• Quand les présidences tournantes de l’Union européenne sont sponsorisées par des multinationales
    https://multinationales.org/Quand-les-presidences-tournantes-de-l-Union-europeenne-sont-sponsor

    Des réunions entre ministres européens avec des bouteilles de #Coca-Cola bien en évidence. Des sites web officiels où les symboles de l’Union européenne se mélangent avec les logos de #sponsors. Des diplomates baladés en #BMW ou en #Renault devant les caméras. Inconcevable, mais vrai : depuis quelques années, l’habitude s’est installée de faire sponsoriser la présidence tournante de l’Union européenne par des grandes entreprises. La France, qui s’apprête à prendre cette présidence pour 6 mois en janvier 2022, n’a pas exclu d’avoir recours elle aussi à des #mécènes privés. L’Observatoire des multinationales s’associe à une pétition lancée par #Foodwatch et #Corporate_Europe_Observatory pour exiger qu’elle y renonce.

    Le 1er janvier prochain, la France prendra pour six mois la Présidence tournante de l’Union européenne. La dernière présidence française remonte à 2008, et le président Emmanuel Macron ne cache pas sa volonté d’en faire une plateforme en vue de sa réelection, dans le cadre de la campagne électorale du printemps prochain.

    Entre-temps, une étrange pratique s’est installée : les États membres qui assurent tout à tour, tous les six mois, le leadership de l’Union européenne ont pris l’habitude faire sponsoriser leur présidence par des grandes entreprises.

    En 2017, la présidence de l’Estonie était sponsorisée par #Microsoft, #Mercedes et BMW, et celle de Malte par les mêmes BMW et Microsoft, plus la compagnie aérienne nationale #Air_Malta. En 2018, la présidence autrichienne de l’Union était sponsorisée par #Porsche, #Audi, Microsoft et quelques autres. En 2019, la Roumanie a fait appel à Coca-Cola, Renault et Mercedes, et la Finlande à BMW. En 2020, la Croatie a accepté les cadeaux de #Peugeot #Citroën et d’une compagnie pétrolière, INA. En 2021, le Portugal a fait sponsoriser sa présidence par plusieurs entreprises nationales, dont l’entreprise papetière The Navigator Companies. Seule exception : l’Allemagne, qui a renoncé en 2020, sous pression de la société civile, de recourir à ce type de sponsorship pour sa présidence.

    Les présidences de l’Union européenne doivent-elles être réduites au même triste sort que les grands événements sportifs ou culturels dans le monde d’aujourd’hui : celui de support pour les #logos de grandes #multinationales ? Au-delà de la publicité offerte à bon marché à leurs produits pas toujours très vertueux (boissons sucrées, voitures individuelles, pétrole), le #sponsoring privé des présidences de l’UE offre à des entreprises comme Renault ou Coca-Cola un accès privilégié aux décideurs, pour mieux faire passer leurs idées et leurs priorités et imposer leur agenda politique.

    La pratique du sponsoring des présidences est décriée de toutes parts : par la société civile, par la Médiatrice de l’Union européenne, et jusque dans les rangs des députés européens macronistes, qui ont demandé au gouvernement français de ne pas y avoir recours. Pourtant, l’option est clairement à l’étude. Au printemps dernier, le secrétaire d’État aux affaires européennes Clément Beaune déclarait à Mediapart : « Il n’y aura pas de financement privé de la présidence, pas de ’sponsorship’. Le seul débat que l’on ouvre, et qui sera mené de manière transparente, c’est de savoir si, sur des sujets ponctuels, il peut y avoir un soutien matériel. Je prends un exemple très concret : qu’un constructeur automobile français prête des voitures électriques pour un événement, parce que cela rentre par ailleurs dans nos priorités pour le climat. C’est le maximum que l’on s’autoriserait, en termes d’implication du monde de l’entreprise. »

    Cette distinction entre soutien financier et soutien en nature est parfaitement hypocrite : la plupart des sponsors passés des présidences tournantes de l’UE ont eux aussi apporté leur soutien en nature. C’est précisément ce qui les intéresse : pouvoir placer leurs produits.

    Toute forme de sponsoring privé des présidences de l’Union européenne est inacceptable. L’#Observatoire_des_multinationales s’associe à Foodwatch et à l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory pour lancer une pétition en ligne demandant à la France d’être exemplaire et d’envoyer un message fort aux citoyen.nes et aux autres États membres en refusant ces accords douteux, qui n’ont pas leur place dans notre démocratie.

