• Les 7 secrets de Leclerc pour rester le roi des prix bas
    http://www.capital.fr/enquetes/strategie/les-7-secrets-de-leclerc-pour-rester-le-roi-des-prix-bas-789985/(offset)/2

    A l’époque, la scène avait défrayé la chronique. En 1991, en visite à Saintes, en Charente-Maritime, pour régler un conflit social dans un supermarché, Edouard Leclerc avait giflé une caissière, déléguée syndicale. Son fils Michel-Edouard ne pourrait plus, aujourd’hui, se permettre un tel dérapage, il n’empêche : chez Leclerc, si la vie est moins chère pour le client, elle est aussi plus dure pour le personnel. Contrairement aux grands groupes, les adhérents ne sont pas tenus à une politique sociale uniforme. Et comme ce sont eux les employeurs directs, ils ne s’astreignent qu’au minimum légal et vont même parfois jusqu’à mordre la ligne jaune.

    Plusieurs employés ont ainsi, ces dernières années, poursuivi leur patron pour non-respect des heures supplémentaires ou suppression injustifiée de primes. Il est vrai que la grande distribution ne se caractérise pas par des conditions de travail reluisantes, mais elle doit néanmoins préserver une image d’employeur à peu près respectable pour attirer les talents : Carrefour paie légèrement au-dessus de la moyenne, Auchan pratique l’actionnariat social et fournit un gros effort de formation, Casino tente de favoriser le dialogue interne… Chez Leclerc, chaque propriétaire de magasin agit à sa guise, ce qui pénalise le personnel. « Dépen­ser de l’argent pour les employés n’est pas la priorité des adhérents, témoigne un salarié dans le Nord. De plus, nous som­-mes très isolés. Il nous est difficile de nous organiser à un niveau national ou même régional. »

    En 2011, les conflits opposant des salariés d’Auchan et de Car­refour à leurs directions pour le calcul du temps de pause étaient remontés jusque devant la Cour de cassation, grâce au soutien des organisations syndicales. Un cas de figure inimaginable pour le personnel de ­Leclerc. Ce management musclé serait l’héritage, selon Michel-Edouard Leclerc, d’une « culture de la conquête et de la réussite, parce que les commerçants n’ont jamais été bien consi­dérés dans la société française ». Mais, ajoutait-il dans un entretien à Management fin 2011, « la nouvelle génération souffre moins de ce complexe et, de paternaliste, le management est devenu plus rationnel, plus organisé, plus participatif ». Les salariés, eux, n’ont pas encore senti la différence…

    #exploitation