• Travailleurs saisonniers du #Maghreb : la #FNSEA lance son propre business

    Grâce à des #accords passés en #Tunisie et au #Maroc, le syndicat agricole a décidé de fournir des « saisonniers hors Union européenne » aux agriculteurs. Elle fait des prix de gros et recommande d’éviter de parler de « migrants ».

    Le syndicat de l’#agrobusiness ne laisse décidément rien au hasard. Après avoir mis des pions dans la banque, l’assurance, les oléoprotéagineux ou le biodiesel, la FNSEA vient de lancer un service destiné à fournir des saisonniers aux agriculteurs français. #Jérôme_Volle, vice-président du syndicat agricole, a organisé, mercredi, au Salon de l’agriculture, une réunion de présentation du dispositif, fermée au public et aux journalistes.

    Pour l’instant, la chambre d’agriculture Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) a été la seule à promouvoir ce « nouvel outil » destiné « à faire face à la pénurie de main-d’œuvre ». Le nom du service, « Mes #saisonniers_agricoles », a été déposé, le 9 janvier, à l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi).

    Ce « #service_de_recrutement » de la FNSEA repose sur « un #partenariat avec les ministères et les partenaires emploi de la Tunisie et du Maroc » et ne proposera que des saisonniers recrutés hors Union européenne. Ce #service n’est pas sans but lucratif. Selon des documents obtenus par Mediapart, le syndicat s’apprête à facturer aux agriculteurs « 600 euros hors taxe » par saisonnier en cas de commande « de 1 à 3 saisonniers », mais il fait un prix « à partir du 4e saisonnier » : « 510 euros hors taxe le saisonnier ».

    Cette note interne précise qu’un montant de 330 euros est affecté à la « prestation fixe » du syndicat (« rétribution FNSEA »), pour la « recherche / formalité » et le fonctionnement de la « #cellule_recrutement ». Et qu’une rétribution de 270 euros, « ajustable », pourra être perçue par la fédération départementale du syndicat.

    Ces montants sont calculés « pour la première année », car la FNSEA propose aussi son « offre renouvellement », pour un ou plusieurs saisonniers « déjà venu(s) sur l’exploitation », soit « 120 euros hors taxe par saisonnier, puis au 4e 20 euros par saisonnier ». Le syndicat entend donc prélever sa dîme aussi pour les saisonniers déjà connus de l’employeur.

    « Le réseau FNSEA est le premier à mettre en place un schéma organisé et vertueux incluant la phase amont de #recrutement dans les pays hors UE », vante un autre document, qui précise les « éléments de langage » destinés à promouvoir le service « auprès des employeurs agricoles ». « La construction d’un cadre administratif conventionné a été réalisée en concertation avec les ministères de l’intérieur, du travail, des affaires étrangères, les agences pour l’emploi », indique ce document, qui signale que « les premiers pays engagés dans la démarche sont la Tunisie et le Maroc », mais que « d’autres suivront ».

    Dans le lot des récentes #concessions_gouvernementales à la FNSEA figure d’ailleurs la possible inscription de plusieurs #métiers_agricoles dans la liste des #métiers_en_tension – agriculteurs, éleveurs, maraîchers, horticulteurs, viticulteurs et arboriculteurs salariés. Cette mesure qui pourrait être prise par arrêté, le 2 mars, après consultation des partenaires sociaux, doit permettre d’accélérer les procédures de recrutement hors UE. Et devrait donc faciliter le fonctionnement de la cellule ad hoc du syndicat.

    Dans sa note de cadrage, la FNSEA avertit son réseau d’un « point de vigilance » sur le #vocabulaire à employer s’agissant des saisonniers et recommande d’éviter d’employer les termes « #migrant » ou « #primo-migrant » dans leur description du service.

    Le fonctionnement de la « cellule recrutement » des saisonniers n’est pas détaillé par la FNSEA. « Les candidats sont retenus selon les critères mis en place par un #comité_de_sélection composé d’exploitants qui examinent la pertinence des candidatures », précise seulement le syndicat.

    « L’exploitant retrouve le pouvoir de déterminer les compétences souhaitées pour les saisonniers qu’il recrute, il redevient donc maître de ses choix en matières RH. La FD [la fédération départementale – ndlr] l’accompagne et vérifie avec lui la cohérence de ses besoins avec les productions pratiquées (nombre de saisonniers, périodes, tâches). »

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    Le précédent de Wizifarm

    « Nos saisonniers agricoles » n’est pas la première tentative de la FNSEA sur le marché du travail des saisonniers. En 2019, sa fédération départementale de la Marne et deux entreprises contrôlées par le syndicat avaient créé une #start-up, #Wizifarm, pour offrir aux agriculteurs une #plateforme de recrutement de saisonniers en ligne « en s’inspirant du modèle des sites de rencontre ». Lors du premier confinement, cette plateforme est mise à profit par la FNSEA et Pôle emploi pour tenter de fournir de la #main-d’œuvre à l’agriculture dans le cadre de l’opération « desbraspourtonassiette.wizi.farm ».

    La structure a été initialement capitalisée à hauteur de 800 000 euros par « l’apport en nature de logiciels » achetés par la FDSEA à la société #TER’informatique – présidée par le secrétaire général adjoint de la FDSEA, #Mickaël_Jacquemin –, et par l’apport de 100 000 euros de la société d’expertise comptable de la fédération, #AS_Entreprises – présidée par le président de la FDSEA #Hervé_Lapie.

    Cinq fédérations départementales du syndicat et la chambre d’agriculture de la Marne ont rejoint la start-up en 2021. Mais, fragile financièrement, Wizifarm s’essouffle. La société vote sa dissolution anticipée et sa mise en liquidation judiciaire fin 2022. Wizifarm laisse un passif de 1,3 million d’euros. Contactés, Hervé Lapie et Mickaël Jacquemin ont refusé de répondre aux questions de Mediapart.

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    On ne sait pas précisément comment la cellule de la FNSEA fonctionnera avec ses « fédés » départementales mais « un process informatique national » doit charpenter l’initiative. Sollicité par Mediapart au Salon de l’agriculture, Jérôme Volle, artisan de ce dispositif, vice-président de la FNSEA et président de sa commission emploi, n’a pas souhaité répondre à nos questions.

    En 2022, il soulignait que « les filières viticoles et arboricoles », « très gourmandes en main-d’œuvre », étaient « les plus mobilisées dans la recherche de candidats », suivies par la filière maraîchage.

    Aucune des différentes notes de cadrage obtenues par Mediapart n’évoque la #rémunération des saisonniers ou leurs #conditions_de_travail ou d’hébergement, pourtant récemment au cœur de l’actualité. En septembre dernier, après la mort de quatre personnes lors des vendanges en Champagne, la Confédération paysanne avait demandé un « plan de vigilance et d’amélioration des conditions de travail et de rémunération » pour les saisonniers, ainsi que « le contrôle des sociétés de prestation de services internationales ».

    https://www.mediapart.fr/journal/france/290224/travailleurs-saisonniers-du-maghreb-la-fnsea-lance-son-propre-business
    #travail_saisonnier #saisonniers #agriculture #France #accords_bilatéraux #migrations #business

  • #Université, service public ou secteur productif ?

    L’#annonce d’une “vraie #révolution de l’Enseignement Supérieur et la Recherche” traduit le passage, organisé par un bloc hégémonique, d’un service public reposant sur des #carrières, des #programmes et des diplômes à l’imposition autoritaire d’un #modèle_productif, au détriment de la #profession.

    L’annonce d’une « #vraie_révolution » de l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) par Emmanuel Macron le 7 décembre, a pour objet, annonce-t-il, d’« ouvrir l’acte 2 de l’#autonomie et d’aller vers la #vraie_autonomie avec des vrais contrats pluriannuels où on a une #gouvernance qui est réformée » sans recours à la loi, avec un agenda sur dix-huit mois et sans modifications de la trajectoire budgétaire. Le président sera accompagné par un #Conseil_présidentiel_de_la_science, composé de scientifiques ayant tous les gages de reconnaissance, mais sans avoir de lien aux instances professionnelles élues des personnels concernés. Ce Conseil pilotera la mise en œuvre de cette « révolution », à savoir transformer les universités, en s’appuyant sur celles composant un bloc d’#excellence, et réduire le #CNRS en une #agence_de_moyen. Les composantes de cette grande transformation déjà engagée sont connues. Elle se fera sans, voire contre, la profession qui était auparavant centrale. Notre objet ici n’est ni de la commenter, ni d’en reprendre l’historique (Voir Charle 2021).

    Nous en proposons un éclairage mésoéconomique que ne perçoit ni la perspective macroéconomique qui pense à partir des agrégats, des valeurs d’ensemble ni l’analyse microéconomique qui part de l’agent et de son action individuelle. Penser en termes de mésoéconomie permet de qualifier d’autres logiques, d’autres organisations, et notamment de voir comment les dynamiques d’ensemble affectent sans déterminisme ce qui s’organise à l’échelle méso, et comment les actions d’acteurs structurent, elles aussi, les dynamiques méso.

    La transformation de la régulation administrée du #système_éducatif, dont nombre de règles perdurent, et l’émergence d’une #régulation_néolibérale de l’ESR, qui érode ces règles, procède par trois canaux : transformation du #travail et des modalités de construction des #carrières ; mise en #concurrence des établissements ; projection dans l’avenir du bloc hégémonique (i.e. les nouveaux managers). L’action de ces trois canaux forment une configuration nouvelle pour l’ESR qui devient un secteur de production, remodelant le système éducatif hier porté par l’État social. Il s’agissait de reproduire la population qualifiée sous l’égide de l’État. Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase du #capitalisme, et cette reproduction est arrimée à l’accumulation du capital dans la perspective de #rentabilisation des #connaissances et de contrôle des professionnels qui l’assurent.

    Le couplage de l’évolution du système d’ESR avec la dynamique de l’#accumulation, constitue une nouvelle articulation avec le régime macro. Cela engendre toutefois des #contradictions majeures qui forment les conditions d’une #dégradation rapide de l’ESR.

    Co-construction historique du système éducatif français par les enseignants et l’État

    Depuis la Révolution française, le système éducatif français s’est déployé sur la base d’une régulation administrée, endogène, co-construite par le corps enseignant et l’État ; la profession en assumant de fait la charge déléguée par l’État (Musselin, 2022). Historiquement, elle a permis la croissance des niveaux d’éducation successifs par de la dépense publique (Michel, 2002). L’allongement historique de la scolarité (fig.1) a permis de façonner la force de travail, facteur décisif des gains de productivité au cœur de la croissance industrielle passée. L’éducation, et progressivement l’ESR, jouent un rôle structurant dans la reproduction de la force de travail et plus largement de la reproduction de la société - stratifications sociales incluses.

    À la fin des années 1960, l’expansion du secondaire se poursuit dans un contexte où la détention de diplômes devient un avantage pour s’insérer dans l’emploi. D’abord pour la bourgeoisie. La massification du supérieur intervient après les années 1980. C’est un phénomène décisif, visible dès les années 1970. Rapidement cela va télescoper une période d’austérité budgétaire. Au cours des années 2000, le pilotage de l’université, basé jusque-là sur l’ensemble du système éducatif et piloté par la profession (pour une version détaillée), s’est effacé au profit d’un pilotage pour et par la recherche, en lien étroit avec le régime d’accumulation financiarisé dans les pays de l’OCDE. Dans ce cadre, l’activité économique est orientée par l’extraction de la valeur financière, c’est à dire principalement par les marchés de capitaux et non par l’activité productive (Voir notamment Clévenot 2008).
    L’ESR : formation d’un secteur productif orienté par la recherche

    La #massification du supérieur rencontre rapidement plusieurs obstacles. Les effectifs étudiants progressent plus vite que ceux des encadrants (Piketty met à jour un graphique révélateur), ce qui entrave la qualité de la formation. La baisse du #taux_d’encadrement déclenche une phase de diminution de la dépense moyenne, car dans l’ESR le travail est un quasi-coût fixe ; avant que ce ne soit pour cette raison les statuts et donc la rémunération du travail qui soient visés. Ceci alors que pourtant il y a une corrélation étroite entre taux d’encadrement et #qualité_de_l’emploi. L’INSEE montre ainsi que le diplôme est un facteur d’amélioration de la productivité, alors que la productivité plonge en France (voir Aussilloux et al. (2020) et Guadalupe et al. 2022).

    Par ailleurs, la massification entraine une demande de différenciation de la part les classes dominantes qui perçoivent le #diplôme comme un des instruments de la reproduction stratifiée de la population. C’est ainsi qu’elles se détournent largement des filières et des établissements massifiés, qui n’assurent plus la fonction de « distinction » (voir le cas exemplaire des effectifs des #écoles_de_commerce et #grandes_écoles).

    Dans le même temps la dynamique de l’accumulation suppose une population formée par l’ESR (i.e. un niveau de diplomation croissant). Cela se traduit par l’insistance des entreprises à définir elles-mêmes les formations supérieures (i.e. à demander des salariés immédiatement aptes à une activité productive, spécialisés). En effet la connaissance, incorporée par les travailleurs, est devenue un actif stratégique majeur pour les entreprises.

    C’est là qu’apparaît une rupture dans l’ESR. Cette rupture est celle de la remise en cause d’un #service_public dont l’organisation est administrée, et dont le pouvoir sur les carrières des personnels, sur la définition des programmes et des diplômes, sur la direction des établissements etc. s’estompe, au profit d’une organisation qui revêt des formes d’un #secteur_productif.

    Depuis la #LRU (2007) puis la #LPR (2020) et la vague qui s’annonce, on peut identifier plusieurs lignes de #transformation, la #mise_en_concurrence conduisant à une adaptation des personnels et des établissements. Au premier titre se trouvent les instruments de #pilotage par la #performance et l’#évaluation. À cela s’ajoute la concurrence entre établissements pour l’#accès_aux_financements (type #Idex, #PIA etc.), aux meilleures candidatures étudiantes, aux #labels et la concurrence entre les personnels, pour l’accès aux #dotations (cf. agences de programmes, type #ANR, #ERC) et l’accès aux des postes de titulaires. Enfin le pouvoir accru des hiérarchies, s’exerce aux dépens de la #collégialité.

    La généralisation de l’évaluation et de la #sélection permanente s’opère au moyen d’#indicateurs permettant de classer. Gingras évoque une #Fièvre_de_l’évaluation, qui devient une référence définissant des #standards_de_qualité, utilisés pour distribuer des ressources réduites. Il y a là un instrument de #discipline agissant sur les #conduites_individuelles (voir Clémentine Gozlan). L’important mouvement de #fusion des universités est ainsi lié à la recherche d’un registre de performance déconnecté de l’activité courante de formation (être université de rang mondial ou d’université de recherche), cela condensé sous la menace du #classement_de_Shanghai, pourtant créé dans un tout autre but.

    La remise en question du caractère national des diplômes, revenant sur les compromis forgés dans le temps long entre les professions et l’État (Kouamé et al. 2023), quant à elle, assoit la mise en concurrence des établissements qui dépossède en retour la profession au profit des directions d’établissement.

    La dynamique de #mise_en_concurrence par les instruments transforme les carrières et la relation d’#emploi, qui reposaient sur une norme commune, administrée par des instances élues, non sans conflit. Cela fonctionne par des instruments, au sens de Lascoumes et Legalès, mais aussi parce que les acteurs les utilisent. Le discours du 7 décembre est éloquent à propos de la transformation des #statuts pour assurer le #pilotage_stratégique non par la profession mais par des directions d’établissements :

    "Et moi, je souhaite que les universités qui y sont prêtes et qui le veulent fassent des propositions les plus audacieuses et permettent de gérer la #ressource_humaine (…) la ministre m’a interdit de prononcer le mot statut. (…) Donc je n’ai pas dit qu’on allait réformer les statuts (…) moi, je vous invite très sincèrement, vous êtes beaucoup plus intelligents que moi, tous dans cette salle, à les changer vous-mêmes."

    La démarche est caractéristique du #new_management_public : une norme centrale formulée sur le registre non discutable d’une prétérition qui renvoie aux personnes concernées, celles-là même qui la refuse, l’injonction de s’amputer (Bechtold-Rognon & Lamarche, 2011).

    Une des clés est le transfert de gestion des personnels aux établissements alors autonomes : les carrières, mais aussi la #gouvernance, échappent progressivement aux instances professionnelles élues. Il y a un processus de mise aux normes du travail de recherche, chercheurs/chercheuses constituant une main d’œuvre qui est atypique en termes de formation, de types de production fortement marqués par l’incertitude, de difficulté à en évaluer la productivité en particulier à court terme. Ce processus est un marqueur de la transformation qui opère, à savoir, un processus de transformation en un secteur. La #pénurie de moyen public est un puissant levier pour que les directions d’établissement acceptent les #règles_dérogatoires (cf. nouveaux contrats de non titulaires ainsi que les rapports qui ont proposé de spécialiser voire de moduler des services).

    On a pu observer depuis la LRU et de façon active depuis la LPR, à la #destruction régulière du #compromis_social noué entre l’État social et le monde enseignant. La perte spectaculaire de #pouvoir_d’achat des universitaires, qui remonte plus loin historiquement, en est l’un des signaux de fond. Il sera progressivement articulé avec l’éclatement de la relation d’emploi (diminution de la part de l’emploi sous statut, #dévalorisation_du_travail etc.).

    Arrimer l’ESR au #régime_d’accumulation, une visée utilitariste

    L’État est un acteur essentiel dans l’émergence de la production de connaissance, hier comme commun, désormais comme résultat, ou produit, d’un secteur productif. En dérégulant l’ESR, le principal appareil de cette production, l’État délaisse la priorité accordée à la montée de la qualification de la population active, au profit d’un #pilotage_par_la_recherche. Ce faisant, il radicalise des dualités anciennes entre système éducatif pour l’élite et pour la masse, entre recherche utile à l’industrie et recherche vue comme activité intellectuelle (cf. la place des SHS), etc.

    La croissance des effectifs étudiants sur une période assez longue, s’est faite à moyens constants avec des effectifs titulaires qui ne permettent pas de maintenir la qualité du travail de formation (cf. figure 2). L’existence de gisements de productivité supposés, à savoir d’une partie de temps de travail des enseignants-chercheurs inutilisé, a conduit à une pénurie de poste et à une recomposition de l’emploi : alourdissement des tâches des personnels statutaires pour un #temps_de_travail identique et développement de l’#emploi_hors_statut. Carpentier & Picard ont récemment montré, qu’en France comme ailleurs, le recours au #précariat s’est généralisé, participant par ce fait même à l’effritement du #corps_professionnel qui n’a plus été à même d’assurer ni sa reproduction ni ses missions de formation.

    C’est le résultat de l’évolution longue. L’#enseignement est la part délaissée, et les étudiants et étudiantes ne sont plus au cœur des #politiques_universitaires : ni par la #dotation accordée par étudiant, ni pour ce qui structure la carrière des universitaires (rythmée par des enjeux de recherche), et encore moins pour les dotations complémentaires (associées à une excellence en recherche). Ce mouvement se met toutefois en œuvre en dehors de la formation des élites qui passent en France majoritairement par les grandes écoles (Charle et Soulié, 2015). Dès lors que les étudiants cessaient d’être le principe organisateur de l’ESR dans les universités, la #recherche pouvait s’y substituer. Cela intervient avec une nouvelle convention de qualité de la recherche. La mise en œuvre de ce principe concurrentiel, initialement limité au financement sur projets, a été élargie à la régulation des carrières.

    La connaissance, et de façon concrète le niveau de diplôme des salariés, est devenu une clé de la compétitivité, voire, pour les gouvernements, de la perspective de croissance. Alors que le travail de recherche tend à devenir une compétence générale du travail qualifié, son rôle croissant dans le régime d’accumulation pousse à la transformation du rapport social de travail de l’ESR.

    C’est à partir du système d’#innovation, en ce que la recherche permet de produire des actifs de production, que l’appariement entre recherche et profit participe d’une dynamique nouvelle du régime d’accumulation.

    Cette dynamique est pilotée par l’évolution jointe du #capitalisme_financiarisé (primauté du profit actionnarial sur le profit industriel) et du capitalisme intensif en connaissance. Les profits futurs des entreprises, incertains, sont liés d’une part aux investissements présents, dont le coût élevé repose sur la financiarisation tout en l’accélérant, et d’autre part au travail de recherche, dont le contrôle échappe au régime historique de croissance de la productivité. La diffusion des compétences du travail de recherche, avec la montée des qualifications des travailleurs, et l’accumulation de connaissances sur lequel il repose, deviennent primordiaux, faisant surgir la transformation du contenu du travail par l’élévation de sa qualité dans une division du travail qui vise pourtant à l’économiser. Cela engendre une forte tension sur la production des savoirs et les systèmes de transmission du savoir qui les traduisent en connaissances et compétences.

    Le travail de recherche devenant une compétence stratégique du travail dans tous les secteurs d’activité, les questions posées au secteur de recherche en termes de mesure de l’#efficacité deviennent des questions générales. L’enjeu en est l’adoption d’une norme d’évaluation que les marchés soient capables de faire circuler parmi les secteurs et les activités consommatrices de connaissances.

    Un régime face à ses contradictions

    Cette transformation de la recherche en un secteur, arrimé au régime d’accumulation, suppose un nouveau compromis institutionnalisé. Mais, menée par une politique néolibérale, elle se heurte à plusieurs contradictions majeures qui détruisent les conditions de sa stabilisation sans que les principes d’une régulation propre ne parviennent à émerger.

    Quand la normalisation du travail de recherche dévalorise l’activité et les personnels

    Durant la longue période de régulation administrée, le travail de recherche a associé le principe de #liberté_académique à l’emploi à statut. L’accomplissement de ce travail a été considéré comme incompatible avec une prise en charge par le marché, ce dernier n’étant pas estimé en capacité de former un signal prix sur les services attachés à ce type de travail. Ainsi, la production de connaissance est un travail entre pairs, rattachés à des collectifs productifs. Son caractère incertain, la possibilité de l’erreur sont inscrits dans le statut ainsi que la définition de la mission (produire des connaissances pour la société, même si son accaparement privé par la bourgeoisie est structurel). La qualité de l’emploi, notamment via les statuts, a été la clé de la #régulation_professionnelle. Avec la #mise_en_concurrence_généralisée (entre établissements, entre laboratoires, entre Universités et grandes écoles, entre les personnels), le compromis productif entre les individus et les collectifs de travail est rompu, car la concurrence fait émerger la figure du #chercheur_entrepreneur, concerné par la #rentabilisation des résultats de sa recherche, via la #valorisation sous forme de #propriété_intellectuelle, voire la création de #start-up devenu objectifs de nombre d’université et du CNRS.

    La réponse publique à la #dévalorisation_salariale évoquée plus haut, passe par une construction différenciée de la #rémunération, qui rompt le compromis incarné par les emplois à statut. Le gel des rémunérations s’accompagne d’une individualisation croissante des salaires, l’accès aux ressources étant largement subordonné à l’adhésion aux dispositifs de mise en concurrence. La grille des rémunérations statutaires perd ainsi progressivement tout pouvoir organisationnel du travail. Le rétrécissement de la possibilité de travailler hors financements sur projet est indissociable du recours à du #travail_précaire. La profession a été dépossédée de sa capacité à défendre son statut et l’évolution des rémunérations, elle est inopérante à faire face à son dépècement par le bloc minoritaire.

    La contradiction intervient avec les dispositifs de concurrence qui tirent les instruments de la régulation professionnelle vers une mise aux normes marchandes pour une partie de la communauté par une autre. Ce mouvement est rendu possible par le décrochage de la rémunération du travail : le niveau de rémunération d’entrée dans la carrière pour les maîtres de conférences est ainsi passé de 2,4 SMIC dans les années 1980 à 1,24 aujourd’hui.

    Là où le statut exprimait l’impossibilité d’attacher une valeur au travail de recherche hors reconnaissance collective, il tend à devenir un travail individualisable dont le prix sélectionne les usages et les contenus. Cette transformation du travail affecte durablement ce que produit l’université.

    Produire de l’innovation et non de la connaissance comme communs

    Durant la période administrée, c’est sous l’égide de la profession que la recherche était conduite. Définissant la valeur de la connaissance, l’action collective des personnels, ratifiée par l’action publique, pose le caractère non rival de l’activité. La possibilité pour un résultat de recherche d’être utilisé par d’autres sans coût de production supplémentaire était un gage d’efficacité. Les passerelles entre recherche et innovation étaient nombreuses, accordant des droits d’exploitation, notamment à l’industrie. Dans ce cadre, le lien recherche-profit ou recherche-utilité économique, sans être ignoré, ne primait pas. Ainsi, la communauté professionnelle et les conditions de sa mise au travail correspondait à la nature de ce qui était alors produit, à savoir les connaissances comme commun. Le financement public de la recherche concordait alors avec la nature non rivale et l’incertitude radicale de (l’utilité de) ce qui est produit.

    La connaissance étant devenue un actif stratégique, sa valorisation par le marché s’est imposée comme instrument d’orientation de la recherche. Finalement dans un régime d’apparence libérale, la conduite politique est forte, c’est d’ailleurs propre d’un régime néolibéral tel que décrit notamment par Amable & Palombarini (2018). Les #appels_à_projet sélectionnent les recherches susceptibles de #valorisation_économique. Là où la #publication fait circuler les connaissances et valide le caractère non rival du produit, les classements des publications ont pour objet de trier les résultats. La priorité donnée à la protection du résultat par la propriété intellectuelle achève le processus de signalement de la bonne recherche, rompant son caractère non rival. La #rivalité exacerbe l’effectivité de l’exclusion par les prix, dont le niveau est en rapport avec les profits anticipés.

    Dans ce contexte, le positionnement des entreprises au plus près des chercheurs publics conduit à une adaptation de l’appareil de production de l’ESR, en créant des lieux (#incubateurs) qui établissent et affinent l’appariement recherche / entreprise et la #transférabilité à la #valorisation_marchande. La hiérarchisation des domaines de recherche, des communautés entre elles et en leur sein est alors inévitable. Dans ce processus, le #financement_public, qui continue d’endosser les coûts irrécouvrables de l’incertitude, opère comme un instrument de sélection et d’orientation qui autorise la mise sous contrôle de la sphère publique. L’ESR est ainsi mobilisée par l’accumulation, en voyant son autonomie (sa capacité à se réguler, à orienter les recherches) se réduire. L’incitation à la propriété intellectuelle sur les résultats de la recherche à des fins de mise en marché est un dispositif qui assure cet arrimage à l’accumulation.

    Le caractère appropriable de la recherche, devenant essentiel pour la légitimation de l’activité, internalise une forme de consentement de la communauté à la perte du contrôle des connaissances scientifiques, forme de garantie de sa circulation. Cette rupture de la non-rivalité constitue un coût collectif pour la société que les communautés scientifiques ne parviennent pas à rendre visible. De la même manière, le partage des connaissances comme principe d’efficacité par les externalités positives qu’il génère n’est pas perçu comme un principe alternatif d’efficacité. Chemin faisant, une recherche à caractère universel, régulée par des communautés, disparait au profit d’un appareil sous doté, orienté vers une utilité de court terme, relayé par la puissance publique elle-même.

    Un bloc hégémonique réduit, contre la collégialité universitaire

    En tant que mode de gouvernance, la collégialité universitaire a garanti la participation, et de fait la mobilisation des personnels, car ce n’est pas la stimulation des rémunérations qui a produit l’#engagement. Les collectifs de travail s’étaient dotés d’objectifs communs et s’étaient accordés sur la #transmission_des_savoirs et les critères de la #validation_scientifique. La #collégialité_universitaire en lien à la définition des savoirs légitimes a été la clé de la gouvernance publique. Il est indispensable de rappeler la continuité régulatrice entre liberté académique et organisation professionnelle qui rend possible le travail de recherche et en même temps le contrôle des usages de ses produits.

    Alors que l’université doit faire face à une masse d’étudiants, elle est évaluée et ses dotations sont accordées sur la base d’une activité de recherche, ce qui produit une contradiction majeure qui affecte les universités, mais pas toutes. Il s’effectue un processus de #différenciation_territoriale, avec une masse d’établissements en souffrance et un petit nombre qui a été retenu pour former l’élite. Les travaux de géographes sur les #inégalités_territoriales montrent la très forte concentration sur quelques pôles laissant des déserts en matière de recherche. Ainsi se renforce une dualité entre des universités portées vers des stratégies d’#élite et d’autres conduites à accepter une #secondarisation_du_supérieur. Une forme de hiatus entre les besoins technologiques et scientifiques massifs et le #décrochage_éducatif commence à être diagnostiquée.

    La sectorisation de l’ESR, et le pouvoir pris par un bloc hégémonique réduit auquel participent certaines universités dans l’espoir de ne pas être reléguées, ont procédé par l’appropriation de prérogatives de plus en plus larges sur les carrières, sur la valorisation de la recherche et la propriété intellectuelle, de ce qui était un commun de la recherche. En cela, les dispositifs d’excellence ont joué un rôle marquant d’affectation de moyens par une partie étroite de la profession. De cette manière, ce bloc capte des prébendes, assoit son pouvoir par la formation des normes concurrentielles qu’il contrôle et développe un rôle asymétrique sur les carrières par son rôle dominant dans l’affectation de reconnaissance professionnelle individualisée, en contournant les instances professionnelles. Il y a là création de nouveaux périmètres par la norme, et la profession dans son ensemble n’a plus grande prise, elle est mise à distance des critères qui servent à son nouveau fonctionnement et à la mesure de la performance.