    -> Pour signer la pétition c’est ici : https://www.foodwatch.org/fr/sinformer/nos-campagnes/politique-et-lobbies/lobbies-et-multinationales/presidence-francaise-UE-non-aux-cadeaux-des-entreprises

    #ue #union_européenne #publicité

  • Écologie ou/et économie, la culture et ses sponsors. Des échanges polémiques, parus en août dans la revue Terrestres, qui questionnent le moment qui est le nôtre, ainsi que la place de « la culture » — et de l’amitié — au sein de celui-ci.

    Quelle culture voulons-nous nourrir ? par Isabelle Fremeaux et John Jordan

    https://www.terrestres.org/2020/08/04/quelle-culture-voulons-nous-nourrir

    Lettre ouverte sur l’amitié et appel à déserter le forum Agir Pour Le Vivant, ayant lieu à Arles du lundi 24 août au dimanche 30 août.

    [... Nous vous écrivons en amis, pas en ennemis. Nombre de vos idées et de vos écrits nous ont souvent servi d’ancrage dans les tempêtes qui se déchaînent en cette époque vacillante. Nous avons rencontré certain-e-s d’entre vous, avec qui nous avons partagé notre passion pour la protection du vivant. Plusieurs nous ont rendu visite sur la zad (Zone à défendre) de Notre-Dame-de-Landes, apportant votre soutien à la lutte victorieuse contre un aéroport climaticide. Nous avons croisé d’autres d’entre vous lors de festivals et de forums où nous présentions nos travaux respectifs. Nous partageons la même maison d’édition avec d’autres encore, et nous avons hâte de rencontrer en personne celles et ceux dont les chemins n’ont pas encore croisé les nôtres. Mais malheureusement, cela ne se produira pas en ce mois d’août, dans la chaleur estivale de la ville d’Arles, lors du forum Agir pour le vivant, car nous n’y viendrons pas. Cette lettre ouverte Quelle culture voulons-nous nourrir ? vous invite à vous aussi incarner ce refus, afin qu’il devienne une désertion collective. L’amitié implique toujours des choix et des conséquences et cette lettre ouverte traite de l’art de choisir de bonnes relations.

    2020 nous a propulsé-e-s dans une bataille d’imaginaires aux proportions rarement connues dans l’histoire : La vie ou l’économie d’abord ? Retour à la normale ou non ? C’est une bataille où non seulement les façons dont nous percevons la vie et coexistons avec elle sont plus que jamais en jeu, mais où une grande partie du vivant pourrait être confrontée à une précarité extrême, à des expulsions et à une extinction massive dans les prochaines décennies. Dans toute bataille, il est impératif de choisir ses ami-e-s et l’événement Agir Pour le Vivant nous semble emblématique de ce type de choix. Le programme paraît irrésistible, toutes les bonnes questions sont posées, avec les bons mots et les bons imaginaires. Pourtant, cet événement est soutenu par des alliés profondément problématiques pour quiconque se soucie du vivant : la plupart des « partenaires » (un terme qui se rapporte autant à nos amours qu’à ceux avec qui nous faisons affaire, un terme bien plus chaleureux que « sponsors »…) font partie de la logique délétère qui ne cesse de traiter le vivant comme n’ayant de valeur que si celle-ci peut être calculée comme une marchandise ou un service au sein du marché.

    Cette logique est celle de l’extractivisme5, des enclosures6, de l’externalisation et de l’extra-territorialité. En somme, c’est la logique même du capitalisme, le contraire de la logique des Communs qui, elle, est la forme de vie que nous nous efforçons de développer et que nous partageons probablement avec la plupart d’entre vous.

    Comme nous l’a proposé Donna Haraway, l’une des clés de cette période de déconstruction du système consiste à générer des « parentés dépareillées » ( make kin ). Il faut nous rappeler qu’il ne s’agit pas seulement de reconstruire nos rapports avec les mondes « plus qu’humains », mais aussi de choisir en toute conscience avec qui nous lions des amitiés dans la lutte pour que la vie continue à vivre et prospérer malgré la guerre que lui mène l’économie. [...]

