

    #Aude_Vidal #écologie #politique #écologie_politique #individualisme #libéralisme #bien-être #développement_personnel

    • Égologie. Écologie, individualisme et course au bonheur

      #Développement_personnel, habitats groupés, jardins partagés... : face au désastre capitaliste, l’écologie se présente comme une réponse globale et positive, un changement de rapport au monde appuyé par des gestes au quotidien. Comme dans la fable du colibri, « chacun fait sa part ».
      Mais en considérant la société comme un agrégat d’individus, et le changement social comme une somme de gestes individuels, cette vision de l’écologie ne succombe-t-elle pas à la logique libérale dominante, signant le triomphe de l’individualisme ?

      http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/egologie.html

      #livre

      #souveraineté_alimentaire #liberté_individuelle #alternatives #Nicolas_Marquis #capitalisme #jardins_partagés #classes_sociales #jardinage #justice_environnementale #dépolitisation #égologie

    • Du bien-être au marché du malaise. La société du développement personnel

      Des ouvrages qui prétendent nous aider dans notre développement personnel, à « être nous-mêmes » ou à « bien communiquer », et des individus qui déclarent que ces lectures ont « changé leur vie » : voilà la source de l’étonnement dont ce livre est le résultat. Comment comprendre ce phénomène ? Comment est-il possible que tant de personnes puissent trouver du sens au monde si particulier du « développement personnel », au point d’en ressentir des effets concrets ?

      Nicolas Marquis prend au sérieux cette expérience de lecture, en cherchant à comprendre ce qui se passe très concrètement entre un lecteur qui veut que quelque chose change dans son existence et un ouvrage qui prétend l’aider en lui parlant de ce qu’il vit personnellement. En procédant à la première enquête sur les lecteurs, il montre en quoi le développement personnel est l’une des institutions les plus frappantes des sociétés individualistes : son succès permet de comprendre les façons dont nous donnons, au quotidien, du sens à notre existence.


      https://www.cairn.info/du-bien-etre-au-marche-du-malaise--9782130628262.htm

    • Le Syndrome du bien-être

      Vous êtes accro à la salle de sport ? Vous ne comptez plus les moutons mais vos calories pour vous endormir ? Vous vous sentez coupable de ne pas être suffisamment heureux, et ce malgré tous vos efforts ? Alors vous souffrez sûrement du #syndrome_du_bien-être. Tel est le diagnostic établi par Carl Cederström et André Spicer.
      Ils montrent dans ce livre comment la recherche du #bien-être_optimal, loin de produire les effets bénéfiques vantés tous azimuts, provoque un sentiment de #mal-être et participe du #repli_sur_soi. Ils analysent de multiples cas symptomatiques, comme ceux des fanatiques de la santé en quête du régime alimentaire idéal, des employés qui débutent leur journée par un footing ou par une séance de fitness, des adeptes du quantified self qui mesurent – gadgets et applis à l’appui – chacun de leurs faits et gestes, y compris les plus intimes... Dans ce monde inquiétant, la bonne santé devient un impératif moral, le désir de transformation de soi remplace la volonté de changement social, la culpabilisation des récalcitrants est un des grands axes des politiques publiques, et la pensée positive empêche tout véritable discours critique d’exister.
      Résolument à contre-courant, ce livre démonte avec une grande lucidité les fondements du culte du corps et de cette quête désespérée du bien-être et de la santé parfaite.

      https://www.lechappee.org/collections/pour-en-finir-avec/le-syndrome-du-bien-etre

      #André_Spicer
      #Carl_Cederström

    • Rigolez, vous êtes exploité

      « Vous êtes éreinté ? Votre activité professionnelle vous plonge dans la #dépression ? Vous songez à mettre fin à vos jours ? Nous avons la solution : ri-go-lez ! » Voilà en substance le message de la direction des #ressources_humaines (DRH) du centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse au personnel de l’établissement. La solution arrive à point nommé, car la situation menaçait de devenir dramatique…

      Un peu comme France Télécom hier ou la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) aujourd’hui, le #CHU toulousain est confronté à une recrudescence de #suicides de salariés. Le rapport d’un cabinet de conseil établi en 2016 est formel : les quatre personnes ayant mis fin à leurs jours en quelques semaines la même année (dont une dans les locaux du CHU) l’ont fait à cause de leurs #conditions_de_travail. L’année suivante, dans un des 26 000 documents internes révélés par la presse (1), une infirmière en gynécologie décrit ainsi son quotidien : « Mise en danger de la vie des patientes, mauvaise prise en charge de la douleur, dégradation de l’image des patientes (patientes laissées plusieurs minutes souillées de vomis) (…) mauvaise prise en charge psychologique (annonce de cancer faite récemment, pas le temps de discuter). (…) Une équipe épuisée physiquement (même pas cinq minutes de pause entre 13 h 30 et 23 heures) et moralement (sentiment de travail mal fait et de mettre en danger la vie des patients). »

      Les choses n’ont guère progressé depuis. En février 2019, un patient meurt d’une crise cardiaque dans le sas des urgences. L’infirmier de garde cette nuit-là, en poste depuis 10 heures du matin, avait la charge de plus de quinze patients. Il n’a pas eu le temps de faire les gestes de premiers secours (2). Début mai 2019, rebelote au service de soins intensifs digestifs, en pleine restructuration, où un problème informatique a mené à la mort d’un patient.