    Les dispositifs mis en place au nom de l’#excellence_scientifique sont des instruments pour ceux qui peuvent s’en emparer et définissant les critères de sélection selon leur représentation, exercent une domination concurrentielle en sélectionnant les élites futures. Il est alors essentiel d’intégrer les Clubs qui en seront issus. Il y a là une #sociologie_des_élites à préciser sur la construction d’#UDICE, club des 10 universités dites d’excellence. L’évaluation de la performance détermine gagnants et perdants, via des labels, qui couronnent des processus de sélection, et assoit le pouvoir oligopolistique et les élites qui l’ont porté, souvent contre la masse de la profession (Musselin, 2017).

    Le jeu des acteurs dominants, en lien étroit avec le pouvoir politique qui les reconnait et les renforce dans cette position, au moyen d’instruments de #rationalisation de l’allocation de moyens pénuriques permet de définir un nouvel espace pour ceux-ci, ségrégué du reste de l’ESR, démarche qui est justifié par son arrimage au régime d’accumulation. Ce processus s’achève avec une forme de séparatisme du nouveau bloc hégémonique composé par ces managers de l’ESR, composante minoritaire qui correspond d’une certaine mesure au bloc bourgeois. Celles- et ceux-là même qui applaudissent le discours présidentiel annonçant la révolution dont un petit fragment tirera du feu peu de marrons, mais qui seront sans doute pour eux très lucratifs. Toutefois le scénario ainsi décrit dans sa tendance contradictoire pour ne pas dire délétère ne doit pas faire oublier que les communautés scientifiques perdurent, même si elles souffrent. La trajectoire choisie de sectorisation déstabilise l’ESR sans ouvrir d’espace pour un compromis ni avec les personnels ni pour la formation. En l’état, les conditions d’émergence d’un nouveau régime pour l’ESR, reliant son fonctionnement et sa visée pour la société ne sont pas réunies, en particulier parce que la #rupture se fait contre la profession et que c’est pourtant elle qui reste au cœur de la production.

    https://laviedesidees.fr/Universite-service-public-ou-secteur-productif
    #ESR #facs #souffrance

  • #Start-up_nation : quand l’État programme son #obsolescence
    (publié en 2021)

    Depuis de nombreuses années, les start-ups françaises peuvent se targuer d’avoir à leur disposition de nombreuses subventions publiques et un environnement médiatique favorable. Partant du postulat que la puissance privée est seule capable d’imagination et d’innovation, l’État français finance à tour de bras ces « jeunes pousses » dans l’espoir schumpéterien de révolutionner son #économie. Cette #stratégie_économique condamne pourtant la puissance publique à l’#impuissance et à l’#attentisme.

    En 2017, #Emmanuel_Macron avait largement axé sa campagne présidentielle sur un discours général favorable à l’entreprenariat. La stratégie économique française valorise ainsi la création de nouvelles entreprises, dites jeunes pousses ou start-ups. En avril 2017, le futur président français assène qu’une « start-up nation est une Nation où chacun peut se dire qu’il pourra créer une start-up. Je veux que la France en soit une ». Ces entités ont pour vocation de proposer des technologies de ruptures disruptives, selon l’expression de l’économiste américain Clayton Christensen, c’est-à-dire une redéfinition des règles du jeu économique venant remplacer les anciens schémas de pensée.

    Cette configuration institutionnelle favorable aux start-ups n’est cependant pas apparue subitement lors de la dernière présidentielle. Le label #French_Tech est en effet lancé dès 2013 par #Fleur_Pellerin, alors Ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, de l’Innovation et de l’Économie numérique. Ce programme a pour ambition de développer les jeunes pousses hexagonales. Les successeurs de Fleur Pellerin vous tous accompagner et poursuivre ce mouvement d’effervescence : en 2015 sont lancés le French Tech Ticket ainsi que le French Tech Visa en 2017.

    Ce discours s’accompagne d’un appel à créer le plus de licornes possibles : des start-ups valorisées sur les marchés à plus d’un milliard d’euros. Alors que la France compte 3 licornes en 2017, ce chiffre est passé à 15 en 2020. Le gouvernement espère qu’il en sera crée 10 de plus d’ici 2025. Ce constant appel à l’#innovation s’inspire de l’exemple israélien, parangon de la start-up nation, qui compte une jeune pousse pour 1400 habitants. Poussé par l’afflux de liquidités fourni par son ministère de la défense, l’État hébreux s’est lancé très tôt dans cette stratégie économique. Les nombreuses start-ups qui y sont créées permettent à #Israël de mieux peser sur la scène internationale : son secteur de l’innovation représente 10% de son PIB et près de la moitié de ses exportations.

    De l’État providence à l’État subventionneur

    Toutes ces entreprises ne se sont pas créées d’elles-mêmes. Pour leur écrasante majorité, elles ont largement été financées par la puissance publique. Dès 2012, tout un écosystème institutionnel favorable à l’entreprenariat individuel est mis en place. En pleine campagne présidentielle, #François_Hollande promet une réindustrialisation rapide et efficace de la France. Afin d’atteindre cet objectif ambitieux, ce dernier entend créer « une banque publique d’investissement qui […] accompagnera le développement des entreprises stratégiques ». Quatre mois plus tard naît la #Banque_Publique_d’Investissement (#BPI), détenue par la #Caisse_des_Dépôts_et_des_Consignations (#CDC) ainsi que par l’État. La BPI a pour mission de « financer des projets de long terme » et d’œuvrer à la « #conversion_numérique » de l’Hexagone. Très vite, l’institution devient un outil permettant à l’État de financer massivement les start-ups. La BPI subventionne ainsi le label French Tech à hauteur de 200 millions d’euros et est actionnaire de nombreuses start-ups françaises.

    Comme le pointe un rapport publié par Rolland Berger, une grande majorité des entreprises du #French_Tech_Next 40/120 — un programme regroupant les start-ups françaises les plus prometteuses — a reçu des prêts et des #subventions de la puissance publique. On estime ainsi que 89% de ces entreprises ont reçu une aide indirecte de la BPI ! En pleine crise sanitaire, l’institution obtient plus de 2 milliards d’euros pour soutenir ces entreprises innovantes tandis que 3,7 milliards du plan de relance décidé en 2020 par le gouvernement a été fléché vers la création et l’aide aux start-ups. Cedric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique, confirme ainsi qu’il « va y avoir des opportunités suite à la crise [sanitaire], tout comme celle de 2008 ».

    Pour autant, l’État français ne soutient pas ses start-ups uniquement sur le plan financier. La loi Pacte de 2019, en continuité avec la loi Allègre de 1999, facilite les passerelles public-privé et encourage les chercheurs à créer des entreprises. Ces dispositions législatives permettent à des recherches menées et financées grâce à de l’argent public d’être « valorisées », c’est-à-dire en réalité privatisées, par le secteur lucratif. Des #Sociétés_d’Accélération_du_Transfert_de_Technologies (#SATT) ont été créées pour accélérer ce processus dans de nombreuses universités. Plus de 250 start-ups ont été développées par le prisme de ce réseau depuis 2012. L’Union européenne n’est pas en reste dans cette stratégie de soutien massif aux « jeunes pousses ». Sa stratégie Horizon 2020, un programme de 79 milliards d’euros étalé entre 2014 et 2020, dédiait 20% de son budget à la création de start-ups. Pléthore de pays européens se tournent eux aussi vers des stratégies de numérisation de l’économie, souvent via un soutien sans faille aux start-ups. En 2012, le ministre italien de l’économie, sous le gouvernement du technocrate Mario Monti, a promulgué une loi qui a permis à l’État italien de dépenser 200 millions d’euros pour aider les jeunes entreprises du pays, dans le but de « promouvoir la mobilité sociale ». Depuis 2019, le fonds national pour l’innovation italien a dépensé 245 millions d’euros pour subventionner 480 start-ups.
    Le mythe des start-ups souveraines et créatrices d’emplois

    Si les nations européennes axent autant leurs stratégies économiques sur le développement des start-ups, c’est avant tout car cette politique permet aux États de prétendre agir dans des domaines clefs où leur incurie a mainte fois été pointée du doigt : la lutte contre le chômage de masse et la mise en place d’une souveraineté technologique.

    Nombre de médias se sont ainsi fait le relais de la start-up mania, louant la capacité de la French Tech à « créer 224.000 nouveaux emplois d’ici à 2025 » et à être le « fer de lance de l’économie ». Ces jeunes pousses permettraient de créer jusqu’à « 5,2 emplois indirects qui dépendent de [leur] activité » et d’œuvrer à la réindustrialisation de la France. Ce constat mérite pourtant d’être nuancé. Comme cela a déjà été évoqué, la start-up mania s’accompagne d’une aide inconditionnelle de l’État français par le prisme de la BPI. Pourtant, comme l’ont analysé nos confrères du Média, le bilan de l’institution est tâché de nombreux scandales. La banque, dès sa création, n’a pas été pensée comme un organisme capable de contenir et d’endiguer la désindustrialisation de l’Hexagone. M. Moscovici, alors ministre des finances, déclarait ainsi en 2012, que « la BPI n’est pas un outil défensif, c’est un outil offensif, n’en faisons pas un pompier ». L’institution est en effet souvent demeurée indifférente aux plans de licenciements et en a même favorisé certains comme le confirment les exemples des entreprises Veralia et Arjowiggins. Une loi du 23 mars 2020 a quant à elle permis d’ouvrir le conseil d’administration de l’institution à des acteurs privés, laissant une fois de plus planer le doute sur la capacité et la volonté de la banque publique d’agir pour le bien commun.

    Il est également permis de rester sceptique face à une stratégie de réduction de chômage structurelle se basant principalement sur le soutien à des start-ups qui participent à la « plateformisation » de notre économie. En proposant de mettre en contact clients et professionnels, des entreprises telles que Uber ou Deliveroo s’évertuent à détruire code du travail et régulations étatiques. Alors qu’elles sont vendues comme des instruments permettant de lutter contre le chômage, ces start-ups ne peuvent exister et espérer devenir rentables que par une grande flexibilité et en excluant leurs travailleurs du salariat. Le gouvernement socialiste espagnol vient ainsi récemment de légiférer afin de contrôler ces géants de l’économie de plateforme, permettant de conférer un statut de salarié aux livreurs qui étaient considérés comme des travailleurs indépendants. À peine la nouvelle annoncée, Deliveroo a annoncé qu’elle comptait mettre fin à ses activités dans le pays, tandis que ses concurrents Stuart, Glovo et UberEats critiquaient cette décision qui va mettre « en danger un secteur qui apporte 700 millions d’euros au PIB national ».

    En somme, la France semble avoir abandonné toute stratégie ambitieuse de réduction du chômage de masse. Plutôt que de défendre le droit de tout citoyen à obtenir un emploi, inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946, l’État dépense des sommes faramineuses afin d’encourager la création d’entreprises à l’avenir très incertain. Dans cette politique qui s’apparente à un véritable choix du chômage, les citoyens sont appelés à innover alors même que les multiples causes du chômage structurelle sont éludées. Pour autant, cette incurie étatique ne date ni du quinquennat Hollande ni du mandat du président Macron : Raymond Barre déclarait en 1980 que « les chômeurs pourraient essayer de créer leur entreprise au lieu de se borner à toucher les allocations de chômage ! ».

    NDLR : Pour en savoir plus sur les choix politiques et économiques ayant conduit à un chômage de masse persistant, lire sur LVSL l’interview de Benoît Collombat par le même auteur : « Le choix du chômage est la conséquence de décisions néolibérales ».

    Outre l’argument des créations d’emplois, le soutien aux start-ups est également justifié par une nécessaire préservation de la souveraineté nationale. Dès qu’éclate en 2013 l’affaire Snowden, la préservation de la vie privée et la souveraineté technologique deviennent des préoccupations politiques majeures. Des entrepreneurs ont profité de ce phénomène pour proposer des technologies souveraines capables de réduire l’impuissance des nations européennes face à l’espionnage de masse. Les États comme la France vont alors largement baser leur politique de défense de la souveraineté nationale par un soutien massif à des start-ups.

    L’exemple de l’entreprise Qwant est sur ce point éloquent tant il permet de montrer les insuffisances et les impasses d’une telle approche. Fondée en 2011 par Jean-Manuel Rozan, Eric Léandri et Patrick Constant, l’entreprise se rêve en « Google français » en proposant un moteur de recherche souverain. Alors que la société n’est pas loin de la faillite, l’affaire Snowden lui permet de faire un large lobbying au sein des institutions françaises. Ces efforts seront rapidement récompensés puisque la Caisse des Dépôts et des Consignations investit en 2017 plus de 20 millions d’euros dans le projet tout en détenant 20% de son capital. En janvier 2020, l’État annonce même que Qwant est désormais installé sur les postes informatiques de l’administration publique. Pourtant, force est de constater que cette aide massive n’a pas permis de bâtir un moteur de recherche réellement souverain : en 2019, soit sept ans après sa création, Qwant utilise la technologie de Bing (Microsoft) dans 75% des recherches effectuées. Une note de la Direction interministérielle du numérique (DINUM) pointe également les nombreuses failles de l’entreprise, tels que les salaires mirobolants de ses dirigeants et les nombreux problèmes techniques du logiciel utilisé par Qwant, qui laissent perplexe quant au soutien massif que lui prodigue l’État. Plus largement, rien n’indique qu’une entreprise créée sur le sol français ne tombera pas aux mains de fonds d’investissements étrangers : parmi les licornes « françaises », la start-up Aircall (téléphonie via IP) est détenue à majorité par des acteurs non-français, tandis que Voodoo (jeux vidéo) a fait rentrer le géant chinois Tencent à son capital.
    Quand les start-ups remplacent l’État

    Le recours aux start-ups s’explique également par une prétendue incapacité de l’État à innover, à comprendre le marché et à « prendre des risques ». Ce mythe, pourtant déconstruit méthodiquement par l’économiste Mariana Mazzucato dans The Entrepreneurial State (paru en français en 2020), laisse penser que seul le secteur privé est capable de faire évoluer nos activités économiques et donc de créer des emplois. Comme l’analyse l’auteure, « le « retard » de l’Europe par rapport aux États-Unis est souvent attribué à la faiblesse de son secteur du capital-risque. Les exemples des secteurs de haute technologie aux États-Unis sont souvent utilisés pour expliquer pourquoi nous avons besoin de moins d’État et de plus de marché ». Nombre de start-ups se servent de ce mythe auto-réalisateur pour légitimer leur activité.

    Il est intéressant de noter que cette mentalité a également imprégné les dirigeants d’institutions publiques. Un rapport de la CDC ayant fuité en 2020 et prétendant redéfinir et révolutionner la politique de santé française chantait les louanges du secteur privé, des partenariats public-privé et de 700 start-ups de la healthtech. La puissance publique finance volontiers des jeunes pousses du domaine de la santé, à l’image d’Owkin, qui utilise l’intelligence artificielle pour traiter des données médicales, ou encore Lucine qui, grâce à des sons et des images, revendique la capacité de libérer des endorphines, de la morphine ou de l’adrénaline. La CDC détient également 38,8% d’Icade santé, un des acteurs majeurs du secteur privé et lucratif de la santé en France. De fait, les start-ups médicales s’immiscent de plus en plus au sein des institutions privées, à l’image d’Happytal, financé à hauteur de 3 millions d’euros par la BPI, qui propose à prix d’or aux hôpitaux des services de pré-admission en ligne ou de conciergerie de patients hospitalisés. Pour encourager les jeunes pousses à envahir les hôpitaux publics, la puissance publique va jusqu’à prodiguer, via un guide produit par BPI France, des conseils pour entrepreneurs peu scrupuleux expliquant comment passer outre des agents publics dubitatifs et méfiants qui ont « tendance à freiner les discussions » !

    Ainsi, comme l’analyse Mariana Mazzucato, « c’est donc une prophétie auto-réalisatrice que de considérer l’État comme encombrant et uniquement capable de corriger les défaillances du marché ». Pourtant, les start-ups ne pullulent pas uniquement grâce à ce zeitgeist favorable à l’entreprenariat, mais profitent directement de l’incapacité de l’État à fournir des services à ses citoyens, renforçant d’autant plus le mythe évoqué par Mariana Mazzucato. L’exemple de l’attribution à Doctolib du vaste marché de la prise de rendez-vous en ligne des Hôpitaux de Paris (AP-HP) en 2016 est révélateur de ce phénomène : devenu incapable de fournir un service public de prise de rendez-vous, l’État a dû confier les données de santé de millions de français à cette start-up française. La même expérience s’est répétée lors de la prise des rendez-vous de la vaccination contre le COVID-19, qui ont permis à l’entreprise d’engranger des millions de nouveaux clients sans aucune dépense de publicité.
    Vers une bulle spéculative ?

    Outre les questions que soulève le soutien massif de l’État français aux jeunes pousses du numérique, il convient également de se poser la question de la crédibilité économique de ces entreprises. En effet, il apparaît que nombre de ces sociétés participent à la financiarisation de nos activités économiques et deviennent des actifs spéculatifs et instables. Plus que de « changer le monde », un créateur de start-up recherche principalement à réaliser un « exit », c’est-à-dire à réaliser une belle plus-value via le rachat ou l’entrée en bourse de son entreprise. Dans un climat hostile et instable — on estime que seulement 20 % des jeunes pousses réussissent cet « exit » — les entrepreneurs sont poussés à dilapider le plus rapidement l’argent qu’ils ont à leur disposition. Cette stratégie, dénommée burn rate, est souvent perçue comme une perspective de croissance future par les investisseurs.

    De plus, les entrepreneurs sont souvent poussés à embellir leurs entreprises en exagérant le potentiel des services qu’elles proposent, voire en mentant sur leurs résultats, comme le montrent les exemples de Theranos (tests sanguins soi-disant révolutionnaires), Rifft (objets connectés) ou The Camp (technopôle provençal en perdition adoubé par M. Macron). Cela conduit les start-ups technologiques à avoir un ratio de valorisation sur chiffre d’affaires très élevé. Alors qu’il n’est que de 2,6 fois pour Amazon, c’est-à-dire que la valorisation boursière de l’entreprise n’excède « que » de 2,6 fois son chiffre d’affaires, ce nombre atteint plus de 50 pour certaines licornes. Pour AirBnb, la troisième licorne mondiale valorisée à 25,5 milliards de dollars, le chiffre est par exemple de 28,6. Alors que dans une entreprise traditionnelle la valeur des actions est estimée par les investisseurs en fonction de l’estimation des bénéfices futurs d’une entreprise, ce chiffre est très largement secondaire dans les levées de fonds de start-ups. Ainsi, de nombreuses licornes ne prévoient pas à court ou moyen terme de réaliser des bénéfices. L’entreprise Lyft a par exemple enregistré l’an dernier une perte de 911 millions de dollar, tandis qu’Uber a perdu 800 millions de dollars en un trimestre. On estime que sur les 147 licornes qui existent autour du globe, seulement 33 sont rentables. En somme, les investisseurs s’intéressent principalement à la capacité d’une start-up à produire une masse d’utilisateurs la plus large possible. Ce phénomène justifie des dépenses gargantuesques par ces mastodontes de l’économie de plateforme : Lyft a dépensé 1,3 milliard de dollars en marketing et en incitations pour les chauffeurs et les coursiers en 2018. Cet écosystème très instable a toutes les chances de participer à la création d’une bulle spéculative sous la forme d’une pyramide de Ponzi. En effet, si nombre de ces entreprises sont incapables à moyen terme de produire un quelconque bénéfice, que leurs actifs sont surévalués et que les règles du jeu économique poussent les entrepreneurs à dépenser sans compter tout en accentuant excessivement les mérites de leurs produits, les marchés financiers risquent de connaître une nouvelle crise technologique comparable à celle de 2001.

    La stratégie économique de soutien massif aux start-ups adoptée par l’État français s’apparente ainsi fortement à une politique néolibérale. En effet, comme ont pu l’analyser Michel Foucault et Barbara Stiegler, le néolibéralisme, loin d’être favorable à un État minimal, comme le libéralisme classique, prône l’émergence d’un État fort capable de réguler l’économie et d’adapter les masses au sens de l’évolution capitaliste ; c’est-à-dire aux besoins du marché. Ce constat conduit l’auteure d’Il faut s’adapter (Gallimard, 2019) à affirmer que « la plupart du temps les responsables de gauche caricaturent ainsi le néolibéralisme en le prenant pour un ultralibéralisme lointain […] si bien que dès qu’un gouvernement fait appel à plus l’État, ces responsables croient que ça signifie que la menace ultralibérale a été repoussée ». De fait, plutôt que de considérer de facto une politique de soutien aux start-ups comme souhaitable et efficace, il conviendrait de rester prudent vis-à-vis de ce genre d’initiative. Une telle attitude serait d’autant plus vertueuse qu’elle permettrait de comprendre que « l’économie disruptive », loin de dynamiter les codes du secteur économique, imite sans scrupule les recettes du « monde d’avant ». Les concepts flous de « start-up » ou de « technologies de ruptures » y sont les nouveaux arguments d’autorité justifiant la destruction de nos écosystèmes, la disparition des petites entreprises et des services publics et la précarisation de pans entiers de la populations.

    NDLR : Pour en savoir plus sur la différence entre libéralisme et néolibéralisme, lire sur LVSL l’article réalisé par Vincent Ortiz et Pablo Patarin : L’impératif néolibéral de « l’adaptation » : retour sur l’ouvrage de Barbara Stiegler.

    https://lvsl.fr/start-up-nation-quand-letat-programme-son-obsolescence

    #start-up #macronisme #Macron #France

    • Ces dispositions législatives permettent à des recherches menées et financées grâce à de l’argent public d’être « valorisées », c’est-à-dire en réalité privatisées, par le secteur lucratif.

      On ne saurait mieux dire...

  • Afrique : les coups d’Etat se suivent et ne se ressemblent pas (complètement)
    https://www.alternatives-economiques.fr/jean-francois-bayart/afrique-coups-detat-se-suivent-ne-se-ressemblent-completement/00107972

    « On vit chez les fous ! » Voilà l’analyse profonde qu’Emmanuel Macron a partagée avec les ambassadeurs, réunis en conférence annuelle, à propos de ce qu’il nomme une « épidémie de putschs » en Afrique. Et ce, avant même que ne survienne un nouveau coup au Gabon, fief s’il en est de la France au sud du Sahara.

    #macronade

    Les putsch en Afrique, c’est comme le Covid, c’est un « mais qui aurait pu prévoir ? » dans les propos de Macron. Au-delà de l’introduction qui donne le ton, le rappel historique de l’article est intéressant.

  • #Ushahidi : comment un site citoyen, né au Kenya, aide aujourd’hui l’ONU à gérer les crises humanitaires

    Créée en 2008 à l’initiative de quelques étudiants pour recenser et dénoncer les #violences post électorales, la plateforme kenyane Ushahidi est aujourd’hui utilisée un peu partout dans le monde pour traquer les #violences_politiques ou la #corruption.

    C’est au Kenya, que l’on trouve les prémices de ces réseaux citoyens africains appelés « #civic_tech ». Tout a commencé avec la surveillance des élections de 2007. A cette époque, les citoyens kényans signalent et documentent les incidents et les violences sur les réseaux sociaux.

    Constatant que les troubles sont peu couverts par la presse, l’influente blogueuse et activiste kényane #Ory_Okolloh lance un appel sur la Toile pour développer une carte qui recenserait les violences et les dégâts dans le pays. L’idée est de créer un site numérique permettant aux populations de signaler les violences et de les visualiser sur une carte. L’aventure Ushahidi commence. Dix ans plus tard, cet outil est utilisé pour des milliers de projets citoyens un peu partout dans le monde.

    Ushahidi signifie « témoigner » en swahili

    Les Kényans connectés au réseau peuvent alors relater et géolocaliser les violences dont ils sont témoins. Plus de 50.000 témoignages sont rapportés sur cette carte. Ushahidi est né.

    Fin 2008, le projet est remarqué par des fondations américaines. Séduites par cette jeune #start-up africaine à but non lucratif, elles proposent une aide financière.

    En 2012, les équipes d’Ushahidi ont élaboré en Libye, pour la première fois, une carte interactive d’un pays en guerre pour le compte de l’ONU. En moins d’une semaine, Ushahidi conçoit deux #cartes_interactives, qui évoluent en temps réel au gré des témoignages reçus. Mais aussi en fonction des informations et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux par des membres de la diaspora libyenne, des activistes, des journalistes et les organisations internationales.

    Sur ces cartes, on trouve les lieux et le nombre de blessés, le mouvement des réfugiés, les camps humanitaires, les centres de soin, les routes détruites...

    Depuis la création de la start-up, plus de 13 000 cartes ont été déployées par des internautes, des ONG ou par des médias.

    La start-up est plébiscitée par l’ONU pour les éléments mis en ligne afin de décrire et de documenter les catastrophes humanitaires et les violences politiques. Tremblement de terre en Haïti ou au Pakistan, violences en République démocratique du Congo, élections au Burundi, séisme et tsunami au Japon, révolution en Egypte... Ushahidi a été utilisé sur la plupart des zones de crises majeures.

    Ushahidi plébiscité par l’ONU

    Dans ce contexte, Ushahidi est devenu un #outil_cartographique en vogue. « Cette nouvelle tendance est en train de changer l’#aide_humanitaire d’urgence », explique Ted Turner, directeur de la fondation des Nations unies qui consacre une partie de son dernier rapport, Disaster Relief 2.0, au travail d’Ushahidi.

    Les cartes peuvent donc contenir des informations précieuses et stratégiques en temps de guerre. Un outil gratuit et visible par tous. Y compris par les belligérants ou encore par des membres d’organisations armées illégales.

    C’est pour cette raison que la carte publique de la crise libyenne a été filtrée par les équipes d’Ushahidi, qui ont travaillé étroitement avec l’ONU. C’est aussi la raison pour laquelle les témoignages rapportés sont géolocalisés avec 24 heures de décalage. Des précautions sécuritaires drastiques dont ne s’embarrassent pas la plupart des utilisateurs lorsqu’ils lancent une nouvelle carte.

    Sur plus de 13.000 cartes mises en ligne, l’équipe d’Ushahidi en a créé et géré seulement une centaine. Elle respecte une charte éthique pointilleuse qui impose par exemple d’avoir des partenariats avec des ONG ou des acteurs locaux sur le terrain.

    L’Afrique est en train de vivre une révolution technologique inédite qui va provoquer des changements politiques, économiques et sociaux sans précédent
    Erik Hersman, le cofondateur d’Ushahidi

    Cette start-up africaine a, depuis, inspiré des dizaines de geeks africains. CFI, l’agence française de développement médias, a recensé plusieurs dizaines d’initiatives prometteuses. Autant de signes de l’engagement d’une nouvelle génération.

    Une chose semble sûre : les #réseaux_sociaux_citoyens vont monter en puissance pour faciliter la participation et la mobilisation de la population sur le continent.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/ushahidi-comment-un-site-citoyen-ne-au-kenya-aide-aujourd-hui-l-onu-a-g

    #cartographie #visualisation #violence

    Dans les sponsors aussi google (notamment)...

    déjà signalé par le passé sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/102702
    https://seenthis.net/messages/197278

  • SNU : la logistique déraille, les jeunes trinquent - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2023/06/snu-quand-la-logistique-deraille-les-jeunes-trinquent

    Bus annulés, retard de trains, changements d’affectation, rendez-vous déplacés, mineurs sans billets, surdépenses… L’ouverture de la session de juin a connu de nombreux dysfonctionnements, obligeant le gouvernement à pointer du doigt l’agence de voyages Travel Planet, le sous-traitant.

    [...]

    Les désordres ont été tels que la direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (DJEPVA), rattachée au ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse, s’est sentie obligée d’écrire directement aux parents des jeunes volontaires. Dans un courrier daté du 14 juin que Politis a pu consulter, son directeur, Thibaut de Saint Pol, tient à « présenter [ses] excuses » face à « l’inquiétude bien légitime qu‘ont pu susciter ces perturbations ». D’après nos informations, le cabinet de Sarah El Haïry enchaîne les rendez-vous pour éteindre l’incendie. L’équipe de la secrétaire d’État a promis aux organisations syndicales, reçues le 15 juin, que « tout sera fait pour que ça ne se reproduise plus ».

    Contacté, le cabinet de Sarah El Haïry n’a pas répondu à nos questions mais nous a renvoyé vers la DJEPVA. À Politis, Thibaut de Saint Pol confirme la demande faite à l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche d’ouvrir une mission afin de « faire la lumière sur les dysfonctionnements constatés ».

    Depuis ces deux jours « cauchemardesques », le gouvernement braque ses projecteurs sur le prestataire, Travel Planet, alors que la #start-up avait remporté l’appel d’offres au début de l’année pour un contrat de 120 millions d’euros sur quatre ans. L’entreprise devrait donc s’occuper du futur #SNU dans les lycées, sauf si, suite à ces déboires, l’exécutif en décide autrement. Sur cette question, la DJEPVA répond sobrement qu’une enquête administrative est en cours. Du côté de Travel Planet, le service communication explique que face au « projet ambitieux » que représente le transport des jeunes effectuant le SNU, « il peut arriver qu’il y ait des impondérables qui donnent lieu à des changements de dernière minute ». Que s’est-il passé pour en arriver là ?