    « Nous sommes plus que jamais confrontés à la sensibilité et à la fragilité de la Terre » claironne l’élégant site web éco-pop d’Agir pour le Vivant, (www.agirpourlevivant.fr), un forum qui « entend présenter des solutions, oser des expérimentations et contribuer à l’écriture de nouveaux récits… » en vue d’ « une nouvelle conscience en faveur de la biodiversité ». L’événement, qui doit durer une semaine, est organisé par Actes Sud, l’une des plus grandes maisons d’édition francophones. Sa directrice, Françoise Nyssen, est devenue célèbre pour avoir été nommée en 2018 Ministre de la Culture par un banquier devenu Président (Emmanuel Macron) et avoir dû démissionner peu de temps après à cause de « l’affaire de la mezzanine ».

    En faisant défiler la page d’accueil du site jusqu’en bas, après la liste d’illustres intellectuel-le-s et artistes, on découvre 26 logos de « partenaires ». Parmi ces logos, il y a ceux d’institutions financées par des fonds publics (Office du tourisme d’Arles, Parcs Naturels Régionaux de France), ceux de media libéraux (Libération, Kombini), ceux d’entreprises semi-publiques (Banques des Territoires ou Compagnie National du Rhône)… Les autres logos sont ceux de multinationales privées telles que BNP Paribas ou du cabinet de gestion financière Mirova. Le logo du forum est une sorte d’hybride inter-espèces arbre-humain, qui court à perdre haleine, pour, nous semble-t-il, fuir cet événement et la toxicité de ses entreprises partenaires.

    La meilleure manière de comprendre ces partenariats n’est pas tant de les voir comme des entités qui soutiennent le forum mais plutôt l’inverse : c’est le forum qui rend crédible leur mensonge selon lequel elles se soucient de toute autre chose que de faire des profits, en détruisant des vies humaines et non-humaines si nécessaire. Il ne s’agit pas d’argent propre ou sale, mais d’une toute autre monnaie d’échange : la confiance et la valeur qu’on lui accorde.

    Quel trouble voulons-nous habiter ? Réponse à Isabelle Fremeaux et John Jordan - Baptiste Morizot, Estelle Zhong Mengual
    https://www.terrestres.org/2020/08/12/quel-trouble-voulons-nous-habiter-reponse-a-isabelle-fremeaux-et-john-jo

    Votre lettre est magnifique, parce qu’animée par les passions politiques les plus généreuses. Vous auriez pu dire : « Monstres, quel monde pérennisez-vous en ne boycottant pas ce festival ! ». Vous dites : « Quelle culture voulons-nous nourrir ? », et bien sûr, on nourrit, on favorise toujours en contre, mais ce n’est déjà plus le même monde qu’on ouvre, ni la même tonalité de relations. On ne retrouve pas non plus dans votre lettre les sophismes par glissement si courants dans les textes bassement polémiques1. Ce qui est convaincant, c’est que ce n’est pas une critique abstraite et vague du « système » qui vouerait tout contact avec de l’argent aux gémonies : dans votre analyse précise, ce n’est pas le fait que BNP Paribas soit une banque qui rend tout ça condamnable, mais le fait documenté qu’elle soit le plus grand investisseur européen dans les énergies fossiles. Ces pratiques sont objectivement contradictoires avec le mot d’ordre du festival. Cela mérite vraiment attention, cette affaire.

    Quelle lettre revigorante, quelle belle discorde qui nous force à penser, dans un événement qui aurait pu être feutré et tristement consensuel ! Pour tout ça, merci.

    L’AMITIÉ

    Néanmoins, nous ne boycotterons pas ce festival. La première raison, d’abord, pour ne pas parer ce message des faux atours de la pure rationalité idéologique : c’est l’amitié. Pour plusieurs d’entre nous, c’est notre éditeur qui organise ce festival, il y joue un rôle central, or c’est lui qui nous permet de produire des effets par l’écriture, et c’est aussi là que nous nous sentons utiles à la cause. Or, chez cet éditeur et sa nébuleuse d’auteurs, nombre d’entre eux sont devenus des amis, et ce sont ces amis qui nous ont invités. Ils nous ont invités à parler avec des amis, qui défendent des projets forts et des idées radicales que nous défendons aussi. Donc, par loyauté tranquille envers cette nébuleuse d’amis, nous refusons de répondre au problème réel que vous pointez (le risque de participer au greenwashing de BNP Paribas) par un boycott symbolique, à notre sens sans effectivité. Le boycott n’est pas la seule réponse possible à ce trouble, voici notre ligne.

    Nous confessons ce faisant la faiblesse de faire passer nos amitiés réelles, de vivant à vivant, avant les gestes abstraits et définitifs contre des ennemis de principe, ce qui fait de nous de piètres Saint-Just, entre autres impuissances.

