• La profession d’enseignant-chercheur aux prises avec le #nouveau_management_public

    Ce texte se propose d’analyser différents impacts de la #néolibéralisation de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) sur le contenu et les #conditions_de_travail des enseignants-chercheurs (EC). L’analyse s’appuie sur les résultats d’une enquête menée entre 2020 et 2022 sur la nature, les causes et les effets des mutations du #travail des EC. Cette recherche visait dans un premier temps à objectiver les évolutions et à saisir les représentations des acteurs à leur sujet. Le second temps entendait analyser les raisons et les vecteurs de ces évolutions. Outre la mobilisation de sources bibliographiques, trois outils ont servi à recueillir des données. Un questionnaire adressé en ligne aux membres des différentes sections du CNU et aux EC en poste dans cinq établissements (aux tailles, localisations et statuts variés), à l’exception de ceux du domaine de la santé [1] a permis de travailler sur 684 réponses complètes reçues. Des entretiens semi-directifs (de 30 à 90 minutes) ont ensuite été menés avec 108 répondants au questionnaire, avec 5 présidents ou vice-présidents d’université (en poste au moment de l’échange) et avec des représentants de 6 syndicats (SNESup, SNESup école émancipée, CFDT, CGT, FO et Sud) [2]. Des résultats provisoires ont enfin été discutés au cours de 7 séminaires réunissant des EC dans le but d’alimenter la réflexion et l’analyse finale. Le livre Enseignants-chercheurs. Un grand corps malade (Bord de l’eau, 2025) rend compte de façon détaillée des résultats de cette recherche.

    On montrera d’abord comment la mise en œuvre des principes du nouveau management public (#NMP) dans l’ESR a entraîné simultanément un alourdissement et un appauvrissement des tâches d’enseignement, de recherche et d’administration incombant aux EC. On abordera ensuite les effets de #surcharge et de #débordements du travail que produisent ces transformations du travail des EC ainsi que les impacts que cela engendre sur leur #moral, leur #engagement et leur #santé.

    Le travail des EC alourdi et appauvri sous l’effet de la #néo-libéralisation et du NMP

    La #néo-managérialisation de l’ESR a démarré dans les années 1990, sans qu’il s’agisse d’une #rupture absolue avec une #université qui aurait jusque-là échappé aux logiques capitalistes dominantes. Parlons plutôt d’une évolution marquée par l’adoption et l’adaptation des principes du néolibéralisme. Promus par la Société du Mont Pèlerin fondée en 1947, puis mis en œuvre à partir des années 1980 (par Thatcher et Reagan), ces principes prônent une réduction des missions et des coûts des services publics s’appuyant sur une gestion comparable à celle des entreprises privées. Il s’agit de rationaliser leur organisation et de réduire leurs budgets, d’instaurer une mise en concurrence interne (entre établissements, départements, équipes et collègues) et externe (avec des organisations privées fournissant des services de même nature), de viser leur rentabilité et de mesurer leur performance. Cela a conduit à favoriser le fonctionnement en mode projet, la diversification des financements en valorisant les #PPP (partenariats public/privé), l’évaluation sur #indicateurs_quantitatifs, les #regroupements… Les objectifs fixés étant l’#efficacité plutôt que l’#équité, l’#efficience plus que l’#utilité_sociale, la #rentabilité avant la qualité de service.

    Ce programme s’applique donc dans l’ESR français à partir des années 1990. En 1998, le #rapport_Attali « Pour un système européen d’enseignement supérieur » répond à une commande de #Claude_Allègre (ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie de 1997 à 2000) qui entend « instiller l’#esprit_d’entreprise dans le système éducatif » (Les Échos, 3 février 1998), une #orientation qui constitue une injonction à visée performative. Dans les établissements, et notamment les #universités_publiques, cette orientation va être conduite par des équipes comptant de plus en plus de technocrates et de managers formés et rompus à l’exercice du NMP qui entendent faire fonctionner une logique inscrite dans la droite ligne du « processus de production, de diffusion et de légitimation des idées néo-managériales en France depuis les années 1970 [3] »

    Le rapport Attali propose un cadre européen inspiré d’orientations de l’OCDE. Lors de la célébration du 800e anniversaire de la Sorbonne, toujours en 1998, les dirigeants français, allemand, britannique et italien lancent un appel pour « un cadre commun de référence visant à améliorer la lisibilité des diplômes, à faciliter la mobilité des étudiants ainsi que leur employabilité ». Dès 1999, 25 autres pays européens signent cet appel et donnent naissance au « #processus_de_Bologne » destiné à créer un Espace européen de l’enseignement supérieur avant 2010. En mars 2000, l’Union européenne rejoint ce projet, qui débouche sur la #stratégie_de_Lisbonne proposant de créer un « #marché_de_la_recherche ». C’est dans ce contexte qu’intervient la #bureaucratisation_néolibérale de l’ESR français qui va transformer la « #gouvernance » de l’ESR, ainsi que le travail et les conditions de travail de ses salariés, dont celles des EC.

    Parallèlement à la dégradation des #taux_d’encadrement (notamment en licence [4], avec des variations entre disciplines et établissements) et aux baisses d’effectifs et de qualification des personnels d’appui, les EC assument des tâches liées à l’enseignement de plus en plus nombreuses, diverses et complexes. Il s’agit notamment d’un travail d’#ingénierie_pédagogique de plus en plus prenant, d’une coordination de plus en plus fréquente d’équipes pédagogiques comprenant des précaires en nombre croissant (dont ils doivent aussi assurer le recrutement et le suivi), de réponses aux injonctions à la « #professionnalisation » (impliquant de faire évoluer les contenus de formation, en réécrivant les maquettes de diplôme en « compétences » [5], en multipliant le nombre de #stages à encadrer et en travaillant sur les #projets_professionnels des étudiants), d’une #complexification de l’#évaluation des étudiants due à la #semestrialisation, à des délais de correction raccourcis, à la « #concurrence » du web et désormais de l’IA et d’une prise en charge d’activités de #marketing et de #communication destinées à vanter, voire à « vendre », les diplômes, les parcours, l’établissement.

    - « On subit une accumulation de #micro-tâches, qui devient chronophage même si c’est souvent des bonnes idées. Par exemple, l’université nous demande de présenter les masters en faisant venir d’anciens étudiants, ce qu’on fait déjà deux fois pour les étudiants de L3 et aux journées portes ouvertes. Ils nous demandent de faire une présentation de plus pour diffuser plus largement sur des plateformes et toucher un public plus large. […] Autre exemple, on nous demande de refaire un point sur les capacités d’accueil de nos masters, et il faut refaire le travail. […] En fait, toute l’année on nous demande des #petits_trucs comme ça. » (PU en sciences de l’éducation et de la formation, en université).

    Une même dynamique opère du côté de la recherche, les activités sont aussi accrues et diversifiées dans un contexte de raréfaction des personnels d’appui, notamment en lien avec la #concurrence aiguisée entre chercheurs, entre labos, entre UFR, entre établissements. Cette évolution c’est aussi la baisse des #budgets_récurrents et la chasse aux #financements, en répondant à des #appels_à_projets émanant de institutions publiques (ANR, ministères, UE) ou d’acteurs privés, la course aux #publications dans les revues classées, en anglais pour certaines disciplines, la multiplication des #évaluations par les établissements, les agences (AÉRES puis #HCÉRES…), les tutelles, le ministère, l’œil rivé sur les classements, notamment celui de Shanghai.

    - « Une partie du temps, on est plus en train de chercher des budgets et de faire du #reporting que de faire la recherche elle-même. Sans compter qu’il faut publier pour être valorisé. Il y a des collègues dont on se demande ce qu’ils publient, parce que leur temps de recherche en fait, c’est du temps d’écriture, mais on ne sait pas sur quoi. » (PU en civilisation américaine en université).
    - « Si on regarde les laboratoires, il y a beaucoup de chercheurs et peu de personnels associés. Nécessairement, les EC doivent faire face à plus de tâches administratives. Et d’autre part, il y a des choses qui ont été formatées, il faut remplir des fichiers, des indicateurs, cela fait beaucoup de tâches administratives à réaliser. » (PU en électronique en IUT).

    À cela s’ajoutent les activités de sélection, de recrutement et de management des étudiants et des doctorants sur des plateformes aux performances discutables (#ParcoursPlus, #Mon_master, Adum), des ATER, des postdocs et des enseignants vacataires et contractuels, ainsi que de titulaires lorsqu’il faut siéger en comité de sélection quand des postes de MCF et PU (Professeur d’Université) sont ouverts. Il faut ici souligner la #surcharge spécifique pesant sur les #femmes, notamment PU, compte tenu des règles de parité (un COS doit compter au moins de 40% de membres de chacun des deux genres) et des inégalités de #genre dans les carrières [ 7].

    Les EC doivent aussi prendre en charge des activités d’information, d’évaluation et de valorisation à destination de divers instances et organismes, dans des délais souvent courts, au moyen d’outils numériques plus ou moins fiables et compatibles. Ces comptes à rendre portent en particulier sur la qualité des cursus, les débouchés professionnels et les taux d’insertion des diplômés, les coûts en heures et en masse salariale des cours, des TD et des TP, les résultats en termes de présence aux examens, de notes, de diplômés, d’abandons en cours de cursus…

    – « Je me sens être très gestionnaire, animatrice, gentille organisatrice une grande partie de mon temps. C’est quelque chose que je n’avais pas du tout anticipé en entrant dans ce métier, parce que je ne pensais pas avoir autant de #charges_administratives. […] Dès la 3è année après mon recrutement, j’étais directrice des études, à faire des emplois du temps, recruter des vacataires, travailler un petit peu le contenu de leurs interventions, mais je devais surtout faire des RH, essayer que ça convienne à chacun, récupérer les papiers qu’on lui demandait pour qu’il soit payé, etc. » (MCF en sociologie en IUT).

    On a ainsi assisté à un double mouvement d’alourdissement er d’appauvrissement du travail des EC sous les effets combinés des injonctions à la professionnalisation (la #loi-LRU de 2007 a ajouté « l’orientation et l’insertion » aux missions de l’ESR) et aux attentes des tutelles en la matière ainsi que des normes budgétaires strictes et des critères « d’#excellence » qui concrétisent l’essor des logiques et des modes de gestion du NMP et la #managérialisation de l’ESR (comparable à ce qu’a connu l’Hôpital,). Il en découle un ressenti fréquent de #perte_de_sens et un #malaise profond.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du #sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. »(MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).
    - « Quand j’ai démarré au début des années 2000, j’avais l’impression d’être en phase avec mon travail et peut-être plusieurs de mes collègues aussi. J’ai l’impression qu’il y avait une sorte de vision collective partagée. Cette vision collective partagée, je la sens moins parce que je sens des #découragements, je sens des #lassitudes. Le partage de la mission de chercheur, c’est plus compliqué et le partage de la vision de la mission d’enseignement pour moi, elle est galvaudée. » (MCF HDR en chimie en université).

    Le #moral et la santé des EC pâtissent des #surcharges et débordements vécus par les EC.

    La détérioration des situations de travail vécue par les EC produit des effets à la fois sur leur état moral, leur #engagement_professionnel et leur état de santé. Les surcharges combinées au sentiment de ne plus pouvoir faire leur travail correctement sont à l’origine de nombreuses #souffrances. Leur travail a été peu à peu alourdi par une accumulation de tâches dont une partie tient à la #procédurisation qui concrétise « la #bureaucratisation_néolibérale ». Cela nourrit un important « #travail_caché », invisibilisé et non rémunéré, qui conduit à la fois à accroître et à hacher l’activité.

    Il en découle des #surcharges_temporelles (extension de la durée du travail professionnel), des #surcharges_mentales (dues à l’accumulation de sujets et de préoccupations) et des #surcharges_cognitives (liées aux changements récurrents de registres d’activité).

    - « L’université française s’écroulerait si nous ne consentions pas à faire un travail parfois considérable gratuitement ou presque. » (PU en langue et civilisation)

    L’#intensification_du_travail qui passe par un accroissement du travail invisible, ou plus justement invisibilisé, des EC, implique des débordements fréquents de leur vie professionnelle sur leur #vie_personnelle (aussi bien du point de vue du temps que de celui des lieux). Ce phénomène a été aggravé par l’usage d’outils (téléphone mobile, micro-ordinateur, tablette) et de dispositifs techniques (mails, réunions et cours à distance, remontées de datas, recherches sur le web) qui favorise le travail en tout lieu et à tout moment, et donc le brouillage des frontières entre travail et hors-travail.

    - « Je pense que tous les collègues font un peu comme moi, le temps d’écriture des articles est pris surtout sur le samedi et le dimanche, donc sur le temps personnel, en fait. Parfois, les conjoints ont du mal à s’y faire, mais moi non, mon conjoint est un chercheur. Globalement, on travaille tous les jours. Sinon, ça ne passe pas. Ou alors, on ne fait que de l’enseignement et on écrit un article par an. » (PU en histoire du droit en université).