    #logistique

  • UK signs contract with US startup to identify migrants in small-boat crossings

    The UK government has turned a US-based startup specialized in artificial intelligence as part of its pledge to stop small-boat crossings. Experts have already pointed out the legal and logistical challenges of the plan.

    In a new effort to address the high number of Channel crossings, the UK Home Office is working with the US defense startup #Anduril, specialized in the use of artificial intelligence (AI).

    A surveillance tower has already been installed at Dover, and other technologies might be rolled out with the onset of warmer temperatures and renewed attempts by migrants to reach the UK. Some experts already point out the risks and practical loopholes involved in using AI to identify migrants.

    “This is obviously the next step of the illegal migration bill,” said Olivier Cahn, a researcher specialized in penal law.

    “The goal is to retrieve images that were taken at sea and use AI to show they entered UK territory illegally even if people vanish into thin air upon arrival in the UK.”

    The “illegal migration bill” was passed by the UK last month barring anyone from entering the country irregularly from filing an asylum claim and imposing a “legal duty” to remove them to a third country.
    Who is behind Anduril?

    Founded in 2017 by its CEO #Palmer_Luckey, Anduril is backed by #Peter_Thiel, a Silicon Valley investor and supporter of Donald Trump. The company has supplied autonomous surveillance technology to the US Department of Defense (DOD) to detect and track migrants trying to cross the US-Mexico border.

    In 2021, the UK Ministry of Defence awarded Anduril with a £3.8-million contract to trial an advanced base defence system. Anduril eventually opened a branch in London where it states its mission: “combining the latest in artificial intelligence with commercial-of-the-shelf sensor technology (EO, IR, Radar, Lidar, UGS, sUAS) to enhance national security through automated detection, identification and tracking of objects of interest.”

    According to Cahn, the advantage of Brexit is that the UK government is no longer required to submit to the General Data Protection Regulation (RGPDP), a component of data protection that also addresses the transfer of personal data outside the EU and EEA areas.

    “Even so, the UK has data protection laws of its own which the government cannot breach. Where will the servers with the incoming data be kept? What are the rights of appeal for UK citizens whose data is being processed by the servers?”, he asked.

    ’Smugglers will provide migrants with balaclavas for an extra 15 euros’

    Cahn also pointed out the technical difficulties of identifying migrants at sea. “The weather conditions are often not ideal, and many small-boat crossings happen at night. How will facial recognition technology operate in this context?”

    The ability of migrants and smugglers to adapt is yet another factor. “People are going to cover their faces, and anyone would think the smugglers will respond by providing migrants with balaclavas for an extra 15 euros.”

    If the UK has solicited the services of a US startup to detect and identify migrants, the reason may lie in AI’s principle of self-learning. “A machine accumulates data and recognizes what it has already seen. The US is a country with a significantly more racially and ethnically diverse population than the UK. Its artificial intelligence might contain data from populations which are more ethnically comparable to the populations that are crossing the Channel, like Somalia for example, thus facilitating the process of facial recognition.”

    For Cahn, it is not capturing the images which will be the most difficult but the legal challenges that will arise out of their usage. “People are going to be identified and there are going to be errors. If a file exists, there needs to be the possibility for individuals to appear before justice and have access to a judge.”

    A societal uproar

    In a research paper titled “Refugee protection in the artificial intelligence Era”, Chatham House notes “the most common ethical and legal challenges associated with the use of AI in asylum and related border and immigration systems involve issues of opacity and unpredictability, the potential for bias and unlawful discrimination, and how such factors affect the ability of individuals to obtain a remedy in the event of erroneous or unfair decisions.”

    For Cahn, the UK government’s usage of AI can only be used to justify and reinforce its hardline position against migrants. “For a government that doesn’t respect the Geneva Convention [whose core principle is non-refoulement, editor’s note] and which passed an illegal migration law, it is out of the question that migrants have entered the territory legally.”

    Identifying migrants crossing the Channel is not going to be the hardest part for the UK government. Cahn imagines a societal backlash with, “the Supreme Court of the United Kingdom being solicited, refugees seeking remedies to legal decisions through lawyers and associations attacking”.

    He added there would be due process concerning the storage of the data, with judges issuing disclosure orders. “There is going to be a whole series of questions which the government will have to elucidate. The rights of refugees are often used as a laboratory. If these technologies are ’successful’, they will soon be applied to the rest of the population."

    https://www.infomigrants.net/en/post/48326/uk-signs-contract-with-us-startup-to-identify-migrants-in-smallboat-cr

    #UK #Angleterre #migrations #asile #réfugiés #militarisation_des_frontières #frontières #start-up #complexe_militaro-industriel #IA #intelligence_artificielle #surveillance #technologie #channel #Manche

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    ajouté à la métaliste sur la Bibby Stockholm:
    https://seenthis.net/messages/1016683

    • Huge barge set to house 500 asylum seekers arrives in the UK

      The #Bibby_Stockholm is being refitted in #Falmouth to increase its capacity from 222 to 506 people.

      A barge set to house 500 asylum seekers has arrived in the UK as the government struggles with efforts to move migrants out of hotels.

      The Independent understands that people will not be transferred onto the Bibby Stockholm until July, following refurbishment to increase its capacity and safety checks.

      The barge has been towed from its former berth in Italy to the port of Falmouth, in Cornwall.

      It will remain there while works are carried out, before being moved onto its final destination in #Portland, Dorset.

      The private operators of the port struck an agreement to host the barge with the Home Office without formal public consultation, angering the local council and residents.

      Conservative MP Richard Drax previously told The Independent legal action was still being considered to stop the government’s plans for what he labelled a “quasi-prison”.

      He accused ministers and Home Office officials of being “unable to answer” practical questions on how the barge will operate, such as how asylum seekers will be able to come and go safely through the port, what activities they will be provided with and how sufficient healthcare will be ensured.

      “The question is how do we cope?” Mr Drax said. “Every organisation has its own raft of questions: ‘Where’s the money coming from? Who’s going to do what if this all happens?’ There are not sufficient answers, which is very worrying.”

      The Independent previously revealed that asylum seekers will have less living space than an average parking bay on the Bibby Stockholm, which saw at least one person die and reports of rape and abuse on board when it was used by the Dutch government to detain migrants in the 2000s.

      An official brochure released by owner Bibby Marine shows there are only 222 “single en-suite bedrooms” on board, meaning that at least two people must be crammed into every cabin for the government to achieve its aim of holding 500 people.

      Dorset Council has said it still had “serious reservations about the appropriateness of Portland Port in this scenario and remains opposed to the proposals”.

      The Conservative police and crime commissioner for Dorset is demanding extra government funding for the local force to “meet the extra policing needs that this project will entail”.

      A multi-agency forum including representatives from national, regional and local public sector agencies has been looking at plans for the provision of health services, the safety and security of both asylum seekers and local residents and charity involvement.

      Portland Port said it had been working with the Home Office and local agencies to ensure the safe arrival and operation of the Bibby Stockholm, and to minimise its impact locally.

      The barge is part of a wider government push to move migrants out of hotels, which are currently housing more than 47,000 asylum seekers at a cost of £6m a day.

      But the use of ships as accommodation was previously ruled out on cost grounds by the Treasury, when Rishi Sunak was chancellor, and the government has not confirmed how much it will be spending on the scheme.

      Ministers have also identified several former military and government sites, including two defunct airbases and an empty prison, that they want to transform into asylum accommodation.

      But a court battle with Braintree District Council over former RAF Wethersfield is ongoing, and legal action has also been threatened over similar plans for RAF Scampton in Lancashire.

      Last month, a barrister representing home secretary Suella Braverman told the High Court that 56,000 people were expected to arrive on small boats in 2023 and that some could be made homeless if hotel places are not found.

      A record backlog of asylum applications, driven by the increase in Channel crossings and a collapse in Home Office decision-making, mean the government is having to provide accommodation for longer while claims are considered.

      https://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/barge-falmouth-cornwall-migrants-bibby-b2333313.html
      #barge #bateau

    • ‘Performative cruelty’ : the hostile architecture of the UK government’s migrant barge

      The arrival of the Bibby Stockholm barge at Portland Port, in Dorset, on July 18 2023, marks a new low in the UK government’s hostile immigration environment. The vessel is set to accommodate over 500 asylum seekers. This, the Home Office argues, will benefit British taxpayers and local residents.

      The barge, however, was immediately rejected by the local population and Dorset council. Several British charities and church groups have condemned the barge, and the illegal migration bill it accompanies, as “an affront to human dignity”.

      Anti-immigration groups have also protested against the barge, with some adopting offensive language, referring to the asylum seekers who will be hosted there as “bargies”. Conservative MP for South Dorset Richard Drax has claimed that hosting migrants at sea would exacerbate tenfold the issues that have arisen in hotels to date, namely sexual assaults, children disappearing and local residents protesting.

      My research shows that facilities built to house irregular migrants in Europe and beyond create a temporary infrastructure designed to be hostile. Governments thereby effectively make asylum seekers more displaceable while ignoring their everyday spatial and social needs.
      Precarious space

      The official brochure plans for the Bibby Stockholm show 222 single bedrooms over three stories, built around two small internal courtyards. It has now been retrofitted with bunk beds to host more than 500 single men – more than double the number it was designed to host.

      Journalists Lizzie Dearden and Martha McHardy have shown this means the asylum seekers housed there – for up to nine months – will have “less living space than an average parking bay”. This stands in contravention of international standards of a minimum 4.5m² of covered living space per person in cold climates, where more time is spent indoors.

      In an open letter, dated June 15 2023 and addressed to home secretary Suella Braverman, over 700 people and nearly 100 non-governmental organisations (NGOs) voiced concerns that this will only add to the trauma migrants have already experienced:

      Housing people on a sea barge – which we argue is equal to a floating prison – is morally indefensible, and threatens to retraumatise a group of already vulnerable people.

      Locals are concerned already overstretched services in Portland, including GP practices, will not be able to cope with further pressure. West Dorset MP Chris Lode has questioned whether the barge itself is safe “to cope with double the weight that it was designed to bear”. A caller to the LBC radio station, meanwhile, has voiced concerns over the vessel’s very narrow and low fire escape routes, saying: “What they [the government] are effectively doing here is creating a potential Grenfell on water, a floating coffin.”

      Such fears are not unfounded. There have been several cases of fires destroying migrant camps in Europe, from the Grand-Synthe camp near Dunkirk in France, in 2017, to the 2020 fire at the Moria camp in Greece. The difficulty of escaping a vessel at sea could turn it into a death trap.

      Performative hostility

      Research on migrant accommodation shows that being able to inhabit a place – even temporarily – and develop feelings of attachment and belonging, is crucial to a person’s wellbeing. Even amid ever tighter border controls, migrants in Europe, who can be described as “stuck on the move”, nonetheless still attempt to inhabit their temporary spaces and form such connections.

      However, designs can hamper such efforts when they concentrate asylum seekers in inhospitable, cut-off spaces. In 2015, Berlin officials began temporarily housing refugees in the former Tempelhof airport, a noisy, alienating industrial space, lacking in privacy and disconnected from the city. Many people ended up staying there for the better part of a year.

      French authorities, meanwhile, opened the Centre Humanitaire Paris-Nord in Paris in 2016, temporary migrant housing in a disused train depot. Nicknamed la Bulle (the bubble) for its bulbous inflatable covering, this facility was noisy and claustrophobic, lacking in basic comforts.

      Like the barge in Portland Port, these facilities, placed in industrial sites, sit uncomfortably between hospitality and hostility. The barge will be fenced off, since the port is a secured zone, and access will be heavily restricted and controlled. The Home Office insists that the barge is not a floating prison, yet it is an unmistakably hostile space.

      Infrastructure for water and electricity will physically link the barge to shore. However, Dorset council has no jurisdiction at sea.

      The commercial agreement on the barge was signed between the Home Office and Portland Port, not the council. Since the vessel is positioned below the mean low water mark, it did not require planning permission.

      This makes the barge an island of sorts, where other rules apply, much like those islands in the Aegean sea and in the Pacific, on which Greece and Australia have respectively housed migrants.

      I have shown how facilities are often designed in this way not to give displaced people any agency, but, on the contrary, to objectify them. They heighten the instability migrants face, keeping them detached from local communities and constantly on the move.

      The government has presented the barge as a cheaper solution than the £6.8 million it is currently spending, daily, on housing asylum seekers in hotels. A recent report by two NGOs, Reclaim the Seas and One Life to Live, concludes, however, that it will save less than £10 a person a day. It could even prove more expensive than the hotel model.

      Sarah Teather, director of the Jesuit Refugee Service UK charity, has described the illegal migration bill as “performative cruelty”. Images of the barge which have flooded the news certainly meet that description too.

      However threatening these images might be, though, they will not stop desperate people from attempting to come to the UK to seek safety. Rather than deterring asylum seekers, the Bibby Stockholm is potentially creating another hazard to them and to their hosting communities.

      https://theconversation.com/performative-cruelty-the-hostile-architecture-of-the-uk-governments

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      Point intéressant, lié à l’aménagement du territoire :

      “Since the vessel is positioned below the mean low water mark, it did not require planning permission”

      C’est un peu comme les #zones_frontalières qui ont été créées un peu partout en Europe (et pas que) pour que les Etats se débarassent des règles en vigueur (notamment le principe du non-refoulement). Voir cette métaliste, à laquelle j’ajoute aussi cet exemple :
      https://seenthis.net/messages/795053

      voir aussi :

      The circumstances at Portland Port are very different because where the barge is to be positioned is below the mean low water mark. This means that the barge is outside of our planning control and there is no requirement for planning permission from the council.

      https://news.dorsetcouncil.gov.uk/2023/07/18/leaders-comments-on-the-home-office-barge

      #hostile_architecture #architecture_hostile #dignité #espace #Portland #hostilité #hostilité_performative #île #infrastructure #extraterritorialité #extra-territorialité #prix #coût

    • Sur l’#histoire (notamment liées au commerce d’ #esclaves) de la Bibby Stockholm :

      Bibby Line, shipowners

      Information
      From Guide to the Records of Merseyside Maritime Museum, volume 1: Bibby Line. In 1807 John Bibby and John Highfield, Liverpool shipbrokers, began taking shares in ships, mainly Parkgate Dublin packets. By 1821 (the end of the partnership) they had vessels sailing to the Mediterranean and South America. In 1850 they expanded their Mediterranean and Black Sea interests by buying two steamers and by 1865 their fleet had increased to twenty three. The opening of the Suez Canal in 1869 severely affected their business and Frederick Leyland, their general manager, failed to persuade the family partners to diversify onto the Atlantic. Eventually, he bought them out in 1873. In 1889 the Bibby family revived its shipowning interests with a successful passenger cargo service to Burma. From 1893 it also began to carry British troops to overseas postings which remained a Bibby staple until 1962. The Burma service ended in 1971 and the company moved to new areas of shipowning including bulkers, gas tankers and accommodation barges. It still has its head office in Liverpool where most management records are held. The museum holds models of the Staffordshire (1929) and Oxfordshire (1955). For further details see the attached catalogue or contact The Archives Centre for a copy of the catalogue.

      The earliest records within the collection, the ships’ logs at B/BIBBY/1/1/1 - 1/1/3 show company vessels travelling between Europe and South America carrying cargoes that would have been produced on plantations using the labour of enslaved peoples or used within plantation and slave based economies. For example the vessel Thomas (B/BIBBY/1/1/1) carries a cargo of iron hoops for barrels to Brazil in 1812. The Mary Bibby on a voyage in 1825-1826 loads a cargo of sugar in Rio de Janeiro, Brazil to carry to Rotterdam. The log (B/BIBBY/1/1/3) records the use of ’negroes’ to work with the ship’s carpenter while the vessel is in port.

      In September 1980 the latest Bibby vessel to hold the name Derbyshire was lost with all hands in the South China Sea. This collection does not include records relating to that vessel or its sinking, apart from a copy ’Motor vessel ’Derbyshire’, 1976-80: in memoriam’ at reference B/BIBBY/3/2/1 (a copy is also available in The Archives Centre library collection at 340.DER). Information about the sinking and subsequent campaigning by the victims’ family can be found on the NML website and in the Life On Board gallery. The Archives Centre holds papers of Captain David Ramwell who assisted the Derbyshire Family Association at D/RAM and other smaller collections of related documents within the DX collection.

      https://www.liverpoolmuseums.org.uk/artifact/bibby-line-shipowners

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      An Open Letter to #Bibby_Marine

      Links between your parent company #Bibby_Line_Group (#BLG) and the slave trade have repeatedly been made. If true, we appeal to you to consider what actions you might take in recompense.

      Bibby Marine’s modern slavery statement says that one of the company’s values is to “do the right thing”, and that you “strongly support the eradication of slavery, as well as the eradication of servitude, forced or compulsory labour and human trafficking”. These are admirable words.

      Meanwhile, your parent company’s website says that it is “family owned with a rich history”. Please will you clarify whether this rich history includes slaving voyages where ships were owned, and cargoes transported, by BLG’s founder John Bibby, six generations ago. The BLG website says that in 1807 (which is when slavery was abolished in Britain), “John Bibby began trading as a shipowner in Liverpool with his partner John Highfield”. John Bibby is listed as co-owner of three slaving ships, of which John Highfield co-owned two:

      In 1805, the Harmonie (co-owned by #John_Bibby and three others, including John Highfield) left Liverpool for a voyage which carried 250 captives purchased in West Central Africa and St Helena, delivering them to Cumingsberg in 1806 (see the SlaveVoyages database using Voyage ID 81732).
      In 1806, the Sally (co-owned by John Bibby and two others) left Liverpool for a voyage which transported 250 captives purchased in Bassa and delivered them to Barbados (see the SlaveVoyages database using Voyage ID 83481).
      In 1806, the Eagle (co-owned by John Bibby and four others, including John Highfield) left Liverpool for a voyage which transported 237 captives purchased in Cameroon and delivered them to Kingston in 1807 (see the SlaveVoyages database using Voyage ID 81106).

      The same and related claims were recently mentioned by Private Eye. They also appear in the story of Liverpool’s Calderstones Park [PDF] and on the website of National Museums Liverpool and in this blog post “Shenanigans in Shipping” (a detailed history of the BLG). They are also mentioned by Laurence Westgaph, a TV presenter specialising in Black British history and slavery and the author of Read The Signs: Street Names with a Connection to the Transatlantic Slave Trade and Abolition in Liverpool [PDF], published with the support of English Heritage, The City of Liverpool, Northwest Regional Development Agency, National Museums Liverpool and Liverpool Vision.

      While of course your public pledges on slavery underline that there is no possibility of there being any link between the activities of John Bibby and John Highfield in the early 1800s and your activities in 2023, we do believe that it is in the public interest to raise this connection, and to ask for a public expression of your categorical renunciation of the reported slave trade activities of Mr Bibby and Mr Highfield.

      https://www.refugeecouncil.org.uk/latest/news/an-open-letter-to-bibby-marine

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      Très peu d’info sur John Bibby sur wikipedia :

      John Bibby (19 February 1775 – 17 July 1840) was the founder of the British Bibby Line shipping company. He was born in Eccleston, near Ormskirk, Lancashire. He was murdered on 17 July 1840 on his way home from dinner at a friend’s house in Kirkdale.[1]


      https://en.wikipedia.org/wiki/John_Bibby_(businessman)

    • ‘Floating Prisons’: The 200-year-old family #business behind the Bibby Stockholm

      #Bibby_Line_Group_Limited is a UK company offering financial, marine and construction services to clients in at least 16 countries around the world. It recently made headlines after the government announced one of the firm’s vessels, Bibby Stockholm, would be used to accommodate asylum seekers on the Dorset coast.

      In tandem with plans to house migrants at surplus military sites, the move was heralded by Prime Minister Rishi Sunak and Home Secretary Suella Braverman as a way of mitigating the £6m-a-day cost of hotel accommodation amid the massive ongoing backlog of asylum claims, as well as deterring refugees from making the dangerous channel crossing to the UK. Several protests have been organised against the project already, while over ninety migrants’ rights groups and hundreds of individual campaigners have signed an open letter to the Home Secretary calling for the plans to be scrapped, describing the barge as a “floating prison.”

      Corporate Watch has researched into the Bibby Line Group’s operations and financial interests. We found that:

      - The Bibby Stockholm vessel was previously used as a floating detention centre in the Netherlands, where undercover reporting revealed violence, sexual exploitation and poor sanitation.

      – Bibby Line Group is more than 90% owned by members of the Bibby family, primarily through trusts. Its pre-tax profits for 2021 stood at almost £31m, which they upped to £35.5m by claiming generous tax credits and deferring a fair amount to the following year.

      - Management aboard the vessel will be overseen by an Australian business travel services company, Corporate Travel Management, who have previously had aspersions cast over the financial health of their operations and the integrity of their business practices.

      - Another beneficiary of the initiative is Langham Industries, a maritime and engineering company whose owners, the Langham family, have longstanding ties to right wing parties.

      Key Issues

      According to the Home Office, the Bibby Stockholm barge will be operational for at least 18 months, housing approximately 500 single adult men while their claims are processed, with “24/7 security in place on board, to minimise the disruption to local communities.” These measures appear to have been to dissuade opposition from the local Conservative council, who pushed for background checks on detainees and were reportedly even weighing legal action out of concern for a perceived threat of physical attacks from those housed onboard, as well as potential attacks from the far right against migrants held there.

      Local campaigners have taken aim at the initiative, noting in the open letter:

      “For many people seeking asylum arriving in the UK, the sea represents a site of significant trauma as they have been forced to cross it on one or more occasions. Housing people on a sea barge – which we argue is equal to a floating prison – is morally indefensible, and threatens to re-traumatise a group of already vulnerable people.”

      Technically, migrants on the barge will be able to leave the site. However, in reality they will be under significant levels of surveillance and cordoned off behind fences in the high security port area.

      If they leave, there is an expectation they will return by 11pm, and departure will be controlled by the authorities. According to the Home Office:

      “In order to ensure that migrants come and go in an orderly manner with as little impact as possible, buses will be provided to take those accommodated on the vessel from the port to local drop off points”.

      These drop off points are to be determined by the government, while being sited off the coast of Dorset means they will be isolated from centres of support and solidarity.

      Meanwhile, the government’s new Illegal Migration Bill is designed to provide a legal justification for the automatic detention of refugees crossing the Channel. If it passes, there’s a chance this might set the stage for a change in regime on the Bibby Stockholm – from that of an “accommodation centre” to a full-blown migrant prison.

      An initial release from the Home Office suggested the local voluntary sector would be engaged “to organise activities that keep occupied those being accommodated, potentially involved in local volunteering activity,” though they seemed to have changed the wording after critics said this would mean detainees could be effectively exploited for unpaid labour. It’s also been reported the vessel required modifications in order to increase capacity to the needed level, raising further concerns over cramped living conditions and a lack of privacy.

      Bibby Line Group has prior form in border profiteering. From 1994 to 1998, the Bibby Stockholm was used to house the homeless, some of whom were asylum seekers, in Hamburg, Germany. In 2005, it was used to detain asylum seekers in the Netherlands, which proved a cause of controversy at the time. Undercover reporting revealed a number of cases abuse on board, such as beatings and sexual exploitation, as well suicide attempts, routine strip searches, scabies and the death of an Algerian man who failed to receive timely medical care for a deteriorating heart condition. As the undercover security guard wrote:

      “The longer I work on the Bibby Stockholm, the more I worry about safety on the boat. Between exclusion and containment I encounter so many defects and feel so much tension among the prisoners that it no longer seems to be a question of whether things will get completely out of hand here, but when.”

      He went on:

      “I couldn’t stand the way prisoners were treated […] The staff become like that, because the whole culture there is like that. Inhuman. They do not see the residents as people with a history, but as numbers.”

      Discussions were also held in August 2017 over the possibility of using the vessel as accommodation for some 400 students in Galway, Ireland, amid the country’s housing crisis. Though the idea was eventually dropped for lack of mooring space and planning permission requirements, local students had voiced safety concerns over the “bizarre” and “unconventional” solution to a lack of rental opportunities.
      Corporate Travel Management & Langham Industries

      Although leased from Bibby Line Group, management aboard the Bibby Stockholm itself will be handled by #Corporate_Travel_Management (#CTM), a global travel company specialising in business travel services. The Australian-headquartered company also recently received a £100m contract for the provision of accommodation, travel, venue and ancillary booking services for the housing of Ukrainian refugees at local hotels and aboard cruise ships M/S Victoria and M/S Ambition. The British Red Cross warned earlier in May against continuing to house refugees on ships with “isolated” and “windowless” cabins, and said the scheme had left many “living in limbo.”

      Founded by CEO #Jamie_Pherous, CTM was targeted in 2018 by #VGI_Partners, a group of short-sellers, who identified more than 20 red flags concerning the company’s business interests. Most strikingly, the short-sellers said they’d attended CTM’s offices in Glasgow, Paris, Amsterdam, Stockholm and Switzerland. Finding no signs of business activity there, they said it was possible the firm had significantly overstated the scale of its operations. VGI Partners also claimed CTM’s cash flows didn’t seem to add up when set against the company’s reported growth, and that CTM hadn’t fully disclosed revisions they’d made to their annual revenue figures.

      Two years later, the short-sellers released a follow-up report, questioning how CTM had managed to report a drop in rewards granted for high sales numbers to travel agencies, when in fact their transaction turnover had grown during the same period. They also accused CTM of dressing up their debt balance to make their accounts look healthier.

      CTM denied VGI Partners’ allegations. In their response, they paraphrased a report by auditors EY, supposedly confirming there were no question marks over their business practices, though the report itself was never actually made public. They further claim VGI Partners, as short-sellers, had only released the reports in the hope of benefitting from uncertainty over CTM’s operations.

      Despite these troubles, CTM’s market standing improved drastically earlier this year, when it was announced the firm had secured contracts for the provision of travel services to the UK Home Office worth in excess of $3bn AUD (£1.6bn). These have been accompanied by further tenders with, among others, the National Audit Office, HS2, Cafcass, Serious Fraud Office, Office of National Statistics, HM Revenue & Customs, National Health Service, Ministry of Justice, Department of Education, Foreign Office, and the Equality and Human Rights Commission.

      The Home Office has not released any figures on the cost of either leasing or management services aboard Bibby Stockholm, though press reports have put the estimated price tag at more than £20,000 a day for charter and berthing alone. If accurate, this would put the overall expenditure for the 18-month period in which the vessel will operate as a detention centre at almost £11m, exclusive of actual detention centre management costs such as security, food and healthcare.

      Another beneficiary of the project are Portland Port’s owners, #Langham_Industries, a maritime and engineering company owned by the #Langham family. The family has long-running ties to right-wing parties. Langham Industries donated over £70,000 to the UK Independence Party from 2003 up until the 2016 Brexit referendum. In 2014, Langham Industries donated money to support the re-election campaign of former Clacton MP for UKIP Douglas Carswell, shortly after his defection from the Conservatives. #Catherine_Langham, a Tory parish councillor for Hilton in Dorset, has described herself as a Langham Industries director (although she is not listed on Companies House). In 2016 she was actively involved in local efforts to support the campaign to leave the European Union. The family holds a large estate in Dorset which it uses for its other line of business, winemaking.

      At present, there is no publicly available information on who will be providing security services aboard the Bibby Stockholm.

      Business Basics

      Bibby Line Group describes itself as “one of the UK’s oldest family owned businesses,” operating in “multiple countries, employing around 1,300 colleagues, and managing over £1 billion of funds.” Its head office is registered in Liverpool, with other headquarters in Scotland, Hong Kong, India, Singapore, Malaysia, France, Slovakia, Czechia, the Netherlands, Germany, Poland and Nigeria (see the appendix for more). The company’s primary sectors correspond to its three main UK subsidiaries:

      #Bibby_Financial_Services. A global provider of financial services. The firm provides loans to small- and medium-sized businesses engaged in business services, construction, manufacturing, transportation, export, recruitment and wholesale markets. This includes invoice financing, export and trade finance, and foreign exchanges. Overall, the subsidiary manages more than £6bn each year on behalf of some 9,000 clients across 300 different industry sectors, and in 2021 it brought in more than 50% of the group’s annual turnover.

      - #Bibby_Marine_Limited. Owner and operator of the Bibby WaveMaster fleet, a group of vessels specialising in the transport and accommodation of workers employed at remote locations, such as offshore oil and gas sites in the North Sea. Sometimes, as in the case of Chevron’s Liquified Natural Gas (LNG) project in Nigeria, the vessels are used as an alternative to hotels owing to a “a volatile project environment.” The fleet consists of 40 accommodation vessels similar in size to the Bibby Stockholm and a smaller number of service vessels, though the share of annual turnover pales compared to the group’s financial services operations, standing at just under 10% for 2021.

      - #Garic Ltd. Confined to construction, quarrying, airport, agriculture and transport sectors in the UK, the firm designs, manufactures and purchases plant equipment and machinery for sale or hire. Garic brought in around 14% of Bibby Line Group’s turnover in 2021.