      Depuis 2015, une soixantaine de préavis de grève ont été envoyés à la direction par les syndicats. Au moins quatorze grèves ont eu lieu (cinq rien qu’en 2019), sans compter les quelque vingt mobilisations collectives, la douzaine d’actions d’envergure et les chorégraphies parodiques de soignants vues six millions de fois sur les réseaux sociaux. « À l’hôpital des enfants, le nombre d’arrêts-maladie des quatre premiers mois de 2019 est de 20 % supérieur à celui de la même période en 2018, nous explique Mme Sandra C., vingt ans d’hôpital public à son actif, dont dix-sept à l’hôpital des enfants de Toulouse. Nous avons l’impression d’être traités comme des numéros par une direction dont le seul but est de faire appliquer les réductions de coûts et la baisse du personnel. Nous avons besoin d’au moins six cents embauches dans tout le CHU, et vite. »

      Embaucher ? Impossible !, rétorque la direction, largement convertie au lean management, le « management sans gras », une doctrine d’optimisation du rendement élaborée par les ingénieurs japonais du groupe Toyota après la seconde guerre mondiale et peaufinée ensuite dans les éprouvettes néolibérales du Massachusetts Institute of Technology (MIT). L’objectif ? Faire produire plus avec moins de gens, quitte à pousser les équipes à bout.

      Des conditions de travail déplorables, des contraintes de rentabilité qui interdisent d’améliorer le sort du personnel, des salariés qui préfèrent mettre fin à leurs jours plutôt que d’endurer leur activité professionnelle ? Il fallait réagir. C’est chose faite grâce à une initiative de la DRH : des séances de rigologie, cette « approche globale permettant une harmonie entre le corps, l’esprit et les émotions », comme on peut le lire dans le « Plan d’actions 2018 pour la prévention des risques psychosociaux et la qualité de vie au travail » du pôle hôpital des enfants du CHU de Toulouse.

      Yoga du rire, méditation de pleine conscience, techniques variées de relaxation et de respiration, sophrologie ludique… la rigologie vise à « cultiver les sentiments positifs et sa joie de vivre ». Sur la page d’accueil du site de l’École internationale du rire (« Bonheur, joie de vivre, créativité »), l’internaute tombe sur la photographie d’un groupe de salariés hilares faisant le symbole de la victoire. S’ils sont heureux, suggère l’image, c’est qu’ils ont tous décroché leur diplôme de « rigologue » à la suite d’une formation de sept jours en psychologie positive, yoga du rire et autres techniques de « libération des émotions », facturée 1 400 euros. Un rigologue estampillé École du rire, le leader du marché, se fera rémunérer entre 1 000 et 3 000 euros la journée. Il pourra éventuellement devenir chief happiness officer, ces responsables du service bonheur dont les entreprises du CAC 40 raffolent (3).

      La souffrance au travail est devenue un marché, et le service public apparaît comme un nouveau terrain de jeu du développement personnel. Ainsi des policiers confrontés à une vague de suicides (vingt-huit en 2019), auxquels le directeur général de la police nationale a envoyé, fin mai, une circulaire incitant les encadrants à favoriser « les moments de convivialité et de partage » comme les barbecues, les sorties sportives ou les pique-niques en famille (4). Ainsi des agents de la SNCF, une entreprise qui compte depuis le début de l’année 2019 un suicide de salarié par semaine. La direction lilloise de la société ferroviaire en pleine restructuration a fait appel au cabinet Great Place to Work (« super endroit pour travailler »), qui lui a conseillé de… distribuer des bonbons aux agents en souffrance, de mettre en place des goûters-surprises ou encore des ateliers de maquillage (5).

      « Au départ, nous explique Mme Corinne Cosseron, directrice de l’École internationale du rire et importatrice du concept de rigologie en France, je me suis formée pour plaisanter, comme un gag, au yoga du rire, une technique mise au point par un médecin indien, qui s’est rendu compte que ses patients joyeux guérissaient mieux que les sinistres. Le rire permet de libérer des hormones euphorisantes qui luttent contre la douleur », explique cette ancienne psychanalyste qui évoque les endorphines (« un antidouleur naturel qui agit comme une morphine naturelle »), la sérotonine (« la molécule du bonheur »), la dopamine (celle de la motivation) ou encore l’ocytocine (« l’hormone de l’amour »). « C’est un grand shoot gratuit. Beaucoup de grandes entreprises ont commencé à faire appel à nous (SNCF, Total, Suez, Royal Canin, Danone, etc.), car le rire répare point par point tout ce que les effets du stress détruisent. Non seulement le salarié va aller mieux (il ne va pas se suicider, il n’ira pas voir chez le concurrent), mais, en plus, l’entreprise va gagner en productivité. Donc c’est du gagnant-gagnant. »

      Novateur, le CHU de Toulouse a vu se mettre en place des séances de « libération émotionnelle » et de « lâcher-prise » dans le service des soins palliatifs dès 2017. Dans le cadre de ses propositions d’actions 2018-2019 pour prévenir les risques psychosociaux et pour la qualité de vie au travail, la DRH propose désormais d’élargir son offre à d’autres unités sous tension, comme l’hôpital des enfants, où, au mois de mars dernier, deux grèves ont éclaté pour protester contre le projet de réduction du nombre de lits et d’intensification du travail des soignants.