    Et oui, ce faisant, il faut habiter dans le trouble de cette phrase si juste de votre lettre : « Les amis de nos amis ne sont pas toujours nos amis ».

    LA LIMITE DU BOYCOTT

    Votre lettre ouvre un débat, parce qu’il ne s’agit pas d’une leçon de morale, mais d’une réflexion de stratégie politique. Parlons donc stratégie.

    Cinq questions en marchant à celles et ceux qui ont décidé de rester à Agir pour le vivant , par Isabelle Fremeaux et John Jordan
    https://www.terrestres.org/2020/08/23/cinq-questions-en-marchant-a-celles-et-ceux-qui-ont-decide-de-rester-a-a

    Commençons par la célébration et la joie. La joie que les mots aient mené à l’action comme cela devrait toujours être le cas. Cette action c’est le retrait d’un des sponsors d’ Agir pour le Vivant qui a dû se retirer et a ainsi libéré le forum d’un de ses liens toxiques. Le logo de BNP Paribas a été retiré du site et son argent va apparemment être restitué. “Nous tenons à les remercier ici pour leur engagement en faveur du vivant” dit la page du site du forum couverte de logos. Pour BNP Paribas, cet “engagement pour le vivant” aurait coûté 20 000 euros ( c’est à dire 7,4 % du budget total de 270 000 euros du festival, comme nous l’a appris l’article du journal local l’Arlésienne sur cette controverse2). Pour une entreprise dont les revenus s’élèvent à 44,6 milliards d’euros et les bénéfices à 8,17 milliards en 2019, un tel investissement est une goutte d’eau dans l’océan, mais leur recul est significatif. Ce qui est tout aussi significatif pour nous, c’est que leur personnel ne sera pas présent au forum, ni dans les présentations publiques, ni dans les “ateliers de travail” à huis clos réunissant PDG et stratèges des financeurs, tels que L’empreinte naturelle des entreprises (non accessible au public, même ceux qui auront déboursé 50 euros pour leur pass d’entrée, et non visible sur le site web d’Agir pour le vivant).

    Cette victoire n’est pas isolée. En effet, ces dernières années, nombre d’institutions culturelles se sont libérées de tels financeurs toxiques. Rien qu’au Royaume-Uni, la Tate Gallery et la Royal Shakespeare Company se sont débarrassées du sponsoring de British Petroleum, le Science Museum, le National Theatre et la National Gallery ont mis fin à leur relation avec Shell, le festival de science d’Édimbourg a rompu ses liens avec ExxonMobil et Total. Aux Pays-Bas, le musée d’art néerlandais Mauritshuis, le musée des sciences et de la culture Museon et, le musée Van Gogh d’Amsterdam, n’accepteront plus le financement de Shell.

    Bien sûr, aucune de ces institutions n’a fait tout cela volontairement, elles ont changé de politique et ont lâché leurs amis grâce aux inconfortables lettres qui leur ont été écrites, et surtout parce que des gens ont incarné leurs idées et mis leur corps en jeu, souvent par des protestations et perturbations pleines de créativité et de beauté3. Nombre de ces corps désobéissants étaient des artistes, des intellectuel-le-s et des chercheur-euse-s qui, en entrant en conflit avec ces institutions, mordaient la main qui les nourrit. Mais il-le-s ont décidé que leur capital culturel comptait moins que la perpétuation d’une culture de résistance contre ceux qui, comme l’écrit Donna Haraway, “greenwash les exterminateurs4“.

    L’autre chose qui nous réjouit, c’est que certains participants ont choisi de déserter, dont l’écrivain afro-européen Dénètem Touam Bona et le jardinier Gilles Clément. Nous parlons ici de joie, pas en tant que “satisfaction des choses comme elles sont”, ainsi que le dit Silvia Federici, mais comme “le fait de ressentir la puissance et les capacités grandir en soi et chez celles et ceux qui nous entourent. C’est un ressenti, une passion, qui naît d’un processus de transformation et d’évolution … vous ressentez que vous avez le pouvoir de changer et vous vous sentez changer à travers ce que vous faites, ensemble, avec d’autres gens. Ce n’est pas une façon d’acquiescer à ce qui existe.”5. Pour nous, cette capacité à transformer nos vies et les mondes dans lesquelles elles se déploient est au coeur de la résistance collective et de la construction de formes de culture et de vie qui affirment le vivant.

