• Non, la France n’est pas « submergée » par l’immigration

    Les chiffres contredisent totalement les assertions de « #submersion_migratoire ». En revanche, ils confirment que les immigrés sont très désavantagés sur le #marché_du_travail.

    La France « inondée » par des flux incontrôlés de migrants ? C’est l’image que tient pour acquise tout une partie du champ politique et médiatique. Mais on a beau chercher, impossible de trouver dans les statistiques de l’Insee ou du ministère de l’Intérieur de quoi confirmer ce diagnostic anxiogène.

    Ce que l’on sait, c’est qu’en 2023, les immigrés représentaient 10,7 % de la population vivant en France. Cette proportion est en effet en hausse (c’était 7,3 % en 1999), mais ce n’est pas spécifique à notre pays. Au contraire même, la France occupe de ce point de vue une position plutôt moyenne en Europe : la proportion de personnes nées à l’étranger est 1,5 fois plus élevée en Suède, en Allemagne ou en Belgique que chez nous, par exemple.

    Loin des fantasmes de submersion, aucune explosion des flux ne peut être repérée sur les années récentes. Le nombre d’acquisitions de nationalité, par exemple, oscille aux alentours des 100 000 depuis une dizaine d’années après avoir dépassé les 150 000.

    La croissance de la population immigrée n’a pas non plus le caractère spectaculaire qu’on lui prête parfois. Le nombre d’immigrés entrant sur le sol français a certes tendance à augmenter, mais cela ne fait pas tout : une partie de ceux qui étaient déjà là le quitte, une autre… meurt, tout simplement. Selon l’Insee, entre 2006 et 2020, pour quatre entrées d’immigrés en France, on compte environ une sortie et un décès.

    Le tiers des premiers titres de séjours délivrés l’est aujourd’hui au titre des études, suivi des motifs familiaux puis, à égalité, économiques et humanitaires.

    Le seul record dont l’Hexagone puisse se targuer, c’est celui du nombre d’obligations de quitter le territoire français (OQTF), de loin le plus élevé d’Europe, même si leur taux d’exécution est particulièrement faible. Les préfectures font en effet un usage très large et mal contrôlé de ces OQTF, sans guère de moyens humains dédiés, ce qui aboutit entre autres à des taux d’annulation importants par la justice administrative.

    Emploi : les immigrés et leurs enfants fortement discriminés

    Ceux des immigrés qui viennent travailler en France ne reçoivent aucun traitement de faveur, au contraire. Déclarant subir fréquemment des discriminations liées à leurs origines, les immigrés sont nettement surreprésentés dans des secteurs considérés comme « en tension », offrant souvent des emplois pénibles et faiblement rémunérés (hôtellerie-restauration, BTP, sphère du care pour les femmes).

    Les descendants d’immigrés (personnes ayant au moins un parent immigré), qui étaient 7,3 millions en 2021, subissent comme leurs parents des discriminations sur le marché du travail. Cela se traduit notamment par un taux de chômage plus important mais aussi, dans certains cas, par des salaires nettement plus faibles que pour les natifs.

    Le fait que les enfants français de deux parents natifs d’outre-mer et vivant en France métropolitaine subissent eux aussi cette pénalité salariale, alors même qu’ils ne sont pas descendants d’immigrés, semble indiquer que le marché du travail français – au-delà des désavantages liés à la seule origine migratoire – est structuré par des logiques tout bonnement racistes.

    https://www.alternatives-economiques.fr/non-france-nest-submergee-limmigration/00114520

    #statistiques #chiffres #migrations #réfugiés #fact-checking #France #infographie #visualisation #graphique #démographie #travail #emploi #économie #afflux #invasion

    ping @reka @karine4

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    ajouté à la métaliste sur le lien entre #économie (et surtout l’#Etat_providence) et la #migration... des arguments pour détruire l’#idée_reçue : « Les migrants profitent (voire : viennent POUR profiter) du système social des pays européens »...
    https://seenthis.net/messages/971875

  • La guerre à l’#accès_aux_droits des étrangers

    Pour les avocats spécialisés en #droit_des_étrangers, la tâche est ardue. Ils occupent une position dominée dans leur champ, les lois évoluent très vite, et une nouvelle forme de #violence se fait jour, y compris contre les magistrats : des campagnes diffamatoires par des médias d’extrême droite – jusqu’à rendre publics les noms des « coupables de l’invasion migratoire ».
    Le gouvernement Bayrou, dans une continuité incrémentale avec l’orientation répressive déjà actée par les gouvernements Attal puis Barnier, est entré dans une #guerre ouverte contre les étrangers.

    L’arsenal lexical et juridique déployé en témoigne : de la #rhétorique de la « #submersion » à l’enterrement du #droit_du_sol à #Mayotte, en passant par la restriction drastique des conditions pour l’#admission_exceptionnelle_auséjour, l’attitude belliqueuse de l’exécutif et de ses alliés dans l’hémicycle n’a de cesse de s’affirmer et de s’assumer, quitte à remettre en cause l’#État_de_droit qui, selon Bruno Retailleau, ne serait désormais ni « intangible, ni sacré ».

    Il faut dire aussi que le vent xénophobe qui souffle sur l’Europe ne fait qu’encourager ces choix nationaux décomplexés : le Nouveau Pacte européen sur l’asile et l’immigration, adopté au printemps 2024 et dont le Plan français de mise en œuvre n’a pas été rendu public malgré les diverses sollicitations associatives, a déjà entériné le renforcement des contrôles aux frontières extérieures, la banalisation de l’#enfermement et du #fichage des étrangers[1],dans un souci de résister « aux situations de #crise et de #force_majeure ».

    C’est donc dans ce contexte politique hostile, caractérisé entre autres par une effervescence législative remarquable qui les oblige à se former constamment, que les avocats exercent leur métier. Ainsi, défendre les droits des personnes étrangères est difficile, d’abord et avant tout parce qu’ils en ont de moins en moins.

    Deuxièmement, les conditions pour exercer le métier afin de défendre ce qui reste de ces #droits peuvent être difficiles, notamment à cause des contraintes multiples d’ordre économique, symbolique ou encore procédural. Tout d’abord, ces professionnels savent qu’ils pratiquent un droit doublement « des pauvres » : d’une part, cette matière est plutôt dépréciée par une grande partie des collègues et magistrats, car souvent perçue comme un droit politique et de second rang, donnant lieu à des contentieux « de masse » répétitifs et donc inintéressants (on aurait plutôt envie de dire « déshumanisants ») ; d’autre part, ces mêmes clients ont souvent réellement des difficultés financières, ce qui explique que la rémunération de leur avocat passe fréquemment par l’#Aide_Juridictionnelle (AJ), dont le montant est loin d’évoluer suivant le taux d’inflation.

    Concernant les obstacles d’ordre procédural, la liste est longue. Que ce soit pour contester une décision d’éloignement du territoire ou une expulsion de terrain devenu lieu de vie informel, le travail de l’avocat doit se faire vite. Souvent, il ne peut être réalisé dans les temps que grâce aux collaborations avec des bénévoles associatifs déjà débordés et à bout de souffle, mais proches des situations de terrain, et donc seuls à même de collecter les nombreuses pièces à déposer pour la demande de l’AJ ou encore pour apporter les preuves des violences subies par les justiciables lors d’évacuations ou d’interpellations musclées. Pour gagner ? Pas autant de fois qu’espéré : les décisions de #justice décevantes sont légion, soit parce qu’elles interviennent ex post, lorsque la #réparation du tort n’est plus possible, soit parce qu’elles entérinent l’#impunité des responsables d’abus, soit parce que, même lorsqu’elles donnent raison aux plaignants, elles ne sont pas exécutées par les préfectures, ou encore elles ont peu de pouvoir dissuasif sur des pratiques policières ou administratives récidivantes.

    Enfin, même lorsque des droits des étrangers existent toujours sur le papier, en faire jouir les titulaires est un parcours du combattant : l’exemple de la #dématérialisation des services publics est un exemple flagrant. Assurément, Franz Kafka en aurait été très inspiré : toutes les démarches liées au #droit_au_séjour des étrangers doivent désormais se faire en ligne, alors que dans certaines préfectures l’impossibilité de prendre un rendez-vous en des temps compatibles avec le renouvellement du #titre_de_séjour fait plonger dans l’#irrégularité beaucoup de personnes parfois durablement installées et insérées professionnellement en France.

    Même la Défenseure des droits, dans un rapport rendu public le 11 décembre 2024, a épinglé l’#Administration_numérique_des_étrangers_en_France (#ANEF) en pointant du doigt sa #responsabilité en matière d’« #atteintes_massives » aux droits des usagers. Parmi ces derniers, les étrangers sont de plus en plus nombreux à faire appel à des avocats censés demander justice en cas de risque ou de perte du droit au séjour à la suite des couacs divers en #préfecture, dans sa version numérique ou non, comme dans le cas des « #refus_de_guichet ». Et encore une fois, pour les avocats il s’agit d’intenter des #procédures_d’urgence (les #référés), qui engorgent la #justice_administrative à cause de dysfonctionnements généralisés dont les responsables sont pourtant les guichets de ce qui reste du #service_public.

    Ces dysfonctionnements sont au cœur d’une stratégie sournoise et très efficace de #fabrication_de_sans-papiers, et les craintes des personnes étrangères sont d’ailleurs bien fondées : avec l’entrée en vigueur de la nouvelle #loi_immigration, dite Darmanin, les refus ou pertes de titre de séjours sont assorties d’obligations de quitter le territoire français (#OQTF), avec, à la clé, le risque d’enfermement en #Centre_de_Rétention_Administrative (#CRA) et d’#éloignement_du_territoire.

    Au vu du nombre grandissant d’étrangers déjà en situation irrégulière ou craignant de le devenir, des nouvelles entreprises privées y ont vu un marché lucratif : elles vendent en effet à ces clients potentiels des démarches censées faciliter leur #régularisation ou encore l’accès à la nationalité française. À coup de pubs sur les réseaux sociaux et dans le métro, puis de slogans aguicheurs (« Devenez citoyen français et démarrez une nouvelle vie ! ») et de visuels bleu-blanc-rouges, ces entreprises facturent des prestations de préparation de dossier à plusieurs centaines voire milliers d’euros, sans toutefois vérifier systématiquement l’éligibilité de la personne au titre demandé et donc sans même garantir le dépôt effectif du dossier[2].Qui sont donc ces magiciens autoproclamés des procédures, qui se font payer à prix d’or ? Les équipes sont présentées sur les sites de ces entreprises comme étant composées d’« experts spécialisés en démarches administratives », et encore de « conseillers dévoués ». Si l’accompagnement d’un avocat est nécessaire ou souhaité, mieux vaut aller voir ailleurs avant d’avoir signé le premier chèque…

    Les temps sont donc troubles. Et ils le sont aussi parce que les vrais professionnels du droit, celles et ceux qui ne cessent de se mettre à jour des derniers changements législatifs ou procéduraux, et de travailler en essayant de tenir les délais de plus en plus serrés de la justice (au rabais) des étrangers, sont ouvertement menacés.

    Le cas du hors-série n° 1 du magazine Frontières est exemplaire d’une attitude fascisante et décomplexée, déterminée à jeter le discrédit sur les avocats, les #magistrats et les #auxiliaires_de_justice (accompagnés bien sûr des ONG, associations, et universitaires « woke »), coupables de défendre les droits de celles et ceux que la fachosphère voudrait bien rayer de la catégorie de justiciables : les #étrangers. Discrédit qui devient #menace et #mise_en_danger, lorsque les noms, les prénoms, la fonction et le lieu d’exercice de ces maîtres à abattre sont rendus publics : en effet, ces supposés coupables du « #chaos_migratoire » sont explicitement identifiés dans ces pages. Plus précisément, plusieurs dizaines d’« #avocats_militants », profitant des dossiers de l’aide juridictionnelle pour « passer des vacances au soleil toute l’année », sont nommément pris à parti. Les magistrats ne sont pas épargnés dans cette cabale, et le magazine les épingle également.

    Plusieurs sonnettes d’alarme ont été tirées, du Conseil des barreaux européens (CCBE) au Conseil supérieur des tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel (CSTA) : cette dernière instance relevant du Conseil d’État, généralement très discrète, s’est exprimée publiquement le 11 février dernier pour dénoncer sans ambiguïté les injures et menaces proférées nominativement à l’encontre d’avocats et #juges, ainsi que la mise en cause de l’#indépendance et de l’#impartialité de la justice administrative, estimant que « toutes les suites pénales susceptibles d’être engagées doivent l’être ». La matière pour le faire ne semble pas manquer, et des #plaintes avec constitution de partie civile ont déjà été déposées par le passé par des magistrats, donnant lieu à des contentieux pénaux dont certains sont encore en cours. Mais face à la montée des récriminations violentes contre les juges « rouges », plusieurs juridictions s’organisent pour attribuer la #protection_fonctionnelle à leur personnel.
    Et ce n’est pas bon signe.

    Malgré le soutien de #Gérald_Darmanin aux magistrats menacés, dans ses nouvelles fonctions de Ministre de la Justice, son homologue de l’Intérieur a repris un vieux cheval de bataille qui revient à fustiger la supposée « #confiscation_du_pouvoir_normatif » par les juridictions européennes ou nationales : en défendant la légitimité du #non-respect_du_droit lorsqu’il est considéré incompatible avec les principes nationaux, une brèche de plus a été ouverte par #Bruno_Retailleau pour qui « on doit changer la loi. Aujourd’hui, on a quantité de règles juridiques qui ne protègent pas la société française ».

    En réalité, Gérald Darmanin doit en partager le raisonnement, puisque, lorsqu’il était lui-même à l’Intérieur, il avait osé autoriser l’expulsion d’un ressortissant Ouzbèke soupçonné de radicalisation malgré la décision contraire de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), pour ensuite être débouté par le juge des référés du Conseil d’État qui avait enjoint sa réadmission. Ce #contrôle_juridictionnel est considéré par un nombre croissant d’élus, et d’internautes violents, comme excessif et nuisible à l’efficacité du maintien de l’ordre. De là à traiter les avocats et magistrats « fautifs » de trop brider les ambitions sécuritaires du gouvernement comme des ennemis intérieurs, il n’y a qu’un pas.