      On soumet ce projet de lâcher-prise à M. Florent Fabre, 31 ans, infirmier au service des urgences psychiatriques. Sa première réaction est de laisser éclater un long rire, générant probablement un apport non négligeable en bêta-endorphines — ce qui lui permet de dire avec une voix parfaitement détendue : « C’est grotesque et indécent. » Pour ce soignant, qui a participé à la lutte victorieuse des salariés de son service, lesquels ont arraché deux postes supplémentaires d’infirmier à l’issue de deux mois de grève durant le printemps 2019, « le niveau du mépris social affiché par la direction du CHU ainsi que par les cadres régionaux de l’agence régionale de santé est totalement aberrant. Dès lors qu’il s’agit d’entendre qu’il y a un vrai manque de soignants, le dialogue se rompt. La santé des agents hospitaliers est le moindre de leurs soucis ». Contactée, la direction du CHU a refusé de répondre à cet appel à embaucher, qu’elle qualifie de « théories de la CGT [Confédération générale du travail] ». « On assume totalement ce document de proposition de rigologie », nous a précisé le directeur de la communication avant de nous raccrocher au nez. On ne rigole plus.

      « Mais, s’agace Mme Maguy Mettais, la pharmacienne chargée de la prévention des risques psychosociaux, avez-vous déjà testé la rigologie ? Ça serait peut-être intéressant que vous essayiez une séance, non ? C’est génial, vous verrez. » Adeptes du journalisme total, nous acceptons la proposition. « Alors, vous mettez les mains droit devant vous et vous expirez en faisant “chah” ! On le fait ensemble ? C’est parti ! Après on met les bras sur le côté et on fait “chou” ! Et un dernier, les bras levés vers le ciel et on va faire un grand “chiii” sur le temps d’expiration. » Docile, nous nous exécutons, pour la bonne cause. « Au final, ce qui est rigolo, c’est que ça fait chah-chou-chi… Comme si ça faisait “salsifis” [elle éclate de rire]. Voilà, j’avais envie de vous le faire découvrir, ça peut être bien avant d’écrire votre article. »

      https://www.monde-diplomatique.fr/2019/07/BRYGO/60014

      #rire #thérapie_du_rire

      –—

      Pour rappel, les #formations dédiées au personnel de l’#Université_Grenoble_Alpes :
      1. Gestion de #conflits (formation mise sous le thème « #efficacité_professionnelle »)
      2. Mieux vivre ses #émotions dans ses #relations_professionnelles (aussi mise sous le même thème : #efficacité_professionnelle)
      https://seenthis.net/messages/882135

      #QVT #qualité_de_vie_au_travail

    • La démocratie aux champs. Du jardin d’Éden aux jardins partagés, comment l’agriculture cultive les valeurs

      On a l’habitude de penser que la démocratie moderne vient des Lumières, de l’usine, du commerce, de la ville. Opposé au citadin et même au citoyen, le paysan serait au mieux primitif et proche de la nature, au pire arriéré et réactionnaire.
      À l’opposé de cette vision, ce livre examine ce qui, dans les relations entre les cultivateurs et la terre cultivée, favorise l’essor des valeurs démocratiques et la formation de la citoyenneté. Défi le alors sous nos yeux un cortège étonnant d’expériences agricoles, les unes antiques, les autres actuelles ; du jardin d’Éden qu’Adam doit « cultiver » et aussi « garder » à la « petite république » que fut la ferme pour Jefferson ; des chambrées et foyers médiévaux au lopin de terre russe ; du jardin ouvrier au jardin thérapeutique ; des « guérillas vertes » aux jardins partagés australiens.
      Cultiver la terre n’est pas un travail comme un autre. Ce n’est pas suer, souffrir ni arracher, arraisonner. C’est dialoguer, être attentif, prendre une initiative et écouter la réponse, anticiper, sachant qu’on ne peut calculer à coup sûr, et aussi participer, apprendre des autres, coopérer, partager. L’agriculture peut donc, sous certaines conditions, représenter une puissance de changement considérable et un véritable espoir pour l’écologie démocratique.

      https://www.editionsladecouverte.fr/la_democratie_aux_champs-9782359251012démocratiques

    • La #durabilité en pratique(s) : gestion et appropriation des #principes_durabilistes véhiculés par les #écoquartiers

      Dans cette contribution, il est question de la durabilité comme objet, dans sa dimension heuristique, en tant que moyen de compréhension voire d’explication des initiatives individuelles, collectives et politiques ainsi que des dynamiques. Il s’agit tout d’abord de se pencher sur la manière dont la durabilité est mobilisée et signifiée, aussi bien sur l’horizon du pensable qui l’accompagne que sur les « manières de faire » qu’elle véhicule, parmi des acteurs divers, pris dans des jeux d’échelles, d’intérêts et dans des engagements parfois contradictoires. Politiquement, la mise en œuvre de la durabilité se décline dans des contextes, pour des raisons et à des finalités diverses que peuvent être la transformation des comportements individuels, la modification de la législation et des cadres réglementaires nationaux et locaux, la redéfinition des stratégies communautaires, etc. Entre pratiques, éthique, fiscalité individuelle d’un côté et enjeux techniques, politiques et sociétaux de l’autre, ces multiples mobilisations de la durabilité rendent cette notion évasive, voire équivoque. Au-delà d’un recensement et d’une classification de cette multiplicité d’usage et de traduction « en pratiques » de la durabilité, c’est sur la base des multiples tensions qui caractérisent ces manières de voir, comprendre, mobiliser et opérationnaliser la durabilité que nous cherchons à venir éclairer les pratiques leurs implications mais aussi leurs conséquences. Pour ce faire nous nous appuyons sur les 37 entretiens (15 avec les concepteurs, 22 avec les habitants) réalisés lors d’une enquête menée en 2012 et 2013 sur l’écoquartier de Lyon Confluence dans le cadre de la thèse de doctorat de Matthieu Adam. Nous analysons les discours portant sur la durabilité. Ceux-ci ont toujours une portée normative et performative mais peuvent aussi être considérés en tant qu’embrayeur de sens permettant de saisir les modalités de réactions, passives (acceptation) et/ou actives (refus, adaptation, contre-proposition, etc.) face à cette quête de durabilité. En analysant les pratiques, les manières d’être, les attitudes ainsi que les représentations d’une part liées à l’injonction de durabilité et d’autre part à sa mise en pratique, nous mettrons au débat des éléments portant tant sur les décalages entre intentions et actions que sur les moyens utilisés pour tenter de les lever. De plus, en changeant de focale, l’analyse fine des discours permet de tirer des enseignements sur le développement durable en tant que valeur et idéologie dominante du projet urbain mais aussi en tant que modalités pratiques quotidiennes.