    Le débordement temporel et spatial est un fait massif difficile à mesurer pour les EC car ceux-ci, comme tous les enseignants, ont toujours travaillé à la fois sur leur lieu de travail et à leur domicile ou en vacances (pour préparer des cours, corriger des copies et des mémoires, lire et écrire des travaux scientifiques, tenir des RV et réunions à distance).

    La porosité des frontières entre lieux de travail et de vie, entre temps de travail et hors-travail est ambivalente. D’un côté, elle permet aux EC de choisir où et quand ils travaillent, à l’inverse de la plupart des salariés. Cette souplesse d’organisation procure un sentiment de liberté, et une liberté réelle, qui facilite la conciliation entre obligations professionnelles et activités personnelles, domestiques, familiales. Mais, c’est aussi un piège qui met en péril la vie personnelle et familiale en impliquant une absence de limite aux temps et aux espaces consacrés au travail. Ce risque est d’autant plus grand que ce sont souvent les activités de recherche (à la fois les plus appréciées et les plus empêchées au quotidien) qui trouvent place en dehors des lieux et temps de travail. Beaucoup d’EC en viennent alors à accepter, voire à rechercher, ces débordements du travail pour retrouver le plaisir de faire ce qu’ils aiment dans un contexte plus favorable qu’au bureau (environnement calme et agréable) et à l’abri de sollicitations multiples (passages, appels téléphoniques, mails urgents, etc.). Ne peut-on évoquer ici une forme d’#aliénation, voire de « #servitude_volontaire » ? Cela rappelle ce que différentes enquêtes ont montré chez des cadres du secteur privé qui, en travaillant chez eux, y compris le soir, le week-end ou en congé, retrouvent comme ils le disent une « certaine continuité temporelle » et un « cadre spatial favorable à la #concentration ».

    - « Il faut avoir le #temps de faire sa recherche, on est dans une espèce de course à l’échalote permanente. Moi, j’ai eu beaucoup de chance, je ne veux pas cracher dans la soupe, j’ai pu travailler sur ce que je veux, et après à moi de trouver de l’argent. Mais, c’est un métier où ça peut être très dangereux si on ne trouve pas son équilibre. Moi, ça m’a coûté certaines choses au niveau personnel [un divorce !] parce qu’il est arrivé un moment donné où je ne dormais plus la nuit parce que je voyais tout ce que je n’avais pas eu le temps de faire. J’ai eu besoin de faire un travail sur moi pour me ressaisir et me dire que si je n’avais pas fait ça ou ça, ce n’était pas si grave, personne n’est mort à cause de ça, on se détend. J’ai eu de la chance, j’ai refait ma vie avec quelqu’un qui est professeure des écoles donc avec un rythme peu différent ». (MCF en chimie en université).

    Les inégalités de prise en charge des tâches domestiques, familiales et éducatives entre femmes et hommes, auxquelles n’échappent pas les EC, conduisent à exposer de nombreuses EC à des difficultés spécifiques (contribuant aux inégalités de déroulement de carrière à leur détriment), d’autant que la façon d’exercer le métier, de gérer les relations avec les étudiants et de prendre des responsabilités est aussi marquée par des différences de genre.

    – « Cette intensification du temps de travail s’est encore accrue au moment de mon passage PU, avec certains moments de l’année où pour pouvoir conduire mon activité et honorer mes engagements professionnels, je dois sacrifier tous mes week-ends sur une longue période. […] Il me semble que cette intensification tient aussi à une division sexuée du travail présente dans nos composantes : nombre de mes collègues hommes ayant longtemps refusé de prendre des responsabilités, en tous les cas les responsabilités chronophages et peu qualifiantes dans les CV ». (MCF en communication).
    – « Les femmes sont plus touchées que les hommes car elles assument les responsabilités de care pour les étudiants mais aussi pour leurs proches descendants ou ascendants de manière très déséquilibrée par rapport aux hommes. La charge mentale des femmes EC est très lourde. Concilier maternité et ESR (et donc espérer voir évoluer sa carrière) est mission impossible sauf pour celles qui ont un conjoint ou un réseau personnel sur lesquels s’appuyer. L’explosion des publications émanant d’EC masculins pendant la pandémie en est un bon exemple ». (MCF en anglais).

    Ces débordements s’inscrivant dans un contexte de dégradation de la qualité du travail et des conditions de sa réalisation contribuent à nourrir un sentiment d’#insatisfaction. C’est aussi de la #désillusion et diverses #souffrances_morales mais aussi physiques qui découlent de cette combinaison mortifère entre surcharges, débordements et insatisfaction.

    - « Moi, j’ai beaucoup de désillusions sur mon métier. Beaucoup d’#amertume, en fait. […] Quand on est enseignant-chercheur, on démarre, on est à fond, on en veut, etc. On a plein d’envies, on a plein d’ambition, puis on arrive dans la réalité et on prend un gros coup dans la figure et ça t’arrête net. Parce qu’on te colle tout de suite une responsabilité. […] Et tout ça pour un salaire de m… ! […] Moi je trouve que former des gens comme on les forme pour faire ça, c’est du gâchis franchement. » (Vice-présidente d’une université en poste).

    Ce qui mine et fait mal, comme l’évoquent de nombreux EC quand ils décrivent l’évolution de leur métier, c’est en particulier l’impression de devoir travailler toujours plus avec toujours moins de moyens disponibles, et donc pour un résultat dégradé ; ils ont le sentiment d’un « #travail_empêché » (comme le nomme Yves Clot) parce qu’ils se sentent empêchés de faire un travail de qualité comme ils savent et voudraient le faire ; ils ont des doutes sur la réalité de ce qu’ils font par rapport à ce qu’ils attendent de leur travail et ce qu’ils pensent que doit être le #service_public.

    Beaucoup des EC interrogés durant l’enquête se demandent ce qu’est devenu leur travail, quel sens ils peuvent encore lui donner et quel avenir attend l’université (et plus largement l’ESR). Si la plupart acceptent que le cœur de leur métier dépasse largement les seules activités de base d’enseignement et de recherche, ils doutent de plus en plus de pouvoir faire ce métier, auquel ils sont attachés, dans les règles de l’art telles qu’ils les conçoivent, et en particulier avec l’attention requise et les résultats voulus.

    - « Je pense que le métier d’enseignant-chercheur au-delà des 35 heures, ce n’est pas trop quelque chose de nouveau. Un chercheur, je pense qu’il a toujours beaucoup travaillé le soir. Mais peut-être que maintenant, on n’arrive plus à trouver le temps de tout faire ce qu’on nous demande. Et peut-être que ça, c’est nouveau ». (PU en biologie en IUT).
    – « J’ai vraiment du mal à croire qu’on puisse faire les trois choses ensemble. C’est-à-dire à la fois avoir une activité de recherche de haut niveau, avoir un investissement dans l’enseignement qui permet, enfin selon le critère qui est le mien, de renouveler ses cours extrêmement régulièrement pour ne pas se répéter, et en plus avoir des fonctions administratives ». (MCF en histoire en université).

    Cela fait émerger des questions majeures : à quoi et à qui sert aujourd’hui le travail des EC ? Sont-ils en mesure de réaliser des enseignements et des recherches de qualité ? Que devient le service public de l’ESR ? Ces questionnements rejoignent les trois dimensions majeures du sens du travail énoncées : son utilité vis-à-vis de ses destinataires, le respect de leurs valeurs éthiques et professionnelles, et le développement de leurs capacités.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. » (MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).

    Les différentes évolutions que nous venons de décrire peuvent s’interpréter comme les signes d’un risque de #déprofessionnalisation, un processus à la fois lent et peu visible prenant la forme d’une remise en cause ce qui fonde leurs « gestes professionnels » et de leur #identité_professionnelle ». Ce dont on parle ici ne concerne pas seulement tel ou tel individu, mais le groupe professionnel des EC à travers trois aspects.

    Le premier élément est une déqualification liée au fait que les EC sont de plus en plus souvent chargés de tâches ne correspondant ni au contenu, ni au niveau de leurs savoirs et de leurs objectifs. La deuxième dimension concerne la perte d’#autonomie à rebours de la #liberté_académique et de l’autonomie affirmées dans les textes. Le troisième aspect est le sentiment massivement exprimé durant l’enquête de l’#inutilité d’une part croissante du travail réalisé par rapport à ce que les EC voudraient apporter à leurs étudiants, et plus largement à la société qui finance leurs salaires, ce qui touche au cœur de l’identité fondant leur profession.

    La managérialisation de l’ESR alimente ce risque de déprofessionnalisation en enrôlant les EC dans les évolutions de leur travail et de leurs conditions de travail qui leur déplaisent, en les conduisant à faire - et pour ceux qui ont des responsabilités à faire faire à leurs collègues - ce qui les fait souffrir et que, pour partie, ils désapprouvent. C’est sans doute une des réussites du NMP que d’obtenir cette mobilisation subjective, comme la nomme la sociologue Danièle Linhart.

    La question de la déprofessionnalisation des EC mérite sans aucun doute d’être approfondie en termes de causes, de manifestations et d’effets. En l’état actuel de l’analyse, c’est une hypothèse à creuser dans le cadre d’un questionnement sur les impacts - et l’efficience - des modes de gestion impulsés par le nouveau management public et la bureaucratisation néolibérale.

    Si cette enquête ne suffit évidemment pas à établir un diagnostic global sur la santé des EC, elle permet néanmoins de mettre à jour des réalités peu connues et alarmantes. Ainsi, le terme épuisement est souvent revenu : il est employé spontanément par 45 répondants au questionnaire (dont 31 femmes). Il est évoqué 10 fois en réponse à la question : « Rencontrez-vous ou avez-vous rencontré des difficultés pour concilier vos différents activités professionnelles (enseignement, recherche, tâches administratives) ? Si oui, lesquelles ? ». Le stress, lui, est explicitement abordé dans 35 réponses (29 femmes) sans compter celles qui parlent du stress des étudiants et des Biatss. 17 répondants (dont 13 femmes) parlent de burn-out. Dans 7 de ces 17 cas, les répondants témoignent de burn-out subi par eux-mêmes ou par un membre de leur équipe au cours des dernières années. Les autres évoquent le risque ou la peur d’en arriver là. Les deux verbatims suivants illustrent l’importance de cette question.

    – « Il y a 20 ans, les réunions pouvaient durer 1 heure, 1 heure et demie. Aujourd’hui, il n’y a pas une réunion du CHSCT qui dure moins de 3 ou 4 heures. Parce qu’il y a un nombre incroyable de remontées au niveau des enseignants-chercheurs. […] Dans notre département, il y a eu pas moins de trois burn-out cette année, avec des arrêts maladie, des demandes de collègues de se mettre à mi-temps. » (PU, élu CGT).
    – « Je pense qu’il faut faire très, très attention. On est sur un fil raide. Ça peut basculer d’un côté comme de l’autre. Et je pense qu’on doit arrêter un peu le rythme, les gens sont fatigués, épuisés, donc il faut qu’on trouve un moyen de minimiser un peu les appels à projets. C’est sur ça qu’on se bat. Les garder, mais en faire moins. […] Bien sûr qu’on manque de moyens et bien sûr qu’il faut qu’on fasse comprendre à notre fichu pays que l’enseignement supérieur et la recherche, c’est un investissement. Je crois à ça profondément. » (Présidente d’une université en poste au moment de l’entretien).

    Pour conclure

    La profession des EC ressent assez largement un #malaise mettant en cause leur activité, voire leur carrière. Face à cela, la plupart des réponses sont aujourd’hui individuelles, elles passent pour certains par différentes formes de #surengagement (débouchant parfois sur du #stress, des #dépressions ou du #burn-out), pour d’autres (et parfois les mêmes à d’autres moments de leur carrière) à des variantes de désengagement (vis-à-vis de certaines tâches) pouvant aller jusqu’à diverses voies d’Exit (mises en disponibilité, départs en retraite avant l’âge limite, démissions très difficiles à quantifier). Les solutions collectives ont été assez décrédibilisées, notamment après l’échec du mouvement anti-LRU. De nouvelles pistes restent à imaginer et à construire pour ne pas continuer à subir les méfaits de la néo-libéralisation de l’ESR et trouver des alternatives aux dégradations en cours.

    [1] La situation des MCF-PH et des PU-PH à la fois EC à l’université et praticiens en milieu hospitalier étant très particulière.

    [2] Les verbatims présentés dans cette communication sont extraits des réponses au questionnaire ou des entretiens.

    [3] Bezès P. (2012). « État, experts et savoirs néo-managériaux, les producteurs et diffuseur du New Public Management en France depuis les années 1970 », Actes de la recherche en Sciences Sociales, n° 3, p. 18.

    [4] La massification de l’accès au bac s’est traduite par une très forte hausse du nombre d’élèves et étudiants inscrits dans l’ESR. Sur les 4 dernière décennies, ce nombre a plus que doublé en passant d’un peu moins de 1,2 million (à la rentrée 1980) à près de 2,8 millions (à la rentrée 2020). Le nombre d’EC n’a pas suivi !

