A Istanbul, sur la place de la Division
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le principe de majorité électorale, que Recep Tayyip Erdogan accepte comme seul synonyme possible de la démocratie, se heurte aujourd’hui aux réalités d’une société qu’il n’est plus en mesure de comprendre. Son gouvernement nous rappelle que les pouvoirs payent toujours leur volonté de régner par l’hégémonie au prix fort de crises épistémologiques, les laissant désarmés face aux contestations auxquelles ils donnent eux-mêmes naissance.
La place de la Division, c’est ainsi qu’on peut traduire fidèlement le nom de la place Taksim qui tire son origine du partage des eaux de la ville, avant de signifier la politique de partition qu’Ankara voulait mettre en œuvre à Chypre dans les années 1950. Bien après une brutale invasion turque de 1974 qui a ensanglantée cette île, Taksim devient aujourd’hui le théâtre où se manifestent dans la violence les divisions d’une société, qu’on n’a cessé de vouloir homogénéiser depuis des décennies.