      https://books.openedition.org/cse/124

      #Georges-Henry_Laffont #Matthieu_Adam

  • Organizing amidst Covid-19


    Organizing amidst Covid-19: sharing stories of struggles
    Overviews of movement struggles in specific places

    Miguel Martinez
    Mutating mobilisations during the pandemic crisis in Spain (movement report, pp. 15 – 21)

    Laurence Cox
    Forms of social movement in the crisis: a view from Ireland (movement report, pp. 22 – 33)

    Lesley Wood
    We’re not all in this together (movement report, pp. 34 – 38)

    Angela Chukunzira
    Organising under curfew: perspectives from Kenya (movement report, pp. 39 – 42)

    Federico Venturini
    Social movements’ powerlessness at the time of covid-19: a personal account (movement report, pp. 43 – 46)

    Sobhi Mohanty
    From communal violence to lockdown hunger: emergency responses by civil society networks in Delhi, India (movement report, pp. 47 – 52)
    Feminist and LGBTQ+ activism

    Hongwei Bao
    “Anti-domestic violence little vaccine”: a Wuhan-based feminist activist campaign during COVID-19 (movement report, pp. 53 – 63)

    Ayaz Ahmed Siddiqui
    Aurat march, a threat to mainstream tribalism in Pakistan (movement report, pp. 64 – 71)

    Lynn Ng Yu Ling
    What does the COVID-19 pandemic mean for PinkDot Singapore? (movement report, pp. 72 – 81)

    María José Ventura Alfaro
    Feminist solidarity networks have multiplied since the COVID-19 outbreak in Mexico (movement report, pp. 82 – 87)

    Ben Trott
    Queer Berlin and the Covid-19 crisis: a politics of contact and ethics of care (movement report, pp. 88 – 108)
    Reproductive struggles

    Non Una Di Meno Roma
    Life beyond the pandemic (movement report, pp. 109 – 114)
    Labour organising

    Ben Duke
    The effects of the COVID-19 crisis on the gig economy and zero hour contracts (movement report, pp. 115 – 120)

    Louisa Acciari
    Domestic workers’ struggles in times of pandemic crisis (movement report, pp. 121 – 127)

    Arianna Tassinari, Riccardo Emilia Chesta and Lorenzo Cini
    Labour conflicts over health and safety in the Italian Covid19 crisis (movement report, pp. 128 – 138)

    T Sharkawi and N Ali
    Acts of whistleblowing: the case of collective claim making by healthcare workers in Egypt (movement report, pp. 139 – 163)

    Mallige Sirimane and Nisha Thapliyal
    Migrant labourers, Covid19 and working-class struggle in the time of pandemic: a report from Karnataka, India (movement report, pp. 164 – 181)
    Migrant and refugee struggles

    Johanna May Black, Sutapa Chattopadhyay and Riley Chisholm
    Solidarity in times of social distancing: migrants, mutual aid, and COVID-19 (movement report, pp. 182 – 193)

    Anitta Kynsilehto
    Doing migrant solidarity at the time of Covid-19 (movement report, pp. 194 – 198)

    Susan Thieme and Eda Elif Tibet
    New political upheavals and women alliances in solidarity beyond “lock down” in Switzerland at times of a global pandemic (movement report, pp. 199 – 207)

    Chiara Milan
    Refugee solidarity along the Western Balkans route: new challenges and a change of strategy in times of COVID-19 (movement report, pp. 208 – 212)

    Marco Perolini
    Abolish all camps in times of corona: the struggle against shared accommodation for refugees* in Berlin (movement report, pp. 213 – 224)
    Ecological activism

    Clara Thompson
    #FightEveryCrisis: Re-framing the climate movement in times of a pandemic (movement report, pp. 225 – 231)

    Susan Paulson
    Degrowth and feminisms ally to forge care-full paths beyond pandemic (movement report, pp. 232 – 246)

    Peterson Derolus [FR]
    Coronavirus, mouvements sociaux populaires anti-exploitation minier en Haïti (movement report, pp. 247 – 249)

    Silpa Satheesh
    The pandemic does not stop the pollution in River Periyar (movement report, pp. 250 – 257)

    Ashish Kothari
    Corona can’t save the planet, but we can, if we listen to ordinary people (movement report, pp. 258 – 265)
    Food sovereignty organising

    Dagmar Diesner
    Self-governance food system before and during the Covid-crisis on the example of CampiAperti, Bologna (movement report, pp. 266 – 273)

    URGENCI
    Community Supported Agriculture is a safe and resilient alternative to industrial agriculture in the time of Covid-19 (movement report, pp. 274 – 279)

    Jenny Gkougki
    Corona-crisis affects small Greek farmers who counterstrike with a nationwide social media campaign to unite producers and consumers on local level! (movement report, pp. 280 – 283)

    John Foran
    Eco Vista in the quintuple crisis (movement report, pp. 284 – 291)
    Solidarity and mutual aid