    [5] Les diplômes universitaires doivent désormais figurer dans le Répertoire national des certifications professionnelles (le RNCP) conçu dans la logique des compétences.

    [6] Bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé de l’enseignement supérieur.

    [7] En dépit des principes d’égalité professionnelle, les femmes sont infériorisées dans l’ESR. Parmi les MCF, seul le domaine droit, science politique, économie et gestion (DSPEG) est à parité avec 51% de femmes et 49% d’hommes. Les femmes sont sur-représentées (58%) en Lettres, Langues et Sciences humaines (LLSH) et sous-représentées (34%) en Sciences et Techniques (ST). Du côté des PU, les femmes sont 29% (contre 45% parmi les MCF) même si ce pourcentage a augmenté ces dernières années. Les femmes sont minoritaires parmi les PU dans les trois domaines, y compris là où elles sont majoritaires parmi les MCF : elles sont 36% en DSPEG, 45% en LLSH et 21% en ST. Et les écarts de statut ne sont pas les seules inégalités de genre entre EC.

    https://blogs.alternatives-economiques.fr/les-economistes-atterres/2025/06/17/crise-de-l-esr-contribution-2-la-profession-d-enseign
    #ESR #enseignement #recherche #new_public_management

  • RSA : le handicap exempte-t-il vraiment des 15h d’activités ?
    https://informations.handicap.fr/a-rsa-le-handicap-exempte-t-il-vraiment-des-15h-d-activites-37

    ...dans les faits, selon l’expérimentation effectuée depuis décembre 2022 dans 18 puis 47 départements français volontaires, il semblerait que ce soit surtout l’état de santé qui pèse dans la balance. En clair, ledit contrat serait adapté « au cas par cas », en fonction des situations et des politiques mises en place par les #conseils_départementaux. Certains estiment qu’une reconnaissance de handicap ne « suffit » pas pour être dispensé d’activités puisqu’une personne peut occuper un #emploi adapté à son #handicap. Sachant que l’on estime à 30 % le nombre d’allocataires du #RSA avec un handicap, notamment psychique, qui ne remplissent pas pour autant toutes les conditions pour obtenir l’Allocation adulte handicapé (#AAH). A contrario, une personne avec un grave problème de santé, mais ne disposant pas d’une reconnaissance de la Maison départementale des personnes handicapées (#MDPH), peut être dans l’incapacité de travailler et donc exemptée des 15 heures d’activités obligatoires.

    Handicap.fr : Comment sont définies les orientations de chaque allocataire ?

    Annie Corne [vice-présidente du Conseil départemental, déléguée à l’insertion et à l’emploi de l’Allier] : Première étape : un « #entretien de #diagnostic », qui consiste en une information collective visant à présenter les droits, les devoirs et les évolutions induites par la #loi_plein_emploi ainsi qu’un temps d’échange individuel afin d’identifier les besoins d’accompagnement adaptés à chacun en fonction des problématiques personnes (sociales, familiales ou de santé).

    À l’issue de cette demi-journée d’évaluation, l’espace « insertion emploi » du conseil départemental décide de l’orientation : #emploi (en capacité de reprendre un emploi rapidement), équilibré (pour ceux qui sont proches de l’emploi mais ont encore quelques problématiques sociales à lever) ou #remobilisation (pour ceux qui nécessitent une prise en charge plus intensive de retour à l’emploi). Un livret de parcours est ensuite remis au bénéficiaire du RSA pour commencer sa mise en mouvement. Cet outil est destiné à rassembler ses documents tout au long de son parcours et à lui permettre de créer un véritable dossier, pas à pas, vers sa remobilisation professionnelle.

    H.fr : En quoi consistent exactement ces « 15 heures d’activités » ?

    AC : Elles sont diverses, adaptées à chaque personne, en fonction de ses problématiques personnelles, et peuvent varier selon les territoires. En effet, il s’agit de déployer ces 15 heures selon un référentiel national au travers de la référence d’accompagnement mais avec une certaine dose de spécificités propre à chaque Département et aux dispositifs déjà en place dans ceux-ci.

    Dans l’Allier par exemple, les allocataires peuvent être amenés à faire du #bénévolat au sein d’associations caritatives, à participer à notre marché [sic]_de remobilisation et savoir-être au travail [idem]_ ou encore au marché santé, mais aussi à réaliser des #jobs_dating, des #stages dans les collectivités volontaires, des ateliers de formation numérique…

    Le référent d’accompagnement, qui les suivra tout au long de leur parcours, évaluera avec eux et les tuteurs éventuels le nombre d’heures hebdomadaires effectuées au regard de leur situation et des besoins identifiés, toujours en fonction des caractéristiques et des possibilités de chacun, au stade où il en est de sa remobilisation. Cela restera souple et personnalisé.

    H.fr : Dans quel cas le président du conseil départemental peut-il décider la suspension du RSA ?

    AC : Le Département de l’#Allier applique strictement le cadre règlementaire existant pour la sanction, à savoir le respect des droits et devoirs et donc la #convocation en #équipe_pluridisciplinaire de tout bénéficiaire du RSA qui serait en situation de non-respect de ses obligations. Cela concerne les #fraudes, bien sûr, mais aussi la non signature du contrat d’engagement avec son référent unique ou référent d’accompagnement ou encore la non réponse et présentation aux convocations, le non-respect de sa recherche d’emploi…

    À noter que, dans le cadre de l’expérimentation pour la mise en œuvre de la loi plein emploi, le décret relatif à la sanction, pour les 15 heures obligatoires notamment, n’est pas encore paru à ce jour.

    Enfin, à noter que nous examinons avec le plus grand soin, les situations de chacune et chacun, notamment celles des personnes en situation de handicap dont les dossiers sont finement étudiés pour leur apporter l’accompagnement personnalisés et l’intérêt qu’ils méritent et les aider au mieux à retrouver, pour ceux qui le peuvent, la joie du partage et la fierté de vivre de son travail.

    #travail #livret_de_parcours

  • Une nouvelle application pour Framaspace : #ownershiptransfer
    https://framablog.org/2024/09/10/une-nouvelle-application-pour-framaspace-ownershiptransfer

    Encore des nouveautés sur Framaspace ? Et oui ! En ce moment, on gâte les utilisateur⋅ices de ce service, avec l’intégration de pas mal de fonctionnalités comme les applications Forms et Tables, mais aussi l’app « Intros » qu’a développée Val, notre #stagiaire estival … Lire la suite­­

    #Dégooglisons_Internet_2014-2017_ #Frama.space #Framasoft #Outils_émancipateurs #Developpement #framaspa #intros #Nextcloud #OT #Stage #stages

  • A new application for #framaspace : #ownershiptransfer
    https://framablog.org/2024/09/10/a-new-application-for-framaspace-ownershiptransfer

    Still more features on Framaspace ? Yes ! At the moment, we’re spoiling the users of this service, with the integration of quite a few features like the Forms and Tables applications, but also the ‘Intros’ app developed by Val, our summer … Lire la suite­­

    #Dégooglisons_Internet_2014-2017_ #Frama.space #Framasoft #Outils_émancipateurs #Developpement #English #intros #Nextcloud #OT #Stage #stages #stagiaire

  • Le stage hors études, un système bien rodé qui fragilise l’insertion professionnelle des jeunes diplômés
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/07/18/le-stage-hors-etudes-un-systeme-bien-rode-qui-fragilise-l-insertion-professi

    Lorsque s’affiche sur LinkedIn une offre de stage lui proposant de travailler « au service com » d’un club de sport professionnel, Hugo (le prénom a été modifié), 21 ans, saute de joie. Sans activité depuis la fin de sa licence de journalisme et communication, trois mois plus tôt, il postule et obtient le stage dans la foulée. « La RH m’a demandé de lui envoyer la convention de stage au plus vite, je devais commencer le lundi suivant », retrace-t-il. La panique le gagne. En France, les stages en entreprise de six mois sont interdits aux étudiants hors cursus pédagogique.

    Après quelques recherches en ligne, Hugo découvre un véritable « marché » de la convention de stage. Des dizaines d’annonces promettent, contre quelques centaines d’euros, de fournir un document « conforme à la loi » en moins de 24 heures. Il en appelle plusieurs, puis s’inscrit à Fac for Pro Education, une formation qui dispense des cours en présentiel et en ligne. Coût de l’opération : 550 euros. Le lendemain, le stage est validé sans problème. Hugo n’a eu besoin de suivre aucun cours.
    La stratégie de Fac for Pro Education joue avec les largesses de la loi française encadrant les stages. Pour fournir légalement des conventions conformes, les écoles doivent proposer 200 heures de cours au minimum sur une année, dont 50 heures dispensées en présence des étudiants. Un strict minimum que propose la formation, avec une particularité : l’étudiant peut débuter son stage immédiatement après l’inscription dans l’école, sans effectuer le moindre cours au préalable.

    je l’ai trouvé avec
    « On se dit que ça payera forcément plus tard » : quand l’espoir fait travailler les jeunes presque gratuitement

    Stages, bénévolat, projets non rémunérés, service national universel, service civique... les jeunes hommes et femmes qui acceptent cette logique de « travail de l’espoir », selon l’expression des sociologues, en espèrent un retour sur investissement.

    https://justpaste.it/fv2oo

    ces chômeurs doivent devenir de bons candidats à l’emploi. une manne.

    #travail #travail_de_l’espoir #travail_payant #formation #stages #étudiants #CV #chômeurs #précarité #emploi

    • Depuis septembre 2023, Mathieu a cherché dans le journalisme, dans la culture – pour des festivals, des institutions… En vain. Alors ce job d’étudiant dans un musée, payé au #smic_horaire – il espère effectuer vingt heures par semaine, soit de 800 à 900 euros de revenus par mois –, c’est mieux que rien. « Aujourd’hui, il y a une sacralisation des études longues, mais comme beaucoup de monde en fait, on se retrouve bloqués au moment de chercher du boulot et ensuite déclassés en matière de #salaire », déplore le jeune homme. Si ses parents, exploitant viticole et agente d’entretien dans un hôpital, étaient « très contents et fiers » de sa réussite en master, ils ne s’attendaient pas non plus à ce que la recherche d’emploi de leur fils soit si difficile.

      [...]

      Les enquêtes « Génération » du Céreq offrent, sur ce point, de précieuses grilles d’observation. Depuis 1998, le centre interroge, à intervalles réguliers, un large échantillon de jeunes adultes trois ans après leur sortie du système éducatif, la dernière enquête datant de 2020 (jeunes sortis du système scolaire en 2017). Sur le long terme, Philippe Lemistre confirme au Monde observer une augmentation du taux de chômage et une baisse du taux de cadres parmi les diplômés de #master. Pour la génération 1998, le taux de #cadres parmi l’ensemble des diplômés de master était de 56 %, il est de 49 % pour celle de 2017. Le taux de #chômage des bac + 5 était de 5 % en 1998 contre 9 % pour la génération 2017.

      « Vision idéalisée de la recherche »

      Les enquêtes font aussi apparaître une hiérarchie très nette entre filières. Dans la génération 2017, le taux de chômage est de 6 % pour les diplômés d’écoles d’ingénieurs, 9 % pour ceux d’écoles de commerce, 10 % pour ceux de master de lettres, sciences humaines et sociales (LSHS). Les différences s’agissant du taux de #déclassement, qui concerne les diplômés n’occupant pas un emploi de cadre trois ans après la fin de leurs études, sont encore plus spectaculaires : ce taux est de 41 % pour les masters LSHS, 28 % pour les masters en sciences et techniques, 26 % pour les écoles de commerce et 9 % pour les écoles d’ingénieurs.

      Ces difficultés contribuent à l’inadéquation fréquemment observée entre les #études réalisées par les jeunes et les #emplois qu’ils occupent. De tous les diplômés de master, moins de la moitié va travailler dans son domaine de spécialité, relève Philippe Lemistre. Charles (qui a souhaité garder l’anonymat), 29 ans, a été poussé par sa mère à suivre de longues études, la garantie à ses yeux de trouver un bon boulot. Après une tentative infructueuse en fac de médecine, puis une licence en biomédical, il a passé un master en neurosciences cognitives à Bordeaux, avant de s’inscrire en doctorat au Centre de recherches interdisciplinaires de Paris (l’actuel Learning Planet Institute). Puis d’abandonner après quelques mois.

      « J’avais une vision idéalisée de la recherche, qui est en réalité un secteur très compétitif, mal payé et offrant peu de débouchés. Je dirais que 80 % du temps d’un chercheur est consacré à faire des demandes de subventions pour financer son travail », fait valoir Charles. Aujourd’hui, le jeune homme est chef de projet dans le social et s’il n’a pas « galéré », comme il le dit, à trouver un boulot, c’est aussi grâce à un cadre familial très aidant et un bon réseau amical. Malgré tout, « les études ouvrent des portes et un bac + 5 donne une légitimité quand on postule à des postes de cadre », reconnaît-il.