    Les plus optimistes pourront toujours considérer le #Conseil_Constitutionnel comme le dernier rempart vis-à-vis des risques d’ingérence de l’exécutif sur le judiciaire. Mais que peut-on attendre de cette institution et de son #impartialité, lorsque l’on sait que les « Sages » sont souvent d’anciens professionnels de la politique, peu ou pas formés au droit, dont #Richard_Ferrand, à peine nommé, est un exemple parfait ?

    L’histoire nous le dira. En attendant, il serait opportun de penser à faire front.

    https://aoc.media/analyse/2025/03/16/la-guerre-a-lacces-aux-droits-des-etrangers
    #mots #vocabulaire #terminologie #Etat_de_droit #xénophobie #contrôles_frontaliers #avocats #juges_rouges
    ping @reka @isskein @karine4

  • « Qu’est-ce qu’être français ? » : François Bayrou lance des conventions citoyennes décentralisées sur l’identité française
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/27/qu-est-ce-qu-etre-francais-francois-bayrou-lance-des-conventions-citoyennes-

    « Qu’est-ce qu’être français ? » : François Bayrou lance des conventions citoyennes décentralisées sur l’identité française
    Le Monde avec AFP
    François Bayrou a annoncé, jeudi 27 février, dans Le Figaro, qu’il allait lancer des « conventions citoyennes décentralisées », au premier semestre, pour débattre de la question : « Qu’est-ce qu’être français ? » Le premier ministre avait lancé l’idée de ce débat au lendemain de l’adoption par les députés d’une proposition de loi portée par la droite, visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte. Son ministre de la justice, Gérald Darmanin, avait alors soutenu l’idée que « le débat public doit s’ouvrir sur le droit du sol dans notre pays » et qu’il fallait sur le sujet une réforme de la Constitution, que ce soit par un référendum ou à l’occasion de la présidentielle de 2027.
    François Bayrou avait, lui, souhaité un débat « plus large ». Ces échanges seront aussi l’occasion, avait-il précisé, d’« apprendre à débattre, à échanger des convictions ou des arguments, sans s’insulter ». « Qu’est-ce qu’être français, c’est une question qui taraude notre temps. Et permettez-moi de vous le dire, c’est une question pour ceux qui naissent français autant que pour ceux qui nous rejoignent », affirme le premier ministre dans un entretien au Figaro, mis en ligne jeudi soir.
    Aux « trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité », qui fondent la « nation », le chef du gouvernement suggère, dans Le Figaro, d’« ajouter la laïcité et le contrat social » lors de ce débat. « La laïcité philosophique et religieuse est une immense conquête, terriblement contestée sur la planète. Elle est notre force. Je crois qu’elle doit être complétée par une laïcité politique : ce n’est pas parce que quelqu’un n’est pas d’accord avec moi que je veux l’écraser », détaille le premier ministre. « Quant au contrat social, il fait que le principe de notre vie en commun n’est pas le “chacun pour soi”, mais le “tous pour un. Ces questions sont des composantes de ce que nous sommes comme peuple », ajoute-t-il.
    François Bayrou a récemment fait polémique en évoquant un « sentiment de submersion » migratoire à Mayotte et dans plusieurs autres départements français.

    #Covid-19#migrant#migration#france#identite#submersionmigratoire#droitdusol#constitution#sante#mayotte

  • Delphine Diaz, historienne : « Une vision biologique du lien national s’impose aujourd’hui en France, au-delà même de l’extrême droite »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/18/delphine-diaz-historienne-une-vision-biologique-du-lien-national-s-impose-au

    Delphine Diaz, historienne : « Une vision biologique du lien national s’impose aujourd’hui en France, au-delà même de l’extrême droite »
    Tribune Delphine Diaz Historienne
    Invité le 9 février par BFM-TV à s’exprimer sur le devenir du droit du sol à Mayotte, une nouvelle fois amoindri par une proposition de loi adoptée à l’Assemblée nationale, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a avancé que la nation n’existe en France « que par le consentement des gens qui la composent ». Présenter la nation comme le résultat d’une adhésion volontaire à un projet politique lui permettait sans doute de convoquer en creux la figure tutélaire d’Ernest Renan [1823-1892] : la nation n’est-elle pas en France un « plébiscite de tous les jours », comme le professeur au Collège de France l’avait affirmé en 1882 ?
    Mais la suite de l’intervention télévisée du ministre de la justice faisait appel à une tout autre histoire et à un tout autre imaginaire : la nationalité française ne saurait être, selon Gérald Darmanin, « automatique » pour les enfants étrangers nés sur le sol français – ce qu’elle n’est pas, puisqu’il s’agit d’une attribution conditionnelle –, et le droit du sol républicain mériterait à ses yeux d’être révisé aussi bien dans le département de Mayotte que, plus tard, dans l’Hexagone. La petite musique instillée par l’un des slogans du Front national, forgé en 1985 par [l’ancien député européen] Jean-Yves Le Gallou, « La France, ça s’hérite ou ça se mérite », se fait ainsi de plus en plus entendre dans le débat public. Plus que la conception méritocratique, c’est en réalité une vision biologique du lien national qui s’impose au-delà même de l’extrême droite, à l’heure où l’idée fausse de la « submersion migratoire » est relayée par le chef du gouvernement, François Bayrou.
    Attaquer le droit du sol est un geste lourd de sens, et le contexte international au sein duquel ces brèches sont ouvertes dans le soubassement même de notre histoire républicaine ne peut être ignoré. Aux Etats-Unis, le président Donald Trump n’a-t-il pas voulu revenir lui aussi sur ce qu’il qualifie de principe « ridicule », par un décret immédiatement censuré, eu égard au caractère constitutionnel du droit du sol ?
    En France, comme de l’autre côté de l’Atlantique, le droit du sol a une histoire longue, remontant au temps de la monarchie, puis il a été fixé dans les usages républicains. En 1851, la IIe République a consacré le principe du double droit du sol : tout enfant né d’un père étranger, lui-même né sur le sol français, était de nationalité française, sauf s’il répudiait celle-ci. Mais c’est sous la IIIe République qu’a été adoptée, le 26 juin 1889, une loi fondatrice rendant d’une part irrévocable le double droit du sol, et d’autre part automatique le droit du sol.
    Dès sa majorité, voire avant, si les parents avaient réalisé une déclaration anticipée, l’enfant né en France d’un père étranger devenait un citoyen français, astreint comme ses compatriotes au service militaire, rendu universel par une loi presque concomitante du 15 juillet 1889. Les obligations militaires, ne s’appliquant pas aux étrangers de la première génération ni à leurs fils nés en France, constituaient en effet un argument récurrent des protestations qui s’étaient élevées au cours des années 1880 contre leur présence sur le territoire, alors que les patrons pouvaient privilégier cette main-d’œuvre épargnée par la conscription et moins regardante sur les salaires. « Ne chassons point les ouvriers étrangers, visons plutôt à en faire des ouvriers français. (…) Nous ne sommes pas une race, nous sommes une nation qui s’est formée depuis dix-huit siècles par les alluvions successives que cent peuples divers ont laissées sur notre sol », pouvait-on lire dans le journal républicain et conservateur Le Temps, le 27 janvier 1886.
    Il faut aussi chercher les origines de ce texte dans les trois départements algériens, où les autorités s’inquiétaient alors du nombre croissant, par rapport aux colons français, d’Européens – Espagnols, Italiens, Maltais… – qu’il convenait de franciser en urgence. Enfin, la loi de 1889 trouve sa source dans les angoisses relatives à la natalité française, singulièrement basse par rapport à celle du voisin allemand.
    Alors que ces inquiétudes autour d’une démographie jugée en berne ont poussé par le passé à fabriquer des Français par le droit du sol, la réaction du gouvernement actuel à la baisse de l’indice conjoncturel de fécondité (1,6 enfant par femme aujourd’hui) est exactement inverse. Il s’agit de priver chaque année quelque 30 000 enfants nés étrangers sur le sol français, éduqués dans les écoles de la République, de l’obtention de la nationalité, tout en invitant parallèlement les femmes françaises à œuvrer, par leur travail reproductif, au « réarmement démographique ».
    Confortant le droit du sol, la loi sur la nationalité du 10 août 1927 a répondu aux défis démographiques et économiques d’alors en facilitant la naturalisation. L’extrême droite assignait ces nouveaux Français à une nationalité « de papier », tout en protestant contre le poids jugé excessif des étrangers dans la société française : en 1931, ceux-ci représentaient 6,6 % des habitants du pays, soit un taux proche de celui mesuré aujourd’hui par l’Insee (8,2 % en 2023). Quant au régime de Vichy, s’il a bien révisé les naturalisations adoptées sur le fondement de la loi de 1927 – 15 000 Français dont plus de 7 000 juifs ont ainsi été dénaturalisés, comme l’a montré l’historienne Claire Zalc –, il n’est pas revenu sur le droit du sol. A la Libération, ce droit a été entériné tout en étant conditionné : l’exigence de cinq ans de résidence en France avant la majorité a été posée par l’ordonnance du 19 octobre 1945.
    Nombreux sont les leviers grâce auxquels le gouvernement peut limiter le droit du sol : « manifestation de volonté » obligatoire, comme au temps de l’application de la loi Pasqua-Méhaignerie entre 1993 et 1998 ; allongement de la durée de résidence de l’enfant en France ; ou encore exigence de titres de séjour possédés par ses parents, comme à Mayotte. Quelles que soient les voies empruntées, la remise en question du droit du sol, gage donné à l’extrême droite à des fins électoralistes, a valeur de symbole. Elle revient sur l’une des promesses de la République tout en plongeant les membres de la deuxième génération, nés et socialisés en France, dans une insupportable « condition d’incertitude ».
    Delphine Diaz est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Reims Champagne-Ardenne.

    #Covid-19#migrant#migration#france#immigration#race#droitdusol#politiquemigratoire#submersion#nation#sante

  • Restreindre le droit du sol en France pour limiter l’immigration, un non-sens
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/17/restreindre-le-droit-du-sol-pour-limiter-l-immigration-un-non-sens_6550317_3

    Restreindre le droit du sol en France pour limiter l’immigration, un non-sens
    Julia Pascual
    Il ne s’est pas écoulé deux mois entre la dévastation de Mayotte par le cyclone Chido, le 14 décembre 2024, et le vote par les députés d’une proposition de loi des Républicains (LR), le 6 février, restreignant le droit du sol dans l’archipel de l’océan Indien. Il a ensuite suffi de quelques minutes pour que le gouvernement s’engouffre dans cette brèche et remette en cause le droit du sol sur l’ensemble du territoire.
    « Etre français, ça ne peut pas être le hasard de la naissance. Etre français, c’est une volonté », a soutenu le ministre de la justice, Gérald Darmanin, favorable à un retour au régime en vigueur entre 1993 et 1998, sous la loi Méhaignerie, qui imposait une manifestation de volonté aux enfants d’étrangers nés en France pour qu’ils acquièrent la nationalité à leur majorité. Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a, le 12 février sur France Inter, rappelé que lors des débats au Sénat sur la loi « immigration », fin 2023, « pour ne pas devenir français par hasard », il avait fait voter une restriction du droit du sol en ce sens (finalement censurée par le Conseil constitutionnel).
    Chaque année, un peu plus de 30 000 jeunes deviennent français par le droit du sol, selon lequel un enfant né en France de deux parents étrangers devient français à sa majorité (ou de façon anticipée à partir de 13 ans), à condition d’avoir résidé en France au moins cinq ans depuis ses 11 ans. C’est donc un droit du sol « conditionnel et différé », insiste Emmanuel Blanchard, directeur de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye. Auquel s’ajoute un « double droit du sol », selon lequel un enfant né en France de parents étrangers eux-mêmes nés en France est automatiquement français à la naissance.
    Les prises de position des ministres LR ne sont pas nouvelles. Lors de la campagne présidentielle de 2022, le parti défendait la « fin du droit du sol automatique » et son conditionnement à des « preuves d’assimilation (test de français notamment) ». Avant la loi Méhaignerie, dans les années 1980, « le RPR et l’UDF ont dénoncé les “Français malgré eux”, par le droit du sol, ou le devenant par naturalisation dans l’optique d’obtenir un certain nombre de droits », rappelle M. Blanchard.
    Après avoir détonné en accréditant le sentiment de « submersion » migratoire, le premier ministre, François Bayrou, dit vouloir un débat « plus large » sur la question « Qu’est-ce que c’est qu’être français ? ». Comment en vient-on à remettre en question les règles entourant l’acquisition de la nationalité à partir de prises de position portant sur l’immigration ? A l’Assemblée, le 6 février, le député (Rassemblement national, Gard) Yoann Gillet a assimilé le droit du sol à une « machine qui génère de l’immigration clandestine ». Une idée elle-même soutenue par le gouvernement à propos de Mayotte.
    Pourtant, la première restriction du droit du sol à Mayotte, décidée en 2018, qui a conditionné l’accès à la nationalité au séjour régulier de l’un des deux parents trois mois avant la naissance de l’enfant) n’a aucunement jugulé le flux de migrants irréguliers. Les naissances ont augmenté alors que les acquisitions de nationalité ont drastiquement chuté. L’attractivité de Mayotte s’explique bien davantage par les écarts de niveau de vie avec le reste des Comores ou la qualité du système sanitaire français que par l’espoir d’une régularisation de parents qui, en tout état de cause, ne peut aboutir au mieux que treize ans après la naissance de leur enfant.
    S’attaquer au droit du sol sur le reste du territoire n’aura pas davantage d’incidence. « Ça n’a aucun sens », tranche, sévère, l’historien Patrick Weil. La résurgence de ce débat permet en tout cas à l’extrême droite de plaider une suppression totale du droit du sol.
    Dans son programme de 2022, Marine Le Pen promettait que « la transmission de la nationalité française ne sera[it], pour l’essentiel, possible que par filiation ». « Ceux qui appellent à une suppression du droit du sol relèvent d’une tradition de l’Action française, considère Patrick Weil. C’est le fond de cuve de l’extrême droite depuis la fin du XIXe siècle, qui appelait “métèques” ou “Français de papiers” ceux qui avaient bénéficié du droit du sol. »
    « De très longue date, le droit de la nationalité a été le vecteur d’affrontements liés à des conceptions différentes de la nation et de la République. Il y a des perspectives ethnoculturelles et d’autres avant tout juridiques », résume M. Blanchard. Ce sont ces dernières qui ont été consacrées dans les lois sur la nationalité de 1851, 1889 et 1927. Et que même le régime de Vichy n’a pas remis en cause (bien que plus de 15 000 nouveaux Français furent « dénaturalisés », notamment des juifs d’Europe centrale).
    « Le socle, c’est 1889, explique le politiste. C’est un texte républicain, nationaliste et patriote. Il vise à renforcer la nation française en faisant en sorte que l’Etat ait une emprise sur les étrangers. L’idée était d’empêcher que ne se constituent des communautés d’étrangers, italiennes notamment, des “colonies”, comme on disait sous la IIIe République, et que cela pose un problème de loyauté envers la France. » Il fallait aussi ouvrir largement la nationalité afin d’offrir à la France de nouveaux soldats.
    « Cette prédominance du jus soli [droit du sol], non exclusive de l’application du jus sanguinis [droit du sang], concorde avec la conception révolutionnaire de la Nation et de la solidarité nationale, écrit la juriste Danièle Lochak dans Etrangers : de quel droit ? (PUF, 1985). Dans cette optique, l’élément déterminant n’est pas la filiation mais la naissance et surtout la résidence sur le territoire français, dans la mesure où celle-ci est l’expression en actes de la volonté de vivre selon les lois que s’est données la Nation française. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#droit#droitdusol#politiquemigratoire#submersion#mayotte#frontiere#sante