    Dans leur lettre ouverte Quel trouble voulons-nous habiter ? , une autre des conditions que Baptiste Morizot, Estelle Zhong Mengual et leurs amis (dont Rob Hopkins, Cyril Dion, Nancy Huston et Vinciane Despret) ont posées aux organisateurs du festival afin de ne pas déserter, était que tous les logos des entreprises soient retirés des supports de communication du forum. Nous écrivons cette réponse près d’une semaine plus tard, et non seulement les logos sont toujours présents sur le site, mais ils sont maintenant au nombre de 33, alors qu’il n’y en avait que 26 lorsque la première lettre a été écrite. Ce qui est surprenant et quelque peu absurde, c’est qu’alors qu’une banque est partie, une autre est entrée : le Crédit du Nord, qui est entièrement détenu par la Société Générale, de loin le plus grand bailleur de fonds du gaz de schiste nord-américain (depuis la signature de l’accord de Paris en décembre 2015, plus de 11 milliards d’euros ont été injectés dans cette industrie mortifère. Quelle est la différence entre la Société Générale et BNP Paribas ?

    Nous ne voulons ennuyer personne avec une autre cartographie de sponsors vénéneux. Mais pour changer une chose, il faut connaître la texture de cette chose. Il nous semble que nous devons être à l’écoute et profondément sensibles aux détails spécifiques des situations et des relations particulières dans lesquelles nous sommes impliqué-e-s. Une telle compréhension située nous permet d’avancer en fonction de ce qui est requis à ce moment-là. Pour nous, c’est la clé de l’éthique. Nous ne nous intéressons pas à ces vieilles formes de radicalisme rigide qui tentent de contrôler les choses, mais nous nous efforçons de renforcer nos capacités à rester réactif-ve-s face aux situations changeantes et à ouvrir des espaces communs qui favorisent la transformation mutuelle. L’objectif est de nous sentir plus vivant-e-s ensemble.

    Nous ne ressentons certainement pas de joie lorsque nous voyons que toutes les autres entreprises restent et que les nouveaux logos comprennent Faber et Novel – une entreprise de “talent et technologie” comptant Total parmi ses clients ; la Fondation Yves Rocher, qui expose ses travailleur-euse-s sous payé-e-s aux pesticides et a récemment licencié 132 travailleuses turques parce qu’elles avaient rejoint un syndicat ; et enfin, les grands pollueurs d’espace public et d’imaginaires, la plus grande entreprise de publicité urbaine du monde – JC Decaux.

    BNP Paribas est-il ici l’arbre qui cache la forêt ?

    #Écologie #économie #greenwashing #capitalocène #culture #sponsors

    • ... ces dernières années, nombre d’institutions culturelles se sont libérées de tels financeurs toxiques. Rien qu’au Royaume-Uni, la Tate Gallery et la Royal Shakespeare Company se sont débarrassées du sponsoring de British Petroleum, le Science Museum, le National Theatre et la National Gallery ont mis fin à leur relation avec Shell, le festival de science d’Édimbourg a rompu ses liens avec ExxonMobil et Total. Aux Pays-Bas, le musée d’art néerlandais Mauritshuis, le musée des sciences et de la culture Museon et, le musée Van Gogh d’Amsterdam, n’accepteront plus le financement de Shell.

      Une tentative de forcing du dimanche pour attirer l’attention sur ce débat de qualitay.

      #musées #sponsoring #prise_de_parti

    • La meilleure manière de comprendre ces partenariats n’est pas tant de les voir comme des entités qui soutiennent le forum mais plutôt l’inverse : c’est le forum qui rend crédible leur mensonge selon lequel elles se soucient de toute autre chose que de faire des profits, en détruisant des vies humaines et non-humaines si nécessaire.

  • Retour sur la nucléarisation et la militarisation des Utopiales 2019 | La Volte
    https://lavolte.net/militarisation-utopiales-2019

    Nous nous étions alarmé.e.s à la fin du mois d’octobre au sein des éditions La Volte en découvrant la grille de programmation du festival.

    Motifs : la présence du Ministère des Armées en la personne d’Emmanuel Chiva, Directeur de l’agence d’innovation de défense (invité par le festival), et l’accueil d’un concours d’écriture co-organisé par l’ANDRA et le magazine Usbek et Rica.

    Le Ministère des armées est invité depuis 2017 au festival. C’est aux Utopiales qu’est née et qu’a été testée l’idée de la future “red team”. Calquée sur le modèle US et censée réunir des auteur.e.s de SF pour “préparer les technologies et innovations qui seront nécessaires à nos futurs systèmes d’armement“, la création de cette fameuse équipe a été annoncée cet été à grand bruit dans la presse.