      Si la massification de l’accès à l’enseignement supérieur s’est traduite par un accès plus important des enfants des classes populaires aux diplômes de bac + 5, elle a aussi encouragé « des logiques de plus en plus discriminantes en termes d’origine sociale et de genre », ce que Philippe Lemistre appelle « la démocratisation ségrégative ». Dans la mesure où le nombre d’années d’études après le bac n’est plus un critère absolu de distinction, il faut, pour les enfants des classes sociales supérieures, trouver d’autres façons de sortir du lot. Cela passe par les choix de filières, de spécialités, d’écoles, d’expériences à l’étranger, etc.

      edit => double cursus en master pour ’"faire la différence"

      https://justpaste.it/g1uy6

      #études #université #étudiants #stages #césure #démocratisation_ségrégative #précaires #prolétarisation

    • Encore la même rengaine imbécile que depuis le début de la massification de l’université sur les formations universitaires qui ne débouchent pas sur des emplois de la discipline étudiée. Cette vision étroitement professionnelle ne pige rien aux exigences de polyvalence et de d’adaptabilité du marché du travail (savoir se former dans des champs renouvelés, quitte à ce que ce soit « sur le tas », ou fil des #parcours, dirait-on plutôt aujourd’hui).

      Le mauvais côté, c’est que la surqualification par rapport aux emplois réellement exercés menace l’ordre social.

      #formation #polyvalence #sélectivité

  • « l’ordre, l’ordre, l’ordre », E.M, 24 juillet 2023

    Nord : le gouvernement annonce le déploiement d’une #force_d'action_républicaine à Maubeuge
    https://www.bfmtv.com/grand-lille/nord-le-gouvernement-annonce-le-deploiement-d-une-force-d-action-republicaine

    Policiers, officiers de police judiciaire, fonctionnaires des finances, personnels éducatifs ou encore travailleurs sociaux aideront à la sécurisation des quartiers à Maubeuge.
    Le gouvernement a dévoilé ce jeudi 26 octobre son plan d’action en réponse aux émeutes qui ont eu lieu dans toute la France après la mort de Nahel, en juin et juillet dernier.

    Élisabeth Borne a annoncé devant un parterre d’élus des villes les plus touchées le déploiement de plusieurs forces d’action républicaines sur le territoire. Un groupe arrivera notamment bientôt à Maubeuge.

    Ce qu’il faut retenir des mesures annoncées par Elisabeth Borne à la suite des émeutes urbaines de cet été, selon Le Monde
    https://www.lemonde.fr/societe/live/2023/10/26/en-direct-elisabeth-borne-devoile-le-plan-du-gouvernement-pour-repondre-aux-

    Comme « réponse pénale exemplaire et refus total de l’impunité » attendue par les élus locaux, Elisabeth Borne annonce soumettre au vote des parlementaires, sans donner la date, la possibilité de placer « des jeunes délinquants, de manière obligatoire, dans des unités éducatives de la protection judiciaire de la jeunesse » jusqu’à « envisager un encadrement de jeunes délinquants par des #militaires ».

    La responsabilité parentale a aussi été évoquée par la cheffe du gouvernement. Toujours dans un projet de loi, l’exécutif souhaite sanctionner de « stages de responsabilité parentale ou [de] peines de travaux d’intérêt général (…) des parents qui se soustraient à leurs devoirs éducatifs ». Aussi, le gouvernement a annoncé créer une contribution financière citoyenne et familiale que les mineurs et leurs parents devront payer à des associations de victimes et qu’en cas de dégradation Elisabeth Borne veut « s’assurer » que les parents paient les dommages causés.

    Le gouvernement veut donner la possibilité aux polices municipales d’accomplir certains actes de police judiciaire. _[ à tout seigneur tout honneur, commençons par Mantes-la-Ville, Hayange, Hénin-Beaumont, Perpignan, Fréjus, Bruay-la-Buissière, Orange, Cogolin, ...]

    Quant aux réseaux sociaux, dont la première ministre a estimé qu’ils ont joué un « rôlé-clé (…) pour encourager les violences et créer l’escalade », une suspension d’un compte de six mois sera mise en place.

    #jeunes #parents #villes #sécurité #police #police_municipale #PJJ #enfermement #discipline #bannissement_numérique #stages_de_responsabilité_parentale #TIG_parentaux

  • #bifurquer avec le #Collège_européen de #Cluny
    https://framablog.org/2023/09/07/bifurquer-avec-le-college-europeen-de-cluny

    Changer de voie professionnelle pour être plus en phase avec ses valeurs, ça se prépare : le #master of Advanced Studies « Innovation territoriale », organisé conjointement par le Collège européen de Cluny et la prestigieuse Université de #Bologne, recrute sa promo 2023-2024 … Lire la suite­­

    #Dans_notre_archipel #Éducation #Enjeux_du_numérique #Interviews #abbaye #diplôme #formation #modules #post-master #stages #univesité #UPLOAD

  • Des #lycées_professionnels pour le patronat

    Les entreprises n’ont « pas besoin [qu’un jeune] aille faire trois ou quatre ans » d’enseignement supérieur.

    (Macron)

    Pour porter ce rapprochement avec le patronat, les professeurs se verront proposer un « pacte » qui leur permettra d’être payés plus pour des missions nouvelles. Les enseignants volontaires deviendront l’interface entre les lycées, le capital et les partenaires du service public de l’emploi.

    Au programme : des remplacements de courte durée, la coordination de la réflexion sur l’évolution de la carte des formations dans chaque établissement, l’accompagnement des élèves vers l’emploi ou l’enseignement supérieur.

    Plusieurs syndicats n’y voient que « du mépris » et réclament mollement la reconnaissance des missions déjà effectuées.

    Chaque professeur collaborateur pourra avoir 7.500 euros brut annuels supplémentaires. Emmanuel Macron, a annoncé 1 milliard d’euros par an pour cette réforme adaptée au plus près des besoins du patronat. Soit 4 milliards au total pour l’éducation avec les annonces récentes sur les salaires enseignants, souligne-t-on dans l’entourage du ministre de l’Education, Pap Ndiaye.

    A partir de septembre, l’Etat offrira au capital des stagiaires, à raison de 50 euros par semaine (en classe de seconde et en première année de CAP), 75 euros (en classe de première et en deuxième année de CAP) ou 100 euros (en terminale).

    Cela « favorisera leur estime de soi », salue en pouffant le #Snetaa-FO, premier syndicat de l’enseignement professionnel, tandis que le Snuep-#FSU, dans un spasme, regrette qu’on « valorise le temps passé hors école ».

    Le patronat salue une meilleure adéquation à leurs besoins d’exploitation.

    (d’après Les Échos)

    #réforme_des_lycées_professionnels

  • Enquête sur l’écofascisme : comment l’extrême droite veut récupérer l’écologie
    https://reporterre.net/Enquete-sur-l-ecofascisme-comment-l-extreme-droite-veut-recuperer-l-ecol

    En 2016, un des pontes du survivalisme, Piero San Giorgio, déclarait que la véritable nature des Européens, « c’est d’être un Waffen SS, un lansquenet, un conquistador... ». Il ajoutait qu’« on fait en sorte que des gens qui n’auraient pas dû exister existent... on sauve les malades, les handicapés... c’est très bien, ça donne bonne conscience, mais c’est pas comme ça qu’on construit une civilisation, c’est comme ça qu’on la détruit ».

    Son livre Survivre à l’effondrement économique s’est très largement vendu et a été traduit en dix langues. Dans ses ouvrages, il théorise le concept de « base autonome durable » (BAD) comme moyen de survie. Selon lui, il faut acquérir des propriétés dans des zones rurales afin d’y établir des bases retranchées autosuffisantes tant au niveau alimentaire qu’énergétique, avec de quoi tenir une période difficile, pour participer à une guerre civile qu’il juge inéluctable.

    Piero San Giorgio organise avec le fasciste Alain Soral et son association Égalité et Réconciliation des stages de survie dans le sud de la France près de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Il a aussi assuré la promotion d’articles de survivalisme sur le site de commerce en ligne Prenons le maquis d’Alain Soral, dont il a été partenaire et actionnaire. Une affaire florissante. Alain Soral lui-même s’est installé à la campagne. Il a acheté à Ternant, dans la Nièvre, une ferme au lieu-dit La Souche. À l’extrême droite, plusieurs militants ont fait le choix d’un retour à la terre ou, du moins, d’une vie loin des métropoles. Ce repli à la campagne est vu comme une première étape, avant de repartir à la reconquête du territoire.

    #écofascisme

    • il me semble indispensable de rappeler que Reporterre contribue à sa façon au brouillage et à la confusion, en distillant depuis sa création des thèses conspis.

      je relève ici, sans confiance exagérée dans cette source
      http://forum.anarchiste.free.fr/viewtopic.php?f=12&t=9487

      - Le micro-parti fascisant La Dissidence et son leader Vincent Vauclin : reporterre.net/spip.php ?article2201
      – Etienne Chouard, à deux reprises (dont une des toutes premières interviews du site) : reporterre.net/spip.php ?article15 reporterre.net/spip.php ?article1651
      – ReOpen911 : reporterre.net/spip.php ?page=recherche&recherche=reopen
      – Michel Collon et ses amis : reporterre.net/spip.php ?page=recherche&recherche=collon
      – Le site rouge-brun Le Grand Soir, encore très récemment : reporterre.net/spip.php ?page=recherche&recherche=legrandsoir
      – Le complotiste Thierry Meyssan, qu’on ne présente plus : reporterre.net/spip.php ?article130
      – Une large collection d’indinaiseries : reporterre.net/spip.php ?page=recherche&recherche=indign%C3%A9s
      – Des leçons de morale productiviste de François Ruffin, tenancier de Fakir et qui promeut dans son journal la revue rouge-brune Bastille-République-Nations ou dans le dernier film de Pierre Carles les thèses de Jacques Cheminade ou de Nicolas Dupont-Aignan : reporterre.net/spip.php ?article2836
      – Des « analyses » complotistes sur le virus H1N1, la pire étant sans doute celle fournie par le climato-sceptique (sur un site écolo, bravo...) américain Frederick William Engdahl, collaborateur de Russia Today mais aussi de la revue d’extrême droite italienne Eurasia, analyse que Reporterre a été copier sur le site Oulala.net de René Balme et sur Mondialisation.ca de Michel Chossudowsky : reporterre.net/spip.php ?article549
      – Une promotion du numéro d’octobre 2012 de la revue pourtant d’ordinaire plus regardante Silence !, dans lequel on trouve une interview du compagnon de route des négationnistes Jean Bricmont, qui se voit donc par ricochet promu sur Reporterre : reporterre.net/spip.php ?article3282
      – etc.

      d’autre part un site ReOpen911 écrit

      Hervé Kempf a donné la parole à des membres de l’association sur Reporterre, « le quotidien de l’écologie »

      Reporterre semble avoir supprimé des pages. par exemple si je cherche « 911 », j’obtiens au mieux un honorable « Notre Dame des Landes : le mystère des 911 millions ». peut-être est-ce un retour à davantage de logique ? cela aurait pu faire l’objet dune article. je ne cherche pas davantage. cela relève sous cette forme d’une suspicion dont je n’apporte pas des preuves, sorry.

      mais il y a ce témoignage de Cabrioles que j’estime digne de confiance
      https://twitter.com/CabriolesDouze/status/1437096521670045696

      On demande, parcequ’à la Fête du Vent, Célia Izoard [de Reporterre] nous a parlé positivement des désinformateurs patentés Christian Vélot et Laurent Mucchieli, tout en nous soufflant qu’on ne pouvait plus parler de tout

      ça pue. Kempf a le droit d’apprendre, si ce n’est que ça. qu’ils balayent et aèrent chez eux, ce serait écolo.

      lire les MMS ne se fait pas sans préventions diverses, sinon, ce serait ballot. je pense qu’il faut qu’il en soit de même avec Reporterre, dans un registre tout à fait honteux.

      l’analogie avec le rapport de corruptions intellectuelles et politiques complémentaires pharma / vendeurs de santé par la nature et l’esprit (cf divers sens récents) peut aider.

      #Reporterre

    • Il est vrai que Gaspard d’Allens, l’auteur de

      et de Les Néo-Paysans et Bure, la bataille du nucléaire est un Confusionniste-Covidonégationniste, Complotiste et Conspirationniste bien connu ! :p
      #Gaspard-d’Allens

      Pour revenir à son enquête sur l’écofascisme :

      Cette vision correspond à ce que le philosophe Malcom Ferdinand désigne sous le nom « d’écologie de l’arche de Noé ». Par écofascisme, il faudrait entendre une politique désireuse de préserver les conditions de vie sur Terre, mais au profit exclusif d’une minorité, blanche de surcroît.