      Prior to February 2021, Bibby Line Group also owned #Costcutter_Supermarkets_Group, before it was sold to #Bestway_Wholesale to maintain liquidity amid the Covid-19 pandemic. In their report for that year, the company’s directors also suggested grant funding from #MarRI-UK, an organisation facilitating innovation in maritime technologies and systems, had been important in preserving the firm’s position during the crisis.
      History

      The Bibby Line Group’s story begins in 1807, when Lancashire-born shipowner John Bibby began trading out of Liverpool with partner John Highfield. By the time of his death in 1840, murdered while returning home from dinner with a friend in Kirkdale, Bibby had struck out on his own and come to manage a fleet of more than 18 ships. The mysterious case of his death has never been solved, and the business was left to his sons John and James.

      Between 1891 and 1989, the company operated under the name #Bibby_Line_Limited. Its ships served as hospital and transport vessels during the First World War, as well as merchant cruisers, and the company’s entire fleet of 11 ships was requisitioned by the state in 1939.

      By 1970, the company had tripled its overseas earnings, branching into ‘factoring’, or invoice financing (converting unpaid invoices into cash for immediate use via short-term loans) in the early 1980s, before this aspect of the business was eventually spun off into Bibby Financial Services. The group acquired Garic Ltd in 2008, which currently operates four sites across the UK.

      People

      #Jonathan_Lewis has served as Bibby Line Group’s Managing and Executive Director since January 2021, prior to which he acted as the company’s Chief Financial and Strategy Officer since joining in 2019. Previously, Lewis worked as CFO for Imagination Technologies, a tech company specialising in semiconductors, and as head of supermarket Tesco’s mergers and acquisitions team. He was also a member of McKinsey’s European corporate finance practice, as well as an investment banker at Lazard. During his first year at the helm of Bibby’s operations, he was paid £748,000. Assuming his role at the head of the group’s operations, he replaced Paul Drescher, CBE, then a board member of the UK International Chamber of Commerce and a former president of the Confederation of British Industry.

      Bibby Line Group’s board also includes two immediate members of the Bibby family, Sir #Michael_James_Bibby, 3rd Bt. and his younger brother #Geoffrey_Bibby. Michael has acted as company chairman since 2020, before which he had occupied senior management roles in the company for 20 years. He also has external experience, including time at Unilever’s acquisitions, disposals and joint venture divisions, and now acts as president of the UK Chamber of Shipping, chairman of the Charities Trust, and chairman of the Institute of Family Business Research Foundation.

      Geoffrey has served as a non-executive director of the company since 2015, having previously worked as a managing director of Vast Visibility Ltd, a digital marketing and technology company. In 2021, the Bibby brothers received salaries of £125,000 and £56,000 respectively.

      The final member of the firm’s board is #David_Anderson, who has acted as non-executive director since 2012. A financier with 35 years experience in investment banking, he’s founder and CEO of EPL Advisory – which advises company boards on requirements and disclosure obligations of public markets – and chair of Creative Education Trust, a multi-academy trust comprising 17 schools. Anderson is also chairman at multinational ship broker Howe Robinson Partners, which recently auctioned off a superyacht seized from Dmitry Pumpyansky, after the sanctioned Russian businessman reneged on a €20.5m loan from JP Morgan. In 2021, Anderson’s salary stood at £55,000.

      Ownership

      Bibby Line Group’s annual report and accounts for 2021 state that more than 90% of the company is owned by members of the Bibby family, primarily through family trusts. These ownership structures, effectively entities allowing people to benefit from assets without being their registered legal owners, have long attracted staunch criticism from transparency advocates given the obscurity they afford means they often feature extensively in corruption, money laundering and tax abuse schemes.

      According to Companies House, the UK corporate registry, between 50% and 75% of Bibby Line Group’s shares and voting rights are owned by #Bibby_Family_Company_Limited, which also retains the right to appoint and remove members of the board. Directors of Bibby Family Company Limited include both the Bibby brothers, as well as a third sibling, #Peter_John_Bibby, who’s formally listed as the firm’s ‘ultimate beneficial owner’ (i.e. the person who ultimately profits from the company’s assets).

      Other people with comparable shares in Bibby Family Company Limited are #Mark_Rupert_Feeny, #Philip_Charles_Okell, and Lady #Christine_Maud_Bibby. Feeny’s occupation is listed as solicitor, with other interests in real estate management and a position on the board of the University of Liverpool Pension Fund Trustees Limited. Okell meanwhile appears as director of Okell Money Management Limited, a wealth management firm, while Lady Bibby, Michael and Geoffrey’s mother, appears as “retired playground supervisor.”

      Key Relationships

      Bibby Line Group runs an internal ‘Donate a Day’ volunteer program, enabling employees to take paid leave in order to “help causes they care about.” Specific charities colleagues have volunteered with, listed in the company’s Annual Review for 2021 to 2022, include:

      - The Hive Youth Zone. An award-winning charity for young people with disabilities, based in the Wirral.

      – The Whitechapel Centre. A leading homeless and housing charity in the Liverpool region, working with people sleeping rough, living in hostels, or struggling with their accommodation.

      - Let’s Play Project. Another charity specialising in after-school and holiday activities for young people with additional needs in the Banbury area.

      - Whitdale House. A care home for the elderly, based in Whitburn, West Lothian and run by the local council.

      – DEBRA. An Irish charity set up in 1988 for individuals living with a rare, painful skin condition called epidermolysis bullosa, as well as their families.

      – Reaching Out Homeless Outreach. A non-profit providing resources and support to the homeless in Ireland.

      Various senior executives and associated actors at Bibby Line Group and its subsidiaries also have current and former ties to the following organisations:

      - UK Chamber of Shipping

      - Charities Trust

      - Institute of Family Business Research Foundation

      - Indefatigable Old Boys Association

      - Howe Robinson Partners

      - hibu Ltd

      - EPL Advisory

      - Creative Education Trust

      - Capita Health and Wellbeing Limited

      - The Ambassador Theatre Group Limited

      – Pilkington Plc

      – UK International Chamber of Commerce

      – Confederation of British Industry

      – Arkley Finance Limited (Weatherby’s Banking Group)

      – FastMarkets Ltd, Multiple Sclerosis Society

      – Early Music as Education

      – Liverpool Pension Fund Trustees Limited

      – Okell Money Management Limited

      Finances

      For the period ending 2021, Bibby Line Group’s total turnover stood at just under £260m, with a pre-tax profit of almost £31m – fairly healthy for a company providing maritime services during a global pandemic. Their post-tax profits in fact stood at £35.5m, an increase they would appear to have secured by claiming generous tax credits (£4.6m) and deferring a fair amount (£8.4m) to the following year.

      Judging by their last available statement on the firm’s profitability, Bibby’s directors seem fairly confident the company has adequate financing and resources to continue operations for the foreseeable future. They stress their February 2021 sale of Costcutter was an important step in securing this, given it provided additional liquidity during the pandemic, as well as the funding secured for R&D on fuel consumption by Bibby Marine’s fleet.
      Scandal Sheet

      Bibby Line Group and its subsidiaries have featured in a number of UK legal proceedings over the years, sometimes as defendants. One notable case is Godfrey v Bibby Line, a lawsuit brought against the company in 2019 after one of their former employees died as the result of an asbestos-related disease.

      In their claim, the executors of Alan Peter Godfrey’s estate maintained that between 1965 and 1972, he was repeatedly exposed to large amounts of asbestos while working on board various Bibby vessels. Although the link between the material and fatal lung conditions was established as early as 1930, they claimed that Bibby Line, among other things:

      “Failed to warn the deceased of the risk of contracting asbestos related disease or of the precautions to be taken in relation thereto;

      “Failed to heed or act upon the expert evidence available to them as to the best means of protecting their workers from danger from asbestos dust; [and]

      “Failed to take all reasonably practicable measures, either by securing adequate ventilation or by the provision and use of suitable respirators or otherwise, to prevent inhalation of dust.”

      The lawsuit, which claimed “unlimited damage”’ against the group, also stated that Mr Godfrey’s “condition deteriorated rapidly with worsening pain and debility,” and that he was “completely dependent upon others for his needs by the last weeks of his life.” There is no publicly available information on how the matter was concluded.

      In 2017, Bibby Line Limited also featured in a leak of more than 13.4 million financial records known as the Paradise Papers, specifically as a client of Appleby, which provided “offshore corporate services” such as legal and accountancy work. According to the Organized Crime and Corruption Reporting Project, a global network of investigative media outlets, leaked Appleby documents revealed, among other things, “the ties between Russia and [Trump’s] billionaire commerce secretary, the secret dealings of Canadian Prime Minister Justin Trudeau’s chief fundraiser and the offshore interests of the Queen of England and more than 120 politicians around the world.”

      This would not appear to be the Bibby group’s only link to the shady world of offshore finance. Michael Bibby pops up as a treasurer for two shell companies registered in Panama, Minimar Transport S.A. and Vista Equities Inc.
      Looking Forward

      Much about the Bibby Stockholm saga remains to be seen. The exact cost of the initiative and who will be providing security services on board, are open questions. What’s clear however is that activists will continue to oppose the plans, with efforts to prevent the vessel sailing from Falmouth to its final docking in Portland scheduled to take place on 30th June.

      Appendix: Company Addresses

      HQ and general inquiries: 3rd Floor Walker House, Exchange Flags, Liverpool, United Kingdom, L2 3YL

      Tel: +44 (0) 151 708 8000

      Other offices, as of 2021:

      6, Shenton Way, #18-08A Oue Downtown 068809, Singapore

      1/1, The Exchange Building, 142 St. Vincent Street, Glasgow, G2 5LA, United Kingdom

      4th Floor Heather House, Heather Road, Sandyford, Dublin 18, Ireland

      Unit 2302, 23/F Jubilee Centre, 18 Fenwick Street, Wanchai, Hong Kong

      Unit 508, Fifth Floor, Metropolis Mall, MG Road, Gurugram, Haryana, 122002 India

      Suite 7E, Level 7, Menara Ansar, 65 Jalan Trus, 8000 Johor Bahru, Johor, Malaysia

      160 Avenue Jean Jaures, CS 90404, 69364 Lyon Cedex, France

      Prievozská 4D, Block E, 13th Floor, Bratislava 821 09, Slovak Republic

      Hlinky 118, Brno, 603 00, Czech Republic

      Laan Van Diepenvoorde 5, 5582 LA, Waalre, Netherlands

      Hansaallee 249, 40549 Düsseldorf, Germany

      Poland Eurocentrum, Al. Jerozolimskie 134, 02-305 Warsaw, Poland

      1/2 Atarbekova str, 350062, Krasnodar, Krasnodar

      1 St Peter’s Square, Manchester, M2 3AE, United Kingdom

      25 Adeyemo Alakija Street, Victoria Island, Lagos, Nigeria

      10 Anson Road, #09-17 International Plaza, 079903 Singapore

      https://corporatewatch.org/floating-prisons-the-200-year-old-family-business-behind-the-bibby-s

      signalé ici aussi par @rezo:
      https://seenthis.net/messages/1010504

    • The Langham family seem quite happy to support right-wing political parties that are against immigration, while at the same time profiting handsomely from the misery of refugees who are forced to claim sanctuary here.


      https://twitter.com/PositiveActionH/status/1687817910364884992

      –---

      Family firm ’profiteering from misery’ by providing migrant barges donated £70k to #UKIP

      The Langham family, owners of Langham Industries, is now set to profit from an 18-month contract with the Home Office to let the Bibby Stockholm berth at Portland, Dorset

      A family firm that donated more than £70,000 to UKIP is “profiteering from misery” by hosting the Government’s controversial migrant barge. Langham Industries owns Portland Port, where the Bibby Stockholm is docked in a deal reported to be worth some £2.5million.

      The Langham family owns luxurious properties and has links to high-profile politicians, including Prime Minister Rishi Sunak and Deputy Prime Minister Oliver Dowden. And we can reveal that their business made 19 donations to pro-Brexit party UKIP between 2003 and 2016.

      Late founder John Langham was described as an “avid supporter” of UKIP in an obituary in 2017. Now his children, John, Jill and Justin – all directors of the family firm – are set to profit from an 18-month contract with the Home Office to let the Bibby Stockholm berth at Portland, Dorset.

      While Portland Port refuses to reveal how much the Home Office is paying, its website cites berthing fees for a ship the size of the Bibby Stockholm at more than £4,000 a day. In 2011, Portland Port chairman John, 71, invested £3.7million in Grade II* listed country pile Steeple Manor at Wareham, Dorset. Dating to around 1600, it has a pond, tennis court and extensive gardens designed by the landscape architect Brenda Colvin.

      The arrangement to host the “prison-like” barge for housing migrants has led some locals to blast the Langhams, who have owned the port since 1997. Portland mayor Carralyn Parkes, 61, said: “I don’t know how John Langham will sleep at night in his luxurious home, with his tennis court and his fluffy bed, when asylum seekers are sleeping in tiny beds on the barge.

      “I went on the boat and measured the rooms with a tape measure. On average they are about 10ft by 12ft. The bunk bed mattresses are about 6ft long. If you’re taller than 6ft you’re stuffed. The Langham family need to have more humanity. They are only interested in making money. It’s shocking.”

      (#paywall)
      https://www.mirror.co.uk/news/politics/family-firm-profiteering-misery-providing-30584405.amp

      #UK_Independence_Party

    • ‘This is a prison’: men tell of distressing conditions on Bibby Stockholm

      Asylum seekers share fears about Dorset barge becoming even more crowded, saying they already ‘despair and wish for death’

      Asylum seekers brought back to the Bibby Stockholm barge in Portland, Dorset, have said they are being treated in such a way that “we despair and wish for death”.

      The Guardian spoke to two men in their first interview since their return to the barge on 19 October after the vessel lay empty for more than two months. The presence of deadly legionella bacteria was confirmed on board on 7 August, the same day the first group of asylum seekers arrived. The barge was evacuated four days later.

      The new warning comes after it emerged that one asylum seeker attempted to kill himself and is in hospital after finding out he is due to be taken to the barge on Tuesday.

      A man currently on the barge told the Guardian: “Government decisions are turning healthy and normal refugees into mental patients whom they then hand over to society. Here, many people were healthy and coping with OK spirits, but as a result of the dysfunctional strategies of the government, they have suffered – and continue to suffer – from various forms of serious mental distress. We are treated in such a way that we despair and wish for death.”

      He said that although the asylum seekers were not detained on the barge and could leave to visit the nearby town, in practice, doing so was not easy.

      He added: “In the barge, we have exactly the feeling of being in prison. It is true that they say that this is not a prison and you can go outside at any time, but you can only go to specific stops at certain times by bus, and this does not give me a good feeling.

      “Even to use the fresh air, you have to go through the inspection every time and go to the small yard with high fences and go through the X-ray machine again. And this is not good for our health.

      “In short, this is a prison whose prisoners are not criminals, they are people who have fled their country just to save their lives and have taken shelter here to live.”

      The asylum seekers raised concerns about what conditions on the barge would be like if the Home Office did fill it with about 500 asylum seekers, as officials say is the plan. Those on board said it already felt quite full with about 70 people living there.

      The second asylum seeker said: “The space inside the barge is very small. It feels crowded in the dining hall and the small entertainment room. It is absolutely clear to me that there will be chaos here soon.

      “According to my estimate, as I look at the spaces around us, the capacity of this barge is maximum 120 people, including personnel and crew. The strategy of ​​transferring refugees from hotels to barges or ships or military installations is bound to fail.

      “The situation here on the barge is getting worse. Does the government have a plan for shipwrecked residents? Everyone here is going mad with anxiety. It is not just the barge that floats on the water, but the plans of the government that are radically adrift.”

      Maddie Harris of the NGO Humans For Rights Network, which supports asylum seekers in hotels, said: “Home Office policies directly contribute to the significant deterioration of the wellbeing and mental health of so many asylum seekers in their ‘care’, with a dehumanising environment, violent anti-migrant rhetoric and isolated accommodations away from community and lacking in support.”

      A Home Office spokesperson said: “The Bibby Stockholm is part of the government’s pledge to reduce the use of expensive hotels and bring forward alternative accommodation options which provide a more cost-effective, sustainable and manageable system for the UK taxpayer and local communities.

      “The health and welfare of asylum seekers remains the utmost priority. We work continually to ensure the needs and vulnerabilities of those residing in asylum accommodation are identified and considered, including those related to mental health and trauma.”

      Nadia Whittome and Lloyd Russell-Moyle, the Labour MPs for Nottingham East and Brighton Kemptown respectively, will travel to Portland on Monday to meet asylum seekers accommodated on the Bibby Stockholm barge and local community members.

      The visit follows the home secretary, Suella Braverman, not approving a visit from the MPs to assess living conditions as they requested through parliamentary channels.

      https://www.theguardian.com/uk-news/2023/oct/29/this-is-a-prison-men-tell-of-distressing-conditions-on-bibby-stockholm
      #prison #conditions_de_vie

  • SVB, Crédit suisse  : le spectre de 2008
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2023/04/02/leconomie-capitaliste-entre-ravin-et-precipice_588676.html

    Le 9 mars, la banque californienne #SVB, qui hébergeait les comptes de nombreuses entreprises de la Silicon Valley, a subi la plus grande panique bancaire de l’histoire. En une seule journée, ses clients ont voulu récupérer, par un simple clic, 42 milliards de dollars. Cette banque, qui n’était pas classée parmi les trente banques internationales jugées «  trop grosses pour faire faillite  », n’avait pas fait d’opérations douteuses ou frauduleuses. Elle ne possédait pas de titres pourris, comme les subprimes qui ont provoqué la faillite de la banque d’affaires #Lehman_Brothers en 2008 et déclenché la crise du système bancaire. Elle avait placé l’argent de ses clients dans des #bons_du_Trésor américain à longue échéance, les titres les plus sûrs au monde. Mais, justement, la valeur de ces obligations d’État a baissé, du fait de la remontée des taux de la Fed. Avec des taux plus hauts, les nouvelles obligations émises par l’État rapportent plus aux financiers qui vendent les anciennes, provoquant leur dévaluation. Un autre effet collatéral de la remontée des taux et du recul de l’argent facile, qui s’ajoute à la crise économique, c’est une plus grande difficulté pour les start-up, californiennes ou autres, de lever des fonds pour accroître leur capital. Quand certaines de ces #start-up, ayant besoin d’argent frais, ont commencé à retirer leurs fonds, la SVB s’est retrouvée piégée, incapable d’honorer les retraits.

    Devant la panique provoquée par la faillite de SVB, la #Fed est intervenue sans délai. Biden en personne s’est exprimé pour assurer les banquiers que l’État garantirait, quoi qu’il en coûte, tous les fonds placés dans les banques. L’État est toujours là pour sauver la mise des capitalistes avec l’argent public. Comme le faisait remarquer un observateur  : «  Les entrepreneurs californiens sont tous libertariens, jusqu’à ce qu’ils soient frappés par une hausse des taux d’intérêt.  » Cette intervention immédiate montre que les dirigeants de la bourgeoisie savent que leur économie est instable et qu’ils redoutent en permanence une nouvelle crise systémique.

    Pratiquant la méthode Coué, comme #Christine_Lagarde, alors ministre de l’Économie de Sarkoky, qui déclarait en 2008  : «  Ceci n’est pas un krach  », #Bruno_Le_Maire a déclaré après la faillite de SVB  : «  Je ne vois pas de risque de contagion en Europe.  » Patatras, moins de vingt-quatre heures plus tard, le #Crédit_suisse, deuxième banque helvétique, était menacé de faillite, tandis que les actions de la #BNP et de la #Société_générale perdaient 30 % à la #Bourse_de_Paris. Le Crédit suisse étant l’une des trente banques dont la faillite menacerait la stabilité de tout le système, les autorités suisses ont imposé à UBS, en moins d’un week-end, de racheter le Crédit suisse pour 3 milliards d’euros. Les emplois des salariés de la banque, eux, n’ont pas été sécurisés. Ils risquent de disparaître par milliers, alors que le Crédit suisse a déjà licencié 9 000 de ses 52 000 salariés au cours des deux dernières années. Pour convaincre les patrons d’#UBS, réticents malgré le prix bradé, car bien placés pour savoir que les coffres du Crédit suisse pouvaient contenir des titres douteux, les autorités suisses leur ont ouvert avec l’argent public un fonds de garantie de 9 milliards. Le Crédit suisse, comme UBS et tant d’autres banques dans le passé, a été récemment mis en cause dans divers scandales de corruption, d’opérations de blanchiment ou d’évasion fiscale, de manipulations de taux. Il avait des participations dans un fonds spéculatif, Archeos, qui a fait faillite en 2021. Toutes les casseroles du Crédit suisse ont fini par faire douter les autres financiers de sa solidité. La faillite de la SVB, en semant le doute sur la solidité de chaque banque, a accéléré sa chute.

    D’autres banques pourraient être entraînées par la chute de la SVB et du Crédit suisse. La #Deutsche_Bank, première banque allemande, pourrait être le prochain domino à tomber. Le 24 mars, son cours boursier a commencé à chuter dangereusement. Dans un #climat_de_défiance générale, l’annonce qu’elle souhaitait rembourser par anticipation certaines de ses créances, au lieu de rassurer les marchés, a déclenché leur méfiance. Les rodomontades de Christine Lagarde, présidente de la #BCE, qui déclarait le 20 mars, lors du sommet des dirigeants de l’UE  : «  Le #secteur_bancaire de la zone euro est résilient  », ne suffiront pas à protéger la société du risque d’une nouvelle #crise_financière systémique. Depuis 2008, les banques ont trouvé le moyen de contourner les mesures dites prudentielles qui leur avaient été imposées pour éviter des faillites en chaîne. Elles ont inventé de nouveaux instruments pour spéculer et s’enrichir par tous les moyens, s’exposant à des faillites en cas de retournements brutaux. Quand les marchés financiers, c’est-à-dire une poignée de grands banquiers ou de grands fonds d’investissement comme #BlackRock, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, perdent confiance dans telle ou telle banque soupçonnée d’être trop exposée, ce qui est le cas de la Deutsche Bank, ils peuvent la faire couler en peu de temps. […]

    #capitalisme #taux_d’intérêt #spéculation

  • #Suisse : De l’eau du robinet vendue en bouteille, le concept d’une start-up lausannoise Nicolas Rossé / fme - RTS
    https://www.rts.ch/info/economie/13603327-de-leau-du-robinet-vendue-en-bouteille-le-concept-dune-startup-lausanno

    Une usine d’embouteillage d’eau est lancée cette semaine au centre-ville à Lausanne. Particularité : le producteur fait le pari du robinet pour séduire une clientèle locale. Dans le quartier du Flon, à Lausanne, une micro usine d’embouteillage veut en découdre avec les déchets en PET et le transport de l’eau en bouteille.

    Sur une surface de 100 mètres carrés, la start-up BE WTR stérilise des flacons en verre réutilisables, avant de les remplir. L’eau qui sort du robinet doit d’abord être filtrée : « L’eau garde tous les minéraux locaux, mais toutes les microparticules sont éliminées », explique Mike Hecker, le fondateur de BE WTR, devant les caméras du 19h30.


    L’eau peut être gazéifiée avant d’être mise en bouteille. « Ici, nous avons une bouteille scellée, conçue pour être totalement hygiénique », montre le responsable.

    Pour promouvoir l’eau locale, l’entreprise a investi quelques millions et 3 années de recherche et développement. Aujourd’hui, l’usine a la capacité de produire 1500 bouteilles à l’heure.

    Pour les hôtels et restaurants
    Le marché, très local, cible les établissements situés dans un rayon de 10 kilomètres : « Aujourd’hui, sur Lausanne, une dizaine de restaurants, des hôtels et des centres de congrès sont intéressés à démarrer avec nous », précise le fondateur de l’entreprise.

    Parmi ses clients, Michael Fassbind, directeur des hôtels By Fassbind. Depuis 20 ans, il produit sa propre eau gazeuse. Mais celle-ci doit être consommée dans la journée : « Je trouve ce nouveau produit très intéressant. Car les bouteilles sont conditionnées et peuvent être conservées plus longtemps. Et dans un hôtel, je vois l’utilisation possible dans les minibars, mais aussi dans les salles de séminaires, ou pour des clients qui voudraient prendre de l’eau avec eux. »

    La concurrence de l’eau importée
    Cette usine arrive sur le marché dans un contexte où les ventes des producteurs d’eau minérale suisse ont plongé ces 10 dernières années au profit des eaux importées, souvent moins chères.

    Au centre de Zurich, une unité d’embouteillage similaire à celle de Lausanne existe depuis 2016 : Lokales Wasser 37. Le succès est au rendez-vous : « Cette année, c’est notre année record. On va pouvoir produire environ un million de bouteilles. C’est une augmentation de 60% par rapport à l’année passée », se réjouit Michael Frank, son directeur.

    #eau #eau_du_robinet #start-up #consternant

    • Mystérieuse disparition d’une « boule de gin » de 800kg dans le lac de Constance ats/miro - RTS
      https://www.rts.ch/info/suisse/13628798-mysterieuse-disparition-dune-boule-de-gin-de-800kg-dans-le-lac-de-const

      Une boule en acier, d’un poids de 800 kg, remplie de gin, a disparu du fond du lac de Constance, où une entreprise de restauration l’avait placée. Le spiritueux y repose d’habitude durant 100 jours pour y obtenir son goût particulier. Le propriétaire dénonce un vol.

      « Il est pour nous inconcevable qu’une chose pareille arrive et qu’il existe des personnes aussi téméraires pour faire une chose pareille », déplore sur son site en ligne l’entreprise Fishgroup, sise à Romanshorn (TG). Cette dernière a déposé plainte, confirme la police thurgovienne. Des policiers se sont rendus sur place pour se faire une idée.


      Chaque année, l’entreprise de restauration, spécialisée dans l’événementiel, produit son propre gin qu’elle fait reposer durant 100 jours au fond du lac de Constance. Lorsque les plongeurs ont voulu la localiser, ces derniers jours, pour la faire remonter avec une grue, ils n’ont trouvé que son empreinte dans le lit du lac, a révélé mercredi l’agence de presse allemande dpa.

      Selon ses propriétaires, des voleurs ont dû s’en emparer avec un équipement conséquent. La boule de 800 kg, en acier inoxydable, peut contenir un volume de 230 litres. La plupart des bouteilles d’un prix de 99 francs ont été précommandées.
      #snobisme

  • Crise et licenciements à la Silicon Valley, les géants de la tech dans la tourmente Feriel Mestiri - RTS
    https://www.rts.ch/info/economie/13613479-crise-et-licenciements-a-la-silicon-valley-les-geants-de-la-tech-dans-l

    Chutes en bourse, licenciements collectifs et investissements fantasques, les géants de la Silicon Valley, que l’on disait plus puissants que des Etats, vivent une période agitée. Faut-il craindre une crise structurelle ?

    La région de San Francisco est sous le choc après les licenciements collectifs des géants de la Silicon Valley. Le premier à faire les gros titres était Twitter, début novembre. L’entreprise, qui perdait quelque 4 millions de dollars par jour, selon son nouveau patron Elon Musk, a renvoyé la moitié des employés. Soit 3700 personnes au total.

    Même les concierges se retrouvent sur le carreau. La RTS a rencontré Juana Laura Chavero Ramirez, une ex-concierge chez Twitter, parmi des manifestants devant le siège du groupe. Selon elle, la nouvelle entreprise de nettoyage les a remplacés par des travailleurs non-syndiqués : « Nous sommes 87 employés à nous retrouver sans travail dans cette période de Noël », déplore-t-elle dans le 19h30.

    Licenciement brutal
    Du côté des « cols blancs », Melissa Ingle est l’une des rares ingénieurs de Twitter à accepter de parler. Elle a compris qu’elle était licenciée juste avant Thanksgiving, lorsqu’une alerte est apparue sur son téléphone lui indiquant que son code d’accès avait été supprimé.

    Même pour la Silicon Valley, la méthode est brutale : « Des licenciements étaient sans doute inévitables. Mais d’autres entreprises le font de manière prudente et bien gérée. Ce que Monsieur Musk a fait, c’est sabrer la moitié des effectifs, sans réfléchir aux fonctions et aux talents des employés », souligne-t-elle.

    Chez Meta, des milliards mal investis
    Il n’y a pas que Twitter qui dégraisse ses effectifs. Meta, l’entreprise qui possède Facebook, Instagram et WhatsApp, congédie 11’000 personnes. Cela représente 13% de ses employés.

    En cause, notamment, des investissements hasardeux. Depuis le début de la pandémie, l’entreprise de Mark Zuckerberg a investi quelque 26 milliards de dollars, dont 10 dans le Metavers, un monde virtuel qui peine à séduire.

    Le boom temporaire d’Amazon durant la pandémie
    Amazon annonce également des coupes dans son personnel, de l’ordre de 10’000 licenciements. Tout comme ses congénères, ce géant de la vente en ligne vit une période d’ajustement, après la croissance qui a suivi le Covid.

    Selon Russell Hancock, le président de Joint Venture Silicone Valley, un bureau d’analyse sur l’économie de la Silicon Valley, « quand le monde entier s’est confiné, cela a créé une demande énorme pour les services des géants des nouvelles technologies. Ils ont pensé que ce serait la nouvelle norme. Mais aujourd’hui, alors que la pandémie se dissipe, on réalise que cette demande était temporaire », note-t-il.

    Crainte d’une perte de talents
    Pour San Francisco et sa région, on est loin du krach qui a succédé à l’explosion de la bulle internet du début des années 2000. La situation n’en reste pas moins critique, particulièrement pour les travailleurs expatriés.