    Les Utopiales comme terrain d’expérimentation et source d’inspiration pour l’armée : c’est un point dont le principal intéressé, Emmanuel Chiva, ne s’est jamais caché, n’hésitant pas à en faire étalage dans divers médias ainsi qu’auprès du Sénat.

    Si le Ministère des armées est invité à recruter sa red team d’auteur.e.s en plein festival, pourquoi ne pas convier également Amnesty International ?

    Si l’on invite l’ANDRA à faire campagne auprès du public des Utopiales, pourquoi ne pas solliciter dans le même temps GreenPeace ou le réseau Sortir du Nucléaire ?

    Mais ce que nous soulignons par-dessus tout, c’est cette tentative de détournement massive de la littérature de science-fiction qui a éclaté au grand jour avec l’article paru sur le site de France Culture le 31 octobre, premier jour des Utopiales.

    Pour reprendre les propos d’Alain Damasio, qui était invité à intervenir à la table ronde “Secret Défense” le vendredi 1er novembre : est-ce là le rôle d’auteur.e.s de science-fiction que de se faire les promoteurs d’un “genre utile”, au service d’un état de guerre permanent, tel que l’a décrit Emmanuel Chiva sur scène ?

    À utiliser la science-fiction dans un but militaire, cet imaginaire de la guerre risque fatalement d’impacter notre vision du monde. La guerre est-elle un horizon souhaitable et désirable ?

    Bon, l’ANDRA ou les Armées ne sont pas « invitées », mais sponsors. Les festivals ne peuvent plus, malgré le succès comme celui des Utopiales, boucler leurs budgets sans l’apport de « partenaires » intéressés (au double sens du terme). C’est aussi ce recul de l’allocation sociale par le biais de l’impôt et des collectivités territoriales qui est en jeu. Quand les 1% captent tout l’argent, ils ont donc plus d’argent à dépenser pour servir leurs propres intérêts, y compris au travers d’activités culturelles ou sociales. L’imaginaire est donc réduit à ne voir l’avenir qu’au prisme des intérêts de ces 1%... très peu imaginatif donc. C’est comme les chercheurs (aussi présents aux Utopiales) qui ne peuvent plus voir l’avenir de leurs travaux qu’au filtre des « appel d’offre » immédiats et formatés en fonction des besoins des subventionneurs. L’imagination scientifique en prend un coup elle aussi.
    Je soutiens pleinement ce texte.

    #Utopiales #Science_fiction #Armée #ANDRA #Sponsoring #Imaginaire

  • De la condescendance

    Emmanuel Macron « bouleversé par la justesse » du film Les Misérables


    Le chef de l’État a récemment pu visionner le long-métrage de Ladj Ly, prix du jury à Cannes et représentant de la France aux Oscars. Selon le JDD, il aurait demandé à son gouvernement d’agir pour « améliorer les conditions de vie en banlieue ».

    J’ai pas lu l’article ni cliqué dessus, ca viens du figaro.

    #banlieues #condescendance #misère #charité #ruissellement #hypocrisie #récupération #sans_vergogne

  • Funding Matters – a statement about the corporate funding of academic conferences
    https://fundingmatters.tech

    As privacy scholars and advocates concerned with human rights, we write to express our dismay with the decision to have Palantir as a platinum sponsor for the Amsterdam Privacy Conference (APC).

    Privacy is one of the central challenges of our time and a pressing topic in today’s discussions on platforms, algorithms and policy making. The APC is a powerful forum for academics and advocates from around the world to move the field of privacy research forward. The conference is an important venue for privacy scholars from many different disciplines. The presence of Palantir as a sponsor of this conference legitimizes the company’s practices and gives it the opportunity to position itself as part of the agenda. This is deeply problematic and extremely regrettable.

    Palantir’s business model is based on a particular form of surveillance capitalism that targets marginalized communities and accelerates the use of discriminatory technologies such as predictive policing, for which the company has already been heavily criticized [1, 2]. Among Palantir’s public clients are police agencies and defense departments from all over the world. In the last year, Palantir has helped the Trump administration to find and deport asylum seekers, undocumented immigrants and refugees, raising serious concerns about wide-scale human rights violations [3]. While the company is largely secretive about its operations, it reportedly collaborated with Cambridge Analytica [4, 5], hedge funds, banks and financial service firms [6].