    Michael Zeller
    Karlsruhe’s “giving fences”: mobilisation for the needy in times of COVID-19 (movement report, pp. 292 – 303)

    Sergio Ruiz Cayuela
    Organising a solidarity kitchen: reflections from Cooperation Birmingham (movement report, pp. 304 – 309)

    Clinton Nichols
    On lockdown and locked out of the prison classroom: the prospects of post-secondary education for incarcerated persons during pandemic (movement report, pp. 310 – 316)

    Micha Fiedlschuster and Leon Rosa Reichle
    Solidarity forever? Performing mutual aid in Leipzig, Germany (movement report, pp. 317 – 325)
    Artistic and digital resistance

    Kerman Calvo and Ester Bejarano
    Music, solidarities and balconies in Spain (movement report, pp. 326 – 332)

    Neto Holanda and Valesca Lima [PT]
    Movimentos e ações político-culturais do Brasil em tempos de pandemia do Covid-19 (movement report, pp. 333 – 338)

    Margherita Massarenti
    How Covid-19 led to a #Rentstrike and what it can teach us about online organizing (movement report, pp. 339 – 346)

    Dounya
    Knowledge is power: virtual forms of everyday resistance and grassroots broadcasting in Iran (movement report, pp. 347 – 354)
    Imagining a new world

    Donatella della Porta
    How progressive social movements can save democracy in pandemic times (movement report, pp. 355 – 358)

    Jackie Smith
    Responding to coronavirus pandemic: human rights movement-building to transform global capitalism (movement report, pp. 359 – 366)

    Yariv Mohar
    Human rights amid Covid-19: from struggle to orchestration of tradeoffs (movement report, pp. 367 – 370)

    Julien Landry, Ann Marie Smith, Patience Agwenjang, Patricia Blankson Akakpo, Jagat Basnet, Bhumiraj Chapagain, Aklilu Gebremichael, Barbara Maigari and Namadi Saka,
    Social justice snapshots: governance adaptations, innovations and practitioner learning in a time of COVID-19 (movement report, pp. 371 – 382)

    Roger Spear, Gulcin Erdi, Marla A. Parker and Maria Anastasia
    Innovations in citizen response to crises: volunteerism and social mobilization during COVID-19 (movement report, pp. 383 – 391)

    Breno Bringel
    Covid-19 and the new global chaos (movement report, pp. 392 – 399)

    https://www.interfacejournal.net/interface-volume-12-issue-1

    #mouvements_sociaux #résistance #covid-19 #confinement #revue #aide_mutuelle #Espagne #résistance #Irlande #Kenya #impuissance #sentiment_d'impuissance #faim #violence #Delhi #Inde #féminisme #Wuhan #Pakistan #PinkDot #LGBT #Singapour #solidarité_féministe #solidarité #Mexique #care #Berlin #Allemagne #queer #gig_economy #travail #travail_domestique #travailleurs_domestiques #Italie #Egypte #travailleurs_étrangers #Karnataka #distanciation_sociale #migrations #Suisse #route_des_Balkans #Balkans #réfugiés #camps_de_réfugiés #FightEveryCrisis #climat #changement_climatique #décroissance #Haïti #extractivisme #pollution #River_Periyar #Periyar #souveraineté_alimentaire #nourriture #alimentation #CampiAperti #Bologne #agriculture #Grèce #Karlsruhe #Cooperation_Birmingham #UK #Angleterre #Leipzig #musique #Brésil #Rentstrike #Iran #droits_humains #justice_sociale #innovation #innovation_sociale

    ping @isskein @karine4

  • [Les Promesses de l’Aube] Promesses depuis son lit : Journée Internationale des #luttes_paysannes
    http://www.radiopanik.org/emissions/les-promesses-de-l-aube/promesses-depuis-son-lit-journee-internationale-des-luttes-paysannes

    Ce mercredi, malgré le confinement, j’aurai des invités : Astrid de la FUGEA et Sébastien de Rencontre des Continents, membres du RESAP et de Agroecology In Action seront là pour parler de la Journée Internationale des Luttes Paysannes et de l’E-mobilisation qui aura lieu le #17_avril, mais aussi des enjeux actuels auxquels sont confrontés les paysans, la #souveraineté_alimentaire et les mobilisations à venir.

    http://www.luttespaysannes.be

    http://www.agroecologyinaction.be

    Le 17 avril, c’est la Journée Internationale des Luttes Paysannes. Comme chaque année, nous nous mobilisons pour les droits des paysan.ne.s du monde entier.

    𝗖𝗲𝘁𝘁𝗲 𝗮𝗻𝗻𝗲́𝗲, 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗿𝗲𝘀𝘁𝗲𝗿𝗼𝗻𝘀 𝗰𝗵𝗲𝘇 𝗻𝗼𝘂𝘀, 𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗽𝗮𝘀 𝗲𝗻 𝘀𝗶𝗹𝗲𝗻𝗰𝗲 ! D’une part nous voulons 𝗿𝗲𝗺𝗲𝗿𝗰𝗶𝗲𝗿 𝗰𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗰𝗲𝘂𝘅 𝗾𝘂𝗶 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗻𝗼𝘂𝗿𝗿𝗶𝘀𝘀𝗲𝗻𝘁, qui de la fourche à la fourchette (...)

    #mobilisation #mobilisation,luttes_paysannes,souveraineté_alimentaire,17_avril
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/les-promesses-de-l-aube/promesses-depuis-son-lit-journee-internationale-des-luttes-paysannes_087

  • Se nourrir : vieux problèmes, nouveaux défis (1/4) : Éradiquer la faim : mission impossible ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/se-nourrir-vieux-problemes-nouveaux-defis-14-eradiquer-la-faim-mission


    en ce moment...