    L’avocate Sophie Alcorn est en contact avec des ingénieurs indiens qui risquent l’expulsion : « S’ils sont renvoyés par leur employeur, ils ont une fenêtre de 60 jours pour trouver un nouvel emploi. S’ils n’y parviennent pas, ils doivent quitter le pays. »

    Cette vague de départs pourrait être dommageable pour les Etats-Unis, qui perdent des cerveaux parmi les plus brillants du monde.

    Un repli à relativiser
    A lire les gros titres annonçant des dizaines de milliers de licenciements, on pourrait craindre des faillites de géants de la tech à venir. Mais selon Benoît Bergeret, directeur exécutif du Metalab for data, technology and society à l’ESSEC Business School en France, la crise n’est pas d’une magnitude qui soit inquiétante sur le plan structurel :

    « Finalement, les 20’000 à 40’000 licenciements identifiés, sur les 900’000 emplois de la tech dans la Silicon Valley, ne représentent pas un pourcentage énorme », affirme-t-il, dans une interview accordée au podcast Le Point J.

    Si Twitter a effectivement sabré la moitié de ses effectifs, les 11’000 emplois supprimés chez Meta ne représentent « que » 13% des postes, tandis que les 10’000 personnes licenciées chez Amazon ne constituent qu’un petit pour cent des équipes.

    En d’autres termes, il ne s’agit pas d’un effondrement, mais bien d’un ralentissement du secteur, qui voit la fin d’un cycle d’hyper croissance.

    Entre les rentrées publicitaires en baisse, un contexte macroéconomique fragile, l’inflation et la concurrence de nouveaux acteurs comme le chinois TikTok, les entreprises de la Silicon Valley veulent désormais gagner en rentabilité pour rassurer les investisseurs. Alors elles écrèment.

    #économie #rentabilité #tech #silicon_valley #start-ups #Twitter #paradis_fiscaux #startup #méta #Metavers #multinationales #crise #bourse #multinationales #croissance #dividendes #rentabilité #San_Francisco #concierges #Amazon #cerveaux

  • Les licenciements dans la tech mettent à mal les finances de l’Irlande Laura Taouchanov et Eric Guevara Frey - RTS
    https://www.rts.ch/info/economie/13602858-les-licenciements-dans-la-tech-mettent-a-mal-les-finances-de-lirlande.h

    L’Irlande, qui accueille de nombreuses entreprises technologiques sur son territoire, est particulièrement touchée par les récentes vagues de licenciements dans le secteur. Cette crise pourrait néanmoins être l’occasion pour le milieu de transformer son modèle économique.

    Les licenciements se sont multipliés ces derniers mois chez les géants du numérique et dans les entreprises de la tech en général. Elles ont licencié aux Etats-Unis un total de plus de 144’000 personnes depuis le début de l’année, selon le décompte tenu par le site layoffs.fyi.


    Cette crise n’est pas sans conséquences sur l’économie irlandaise, puisque le secteur de la tech représente 6% de l’emploi sur l’île. Il s’agit du plus fort taux dans l’UE. Au total, ces suppressions de postes pourraient coûter l’équivalent de 10 milliards de francs à l’Irlande.

    Rory O’Farrell, économiste à l’Université technologique de Dublin, a expliqué cette semaine dans l’émission Tout un monde que le boom de recrutements qui a eu lieu pendant la pandémie est maintenant terminé.

    « C’était des emplois bien payés, on va donc perdre leur impôt sur le revenu. L’impôt sur les sociétés est aussi très important. Ces multinationales étrangères du secteur de la tech représentaient 20% de notre impôt sur les sociétés. Cela va creuser un gros trou dans les finances irlandaises qui sera difficile à combler. »

    « Un mal pour un bien »
    Frédéric Fréry, professeur de management à l’ESCP Business School, estime néanmoins que cette crise est un mal pour un bien. « Les investisseurs considéraient la tech comme une sorte d’oasis merveilleuse, et cela a donné lieu à des comportements assez surprenants. Quand je vois des entrepreneurs qui créent des entreprises non pas pour qu’elles soient rentables, mais uniquement pour qu’elles fassent un gros chiffre d’affaires, je m’interroge. »

    C’est une remise à zéro des compteurs qui est plutôt bénéfique sur certains points
    Frédéric Fréry, professeur de management à l’ESCP Business School

    « Un modèle économique qui n’a pas pour nature de dégager de la rentabilité un jour, c’est assez étrange. Personnellement, je trouve que c’est une remise à zéro des compteurs qui est plutôt bénéfique sur certains points », fait-il valoir.

    L’économiste développe son analyse : « La croissance jouait un peu le rôle de la rentabilité auprès des investisseurs. Je rappelle qu’un investissement se rentabilise soit avec des dividendes, soit avec de la plus-value, et si vous êtes dans une sorte de croissance effrénée et perpétuelle, vous pouvez quand même attirer des investisseurs qui eux-mêmes font l’hypothèse qu’ils revendront plus cher ce qu’ils ont acheté, même si dans les faits il n’y a pas vraiment de rentabilité. »

    Vendre « une croissance perpétuelle »
    Frédéric Fréry prend l’exemple d’Uber : « Le groupe accumule des pertes en milliards, il n’empêche que sa valorisation boursière continue d’être extrêmement plantureuse parce qu’il vend une espèce de croissance perpétuelle. »

    Ce retour à la ’normale’ marque peut-être la fin d’une période euphorique qui par moments a plus eu l’air d’un rêve collectif qu’autre chose

    Frédéric Fréry, professeur de management à l’ESCP Business School
     "Je ne peux pas m’empêcher de voir ça comme une sorte d’anomalie par rapport à ce qu’on enseigne normalement. Une entreprise doit dégager une forme de rentabilité pour pouvoir couvrir ses dépenses sans devoir en permanence demander l’aumône à des investisseurs. Ce retour à la ’normale’ marque peut-être la fin d’une période euphorique qui par moments a plus eu l’air d’un rêve collectif qu’autre chose."

    Nouvelles opportunités
    Ce rééquilibrage peut également servir d’opportunité pour de nouvelles entreprises. Le plus gros incubateur de start-ups en Irlande, Dog Patch Labs, compte bien en tirer profit. « Ils suppriment ces postes principalement à cause de la bourse américaine », explique un employé de l’incubateur.

    « Donc nous, on n’a aucun licenciement, bien au contraire. Des gens viennent à nous en disant : ’Une de ces grandes entreprises m’a laissé partir, je vais prendre du temps pour moi à Noël et quand je reviens je veux créer mon entreprise, quelle est la prochaine étape ?’ »

    Fonds de réserve
    Il se montre optimiste : « Ces talents ne peuvent qu’être bénéfiques. Ces personnes très qualifiées trouveront toujours du travail. Ce ne sont pas de simples entreprises, ce sont nos amis. Chaque semaine, des gens de ces groupes viennent aider nos start-ups et on essaie de leur rendre comme on peut. On a de la chance parce que nous avons bâti un écosystème technologique incroyable en Irlande, donc ceux qui cherchent du travail en trouveront. »

    Pour amortir de futurs chocs, le gouvernement irlandais va transférer d’urgence 6 milliards d’euros dans un fonds de réserve. L’objectif est de réduire progressivement la dépendance à ces multinationales et diversifier l’économie.

    #économie #spéculation #tech #Irlande #start-ups #paradis_fiscaux #startup #multinationales #crise #bourse #multinationales #croissance #dividendes #rentabilité

  • De la #démocratie en #Pandémie. #Santé, #recherche, #éducation

    La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’omerta n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant.

    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/De-la-democratie-en-Pandemie

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    Et une citation :

    « La conviction qui nous anime en prenant aujourd’hui la parole, c’est que plutôt que de se taire par peur d’ajouter des #polémiques à la #confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l’espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le #savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l’ _#omerta_ n’est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l’avenir du vivant. »

    #syndémie #désert_médical #zoonose #répression #prévention #confinement #covid-19 #coronavirus #inégalités #autonomie #état_d'urgence #état_d'urgence_sanitaire #exception #régime_d'exception #Etat_de_droit #débat_public #science #conflits #discussion_scientifique #résistance #droit #santé #grève #manifestation #déni #rationalité #peur #panique #colère #confinement #enfermement #défiance #infantilisation #indiscipline #essentiel #responsabilité #improvisation #nudge #attestation_dérogatoire_de_déplacement #libéralisme_autoritaire #autoritarisme #néolibéralisme #colloque_Lippmann (1938) #économie_comportementale #Richard_Thaler #Cass_Sunstein #neuroscience #économie #action_publique #dictature_sanitaire #consentement #acceptabilité_sociale #manufacture_du_consentement #médias #nudging #consulting #conseil_scientifique #comité_analyse_recherche_et_expertise (#CARE) #conseil_de_défense #hôpitaux #hôpital_public #système_sanitaire #éducation #destruction #continuité_pédagogique #e-santé #université #portefeuille_de_compétences #capital_formation #civisme #vie_sociale #déconfinement #austérité #distanciation_sociale #héroïsation #rhétorique_martiale #guerre #médaille_à_l'engagement #primes #management #formations_hybrides #France_Université_Numérique (#FUN) #blended_learning #hybride #Loi_de_programmation_de_la_recherche (#LPR ou #LPPR) #innovation #start-up_nation #couvre-feu #humiliation #vaccin #vaccination
    #livre #livret #Barbara_Stiegler

    • secret @jjalmad
      https://twitter.com/jjalmad/status/1557720167248908288

      Alors. Pour Stiegler je veux bien des ref si tu as ça, j’avais un peu écouté des conf en mode méfiance mais il y a un moment, sans creuser, et je me disais que je devais pousser parce qu’en effet grosse ref à gauche

      @tapyplus

      https://twitter.com/tapyplus/status/1557720905828253698

      Check son entretien avec Desbiolles chez les colibris par ex. T’as aussi ses interventions à ASI, son entretien avec Ruffin, etc. C’est une philosophe médiatique, on la voit bcp. Et elle dit bien de la merde depuis qq tps. Aussi un live de la méthode scientifique avec Delfraissy

      Je suis pas sur le PC mais je peux te lister pas mal de sources. D’autant plus pbtk parce que « réf » à gauche. Mais dans le détail elle dit de la merde en mode minimiser le virus + méconnaissance de l’antivaccinisme. Et du « moi je réfléchit » bien claqué élitiste et méprisant.

      Quelques interventions de B Stiegler (en vrac) :
      Alors la première m’avait interpellée vu qu’elle était partie en HS complet à interpeller Delfraissy sur les effets secondaires des vaccins : https://radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-methode-scientifique/et-maintenant-la-science-d-apres-8387446
      (le pauve N Martin se retrouvait sur un débat complètement HS)

      Il y a d’une part la critique politique (rapport à la démocratie en santé publique), mais pour Stiegler outre la position « le gvt en fait trop, c’est des mesures autoritaires inutiles » elle se positionne par ailleurs sur des choix

      Parler des EI des vaccins sans balancer avec les effets de la maladie. Utilisation de la santé mentale des enfants pour critiquer le port du masque à l’école, lecture de la situation où il n’y aurait que gvt vs libertay, et en omettant complètement toutes les positions développées par l’autodéfense sanitaire et les militants antivalidistes et de collectifs de patients (immunodéprimés, covid long, ...) quand ils ne vont pas dans son narratif.

      Elle met de côté toutes les lectures matérialistes de la situation et sort clairement de son champ de compétence sur certains points, tout en ne donnant que très peu de sources et de points de référence pour étayer ses propos.

      Genre elle critique la pharmacovigilance et les EI mais elle ne donne jamais aucune source ni aucune information sur les outils, méthodes et acteurs qui travaillent ces sujets. Pareil quand elle dit découvrir les critiques des vaccination. Il y a de quoi faire avec les travaux historique sur la #santé_publique et la vaccination. A t elle interrogé des spécialiste de ces sujets, notamment les spécialistes qui ne vont pas que dans le sens de son propos. Elle semble manquer cruellement de référence historique sur le sujet alors qu’elle s’en saisit et qu’elle a une aura d’#intellectuelle_de_gauche, donc plein de monde lui accorde une confiance et trouve qu’elle est très pertinente sur certains sujets. Mais sur le traitement des points techniques elle me semble plutôt à la ramasse et ce qui ne va pas dans son sens est renvoyé à la doxa gouvernementale ou technoscientiste liberale, sans apparemment regarder les contenus eux même. Et Desbiolles c’est pareil. Alla je connais moins et je l’ai entendu dire qq trucs pertinents (sur les profils des non vaccines par exemple) mais le fait qu’il cite Desbiolles devant l’opecst, alors que celle ci racontait des trucs bien limites sur les masques et les enfants, ça me met des warnings.

      Je rajouterai 2 points : 1) il y a des sujets super intéressants à traiter de trouver comment on construit une position collective sur des questions de santé publique, ni individualiste ni subissant l’autorité de l’état. Genre comment penser une réflexions sur les vaccinations (en général, pas spécifiquement covid) dans une perspective émancipatrice et libertaire, comment on fait collectif, comment on mutualise des risques, comment on se donne des contraintes individuelles pour soutenir celles et ceux qui en ont plus besoin.

      Stiegler ne fait que critiquer l’autoritarisme d’état, parle de démocratie, mais ne propose aucune piste concrète ni axe de réflexion pour développer cela. D’autres personnes le font et développent cela, et c’est des sujets non triviaux sur lesquels il est important de délibérer.

      2) Un autre point c’est son discours, comme ceux d’autres intellectuels, est surtout axé sur la partie « choix libre » de la phrase « choix libre et éclairé », et n’évoquent pas vraiment la manière dont on construit collectivement la partie « éclairé »

      Il y a des sujets super importants à traiter sur le rapport aux paroles d’expert, de la place des scientifiques dans un débat public, de la dialectique entre connaissance scientifique et choix politiques et éthiques, bref plein d’enjeux d’éducation populaire

      Ah et aussi dernier point que j’ai déjà évoqué par le passé : l’axe « liberté » sur les questions de vaccination, c’est un argument central des discours antivaccinaux, qui axent sur le fait que les individus peuvent choisir librement etc. C’est assez documenté et c’est par exemple un registre argumentaire historique de la Ligue Nationale Pour la Liberté de Vaccination (LNPLV), qui défend le rapport au choix, défendant les personnes qui ont refusé les vaccinations obligatoires. Mais sous couvert de nuance et de démocratie, ce sont des positions antivaccinales assez claires qui sont défendues. Ce truc de la nuance et de la liberté, tu la retrouves par exemple également chez les anthroposophes (j’en parlais récemment dans un thread).

      j’ai enfin compris pourquoi on dit intellectuel de gauche : c’est pour indiquer avec quel pied leur marcher dessus.

  • In-Q-Tel : quand la CIA investit dans des #start-up françaises -
    https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/in-q-tel-quand-la-cia-investit-dans-des-start-up-francaises_2167

    Même trois mois après, les responsables de Prophesee peinent encore à cacher une certaine forme de rancoeur. « On se serait bien passé de cette publicité-là », glisse l’un d’entre eux. En octobre dernier, la start-up parisienne qui a développé des technologies de vision avec des applications militaires (surveillance, détection...) s’est retrouvée au coeur de l’actualité après les révélations autour de l’identité de l’un de ses investisseurs : #In-Q-Tel. Si ce nom un brin compliqué à prononcer ne vous dit rien, son propriétaire vous parlera sûrement puisqu’il s’agit ni plus ni moins de l’agence centrale américaine de renseignement, la fameuse « #CIA ».

    Pendant plusieurs jours, élus et investisseurs sont montés au créneau pour s’inquiéter du possible rachat de la pépite tricolore. « On a parlé que de ça », se souvient un investisseur français. L’affaire a pris une telle ampleur qu’elle est remontée jusqu’à Bercy, qui n’a finalement pas donné suite. Il faut dire que In-Q-Tel n’a qu’une infime part du capital de la société. On parle d’un « ticket » d’à peine 200 000 euros, autant dire une broutille qui ne leur donne aucun pouvoir. « Ils ont juste un représentant au conseil qui est là comme observateur mais n’ont aucune influence sur la stratégie de la boîte », résume un proche de Prophesee qui compte à son capital des géants tels qu’Intel, Renault-Nissan ou le chinois Huawei.

    "Un système très malin"

    Mais alors pourquoi avoir mis des billes dans la pépite tricolore ? C’est justement là toute la subtilité et l’objectif du fonds de la CIA créé en 1999. Car In-Q-Tel, dont les mises peuvent atteindre quelques millions de dollars, n’est pas une structure comme les autres. Son but n’est pas de gagner beaucoup d’argent comme n’importe quel autre fonds d’investissement ni de prendre le contrôle des sociétés dans lesquelles il a investi, mais de repérer et de suivre les projets les plus prometteurs qui pourraient servir aux intérêts américains. Ils agissent comme des investisseurs dormants. « C’est un système très malin », souligne un proche du renseignement français. La NSA, connue pour avoir mis la planète sur écoute, a également son propre fonds... Si jamais une société développe une technologie intéressante pour la CIA ou un groupe comme Microsoft, In-Q-tel, va servir d’intermédiaire. « Ils vont les rapprocher et leur permettre de faire du business ensemble », explique un bon connaisseur. Et c’est l’objectif avec Prophesee.

    En un peu plus de vingt ans, le fonds dirigé par Chris Darby a réalisé 500 investissements dans le monde avec une enveloppe annuelle d’un peu plus de 100 millions de dollars. Jusqu’en 2010, ses prises de participation se sont quasi exclusivement limitées au territoire américain. Puis le fonds, composé essentiellement d’anciens membres du renseignement, a élargi son terrain de jeu avec l’Europe en ligne de mire.

    Si In-Q-tel ne communique pas à chaque fois sur ses prises de participation, on estime le nombre de ses investissements à plus de vingt sur le Vieux continent. Parmi ceux-ci, on retrouve le finlandais Iceye (microsatellites), l’espagnol CounterCraft (cybersécurité), ou encore l’allemand Toposens (capteurs de son 3D). « Ils sont présents un peu partout », explique un expert du renseignement français. En France, Prophesee est à l’heure actuelle, officiellement, la seule société tricolore dans laquelle la CIA a investi.

    Si In-Q-Tel n’est pas vu comme une menace, les Européens surveillent tout de même de près son activité. « Il ne faut pas être naïf. Quand on parle de sujets sensibles, il n’y a plus d’alliés », souligne un bon connaisseur du renseignement économique. D’autant plus que les technologies sont devenues l’un des principaux sujets de souveraineté. Et qu’à ce niveau-là, l’Europe part de loin. Conscient du problème, le gouvernement français a ainsi musclé ses dispositifs, notamment pour surveiller les entreprises dites stratégiques.

    En plus de sa vingtaine de délégués en région auprès des préfets pour surveiller les jeunes pousses, Bercy a mis en place en 2020 un dispositif d’alerte, en cas d’achats étrangers de start-up. Ces alertes remontent des ministères et du renseignement. En 2021, il y en a eu près de 500. « Dans ces cas-là, on regarde si la start-up est sur la liste des entreprises sensibles, on regarde qui est l’investisseur et combien il veut prendre. S’il n’y a pas de risque alors on ne s’y oppose pas », souligne-t-on du côté de Bercy.

    Des dispositifs encore très défensifs

    Les dispositifs financiers ont, eux aussi, été renforcés. Côté public, il y a notamment le fonds « French Tech Souveraineté » de Bpifrance. Lancé en 2020 et doté de 150 millions d’euros, ce véhicule est censé permettre d’investir dans toutes les start-up technologiques qui auraient besoin de fonds. Le privé est également de la partie avec des structures comme Tikehau, Ardian ou Eurazeo... « On a un vrai rôle à jouer », explique Marwan Lahoud, qui dirige le dernier fonds aéronautique pour Tikehau Ace Capital (750 millions d’euros), filiale de la société d’investissement Tikehau.

    Reste que ces dispositifs ne suffiront pas à inverser le rapport de force. « On a amélioré les dispositifs, mais on reste des nains », tacle le responsable d’un fonds français. L’Europe part en même temps de beaucoup plus loin que les Etats-Unis. « La France construit son dispositif petit à petit. Il y a maintenant des ponts entre le privé et le public. Avant, ces deux mondes ne se parlaient pas », explique un avocat, qui souligne la nécessité de passer à une phase plus offensive. Quels que soient les domaines, la meilleure défense reste encore l’attaque.

    • Dans les coulisses du Campus Cyber, la nouvelle vitrine de la cybersécurité française
      https://www.latribune.fr/technos-medias/innovation-et-start-up/on-a-visite-le-campus-cyber-la-nouvelle-vitrine-de-la-cybersecurite-franca

      Les locaux du Campus Cyber, à deux pas de l’esplanade de la Défense, grouillent d’ouvriers. Plus de 120 hommes s’activent à déballer des cartons, monter des meubles ou encore installer des routeurs internet. L’enjeu est grand : le bâtiment neuf de 26.000 mètres sur 13 étages doit devenir le lieu totem de la cybersécurité française. Autrement dit, il se positionne comme l’équivalent dans la cybersécurité à ce qu’est Station F pour le numérique, c’est-à-dire un mini-écosystème en pleine ville.

      Michel Van Den Berghe, ancien dirigeant d’Orange Cyberdéfense devenu président du Campus Cyber, essaie de ne pas s’attarder sur les travaux qui restent à faire alors que la date de l’inauguration approche. « Ils installent les enceintes, c’est bon signe », se rassure-t-il après un passage dans le futur auditorium. Le campus doit accueillir ses premiers locataires le 16 février. L’inauguration, elle, est prévue quelques jours avant, en présence -sauf imprévu- du président de la République Emmanuel Macron lui-même. Alors forcément, l’absence de moquette à certains étages et les bruits constants de perceuses ont de quoi angoisser le dirigeant. « Le but de ce lieu, ce n’est pas de faire un projet immobilier, c’est de préparer des offres communes, et de monter le niveau de la cybersécurité de la Nation », rappelle-t-il.

      Toute la cybersécurité française au rendez-vous

      Impulsé par l’exécutif à l’été 2019, le projet de Campus Cyber a émergé très rapidement. Commandité par le premier ministre, Michel Van Den Berghe a remis son rapport intitulé « Fédérer et faire rayonner l’écosystème de la cybersécurité » le 7 janvier 2020. Celui-ci conclut sur la volonté des entreprises du secteur, des grands groupes aux startups, de mieux collaborer les unes avec les autres. Ces résultats ont déclenché la mise en œuvre effective du projet, toujours confiée au même homme. En avril 2021, il quittait donc ses fonctions à la tête d’Orange Cyberdéfense, et 3 mois plus tard, le 21 juillet 2021, il signait le bail du bâtiment, peu après avoir créé la société Campus Cyber, dont l’Etat est actionnaire à hauteur de 44%. Les travaux d’aménagement des bureaux ont débuté au pas de course en septembre, pour donc accueillir les locataires à la fin du mois de février 2022.

      Pensé comme un « porte-avions » de la cybersécurité française, la Campus Cyber accueille toutes les strates de l’écosystème : des grands groupes (Thales, Atos...), la recherche publique (l’Inria, le CEA...), l’Etat (l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information -Anssi-, le ministère de l’Intérieur et celui des Armées), des PME, des startups, des écoles, des associations ou encore des fonds d’investissement. « Nous sommes le seul campus au monde où sont réunis des offreurs, l’Etat, les écoles, mais aussi des clients finaux : 40 sociétés du CAC40 ont placé des experts chez nous », promeut Michel Van Den Berghe. Autrement dit, des grands groupes dont l’activité principale n’est pas la cybersécurité se sont aussi greffés au projet. A titre d’exemple, un groupe interbancaire -avec des experts issus des 8 plus grosses banques françaises- va se réunir sur le campus pour créer des solutions communes.

      En tout, plus de 90 organisations vont s’installer dans le bâtiment, qui regroupera ainsi plus de 1.800 experts de la cybersécurité. « Il ne nous reste que 25 postes sur toutes les places que nous avons commercialisées », se réjouit Michel Van Den Berghe. Pour autant, le Campus ne serait pas encore victime de son succès. « Nous nous sommes arrangés pour que personne ne reste à la porte », rassure-t-il. Pour permettre cette mixité d’organisation, il a fallu s’adapter : le campus se loue à 750 euros du mètre carré, une somme élevée pour une petite entreprise, mais modérée pour le quartier de la Défense, dixit Michel Van Den Berghe. « Les grandes sociétés ont joué le jeu : elles paient leur loyer un petit peu plus cher pour que les petites sociétés paient un peu moins cher. Je trouve que c’est un bel exemple de solidarité. »

      Une vitrine pour la cybersécurité française

      L’architecture de l’immeuble se prête bien à cette cohabitation. Comme une fleur, chaque étage se divise en trois « pétales », accessibles depuis une même colonne centrale -la tige en quelque sorte- où se trouvent les ascenseurs. Les locataires s’installent soit sur un étage entier -c’est le cas d’Orange Cyberdéfense et de Capgemini-, soit sur une ou deux pétales -comme les ministères de l’Intérieur et des Armées-, soit sur des postes dans les espaces collaboratifs opérés par Campus Cyber. Dans le détail, 35% des espaces sont occupés par des grands groupes, 20% par l’Etat ou encore 10% par les écoles (Epita, Simplon...). Bien que le bâtiment serve à mettre en avant les expertises françaises et à créer des synergies entre elles, un des 13 étages est dédié à l’accueil d’entreprises étrangères. On y retrouve les incontournables Google, Amazon Web Services, Microsoft, IBM ou encore Cisco.

      « Quand j’ai signé le bail de l’immeuble, beaucoup de gens m’ont regardé en se disant que c’était un petit peu dingue. Il faut dire que lorsqu’on avait remis l’étude d’opportunité, on parlait de 10.000 à 12.000 mètres carrés », se souvient Michel Van Den Berghe. Finalement, l’immeuble de 26.000 mètres carrés est deux fois plus grand que prévu, ce qui permet à la société de proposer des espaces peu densifiés. Par exemple, le bureau de 8 postes de travail mesure environ 90 mètres carrés, et certains lieux sont dédiés aux échanges. Cette faible densité donne aussi un effet de prestige aux bureaux, essentiel aux yeux de Michel Van Den Berghe. « Notre état d’esprit, c’est de faire de ce lieu un lieu totem, un lieu extrêmement visitable, un lieu le plus ouvert possible pour susciter des vocations ».

      Le précédent Station F

      En France, dès qu’on parle de lieu totem, #StationF apparaît comme un exemple évident. « La #French-Tech est pour moi une réussite car c’est un mouvement qui fédère l’écosystème et crée des dynamiques. Station F c’est 30.000 mètres carrés pour tout le numérique, nous c’est 26.000 mètres carrés rien que pour la cyber, on peut être fiers de ça », fait remarquer le dirigeant du Campus Cyber. Pour endosser sa fonction de vitrine de l’écosystème, le nouveau bâtiment va pouvoir s’appuyer sur une salle de conférence, un auditorium, ou encore un « showroom » équipé en technologies -avec notamment une salle à 360° et des dispositifs de réalité virtuelle- où des démonstrateurs seront installés.

      Le campus intègre aussi une brasserie, un réfectoire sur le modèle des « food courts » américains, un espace de massage ou encore un espace de coiffure. L’objectif : rendre le lieu le plus attractif possible pour les employés des sociétés locataires.

      Délocalisations dans les autres régions

      En s’installant à cinq minutes de l’esplanade de La Défense, le Campus Cyber n’échappe pas aux critiques sur le parisiano-centrisme de la profession. « Le prérequis était que l’immeuble soit extrêmement bien desservi et accessible car sinon, les locataires n’auraient pas réussi à convaincre leurs experts cyber de venir », se défend Michel Van Berghe. D’après lui, le campus israélien Cyber Spark -modèle du genre- installé à Beer-Sheva, peine à faire venir les ingénieurs à cause de l’heure de route qui le sépare de Tel-Aviv.

      Pour autant, un groupe de travail est déjà en discussion avec dix des treize régions françaises pour créer des antennes régionales partout dans l’Hexagone. L’objectif : amener les expertises au plus près du terrain. Campus Cyber prend en charge le processus de labellisation et participera à l’animation du réseau, mais ce n’est pas lui qui gèrera ces autres campus. « C’est la région qui décide de l’implantation du campus et de son statut (GIP, société, association...) », précise Michel Van Den Berghe.

      Pour ce qui est du campus parisien, une extension est déjà prévue dans les Yvelines à l’horizon 2024, à un emplacement à déterminer sur le futur tronçon du RER E (baptisé Eole), qui passera à La Défense. L’ancien patron d’Orange Cyberdéfense projette « un campus à l’américaine, très vert, avec des terrains de sport et une piscine ». Cet espace, plus grand, permettra d’adresser les questions de cybersécurité industrielle -avec des démonstrateurs imposants- ou encore celle des drones -qui ne peuvent pas voler en ville. Mais chaque chose en son temps. « Mon rôle c’est déjà de faire que le projet initial tienne dans la durée », conclut Michel Van Den Berghe.

    • #CampusCyber, capitale de la cybersécurité
      https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/campus-cyber-capitale-de-la-cybersecurite-20220213

      Inauguré ce 15 février, ce lieu innovant doit permettre de renforcer le niveau de sécurité numérique en France.