    Despite criticism over Palantir’s sponsorship since the conference’s 2015 edition, APC’s sponsorship strategy has not changed. This stance has consequences: it contributes to the marginalization and exclusion of scholars that otherwise would have participated and enriched the conversation at these events. Hence, it also impacts APC’s ability to nurture public debate on privacy.

    Palantir has also surfaced as a sponsor at a range of other prominent privacy and technology policy events. Due to similar concerns, some of these conferences have discontinued Palantir sponsorship, an example that we hope to see replicated. Given the political, economic and societal implications of privacy today, the funding strategies of our conferences matter more than ever. However complicated the process may be, it is time to develop sponsorship criteria and guidelines that ensure academic independence and proper consideration of human rights.

    We therefore call for:

    The discontinuation of Palantir’s sponsorship of the Amsterdam Privacy Conference,
    Organizers and participants alike to engage in an action-oriented discussion on corporate funding of academic events,
    The development of rigorous criteria and guidelines for corporate sponsorship, for example, based on Human Rights Impact Assessments.

    #Conflits_intérêts #Résistance #Sponsoring

  • POKEMON GO : Le Pokemon IRL tant attendu ? | GAMEPLAY FR - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=uwvrhOGyaRc

    Bien bien… donc, ça parlait de #pokemon_go à droite à gauche… je savais pas ce que c’était. Cette vidéo le montre et explique le principe. L’idée est assez sympa et permet de découvrir une ville un peu. Ça me rappelle un rien les géocachettes. Ce jeu gratuit dans sa forme de base (mais on peut payer pour aller plus vite) consiste à se rendre sur des points d’intérêts dans sa ville, indiqués sur une carte, et une petite manipulation du téléphone permet de gagner quelques objets du jeu, tel que les balles (qui serviront à tirer sur des pokemons pour les capturer). À des moments et certains endroits apparaissent des pokémons, et là les joueurs se pressent pour essayer de les attraper ; vu que les emplacements sont partagés entre les joueurs, ça peut faire des attroupements inattendus en ville. Il y a aussi des arènes sur certaines places où des joueurs peuvent se défier semble-t-il.

    Parmi les trucs rigolos, on l’aura compris, il faut marcher pour se rendre à des points d’intérêts ; de même on peut capturer des œufs, et il faut marcher pour qu’ils éclosent… un certain nombre de kilomètres. Bref pour le coup, ça semble un jeu qui réellement fait bouger des gens, peut être plus que la WII, et en tout cas c’est pour de vrai… le GPS du téléphone servant de repère.

    Et la crainte d’At0mium dans sa vidéo est déjà vérifié : des entreprises paient pour devenir des points d’intérêts sur le jeu ! notamment des fast-food… faudrait pas déconner trop longtemps à marcher, vous pourriez ne plus devenir malades !

    Par exemple là, il est mention de Macdo :
    http://www.nextinpact.com/news/100651-niantic-veut-implementer-lieux-sponsorises-dans-pokemon-go.htm

    En fouillant dans les sources, on retrouve en effet la mention de « MCDONALDS.POKEMON_STORE ». Une indication qui laisse entendre que Niantic a pu se laisser tenter par l’introduction de lieux sponsorisés, promettant monts et merveilles aux dresseurs de bestioles afin qu’elles s’y rendent pour obtenir divers bonus, ou pourquoi pas des pokémons rares.

    À part ça… l’apparition de pokémons sur l’application fait courir les gens (le premier qui le capture l’obtient je suppose)… et j’imagine déjà des individus oublier les carrefours, les feux, les voitures… ça promet de drôles d’accidents !

    #sponsoring #marchandisation #réalité_augmentée

  • Start in die Brunnensaison
    http://www.berliner-woche.de/steglitz/politik/der-brunnen-auf-dem-hermann-ehlers-platz-soll-ab-12-april-wieder-spru
    https://www.flickr.com/photos/schockwellenreiter/4927126980

    Flickr

    Wasser marsch is nich, nich überall. Die Gründe: Schlecht verhandelt, zahlen tut der Sponsor nicht, wenns teuer wird, und Geld hat auch der reichste Bezirk nicht über.