  • Près de 70 % des Français n’éprouvent pas de « sentiment de submersion » migratoire, selon une enquête sociale européenne

    Selon l’#Enquête_sociale_européenne 2023-2024 menée par des universitaires dans 31 pays européens, au moins 69 % des Français sont favorables à l’#accueil d’étrangers dans notre pays. Bien loin du « sentiment de #submersion_migratoire » évoqué par le premier ministre François Bayrou.

    Accoler « #sentiment » au concept de « submersion migratoire » relève d’une #stratégie_de_communication millimétrée qui place le débat au-delà des #réalités_statistiques sur l’#immigration. Qui peut nier les #ressentis subjectifs des citoyens, aussi biaisés soient-ils ? Des #données d’enquêtes internationales qui interrogent les Français sur la #politique_migratoire de notre pays montrent pourtant que le « #sentiment_de_submersion_migratoire » n’existe pas.

    La submersion migratoire, une idée largement démentie

    Le 27 janvier 2025 sur LCI, les déclarations de François Bayrou font des émules lorsqu’il évoque l’idée qu’il existe en France un « sentiment de submersion » migratoire. Difficile de croire que les mots n’ont pas été méticuleusement choisis. En réaction, le PS annule une réunion avec le gouvernement sur le budget et dix jours plus tard, le chef du gouvernement se prononce pour un débat plus large sur qu’« est-ce qu’être français ».

    Dans une tribune parue dans le Monde, le sociologue Emmanuel Didier souligne qu’en désavouant l’#Insee, dont les #statistiques contreviennent à l’idée de #submersion, le chef du gouvernement participe à la fragilisation de notre administration et de notre institut de statistiques dont la réputation n’est pourtant plus à faire. Dans cette lignée, l’historien et sociologue Hervé le Bras a consacré en 2022 un ouvrage complet sur l’idée tout aussi fausse qu’il existerait un « #grand_remplacement ».

    Le professeur au Collège de France François Héran rappelait quant à lui que « la France n’était pas le pays le plus attractif d’Europe, bien au contraire » et qu’il faudrait plutôt s’en inquiéter.

    Le sentiment des Français, une dimension qui compte

    Mais les mots du chef du gouvernement sont choisis. Il parle de « sentiment ». Peu importe la réalité, même si on sait que, partout dans le monde, les citoyens surestiment systématiquement la part d’étrangers dans leur société comme le démontre très bien un article, au sérieux indiscutable, publié par la Française Stefania Stantcheva, professeure à Harvard.

    Peut-on aller contre le sentiment des Français, aussi biaisé soit-il ? Cela paraît difficile tant le peuple devrait être souverain en démocratie. Mais avant de penser la mise en pratique de cet aspect théorique de notre modèle politique, encore faut-il que ce « sentiment » ait une quelconque matérialité.

    En employant le terme « sentiment », le chef du gouvernement s’appuie sur une appréciation subjective de la réalité qui lui permet de placer le débat au-delà des données collectées par l’Insee et du même coup créer l’embarras. Qui dispose de la légitimité pour nier le « #ressenti » de nos citoyens, fondé sur la #perception de leur environnement au quotidien ? A priori personne.

    On peut en revanche s’attacher à documenter si ce sentiment existe réellement en France. Certes, les Français surestiment le nombre d’étrangers dans notre pays, mais ont-ils pour autant le sentiment d’être submergés ? Peut-être y voient-ils une richesse culturelle, un atout pour notre pays, ou sont-ils tout simplement indifférents ?

    Repartir des données

    Si les données les plus récentes de l’Insee ne permettent pas de répondre à cette question, il va de soi que les données collectées par un parti politique, les microtrottoirs réalisés pour illustrer tel ou tel documentaire, ou les rapports élaborés par les associations ne constituent en rien des preuves exploitables à verser au débat. Il faut pour cela des données d’enquête collectées via un #protocole_statistique clair et éprouvé, fondé sur les techniques de #sondage que seules quelques organisations sont en mesure de mettre en œuvre. Il faut une photographie représentative des sentiments des Français.

    L’Enquête sociale européenne (ESS), dispositif transnational bisannuel, menée par des universitaires dans toute l’Europe, a récemment fait paraître les résultats de sa onzième campagne réalisée en 2023-2024 dans 31 pays.

    Trois questions invitent les enquêtés à se prononcer sur la mesure dans laquelle la France devrait autoriser des #étrangers à venir vivre en France. Les données sont disponibles en ligne et téléchargeables sans prérequis.

    La première question concerne le fait d’autoriser les personnes du même groupe ethnique que la plupart des habitants de la France. La seconde question concerne les personnes de groupes ethniques différents. La troisième porte sur les personnes venues de pays pauvres hors Union européenne. Les répondants ont le choix des réponses entre « beaucoup », « un certain nombre », « peu » ou « aucun ».

    Les Français ont-ils le sentiment de boire la tasse ?

    Un sentiment de submersion de la part des Français se traduirait par une majorité de répondants en faveur d’une opposition catégorique à l’accueil d’étranger dans notre pays ou, a minima, par une majorité de répondants s’exprimant en faveur de « peu » ou « aucun ». Or les chiffres de l’enquête ne confirment absolument pas cette réalité.

    Sur ces trois questions, le pourcentage de Français catégoriquement opposés à l’accueil d’étrangers oscille entre 3,5 % et 8,2 % tandis que ceux qui y sont très largement favorables s’établit entre 17,4 % et 23,3 %.

    On est loin d’une opposition totale comme le montre le graphique 1 où chaque point représente une des quatre modalités de réponse pour chacune des questions.

    Graphique 1 – La France devrait-elle autoriser des étrangers à venir vivre en France ?

    Entre ces deux cas polaires, ils sont entre 51,6 % et 60 % à répondre qu’ils sont favorables à l’accueil d’un certain nombre d’étrangers (traduction de l’anglais « some », quantité indéfinie) et entre 13,2 % et 22,9 % en faveur du « peu ». Et lorsqu’on groupe les modalités par paire (« beaucoup » et « quelques-uns » vs « peu » et « aucun »), on obtient un pourcentage de répondants vraiment favorables supérieur à 69 % dans les trois cas.

    Au moment de l’enquête, les citoyens français semblent donc bien loin de percevoir une submersion migratoire. Mais peut-être que cette « photographie » statique cache tout de même une tendance de fond qui se dégrade ?
    En quatre ans, une dépolarisation des avis sur l’accueil des migrants

    L’avis des Français sur l’accueil des étrangers s’est dépolarisé en quatre ans. La puissance de l’ESS repose notamment sur sa bisannualité. Il est donc possible de comparer l’évolution de l’avis des Français entre deux campagnes.

    Le graphique 2 résume ces évolutions. Les points rouges, qui capturent l’évolution des opposants stricts à l’immigration entre les deux périodes, enregistrent les évolutions les plus marquées, toutes à la baisse, entre 6 et 17 % selon les catégories. Les points verts, qui eux capturent l’évolution des partisans d’une immigration large, enregistrent également une baisse, mais plus contenue, comprise entre 6 et 10 %.

    Entre les deux, la part des Français qui expriment une opinion en faveur d’« un certain nombre de migrants » stagne pour les étrangers venus de pays pauvres hors de l’UE et progresse pour les deux questions qui contiennent une référence à l’ethnie dominante en France. Les partisans du « peu » progressent également de plus de 10 % pour les migrants issus de pays pauvres hors UE, mais est en quasi-stagnation ou régressent pour les deux autres questions.

    Graphique 2 –– Évolution (en %) de l’avis des Français entre l’enquête de 2020-2022 et celle de 2023-2024.

    Cette tendance à la dépolarisation des Français ne révèle en aucun cas un « sentiment de submersion migratoire ». Le constat d’un tel écart entre les éléments de langage du chef du gouvernement et des réalités établies par la recherche ou des données accessibles à tous appelle à la mise en œuvre de propositions plus sérieuses dans le débat public.

    Aujourd’hui, sur l’immigration, plus que sur tout autre sujet, l’État doit être garant de l’utilisation d’une information fiable pour mener à bien sa mission de gardien de la cohésion sociale.

    https://theconversation.com/pres-de-70-des-francais-neprouvent-pas-de-sentiment-de-submersion-m
    #France #biais #migrations

    ping @reka @isskein @karine4

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    voir aussi ce fil de discussion sur la "submersion migratoire"
    https://seenthis.net/messages/1095770

  • Droit du sol : François Bayrou veut un débat « plus large », sur « qu’est-ce que c’est qu’être français »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/07/immigration-francois-bayrou-veut-un-debat-plus-large-que-le-droit-du-sol-sur

    Droit du sol : François Bayrou veut un débat « plus large », sur « qu’est-ce que c’est qu’être français »
    Le Monde avec AFP
    François Bayrou a jugé, vendredi 7 février, « trop étroit » un débat portant sur le droit du sol comme suggéré par son ministre de la justice, Gérald Darmanin, et a souhaité, au cours d’un entretien sur RMC, un débat « plus large » sur « qu’est-ce que c’est qu’être français ».« Qu’est-ce que ça donne comme droit ? Qu’est-ce que ça impose comme devoir ? Qu’est-ce que ça procure comme avantages ? Et en quoi ça vous engage à être membre d’une communauté nationale ? A quoi croit-on quand on est français ? », a ajouté le premier ministre, qui a fait récemment polémique en évoquant un « sentiment de submersion » migratoire. « On peut entrer dans un débat, il faut réfléchir à la manière dont [il] est organisé » mais « on ne va pas tout repousser » à la prochaine élection présidentielle, a-t-il dit.
    Plus tôt vendredi, Elisabeth Borne, la ministre de l’éducation nationale et numéro deux du gouvernement, s’est prononcée sur RTL contre l’idée de Gérald Darmanin de modifier la Constitution pour réformer l’accès au droit du sol. « Je n’y suis pas favorable », a déclaré l’ancienne première ministre. « Je pense que ce que les Français attendent de nous, ce sont des actes et pas de renvoyer à une future modification constitutionnelle », a-t-elle estimé.
    L’Assemblée nationale a adopté, jeudi soir, une proposition de loi portée par la droite visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte, lors d’une séance particulièrement houleuse. Gérald Darmanin s’est dit favorable à l’abrogation pure et simple du droit du sol à Mayotte. Le garde des sceaux a, par ailleurs, estimé que « que le débat public [devait] s’ouvrir sur le droit du sol dans notre pays », et qu’il fallait sur le sujet une réforme de la Constitution, par le biais d’un référendum ou à l’occasion de la prochaine élection présidentielle.
    « Je me réjouis que Bruno Retailleau [le ministre de l’intérieur] s’attaque au démantèlement des réseaux de passeurs. Et on a des tas de dispositions, notamment des décrets qui restent à prendre sur la loi “immigration” qui avait été adoptée fin 2023 », a affirmé Elisabeth Borne. Cette dernière a toutefois soutenu la proposition de loi tout juste adoptée concernant Mayotte. « Je pense qu’on a besoin de mesures fortes pour limiter l’immigration illégale à Mayotte » et « ça peut être aussi une des mesures de restreindre les conditions d’accès au droit du sol ».
    Interrogé sur les propos de François Bayrou, lors d’un déplacement, vendredi, à Lognes, en Seine-et-Marne, Bruno Retailleau a estimé que pour être français il « faut respecter le mode de vie » et « les principes républicains » du pays. Le ministre de l’intérieur a rappelé que « l’accès à la naturalisation, c’est le code civil ». « Le code civil, dans les articles 21 notamment, parle d’assimilation. » « On voit bien qu’il y a des conditions administratives à respecter, mais (…) cela signifie qu’il faut assimiler des valeurs », a-t-il développé, citant la liberté, l’égalité entre les hommes et les femmes, la fraternité, « une notion républicaine qui dépasse les croyances, qui dépasse la couleur de peau, les conditions sociales ».
    « La question du travail, c’est important, mais ce n’est pas tout », a-t-il ajouté. « Il faut respecter le mode de vie », « les principes républicains », évoquant le partage de « destins communs », d’une « culture », de « principes ». « De ce point de vue-là, nous sommes d’accord » avec le premier ministre, a ajouté Bruno Retailleau.
    Le débat souhaité par François Bayrou relance aussi la querelle à gauche, où les « insoumis » reprochent d’autant plus aux socialistes leur choix de ne pas avoir censuré le gouvernement pour laisser passer le budget. « Tous nos partenaires de gauche savent maintenant ce qui va se passer si ce gouvernement ne tombe pas : la suite, c’est M. Retailleau, c’est la remise en question du droit du sol », a mis en garde sur France 2 le député de La France insoumise, Eric Coquerel.
    Le Parti socialiste (PS) s’est pour l’heure contenté de réaffirmer son « attachement » au droit du sol, promettant sur X de « défendre ce principe fondateur de notre République ». Mais dans la foulée, son premier secrétaire, Olivier Faure, a estimé sur le même réseau social que « le débat sur l’identité nationale n’est pas tabou » car « tout dépend ensuite de ce que l’on en attend ».« Le PS a largué les amarres avec la non-censure. Ils sont prêts à tout accepter pour coller à Bayrou », a déploré le leader des « insoumis » Jean-Luc Mélenchon.