      « Le porte-avions de la cybersécurité française », « le vaisseau amiral de l’écosystème cyber », « la caserne des casques bleus du réseau » … Les métaphores militaires ne manquent pas pour qualifier le Campus Cyber qui ouvrira ses portes mardi 15 février. Cette tour de 13 étages, située dans le quartier de la Défense, regroupera en un même lieu tout ce que compte l’écosystème cyber en France : les grands industriels privés, des services de l’État comme l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), des PME et des start-up spécialisées, des sociétés utilisatrices, des centres de recherche, des écoles de formation… Après plus de deux ans de gestation, le projet devient opérationnel. L’objectif : faire travailler ensemble acteurs privés et publics, pour développer l’écosystème français, être à la pointe technologique dans ce domaine hautement stratégique et former les compétences nécessaires. L’enjeu ? Élever in fine le niveau de sécurité informatique de la France.

  • Ceci n’est pas une dystopie. Comment l’Université se vend à l’Entreprise. Immersion dans l’enfer ludique d’un #hackathon

    Dans une salle de stade, zone VIP, un lundi matin, un animateur, jeune, grand, beau, cheveux bruns gominés, boucle d’oreille, costume bleu, harangue une foule d’étudiants.

    Tous ont reçu, à l’entrée, des sacs en tissu blanc sur lesquels on lit, en bleu et quatre polices différentes, le slogan suivant : « Étudiant & entrepreneur. Il n’y a point d’entrepreneur sans un grain de FOLIE ». Au-dessus du slogan, une tête souriante qui louche (la « FOLIE », sans doute). Un sac à goodies qui contient un cahier « Pépite » (couverture : « Ecrire c’est organiser le bordel les idées que l’on a dans sa tête »), un stylo de l’Université de X., une gourde de l’Université de X., un bracelet d’une entreprise locale, cartes et dépliants divers.

    Une centaine de sacs pour une centaine de Jeunes. Étudiants. Mais surtout Jeunes.

    Je suis là, moi aussi, plus très jeune, ou alors je ne l’ai jamais été. Tout dépend de ce que l’on entend par Jeune.

    L’Université de X., que je fréquente cette année, nous oblige, mes jeunes camarades de Master 2 et moi, à participer à un hackathon. « EC2 Module hackathon – coeff. 1 », lit-on sur la maquette de l’Université.

    https://lundi.am/Ceci-n-est-pas-une-dystopie

    La #start-up_nation #université #facs #France #étudiants-entrepreneurs #goodies #it_has_begun

    #déprime totale...

  • #Wirecard. Le scandale financier qui secoue l’Allemagne

    En 2020, Wirecard, une #start-up allemande devenue un géant du #paiement_en_ligne, s’effondre suite à des révélations de fraudes d’une ampleur inouïe. Retour sur l’ascension et la chute d’un mouton noir de la « fintech ».

    Le plus grand scandale financier de ces deux dernières décennies en Allemagne a commencé comme une success-story. Start-up fondée en 1999 et pilotée dès 2002 par l’Autrichien Markus Braun, la société de paiement en ligne Wirecard profite de la croissance exponentielle d’Internet pour élargir massivement sa clientèle. Proposant d’abord ses services à des sites spécialisés dans la pornographie et les jeux d’argent, l’entreprise s’achète rapidement une respectabilité. Vingt ans après sa création, Wirecard a bravé tous les obstacles pour s’imposer comme un fleuron de l’économie numérique allemande et l’un des principaux concurrents de Paypal. Cotée au Dax, l’indice boursier national, et valorisée en Bourse à hauteur de 14 milliards d’euros, la société s’enorgueillit d’un impressionnant portefeuille de quelque 300 000 clients. Sa chute sera aussi fulgurante que son ascension quand, en juin 2020, des fraudes d’une ampleur inédite la concernant sont révélées. Au total, 1,9 milliard d’euros ont disparu des comptes de l’entreprise.

    Accointances douteuses
    Comment des irrégularités aussi colossales ont-elles pu passer sous les radars des autorités de régulation ? Des alertes circulaient pourtant dans le milieu de la finance depuis 2009 et un analyste avait même fourni en 2016 des preuves solides de fraudes chez Wirecard, sans faire réagir l’Autorité fédérale de supervision financière… De la Bourse de Munich à Singapour, cette ahurissante affaire, hautement romanesque, mêle blanchiment d’argent, falsifications, intimidations et menaces de mort, dévoilant la face sombre d’une « fintech » aux accointances pour le moins douteuses. Pour retracer la chronologie de ce dossier, Benji et Jono Bergmann ont rencontré plusieurs de ses acteurs : journalistes d’investigation, commentateurs et analystes, sans oublier le lanceur d’alerte Pav Gill, avocat et ancien employé de Wirecard, qui forme avec sa mère un étonnant duo de justiciers. Si l’ex-PDG Markus Braun, en prison, attend son procès, son ancien bras droit, le charismatique Jan Marsalek, s’est évaporé et reste l’un des criminels en col blanc les plus recherchés de la planète.

    https://www.arte.tv/fr/videos/100289-000-A/le-scandale-financier-qui-secoue-l-allemagne-wirecard
    #film #film_documentaire #documentaire
    #lanceur_d'alerte #finance #Markus_Braun #Jan_Marsalek #escroquerie #industrie_numérique #technologie_numérique #fintech #industrie_du_jeu #jeux_d'argent #Tobias_Bosler #justice #globalisation #mondialisation #rapport_Zatarra #GI_retails #fraude_comptable #blanchissement_d'argent #Michael_Schütt #Bluetool #BaFin #corruption #Allemagne #Jigajig #DAX #Al_Alam #Edo_Kurniawan #paiement_électronique #EY

  • Les cadeaux d’Anne Hidalgo aux milliardaires Bernard Arnault, François Pinault et Xavier Niel
    https://linsoumission.fr/2021/09/07/les-cadeaux-danne-hidalgo-aux-milliardaires-bernard-arnault-francois-p

    La maire de Paris socialiste se prépare à annoncer sa candidature à l’élection présidentielle. Le précédent Président socialiste, François Hollande, s’était fait élire en annonçant que son véritable ennemi serait la finance, pour in fine bien la servir. Le résultat fut l’élection de son pur produit et serviteur, Emmanuel Macron, grâce à qui les intérêts des puissants oligarques milliardaires n’auront jamais été aussi bien défendus dans toute l’histoire de la République. Y a-t-il autre chose à attendre de la probable future candidate Anne Hidalgo ? Cette note vise, à partir de quelques exemples parisiens, d’évaluer à cet égard le bilan de l’action municipale de la maire socialiste vis-à-vis de certains de ces oligarques milliardaires. Et si les amis d’Hidalgo étaient précisément les financiers ? 

    Anne Hidalgo et Bernard Arnault, un vieil idylle
    Commençons par #Bernard_Arnault, l’homme le plus riche de France et la deuxième fortune mondiale. C’est un grand adepte des #paradis_fiscaux, de l’optimisation et de l’évasion fiscale. Si l’homme d’affaire est amateur d’art et collectionneur, son engagement dans le mécénat suit surtout une stratégie visant à améliorer l’image du groupe LVMH et accroître son rayonnement à l’international. 

    Pour le milliardaire, comme pour nombre d’oligarques, il est essentiel de tisser des liens avec le politique, de droite comme de gauche. Et côté #PS, dans l’équipe de #Bertrand_Delanoë - #Anne_Hidalgo, ça tombe bien, c’était un de leurs objectifs. #Christophe_Girard, l’ancien adjoint à la culture et maire du 4e, est en partie à l’époque choisi pour cela. Celui qui fut à #EELV avant de rejoindre le PS a occupé des fonctions de premier plan au sein de la maison #Yves_Saint_Laurent et du groupe #LVMH jusqu’en 2016.

    #Un immense terrain à prix cassé pour la Fondation Vuitton à Paris
    Bernard Arnault avait déjà obtenu pour le groupe LVMH de la Mairie de Paris l’exploitation du jardin d’acclimatation dans le bois de Boulogne par le biais d’une délégation de service public. En 2006, le Conseil de Paris va lui permettre de construire sa “ #Fondation_Vuitton ” qui sera inaugurée en 2014. Une convention de 55 ans au profit de LVMH est établie sur un terrain appartenant à la Ville et jouxtant le jardin d’acclimatation, contre une redevance de 100.000€ par an. Au vu de la superficie de 11.100m2, c’est pas cher payé, soit une redevance de 9€/m2/an.

    À titre de comparaison, la redevance versée par la FFT pour la convention d’occupation de #Roland_Garros est d’environ 60€/m2. La largesse est de taille ! Mais surtout, Bernard Arnault va pouvoir profiter du cadre fiscal du mécénat induit par la loi Aillagon. La Cour des comptes en novembre 2018 a révélé que la construction du bâtiment qui devait initialement coûter 100 millions d’euros va voir sa facture exploser à près de 800 millions d’euros au total. Du fait de l’avantage fiscal permettant de défiscaliser 60% de l’argent investi, il en coûtera 518M€ à l’Etat.

    Le musée des Arts et traditions populaires offert sur un plateau à LVMH
    Celui qui a détruit tant d’emplois, tant de vies et tout le savoir-faire français de l’industrie du textile par sa politique de délocalisation va reprendre, tout un symbole, le musée des Arts et traditions populaires pour en faire sa maison LVMH- Arts-talents-patrimoine… Le bâtiment de l’ancien Musée national des Arts et Traditions populaires qui était installé dans le Bois de Boulogne, lui aussi attenant au jardin d’acclimatation, appartenait à la Ville et avait été concédé à l’État en 1954, par une convention arrivant à échéance en décembre 2014. Ce musée avait été fermé par l’Etat, et ses collections avaient été transférées au MUCEM à Marseille en 2011. Le bâtiment, depuis cette date, avait été laissé sans utilisation, muré en juin 2013 et laissé à l’abandon.

    L’État va finalement verser une indemnité de 10 millions d’euros (un montant visant à permettre de réaliser les travaux de réhabilitation du bâtiment) à la Ville de Paris, pour la reprise du bâtiment. Mais plutôt que de recréer un établissement culturel municipal, certains parlaient d’un musée sur l’esclavage, la ville va le céder à LVMH, sans aucune mise en concurrence pourtant imposée à la moindre association culturelle. Et le “projet culturel”, normalement exigé, sera des plus sommaires. La ville va lui offrir les 10 millions d’euros perçus par L’État et établir une convention d’une durée de 50 ans pour une redevance en retour très faible de nouveau pour le groupe LVMH. Il s’agit de 150.000 euros par an, pour plusieurs milliers mètres carrés de surface, soit environ de nouveau 9€ le m2 par an, plus un faible pourcentage du chiffre d’affaires, alors qu’une partie des activités pratiquées dans le lieu (évènementielles et de restauration) sera très lucrative et bien rentable. A titre de comparaison, le prix des loyers commerciaux le plus faible dans le 16ème arrondissement est au minimum de 270€ le m2 par an… 

    Quand Anne Hidalgo prend la défense de Bernard Arnault contre ATTAC
    Les investissements ont été estimés à 158 millions d’euros, bénéficiant là encore de la règle de la déduction fiscale de 60%, donc largement financés par l’Etat. Bernard Arnault peut donc s’offrir ainsi, grâce aux largesses de la ville et de l’Etat, une “Maison LVMH / Arts – Talents – Patrimoine”, mixant résidence d’artiste, salles d’exposition et de concerts, centre de documentation sur les métiers d’art et un restaurant de 1.000 m2, qui lui permettra, sous prétexte de culture, de valoriser son image. Le domaine LVMH dans le bois de Boulogne est dorénavant une vitrine plus que conséquente, nationale et internationale pour l’empire du luxe du milliardaire. 

    Le 3 juillet, lors de l’inauguration de la réouverture après travaux des magasins emblématiques de #La_Samaritaine, l’association Attac a mené une action non violente, un tag à la gouache et des banderoles pour dénoncer le gang des profiteurs. Pendant la crise sanitaire, alors que la pauvreté explose, ces milliardaires ont en effet augmenté de 68% leur fortune ! Bernard Arnault, lui, a vu ses avoirs personnels augmenter de 62 milliards d’euros, tout en poursuivant des licenciements et ses placements dans les paradis fiscaux ! Mais, Anne Hidalgo, côte à côte avec Emmanuel Macron pour flatter l’indécent milliardaire, fut parmi les premières personnalités politiques à dénoncer le vandalisme de l’association https://linsoumission.fr/2021/07/06/hidalgo-defend-arnault-la-gauche-soutient-attac … En cohérence, elle a choisi son camp, celui des milliardaires fraudeurs du fisc, la gôche anti gouache pro LVMH… https://linsoumission.fr/2021/07/06/hidalgo-defend-arnault-la-gauche-soutient-attac

    Les cadeaux d’Anne Hidalgo à #François_Pinault
    Juste après Bernard Arnault, impossible de ne pas mentionner François Pinault, autre milliardaire. François Pinault a lui aussi utilisé des sociétés écrans situées dans les paradis fiscaux des Antilles néerlandaises pour cacher un quart de sa fortune pendant une vingtaine d’années, évitant ainsi d’être assujetti à l’impôt sur le revenu jusqu’en 1997, sans compter les stratégies d’optimisation fiscale réalisées depuis. 3ème fortune française et 59ème au niveau mondiale en 2012, avec une fortune personnelle estimée à 8,5 milliards de dollars et une fortune professionnelle de 8,1 milliards d’euros, rien que ça. Pour François Pinault, impensable de ne pas accéder lui-aussi à sa propre fondation dans la capitale. Et ce que les milliardaires rêvent à Paris, Anne Hidalgo l’exauce. La maire de Paris lui a ainsi permis de réaliser la #Fondation_Pinault au sein de la Bourse du Commerce. 

    Cette magnifique rotonde datant du XVIIIe siècle avait été cédée par la Ville de Paris à la chambre de commerce et de l’industrie de Paris-Ile-de-France (CCI) en 1949, pour 1 franc symbolique, sous réserve qu’elle y accueille des activités liées à ses missions. Fin de l’été 2015, la municipalité a demandé à la CCI de lui céder cet espace de 13.000 mètres carrés, afin d’y installer une activité emblématique, de visibilité internationale, à côté des Halles : la fondation Pinault. En janvier 2016, alors que la CCI se retrouve financièrement au plus mal, à prévoir plus de 300 licenciements, la Ville de Paris a fait une proposition de rachat jugée satisfaisante par la chambre, laquelle se verrait céder en pleine propriété un bâtiment de 14.000 mètres carrés près de République, dont elle est concessionnaire depuis 1914. L’opération va coûter 86 millions d’euros à la ville de Paris et un dédommagement de 21 millions d’euros pour la CCI ! 

    La ville, là encore, établit pour le milliardaire collectionneur, un bail emphytéotique pour 50 ans, pour un loyer annuel de 15 millions d’euros les deux premières années. Mais ce montant pouvant sembler être impressionnant revient à 1150€/m2/an, soit un loyer bien inférieur aux fourchettes hautes dans le quartier des loyers commerciaux qui sont plus autour de 2589€/m2/an. Et d’emblée, la ville a promis des loyers beaucoup moins élevés pour les années suivantes afin de tenir compte des travaux engagés. Les coûts d’entretien et d’investissement de ce site seraient très élevés (12,3 millions d’euros entre 2009 et 2015, 4 millions nécessaires pour une mise aux normes d’urbanisme et d’accueil du public). Mais François Pinault, en bon mécène désintéressé comme Bernard Arnault, sait user lui aussi de la loi Aillagon de défiscalisation de l’argent investi dans la fondation. Ces milliardaires savent défendre leurs intérêts au point de réussir à les faire passer pour de l’intérêt général ! 

    Les liens d’Anne Hidalgo avec Unibail-Rodamco-Westfield, le premier groupe coté de l’immobilier commercial au monde
    Sans chercher à être exhaustif, on ne peut traiter du rapport d’Anne Hidalgo avec les milliardaires et les grandes entreprises au top dans la financiarisation capitaliste sans traiter d’ #Unibail-Rodamco-Westfield , le premier groupe coté de l’immobilier commercial au monde. 

    Avant d’être Maire de Paris, Madame Hidalgo a été 1ère adjointe de Bertrand Delanoë de 2001 à 2014. Un des gros dossiers d’urbanisme de l’équipe municipale fut celui des Halles. Si les débats à l’époque ont surtout porté sur les aspects esthétiques et la Canopée, l’opération de rénovation des #Halles prévoyait surtout une immense braderie, puisque ce bâtiment emblématique de Paris, porte d’entrée dans la capitale via les immenses stations de métro et RER qu’il abrite, au profit de l’entreprise Unibail.

    Cette cession du centre commercial, qui a eu lieu en 2010-2011, a profité de manière aberrante à l’entreprise, aux dépens de la collectivité : la Ville a ainsi réalisé 1 milliard de travaux dans le bâtiment avant de le céder (sans contribution d’Unibail, alors que l’entreprise devait initialement contribuer pour 238M€ aux travaux, mais ce concours a été annulé). Elle cède pour 142 millions un centre commercial qui doit en valoir dans les 700 millions selon l’évaluation de la CRC en 2018, qui estime que “le réaménagement des Halles a profité de manière déséquilibrée à Unibail-Rodamco(-Westfield) potentiellement au détriment 1) des finances de la Mairie et 2) de l’intérêt public considéré plus généralement.”)

    De plus, la surface commerciale a été étendue, ce qui accroît la marchandisation aux dépens de l’intérêt général et notamment à l’encontre des revendications des riverains.

    Les liens de Mme Hidalgo et de son équipe avec cette entreprise ne s’arrêtent pas là : en effet, elle a décidé en 2014 de permettre à #Unibail de construire au coeur du Parc des expositions qui était déjà délégué en délégation de service public à Viparis, filiale d’Unibail, la gigantesque Tour Triangle, bâtiment anti-écologique, contesté par les riverains, des élu.es (comme #Alexis_Corbière et moi-même à l’époque et les élu.es écologistes) et spéculatif. D’après un rapport de la CRC, publié en juin 2020, on a appris de plus que la Ville avait dans le cadre de ce projet offert un cadeau de 263 millions d’euros, sans raison, à l’entreprise Unibail !

    En effet, en 2014, la Ville a résilié de manière anticipée le contrat de délégation du Parc des expositions qui la liait à Unibail, afin de signer un nouveau contrat intégrant la présence de la future Tour Triangle. La résiliation a été l’occasion d’une indemnisation d’Unibail à hauteur de 263 millions d’euros, pour le dédommager de cette résiliation anticipée… C’est pourtant l’entreprise Unibail le premier bénéficiaire, puisqu’elle a obtenu le nouveau bail du Parc des expositions et de la Tour triangle, pour une durée de 50 ans ! Après la braderie des Halles à Unibail en 2011, c’est un nouveau cadeau injustifié fait par la Ville à cette multinationale, qui va déjà profiter de larges bénéfices du fait du projet de Tour triangle (si le projet voit le jour car il est tellement à contre temps !) et qui a, selon les termes de la CRC, “durablement renforcé sa situation sur son secteur d’activité”.

    Pour rendre concret ce montant, avec 263 millions d’euros on pourrait très très largement héberger et garantir un accompagnement social à l’ensemble des sans-abris parisiens et mal logés pendant 5 ans !

    De plus, avec un loyer de 2 millions d’euros par an pour une durée de 80 ans (et 8 millions versés à la livraison du bâtiment), la convention est assez généreuse : rien que les 77.000m2 de bureaux prévus peuvent permettre à Unibail d’engranger environ 80 millions d’euros par an, montant qui n’inclut pas les bénéfices liés à l’espace de conférences, à l’hôtel de luxe, aux locaux commerciaux en pied d’immeuble.

    Anne Hidalgo et Xavier Niel
    Dernier exemple pour la route dans cette note, parlons des largesses de la ville avec #Xavier_Niels et sa station F. Non content de faire de la capitale la vitrine des milliardaires, du luxe, de la transformer en centre commercial géant, l’équipe municipale d’Anne Hidalgo entend en faire une vitrine de l’innovation, la capitale des #start-up, de quoi faire rougir de plaisir Emmanuel Macron qui s’auto présente comme le Président de la start-up Nation. 

    L’équipe se tourne naturellement vers un autre milliardaire, Xavier Niel. Il est le fondateur et actionnaire principal d’ #Iliad, groupe de télécommunications français, maison mère du fournisseur d’accès à internet #Free et de l’opérateur de téléphonie mobile #Free_mobile. C’est aussi un parisien qui vit par ailleurs dans un somptueux palais dans le 16e arrondissement. 

    Pour monter la station F, plus grand incubateur numérique à start-up d’Europe, la SNCF va céder la #Halle_Freyssinet à la Ville de Paris qui la cède ensuite au groupe Free en 2016 pour 70 millions d’euros, soit pour 1800€ le m2 dans une zone où au même moment le prix du m2 avoisinait les 8000 €. 

    Pur hasard ? #Jean-Louis_Missika, l’adjoint d’Anne Hidalgo à l’urbanisme durant la précédente mandature, celui qui pilota en grande partie sa campagne municipale “Paris en commun”, très actif sur ce dossier, avait auparavant travaillé comme lobbyiste auprès de Free et de Xavier Niel…C’est vrai qu’il avait été en grande partie choisi pour avoir siégé dans une cinquantaine de conseil d’administration de grande entreprises et notamment chez free. Son soutien lors de la présidentielle à Emmanuel Macron n’avait en aucun cas entaché leur collaboration politique.

    Si la station F peine à fidéliser les 1000 start-up promises du fait de nombreuses difficultés pour garantir l’efficacité des services promis et de bonnes conditions matérielles (même le wifi dysfonctionne, quel comble pour le patron de Free !), la gare de la start-up nation-capitale accueille de beaux voyageurs, comme le fondateur d’ #Airbnb, la numéro 2 de #Facebook, le PDG de #Microsoft… Le jour de l’inauguration du lieu, le 29 juin 2017, en présence d’Emmanuel Macron, fut précisément le même jour où celui-ci avait déclaré “Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien.”

    Par Danielle Simonnet.

    #paris #Saccage2024 #anne_hidalgo #ps #enMarche #paris #jo du #fric

  • Un Airbnb bruxellois sur deux exploité par des professionnels ?
    https://www.rtbf.be/info/regions/detail_un-airbnb-bruxellois-sur-deux-exploite-par-des-professionnels?id=1083699

    L’économie de partage, c’est le principe mis en avant par les fondateurs d’Airbnb : j’ai une chambre vide dans mon appartement ou ma maison, je la loue à des visiteurs de passage pour arrondir mes fins de mois. Ou je pars souvent à l’étranger et je loue mon appartement quand je n’y suis pas. Bref, on s’entraide entre particuliers. Or, une étude de la VUB l’affirme : dans la capitale, près d’un Airbnb sur deux serait exploité par des professionnels ou des investisseurs.

    Le problème, avec la plateforme de location immobilière, c’est qu’elle ne communique pas volontiers ses données. Aussi Pieter-Paul Verhaege et Sylvie Gadeyne, les deux auteurs de l’étude, ont dû s’adresser à AirDNA, un site qui fait du «  data-scraping  », littéralement du grattage de données. Comprenez : le site extrait toutes les données possibles et les agglomère pour tenter de dresser un portrait aussi fidèle que possible de la situation des Airbnb, ville par ville.

    L’équipe de l’université néerlandophone de Bruxelles s’est procurée les chiffres pour 2019, période avant COVID. Ils lui ont permis de dresser un portrait pour le moins nuancé du marché de la location Airbnb à Bruxelles.

    Les chercheurs ont divisé les propriétaires en plusieurs catégories : ceux qui proposent, occasionnellement, une chambre dans un appartement ou une maison ; ceux qui offrent un appartement entier, mais moins de 120 jours par an (c’est le cas des personnes qui sont souvent en voyage professionnel, par exemple) ; ceux qui proposent un seul bien, mais pendant plus de 120 jours ou qui mettent deux appartements en location et enfin ceux qui disposent de plus de trois biens.

    Pour les auteurs de l’étude, seules les deux premières catégories peuvent être classées comme jouant le jeu de l’économie de partage chère à Airbnb. Ils représentent 55% du total des propriétaires présents sur la plateforme.

    A côté, ceux qui mettent deux biens en location ou un seul bien mais plus de 120 jours par an représentent 29% du total. Pour les professeurs de la VUB, ce ne sont pas des amateurs, mais des investisseurs.

    Enfin, il y a les professionnels : 16% des propriétaires bruxellois présents sur la plateforme proposent au moins trois bien à la location. Les chercheurs ont même dénombré 32 personnes qui ont plus de 10 appartements.

    Sans grande surprise, professionnels et investisseurs préfèrent proposer des locations à proximité de la Grand’Place, là où les touristes cherchent à se loger, ou près des institutions européennes, visant ainsi plus une clientèle professionnelle. Les auteurs de l’étude pointent également un détail amusant : la concentration des locations Airbnb correspond à celle des restaurants : plus il y a de restos, plus il y aura d’Air BNB dans les environs.

    Selon l’étude, il y avait, en 2019, 11.427 biens disponibles sur la plateforme à Bruxelles. Si l’on enlève les propriétaires qui jouent le jeu de l’économie partagée, cela laisse encore quelque 5.000 biens qui sont soustraits au marché locatif de la capitale. Prochaine tâche pour les auteurs de l’étude : tenter de déterminer quelles pressions éventuelles cette soustraction exerce sur les loyers bruxellois.

    airbnb #uber #logement #exclusion #paupérisation #tourisme #domination #algorithme #bénéfices #gentrification #urbanisme #disruption #urbanisme #urban_matter #ville #villes #géographie_urbaine

  • Cent projets de start-up pour renforcer le service public
    https://www.lefigaro.fr/entrepreneur/cent-projets-de-start-up-pour-renforcer-le-service-public-20210905

    L’État est devenu incubateur de jeunes pousses. À Bercy, l’une d’elles, Signaux Faibles, est censée mieux détecter les entreprises en difficulté.

    Pour faire bouger l’État, il y a les vastes réflexions sur les nouveaux enjeux du service public et les petits pas concrets. Le programme Beta.gouv suit clairement la seconde voie. Il vise à « aider les administrations publiques à améliorer le service public de l’intérieur grâce au numérique » en s’appuyant sur des start-up d’État, c’est-à-dire des services innovants incubés au sein des ministères ou des administrations.

    Concrètement, il s’agit de donner aux fonctionnaires, à l’esprit entrepreneur et au projet solide, les moyens financiers et le temps pour développer leurs idées de nouveaux outils internet tournés vers les usagers. Ces incubateurs inspirés du privé permettent ainsi à l’État de valoriser ses agents les plus innovants, mais aussi de mobiliser l’expertise de jeunes informaticiens, codeurs, qui, sans cette promesse de souplesse et d’autonomie dans le travail, n’auraient jamais pensé rejoindre la direction d’un ministère.

    La suite payante, mais à lire : Start-up nation : quand l’État programme son obsolescence Jules Brion https://seenthis.net/messages/926470

    #start-ups #France #État_français #schumpeters #entreprenariat. #jeunes_pousses #start-up_nation #French_Tech #Fleur_Pellerin #Innovation #Économie_numérique #French_Tech_Visa #licornes #innovation #subventions #réindustrialisation #bpi #Banque_Publique_d_Investissement #Caisse_des_Dépôts_et_Consignations #CDC #conversion_numérique #Transition_numérique #Cedric_O #passerelles_public-privé #SATT #Italie #mythe #chômage #désindustrialisation #qwant #souveraineté_technologique #start-up_mania #chômage_structurelle #plateformisation #Uber #Deliveroo #code_du_travail #Aircall #Voodoo #Tencent #healthtech #Owkin #Lucine #Icade #agents_publics #zeitgeist #Doctolib #AP-HP #COVID-19 #financiarisation #burn_rate #Theranos #Rifft #The_camp #AirBnb #Lyft #pyramide-de_Ponzi #néolibéralisme #économie_disruptive #services_publics

  • #Rire ! : La brosse à dents miracle est arrivée
    https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/la-brosse-a-dents-miracle-est-arrivee-20210822

    Grâce à une technologie révolutionnaire, il est possible de réduire le temps accordé à ce geste sanitaire indispensable à moins de 10 secondes. Nous avons testé.
    Les experts sont unanimes !
    Le temps consacré au brossage des dents devrait être de 2 minutes minimum pour les adultes et de trois minutes pour les enfants, qui se révèlent moins minutieux que leurs aînés. Or, peu de gens répondent à cette exigence puisque la durée moyenne de brossage des Français s’établit à seulement 43 secondes…

    Afin d’améliorer leur santé bucco-dentaire, la start-up française Y-Brush propose une brosse à dents révolutionnaire : la Y-Brush (95 €, rueducommerce.fr).

    Fonctionnant de la même manière qu’un modèle électrique classique, elle adopte une forme large en Y afin d’englober en une fois l’ensemble de la mâchoire du haut ou du bas, et d’astiquer les dents de façon précise et efficace en un temps de record. Au lieu des 2 minutes réglementaires, elle ne requiert que 10 secondes, décomposées en deux interventions de 5 secondes par mâchoire.

    #start-up #Y-Brush #Santé #MDR

  • Start-up nation : quand l’État programme son obsolescence Jules Brion
    https://lvsl.fr/start-up-nation-quand-letat-programme-son-obsolescence

    Depuis de nombreuses années, les start-ups françaises peuvent se targuer d’avoir à leur disposition de nombreuses subventions publiques et un environnement médiatique favorable. Partant du postulat que la puissance privée est seule capable d’imagination et d’innovation, l’État français finance à tour de bras ces « jeunes pousses » dans l’espoir schumpéterien de révolutionner son économie. Cette stratégie économique condamne pourtant la puissance publique à l’impuissance et à l’attentisme.


    Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, promouvant la “French Tech” au Consumer Electronics Show de Las Vegas en 2016. © Christophe Pelletier

    En 2017, Emmanuel Macron avait largement axé sa campagne présidentielle sur un discours général favorable à l’entreprenariat. La stratégie économique française valorise ainsi la création de nouvelles entreprises, dites jeunes pousses ou start-ups. En avril 2017, le futur président français assène qu’une « start-up nation est une Nation où chacun peut se dire qu’il pourra créer une start-up. Je veux que la France en soit une ». Ces entités ont pour vocation de proposer des technologies de ruptures disruptives, selon l’expression de l’économiste américain Clayton Christensen, c’est-à-dire une redéfinition des règles du jeu économique venant remplacer les anciens schémas de pensée.

    Cette configuration institutionnelle favorable aux start-ups n’est cependant pas apparue subitement lors de la dernière présidentielle. Le label French Tech est en effet lancé dès 2013 par Fleur Pellerin, alors Ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, de l’Innovation et de l’Économie numérique. Ce programme a pour ambition de développer les jeunes pousses hexagonales. Les successeurs de Fleur Pellerin vous tous accompagner et poursuivre ce mouvement d’effervescence : en 2015 sont lancés le French Tech Ticket ainsi que le French Tech Visa en 2017.

    Ce discours s’accompagne d’un appel à créer le plus de licornes possibles : des start-ups valorisées sur les marchés à plus d’un milliard d’euros. Alors que la France compte 3 licornes en 2017, ce chiffre est passé à 15 en 2020. Le gouvernement espère qu’il en sera crée 10 de plus d’ici 2025. Ce constant appel à l’innovation s’inspire de l’exemple israélien, parangon de la start-up nation, qui compte une jeune pousse pour 1400 habitants. Poussé par l’afflux de liquidités fourni par son ministère de la défense, l’État hébreux s’est lancé très tôt dans cette stratégie économique. Les nombreuses start-ups qui y sont créées permettent à Israël de mieux peser sur la scène internationale : son secteur de l’innovation représente 10% de son PIB et près de la moitié de ses exportations.

    De l’État providence à l’État subventionneur
    Toutes ces entreprises ne se sont pas créées d’elles-mêmes. Pour leur écrasante majorité, elles ont largement été financées par la puissance publique. Dès 2012, tout un écosystème institutionnel favorable à l’entreprenariat individuel est mis en place. En pleine campagne présidentielle, François Hollande promet une réindustrialisation rapide et efficace de la France. Afin d’atteindre cet objectif ambitieux, ce dernier entend créer « une banque publique d’investissement qui […] accompagnera le développement des entreprises stratégiques ». Quatre mois plus tard naît la Banque Publique d’Investissement (BPI), détenue par la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC) ainsi que par l’État. La BPI a pour mission de « financer des projets de long terme » et d’œuvrer à la « conversion numérique » de l’Hexagone. Très vite, l’institution devient un outil permettant à l’État de financer massivement les start-ups. La BPI subventionne ainsi le label French Tech à hauteur de 200 millions d’euros et est actionnaire de nombreuses start-ups françaises.

    Comme le pointe un rapport publié par Rolland Berger, une grande majorité des entreprises du French Tech Next 40/120 — un programme regroupant les start-ups françaises les plus prometteuses — a reçu des prêts et des subventions de la puissance publique. On estime ainsi que 89% de ces entreprises ont reçu une aide indirecte de la BPI ! En pleine crise sanitaire, l’institution obtient plus de 2 milliards d’euros pour soutenir ces entreprises innovantes tandis que 3,7 milliards du plan de relance décidé en 2020 par le gouvernement a été fléché vers la création et l’aide aux start-ups. Cedric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique, confirme ainsi qu’il « va y avoir des opportunités suite à la crise [sanitaire], tout comme celle de 2008 ».

    Pour autant, l’État français ne soutient pas ses start-ups uniquement sur le plan financier. La loi Pacte de 2019, en continuité avec la loi Allègre de 1999, facilite les passerelles public-privé et encourage les chercheurs à créer des entreprises. Ces dispositions législatives permettent à des recherches menées et financées grâce à de l’argent public d’être « valorisées », c’est-à-dire en réalité privatisées, par le secteur lucratif. Des Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) ont été créées pour accélérer ce processus dans de nombreuses universités. Plus de 250 start-ups ont été développées par le prisme de ce réseau depuis 2012. L’Union européenne n’est pas en reste dans cette stratégie de soutien massif aux « jeunes pousses ». Sa stratégie Horizon 2020, un programme de 79 milliards d’euros étalé entre 2014 et 2020, dédiait 20% de son budget à la création de start-ups. Pléthore de pays européens se tournent eux aussi vers des stratégies de numérisation de l’économie, souvent via un soutien sans faille aux start-ups. En 2012, le ministre italien de l’économie, sous le gouvernement du technocrate Mario Monti, a promulgué une loi qui a permis à l’État italien de dépenser 200 millions d’euros pour aider les jeunes entreprises du pays, dans le but de « promouvoir la mobilité sociale ». Depuis 2019, le fonds national pour l’innovation italien a dépensé 245 millions d’euros pour subventionner 480 start-ups.

    Le mythe des start-ups souveraines et créatrices d’emplois
    Si les nations européennes axent autant leurs stratégies économiques sur le développement des start-ups, c’est avant tout car cette politique permet aux États de prétendre agir dans des domaines clefs où leur incurie a mainte fois été pointée du doigt : la lutte contre le chômage de masse et la mise en place d’une souveraineté technologique. 

    Nombre de médias se sont ainsi fait le relais de la start-up mania, louant la capacité de la French Tech à « créer 224.000 nouveaux emplois d’ici à 2025 » et à être le « fer de lance de l’économie ». Ces jeunes pousses permettraient de créer jusqu’à « 5,2 emplois indirects qui dépendent de [leur] activité » et d’œuvrer à la réindustrialisation de la France. Ce constat mérite pourtant d’être nuancé. Comme cela a déjà été évoqué, la start-up mania s’accompagne d’une aide inconditionnelle de l’État français par le prisme de la BPI. Pourtant, comme l’ont analysé nos confrères du Média, le bilan de l’institution est tâché de nombreux scandales. La banque, dès sa création, n’a pas été pensée comme un organisme capable de contenir et d’endiguer la désindustrialisation de l’Hexagone. M. Moscovici, alors ministre des finances, déclarait ainsi en 2012, que « la BPI n’est pas un outil défensif, c’est un outil offensif, n’en faisons pas un pompier ».

    L’institution est en effet souvent demeurée indifférente aux plans de licenciements et en a même favorisé certains comme le confirment les exemples des entreprises Veralia et Arjowiggins. Une loi du 23 mars 2020 a quant à elle permis d’ouvrir le conseil d’administration de l’institution à des acteurs privés, laissant une fois de plus planer le doute sur la capacité et la volonté de la banque publique d’agir pour le bien commun.

    Il est également permis de rester sceptique face à une stratégie de réduction de chômage structurelle se basant principalement sur le soutien à des start-ups qui participent à la « plateformisation » de notre économie. En proposant de mettre en contact clients et professionnels, des entreprises telles que Uber ou Deliveroo s’évertuent à détruire code du travail et régulations étatiques. Alors qu’elles sont vendues comme des instruments permettant de lutter contre le chômage, ces start-ups ne peuvent exister et espérer devenir rentables que par une grande flexibilité et en excluant leurs travailleurs du salariat. Le gouvernement socialiste espagnol vient ainsi récemment de légiférer afin de contrôler ces géants de l’économie de plateforme, permettant de conférer un statut de salarié aux livreurs qui étaient considérés comme des travailleurs indépendants. À peine la nouvelle annoncée, Deliveroo a annoncé qu’elle comptait mettre fin à ses activités dans le pays, tandis que ses concurrents Stuart, Glovo et UberEats critiquaient cette décision qui va mettre « en danger un secteur qui apporte 700 millions d’euros au PIB national ».

    En somme, la France semble avoir abandonné toute stratégie ambitieuse de réduction du chômage de masse. Plutôt que de défendre le droit de tout citoyen à obtenir un emploi, inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946, l’État dépense des sommes faramineuses afin d’encourager la création d’entreprises à l’avenir très incertain. Dans cette politique qui s’apparente à un véritable choix du chômage, les citoyens sont appelés à innover alors même que les multiples causes du chômage structurelle sont éludées. Pour autant, cette incurie étatique ne date ni du quinquennat Hollande ni du mandat du président Macron : Raymond Barre déclarait en 1980 que « les chômeurs pourraient essayer de créer leur entreprise au lieu de se borner à toucher les allocations de chômage ! ».

    NDLR :  Pour en savoir plus sur les choix politiques et économiques ayant conduit à un chômage de masse persistant, lire sur LVSL l’interview de Benoît Collombat par le même auteur https://lvsl.fr/le-choix-du-chomage-est-la-consequence-de-decisions-neoliberales-entretien-avec : « Le choix du chômage est la conséquence de décisions néolibérales ».

    Outre l’argument des créations d’emplois, le soutien aux start-ups est également justifié par une nécessaire préservation de la souveraineté nationale. Dès qu’éclate en 2013 l’affaire Snowden, la préservation de la vie privée et la souveraineté technologique deviennent des préoccupations politiques majeures. Des entrepreneurs ont profité de ce phénomène pour proposer des technologies souveraines capables de réduire l’impuissance des nations européennes face à l’espionnage de masse. Les États comme la France vont alors largement baser leur politique de défense de la souveraineté nationale par un soutien massif à des start-ups.

    L’exemple de l’entreprise Qwant est sur ce point éloquent tant il permet de montrer les insuffisances et les impasses d’une telle approche. Fondée en 2011 par Jean-Manuel Rozan, Eric Léandri et Patrick Constant, l’entreprise se rêve en « Google français » en proposant un moteur de recherche souverain. Alors que la société n’est pas loin de la faillite, l’affaire Snowden lui permet de faire un large lobbying au sein des institutions françaises. Ces efforts seront rapidement récompensés puisque la Caisse des Dépôts et des Consignations investit en 2017 plus de 20 millions d’euros dans le projet tout en détenant 20% de son capital. En janvier 2020, l’État annonce même que Qwant est désormais installé sur les postes informatiques de l’administration publique. Pourtant, force est de constater que cette aide massive n’a pas permis de bâtir un moteur de recherche réellement souverain : en 2019, soit sept ans après sa création, Qwant utilise la technologie de Bing (Microsoft) dans 75% des recherches effectuées. Une note de la Direction interministérielle du numérique (DINUM) pointe également les nombreuses failles de l’entreprise, tels que les salaires mirobolants de ses dirigeants et les nombreux problèmes techniques du logiciel utilisé par Qwant, qui laissent perplexe quant au soutien massif que lui prodigue l’État. Plus largement, rien n’indique qu’une entreprise créée sur le sol français ne tombera pas aux mains de fonds d’investissements étrangers : parmi les licornes « françaises », la start-up Aircall (téléphonie via IP) est détenue à majorité par des acteurs non-français, tandis que Voodoo (jeux vidéo) a fait rentrer le géant chinois Tencent à son capital.

    Quand les start-ups remplacent l’État
    Le recours aux start-ups s’explique également par une prétendue incapacité de l’État à innover, à comprendre le marché et à « prendre des risques ». Ce mythe, pourtant déconstruit méthodiquement par l’économiste Mariana Mazzucato dans The Entrepreneurial State (paru en français en 2020), laisse penser que seul le secteur privé est capable de faire évoluer nos activités économiques et donc de créer des emplois. Comme l’analyse l’auteure, « le « retard » de l’Europe par rapport aux États-Unis est souvent attribué à la faiblesse de son secteur du capital-risque. Les exemples des secteurs de haute technologie aux États-Unis sont souvent utilisés pour expliquer pourquoi nous avons besoin de moins d’État et de plus de marché ». Nombre de start-ups se servent de ce mythe auto-réalisateur pour légitimer leur activité.

    Il est intéressant de noter que cette mentalité a également imprégné les dirigeants d’institutions publiques. Un rapport de la CDC ayant fuité en 2020 et prétendant redéfinir et révolutionner la politique de santé française chantait les louanges du secteur privé, des partenariats public-privé et de 700 start-ups de la healthtech. La puissance publique finance volontiers des jeunes pousses du domaine de la santé, à l’image d’Owkin, qui utilise l’intelligence artificielle pour traiter des données médicales, ou encore Lucine qui, grâce à des sons et des images, revendique la capacité de libérer des endorphines, de la morphine ou de l’adrénaline. La CDC détient également 38,8% d’Icade santé, un des acteurs majeurs du secteur privé et lucratif de la santé en France. De fait, les start-ups médicales s’immiscent de plus en plus au sein des institutions privées, à l’image d’Happytal, financé à hauteur de 3 millions d’euros par la BPI, qui propose à prix d’or aux hôpitaux des services de pré-admission en ligne ou de conciergerie de patients hospitalisés. Pour encourager les jeunes pousses à envahir les hôpitaux publics, la puissance publique va jusqu’à prodiguer, via un guide produit par BPI France https://www.lemediatv.fr/articles/2021/bpi-france-banque-publique-interets-prives-letat-livre-la-sante-aux-financ , des conseils pour entrepreneurs peu scrupuleux expliquant comment passer outre des agents publics dubitatifs et méfiants qui ont « tendance à freiner les discussions » !

    Ainsi, comme l’analyse Mariana Mazzucato, « c’est donc une prophétie auto-réalisatrice que de considérer l’État comme encombrant et uniquement capable de corriger les défaillances du marché ». Pourtant, les start-ups ne pullulent pas uniquement grâce à ce zeitgeist favorable à l’entreprenariat, mais profitent directement de l’incapacité de l’État à fournir des services à ses citoyens, renforçant d’autant plus le mythe évoqué par Mariana Mazzucato. L’exemple de l’attribution à Doctolib du vaste marché de la prise de rendez-vous en ligne des Hôpitaux de Paris (AP-HP) en 2016 est révélateur de ce phénomène : devenu incapable de fournir un service public de prise de rendez-vous, l’État a dû confier les données de santé de millions de français à cette start-up française. La même expérience s’est répétée lors de la prise des rendez-vous de la vaccination contre le COVID-19, qui ont permis à l’entreprise d’engranger des millions de nouveaux clients sans aucune dépense de publicité.

    Vers une bulle spéculative ?
    Outre les questions que soulève le soutien massif de l’État français aux jeunes pousses du numérique, il convient également de se poser la question de la crédibilité économique de ces entreprises. En effet, il apparaît que nombre de ces sociétés participent à la financiarisation de nos activités économiques et deviennent des actifs spéculatifs et instables. Plus que de « changer le monde », un créateur de start-up recherche principalement à réaliser un « exit », c’est-à-dire à réaliser une belle plus-value via le rachat ou l’entrée en bourse de son entreprise. Dans un climat hostile et instable — on estime que seulement 20 % des jeunes pousses réussissent cet « exit » — les entrepreneurs sont poussés à dilapider le plus rapidement l’argent qu’ils ont à leur disposition. Cette stratégie, dénommée burn rate, est souvent perçue comme une perspective de croissance future par les investisseurs.

    De plus, les entrepreneurs sont souvent poussés à embellir leurs entreprises en exagérant le potentiel des services qu’elles proposent, voire en mentant sur leurs résultats, comme le montrent les exemples de Theranos (tests sanguins soi-disant révolutionnaires), Rifft (objets connectés) ou The Camp (technopôle provençal en perdition adoubé par M. Macron). Cela conduit les start-ups technologiques à avoir un ratio de valorisation sur chiffre d’affaires très élevé. Alors qu’il n’est que de 2,6 fois pour Amazon, c’est-à-dire que la valorisation boursière de l’entreprise n’excède « que » de 2,6 fois son chiffre d’affaires, ce nombre atteint plus de 50 pour certaines licornes. Pour AirBnb, la troisième licorne mondiale valorisée à 25,5 milliards de dollars, le chiffre est par exemple de 28,6. Alors que dans une entreprise traditionnelle la valeur des actions est estimée par les investisseurs en fonction de l’estimation des bénéfices futurs d’une entreprise, ce chiffre est très largement secondaire dans les levées de fonds de start-ups. Ainsi, de nombreuses licornes ne prévoient pas à court ou moyen terme de réaliser des bénéfices. L’entreprise Lyft a par exemple enregistré l’an dernier une perte de 911 millions de dollar, tandis qu’Uber a perdu 800 millions de dollars en un trimestre. On estime que sur les 147 licornes qui existent autour du globe, seulement 33 sont rentables. En somme, les investisseurs s’intéressent principalement à la capacité d’une start-up à produire une masse d’utilisateurs la plus large possible. Ce phénomène justifie des dépenses gargantuesques par ces mastodontes de l’économie de plateforme : Lyft a dépensé 1,3 milliard de dollars en marketing et en incitations pour les chauffeurs et les coursiers en 2018. Cet écosystème très instable a toutes les chances de participer à la création d’une bulle spéculative sous la forme d’une pyramide de Ponzi. En effet, si nombre de ces entreprises sont incapables à moyen terme de produire un quelconque bénéfice, que leurs actifs sont surévalués et que les règles du jeu économique poussent les entrepreneurs à dépenser sans compter tout en accentuant excessivement les mérites de leurs produits, les marchés financiers risquent de connaître une nouvelle crise technologique comparable à celle de 2001.

    La stratégie économique de soutien massif aux start-ups adoptée par l’État français s’apparente ainsi fortement à une politique néolibérale. En effet, comme ont pu l’analyser Michel Foucault et Barbara Stiegler, le néolibéralisme, loin d’être favorable à un État minimal, comme le libéralisme classique, prône l’émergence d’un État fort capable de réguler l’économie et d’adapter les masses au sens de l’évolution capitaliste ; c’est-à-dire aux besoins du marché. Ce constat conduit l’auteure d’Il faut s’adapter (Gallimard, 2019) à affirmer que « la plupart du temps les responsables de gauche caricaturent ainsi le néolibéralisme en le prenant pour un ultralibéralisme lointain […] si bien que dès qu’un gouvernement fait appel à plus l’État, ces responsables croient que ça signifie que la menace ultralibérale a été repoussée ». De fait, plutôt que de considérer de facto une politique de soutien aux start-ups comme souhaitable et efficace, il conviendrait de rester prudent vis-à-vis de ce genre d’initiative. Une telle attitude serait d’autant plus vertueuse qu’elle permettrait de comprendre que « l’économie disruptive », loin de dynamiter les codes du secteur économique, imite sans scrupule les recettes du « monde d’avant ». Les concepts flous de « start-up » ou de « technologies de ruptures » y sont les nouveaux arguments d’autorité justifiant la destruction de nos écosystèmes, la disparition des petites entreprises et des services publics et la précarisation de pans entiers de la populations.

    NDLR :  Pour en savoir plus sur la différence entre libéralisme et néolibéralisme, lire sur LVSL https://lvsl.fr/limperatif-neoliberal-de-ladaptation-par-barbara-stiegler l’article réalisé par Vincent Ortiz et Pablo Patarin : L’impératif néolibéral de « l’adaptation » : retour sur l’ouvrage de Barbara Stiegler.

    #start-ups #France #État_français #schumpeters #entreprenariat. #jeunes_pousses #start-up_nation #French_Tech #Fleur_Pellerin #Innovation #Économie_numérique #French_Tech_Visa #licornes #innovation #subventions #réindustrialisation #bpi #Banque_Publique_d_Investissement #Caisse_des_Dépôts_et_Consignations #CDC #conversion_numérique #Transition_numérique #Cedric_O #passerelles_public-privé #SATT #Italie #mythe #chômage #désindustrialisation #qwant #souveraineté_technologique #start-up_mania #chômage_structurelle #plateformisation #Uber #Deliveroo #code_du_travail #Aircall #Voodoo #Tencent #healthtech #Owkin #Lucine #Icade #agents_publics #zeitgeist #Doctolib #AP-HP #COVID-19 #financiarisation #burn_rate #Theranos #Rifft #The_camp #AirBnb #Lyft #pyramide-de_Ponzi #néolibéralisme #économie_disruptive #services_publics

    • Paris - 29 Mars 2021 : Think Tec Summit, 10 000 start_ups pour changer le monde ! (Cérémonie).
      https://10kstartups-pour-changer-le-monde.fr

      La Tech au coeur de la relance économique ? 
Financement, impact, hypercroissance, Covid-19, jeunesse et relance, mixité, relocalisations dans les territoires d’industrie, biotech, souveraineté…
      Le 29 mars, La Tribune réunit l’ensemble de l’écosystème tech au Grand Rex de Paris pour le Think Tech Summit, l’événement de référence qui pense le futur de la French Tech, comme moteur de la relance, comme tremplin d’emplois, comme modèle d’insertion.
      https://www.youtube.com/watch?v=Xl3G02GYyY8

      15h00 - Keynote : Où va la French Tech ?
      15h20 - 11 licornes, et après ? Les défis de l’hypercroissance
      15h50 - Vaccins, médicaments : comment faire grandir les biotech ?
      16h20 - KEYNOTE : L’international avec Business France
      16h30 - La startup nation, moteur de la Relance ?
      17h00 - La tech peut-elle relancer les territoires d’industrie ?
      17h30 - KEYNOTE : Les startups contre Apple, un enjeu de concurrence
      17h45 - Cleantech, Enertech : quelles innovations de rupture ?
      18h15 - La souveraineté peut-elle se gagner par la technologie ?
      18h45 - KEYNOTE : Les années 20 seront exubérantes !
      19h00 - Cérémonie 10K
      20h00 - After Work « Think Tech Summit »

      L’apothéose d’une tournée dans toute la France et en Outre-Mer, pendant laquelle La Tribune et son jury d’experts ont entendu 180 pitchs et primé 48 lauréats dans six catégories.

  • Elon Musk, le singe et les trois cochons : une fable transhumaniste ?
    https://theconversation.com/elon-musk-le-singe-et-les-trois-cochons-une-fable-transhumaniste-16

    Elon Musk ne s’intéresse pas seulement aux voitures électriques ou aux fusées réutilisables, mais aussi à nos cerveaux. La #start-up #Neuralink, qu’il a cofondée, ambitionne de développer des interfaces cerveau-machines abordables, qui pourront être implantées ou retirées quasiment à loisir. Une vidéo relayée en avril par le milliardaire montrait un singe porteur d’un tel prototype contrôler un jeu vidéo par la pensée. Ses concepteurs l’assurent : demain, de tels dispositifs rendront la vue aux aveugles, traiteront les problèmes neurologiques, voire amélioreront nos capacités. Philippe Menei (Université d’Angers) décrypte ce discours qui, sous couvert de médecine, fait rimer #transhumanisme et #consumérisme.

    (texte issu de la newsletter de The Conversation)

  • #israel : La face cachée de Payoneer, la compagnie qui va enrichir Naftali Bennett Simona Weinglass
    https://fr.timesofisrael.com/la-face-cachee-de-payoneer-la-compagnie-qui-va-enrichir-naftali-be

    Des documents du Trésor US révèlent que la firme, entrée en bourse et dans laquelle le Premier ministre avait investi à ses débuts, a travaillé avec les bas-fonds d’internet.


    Le Premier ministre israélien Naftali Bennett dirige une réunion du cabinet au bureau du Premier ministre de Jérusalem, le 20 juin 2021. (Crédit : Alex Kolomoisky/POOL)
    Pour Naftali Bennett, 2021 n’est pas seulement l’année qui lui aura permis de réaliser son rêve de devenir le Premier ministre de l’État d’Israël. C’est une année où il va également empocher les bénéfices généreux issus de son investissement, il y a maintenant plus d’une décennie, dans une firme de services financiers – une société qui a, entre autres, aidé des entreprises travaillant dans une sphère peu reluisante d’internet à gagner de l’argent.

    La compagnie concernée, Payoneer, a été introduite au NASDAQ cette semaine par le biais d’une fusion avec une SPAC – une entreprise sans activité dont le but est de lever de l’argent lors d’une entrée en bourse – avec une valeur de 3,3 milliards de dollars.

    Selon l’édition israélienne de Forbes, Bennett devrait empocher environ cinq millions de dollars lors de cette opération après avoir investi plusieurs centaines de milliers de shekels dans Payoneer, il y a environ treize ans. Le porte-parole de Bennett a confirmé au Times of Israel que le nouveau Premier ministre israélien avait bien investi dans la firme, mais il a refusé de préciser la somme que pourrait toucher Bennett suite à l’opération boursière, affirmant simplement que le montant s’élèverait à « quelques millions de dollars ».

    Payoneer est une entreprise qui a été fondée en Israël en 2005 par Yuval Tal et Yaniv Chechik. Aujourd’hui, elle est considérée comme l’une des plus importantes plateformes de transfert de fonds en ligne dans le monde, permettant aux entreprises et à toute l’économie du freelance, dans différents pays, d’effectuer des transactions sur la Toile. Parmi ses partenaires, Amazon, Airbnb et Fiverr, et c’est Payoneer qui est chargé du transfert des paiements entre acquéreurs et vendeurs sur ces plateformes.

    Mais des documents du Trésor américain qui ont récemment fuité révèlent qu’en plus de ses clients réguliers, Payoneer a aussi offert ses services à des firmes offshore opaques qui seraient impliquées dans la pornographie, à des sites de rencontre arnaquant leurs clients, à une compagnie de Forex qui fait actuellement l’objet d’une enquête judiciaire en France ainsi qu’à des entreprises impliquées dans l’industrie frauduleuse des options binaires.

    Un porte-parole de Payoneer a reconnu devant le Times of Israel avoir pris en charge les paiements de telles compagnies, soulignant avec force que ce n’est plus le cas aujourd’hui.

    « En 2016, Payoneer a pris la décision commerciale de ne plus s’occuper des paiements des entreprises à haut-risque », a-t-il affirmé.

    « Nous ne traitons plus les transactions de ce type d’entreprise et nous ne le faisons plus, d’ailleurs, depuis des années. Le programme de mise en conformité de Payoneer respecte les normes les plus strictes de l’industrie, notamment en ce qui concerne la déclaration des Rapports d’activité suspecte (SAR) et par le biais d’audits réguliers qui sont réalisés par les plus grandes firmes d’audit dans le monde et par le biais de régulateurs financiers issus de juridictions multiples. Jamais Payoneer n’a été mis en cause pour avoir violé ses obligations AML par la FinCEN, ou par un régulateur ou une autorité quelconque dans le monde. Et aujourd’hui, Payoneer se targue de bénéficier de la confiance d’un grand nombre des plus grandes firmes numériques du globe, notamment Amazon, Airbnb, Google et Upwork, ainsi que de la confiance de millions de PME dans le monde entier. »


    Une diapositive extraite d’une présentation aux investisseurs du mois de mai 2021. (Crédit : Etoro)
    La fuite des documents de la FinCEN
    Au mois de septembre 2020, BuzzFeed News, aux côtés du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et de plus de 100 organisations du secteur de l’information dans le monde, avait publié une série de reportages d’investigation sur la base des contenus de 2 500 documents qui avaient fuité de la FinCEN, l’autorité chargée des crimes financiers et de la lutte antiblanchiment au sein du département du Trésor américain.

    La plus grande partie de ces documents étaient des « rapports d’activité suspecte » – ou SARs – soumis par 90 banques et autres institutions financières à la FinCEN entre 2011 et 2017.

    Les banques américaines et les autres institutions financières sont tenues, par la loi, de soumettre un SAR lorsqu’ils soupçonnent qu’une transaction – ou une série de transactions – pourrait donner lieu à des activités de blanchiment d’argent. Les 2 500 documents qui ont fuité ne représentent qu’une toute petite partie des 12 millions de rapports d’activité suspecte soumis entre 2011 et 2017 – mais ils ont offert un rare aperçu du côté sombre du système financier global.

    Les documents qui ont fuité et que l’ICIJ a partagé avec le Times of Israel révèlent que de nombreux clients et partenaires commerciaux de Payoneer, ainsi que l’entreprise Payoneer elle-même, ont fait l’objet de SAR déposés par les banques à la FinCEN entre 2011 et 2016. Inscrite sous le statut d’Entreprise de service monétaire aux États-Unis, Payoneeer est dans l’obligation de se doter d’un programme anti-blanchiment rigoureux et elle est même sommée de soumettre ses propres rapports d’activité suspecte.

    « Le fait est que les entreprises qui proposent ce type de service financier ont la responsabilité de devoir écarter elles-mêmes toute possibilité de participation délibérée ou involontaire à des activités de blanchiment d’argent », commente Kieran Beer, analyste de l’ACAMS, l’association des spécialistes certifiés Lutte Anti-Blanchiment d’argent, une organisation qui rassemble des spécialistes de la lutte contre le crime financier dans le monde, auprès du Times of Israel.

    « Il y a une norme globale face à laquelle les entreprises doivent être à la hauteur. Cela implique d’avoir un responsable compétent et habilité en ce qui concerne le blanchiment d’argent. Cela implique qu’il faut qu’il y ait des moyens mis en place pour que ce responsable puisse se faire entendre. Et cela implique de la formation », continue-t-il.