    Steglitz-Zehlendorf. Die Brunnen im Bezirk werden bald wieder sprudeln. Jedoch nicht alle Anlagen werden in Betrieb genommen.
    ...
    Wie Stadträtin Christa Markl-Vieto mitteilt, ist bei einem Brunnen die Pumpe kaputt. „Ich werde versuchen, in einer Sammelaktion bei den Geschäftsleuten vor Ort das Geld für die Ersatzpumpe zusammenzubekommen“
    ...
    Als Brunnensponsor hat das Bezirksamt sich an die Firma Ströer gebunden. Sie wartet und betreibt die öffentlichen Brunnenanlagen. Steglitz-Zehlendorf muss jedoch die Kosten tragen, wenn Pumpen oder andere größere Anlagen neu beschafft werden müssen. Daher bleiben die genannten Brunnen in Zehlendorf trocken, bis Geld für die neuen Pumpen zusammengekommen ist.

    Wie kommt das wohl, im mächtigsten Land Europas, das mit der stärksten Wirtschaft, ist für öffentliche Aufgaben kein Geld da ?Der Bezirk geht betteln, wenn der Brunnen auf einmal kaputt ist.

    Wir kennen das Gerede, die Bezirke müssen besser wirtschaften. Das Argument, so verlockend plausibel es auch scheint, ist trügerisch. Auch alt und falsch ist der Mythos vom verschwenderischen Berlin. Berlin verpulvert Länderfinanzausgleich und Bundesknete. Quatsch. Das war einmal. Bis 1990 sollte es so sein, der goldene Westen mußte glänzen. Seitdem wird in Berlin nur noch gespart, daß es knallt. Schon mal beim Bürgeramt gewartet?

    Die Brunnen bringens an den Tag: Die reichsten Deutschen können alle öffentlichen Schulden in bar bezahlen, Handkasse reicht. Das tun sie natürlich nicht, aber sich als Brunnenretter pampern lassen, das mögen sie. Das muß genügen. Früher haben sie Steuern gezahlt, heute werden sie einfach reicher. Mir, Ihnen, vielen, uns allen fehlt das Geld, hier und jetzt und dringend. Früher hatten wir es in der Tasche, jetzt die Andern, Wenigen.

    In Zehlendorf fällt das nicht auf, hier stopft ein Verein reicher Leute das Brunnenloch. Kaputte Brunnen vor der eigenen Haustür, nicht schön sowas. Öffentliche Einrichtungen, na klar, in die Oper geht man, Jugendzentrum Fehlanzeige. Hier sieht man nicht, wie Sozialarbeiter mies bezahlt bei „freien Trägern“ unterkommen. Feste Jobs beim Jugendamt sind abgeschafft, und wenn der Immobilienhai das Jugendzentrum kauft, setzt man sie gleich mit auf die Straße.

    In Zehlendorf fällt das kaum auf. Hier hängt die Jugend nicht am Brunnen ab, Ferien macht sie im elterlichen Sommerhaus und bei Workshops in den #USA.

    Wasser marsch, na klar, hübsch muß es sein, auch wenn es nur Fassade ist.

    #Berlin #Bezirke #Lankwitz #Steglitz #Zehlendorf #Mexikoplatz #Hermann-Ehlers-Platz #Leonorenstraße #Finanzen #Sponsoring

  • Oil companies’ sponsorship of the arts ’is cynical PR strategy’

    Oil companies are sponsoring the arts around the world on an “epidemic” scale as a cynical PR strategy to improve their reputation, a new book argues.

    Mel Evans, a campaigner who five years ago was one of two activists to gatecrash Tate Britain’s summer party and pour molasses on the floor of the gallery, has written Artwash, which explores the scale and impact of oil arts sponsorship. It is published on Monday to coincide with the fifth anniversary of the Deepwater Horizon oil spill.

    #pétrole #sponsoring #pr

  • Osman Kavala, un Mécène d’Anatolie
    http://fr.myeurop.info/2013/11/07/osman-kavala-un-m-c-ne-d-anatolie-12532

    Marion Fontenille

    A Istanbul, le #Mécénat culturel a engendré un dynamisme artistique sans précédent. Osman Kavala, fondateur d’Anadolu Kültür, fait partie depuis plus de 10 ans du cercle de ces nouveaux mécènes turcs. Rencontre. (...)

    #Expos #CULTURES #Turquie #aide_à_la_culture #Art_contemporain #culture #financement_culturel #sponsoring

    • L’étude en elle même est intéressante, mais ce que je trouve très parlant c’est en bas de l’article la liste des conflits d’intérêt. TOUTES les personnalités impliquées dans l’allergologie au niveau Européen ont des conflits d’intérêt. Cela démontre bien le fait qu’il n’est aujourd’hui pas possible de faire de la recherche sans fonds privés. Comment allons nous alors faire pour avoir des experts « indépendants » ? N’utiliser que les gens qui ne font pas de recherche ?