    #Covid-19#migrant#migration#france#politiquemigratoire#droitdusol#nationalite#droit#sante#submersion

  • Immigration : Mayotte n’est pas le laboratoire de la France
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/07/immigration-mayotte-n-est-pas-le-laboratoire-de-la-france_6535805_3232.html

    Immigration : Mayotte n’est pas le laboratoire de la France
    Éditorial
    Le Monde
    Dans les pays pauvres comme dans les Etats développés, la question de l’immigration constitue un véritable enjeu social, démographique, économique et sociétal. La France n’échappe pas à la règle. Si les responsables politiques ne peuvent faire abstraction de la perception qu’en ont les citoyens, c’est d’abord à l’aune des réalités, complexes et diverses, qu’ils doivent raisonner et décider.
    Ainsi débattre de l’immigration en France en s’appuyant sur la situation hors norme de Mayotte, comme le fait depuis des années le Rassemblement national, relève-t-il de l’absurdité et de la manipulation politique. C’est pourtant ce qu’ont fait les députés en adoptant, jeudi 6 février, une proposition de loi portée par la droite et l’extrême droite et soutenue par le gouvernement réformant le droit du sol dans ce département de l’océan Indien. Un texte considéré par ses promoteurs comme un premier pas vers une remise en question du droit du sol sur l’ensemble du territoire.
    Depuis la loi Collomb de 2018, une dérogation à la législation nationale restreint la possibilité de devenir français à la naissance pour les enfants nés à Mayotte de deux parents étrangers. Ce texte exige que l’un des parents ait, au jour de la naissance, été présent de façon régulière en France depuis trois mois. La proposition de loi introduite par Les Républicains élargit cette exigence aux deux parents et étend à un an la durée de la présence régulière. Jeudi, dans la confusion, des députés de gauche ont voté par inadvertance un amendement d’extrême droite qui l’allonge même à trois ans.
    Or le texte de 2018, jamais évalué, ne semble pas avoir eu d’effet sur l’immigration. Depuis son adoption, le nombre d’enfants nés à Mayotte de parents étrangers n’a cessé d’augmenter. La population a doublé en vingt ans, et les trois quarts des naissances viennent de femmes étrangères.
    Les causes de cette configuration hors du commun sont connues : un simple bras de mer sépare le département français des Comores, l’un des Etats les plus pauvres du monde, géré par un régime autoritaire et corrompu. Cette situation, issue d’une décolonisation manquée, opère à la manière d’un puissant aimant pour l’immigration. L’afflux de femmes fuyant la misère aux Comores et qui accouchent à Mayotte aggrave les déséquilibres sociaux immenses, encore alourdis depuis le cyclone Chido, en décembre 2024. Mais qui peut croire que des obstacles à la future acquisition de la nationalité française par un enfant à naître – possible seulement à partir de l’âge de 13 ans – peuvent dissuader celles qui sont en quête d’une vie meilleure ? La dramatique équation de Mayotte relève de discussions géopolitiques et de politiques sociales, non de mesures juridiques sur la nationalité.
    François Bayrou lui-même a alimenté la confusion en se référant à l’archipel pour évoquer la question migratoire en général. Il a instrumentalisé ce sujet en parlant de « sentiment de submersion », empruntant le vocabulaire de l’extrême droite. M. Bayrou a certes exclu d’étendre à la métropole la réforme du droit du sol adoptée pour Mayotte. Mais, en appelant de ses vœux, vendredi 7 février sur RMC, « un débat public plus large » sur l’appartenance à la communauté nationale, il tombe dans le double piège qui consiste à considérer Mayotte comme un laboratoire et à confondre politique d’immigration et « identité nationale ». Avec, pour corollaire, le risque de mener à l’inacceptable : le démantèlement du droit du sol, principe qui, depuis 1889, fonde le système républicain d’intégration basé sur la naissance, une certaine durée de présence et la scolarisation des enfants d’étrangers.

    #Covid-19#migrant#migration#france#mayotte#politiquemigratoire#droitdusol#submersion#droit#sante

  • « Sentiment de submersion » migratoire : « En désavouant l’Insee, François Bayrou participe à saper l’autorité de son administration »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/04/sentiment-de-submersion-migratoire-en-desavouant-l-insee-francois-bayrou-par

    « Sentiment de submersion » migratoire : « En désavouant l’Insee, François Bayrou participe à saper l’autorité de son administration »
    Tribune
    Emmanuel Didier Sociologue
    En affaiblissant publiquement l’Insee à Mayotte et en évoquant un « sentiment de submersion », François Bayrou dévalorise les méthodes d’une institution publique experte et légitime pour les remplacer par des chiffres − relayés par Marine Le Pen − qui ne s’appuient que sur des intérêts partisans, estime le sociologue Emmanuel Didier, dans une tribune au « Monde ».
    Le recensement de Mayotte se trouve aujourd’hui au cœur d’une controverse. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a annoncé qu’au 1er janvier 2024 le nombre des Mahorais était proche de 320 000. Les élus locaux n’y croient pas et le contre-chiffre de 500 000 circule. Dans ces échanges, le premier ministre, François Bayrou, remet en cause les résultats de l’Institut. Il affirme : « Pour l’instant, il n’y a pas de recensement fiable à Mayotte. » Qu’en penser ?
    Dès la départementalisation, les habitants de Mayotte se sont intéressés aux statistiques par lesquelles l’Etat les dénombre. Ils ont milité pour que les méthodes utilisées par l’Institut de statistique soient les mêmes que celles de la métropole, considérant que pour être un département à part entière il doit être quantifié de la même façon que les autres.
    Le recensement, qui fournit une information cruciale car la dotation budgétaire versée par l’Etat aux communes en dépend, n’a pas échappé au débat. Les élus locaux militaient pour que l’ancienne méthode de l’Insee consistant à mener une opération unique tous les cinq ans au mieux soit remplacée par la méthode tournante, qui est utilisée en métropole depuis 2004 et qui permet de fournir des données actualisées à un rythme annuel. C’est cette méthode qui est à l’œuvre sur le terrain depuis 2021 à Mayotte.
    Pourtant, les édiles et la population restent convaincus qu’il y a plus de résidents que ce qu’a compté l’Insee. D’une part, ils accusent le recensement − qui repose d’abord sur un dénombrement des logements puis des habitants de ces logements − de ne pas parvenir à cartographier les « bangas », ces habitations non dures et peu stables. D’autre part, ils critiquent l’abîme entre les structures institutionnelles et métropolitaines, qu’incarne l’Insee, et la vie réelle de Mayotte, où les structures sociales et la conception de la famille sont très différentes.
    Enfin, la signification attribuée au chiffre avant même sa publication est contradictoire. S’il est élevé, il est jugé bon, car il sera accompagné d’importantes subventions, mais, dans le même temps, il est jugé mauvais, car il confirme le « sentiment de submersion » dont parle le premier ministre. Cette contradiction interne complique l’appréhension du chiffre par le public.De façon générale, dans les situations de crise profondes, la statistique peine toujours à s’imposer. Ainsi, il n’y a jamais eu de débats plus acrimonieux sur le chiffre du chômage qu’au début de la Grande Dépression aux Etats-Unis. En effet, une crise bouleverse les cadres habituels par lesquels la société se perçoit elle-même et sur lesquels la statistique ne peut manquer de s’appuyer, par exemple pour repérer et identifier un chômeur hier, un migrant aujourd’hui. Ainsi, le sentiment local est que dans le chaos de la crise mahoraise se logent beaucoup plus d’individus que ceux que l’Insee a pu dénombrer.
    En réponse, les édiles avancent des chiffres alternatifs, bien qu’ils ne reposent sur aucune méthode. Un premier contre-chiffre de 400 000 a circulé, puis Marine Le Pen est montée jusqu’à 500 000. Ce faisant, elle fait miroiter de substantielles subventions aux élus locaux tout en stigmatisant les migrants ; et elle relaye un sentiment partagé mais qu’aucune enquête n’appuie pour s’opposer à l’Insee, une institution publique experte et légitime. Techniquement, elle se comporte donc en populiste. Notons, en outre, qu’en faisant monter les enchères elle ajoute au chaos et fragilise donc encore la réception sereine des chiffres.
    Dans ce contexte, on comprend le but politique de la tirade de François Bayrou sur le « sentiment de submersion » ; il veut aussi être entendu et apprécié des habitants de Mayotte. Mais sait-il qu’en désavouant les statisticiens experts de son administration il marche dans les pas de Donald Trump ?En effet, en 2020, lors du recensement décennal américain, celui qui était dans son premier mandat présidentiel avait essayé d’imposer une règle selon laquelle seuls les nationaux devaient être comptés pour mesurer la population légale, à l’exclusion des étrangers. Le coup politique était double : il stigmatisait les migrants encore une fois et, s’il parvenait à convaincre, il affaiblissait les élus démocrates dans les comtés où vivent plus d’étrangers et dont les subventions fédérales auraient baissé ipso facto. Le coup n’a cependant pas porté : la Cour suprême a défendu le bureau du recensement en réaffirmant que les étrangers devaient bien sûr être recensés. Trump a donc utilisé l’autorité de sa fonction pour tenter de manipuler les méthodes statistiques dans un sens partisan.
    Regretter cette attaque de l’Institution statistique par le gouvernement ne signifie pas que l’Insee soit indiscutable. Au contraire, il arrive souvent, et c’est heureux, que ses méthodes et ses résultats soient remis en cause. Ce fut le cas, par exemple, après le passage à la monnaie unique. L’indice des prix mesuré par l’Insee était alors très différent de l’indice perçu par la population qui se sentait appauvrie. Un long débat eut lieu, qui se termina par une reprise de confiance de la population envers l’Institution. Aujourd’hui, l’Insee échange régulièrement avec les représentants mahorais. Insistons dans ce sens sur le rôle nouveau mais capital du Conseil national de l’information statistique, qui sert à institutionnaliser dans un cadre démocratique les débats entre les producteurs et les utilisateurs des chiffres.
    L’Insee n’est donc pas indiscutable et peut être remise en cause, en particulier par la population, dans un cadre démocratique. Mais que le gouvernement prenne le risque de l’affaiblir publiquement est très problématique, surtout dans une situation où il n’y a pas de chiffre alternatif sérieux. Il dévalorise alors une entité qui a établi des méthodes, des pratiques, des compétences rares qui lui donnent toute son autorité, pour remplacer ses conclusions par des chiffres qui ne s’appuient que sur des intérêts partisans, c’est-à-dire des « fake news ». Il est regrettable que dans une situation où nous avons tant besoin de faits le gouvernement lui-même prenne le risque de les saper. Son autorité ne doit pas servir à plier une mesure statistique au service de la mesure politique qu’il s’apprête à prendre. Il serait plus sage de laisser se dérouler, sans interventionnisme, les discussions déjà entamées entre l’Institution légitime et les populations mahoraises.
    Emmanuel Didier est sociologue, directeur de recherche au CNRS, professeur attaché à l’Ecole normale supérieure-PSL, directeur de l’Institut Santé numérique en société. Il est l’auteur du livre En quoi consiste l’Amérique ? Les statistiques, le New Deal et la démocratie (éditions La Découverte, 2009).

    #Covid-19#migrant#migration#france#immigration#submersion#insee#statistique#mayotte#recensement#sante

    • Et sinon, les données issues des téléphones - ou bientôt de StarLink à #Mayotte :-( merci le Buyroux muské.

      @colporteur parle ici
      https://seenthis.net/messages/1097204 de méthode alternative (basée sur des données de Orange opérateur privé) d’évaluation des flux et des volumes de population en métropole. Pas de critique de la critique implicite des méthodes de l’INSEE dans cet article cependant.