      « Embarquer sur l’arche de Noé, c’est d’abord acter d’un point de vue singulier, d’un ensemble de limites tant dans la charge que peut supporter la Terre que dans la capacité de son navire. Monter sur l’arche de Noé, c’est quitter la Terre et se protéger derrière un mur de colère. C’est adopter la survie de certains humains et non humains et légitimer le recours à la sélection violente de l’embarquement », écrivait le chercheur dans son livre Une écologie décoloniale .

    • Je ne trouve pas que l’extrême droite « récupère » l’écologie. Comme l’article l’évoque rapidement, il y a des racines (si je puis dire) écologistes assez profondes au sein de l’extrême droite. Bien entendu ce n’est pas l’écologie que je défends. Je pense que les écologistes de gauche ont tout intérêt à comprendre cette écologie d’extrême droite pour justement ne pas tomber dans ses travers, à savoir l’appel à la « Nature » qui serait au dessus de tout, le retour à une vie « sauvage » où les plus faibles n’auraient pas leur place... Bref, tout ce qui a fondé en partie l’idéologie du parti Nazi. Quand j’entends des écolos supposés de gauche défendre leur immunité naturelle contre le vaccin ou bien fustiger tout progrès scientifique (voire même la démarche scientifique en général), cela doit interpeller.

      Pour ce qui est de reporterre, je pense aussi que c’est assez confus, et le propre du confusionnisme @marielle c’est de publier des bons articles comme celui-ci (avec un auteur probablement irréprochable) en compagnie d’autres articles beaucoup plus problématiques. Rappelons que le fascisme, ça commence souvent par la confusion et l’incohérence.

    • Pour rebondir ce que dit @alexcorp, c’est notamment la mouvance aussi appelée #deep_ecology provenant des Etats-Unis et liée à un certain mouvement biorégionaliste, dont un des textes fondateurs est cet article de Diffenderfer & Birch (1994) :
      « Bioregionalism : a comparative study of the Adirondacks and the Sierra Nevada »

      https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08941929709381006

      –-> j’en avais touché un mot dans ma thèse :
      Linking up the Alps. How networks of local political actors build the pan-Alpine region
      https://www.peterlang.com/document/1053220

      Si quelqu’un·e est intérssé·e, je peux copier-coller le passage où je parle de cela...

      #biorégionalisme

    • oui, le filon sacralisation de « la nature » et de ses lois est bien là (voir la critique anthropologique de Marshall Sahlins : La nature humaine, https://seenthis.net/messages/141301), mais pas seulement

      La plupart des discours écologistes veulent se situer au-delà des vieux clivages politiques en énonçant les conditions de survie de la planète, mais ils court-circuitent ainsi la question du sujet politique : quelles forces combattantes, quelles formes de lutte peuvent faire de l’écologie la cause de tous et non celles d’experts s’en remettant au bon vouloir des maîtres du monde ? Jacques Rancière

      https://seenthis.net/messages/944724

      Accorder tant aux maîtres du monde comporte inévitablement son versant complotiste :

      Le complotisme fonctionne sur une conception de l’Etat assez banale, fondatrice de l’idéologie juridique et démocratique, mais qui est notre lot de tous les jours. Il y aurait d’une part le pouvoir d’Etat, de l’autre l’appareil d’Etat ou la « machine d’Etat » comme la désigne Marx. Le problème réside en ce que l’appareil d’Etat qui matérialise dans ses organes, leur division, leur organisation, leur hiérarchie, le pouvoir d’Etat d’une classe (et une seule) est à la fois organisation de la classe dominante (comme pouvoir d’Etat détenu par la fraction momentanément hégémonique de la classe dominante pour le compte de l’ensemble de cette classe) et organisation de toute la société sous la domination de cette classe. Mais, si d’un côté, l’Etat du mode de production capitaliste réalise complètement la fusion de ces deux fonctions2, de l’autre il devient la nécessité « naturelle » de toute reproduction sociale. Alors que ce sont leur division même et leur séparation fondamentale (réelle et idéologique) des rapports de production qui en font les organes d’un appareil d’Etat nécessairement appareil de classe (voir Marx, La Guerre civile en France), tous les organes de l’appareil d’Etat (armée, police, administration, tribunaux, parlement, bureaucratie, éducation, aide sociale, information, partis, syndicats, etc.) n’apparaissent plus que comme des instruments pliables à la volonté de ceux qui en sont les maîtres. De cette double fonction de l’appareil d’Etat (non pas deux fonctions, mais fonction double) comme dictature d’une classe et reproduction de toute la société naissent à la fois leur fusion et la neutralité des organes. Pour le complotiste, répondant par là à la pensée spontanée, ces organes sont neutres et non, dans leur existence même et leur forme, ceux d’une dictature de classe. En conséquence, s’ils ne fonctionnent pas « comme ils devraient », comme un « service public », comme un « bien commun », c’est qu’ils sont préemptés, détournés et pervertis par une clique, une caste. Le #complotiste est le #citoyen_idéal.

      Complotisme en général et pandémie en particulier
      https://dndf.org/?p=19292

    • Le fascisme, ça commence souvent par la confusion et l’incohérence.

      Ma définition du fascisme préférée, la voici :

      En quelques mois, ils [ les dignitaires démocrates-chrétiens ] sont devenus des masques funèbres. C’est vrai, ils continuent à étaler des sourires radieux d’une sincérité incroyable. Dans leurs pupilles se grumèle un vrai, un béat éclat de bonne humeur, quand ce n’est pas celui, goguenard, du mot d’esprit et de la rouerie. Ce qui, semble-t-il, plaît autant aux électeurs que le vrai bonheur. En outre, nos dignitaires continuent imperturbablement d’émettre leurs verbiages incompréhensibles où flottent les flatus vocis de leurs habituelles promesses stéréotypées.

      En réalité, toutes ces choses sont bel et bien des masques. Je suis certain que, si on les enlevait, on ne trouverait même pas un tas d’os ou de cendres : ce serait le rien, le vide.

      L’explication est simple : il y a, en réalité, aujourd’hui en Italie un dramatique vide du pouvoir. Mais c’est ceci qui compte : pas un vide du pouvoir législatif ou exécutif, pas un vide du pouvoir de direction, ni, enfin, un vide du pouvoir politique dans n’importe quel sens traditionnel ; un vide du pouvoir en soi.

      Il est probable qu’en effet le « vide » dont je parle soit déjà en train de se remplir, à travers une crise et un redressement qui ne peuvent pas ne pas ravager tout le pays. L’attente « morbide » d’un coup d’Etat en est, par exemple, un indice. Comme s’il s’agissait seulement de « remplacer » le groupe d’hommes qui nous a effroyablement gouvernés pendant trente ans, en menant l’Italie au désastre économique, écologique, urbaniste, anthropologique ! En réalité, le faux remplacement de ces « têtes de bois » par d’autres « têtes de bois » (non pas moins, mais encore plus funèbrement carnavalesques), réalisé par le renforcement artificiel du vieil appareil du pouvoir fasciste, ne servirait à rien (et qu’il soit clair que, dans un tel cas, la « troupe » serait, de par sa composition même, nazie). Le pouvoir réel, que depuis une dizaine d’années les « têtes de bois » ont servi sans se rendre compte de sa réalité – voilà quelque chose qui pourrait avoir déjà rempli le « vide » (en rendant également vaine la participation possible au gouvernement du grand pays communiste qui est né au cours de la dégradation de l’Italie : car il ne s’agit pas de « gouverner »). De ce « pouvoir réel », nous nous faisons des images abstraites et, au fond, apocalyptiques : nous ne savons pas quelles formes il prendrait pour directement remplacer les serviteurs qui l’ont pris pour une simple « modernisation » de techniques.

      Pier Paolo Pasolini

      http://www.amboilati.org/chantier/pier-paolo-pasiloni-la-disparition-des-lucioles
      https://seenthis.net/messages/885747

      Et ces masques funèbres du pouvoir du vide ne vous rappellent pas ces « têtes de bois » macronardes, fascisantes qui nous gouvernent aujourd’hui ! @alexcorp

      C’est vous qui êtes confus et non Reporterre !

      https://blogs.mediapart.fr/julien-schickel/blog/110517/au-pays-du-mensonge-deconcertant-rien-narrive-jamais

      Au pays du mensonge déconcertant, on a oublié que Pier Paolo Pasolini nous avait prévenu que « sous couleur de démocratie, de pluralité, de tolérance et de bien-être, les autorités politiques, inféodées aux pouvoirs marchands, ont édifié un système totalitaire sans pareil » et que « le centre s’est assimilé tout le pays… Une grande œuvre de normalisation parfaitement authentique et réelle est commencée et elle a imposé ses modèles : des modèles voulus par la nouvelle classe industrielle, qui ne se contente plus d’un « homme qui consomme » mais qui prétend par surcroît que d’autres idéologies que celle de la consommation sont inadmissibles. » On a oublié qu’il appelait cela, par défi, le nouveau fascisme.

      https://seenthis.net/messages/598174

      Pier Paolo Pasolini, un complotiste bien connu aussi !

    • @alexcorp se justifier parfois par le concept philosophique de « Nature » ne veut pas dire quoi que ce soit comme lien avec l’écologie. En l’occurrence, comme l’ont montré Jacques Ellul et d’autres, le nazisme est fondamentalement une idéologie industrialiste et technocratique. Donc ce n’est pas vraiment le bon exemple il me semble. (Les biorégionalistes là c’est plus mélangé, il y a assez vite eu à la fois des anars et des fachos il me semble.)

    • @rastapopoulos le nazisme est un patchwork extrêmement confus, avec une part fort d’ésotérisme et d’occultisme (qui a participé à son succès) et pendant qu’il y avait une forte industrie, essentiellement de guerre, il y avait aussi des champs en biodynamie (mis en place dans les camps...). Et le philosophe nazi le plus connu, Heidegger, était plutôt anti-technique.

    • Nous y voilà @alexcorp

      le nazisme est un patchwork extrêmement confus, avec une part fort d’ésotérisme et d’occultisme.

      J’avais reposté un long article de Stéphane François paru sur #laspirale : « Un fantasme historique : l’occultisme nazi » passé inaperçu par ici.
      https://laspirale.org/texte-612-stephane-francois-un-fantasme-historique-l-occultisme-nazi.html
      https://seenthis.net/messages/793112


      #occultisme #mysticisme #nazisme #écologisme #paganisme

    • @vanderling Loin de moi l’idée de fantasmer sur l’occultisme nazi. Je voulais surtout signaler les liens entre nazi et des théories fumeuses, du style de celles de l’anthroposophie (cf cet article par exemple https://www.monde-diplomatique.fr/2018/07/MALET/58830), qui proposent souvent un rapport à la « nature » (et à l’agriculture) assez... étonnant. Tout l’appareil nazi n’était pas dans cette dynamique, du reste l’article que tu postes parle bien du changement de paradigme quand Hess a été éjecté.

    • Dénoncer l’écofascisme c’est très bien ! Mais n’oublions pas de dénoncer aussi le #néofascisme car la politique de Macron n’est pas un rempart, C’est Déjà le fascisme !
      Alors discréditer Reporterre en le qualifiant de confusionniste, je dirais que c’est plutôt dérisoire, se battre contre tous les fascismes y compris celui de la Macronie c’est mieux !
      https://seenthis.net/messages/947672

      Dernières nouvelles du Président des flics


      La dernière loi sécuritaire du gouvernement et un coup d’œil dans le rétroviseur de ce quinquennat confirment qu’il est aussi (surtout ?) le Président des flics.

      Sinon les articles de Jean-Baptiste Malet sur le site du Diplo
      sont toujours excellents.
      Voir aussi Frugalité et marketing le système Pierre Rabhi
      https://seenthis.net/messages/722249

      Je rappelle aussi que Reporterre, ainsi que d’autres médias,
      soutient Nantes Révoltée sur le point d’être dissout par Darmanin.
      https://seenthis.net/messages/947660

    • le néofascisme s’alimente et s’alimentera de l’impérieuse nécessité de répondre à une pluie de phénomènes mortifères et destructeurs découlant de la crise écologique (modèle actuel le plus saillant : la pandémie) et ces réponses seront factices (greenwashing), nationalistes dune façon ou dune autre (voir le néodarwinisme quittait dire : de toute façons il ya trop de monde sur terre, que crèvent ces pesant « surnuméraires » inventés pour l’occasion) et fondamentalement capitalistes donc centralisatrices (autoritaires : le nucléaire est paradigmatique de la production pour la production, inévitablement centralisée, quand bien même elle s’annonce et se rêve aujourd’hui en réseau réticulaire de micros centrales), s’appuient et s’appuieront sur une naturalisation des questions sociales et environnementales (bye bye l’écologie sociale et l’écologie mentale). la loi de la nature et la souveraineté qu’il faut pour l’imposer, aussi contradictoire que cela puisse être dans un composé d’archaïsme et de modernité comme toute transformation radicale aussi progressive soit-elle, comme le nazisme primitiviste païen, voire animiste (un autre appel de la forêt pour déboucher sur la clairière de l’âme) et industrialisme forcené exaltant ce que l’industrie a fait de mieux à l’orée du court Vingtième siècle, la guerre (Junger avec Orages d’acier prépare le nazisme, et qu’il n’y souscrive pas ensuite est secondaire).

      le scientisme revêt plusieurs visages. le caractère scientifique de l’écologie en fait le support éventuel d’un gouvernement par des "experts s’en remettant au bon vouloir des maîtres du monde" (JR).