    Alors que le phénomène de sous-nutrition était en recul jusqu’en 2015, on constate depuis lors une inversion de la courbe. Selon le dernier rapport de la FAO, quelques 821 millions de personnes, soit une sur 9, ne reçoivent pas assez de nourriture.Comment s’explique cette inversion de la tendance ?

    #faim #émeute_de_la_faim #pénurie #spéculation #alimentation #exportation #souveraineté_alimentaire

  • Food Sovereignty

    Food Sovereignty is a term that refers to both a movement and an idea (Wittman et al., 2010) however, as with most political concepts, it is essentially contested. This contested nature stems partly from the conviction of many of its transnational advocates that food sovereignty needs to be defined ‘from the bottom-up’ and as such it evades a precise single definition. While there is merit in such an approach given the diverse political and agro-ecological settings in which food sovereignty has emerged as a rallying cry for change, it also raises the question of whether food sovereignty can be relational without bounds [1].

    Whilst the lack of distinction of the food sovereignty concept continues to form a theoretical problem, which according to some prevents the further development of the debate[2], in practice the issue areas that food sovereignty advocates concern themselves with are very clear. The primary documentation issued by organisations like La Via Campesina and the declarations issued at the two Nyéléni meetings, include calls for the democratisation of the food system and the protection of the rights of small farmers. It also expresses a commitment to address the multiple inequalities reproduced within the current corporate-dominated food system. As such, food sovereignty builds upon a rights-based approach to food, but adds a qualifier to such rights. Human beings do not merely have a right to food, but rather ‘a right to food that is healthy and culturally appropriate, produced through ecologically sound and sustainable methods’, which are defined by people instead of corporations or unaccountable governments [3]. In this manner, food sovereignty represents a radical alternative to the food security paradigm, which holds central the benefits of free food markets and seeks to solve the problem of world hunger through scientific innovation and increased market liberalisation.

    Whilst the precise origins of food sovereignty remain somewhat unclear, Edelman (2014) has put forward a strong case that it was first articulated in Mexico [4]. Additionally, as a result of Latin American peasant farmer organisation La Via Campesina’s use of the term and the fact that some of the movement’s key international meetings were deliberately held in the global South (at Nyéléni in Mali) so as to make a statement, food sovereignty itself is often seen as a ‘southern’ rallying cry. In part this is because it is associated with smallholder farming which is exercised more extensively within the global South. This is not to say that smallholder farmers do not exist within Europe or the United States,[5] or that the aspirations of small holder producers in Latin America, East Asia or elsewhere may not align with the food export-oriented framework that is conventionally understood as driven by ‘northern’ actors [6]. Nor is it to suggest that food sovereignty – where it pertains to democratisation and exercising ownership over a given food system – has no place in American and European societies. The geographic dimensions of food sovereignty, however, do serve to communicate that the negative socio-economic impacts resulting from the proliferation of large-scale industrialised food production elsewhere has been predominantly felt in the global South.

    Reflecting on the structure of the global food economy, it has been suggested that the fundamental interests of geographically differently located actors may be at odds with one another, even if they collectively mobilise behind the banner of food sovereignty [7]. Food sovereignty activists stand accused of taking a ‘big bag fits all’ approach (Patel) and brushing over the contradictions inherent in the movement. As already indicated above, however, whilst the broad geographic delineations may help to explain existing inequalities, the reproduction of binary North-South oppositions is not always conducive to better understanding the mechanisms through which such inequalities are reproduced. For example, factors such as the interaction between local elites and transnational capital or the role of food culture and dietary change are not easily captured through territorial markers such as ‘North’ and ‘South’.

    Essential Reading

    Holt-Gimenez, Eric & Amin, Samir, (2011) Food movements unite!: Strategies to transform our food system (Oakland: Food First Books).

    Alonso-Fradejas, A., Borras Jr, S. M., Holmes, T., Holt-Giménez, E., & Robbins, M. J. (2015). Food sovereignty: convergence and contradictions, conditions and challenges. Third World Quarterly, 36(3), 431-448.

    Patel, Raj. (2009). Food sovereignty. Journal of Peasant Studies, 36:3, 663-706

    Further reading

    Andrée P, Ayres J, Bosia MJ, Mássicotte MJ. (eds.) (2014). Globalization and food sovereignty: global and local change in the new politics of food (Toronto: University of Toronto Press).

    Carolan, Michael. (2014). “Getting to the core of food security and food sovereignty: Relationality with limits?” Dialogues in Human Geography 4, no. 2, pp. 218-220.

    Holt-Giménez, E. (2009). From food crisis to food sovereignty: the challenge of social movements. Monthly Review, 61(3), 142.

    Shiva, Vandana (1997). Biopiracy: The plunder of nature and knowledge (Cambridge: South End Press).

    Wittman, Hannah (ed.) (2011). Food sovereignty: reconnecting food, nature & community (Oxford: Pambazuka Press).

    Zurayk, R. (2016). The Arab Uprisings through an Agrarian Lens. In Kadri. A. (ed). Development Challenges and Solutions after the Arab Spring. Hampshire, England: Palgrave Macmillan. pp. 139-152.

    https://globalsocialtheory.org/concepts/food-sovereignty
    #souveraineté_alimentaire #alimentation #définition

  • UN General Assembly adopts Peasant Rights declaration ! Now focus is on its implementation
    https://www.cetri.be/UN-General-Assembly-adopts-Peasant

    Today, 17 December 2018, the 73 Session of the United Nations General Assembly (UNGA 73) in New York adopted the UN Declaration on the Rights of Peasants and Other People Working in Rural Areas. Now that the declaration is an international legal instrument, La #Via_Campesina (LVC) and its allies will mobilise to support regional and national implementation processes. The final vote of today represents the culmination of a historic process for rural communities. With 121 votes in favour, 8 (...)