  • François Bayrou et la « submersion » migratoire : « Aller sur le terrain de l’adversaire est toujours une capitulation »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/01/30/francois-bayrou-et-la-submersion-migratoire-aller-sur-le-terrain-de-l-advers

    François Bayrou et la « submersion » migratoire : « Aller sur le terrain de l’adversaire est toujours une capitulation »
    Solenn de Royer
    Il persiste et signe. Par deux fois depuis son émission de lundi soir sur LCI, le premier ministre a assumé le mot de « submersion » migratoire, qui suscite, depuis, la consternation des socialistes et d’une partie de son camp. « Ce ne sont pas les mots qui sont choquants, [ce sont] les réalités », a insisté François Bayrou, mardi, à l’Assemblée nationale, où il a maintenu que « le mot de submersion est celui qui est le plus adapté ». Mercredi, devant les sénateurs, il a invité les parlementaires à « reconstruire ensemble » un modèle d’« intégration, en panne » sans se dédire du terme de « submersion », régulièrement utilisé à l’extrême droite, de Marine Le Pen à Eric Zemmour.
    Depuis deux jours, les exégètes rivalisent d’hypothèses pour tenter de comprendre les intentions du centriste, qui ne peut être suspecté de la moindre complaisance à l’endroit du Rassemblement national (RN). La maladresse peut difficilement être plaidée, tant cet agrégé de lettres classiques choisit toujours ses mots avec un soin pointilleux. Certains évoquent une simple posture tactique : pour ne pas être renversé, le premier ministre doit composer avec des députés allant du Parti socialiste au RN. Et alors qu’il s’apprête à faire de nombreuses concessions à la gauche sur le fond (sur LCI, il a exclu le recours au référendum sur l’immigration, refusé la suppression de l’aide médicale d’Etat tout comme la remise en cause du droit du sol, sauf à Mayotte), le mot « submersion », qui reprend les gimmicks de Jean-Marie Le Pen, aurait été un moyen subliminal pour s’attirer les bonnes grâces du RN, voire celles de l’opinion. Ni bourde, ni tactique, défendent a contrario ses soutiens, qui plaident l’« empathie » du premier ministre avec « les gens » qu’il rencontre, à Pau ou ailleurs, et qui lui ont souvent confié leurs inquiétudes sur le sujet.
    Qu’importe, au fond. En reprenant à son compte la rhétorique de l’extrême droite, François Bayrou valide son constat anxiogène et donc lui donne le point, alors que selon l’Insee, la population étrangère vivant en France s’élevait en 2023 à 5,6 millions de personnes, soit 8,2 % de la population totale, contre 6,5 % en 1975. Ce n’est pas la première fois que les macronistes ou ses alliés ont recours aux mots de l’extrême droite, de l’« ensauvagement » (Gérald Darmanin) aux « Français de papier » (Bruno Retailleau).
    En 2019, dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles, Emmanuel Macron avait lui-même fustigé les associations venant en aide aux migrants, les taxant de « droits-de-l’hommistes ». En 2023, il avait évoqué un supposé « processus de décivilisation », ce qui avait contraint l’Elysée à démentir toute référence à l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus, auteur du livre Décivilisation (Fayard, 2011) et à l’origine de la théorie du « grand remplacement ». En pleine campagne législative, en juin 2024, le président de la République avait critiqué le programme « immigrationniste » de la gauche unie.
    Peut-on reprendre la rhétorique d’un adversaire pour mieux le combattre ? Le 1er octobre 2022, l’écrivain Giuliano da Empoli avait été convié à Matignon. Devant les conseillers de la première ministre Elisabeth Borne, il avait posé la question : aller sur le terrain du populisme aide-t-il à faire barrage à celui-ci ou contribue-t-il à le banaliser ? En d’autres termes, comme il l’écrit dans son livre Les Ingénieurs du chaos (JC Lattès, 2019), adopter « les éléments d’un style de communication populiste » constitue-t-il « l’ébauche d’un antidote possible au chaos national-populiste, ou bien, au contraire, un piège destiné à accroître le taux de populisme chaotique dans l’atmosphère » ? Da Empoli avait expliqué que l’ex-président du conseil des ministres italien Matteo Renzi, dont il fut le conseiller politique, avait eu recours au « populisme de gouvernement », afin que les thèmes populistes ne soient pas enfourchés par d’autres. Mais il avait reconnu que cette tentative s’était soldée par un échec. Six ans plus tard, l’extrême droite arrivait au pouvoir en Italie.
    En France, fin 2023, les macronistes ont voté un projet de loi sur l’immigration qui, sous la pression de la droite et de l’extrême droite, visait à introduire le principe de « préférence nationale » dans l’accès à certaines prestations sociales, avant de se voir censuré en partie par le Conseil constitutionnel. Consterné par cette séquence politique, un ancien conseiller de François Hollande à l’Elysée avait alors confié s’être replongé dans le livre du journaliste allemand Sebastian Haffner, Histoire d’un Allemand (Actes Sud, 2003), qui décrit l’engrenage fatal ayant permis la montée du nazisme. Devenu chancelier au printemps 1930, Heinrich Brüning, issu du centre, avait pris des mesures de plus en plus dures et liberticides, pensant paradoxalement « défendre la République » contre l’irrésistible ascension d’Hitler.
    « Mais les républicains commençaient peu à peu à se demander, et on les comprend, ce qui leur restait à défendre », écrit Haffner, présentant un système « qui décourage ses propres adeptes, sape ses propres positions, se montre incapable d’opposer à la propagande ennemie une défense sur les idées, et abandonne l’initiative à ses adversaires ». Ce qui permet à ces derniers de capitaliser : aux législatives de l’automne 1930, les nazis passaient de 12 mandats à 107. « Ce fut une époque où seule la perspective d’un avenir d’épouvante tempérait la tristesse du présent », résume l’auteur.
    Les époques sont évidemment très différentes, les enjeux aussi, tout comme les protagonistes. Bref, comparaison n’est pas raison. Mais ce témoignage sur l’Allemagne des années 1930 décortique de manière implacable les mécanismes qui, s’enchaînant l’un après l’autre, préparent insidieusement les conditions de l’avènement du pire. « Les macronistes sont persuadés qu’en parlant comme le RN ils lui font barrage, mais au contraire, ils le consacrent », constate amèrement l’ex-président de la commission des lois et député de la Vienne Sacha Houlié, qui a rompu avec Renaissance depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, en juin 2024. Au lendemain du vote sur la loi « immigration », même l’ex-président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, qui a rejoint depuis les rangs de l’extrême droite et joue avec les codes populistes (il a arboré récemment la tronçonneuse du président argentin, Javier Milei, symbole de sa campagne contre les dépenses publiques), reconnaissait mezza voce que ce texte ouvrant un débat sur la préférence nationale avait conforté l’extrême droite. En 2024, le parti créé par Jean-Marie Le Pen a obtenu 143 députés, contre 89 en 2022 et 8 en 2017.
    Aller sur le terrain de l’adversaire est toujours une capitulation. Chaque incursion fait sauter une digue, provoque un dangereux effet cliquet. En Allemagne, mercredi, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) a fait tomber le cordon sanitaire contre l’extrême droite, en faisant passer avec son appui une résolution visant à restreindre drastiquement l’immigration irrégulière. Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, un parti démocratique accepte ainsi le soutien de l’extrême droite (dont plusieurs figures ont banalisé le nazisme au cours des dernières années), alors que, le jour même, le Parlement allemand rendait hommage aux victimes de la Shoah. A trois semaines des législatives, les conservateurs allemands espèrent ainsi couper l’herbe sous le pied au parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), qui a le vent en poupe, soutenu par le milliardaire et conseiller spécial de Donald Trump Elon Musk. Mais ce vote a, au contraire, suscité l’euphorie du parti d’Alice Weidel, candidate de l’AfD à la chancellerie, qui y voit « un moment historique », l’ouverture d’une « nouvelle ère », « une victoire pour la démocratie ».
    En France, l’extrême droite s’est, elle aussi, félicitée d’une nouvelle « victoire idéologique » après l’emploi du mot « submersion » par le premier ministre. « Entre submersion et grand remplacement, il y a une feuille de cigarette », a semblé se réjouir, mardi sur CNews, le présentateur vedette de la chaîne de Vincent Bolloré, Pascal Praud, quand Marine Le Pen, mercredi sur LCI, a rappelé qu’en effet le RN utilisait ce mot très souvent, comme « des millions de Français », car cette submersion migratoire « n’est pas un sentiment mais une réalité ».

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  • "Aucun indicateur ne donne raison à #François_Bayrou sur une prétendue submersion migratoire", selon le démographe #François_Héran

    Selon François Héran, professeur au Collège de France, démographe, spécialiste de l’immigration, les déclarations du Premier ministre français sur un « sentiment de #submersion_migratoire » sont infondées. La France, au regard des indicateurs démographiques, accueille sur son sol peu d’immigrés - comparée à d’autres pays européens.

    Le Premier ministre François Bayrou a soulevé l’indignation d’une partie de la classe politique en affirmant lundi soir que la France « approch[ait] » d’un « sentiment de submersion en matière d’immigration ». L’utilisation du mot « #submersion » - peu anodin - fait partie du vocable du Rassemblement national. Loin de se défendre de ce parallèle avec l’extrême droite, François Bayrou a réitéré ses propos le lendemain à l’Assemblée nationale en les restreignant toutefois à #Mayotte et à certains autres départements.

    Pour le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), Didier Leschi, le terme est impropre et maladroit. « Il n’y a pas de submersion migratoire, mais il y a des endroits où la concentration d’immigration pose des problèmes sociaux importants qu’il faut arriver à résoudre », a-t-il affirmé.

    Alors le terme est-il exagéré ?

    Selon les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), oui. En 2023, l’#Insee considérait que la population étrangère vivant en #France s’élevait à 5,6 millions de personnes, soit 8,2 % de la population totale, contre 6,5 % en 1975. Les étrangers représentent donc une large minorité. De plus, cette hausse n’a rien d’étonnant - elle se constate dans tous les pays développés.

    « L’immigration n’est pas incontrôlée »

    « L’immigration est perçue comme incontrôlée, comme un problème à résoudre, alors que c’est un phénomène démographique normal », expliquait déjà en septembre à InfoMigrants Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
    « La population mondiale augmente et donc il y a de plus en plus d’immigrés et les immigrés ont tendance à aller de plus en plus vers les pays de l’OCDE ».

    C’est aussi l’avis de François Héran, sociologue et démographe, professeur au Collège de France. « Aucun indicateur ne donne raison à François Bayrou sur une prétendue submersion migratoire », déclare-t-il à InfoMigrants. « Il y a une montée de l’immigration, oui, mais elle est modérée. C’est une poussée continue, pas exponentielle, une augmentation linéaire » qui a cours partout dans les pays développés de la planète.

    « En réalité, poursuit-il, l’immigration progresse au même rythme depuis des années, que ce soit sous les mandats de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Emmanuel Macron. Rien ne sert de pointer du doigt le précédent président en dénonçant son bilan migratoire, cette augmentation n’a rien à voir avec les politiques françaises ».

    « Nous sommes dans le bas du tableau »

    Surtout, rappelle François Héran, la France accueille peu d’immigrés sur son sol au regard des autres pays européens. Selon une moyenne établie par l’OCDE, seul 1 % d’étrangers supplémentaires s’installent chaque année - pendant un an au moins - dans un pays riche (voir tableau ci-dessous).

    « La France est bien en dessous de cette moyenne : elle est à 0,5 %. Devant nous, il y a l’Allemagne à 0,6 %, la Suède à 0,8 %, l’Espagne à 1 %, la Belgique à 1,1 %, le Portugal à 1,2 %… Nous ne sommes pas en tête du tableau, mais plutôt dans les derniers ».

    Et de continuer en citant d’autres indicateurs. « Selon Eurostat aussi, la France n’est pas le pays le plus accueillant. Elle a une proportion de 13 % d’immigrés dans sa population totale [c’est à dire des étrangers, européens ou non, installés depuis au moins un an dans un autre pays que celui de leur naissance, ndlr] mais le Luxembourg est à un taux de 49 %, Malte de 23 %, l’Allemagne de 18 %… Là encore, nous ne sommes pas en tête du classement », ajoute François Héran.

    Même la référence à Mayotte du Premier ministre ne semble pas convaincre le démographe. « Oui, il y a une concentration forte d’immigrés dans certains territoires, comme à Mayotte, ou en Ile-de-France, ou dans certaines régions frontalières françaises. Mais si ces arrivées peuvent créer, je dirais, une émotion, elles ne correspondent pas à une submersion au regard des chiffres pris dans leur globalité ».

    À Mayotte, pour rappel, les autorités françaises exécutent de nombreuses expulsions vers les Comores voisines. En 2023, environ 24 000 reconduites à la frontière ont été effectuées, contre un peu plus de 25 000 l’année précédente, et 24 000 en 2021, selon les chiffres de la préfecture. Des chiffres plutôt stables et qui concernent aussi - dans une petite proportion - les Africains de la région des Grands lacs.

    Un sentiment « d’invasion » qui s’est installé dans les années 2000

    Reste que cette augmentation « continue » de l’immigration dans les pays riches donne du grain à moudre à certaines théories, notamment celle du « #grand_remplacement ». Cette théorie repose sur l’idée xénophobe que la population française serait peu à peu remplacée par une autre, en l’occurrence les populations africaines et les musulmans.

    Malgré la réalité des chiffres, les déclarations de François Bayrou résonnent comme une ouverture politique à l’extrême droite et elles dérangent une large partie de la classe politique à gauche. « Ce n’est pas avec un mot comme ça » que la « dynamique électorale du RN (...) sera cassée », a estimé sur LCI le politologue Jean-Yves Camus.

    La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet n’aurait, elle, « jamais tenu ces propos » qui la « gênent ». « On parle d’hommes et de femmes, de notre pays, la France qui, par son Histoire, par sa géographie, par sa culture, a toujours accueilli et s’est construite avec cette tradition ».

    https://www.infomigrants.net/fr/post/62526/aucun-indicateur-ne-donne-raison-a-francois-bayrou-sur-une-pretendue-s
    #migrations #statistiques #chiffres #fact-checking #idées_reçues #afflux #invasion #stéréotypes #mots #vocabulaire

    ping @karine4

    • La « submersion migratoire » ne correspond à aucune réalité scientifique

      Le premier ministre a évoqué, lundi 27 janvier sur LCI, le « sentiment de submersion » généré par l’immigration. Des propos qu’il a réitérés et assumés le lendemain, au sein de l’Assemblée nationale, indignant la gauche. Pourtant, les chiffres et les études sur le sujet démentent clairement cette idée. Entretien avec Tania Racho, spécialiste des questions relatives aux droits fondamentaux.

      Ce concept de submersion migratoire est-il fondé sur des données étayées par la recherche et des données institutionnelles sur les migrations ?

      Tania Racho : La réponse est non. En France, la population immigrée (les personnes nées à l’étranger et vivant en France) est de 10,7 %. Si on décompte parmi ces immigrés les personnes ayant la nationalité française, on arrive à 8,2 % des habitants sur le territoire national.

      Notons que, parmi ces 8,2 %, il y a à peu près 3,5 % d’Européens. Or souvent, derrière le mot étranger, on pense à des non-Européens qui ne représentent finalement que 6 % de la population française.
      Immigrés arrivés en France en 2022 selon leur continent de naissance

      La France est loin d’être le pays le plus accueillant en Europe pour les étrangers ou dans le monde d’ailleurs. En comparaison, c’est 15 % de la population américaine qui est immigrée, et 16 % en Suède.