      Hervé Kempf (et ses ami.es), avec ses tweets QAnonnisés (la presse ne nous dit rien, vous me suivez ? "Il est déconcertant que la presse française ne dise quasiment rien de ce qui se passe à Ottawa depuis plusieurs jours". https://twitter.com/KEMPFHERVE/status/1488864939414593542) n’est qu’un épiphénomène, abject. mais il relève bien de ces simplifications (complotistes) qui font litière de toute capacité d’analyse émancipée, critique. ce n’est pas rien, il faut le considérer en tant que tel.

      ne pas lire Le Monde, nid d’agents des services (spécialement à l’international) et organe transgouvernemntal, ne pas lire Mediapart promoteur d’une République foncièrement antisociale et policière, quelque soient les bisounouseries sur les pauvres et les invisibles qui peuvent le meubler, ne pas lire le Monde diplo, organe d’un campisme acritique, ne pas lire Reporterre faisant chorus avec Arkana et QAnon, c’est pas la question. il est possible, généreusement, de dire que dans chacun de ces cas, le ver est dans le fruit, et croquer ce qui peut l’être pour un libre usage.

      #néofascime #écologie_politique

  • Des lieux pour apprendre et des espaces à vivre : l’#école et ses périphéries. Les dehors et les ailleurs

    Quelle approche géographique des #territoires_scolaires ? [Texte intégral]
    Exemple à partir de la cartographie des établissements du 2nd degré à #La_Réunion
    What geographical approach to school territories ? An example from the map of secondary schools on the island of Reunion
    Sylvain Genevois

    #Roms et #Voyageurs : quand les enjeux spatiaux s’invitent à l’école [Texte intégral]
    Roma and Travelers : when space challenges come to school
    Aurore Lecomte

    Les différences nationales de désignation et représentation des déplacements occasionnels des classes dans les pays d’Europe [Texte intégral]
    National differences in the designation and representation of the occasional displacing of classes in European countries
    Xavier Michel

    Images d’espaces / espaces en #images [Texte intégral]
    Étudiants, enseignants débutants, formateurs et espaces d’apprentissage
    Images of spaces / spaces in images. Students, newly qualified teachers, lecturers and learning spaces
    Jean-François Thémines et Anne-Laure Le Guern

    Les effets d’un espace d’apprentissage délocalisé : analyse d’un espace scénique [Texte intégral]
    The effects of a relocated learning space : analysis of a scenic space
    Claire de Saint Martin

    Étranges #stages à l’étranger. Quand le #Covid-19 reconfigure les #apprentissages « #Hors_les_murs » [Texte intégral]
    Strange internships abroad. When the Covid-19 reconfigures “Outside the walls” learning
    Dominique Chevalier

    Etudier et se rencontrer au sein d’une société divisée, perspectives de territoires d’apprentissage chypriotes [Texte intégral]
    Studying and meeting in a divided society : prospects for Cypriot learning territories
    Marie Pouillès-Garonzi
    #Chypre

    Ouvrir l’École sur son espace proche : enjeux de la #territorialisation de l’enseignement de la géographie dans le secondaire en #Nouvelle-Calédonie [Texte intégral]
    Opening up the School to its immediate surroundings : territorialisation challenges of geography teaching in secondary schools in New Caledonia
    Amandine Touitou, Isabelle Lefort et Séverine Ferrière

    Les trajets domicile-école des élèves de primaire peuvent-ils constituer un point de départ pour construire des apprentissages spatiaux ? [Texte intégral]
    Can the home to school journeys of primary school children constitute a starting point for building spatial learning ?
    Elsa Filâtre

    https://journals.openedition.org/geocarrefour/15007
    #revue #géographie

  • Interview confinée 4 : les étudiants infirmiers en première ligne face au coronavirus
    https://quentinhernandez.com/podcasts

    Des aides soignant.es pour moins d’un euro de l’heure… C’est possible en France !!! De nombreux étudiant.es en soins infirmiers ont été réquisitionné.es dans les hôpitaux et EHPAD afin de faire face au coronavirus pour des fois moins d’un euro de l’heure même si le gouvernement a annoncé une revalorisation. Durée : 8 min. Source : Quentin Hernandez

    https://quentinhernandezcom.files.wordpress.com/2020/03/podcast-confinc3a9-4-c3a9tudiants-infirmiers-rc

  • Faire sa place Par Virginie Jourdain, artiste, commissaire d’expositions et travailleuse culturelle féministe

    Qui peut travailler gratuitement et payer son loyer ? Qui peut faire du réseautage tous les soirs ? Qui peut passer ses journées dans son atelier ? Qui peut partir en résidence d’artiste durant des mois à l’autre bout du monde ? … pas les précaires.

    Un milieu professionnel où les places sont rares et les personnes ont soif de reconnaissance (ou de pouvoir) ça n’est pas forcément le plus safe des contextes. On peut parfois constater que l’ambition de carrière équivaut parfois à pousser des coudes sans état d’âme pour faire son chemin, quitte à broyer du monde au passage, et ce, dans toutes les structures et organismes. Une des conséquences à cette réalité est que la communauté féministe et artistique, dans laquelle je gravite, est épuisée et que tout le monde a peur de perdre sa « place » ou d’éventuelles opportunités, tout en manquant clairement parfois de cohérence politique.

    Cette communauté qui dénonce les méfaits du néolibéralisme se vante en même temps d’être débordée et en surcharge de travail, ce qui s’avérerait être une preuve de réussite de carrière artistique. Comme si le débordement de travail était un gage de crédibilité ou bien d’une pratique de qualité. Il y a des réalités qui font que tu es broyée et cassée par ton travail. Les causes peuvent être multiples, un accident, une dépression, un burn out ou du harcèlement. Faire le paon avec sa biographie à chaque interaction sociale, cela va pourtant à l’encontre des convictions progressistes dont le milieu artistique se prétend être généralement l’étendard et des valeurs de solidarité et de caring défendues par la communauté féministe.

    https://dissident.es/faire-sa-place

    #rapports_de_classe #codes #art_contemporain #travail_gratuit #précarité #travail_gratuit #projets #néolibéralisme #réussite #carrière #féminisme #travail_de_l_art #travail #institutions #stages #travail_étudiant

  • Plus de la moitié des stages ne sont pas rémunérés
    http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/10/17/pres-de-la-moitie-des-stages-sont-remuneres_5015226_4401467.html

    Un tiers des étudiants de l’enseignement supérieur public a effectué un stage lors de l’année universitaire 2014-2015 (...) Près d’un stage sur deux est rémunéré. La loi du 10 juillet 2014 prévoit une rémunération minimale pour les #stagiaires de plus de deux mois, et près de la moitié des stages sont gratifiés (47 %). C’est en licence professionnelle que la gratification est la plus fréquente (85 %), suivie des formations d’ingénieurs (72 %). En revanche, seulement un stage sur cinq est gratifié en licence générale. Un peu moins du quart des stages rémunérés bénéficient d’une gratification supérieure à 600 euros. La gratification est plus souvent élevée dans les formations d’ingénieurs, en IEP et en master, à un degré moindre : respectivement 50 %, 35 % et 27 % des #stages gratifiés le sont au-delà de 600 euros. A l’opposé, peu d’#étudiants bénéficient d’une telle gratification en DUT (6 %) et en licence professionnelle (7 %).

  • Avec la jeunesse dorée qui passe sa vie à faire des #stages à Bruxelles | VICE | France
    http://www.vice.com/fr/read/jeunesse-riche-bruxelles-stage-repetition
    https://vice-images.vice.com/images/articles/meta/2016/10/13/jeunesse-riche-bruxelles-stage-repetition-1476352977.jpg?resize=*:

    « Lors de mon premier stage, j’étais rémunérée 149 euros par mois, lors de mon second, 49 euros », explique Gisela. Diplômée il y a un an, cette jeune Française est passée par deux ONG basées à Bruxelles. « Comme on travaille à plein-temps, il est difficile d’avoir un job à côté. Du coup, ce sont mes parents qui financent tout, confie-t-elle. Je suis privilégiée, j’en ai conscience. C’est d’ailleurs ça qui me révolte : le fait que ce soit réservé aux mieux lotis. »

    Lucas, lui aussi, dénonce une « pure #reproduction sociale ». Il ajoute que « si papa/maman n’avaient pas les moyens de payer mon loyer, je ne pourrais jamais me permettre toutes ces démarches. C’est un milieu de #riches. Les autres doivent bien souvent rentrer dans leur pays ou changer d’orientation. On dit que l’UE est déconnectée de la réalité, mais quand on voit ça, ça n’a rien d’étonnant. »

  • Hier les décodeurs du Monde se plantent complètement et publient ce graphique :

    Ce matin on leur fait remarquer la bourde, ils répondent que c’est corrigé depuis hier. En utilisant 2 navigateurs différents et rechargeant les pages, mon cache ne lâche rien. Au bout de 20 minutes de discussion, la page est à jour, ces deux graphes très différents sont publiés :

    On voit clairement que le CDI est stable depuis 1982 à 76,5%. Seul l’emploi non salarié diminue passant de 18% à 11% remplacé par des CDD.

    Le tableau sur le statut des jeunes actifs 15-25 ans doit être pris avec des pincettes car sur cette tranche d’âge les actifs ne représente que 37% de la population. Les autres (mais aussi une partie de ces actifs) sont étudiants : 15-19 ans presque tous au collège-lycée, les 20-25 doivent être à 50-50 en activité et/ou étudiant.

    Contre 70% pour la population 15-64 ans et 90% pour la population 30-54 ans http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2013-073.pdf

    L’article s’intitule toujours « Le CDD, l’exception devenue la règle ».

    • L’article du Monde :
      Le CDD, l’exception devenue la règle | Le Monde.fr
      10.03.2016 à 15h14 • Mis à jour le 11.03.2016 à 10h23

      http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/03/10/le-cdd-l-exception-devenue-la-regle_4880526_4355770.html

      Le premier graphique que tu reproduis est clairement le troisième incorrectement légendé…

      Le texte parle de « paradoxe », là où il s’agit d’un effet mécanique…

      Le marché du travail français présente un paradoxe bien connu : l’immense majorité des salariés (environ 87 %) est en CDI. Mais l’immense majorité des embauches, à peu près 85 %, se font en CDD. Ce contrat, prévu pour être exceptionnel, est peu à peu devenu la norme de l’embauche.

      … et d’un truc qui n’a pas de sens. Puisque la comparaison implicite faite par le Mais compare en gros des stocks et des flux. Mais, je l’ai déjà indiqué ce truc ne dérange absolument personne.

      Pour les graphiques, c’est intéressant d’aller voir les graphiques correspondants sur le site de l’Insee (Marché du travail, séries longues, mise à jour 2015, INSEE Résultats, Société, n°175, février 2016)
      http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=irsocmartra15

      J’ai pris les graphiques du site de l’Insee, légèrement différents normalement, puisqu’il s’agit des données de l’Enquête Emploi et non des chiffres BIT.

      • pour l’ensemble

      • pour les jeunes

      Pour ces deux figures, le commentaire de l’Insee est à la limite du scandaleux…

      Dans le même temps, les « formes particulières d’emploi » (contrats à durée déterminée, contrats aidés(1), intérim et apprentissage) progressent depuis le début des années 1980.
      De 1982 à 2014, la part de ces emplois a plus que doublé, passant de 5 % à 12 % de l’emploi total (figure 2). Cette progression est encore plus forte chez les plus jeunes : en 2014, plus de la moitié des emplois occupés par les 15-24 ans relèvent de ces formes d’emplois, contre un emploi sur six en 1982 (figure 3).

      … passant totalement sous silence le fait que cette progression s’est produite essentiellement entre 1982 et 2000 et que depuis 2000 la part des CDD reste parfaitement stable.

      Quant aux jeunes (attention, échelle très différente de la figure précédente), le développement « plus fort » des « formes particulières d’emploi » est, là aussi depuis 2000, essentiellement le résultat du développement de l’apprentissage, axe politique volontariste des gouvernements successifs depuis pas mal de temps. Dernière campagne, pas plus tard que le mois dernier.

      Le plan de relance de l’apprentissage | Gouvernement.fr
      http://www.gouvernement.fr/action/le-plan-de-relance-de-l-apprentissage

      Le plan de relance de l’apprentissage
      Mis à jour le 16 février 2016
      Projet porté par Myriam El Khomri, Clotilde Valter

      Relancer la mobilisation collective en faveur de l’apprentissage pour former 500 000 apprentis d’ici à 2017 est au cœur de l’action du Gouvernement et de la nouvelle campagne d’information lancée par le ministère du Travail. L’enjeu ? Réussir l’insertion professionnelle de toute la jeunesse.

