Les indépendantistes de Nazione demandent une refonte du corps électoral en Corse
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Si l’ordre du jour officiel des 42e Journées internationales de Corte, qui se tiennent sur le parking du Musée de #Corse, dans l’enceinte de la citadelle qui domine la ville, était la « solidarité internationale » – avec des délégations venues de Nouvelle-Calédonie, de Guyane, des Antilles, de Catalogne, de Kabylie, de Bretagne, de Sardaigne ou du Pays basque –, deux préoccupations ont surtout occupé les esprits : les événements de #Nouvelle-Calédonie, dans lesquels Nazione veut voir un miroir de l’avenir de la Corse, et l’explosion du score du Rassemblement national (#RN) en Corse, que ce soit aux européennes ou aux législatives, auxquelles le nouveau parti indépendantiste avait choisi de ne pas participer. Le point commun de ces deux faits en apparence éloignés ? La composition du #corps_électoral qui est en train d’émerger comme un véritable sujet de débat dans la sphère nationaliste corse, chez les indépendantistes comme pour les autonomistes.
« La Corse est passée de 250 000 à 350 000 habitants ces vingt dernières années alors que sa natalité est en chute. Cet apport de population s’apparente à une colonisation de peuplement par l’Etat français », affirme Petr’Anto Tomasi, l’un des porte-parole de Nazione. Pour lui, là est l’explication d’un vote RN qui dépasse les 40 % sur l’île : ce serait un « vote communautaire français » surtout porté par les nouveaux arrivants sur l’île. « Il serait absurde toutefois de prétendre que des Corses ne votent pas pour le RN, concède M. Tomasi. C’est à nous de leur faire comprendre que c’est contraire à leurs véritables intérêts. Car l’extrême droite est aux antipodes de nos valeurs et elle défend des positions contraires à l’expression de la souveraineté du peuple corse », poursuit-il.
Nazione déduit de ce constat qu’il faut mettre en place un #statut_de_résident qui réserverait le vote aux habitants présents depuis plus de dix ans. Plus généralement, le mouvement milite pour l’adoption d’un statut de résident ouvrant des droits spécifiques en matière d’emplois et d’achat immobilier ou foncier. Une « ligne rouge » pour Paris, qui a écarté d’emblée toute « citoyenneté à deux vitesses » du processus de Beauvau, tout comme la reconnaissance du peuple corse et l’adoption de la langue corse. « Ce qui a été négocié à Beauvau, ce n’est même pas une autonomie, c’est une simple décentralisation », cingle Petr’Anto Tomasi à l’attention des promoteurs locaux du projet d’autonomie.
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Les événements de Nouvelle-Calédonie n’ont fait que renforcer la méfiance des indépendantistes de Nazione envers Paris et les discussions menées par Gérald Darmanin. La volonté de Paris de « dégel » du corps électoral de l’archipel du Pacifique, malgré les accords de Nouméa qui en fixaient la composition, est interprétée comme la preuve de l’incapacité de l’Etat français à respecter ses engagements ainsi que de sa volonté d’user de l’arme démographique contre les revendications séparatistes.