      Derrière ces chiffres, il y a de nombreux statuts différents qui distinguent les étrangers. On parle souvent des primo-arrivants dans le discours politique. Or, ces arrivées sont relativement stables, avec à peu près 300 000 personnes par an. Parmi elles, un tiers sont des étudiants qui ont vocation à ne pas rester, un autre tiers correspond à l’immigration familiale. Le dernier tiers se décompose en immigration de travail et titres de séjour humanitaire délivrés pour les réfugiés.

      Il faut aussi prendre en compte le solde migratoire (ou accroissement migratoire) qui est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur un territoire (immigrants) et le nombre de personnes qui en sont sorties (émigrants). En 2023, le solde positif n’est que de 183 000 personnes.

      Est-ce que ces arrivées ont augmenté ?

      T.R : Les arrivées ont effectivement augmenté ces dix dernières années : en 2010 il y avait 8,5 % d’immigrés et en 2023 c’était 10,7 %. Par exemple, en 2010, on comptait 200 000 premiers titres de séjours délivrés, tandis qu’en 2023 c’est 300 000 : l’immigration a donc augmenté. Cela est lié à une dynamique globale : le phénomène de déplacement est plus important dans le monde, qu’il s’agisse d’une immigration organisée (étudiants, travailleurs, accords d’échanges entre pays) ou des déplacements forcés liés aux conflits. Lorsqu’une guerre éclate ou un conflit civil, les populations quittent leurs habitations le plus souvent pour un endroit proche, parfois dans le même pays.

      Lorsque le déplacement forcé implique de quitter son pays, il se traduit par une demande d’asile : il y en a eu 160 000 en 2023 en France. Le taux moyen de protection, c’est-à-dire la reconnaissance de statuts de réfugiés, se situe autour de 40 %. Les personnes concernées bénéficient alors d’un titre de séjour humanitaire, en tant que réfugiés. 60 000 personnes ont obtenu ce titre de séjour en 2023. En tout, il y a un peu plus de 500 000 réfugiés en France.

      Quid des personnes en situation irrégulière ?

      T.R : On ne connaît pas le chiffre exact correspondant à cette situation, mais une projection fondée sur les demandes d’aide médicale d’État (AME) nous permet d’évaluer leur nombre aux environ de 700 000 personnes. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’il n’y a eu que 30 000 régularisations de personnes en situation irrégulière en 2023 (comptées dans les premières délivrances de titres) dont un tiers par le travail et les deux tiers restants pour des situations familiales, ce qui est assez faible, en comparaison des 900 000 régularisations annoncées par l’Espagne par exemple.

      L’augmentation des arrivées justifie-t-elle le terme de « submersion » ?

      T.R : Encore une fois, non, avec 8,2 % d’étrangers en France et une augmentation des arrivées qui reste relative. D’ailleurs, le discours du premier ministre se situait selon lui au niveau du « ressenti » – il a parlé de « sentiment de submersion ».

      Mais ce sentiment ne correspond pas à la réalité, tout comme l’idée d’un « grand remplacement » ne repose sur aucune réalité. Ce concept vient de Renaud Camus, un penseur d’extrême droite qui a repris une étude des Nations unies des années 2000 indiquant que l’absence d’immigration poserait de grandes difficultés démographiques pour l’Europe et donc que l’immigration était nécessaire !

      Comment comprendre la persistance des discours politiques ou des sondages attestant de ce « sentiment » qu’il y a trop d’étrangers ?

      T.R : Ce qui est certain, c’est que les Français ont tendance à surestimer la population étrangère (23 % au lieu de 8,2 %), ce qui rejoint cette idée de sentiment de submersion mais qui n’est pas réel.

      Selon le démographe François Héran, cette mixité s’est effectivement renforcée depuis les années 1970. Il parle « d’infusion durable » avec un tiers des Français qui ont un parent ou un grand-parent immigré, ce qui laisse le temps de l’intégration. Il considère que « près d’un Français sur quatre a au moins un grand-parent immigré, ce qui permet un brassage diffus et évite un certain nombre de conflits. »

      Mais la surmédiatisation de certaines situations de migration a un impact important sur l’opinion. Par exemple, les personnes qui arrivent en situation irrégulière aux frontières de l’Union européenne, peuvent donner le « sentiment » que des flots de migrants débarquent en Europe.

      Dix mille ersonnes à Lampedusa c’est impressionnant, mais c’est une goutte d’eau à l’échelle européenne. D’ailleurs, les arrivées en bateau sont en baisse en 2024 par rapport à 2023. Dans l’ensemble, les personnes qui arrivent illégalement en Europe n’étaient que 355 000 personnes en 2023. Cela ne représente que 0,07 % de la population européenne.

      Quelle est votre conclusion sur cette polémique déclenchée par François Bayrou, mais qui s’inscrit dans une série déjà longue ?

      T.R : C’est le signe inquiétant d’une distanciation des personnalités politiques avec la réalité chiffrée et celle des études, de la recherche.

      https://theconversation.com/la-submersion-migratoire-ne-correspond-a-aucune-realite-scientifiqu

    • Immigration : les chiffres qui réfutent « la submersion migratoire »

      Toutes les données chiffrées indiquent que la France ne fait aucunement face à une immigration démesurée. Bien au contraire, de nombreux pays, en Europe et dans le monde, accueillent bien plus d’étrangers que l’Hexagone.

      En évoquant, fin janvier, à la télévision puis devant les députés, un prétendu « sentiment de submersion » migratoire, le premier ministre, François Bayrou, s’appuie sur une réalité : la surestimation de la proportion d’étrangers en France, par la population.

      La dernière étude d’Eurostat à ce sujet indique une différence de 15 points entre le pourcentage réel du nombre d’immigrés en France et celui estimé par les Français. En moyenne, au sein de l’Union européenne, la population pense « accueillir » 3,4 fois plus d’étrangers qu’il y en a en réalité et, selon cette même étude, la principale cause de cette surestimation est le fait du discours médiatique et de la crainte entretenue des immigrés sur le marché du travail.
      Le fantasme d’une immigration démesurée

      Le premier ministre connaît ces chiffres. C’est donc sciemment qu’il choisit de mener une politique migratoire davantage basée sur un « sentiment » que sur des données chiffrées.

      En réalité, la France est loin d’être confrontée à une immigration démesurée et non maîtrisée. Les personnes nées à l’étranger et vivant en France représentent 10,7 % de la population. Si on soustrait de ce pourcentage de personnes immigrées celles qui ont la nationalité française, on parvient à un taux de 8,2 % des habitants sur le territoire national.

      Parmi eux, 3,5 % sont des Européens. Les étrangers non européens ne représentent finalement que 6 % de la population française. On est bien loin du « grand remplacement » prédit par les pseudo-prophètes d’extrême droite auxquels François Bayrou a décidé de donner du crédit.

      La France est, par ailleurs, loin d’être le pays le plus accueillant. Les personnes nées à l’étranger représentent 15 % de la population aux États-Unis et 16 % en Suède, soit le double de la France.
      Spéculations sur les immigrants en situation irrégulière

      Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, 326 954 premiers titres de séjour ont été délivrés en 2023 par la France. Un chiffre stable par rapport aux années précédentes. Parmi ces « primo-arrivants », un tiers sont des étudiants qui, pour la plupart, repartiront après leurs études, 60 000 sont des réfugiés, accueillis dans un cadre humanitaire, et environ 40 000 sont issus d’une immigration de travail. Le dernier tiers correspond à de l’immigration familiale.

      Les prédicateurs xénophobes répondent généralement à ces réalités chiffrées par le fantasme d’un déferlement d’immigrés en situation irrégulière. En réalité, leur nombre exact n’est connu de personne. Mais, en s’appuyant sur l’enregistrement des demandes d’aide médicale d’État, on peut l’évaluer aux environ de 700 000 personnes.

      Un chiffre bien en dessous des 900 000 régularisations annoncées par l’Espagne quand la France, elle, n’en a, par ailleurs, effectué que 30 000 en 2023. Plus largement, les personnes arrivant illégalement en Europe n’étaient, selon l’agence Frontex, que 355 000 en 2023. C’est-à-dire 0,07 % du total de la population européenne. En clair, ceux qui parlent de « submersion migratoire » sont des menteurs.

      https://www.humanite.fr/societe/gouvernement-bayrou/immigration-les-chiffres-qui-refutent-la-submersion-migratoire

    • Inondations : nous payons les héritages de décennies d’#incurie

      Les inondations de Valence ont déchaîné les #climatosceptiques. Les mêmes qui s’opposaient aux restrictions d’urbanisation en zone inondable et au zéro artificialisation nette s’improvisent anti-« béton » pour nier l’impact du #changement_climatique au nom du « bon sens ». Mais depuis 40 ans, l’exposition et la vulnérabilité ont augmenté et les catastrophes se succèdent. Nous le résultat de 30 ans d’inaction climatique.

      La catastrophe résulte toujours de la conjugaison de 3 éléments :

      - Un phénomène physique, l’#aléa (ici #submersion)
      – Des personnes et des biens exposés
      - Des facteurs individuels ou collectifs, conjoncturels ou structurels, qui rendent vulnérable au choc avant et pendant la crise.

      La submersion (inondation) résulte elle-même d’une combinaison de mécanismes : l’#eau peut venir du ciel (#précipitations), des #nappes_phréatiques, de la #mer, d’un #cours_d’eau lui-même alimenté par la pluie, la fonte des neiges ou de la rupture d’un barrage.

      Hors submersion marine, une inondation est étroitement liée au #ruissellement. En effet, lorsqu’il pleut, l’eau s’infiltre dans le sol. La partie qui n’est pas absorbée ruisselle et va rejoindre les cours d’eau qui vont l’évacuer vers la mer.

      Plusieurs facteurs peuvent naturellement limiter l’infiltration :

      - Le #gel
      – Un sol très sec ou au contraire détrempé
      – Un sol sans végétation (rôle des racines)
      - Un sol naturellement imperméable (argileux par exemple)

      voir : https://theconversation.com/en-france-les-pluies-de-mai-permettront-elles-de-mieux-affronter-la

      L’homme peut aussi imperméabiliser artificiellement les sols :

      - #bitumes, #béton, #toitures (y compris les #serres), etc.
      - manière de travailler le #sol agricole
      - #déboisement des versants
      - #busage des #drains_d’évacuation
      - modification de la #pente des versants

      Le ruissellement crée des #écoulements_de_surface qui sont aussi modifiés par les #aménagements (remblais pour des routes ou voies ferrées, etc). De plus, les #cours_d’eaux sont endigués, creusés, rectifiés, détournés, etc. avec un impact sur la vitesse et la hauteur d’eau.

      Dans les espaces urbanisés, l’eau de pluie est récupérée par des réseaux d’eaux pluviale pour éviter l’inondation des chaussées. En cas de forte pluie ou d’inondation des chaussées, ce réseau est insuffisant. Et devient lui-même un facteur d’inondation.

      En ville, d’autres #réseaux_souterrains (eau potable, tunnels, etc.) forment un #réseau_hydrographique_artificiel. En cas d’inondation à la surface, ils se remplissent d’eau, débordent à leur tour et inondent la ville.

      L’interruption de ces réseaux dits "critiques" paralyse en outre la gestion de crise. Ils peuvent être un facteur de #crise dans la crise. On a alors des aléas en cascade, avec des #effets_dominos, qui sont très redoutés par les gestionnaires.

      Par définition, l’urbanisation concentre les Hommes, les activités, les infrastructures. Elle accroît donc AUSSI l’exposition. La manière dont on construit la ville peut limiter l’#imperméabilisation (impact sur le ruissellement), pas l’exposition.

      L’exposition n’est pas un problème en soi si l’on agit sur la vulnérabilité : système de prévision et d’alerte, adaptation du bâti, utilisation de matériaux résistants, forme des bâtiments et morphologie de la ville, gestion de crise performante, évacuation, etc.

      Dans le cas d’épisodes méditerranéens, la #vitesse et la part d’#incertitude font que l’évacuation des populations est impossible et que la prévision a des limites. Il faut donc réduire l’exposition là où la vitesse et la hauteur d’eau sont fortes.

      Depuis des décennies, l’occupation des sols dans le bassin méditerranéen s’est concentrée dans des #zones_inondables. Depuis des décennies, les scientifiques alertent sur sur l’impact des activités humaines sur le ruissellement.

      En France, depuis des décennies, certains « responsables » politiques ont tout fait pour assouplir les #zonages des plans de prévention des risques. Cela a même été fait en toute légalité, malgré les combats des associations « écolo ».

      Alors oui, les épisodes méditerranéens ont toujours existé et oui, les sociétés du passé avaient su s’y adapter en construisant en hauteur notamment, au prix de lourdes pertes.

      Depuis 40 ans, l’exposition et la vulnérabilité ont augmenté et depuis 40 ans, les catastrophes se succèdent. Nous payons les héritages de décennies d’incurie. Et nous payons aussi le résultat de 30 ans d’inaction climatique.

      Car le changement climatique dope ces épisodes orageux. Et plus d’eau précipitée, c’est plus d’eau à évacuer. Quels que soient les plans d’adaptation, tant que la Terre se réchauffe, nous sommes condamnés à subir de plus en plus de #catastrophes.

      Malgré les progrès techniques, au-delà d’un certain niveau de réchauffement, ces territoires seront inhabitables.

      Seule l’atténuation, avec l’atteinte du net zéro émissions de CO2 stabilisera le réchauffement et permettra l’adaptation.

      https://blogs.mediapart.fr/magali-reghezza/blog/311024/inondations-nous-payons-les-heritages-de-decennies-d-incurie?at_acco

  • Elections européennes : Fabrice Leggeri, ex-directeur de Frontex, rejoint la liste du #Rassemblement_national

    L’ancien responsable de l’agence européenne chargée du contrôle des frontières avait démissionné en 2022, visé par une enquête disciplinaire de l’Office européen de lutte antifraude. « Nous sommes déterminés à combattre la #submersion_migratoire », a déclaré M. Leggeri au « Journal du Dimanche ».