      La mise à jour du 16/02 ayant très vraisemblablement consisté à changer le nom de la ministre (je n’ai pas vérifié la version précédente…)

    • passant totalement sous silence le fait que cette progression s’est produite essentiellement entre 1982 et 2000 et que depuis 2000 la part des CDD reste parfaitement stable.

      Mais surtout que cette progression ne s’est pas fait au détriment des CDI (stable depuis au moins 1982) mais au détriment des non-salariés passant de 18% à 11% (la bande verte en bas du graphique).

      Ce qu’on constate c’est donc bien une salarisation de la société.

    • D’une certaine manière les Décodeurs, malgré eux, apportent de l’eau au moulin puisqu’ils mettent en évidence (enfin surtout l’INSEE) la part totale des statuts des travailleurs .

      Là où d’habitude on est dans une comparaison quasi-unique CDD-CDI et on croit que l’augmentation des CDD se fait au détriment des CDI.

      En général on dit, comme les décodeurs le font dans leur article d’ailleurs, « 87% CDI 13% CDD avec croissance des CDD » alors qu’en fait les CDI sont stable mais ce sont les non-salariés qui diminuent.

    • Ah je m’ennuyai un peu aujourd’hui, voici trois graph sur l’activité des jeunes, moins jeunes et vieux, leurs statuts etc. (c’est un peu bidouillé, notamment pour l’axe des classes d’âge, j’ai essayer de représenter simplement que la classe 25-49 ans est un peu plus de deux fois plus nombreuse)

      On voit notamment qu’il n’y a pas une grosse spécificité jeune en terme de CDD encore moins de chômage. Par contre l’intérim et l’apprentissage le sont beaucoup plus. Manque les stages. Et travailleurs non salarié c’est un truc de vieux.

      J’ai utilisé cette autre tableau de l’INSEE en plus du premier

      http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/irweb/irsocmartra15/dd/excel/irsocmartra15_t207b.xls

    • Et la définition INSEE du taux d’emploi

      Le taux d’emploi d’une classe d’individus est calculé en rapportant le nombre d’individus de la classe ayant un emploi au nombre total d’individus dans la classe. Il peut être calculé sur l’ensemble de la population d’un pays, mais on se limite le plus souvent à la population en âge de travailler (généralement définie, en comparaison internationale, comme les personnes âgées de 15 à 64 ans), ou à une sous-catégorie de la population en âge de travailler (femmes de 25 à 29 ans par exemple).

      http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/taux-emploi.htm

      En gros si les jeunes ne sont pas en emploi, c’est aussi parce qu’ils sont massivement en étude.

    • Ces considérations sur « la règle », statistiques à l’appui, me paraissent vouées à masquer la réalité d’une précarisation du travail qui ne peut en rien se résumer au statut juridique de l’emploi. Le droit et la statistique enregistrent/décrivent avec un retard constitutif à leur élaboration des phénomènes dont l’importance doit être saisi autrement. On se cache derrière les quantités ou on en reste à un formalisme juridique (le #CDD comme seul point de lecture) en loupant ce qui a lieu qualitativement. Dans le fast food, les services à la personne, la grande distribution, nombre d’emploi sont des #CDI à temps partiel, ce qui impose d’accepter des heures « complémentaires » (au même tarif). Qui ne veut pas y voir une forme de précarité est soit stupide soit menteur. Et c’est cette norme d’emploi là qui se trouve réaffirmée par un projet de loi de travail où serait flexibilisée encore davantage un temps de travail annualisé commandée par les besoins des employeurs.

      Pour parler par analogie, on ne dira pas que la « lettre de cachet » était la règle de la royauté française au vu du nombre de cas, mais ce dispositif là, mérite bien, avec d’autres de faire l’objet d’une analyse de ce type de régime.

      En ce qui concerne l’#emploi et le #travail cela demanderait quelques efforts, et du temps de ne pas en rester à ce stupide formalisme juridique (que l’on voit aussi à l’oeuvre sur des thème voisins, comme chez Friot, qui ne connait de salaire social que issu de la cotisation salariale...) afin de saisir la précarisation dans sa constitution matérielle, mais aussi imaginaire (l’insécurité, se faire entreprise de soi, il y a des plis qui informent les comportements).

      Mais pour en rester à des exemples, où une fois de plus, c’est aux marges que peut se lire la tendance, il serait intéressant de voir par exemple combien d’hommes non jeunes occupent des postes en CDI à temps (très) réduit, d’aller voir là où il ne s’agit pas du destin social le plus évident (jeunes et femmes à temps partiel, en CDD ou pas) pour mieux piger à quoi sert un dispositif comme la prime d’activité... Et ce que devient le travail (contrôle), qui ne peut pas être compris sans son volet salarial, sous toutes ses formes (y compris, chiffres d’affaires autoentrepneur, prestations marchandes, mais aussi minima, alloc chômage, etc.).

      Pour causer CDD, on peut se demander combien de salariés n’ont pas occupé au moins un ? combien de salariés n’ont pas connu le chômage, combien de salariés n’ont pas connu le chômage non indemnisé ? le chômage sans minimum social ?

      Qui qu’il en soit, la lecture en termes de flux d’embauche et non de stock est actuellement utilisée pour sacraliser un CDI (de Khomry au NPA) dont on sait qu’il est en grande partie moins protecteur que le CDD (plus dur à casser par l’employeur). Il y a des mythologies, fordistes, travaillistes, qui ont la vie dure. Si il n’y est pas remédié, tout ce fatras va sans doute marquer le refus de la loi travail. On voit déjà des trucs propagande télé ou des stagiaires disent qu’ils ne veulent pas voir leur avenir dans le CDI sont utilisés contre une mobilisation dont la vue parait bornée en partie par les conceptions travaillistes.

      Pour en rester à cet aspect des choses à propos d’une mobilisation qui excède déjà la question du travail (nombreux tracts réclamant la fin de l’état d’urgence par exemple), il s’agirait de chercher à faire payer la précarité plutôt que de prétendre la supprimer. Qui relativise l’importance des CDD se prononce de fait contre un tel axe.

      D’ailleurs ceux qui s’adonnent à ça, ne feront pas non plus le rapport avec ce qu’il en est des réputés #inactifs, par exemple les étudiants (on pourrait penser aussi au « bénévolat » des retraités, qui eux disposent d’un revenu), dont on sait pourtant que dès la 5eme et jusqu’au post doc, ils auront à s’enrôler dans la production sous la forme juridique de #stages qui ne sont pas de l’emploi, pas du CDD, pas du CDI. Eux ne sont comptés comme actifs que durant les périodes où ils occupent un emploi, loin d’être rares. Tous ces machins de comptables sont à prendre avec des pincettes, car fondées sur des catégories qui marchent pas très bien pour effectuer un travail critique.

      #apprentissage

    • N’en déplaise à MEK qualifiant d’"absurde" la mobilisation des « jeunes » la #précarité n’est pas seulement une menace pour plus tard, c’est une condition par laquelle passent, pour des durées variables, nombre d’entrants dans le #salariat

      Près d’un #lycéen sur cinq a exercé un emploi en cours d’année scolaire (2006)
      http://www.lemonde.fr/societe/article/2006/12/18/pres-d-un-lyceen-sur-cinq-a-exerce-un-emploi-en-cours-d-annee-scolaire_84688

      Ismaïl Bouguessa, 19 ans, scolarisé au lycée professionnel Marc-Séguin à Vénissieux (Rhône), travaille depuis l’âge de 14 ans et demi. Il a commencé par faire les marchés, de 7 heures à 13 heures, les week-ends, à raison de 40 euros la journée. Aujourd’hui majeur, il passe par une société d’intérim qui lui confie des missions de préparation de commandes pour une entreprise de surgelés ou de manutention pour un parc d’expositions.
      « Je travaille surtout le soir, de 19 heures à 1 heure du matin », dit-il. La fatigue ? « C’est une question d’#habitude. »(...)
      Il travaille environ 25 heures par semaine pour 240 euros. « J’en donne une partie à mes parents, dit-il. Sa mère fait des ménages et son père est au chômage. Je paye mes sorties, mes vêtements, mes repas. J’en mets de côté pour passer mon permis de conduire. »
      "Dans la classe, nous sommes 4 à travailler sur 15", indique son camarade Ali Gasdallah. Noël est une période de forte activité : Ali a décroché un contrat pour préparer des commandes pour une grande enseigne, ce qui va le contraindre à rater trois jours de cours ; le week-end, Jihed prépare des petits déjeuners dans un hôtel quatre étoiles à Lyon et Mourad travaille dans une entreprise de manutention. Tous mettent de l’argent de côté, pour passer le permis de conduire ou entretenir leur voiture, et aident leurs parents.

      Quelle est l’ampleur du phénomène ? Au ministère de l’éducation nationale, comme au ministère du #travail, on ne dispose pas de statistiques. « De plus en plus de lycéens ont un emploi rémunéré », assure Floréale Mangin, présidente de l’Union nationale lycéenne (UNL), qui a commandé à l’institut CSA une étude sur la question.
      Réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 479 lycéens du 6 au 13 novembre sur une cinquantaine de lycées répartis sur l’ensemble du territoire, l’étude révèle que 18 % ont, en dehors des #stages conventionnés, déjà exercé ou exercent une activité rémunérée depuis qu’ils sont lycéens, en dehors des vacances d’été (si l’on inclut les vacances d’été, ce pourcentage grimpe à 28 %). Au moment de l’enquête, ils étaient 6 % à travailler ; près de la moitié (48 %) n’étaient pas déclarés.
      Les activités se répartissent entre le #baby-sitting (28 %), le #commerce, la #vente et la #distribution (24 %), l’#hôtellerie et la #restauration (16 %), l’#événementiel et l’#accueil (12 %), l’#industrie (7 %), etc.

      Les lycéens gagnent en moyenne 302 euros par mois. Quelque 80 % déclarent qu’ils travaillent pour « se faire de l’argent de poche et s’offrir ce dont ils ont envie », 13 % disent « en avoir besoin pour vivre », 5 % « pour avoir de l’expérience et se former à leur futur métier » et 4 % parce que leurs parents « les y ont incités ». La proportion des lycéens qui travaillent parce qu’ils en ont besoin pour vivre apparaît élevée dans les lycées professionnels (23 % des lycéens qui travaillent), comparée aux lycées généraux et technologiques (7 %). (...)

      Scolarisé au lycée Hélène-Boucher, Bakary travaille tous les soirs dans une pizzeria de 19 heures à 22 h 30 ou 23 heures. #Non_déclaré, il est payé entre 20 et 25 euros par soirée, moins que le #smic. Les vacances, il cumule avec des animations dans des centres de loisirs pour aider sa famille : il a neuf frères et soeurs, son père est technicien de surface, sa mère sans emploi. « C’est fatigant mais, avec l’habitude, je ne le sens pas trop », dit-il. Il fait ses devoirs en revenant de la pizzeria et le jeune homme se maintient à 13,7 de moyenne.

      #loi_travail #salaire

  • Mélissa et Alison en #service_civique à Pôle emploi, la parole au directeur de l’antenne.
    http://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-forbach/2015/11/03/forbach-melissa-et-alison-en-service-civique-a-pole-emploi

    Vêtues de leur gilet bleu, siglé "service civique", les deux jeunes filles se repèrent facilement à l’#accueil de #Pôle_emploi. Mélissa Bekka, 19 ans, de Petite-Rosselle, et Alison Cokovic, 19 ans, de Henriville, ont démarré leur mission lundi à 9 h à l’agence de la Ville-Haute à Forbach. « Elles ne sont ni salariées, ni stagiaires, ni bénévoles », indique Pascal Thuillier, directeur, qui accueille, pour la première fois, des volontaires du service civique. « Une nouveauté chez nous. Pôle emploi de Lorraine a décidé d’ouvrir ses portes au service civique. » A Forbach, les deux agences accueillent chacune deux jeunes filles pour une mission de huit mois. « C’est une très bonne #expérience pour elles comme pour nous » , se réjouit Pascal Thuillier, mettant en avant la notion d’#intérêt_général et d’engagement de ce dispositif destiné aux 16-25 ans, « cela a un parfum de #cohésion_sociale. »

    Facilitateurs d’inclusion numérique

    Plongées dans le grand bain dès leur arrivée, Alison et Mélissa se sont immédiatement retrouvées en contact avec le public. « Leur mission consiste à aider les #usagers [9alors, il disent ni D.E ni candidats, ndc] qui arrivent en zone d’accueil, en particulier ceux qui rencontrent le plus de difficultés à utiliser nos nouveaux #services_numériques , détaille le responsable. Elles sont là, en renfort des animateurs de Pôle emploi, pour accompagner les gens un peu perdus dans l’utilisation des services digitaux, pour leur permettre de gagner en #autonomie. »

    D’ici juin, les jeunes volontaires seront également appelées à coanimer les ateliers de Pôle emploi sur les #services_à_distance. « Comme notre emploi store que nous avons mis en place récemment », souligne Pascal Thuillier, souhaitant que les deux recrues soient avant tout « des facilitateurs d’inclusion numérique. »

    Le directeur de l’agence insiste sur l’impact du numérique dans la recherche d’emploi : « Aujourd’hui, 89 % des #DRH utilisent internet. Un recrutement par ce biais dure trois semaines contre trois mois par la voie traditionnelle. Un demandeur d’emploi qui n’a pas de #CV_en_ligne et qui ne dispose pas de boîte mail va être pénalisé. »

    « Une vraie valeur ajoutée »

    Suivies par un tuteur durant toute leur mission Mélissa et Alison ont un statut spécifique. « Elles ont signé un contrat d’engagement du service civique, elles travaillent 24 heures par semaine chez nous et touchent des indemnités » [#467€34/mois, soit un peu plus que le montant du RSA, ce minimum que la classe politique a en 1988 interdit aux moins de 25 ans à l’initiative du PS, ndc], explique le directeur de Pôle emploi.