    Le degré d’implication de Bennett dans les opérations de Payoneer reste indéterminé. Si c’est lui qui aurait présenté la directrice-générale de la branche israélienne de l’entreprise, Keren Levy, au fondateur de la firme, Yuval Tal, il est difficile de déterminer clairement le degré de contribution qu’un actionnaire de son niveau a pu réellement et concrètement apporter à la compagnie. Le porte-parole de Payoneer a refusé, de son côté, de répondre à cette question publiquement – comme cela a aussi été le cas du porte-parole de Bennett, que le Times of Israel a interrogé sur le rôle tenu par le nouveau Premier ministre dans les opérations de la firme.

    Entrepreneur hi-tech avant de lancer sa carrière politique, Bennett a gagné des millions lorsque les compagnies dont il était propriétaire ou actionnaire ont été absorbées par des firmes plus importantes – ce qui est connu en Israël sous le nom « d’exit ».

    En 1999, il avait été cofondateur d’une entreprise travaillant dans le secteur de la sécurité de l’information, Cyota, qui avait été revendue à RSA Security en 2005 pour un montant de 145 millions de dollars. Il est également l’ancien directeur-général de Soluto, une entreprise achetée en 2013 par Asurion moyennant cent millions de dollars. Bennett aurait empoché plusieurs millions de dollars dans chacune de ces exits.

    L’information de la SPAC de Payoneer a été rendue publique au mois de février. En mars, d’autres informations sont apparues portant sur la possibilité que Bennett empoche des millions de dollars lors d’une exit qui n’avait pas été précisée. Interrogé à ce sujet par le Times of Israel, il avait refusé de donner le nom de l’entreprise et le lien entre Bennett et Payoneer devait rester secret jusqu’à sa révélation par Forbes, début juin.

    Bennett n’a pas répondu à une demande de réaction de la part du Times of Israel, se contentant de reconnaître qu’il avait bien investi, par le passé, dans Payoneer.

    Le fait qu’un rapport d’activité suspecte ait été soumis ne signifie pas nécessairement qu’il y ait eu des activités illicites – mais simplement qu’un modèle de transaction financière a pu éveiller les soupçons d’une banque lorsqu’elle a examiné sa conformité. La plus grande partie des SAR n’entraînent aucune poursuite judiciaire, en partie en raison de leur volume et du sous-financement des services chargés de faire appliquer la loi, explique Beer.

    Toutefois, les documents qui ont fuité montrent que Payoneer a envoyé et reçu des paiements pour une longue liste d’entreprises qui évoluent dans la sphère la plus douteuse de la Toile.

    Interrogé par le Times of Israel, Payoneer a reconnu avoir, par le passé, pris en charge les transactions des entreprises citées ci-dessous, ajoutant depuis avoir mis un terme aux contrats qui la liaient à chacune d’entre elles, il y a déjà plusieurs années.

    De la chambre à coucher à la banque
    Le 2 août 2016, la branche new-yorkaise de la Barclays Bank PLC avait soumis un rapport d’activité suspecte au sujet d’Alcuda Limited, compagnie chypriote qui exploitait les sites internet, entre autres, Shagaholic.com, Saucysingles.com, Freesexmatch.com, Getanaffair.com et Hornyasia.com.


    Le site internet Getanaffair.com tel qu’il apparaissant au mois de mars 2016. (Capture d’écran)
    Alcuda n’était pas une compagnie directement cliente de la Barclays, mais celle-ci gérait un compte bancaire appartenant à Earthport PLC, fournisseur de services de paiements, tandis qu’Earthport, de son côté, détenait un compte bancaire de Payoneer Inc, qui était utilisé par Alcuda Limited pour déplacer des fonds, avait fait savoir la Barclays.

    « En tant que cliente de Payoneer, la firme Alcuda Limited a été signalée pour examen dans le cadre du programme de surveillance de la Barclays à New York », disait le SAR.

    Selon le rapport d’activité suspecte, Alcuda avait envoyé 29 transferts électroniques, pour une somme totale de 678 810 dollars, depuis ses comptes bancaires suisse et chypriote vers le compte bancaire de Payoneer.

    Barclays Bank avait soumis le SAR, avait souligné la banque, suite à des rumeurs qui avaient laissé entendre que les sites internet de l’entreprise étaient des escroqueries, et parce que l’hébergeur de ses plateformes, sur internet, avait été dénoncé pour avoir toléré des sites pédopornographiques.

    Alcuda Limited a été accusé sur de multiples sites qui recueillent des plaintes de clients d’avoir prélevé de l’argent sur des cartes de crédit sans autorisation.

    Selon un reportage d’investigation réalisé en 2020 par le site internet Snopes.com, les sites exploités par Alcuda Limited faisaient partie d’un réseau d’environ 200 sites de rencontre spécialisés – un grand nombre d’entre eux à l’apparence presque identique – qui permettaient aux utilisateurs de s’inscrire gratuitement en demandant ensuite une adhésion quasiment impossible à annuler. Les journalistes de Snopes.com avaient ouvert un compte gratuit sur l’un d’eux et avaient rapidement été contactés par une utilisatrice répondant au nom de « anatasia_mikov » dont, avaient-ils découvert, la photo de profil était un cliché volé à une mannequin professionnelle.

    « Quand ‘anatasia_mikov’ nous a envoyé un message (en Finlandais, Snopes examinant l’apparence du site dans d’autres pays à ce moment-là), elle nous a demandé si on voulait discuter avec elle. Et pour pouvoir envoyer un message à ‘anatasia’, il a fallu donner un numéro de carte de crédit », avait fait savoir Snopes.com.

    À l’époque du rapport d’activité suspecte, Alcuda Limited appartenait à l’homme d’affaires ukrainien Maxim Polyakov.

    Alors que la pornographie n’est pas illégale en général, plusieurs SAR qui ont fuité ont suggéré que Payoneer avait fait des transactions avec une compagnie qui – dans au moins un exemple – aurait employé des femmes victimes de trafic d’êtres humains.

    Un SAR transmis par la branche, à New York, de la Société générale avait rapporté des activités suspectes pour une somme de 7 196 694 dollars concernant trois entreprises : Alcuda Ltd. ; Payoneer Payment Solutions Ltd., une filiale de Payoneer Inc. basée à Belize ; et une entreprise enregistrée en Andorre nommée I.M.L. SLU, entre le 9 novembre 2011 et le 25 février 2014.

    Selon le rapport, le 10 avril et le 6 juin 2012, I.M.L. SLU, firme cliente de Payoneer, avait reçu deux transferts de fonds de 77 712,88 dollars et de 57 825,45 dollars respectivement de la part d’Alcuda Limited.


    Une diapositive d’une présentation de Payoneer aux investisseurs au mois de mai 2021. (Capture d’écran)
    I.M.L. SLU était une plateforme qui accueillait des sites variés de streaming vidéo pour adultes sur internet, dont Imlive.com. Ce site appartient à une compagnie parente de l’entreprise israélienne CoolVision, propriété de Muly Litvak, l’un des fournisseurs de pornographie les plus riches et les plus connus au sein de l’État juif.

    En 2006, le Manila Times avait fait savoir que des femmes et des fillettes originaires des Philippines, qui offraient des performances sexuelles en direct sur Imlive, avaient été les victimes d’un trafic d’êtres humains et qu’elles étaient détenues comme esclaves cyber-sexuelles dans des appartements de la ville de Manille.

    Un responsable philippin avait dit au journal que « l’entreprise garderait actuellement au moins 40 femmes et fillettes dans plusieurs appartements et dans des copropriétés de la métropole de Manille, en particulier à Quezon City ».

    En 2014, l’émission de télévision israélienne « Uvda » avait interviewé des femmes philippines se produisant sur Imlive. Elles avaient déclaré travailler douze heures par jour, être dans l’impossibilité de quitter leur lieu de travail et de sortir – sinon une journée par mois – et n’avoir que peu à manger.

    La même année, Payoneer Payment Solutions avait travaillé pour une autre entreprise offshore, Sellinge Management S.A., enregistrée dans les îles Vierges britanniques. Selon un rapport d’activité suspecte, Sellinge Management était propriétaire du site Anastasiadate.com qui, selon un reportage paru dans le Guardian en 2014, était une plateforme de rencontre en ligne mettant en contact des femmes ukrainiennes et des hommes occidentaux.

    Si certains hommes seraient finalement parvenus à trouver l’amour par le biais d’Anastasiadate.com, ils ont payé pour cela le prix fort. Les hommes devaient payer chaque minute passée à discuter avec les femmes et chaque message envoyé par chat.

    « L’industrie de la romance ukrainienne sur internet est florissante », avait indiqué The Guardian en évoquant Anastasiadate.com. « Mais après avoir discuté en ligne, avoir fait le voyage à Odessa et avoir tenté de séduire les femmes au cours de rencontres flash, la majorité des hommes reviennent seuls – et les poches vides. Sont-ils réellement malchanceux en amour ou ont-ils été purement et simplement escroqués ? »


    Capture d’écran de la page d’accueil du Anastasiadate telle qu’elle apparaissait au mois de mars 2012.
    Le Guardian avait conclu que si certaines femmes fréquentaient de bonne foi le site internet, un grand nombre d’autres arnaquaient les hommes de manière sophistiquée pour les dépouiller de leur argent. Et que même si le site n’était pas en lui-même impliqué dans ces escroqueries, il en tirait des bénéfices.

    « Anastasia International – sans être complice direct des manœuvres frauduleuses – a mis au point un modèle commercial hautement profitable qui permet aux escrocs de prospérer », avait conclu le journal.

    Ni Polyakov, ni Coolvision, ni Anastasia International n’ont répondu aux demandes de commentaire du Times of Israel.

    Forex et options binaires
    Selon les rapports d’activité suspecte qui ont fuité de la FinCEN, Payoneer a aussi fait des transactions avec des compagnies israéliennes impliquées dans les industries du Forex et des options binaires qui auraient dépouillé des millions de personnes dans le monde en leur vendant de faux placements d’investissement.

    Au mois d’avril 2014, selon un SAR, Payoneer avait envoyé un paiement à Reliantco Investments, une entreprise enregistrée à Chypre et responsable du site UFX.com, parent du site de vente d’options binaires Ubinary.com.


    Une mise en garde aux investisseurs accusant Reliantco d’avoir offert des options binaires aux résidents de Nova Scotia. (Capture d’écran)

    La branche de la Barclays à New York avait déposé un SAR au mois de janvier 2016 concernant ReliantCo et les entreprises qui lui étaient affiliées. La banque avait expliqué avoir émis un rapport d’activité suspecte en raison de la mauvaise réputation des deux firmes : « Premier point, elles sont situées et elles mènent des opérations bancaires dans des lieux à haut-risque concernant le blanchiment d’argent ; deuxième point : elles ont collectivement reçu des mises en garde des services financiers d’au moins vingt (20) différents pays pour leurs opérations menées en tant que firmes de trading de devises étrangères non-autorisées et non régulées et, troisième point, elles ont fait l’objet de nombreuses plaintes non-vérifiées dans le domaine public prétendant que leur modèle commercial est une escroquerie », selon le SAR déposé par la Barclays.

    L’industrie des options binaires a prospéré en Israël pendant une décennie avant d’être interdite par la Knesset en octobre 2017, en grande partie grâce à un travail d’investigation du Times of Israel qui a commencé avec un article de mars 2016 intitulé « Les loups de Tel Aviv ». Un grand nombre des firmes israéliennes ont depuis relocalisé leurs activités, toujours frauduleuses, à l’étranger. À leur paroxysme, des centaines d’entreprises en Israël employaient des milliers d’Israéliens qui auraient volé des milliards de dollars à des victimes du monde entier. Les sociétés frauduleuses faisaient croire aux victimes qu’elles investissaient et gagnaient de l’argent, les encourageant à déposer de plus en plus de capitaux sur leurs comptes, jusqu’à ce que la société finisse par couper le contact avec les investisseurs et disparaisse avec tout leur argent ou presque.

    Les firmes du Forex – foreign exchange companies – offrent aux investisseurs le moyen de gagner de l’argent à partir des fluctuations qui surviennent sur le marché des devises internationales et un grand nombre d’entre elles seraient aussi frauduleuses. L’industrie reste légale au sein de l’État juif et ses fraudeurs n’ont jamais été poursuivis devant les tribunaux.

    En 2014, Payoneer aurait reçu au moins deux transferts électroniques de la compagnie Aston Invest Ltd du secteur du Forex, selon un rapport d’activité suspecte soumis par la Barclays Bank.

    Aston Invest menait ses activités depuis un centre d’appels de Ramat Gan appelé Union Inter Ltd., selon des documents judiciaires israéliens. Ce centre d’appel appartenait à un Français qui s’était récemment installé en Israël, Samuel Shamal, dont le frère, Jimmy Shamal, travaillait aussi là-bas. Les deux hommes, avaient fait savoir les médias français, étaient soupçonnés d’avoir pris par à la fraude à la TVA sur les quotas de carbone – une fraude qui avait rapporté 1,6 milliards d’euros – connue sous le nom de « crime du siècle » en France.


    Capture d’écran du site Astonforex.com tel qu’il apparaissait en 2014. Le site appartenait à Aston Invest, qui a traité avec Payoneer
    En 2016, Aston Invest avait fait l’objet d’une enquête menée par un magistrat français pour fraude au Forex et l’un des procureurs en charge du dossier avait fait le voyage en Israël. Jimmy Shamal avait été finalement jugé et emprisonné en France, avaient noté les médias français qui n’avaient toutefois pas précisé pour quel crime il devait purger sa peine.

    Un porte-parole de Payoneer a fait savoir au Times of Israel que la compagnie ne traitait pas les paiements des compagnies liées au Forex ou aux options binaires et que le seul lien, à cette époque, était la fourniture de services à des réseaux qui leur étaient affiliés.

    Il a ajouté que si Payoneer avait pris en charge les transactions de distributeurs affiliés au site de Forex et d’options binaires, cela ne représentait qu’une petite partie des activités commerciales de l’entreprise.

    « Même en 2016, lorsque nous avons pris la décision de cesser de nous occuper des paiements issus des industries à haut-risque, ces dernières ne représentaient qu’une petite partie de nos activités », a précisé le porte-parole.

    Des clients et des bénéficiaires « inconnus »
    Parmi d’autres SAR de la FinCEN : un document à l’origine du rapport d’activité suspecte révélant que Payoneer avait transféré des paiements à un fournisseur de service financier dont les bénéficiaires finaux étaient inconnus à la banque.

    En 2016, Le groupe Bank of New York Mellon avait soumis un SAR établissant qu’entre le 11 février et le 17 mai 2016, elle avait constaté 768 transferts électroniques suspects pour un total de 14 218 008,19 dollars au bénéfice de Moneynetint Ltd. Parmi les entités qui avaient transféré l’argent à Moneynetint, Borderless Commerce Limited, une filiale de Payoneer Inc. Le 25 avril 2016, la compagnie avait effectué un transfert d’un montant de 1 000 000 de dollars au profit ultime de Moneynetint ltd. Dans la mesure où Moneynetint est elle-même une entreprise de paiement, il est probable que les fonds étaient destinés à un ou plusieurs de ces paiements.

    L’une des raisons ayant motivé l’émission du SAR par le groupe Bank of New York Mellon, avait fait savoir ce dernier, c’est qu’il n’était pas parvenu à déterminer qui était le destinataire des fonds.

    « Ces transferts sont suspects parce qu’un grand nombre d’entre eux ne dévoilent pas l’identité du vrai bénéficiaire/du client donneur d’ordre et/ou parce que certaines contreparties de Moneynetint sont des sociétés écrans, des coquilles vides ou des vendeurs de Forex/d’options binaires », avait indiqué le SAR.

    Moneynetint était en fait un processeur de paiement majeur pour l’industrie frauduleuse des options binaires, selon des documents bancaires consultés par le Times of Israel.

    D’autres documents de la FinCEN indiquent que Moneynetint avait effectué des transactions avec d’autres firmes qui auraient été des escroqueries.

    Parmi elles, Avilan Marketing LLC, une entreprise vendant des compléments favorisant les performances sexuelles masculines et des produits contrefaits. En 2008, Cartier avait remporté près d’un million de dollars en dommages et intérêt après avoir traduit la compagnie devant la justice parce qu’elle vendait des montres contrefaites se réclamant de la célèbre marque de luxe. Un reportage paru en 2018 dans le magazine économique Capital, en Allemagne, avait accusé les membres de la famille Ben-Menachem, propriétaire de l’entreprise, de publicité frauduleuse sur Facebook. Un autre client de Moneynetint était Clicksure Payments, une firme de marketing affiliée à l’industrie des options binaires.


    Capture d’écran du mois de juin 2015 du site Kingreplica.com qui était exploité par Avilan Marketing LLC et qui vendait des contrefaçons de montres. (Capture d’écran)

    Aviv Ben Menachem d’Avilan Marketing n’a pas répondu à une demande de commentaire du Times of Israel.

    Moneynetint, pour sa part, a fait parvenir au journal la réponse suivante : « Moneytint veille à toujours préserver la confidentialité de l’identité de nos clients. Comme toutes les autres institutions financières majeures et dignes de confiance, Moneynetint fournit des services à des industries et à des clients influents des technologies financières. Nous sommes fiers de notre implication croissante et de notre statut de leader dans l’arène financière. Concernant nos ‘anciens clients’, notre implication et les faits qui sont décrits sont incorrects. Moneytint tire une grande fierté de toujours préserver la confidentialité et la sécurité de nos vrais clients. »

    Si Payoneer a reconnu avoir utilisé Moneynetint dans le cadre de ses infrastructures afin de procéder à des paiements locaux sur les comptes bancaires de ses clients, la firme a affirmé ne jamais avoir reçu de fonds de la part de la compagnie.

    Les technologies financières et leurs mauvais acteurs
    Des sources de l’industrie des paiements qui se sont exprimées sous couvert d’anonymat auprès du Times of Israel ont indiqué que les firmes issues des technologies financières en général faisaient souvent des transactions avec d’autres fournisseurs de paiement, de manière à ce que les départements chargés de la conformité des opérations ne puissent pas toujours avoir connaissance de l’identité du client ou du bénéficiaire final.

    Selon ces sources, les arnaques sont si banales dans le monde du e-commerce que même une entreprise de fintech dotée des meilleures intentions peut avoir du mal à mettre un terme à sa relation avec un marchand qui s’avère être un escroc.

    Malgré la difficulté qu’il y a à déraciner les mauvais acteurs de l’industrie, il revient aux entreprises offrant des services financiers de tenter de le faire, note Beer, l’analyste anti-blanchiment d’argent.

    Le nom de Payoneer revient dans 24 des 2 500 documents de la FinCEN ayant fuité. Dans certains, le nom de la compagnie apparaît à des dizaines d’occasions.

    « Est-ce compromettant ? », s’interroge Beer. « Non, pas nécessairement – mais cela soulève toutefois des questions sur la solidité du programme financier anti-blanchiment d’argent et anti-terrorisme mis en place par l’entreprise. Payoneer a-t-il déposé des SAR auprès de la FinCEN sur les transactions qui sont par ailleurs mentionnées par les autres institutions bancaires ? »

    Payoneer n’a pas fait savoir si des Rapports d’activité suspecte avaient été émis sur ces clients spécifiquement, ajoutant en déposer auprès de la FinCEN de manière régulière. Son porte-parole a déclaré au Times of Israel que « le programme de conformité de Payoneer est à la hauteur des normes les plus exigeantes de l’industrie, notamment en ce qui concerne l’émission des SAR et l’entreprise fait l’objet d’audits réguliers réalisés par des firmes majeures de ce secteur et par des régulateurs financiers de juridictions multiples ».

    La fraude en tant qu’industrie de croissance
    Les 2 500 documents qui ont fuité de la FinCEN sont parvenus initialement à BuzzFeed News par l’intermédiaire de Natalie Mayflower Sours Edwards, une ancienne employée de la FinCEN. Le 3 juin, Edwards a écopé d’une peine de six mois de prison pour avoir laissé fuiter les documents de manière illégale.

    Dans une note transmise au moment de sa condamnation, Edwards a expliqué avoir laissé fuiter ces documents parce qu’elle soupçonnait des faits de corruption au sein du département du Trésor – et que, plus précisément, elle soupçonnait une autre unité de rassembler illégalement des informations sur les registres financiers américains et que les responsables du département du Trésor échouaient, selon elle, à coopérer avec l’enquête lancée au Congrès concernant l’interventionnisme russe lors des élections présidentielles de 2016.

    BuzzFeed avait utilisé les documents pour écrire une série d’articles, en 2017 et 2018, consacrés au président Donald Trump, à ses proches et à leurs liens avec les personnalités politiques et les hommes d’affaires russes.


    Natalie Mayflower Sours Edwards, au centre, quitte le tribunal après avoir été condamnée à six mois de prison pour avoir laissé fuiter des rapports financiers auprès de journalistes de Buzzfeed à New York, le 3 juin 2021. (Crédit : AP Photo/Larry Neumeister)
    Des individus et des entreprises israéliennes apparaissent dans au moins 450 des 2 500 documents rendus publics illégalement (ce qui constitue une toute petite fraction des plus de 12 millions de SAR qui ont été déposés entre 2011 et 2017). Un grand nombre d’Israéliens cités dans ces documents ont été soupçonnés d’être impliqués dans les industries de la pornographie, du jeu, du Forex ou des options binaires, ainsi qu’à des entreprises travaillant pour ces industries – processeurs de paiement ou services de commercialisation affiliée. D’autres Israéliens et entreprises israéliennes cités dans les documents sont liés à l’industrie des ventes d’armes et à l’industrie du diamant israéliennes, ainsi qu’à des individus originaires de l’ex-Union soviétique et qui résident aujourd’hui au sein de l’État juif ou qui ont la citoyenneté israélienne.

    Mikhail Reider-Gordon, experte anti-blanchiment d’argent au sein de l’organisation Affiliated Monitors qui est aussi professeure à l’Académie internationale anti-corruption, en Autriche, dit avoir découvert cette constellation d’arnaques liées à la pornographie, au jeu, au Forex, aux options binaires – une liste non-exhaustive – lorsqu’elle a enquêté sur #Wirecard, l’entreprise allemande de Fintech qui fait aujourd’hui l’objet d’investigations de la part de procureurs de différents pays pour blanchiment d’argent.

    « Le secteur de la pornographie, le secteur des options binaires, le secteur du casino offshore – un grand nombre de ces entreprises entretiennent des liens avec le crime organisé et avec des acteurs parfois proches de l’État qui se trouvent dans l’obligation de blanchir de l’argent de toutes les manières possibles, un argent qui a été obtenu à partir d’activités illicites comme le trafic d’êtres humains, le trafic de stupéfiants, le trafic d’armes et le trafic d’animaux sauvages illégal », explique-t-elle.

    Selon Reider-Gordon, un grand nombre de ces secteurs illicites de l’économie – en ligne mais pas seulement – s’entremêlent les uns aux autres.

    « Si vous avez besoin de blanchir de l’argent russe, d’échapper aux sanctions contre la Corée du Nord ou contre l’Iran, vous allez faire passer cet argent par le biais de ces entités », poursuit-elle.

    L’État d’Israël est largement considéré comme étant la « start-up nation ». Le pays compte le plus grand nombre de start-ups par habitant dans le monde et il se classe sixième dans la liste établie par Bloomberg en 2020 des économies les plus innovantes. Le pays est aussi premier dans le monde en termes de capital-risque par tête.

    Mais comme le Times of Israel l’a montré et documenté, il y a une facette plus sombre qui accompagne cette économie de la start-up. Une minorité substantielle d’entre elles s’engagent dans des activités frauduleuses ou non-éthiques.


    Capture d’écran d’un rapport réalisé par l’incubateur de start-up TheTimes, financé par le gouvernement israélien, en collaboration avec le quotidien économique The Marker.
    En 2012, un incubateur de start-ups financé par le gouvernement israélien, TheTime, a publié un rapport sur l’industrie de l’internet grand public au sein de l’État juif, où il s’est penché sur les entreprises totalisant un revenu de presque dix millions de dollars par an ou plus. Parmi ces dernières, Payoneer, le fournisseur de sites pornographique CoolVision, ainsi que plusieurs firmes de jeu en ligne et un grand nombre de compagnies de Forex et d’options binaires qui étaient de toute évidence frauduleuses.

    Parmi ces dernières, 4XPlace, dont le directeur-général Yossi Herzog a été mis en examen en 2019 par un grand jury aux États-Unis pour fraude présumée, Tradologic, qui fait l’objet d’une enquête en Autriche ou SpotOption, une firme récemment accusée de fraude massive par la SEC (Securities and Exchange Commission) américaine. Et non seulement jamais aucune poursuite judiciaire n’a été lancée au sein de l’État juif contre ces entités mais un incubateur de start-ups financé par le gouvernement israélien les a citées en 2012 pour illustrer les success stories à l’israélienne.

    Spotoption a, par ailleurs, bénéficié en coulisses de l’argent du contribuable pour élargir ses opérations à l’étranger.

    Le rapport de 2012 s’était penché sur le fait qu’un grand nombre de ces firmes à haut-revenu affichaient aussi un certain niveau d’opacité – les désignant comme des « compagnies de l’ombre ». Un rapport émis deux ans plus tard, en 2014, avait pour sa part prédit – avec optimisme – que l’industrie saurait se débarrasser de ses mauvais aspects au gré de son évolution naturelle.

    Payoneer affirme avoir servi des clients quelques peu sombres mais avoir depuis avoir nettoyé les souillures qui en avaient résulté. Toutefois, les documents de la FinCEN suggèrent que, concernant une grande partie de l’industrie israélienne de l’internet, cela n’est pas tout à fait vrai.

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  • Pourquoi j’ai quitté « le job le plus sexy du XXIè siècle » | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/vous-netes-pas-seuls/blog/060421/pourquoi-jai-quitte-le-job-le-plus-sexy-du-xxie-siecle
    #IA #deep_learning #algos #statistiques #data #big_data

    "Le rapport qui suit s’intéresse aux causes mais surtout aux effets de l’automatisation algorithmique et statistique de l’économie mondialisée, posant notamment le problème de maintenir coûte que coûte le dogme du progrès technologique comme horizon indiscutable de nos sociétés. Trois ans dans le monde des data sciences, en tant que consultant #data_scientist au sein du cabinet Sia Partners, m’ont fait découvrir l’intérêt porté au secteur par les grands groupes de l’énergie, de la banque et de l’assurance, mais aussi par l’administration publique et l’écosystème #start-up.
    A travers cette analyse, rédigée après ma démission en mars 2020, j’ai essayé d’exposer ma compréhension de ce qui est actuellement en jeu dans l’économie du numérique. J’y présente un témoignage personnel enrichi de réflexions théoriques documentées, afin de démystifier les fantasmes à la source du #solutionnisme_technologique et de caractériser les effets des récentes innovations sur nos sociétés et, plus largement, sur le vivant. Cette prise de recul à l’aune d’un examen idéologique tente d’exposer les dysfonctionnements d’un système ayant placé le progrès technologique au cœur de sa doctrine et de son rapport au temps. La fin du rapport interroge en particulier notre conception du temps comme point de bascule paradigmatique.
    Il ne s’agit évidemment pas d’une croisade à l’encontre de mon ancien employeur, qui ne revêt à mon sens aucune importance systémique, même si telle peut être l’ambition de ses dirigeants. Les mêmes considérations symptomatiques auraient pu être faites au sein de la concurrence. Il s’agit ici d’informer concrètement celles et ceux qui n’auraient pas toutes les cartes en mains, et d’interpeller la conscience des autres. Les éléments présentés sont, autant que possible, factuellement argumentés. Les assertions et observations critiques sont le fruit d’une réflexion personnelle documentée, et de ce fait, comme tout écrit, empruntes d’une certaine forme de subjectivité. Néanmoins, l’objectif est conservé d’y établir un discours plus
    rationnel que les croyances maintenues à bout de bras par une culture dominante en péril."

    #Rapport

    https://vous-netes-pas-seuls.org/wp-content/uploads/2021/04/Rapport-Romain-Boucher.pdf

    https://vous-netes-pas-seuls.org

  • Les mots de la crise sanitaire
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-politique/le-billet-politique-du-vendredi-29-janvier-2021


    La langue de la vie quotidienne change elle aussi...

    Avec des concepts brumeux comme “l’effet apéro” ou “l’apéro-zoom” (existe-t-il un "effet-apéro-zoom" ?)

    Vous aurez aussi noté l’invasion de mots vaguement futuristes, un peu inquiétants : “présentiel”, “distanciel”, “cluster”.

    Ou bien, à l’inverse, des termes soudain ressuscités du passé, écoutez [extrait sonore] :

    “La bamboche c’est terminé.”

    Ainsi parle un préfet sur le plateau de France 3 au temps du couvre-feu… “Couvre-feu” : tiens, voici un vocable qu’on croyait lui aussi désuet.

    Mais plus rien ne nous étonne : les vaccins portent des noms de voitures (“Astra Zeneca” ; “Moderna”). Et dans son absurdité, la crise sanitaire nous a encerclés de mots qui ont l’air d’oxymores…

    Prenez par exemple “distanciation sociale”, “vacances apprenantes”, “plateau montant” des contaminations…

    ou encore le mot “hydro-alcoolique”, oxymore à lui tout seul.

    #terminologie #mots #novlangue #macronisme #start-up_nation