    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/17/elections-europeennes-fabrice-leggeri-ex-directeur-de-frontex-rejoint-la-lis

    #élections_européennes #Leggeri #Fabrice_Leggeri #Frontex #extrême_droite #RN

  • #François_Héran : « A vouloir comprimer la poussée migratoire à tout prix, on provoquera l’inverse »

    Le professeur au Collège de France estime, dans une tribune au « Monde », que la #régularisation « au compte-gouttes » des étrangers prévue dans la loi adoptée le 19 décembre finira en réalité par accroître l’immigration irrégulière, tant l’offre et la demande de travail sont fortes.

    La #loi_sur_l’immigration votée mardi 19 décembre n’est ni de droite ni de gauche. Quoi qu’en dise le président de la République, elle a sa source à l’#extrême_droite. Lors des débats du mois de mars, les sénateurs Les Républicains (LR) avaient repris en chœur les formules outrancières du Rassemblement national (RN) :« #submersion_migratoire », « #chaos_migratoire », « #immigration_hors_de_contrôle », « #explosion » des demandes d’asile, etc. Or les #données disponibles, rassemblées par Eurostat et l’ONU, ne disent rien de tel. C’est entendu, en France, comme dans le reste de l’Occident libéral, la migration progresse depuis l’an 2000, de même que la demande de refuge, mais de façon linéaire et non pas exponentielle quand on fait la part de la pandémie de Covid-19 en 2020-2021.

    Comment peut-on soutenir que la #migration_familiale vers notre pays serait une « #pompe_aspirante » qu’il faudrait réduire à tout prix, alors qu’elle est en recul depuis dix ans à force d’être prise pour cible par les lois antérieures ? Au sein de ce courant, une faible part relève du « #regroupement_familial » stricto sensu, soit 14 000 personnes par an environ, conjoints ou enfants mineurs, réunis en vertu d’un droit qui n’a rien d’automatique, contrairement à une légende tenace. Mais l’#erreur la plus flagrante, celle qui alimente largement la nouvelle loi, consiste à vouloir priver les étrangers, selon les mots prononcés par Eric Ciotti, le patron des Républicains, à l’issue du vote, des avantages « du modèle social le plus généreux d’Europe, qui fait de la France la #destination_privilégiée pour les migrants ». Il s’agit là d’une #croyance jamais démontrée.

    Marchands d’#illusion

    Il ne suffit pas, en effet, de constater que tel dispositif d’#aide_sociale existant en France au bénéfice des migrants est sans équivalent à l’étranger ou affiche un montant supérieur, pour qu’on puisse en conclure que la France serait plus « attractive ». Ceci vaut pour tous les dispositifs visés par la loi : allocation pour demandeur d’asile, aide médicale d’Etat, aide au logement, droit du sol, accès à la naturalisation…

    La seule démonstration qui vaille consiste à examiner les « #préférences_révélées », comme disent les économistes, c’est-à-dire à vérifier si les demandeurs de séjour ou d’asile ont effectivement privilégié la France comme destination depuis cinq ou dix ans, dans une proportion nettement supérieure à celle de son poids démographique ou économique au sein de l’Union européenne. Or, il n’en est rien, au vu des données d’Eurostat rapportées à la population et à la richesse de chaque pays. La France réunit 13 % de la population de l’Union européenne et 18 % de son PIB, mais n’a enregistré que 5 % des demandes d’asile déposées en Europe depuis 2013 par les réfugiés du Moyen-Orient, et 18 %, pas plus, des demandes d’origine africaine. Comment croire qu’elle pourra durablement se défausser sur les pays voisins après la mise en œuvre du Pacte européen ? Les politiciens qui font cette promesse à l’opinion sont des marchands d’illusions.

    Trop de loi tue la loi. A vouloir comprimer la poussée migratoire à tout prix au lieu de la réguler de façon raisonnable, on provoquera l’inverse du résultat recherché. Loin de tarir l’afflux des immigrés en situation irrégulière, la régularisation au compte-gouttes finira par l’accroître, tant sont fortes l’offre et la demande de travail. On a beau multiplier les effectifs policiers aux frontières, les entrées irrégulières ne cessent de progresser, quitte à se frayer de nouvelles voies.

    S’il est heureux que la régularisation des travailleurs sans papiers ne dépende plus du bon vouloir de l’employeur, le renforcement des pouvoirs du préfet dans la décision finale va dans le mauvais sens. A l’heure actuelle, déjà, comme l’a rappelé un avis sur la loi de finances 2023, un tiers au moins des préfets n’utilisent pas la #circulaire_Valls sur les #admissions_exceptionnelles_au_séjour, par idéologie ou par manque de moyens. La nouvelle loi fera d’eux plus que jamais des potentats locaux, en creusant l’#inégalité_de_traitement entre les territoires. Dans son rapport de 2013 sur le « #droit_souple », le Conseil d’État avait salué la circulaire Valls, censée rapprocher les critères de régularisation d’une #préfecture à l’autre au profit de l’« #équité_de_traitement ». C’est le contraire qui s’est produit, et l’ajout de critères civiques n’atténuera pas le caractère local et subjectif des décisions.

    Le contraire du #courage

    On nous oppose l’#opinion_publique, la fameuse « attente des Français » véhiculée par les sondages. Faut-il rappeler que la #démocratie ne se réduit pas à la #vox_populi et à la « #sondocratie » ? Elle implique aussi le respect des minorités et le respect des #droits_fondamentaux. Les enquêtes menées avec rigueur sur des échantillons suffisamment solides révèlent que les opinions recueillies sur le nombre des immigrés, leur utilité ou leur comportement dépendent fortement des affiliations politiques : les répondants ne livrent pas des #constats mais des #jugements.

    Dès que les questions précisent les contextes et les situations, comme c’est le cas de l’enquête annuelle de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, les opinions se font plus nuancées, le niveau de tolérance augmente. Mais les recherches qui font état de ces résultats ne peuvent s’exposer dans les limites d’une tribune, et rares sont les quotidiens qui font l’effort de les exposer.

    Osera-t-on enfin porter un regard critique sur les formules magiques ressassées ces derniers mois ? La « #fermeté », d’abord, affichée comme une qualité positive a priori, alors que la fermeté n’a aucune #valeur indépendamment du but visé : de grands démocrates ont été fermes, mais de grands autocrates aussi. Il en va de même du « #courage », tant vanté par les LR (le projet de loi initial « manquait de courage », le nouveau texte est « ferme et courageux », etc.), comme s’il y avait le moindre courage à caresser l’opinion publique dans le sens de ses #peurs.

    La #démagogie est le contraire du courage ; la parole « décomplexée » n’est qu’un discours sans scrupule. Le vrai courage aurait été de rééquilibrer les discours destinés à l’opinion publique en exposant les faits, si contrastés soient-ils. Le président de la République avait souhaité « un compromis intelligent au service de l’intérêt général » : il a entériné une #compromission irréfléchie qui lèse nos #valeurs_fondamentales.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/21/francois-heran-a-vouloir-comprimer-la-poussee-migratoire-a-tout-prix-on-prov

    #loi_immigration #France #19_décembre_2023 #chiffres #statistiques #fact-checking #afflux #idées_reçues #propagande #discours

    voir aussi cet extrait :
    https://mastodon.social/@paul_denton/111617949500160420

    ping @isskein @karine4

  • Petite chronique de la Françatomique – Avis de tempête sur le nucléaire | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/francois-vallet/blog/091223/petite-chronique-de-la-francatomique-avis-de-tempete-sur-le-nucleair

    La Françatomique prétend relancer l’industrie nucléaire militaro-civile sans avoir tiré toutes les conséquences des catastrophes passées ou évitées de justesse. La tempête qui s’est abattue début novembre sur l’ouest de la France est l’occasion de revenir sur les défauts récurrents des centrales nucléaires.

    « La tempête Ciaran a endommagé le réseau électrique dans le Cotentin, privant la centrale de Flamanville de sa ligne d’évacuation. Les deux réacteurs ont donc dû être îlotés. C’est-à-dire que leur puissance a été très rapidement réduite pour fournir de l’énergie au site sans faire appel aux diesels de secours. » ?

    Cet extrait d’un communiqué[1], publié le 3 novembre puis mis à jour le 9 novembre 2023 par la Société Française d’Énergie Nucléaire (Sfen)[2], n’a pas fait la une des médias. Pourtant, une centrale nucléaire qui perd son alimentation électrique nous fait courir un risque grave. Mais comme l’indique le titre du communiqué (« Tempête Ciaran : ilotage réussi des deux réacteurs de Flamanville »), la manœuvre de sauvegarde a réussi. Dès lors pourquoi s’intéresser à ce non-événement ? Et bien parce que l’histoire a montré que la perte de contrôle d’un réacteur nucléaire était possible et avait des conséquences dramatiques. Et parce que tous les enseignements n’ont pas été tirés des catastrophes passées ou évitées de justesse.

    (...)

    Le 8 août 1948, le port de Dielette, à proximité immédiate de la centrale de Flamanville, avait été submergé par des vagues de plus de 10 mètres.[8] Or, dans le rapport d’évaluation complémentaire de sûreté de la centrale, publié suite à la catastrophe de Fukushima, on peut lire que la « Cote Majorée de Sécurité pour les tranches 1 et 2 de Flamanville est donc aujourd’hui évaluée à 7,79 m NGF N. Ce niveau est retenu pour le dimensionnement des installations. [9] ».

    Le dimensionnement des ouvrages de protection contre les risques de submersion est donc basé sur une hypothèse démentie par les faits. Et ce n’est qu’un exemple qui montre que l’industrie nucléaire est bien loin d’avoir pris en compte toutes les tempêtes possibles.

    #nucléaire #tempête #submersion #ilotage

    • Et pourquoi serait-il intéressant, pour EDF, d’iloter plutôt qu’arrêter un réacteur ? Et bien tout simplement pour maximiser la production nucléaire. [...]

      Le 3 novembre après-midi les réacteurs N°2 et N°3 de la centrale nucléaire de Paluel se sont arrêtés automatiquement, « en raison d’un dysfonctionnement de la ligne d’évacuation de l’électricité » selon EDF. [...] Le 3 novembre, moins de 4 heures après le début de [son] ilotage, le réacteur N°1 de Flamanville était reconnecté au réseau. Mais le réacteur N°2, iloté puis arrêté, a été remis en service 20 jours plus tard. L’ilotage a donc été un « jeu » à somme nulle. De plus, pendant la tempête, un réacteur était à l’arrêt pour réduire la puissance fournie au réseau interconnecté du fait de la forte production des éoliennes. Il y avait alors un fort excédent de production en France, des exportations conséquentes vers nos voisins européens et aucun risque de manquer d’électricité malgré le nombre élevé de réacteurs arrêtés ou déconnectés du réseau (20 au total en comptant ceux de Flamanville et de Paluel).

      Il faut donc dissoudre l’éolien, c’est trop dangereux. :-)

    • @vazy pour tchernobyl c’était un peu plus tordu qu’un simple îlotage puisqu’il s’agissait de voir, dans le cas d’un arrêt du réacteur, comment utiliser « l’énergie cinétique résiduelle des turbo-alternateurs afin de générer l’énergie électrique nécessaire pour alimenter les pompes de refroidissement avant la reprise par les générateurs de secours » (source wikipedia). Pas tout à fait la même chose qu’un îlotage, qui cherche à placer le réacteur dans une configuration de puissance permettant d’alimenter les systèmes de la centrale (de la tranche plus précisément).
      Sinon l’article explique bien la connerie de ces mises en îlotage systématiques, et justifiées par le fait qu’EDF cherche à tout pris (et depuis fort longtemps) à minimiser les temps d’arrêt des tranches nucléaires (une tranche nucléaire à l’arrêt ça coûte une pognon de dingue comme dirait l’autre), et en plus c’est super long à redémarrer.

    • Par contre j’ai pas compris à la fin de l’article la remarque sur le contrôle-commande défaillant à civaux. Je suis allé lire le rapport de l’ASN en lien, et rien de fait référence au contrôle-commande. Le rapport est un gentil tirage d’oreilles sur une série d’essais périodiques sur divers systèmes (mais pas le contrôle-commande) mal menés ou dont les conclusions sont foireuses.

  • #Lampedusa : ’Operational emergency,’ not ’migration crisis’

    Thousands of migrants have arrived on Lampedusa from Africa this week, with the EU at odds over what to do with them. DW reports from the Italian island, where locals are showing compassion as conditions worsen.

    Long lines of migrants and refugees, wearing caps and towels to protect themselves from the blistering September sun, sit flanked on either side of a narrow, rocky lane leading to Contrada Imbriacola, the main migrant reception center on the Italian island of Lampedusa.

    Among them are 16-year-old Abubakar Sheriff and his 10-year old brother, Farde, who fled their home in Sierra Leone and reached Lampedusa by boat from Tunisia.

    “We’ve been on this island for four days, have been sleeping outside and not consumed much food or water. We’ve been living on a couple of biscuits,” Abubakar told DW. “There were 48 people on the boat we arrived in from Tunisia on September 13. It was a scary journey and I saw some other boats capsizing. But we got lucky.”

    Together with thousands of other migrants outside the reception center, they’re waiting to be put into police vans headed to the Italian island’s port. They will then be transferred to Sicily and other parts of Italy for their asylum claims to be processed, as authorities in Lampedusa say they have reached “a tipping point” in migration management.
    Not a ’migration crisis for Italy,’ but an ’operational emergency’

    More than 7,000 migrants arrived in Lampedusa on flimsy boats from Tunisia earlier this week, leading the island’s mayor, Filippo Mannino, to declare a state of emergency and tell local media that while migrants have always been welcomed, this time Lampedusa “is in crisis.”

    In a statement released on Friday, Italian Prime Minister Giorgia Meloni said her government intends to take “immediate extraordinary measures” to deal with the landings. She said this could include a European mission to stop arrivals, “a naval mission if necessary.” But Lampedusa, with a population of just 6,000 and a reception center that has a capacity for only 400 migrants, has more immediate problems.

    Flavio Di Giacomo, spokesperson for the UN’s International Organization for Migration (IOM), told DW that while the new arrivals have been overwhelming for the island, this is not a “migration crisis for Italy.”