    #Southern_Social_Movements_Newswire

    / #Le_Sud_en_mouvement, Via Campesina, #Souveraineté_alimentaire, Agriculture & luttes pour la terre, (...)

    #Agriculture_&_luttes_pour_la_terre #Environnement

  • Democracy not for sale
    The struggle for food sovereignty in the age of austerity in Greece

    19 November 2018
    Report
    Austerity measures led to increased rural poverty and food insecurity in Greece and violated her people’s human right to food. How did this happen and who is responsible?

    This Report examines the impacts of austerity in Greece on the right to food. It concludes that the Greek State and the Eurozone Member States violated the Greek people’s right to food as a result of the austerity measures required by three Memorandums of Understanding (2010, 2012 and 2015). In other words, the austerity packages imposed on Greece contravened international human rights law.

    The share of households with children unable to afford a protein-based meal on a daily basis doubled from 4.7% in 2009 to 8.9% in 2014. EU statistics estimate that 40.5% of children in 2016 faced material and social deprivation.

    Taxes as a proportion of agricultural net value added soared from 4% between 1993 and 2010 to 15.4% in 2016.

    Troika members claim that the sole responsibility for the impacts of the MoUs lies with the Greek State. This argument is false because they, with Greece, were joint signatures of the three MoUs. Therefore, the responsibility for violations of the right to food is a shared one too. Indeed it can be argued that the responsibility of the Eurozone Member States is much bigger, given the evidence of direct interference or even coercion by the Member States of the Troika on Greece to sign the MoUs.

    Eurozone Member States – as States Parties to the International Covenant on Economic, Social, and Cultural Rights and other international human rights instruments – have therefore breached their extraterritorial obligations to respect the human right to food in Greece.

    https://www.tni.org/en/democracy-not-for-sale

    #grèce #austérité #nourriture #UE #EU #souveraineté_alimentaire

  • Cuba’s Urban Farming Revolution: How to Create Self-Sufficient Cities | Thinkpiece | Architectural Review

    https://www.architectural-review.com/essays/cubas-urban-farming-revolution-how-to-create-self-sufficient-cities/8660204.article

    Havanas’s unique agricultural infrastructure emerged from punishing trade sanctions following the fall of the USSR but today provides an exemplary precedent that could be applied worldwide

    When Cuba found itself abruptly cut off from trade with the Soviet bloc in 1989, the country entered into an economic crisis of unprecedented severity. Already sidelined from international trade due to US embargoes, Cuba became, almost overnight, a country detached from the rest of the world. In the years that followed, the tiny island nation struggled to export sugar and citrus fruits for more critical imports: the cereals, corn and meat that had become the staples of the Cuban diet. This was the beginning of Cuba’s food crisis, a period in which residents lost, on average, access to one third of their daily calories, the government instituted a peacetime austerity programme for food rationing, and most Cubans experienced widespread, inescapable hunger.

  • Demain, les Suisse·sses votent pour/contre l’ #initiative appelée "Initiative pour la #souveraineté_alimentaire" .

    Le site de l’initiative :

    En Suisse, 2 à 3 exploitations agricoles ferment leurs portes chaque jour. En 30 ans, le #revenu_paysan a baissé de 30% et plus de 100’000 emplois ont disparu. La #Suisse dépend de plus en plus des #importations en matière d’alimentation, et notre santé se dégrade face à la perte en qualité de notre #nourriture, toujours plus chargée en intrants chimiques. En outre, la nature pâtit d’une exploitation trop agressive des sols. Même les institutions officielles le disent : en 2008, un rapport de 400 experts, mandatés par la Banque Mondiale, se positionne face au modèle agricole productiviste actuel : « business as usual is not anymore possible ». Face à ce constat alarmant, un changement de cap de nos politiques agricole et alimentaire est indispensable.

    L’initiative pour la souveraineté alimentaire soutient une #agriculture qui, dans un espace rural vivant et créateur d’emplois, produit une #alimentation_saine et de proximité permettant des prix, des conditions de travail et des salaires justes ; elle participe par ailleurs à un commerce international équitable et une exploitation durable des ressources.

    Pour une une alimentation saine et de proximité
    Aujourd’hui, quelques grandes entreprises dominent le système alimentaire et mobilisent des terres agricoles, avec pour seul objectif le prix le plus bas, sans tenir compte des aspects sociaux et environnementaux. L’accès aux ressources (terre, eau, semences et biodiversité) est la base d’une agriculture paysanne qui produit une alimentation socialement juste et écologique : naturellement sans OGM !
    Pour une agriculture diversifiée et sans #OGM !
    Le rôle premier de l’agriculture est de nourrir la population avec une alimentation saine tout en préservant les ressources naturelles. La souveraineté alimentaire place les besoins de l’être humain au centre des enjeux alimentaires et agricoles plutôt que de répondre aux seules attentes du marché.
    Pour des #prix, des #salaires et des #conditions_de_travail justes
    Depuis 2000, les prix des produits agricoles ont diminué de 12% pour les paysan·ne·s alors qu’ils ont augmenté de 5% pour les consommateurs·trices. Plus de transparence dans la formation des prix, des marges et dans la gestion des quantités produites, permettra d’obtenir des prix rémunérateurs pour les paysan·ne·s, des conditions de travail justes et harmonisées pour les salarié·e·s agricoles et des prix accessibles à la consommation.