    Très heureux d‘accueillir les jeunes filles, Pascal Thuillier compte sur leur maîtrise de l’outil numérique pour développer le portail digital et améliorer les services rendus aux usagers.

    « Nos agences de Forbach sont particulièrement visitées dans un bassin d’emploi compliqué , note-t-il. Pour l’instant, nous n’avons qu’un CV sur trois en ligne, un niveau assez faible. Nous allons essayer de passer un cap avec nos volontaires, qui représentent une vraie valeur ajoutée. »

    Depuis les #stages Barre en 1976, le « manque d’expérience » des #entrants_sur_le_marché_du_travail a servi le prétexte pour les sous payer au nom de l’insertion dans le monde de l’entreprise et de l’emploi. Un phénomène dont l’ampleur a explosé durant le premier septennat socialiste (Travaux d’utilité collective, stage d’insertion à la vie professionnelle, etc.). On note que ces deux femmes sont en première ligne dans le travail de l’agence (accueil), quelles effectuent un travail de formation à partir d’une #qualification_gratuite (une maîtrise des outils informatiques, ici faiblement indemnisé par l’état, Pôle n’ayant rien à dépenser). L’#échelle_des_salaires comporte désormais une myriade de niveaux, une stratification accrue accompagnée d’une #individualisation, la destruction de ces valeurs collectives là a permis de faire exploser les #inégalités de salaires. It’smore fun to compete, et il n’y a pas d’alternative, sauf à rejoindre les casso’s, mais, la aussi, la #concurrence façonne fortement les moeurs.
    #B-scale_partout_Reagan_Thatcher_itou

  • Les #étudiants européens partent de plus en plus à l’étranger
    http://fr.myeurop.info/2014/07/11/etudiants-europe-plus-en-plus-mobiles-14153

    Antoine Vergely

    Un nombre record d’étudiants sont partis poursuivre leurs études avec l’aide d’Erasmus pour l’année 2012-2013. Ce programme européen d’échange, hier menacé pour des raisons budgétaires, est un vrai succés.

    #Erasmus vient de connaître une nouvelle année record. lire la suite

    #Société #INFO #Espagne #Europe #Finlande #France #Liechtenstein #Bourses_d'étude #Etudes_supérieures #Formations #stages

  • En Allemagne aussi : #stages payés au lance-pierre, “même pas honte !”
    http://fr.globalvoicesonline.org/2014/06/28/170062

    “Je n’ai tout simplement pas les moyens de me permettre le poste qui est à pourvoir chez vous.” Il est incroyable qu’une organisation, dont la “priorité est de s’engager pour le droit”, soit en contradiction “de manière aussi flagrante” avec son “engagement et ses priorités”, en proposant un tel dédommagement. Le projet Absageagentur, a envoyé lui-aussi des “non-candidatures” au printemps 2014 afin “d’opposer une fin de non-recevoir au travail salarié intolérable”.

    • Ici, on nous dit que les salariés effectuent en moyenne une année de #stage en entreprise durant leur belle existence…. Un travail sans chômage ni retraite ni salaire, elle est pas belle la vie !

      En Allemagne aussi les socialistes ont fait leur maximum pour exploiter mieux : depuis qu’ils ont méthodiquement détruit les droits des #chômeurs, 25% des travailleurs sont des #travailleurs_pauvres.
      C’est ce modèle que les gouvernants européens ont en tête. Le scandale des chiffres du chômage (qui baissent) fait place à l’invisibilité du dénuement du grand nombre, justifié par la compétitivité, la « dette publique » (pour gaver banques et employeurs). Le denier « miracle allemand » : là-bas, l’espérance de vie des pauvres a commencée à diminuer…

      Il n’y aura pas de droit du travail sans droit au chômage.

      Dette et #austérité, le modèle allemand du #plein_emploi_précaire
      http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6023

    • Je connais bien cette saloperie d’Hartz 4.
      Ce que j’apprécie aussi dans cet article, c’est le fait qu’il souligne que l’obligation du stage long est une bonne manière d’éliminer les #pauvres qui auraient eu l’outrecuidance de réussir des études : pour ma part, je n’ai jamais eu les moyens de bosser gratuitement. Dès que j’ai eu mon diplôme, il m’a fallu trouver de quoi payer mon loyer et ma bouffe. Donc impossible d’enchainer des stages non rémunérés qui auraient fait joli sur le CV, à moins de vouloir finir sous les ponts.

  • Ces très chers stages
    http://www.lemonde.fr/argent/article/2014/06/02/ces-tres-chers-stages_4429698_1657007.html

    A la faveur de la professionnalisation et de l’internationalisation des cursus, la pratique des #stages en entreprises s’est considérablement développée au cours des années 2000. A l’#université, ils concernent tous les cursus, et, dans les #écoles de commerce, qu’il s’agisse des grandes écoles, des post-bac ou des écoles d’ingénieurs, ils sont devenus systématiques.
    Non seulement les étudiants ont l’obligation d’effectuer des stages d’une durée de plus en plus longue pour valider leurs diplômes (quatre à six mois, selon les années et les écoles…), mais la plupart de ces établissements incitent leurs élèves à prendre une année de césure pour faire des stages d’un an, de préférence à l’étranger…

    Conséquence, « pour une majorité d’étudiants, la durée totale de travail comme stagiaire au cours de leurs études dépasse aujourd’hui un an » , précise le rapport de la députée (PS) Chaynesse Khirouni, déposée au nom de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale le 14 février.

    Outre le fait qu’il existe de « nombreuses situations d’abus où les stages sont utilisés en substitution de l’emploi », note le rapport, ces stages coûtent souvent très cher aux étudiants et à leurs parents. C’est particulièrement vrai pour les jeunes qui sont inscrits dans des écoles de commerce privées dans lesquelles les frais de scolarité tournent autour de 8 000 euros par an, à payer pendant trois ans, voire cinq ans pour les écoles post-bac…

    COÛTS SUPPLÉMENTAIRES

    Pendant les périodes de stage, non seulement les frais de scolarité sont identiques, mais les parents font face à des coûts supplémentaires, notamment lorsque le stage est en province ou à l’étranger. Et si ces stages sont accomplis lors d’une année de césure, il faut quand même acquitter des droits de scolarité : 750 euros de « frais de suivi administratif » chez HEC et même le quart des frais annuels d’inscription pour Sciences Po Paris. Soit une année facturée 2 500 euros pour les étudiants qui paient les droits les plus élevés, sans pour autant mettre les pieds dans l’établissement.

    A cette facture s’ajoute la note fiscale. Si le stage a duré plus de trois mois ou ne fait pas partie intégrante du programme de l’école – ce qui est le cas des stages accomplis dans le cadre d’une année de césure –, les indemnités perçues sont imposables.

    Autrement dit, si les parents rattachent leur enfant étudiant à leur foyer fiscal, ce qui est souvent dans leur intérêt, car ils bénéficient ainsi d’une demi-part, ou d’une part supplémentaire, ils doivent réintégrer l’indemnité de stage dans leurs revenus imposables, et donc payer des impôts dessus.

    Du moins pour le moment, car une proposition de loi, en cours de discussion devant le Parlement, devrait rendre les stages non imposables. Le texte prévoit ainsi que les stages en entreprise soient exonérés, quelle que soit leur durée, dans la limite d’un plafond égal au smic.

    CONSERVER LES JUSTIFICATIFS

    En attendant, les juges ont admis que les parents pouvaient déduire de leurs revenus imposables les frais acquittés pour la scolarité de leur enfant ainsi que le loyer qu’ils avaient payé pour le loger à proximité de son stage (en l’occurrence, l’enfant était étudiant à Lyon et avait accompli un stage à Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine). Dans ce cas, il est recommandé de conserver les justificatifs, car l’administration fiscale peut vous les réclamer.

    Enfin, tant que l’indemnité de stage ne dépasse pas le « minimum légal » de 436,05 euros par mois pour un temps plein, aucune cotisation sociale n’est due, ni par l’entreprise ni par le stagiaire. Conséquence, le jeune n’acquiert aucun droit pour sa #retraite.

    Pour remédier en partie à cette situation, la nouvelle réforme des retraites du 20 janvier prévoit que les jeunes peuvent désormais valider leurs périodes de stage, dans la limite de deux trimestres. Pour cela, ils devront verser une cotisation entièrement à leur charge (l’entreprise n’a rien à payer).

    Son montant, qui devrait s’établir à 300 euros par trimestre, doit être fixé par un décret, qui n’a toujours pas été publié. Mais cette opération n’est, de toute façon, pas intéressante. Racheter des trimestres au début de sa carrière est un pari risqué, car les règles ont de grandes chances de changer à l’avenir, ce qui pourrait rendre inutile cette opération.

    1,6 million de stagiaires
    Surtout des étudiants Le rapport 2012 du Conseil économique, social et environnemental estime le nombre de stagiaires à 1,6 million, dont 900 000 étudiants. Ils étaient 600 000 en 2006. Le Centre d’études et de recherche sur les qualifications juge que seuls 38 % des stages sont formateurs et rémunérés. Selon l’Association pour l’emploi des cadres, 20 % des bac + 4 qui ont décroché un emploi dans l’année suivant la fin de leurs études l’ont trouvé sur leur lieu de stage.

    http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2014/02/18/une-loi-pour-limiter-les-abus-des-stages-en-entreprise_4368584_1473692.html

    Pour une approche plus théorique quant au rôle productif de l’université, par delà la fourniture aux entreprises à bas prix des scolarisés :
    Dix Thèses sur l’Université Productive
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=2685

    #exploitation #travail #capital #droits_sociaux

  • « Sans mes deux stages, je n’aurais jamais obtenu de CDI à 21 ans »
    http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2014/02/19/sans-mes-deux-stages-je-n-aurais-jamais-obtenu-de-cdi-a-21-ans_4368930_14736

    entre diverses choses indolores, Le monde ose écrire à propos des témoignages qu’il publie :

    ...indemnités dérisoires reçues pour un travail qui aurait pu être celui d’un salarié.

    Ça alors !

    Les #stages, faudrait pas abuser... fini par admettre le gvt, histoire de se faire un peu de mousse ’de gauche’ alors que l’abstention va ruiner le PS et sa majorité.
    Du coup on prépare une loi qui va venir entériner le fait accompli : il est désormais "normal" de se louer pour pas une thune à un, des employeur(s), de la cinquième au collège jusqu’au bac +8 et au delà. L’interdiction du RMI aux moins de 25 ans n’y aura pas été pour rien. Chapo les #socialistes.

    http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2014/02/18/un-decret-va-fixer-un-plafond-de-stagiaires-par-entreprise_4368819_1473692.h

    Barbara : On estime à 100 000 le nombre d’#emplois perdus à cause d’abus. Pourquoi ne pas avoir mis de quota dans la loi ? Le décret de la loi Cherpion n’est jamais passé.

    La nouvelle loi prévoit un décret qui fixera un plafond de stagiaires par entreprise. Aujourd’hui, on constate certains abus, en particulier dans le secteur de la communication et des sondages. Ce plafond pourrait être de l’ordre de 10 % et sera modulé en fonction de la taille de l’entreprise d’accueil.

    Bon, pas plus de 5 stagiaires au même moment dans une boite de 50 salariés, ça ferait combien de stagiaires par an ?

  • A #Genève, les #Nations_unies essorent les #stagiaires
    http://fr.myeurop.info/2013/07/23/a-gen-ve-les-nations-unies-essorent-les-stagiaires-11694

    Benjamin Leclercq

    Revue du Web A Genève, les #organisations_internationales puisent sans limite dans une main d’œuvre vraiment pas chère : les stagiaires. Le quotidien Le Temps détaille dans un article à charge la précarisation de ces jeunes diplômés.

    Défendre les droits de l’homme et se contrefiche du droit du travail, (...)

    #Étudiants #Institutions #Suisse #étudiants #HCR #ONU #stage #stages