    Pour un commerce international équitable !
    Les changements climatiques, l’augmentation du prix du pétrole, la spéculation sur les aliments et les crises politiques affecteront de manière croissante le marché global. La souveraineté alimentaire contribue à la réduction de la dépendance aux marchés internationaux en valorisant l’agriculture locale, au Nord comme au Sud. Les importations doivent respecter les critères sociaux et environnementaux et les exportations ne doivent pas nuire aux marchés agricoles d’autres régions.
    Pour la santé, la nature et le climat !
    Pour garantir une alimentation diversifiée et un système alimentaire durable, il faut des fermes en nombre et de toutes tailles. Elles doivent fournir une large gamme de produits, selon des modes de production variés. L’équilibre doit être conservé tant dans nos champs que dans nos assiettes. Moins de viande mais plus locale, issue d’animaux bien traités et nourris avec de l’herbe et des fourrages locaux. Moins de transports inutiles et de gaspillage alimentaire et plus de produits frais !

    Pour la création d’#emplois dans un espace rural vivant
    #Paysannerie, artisanat de transformation, commerce et consommation de proximité font vivre l’#espace_rural. Les structures locales de production, de transformation, de stockage et de distribution doivent être encouragées, favorisant un tissu social et économique fort. La traçabilité des produits est ainsi garantie tout en créant des places de travail. Un gage d’avenir pour les jeunes générations !


    https://initiative-souverainete-alimentaire.ch

    Curieuse de voir les résultats des urnes demain...

    • Les Suisses balaient les deux initiatives alimentaires, mais plébiscitent le vélo

      - Les deux initiatives agricoles ont été nettement rejetées dimanche dans les urnes. Selon les résultats définitifs, l’initiative pour des aliments équitables est refusée à 61,30% et l’initiative pour la souveraineté alimentaire à 68,37%.

      – Seuls quatre cantons romands ont accepté ces textes, Neuchâtel, Genève, Vaud et le Jura, alors que Fribourg, le Valais, Berne et toute la Suisse alémanique ont dit non.

      https://www.rts.ch/info/suisse/9861213-les-suisses-balaient-les-deux-initiatives-alimentaires-mais-plebiscitent

    • La peur au ventre

      Le verdict est net et sans appel. Avec respectivement 61% et 68% de non, les deux initiatives pour des aliments équitables et pour la souveraineté alimentaire ont été rejetées par le peuple. En clair : ces textes ont fait le plein de voix dans le camp progressiste, mais ont peiné à dépasser le clivage politique gauche-droite. On continuera à avoir sur nos étals des tomates récoltées en Espagne ou en Italie dans des conditions semi-esclavagistes, qui enrichissent des circuits mafieux, et autre céréales qui sentent le glyphosate.

      On relèvera tout d’abord la présence d’un énorme #Röstigraben. Car quatre cantons romands ont accepté ces textes : Genève, Vaud, Jura et Neuchâtel. A des majorités souvent plus que confortables. Ce qui s’explique sans doute par le fait qu’Uniterre, le syndicat paysan alternatif qui avait lancé le second texte, est présent surtout dans la partie francophone de la Suisse. Le discours d’une agriculture plus durable a pu se frayer un chemin porté par ces milieux qui ont su incarner une alliance entre producteurs et consommateurs. Un résultat d’autant plus remarquable que ce sur ce genre de sujets de société, on était habitué à un vote plus progressiste outre-Sarine. En l’occurrence, en Suisse alémanique, les lobbies agroalimentaires dominants ont pesé, seuls, de tout leur poids.

      Deuxième facteur : un électorat urbain plus marqué en terres romandes. Le fameux clivage villes-campagne a sans doute aussi joué : on voit qu’en ville de Zurich, ce sont près de 47% de oui qui sortent des urnes, et même 52% en ville de Berne.

      On regrettera à cet égard que le Parti socialiste ne se soit guère investi dans la campagne, assurant un service que l’on peut qualifier de minimum et ait laissé aux Verts le soin de défendre leur texte maison. Dommage, cela aurait pu contribuer à infléchir le résultat en contrant la propagande populiste distillée par leur conseiller fédéral Alain Berset qui – sans aller jusqu’à brandir la pénurie de foie gras, comme l’a fait le PLR – a tout de même feint de s’inquiéter pour le panier de la ménagère, arguant que les pauvres n’ont pas les moyens de manger bio, alors que le problème est peut être davantage à chercher du côté des revenus trop bas. Bref, à emboucher les trompettes de la peur dans lesquelles soufflaient à pleins poumons des milieux de l’économie soucieux des bénéfices engrangés par les géants de l’agroalimentaire.

      Mais ce n’est que partie remise. Les formations bourgeoises ont assuré la bouche en cœur que la législation actuelle serait suffisante. Reste que l’article constitutionnel largement adopté l’an passé sur la sécurité alimentaire sera sacrifié plus souvent qu’à son tour sur l’autel du dieu Mo-loch libre-échangiste. L’Union suisse des paysans – déjà échaudée par les frasques de l’inénarrable Johann Schneider-Ammann – n’avait d’ailleurs pas donné de mots d’ordre.

      Rendez-vous est donc pris : la question d’une agriculture durable et moins industrielle reviendra inéluctablement sur le tapis. Le vote de ce week-end a montré que la question du mode de production agricole est une préoccupation centrale des Suisses.

      https://lecourrier.ch/2018/09/23/la-peur-au-ventre