    “This is mainly an operational emergency for Lampedusa, because in 2015-2016, at the height of Europe’s migration crisis, only 8% of migrants arrived in Lampedusa. The others were rescued at sea and transported to Sicily to many ports there,” he said. “This year, over 70% of arrivals have been in Lampedusa, with people departing from Tunisia, which is very close to the island.”

    Di Giacomo said the Italian government had failed to prepare Lampedusa over the past few years. “The Italian government had time to increase the reception center’s capacity after it was set up in 2008,” he said. “Migration is nothing new for the country.”
    Why the sudden increase?

    One of Italy’s Pelagie Islands in the Mediterranean, Lampedusa has been the first point of entry to Europe for people fleeing conflict, poverty and war in North Africa and the Middle East for years, due to its geographical proximity to those regions. But the past week’s mass arrival of migrants caught local authorities off guard.

    “We have never seen anything like what we saw on Wednesday,” said a local police officer near the asylum reception center.

    Showing a cellphone video of several small boats crammed with people arriving at the Lampedusa port, he added, “2011 was the last time Lampedusa saw something like this.” When the civil war in Libya broke out in 2011, many people fled to Europe through Italy. At the time, Rome declared a “North Africa emergency.”

    Roberto Forin, regional coordinator for Europe at the Mixed Migration Centre, a research center, said the recent spike in arrivals likely had one main driving factor. “According to our research with refugees and migrants in Tunisia, the interceptions by Tunisian coast guards of boats leaving toward Italy seems to have decreased since the signing of the Memorandum of Understanding in mid-July between the European Union and Tunisia,” he said. “But the commission has not yet disbursed the €100 million ($106.6 million) included in the deal.”

    The EU-Tunisia deal is meant to prevent irregular migration from North Africa and has been welcomed by EU politicians, including Meloni. But rights groups have questioned whether it will protect migrants. Responding to reporters about the delayed disbursement of funds, the European Commission said on Friday that the disbursement was still a “work in progress.”

    IOM’s Giacomo said deals between the EU and North African countries aren’t the answer. “It is a humanitarian emergency right now because migrants are leaving from Tunisia, because many are victims of racial discrimination, assault, and in Libya as well, their rights are being abused,” he said. "Some coming from Tunisia are also saying they are coming to Italy to get medical care because of the economic crisis there.

    “The solution should be to organize more search-and-rescue at sea, to save people and bring them to safety,” he added. “The focus should be on helping Lampedusa save the migrants.”

    A group of young migrants from Mali who were sitting near the migrant reception center, with pink tags on their hands indicating the date of their arrival, had a similar view.

    “We didn’t feel safe in Tunisia,” they told DW. “So we paid around €750 to a smuggler in Sfax, Tunisia, who then gave us a dinghy and told us to control it and cross the sea toward Europe. We got to Italy but we don’t want to stay here. We want to go to France and play football for that country.”
    Are other EU nations helping?

    At a press briefing in Brussels on Wednesday, the European Commission said that 450 staff from Europol, Frontex and the European Union Agency for Asylum have been deployed to the island to assist Italian authorities, and €40 million ($42.6 million) has been provided for transport and other infrastructure needed for to handle the increase in migrant arrivals.

    But Italian authorities have said they’re alone in dealing with the migrants, with Germany restricting Italy from transferring migrants and France tightening its borders with the country.

    Lampedusa Deputy Mayor Attilio Lucia was uncompromising: “The message that has to get through is that Europe has to wake up because the European Union has been absent for 20 years. Today we give this signal: Lampedusa says ’Enough’, the Lampedusians have been suffering for 20 years and we are psychologically destroyed,” he told DW.

    “I understand that this was done mostly for internal politics, whereby governments in France and Germany are afraid of being attacked by far-right parties and therefore preemptively take restrictive measures,” said Forin. “On the other hand, it is a measure of the failure of the EU to mediate a permanent and sustainable mechanism. When solidarity is left to voluntary mechanisms between states there is always a risk that, when the stakes are high, solidarity vanishes.”

    Local help

    As politicians and rights groups argue over the right response, Lampedusa locals like Antonello di Malta and his mother feel helping people should be the heart of any deal.

    On the night more than 7,000 people arrived on the island, di Malta said his mother called him saying some migrants had come to their house begging for food. “I had to go out but I didn’t feel comfortable hearing about them from my mother. So I came home and we started cooking spaghetti for them. There were 10 of them,” he told DW, adding that he was disappointed with how the government was handling the situation.

    “When I saw them I thought about how I would have felt if they were my sons crying and asking for food,” said Antonello’s mother. “So I started cooking for them. We Italians were migrants too. We used to also travel from north to south. So we can’t get scared of people and we need to help.”

    Mohammad still has faith in the Italian locals helping people like him. “I left horrible conditions in Gambia. It is my first time in Europe and local people here have been nice to me, giving me a cracker or sometimes even spaghetti. I don’t know where I will be taken next, but I have not lost hope,” he told DW.

    “I stay strong thinking that one day I will play football for Italy and eventually, my home country Gambia,” he said. “That sport gives me joy through all this hardship.”

    https://www.dw.com/en/lampedusa-operational-emergency-not-migration-crisis/a-66830589

    #débarquements #asile #migrations #réfugiés #Italie #crise #compassion #transferts #urgence_opérationnelle #crise_migratoire #Europol #Frontex #Agence_de_l'Union_européenne_pour_l'asile (#EUEA #EUAA) #solidarité

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    • The dance that give life’
      Upon Lampedusa’s rocky shore they came,
      From Sub-Saharan lands, hearts aflame,
      Chasing dreams, fleeing despair,
      In search of a life that’s fair.

      Hunger gnawed, thirst clawed, bodies beat,
      Brutality’s rhythm, a policeman’s merciless feat,
      Yet within their spirits, a melody stirred,
      A refuge in humour where hope’s not deferred.

      Their laughter echoed ’cross the tiny island,
      In music and dance, they made a home,
      In the face of adversity, they sang their songs,
      In unity and rhythm, they proved their wrongs.

      A flood of souls, on Lampedusa’s strand,
      Ignited debates across the land,
      Politicians’ tongues twisted in spite,
      Racist rhetoric veiled as right.

      Yet, the common people, with curious gaze,
      Snared in the web of fear’s daze,
      Chose not to see the human plight,
      But the brainwash of bigotry’s might.

      Yet still, the survivor’s spirit shines bright,
      In the face of inhumanity, they recite,
      Their music, their dance, their undying humour,
      A testament to resilience, amid the rumour and hate.

      For they are not just numbers on a page,
      But humans, life stories, not a stage,
      Their journey not over, their tale still unspun,
      On the horizon, a new day begun.

      Written by @Yambiodavid

      https://twitter.com/RefugeesinLibya/status/1702595772603138331
      #danse #fête

    • L’imbroglio del governo oltre la propaganda

      Le politiche europee e italiane di esternalizzazione dei controlli di frontiera con il coinvolgimento di paesi terzi, ritenuti a torto “sicuri”, sono definitivamente fallite.

      La tragedia umanitaria in corso a Lampedusa, l’ennesima dalle “primavere arabe” del 2011 ad oggi, dimostra che dopo gli accordi di esternalizzazione, con la cessione di motovedette e con il supporto alle attività di intercettazione in mare, in collaborazione con Frontex, come si è fatto con la Tunisia e con la Libia (o con quello che ne rimane come governo di Tripoli), le partenze non diminuiscono affatto, ed anzi, fino a quando il meteo lo permette, sono in continuo aumento.

      Si sono bloccate con i fermi amministrativi le navi umanitarie più grandi, ma questo ha comportato un aumento degli “arrivi autonomi” e l’impossibilità di assegnare porti di sbarco distribuiti nelle città più grandi della Sicilia e della Calabria, come avveniva fino al 2017, prima del Codice di condotta Minniti e dell’attacco politico-giudiziario contro il soccorso civile.

      La caccia “su scala globale” a trafficanti e scafisti si è rivelata l’ennesimo annuncio propagandistico, anche se si dà molta enfasi alla intensificazione dei controlli di polizia e agli arresti di presunti trafficanti ad opera delle autorità di polizia e di guardia costiera degli Stati con i quali l’Italia ha stipulato accordi bilaterali finalizzati al contrasto dell’immigrazione “clandestina”. Se Salvini ha le prove di una guerra contro l’Italia, deve esibirle, altrimenti pensi al processo di Palermo sul caso Open Arms, per difendersi sui fatti contestati, senza sfruttare il momento per ulteriori sparate propagandistiche.

      Mentre si riaccende lo scontro nella maggioranza, è inutile incolpare l’Unione europea, dopo che la Meloni e Piantedosi hanno vantato di avere imposto un “cambio di passo” nelle politiche migratorie dell’Unione, mente invece hanno solo rafforzato accordi bilaterali già esistenti.

      Le politiche europee e italiane di esternalizzazione dei controlli di frontiera con il coinvolgimento di paesi terzi, ritenuti a torto “sicuri”, sono definitivamente fallite, gli arrivi delle persone che fuggono da aree geografiche sempre più instabili, per non parlare delle devastazioni ambientali, non sono diminuiti per effetto degli accordi bilaterali o multilaterali con i quali si è cercato di offrire aiuti economici in cambio di una maggiore collaborazione sulle attività di polizia per la sorveglianza delle frontiere. Dove peraltro la corruzione, i controlli mortali, se non gli abusi sulle persone migranti, si sono diffusi in maniera esponenziale, senza che alcuna autorità statale si dimostrasse in grado di fare rispettare i diritti fondamentali e le garanzie che dovrebbe assicurare a qualsiasi persona uno Stato democratico quando negozia con un paese terzo. Ed è per questa ragione che gli aiuti previsti dal Memorandum Tunisia-Ue non sono ancora arrivati e il Piano Mattei per l’Africa, sul quale Meloni e Piantedosi hanno investito tutte le loro energie, appare già fallito.

      Di fronte al fallimento sul piano internazionale è prevedibile una ulteriore stretta repressiva. Si attende un nuovo pacchetto sicurezza, contro i richiedenti asilo provenienti da paesi terzi “sicuri” per i quali, al termine di un sommario esame delle domande di protezione durante le “procedure accelerate in frontiera”, dovrebbero essere previsti “rimpatri veloci”. Come se non fossero certi i dati sul fallimento delle operazioni di espulsione e di rimpatrio di massa.

      Se si vogliono aiutare i paesi colpiti da terremoti e alluvioni, ma anche quelli dilaniati da guerre civili alimentate dalla caccia alle risorse naturali di cui è ricca l’Africa, occorrono visti umanitari, evacuazione dei richiedenti asilo presenti in Libia e Tunisia, ma anche in Niger, e sospensione immediata di tutti gli accordi stipulati per bloccare i migranti in paesi dove non si garantisce il rispetto dei diritti umani. Occorre una politica estera capace di mediare i conflitti e non di aggravarne gli esiti. Vanno aperti canali legali di ingresso senza delegare a paesi terzi improbabili blocchi navali. Per salvare vite, basta con la propaganda elettorale.

      https://ilmanifesto.it/limbroglio-del-governo-oltre-la-propaganda/r/2aUycOowSerL2VxgLCD9N

    • The fall of the Lampedusa Hotspot, people’s freedom and locals’ solidarity

      https://2196af27df.clvaw-cdnwnd.com/1b76f9dfff36cde79df962be70636288/200000912-464e9464ec/DSC09012.webp?ph=2196af27df

      A few weeks ago, the owner of one of the bars in the old port, was talking about human trafficking and money laundering between institutions and NGOs in relation to what had happened during that day. It was the evening of Thursday 24 August and Lampedusa had been touched by yet another ’exceptional’ event: 64 arrivals in one day. Tonight, in that same bar in the old port, a young Tunisian boy was sitting at a table and together with that same owner, albeit in different languages, exchanging life stories.

      What had been shaken in Lampedusa, in addition to the collapse of the Hotspot , is the collapse of the years long segregation system, which had undermined anypotential encounter with newly arrived people. A segregation that also provided fertile ground for conspiracy theories about migration, reducing people on the move to either victims or perpetrators of an alleged ’migration crisis’.

      Over the past two days, however, without police teams in manhunt mode, Lampedusa streets, public spaces, benches and bars, have been filled with encounters, conversations, pizzas and coffees offered by local inhabitants. Without hotspots and segregation mechanisms, Lampedusa becomes a space for enriching encounters and spontaneus acts of solidarity between locals and newly arrived people. Trays of fish ravioli, arancini, pasta, rice and couscous enter the small room next to the church, where volunteers try to guarantee as many meals as possible to people who, taken to the hotspot after disembarkation, had been unable to access food and water for three days. These scenes were unthinkable only a few days before. Since the beginning of the pandemic, which led to the end of the era of the ’hotspot with a hole’, newly-arrived people could not leave the detention centre, and it became almost impossible to imagine an open hotspot, with people walking freely through the city. Last night, 14 September, on Via Roma, groups of people who would never have met last week danced together with joy and complicity.

      These days, practice precedes all rhetoric, and what is happening shows that Lampedusa can be a beautiful island in the Mediterranean Sea rather than a border, that its streets can be a place of welcoming and encounter without a closed centre that stifles any space for self-managed solidarity.

      The problem is not migration but the mechanism used to manage it.

      The situation for the thousands of people who have arrived in recent days remains worrying and precarious. In Contrada Imbriacola, even tonight, people are sleeping on the ground or on cots next to the buses that will take them to the ships for transfers in the morning. Among the people, besides confusion and misinformation, there is a lot of tiredness and fatigue. There are many teenagers and adolescents and many children and pregnant women. There are no showers or sanitary facilities, and people still complain about the inaccessibility of food and water; the competitiveness during food distributions disheartens many because of the tension involved in queuing. The fights that broke out two days ago are an example of this, and since that event most of the workers of all the associations present in the centre have been prevented from entering for reasons of security and guaranteeing their safety.

      If the Red Cross and the Prefecture do not want to admit their responsibilities, these are blatant before our eyes and it is not only the images of 7000 people that prove this, but the way situations are handled due to an absolute lack of personnel and, above all, confusion at organisational moments.

      https://2196af27df.clvaw-cdnwnd.com/1b76f9dfff36cde79df962be70636288/200000932-250b0250b2/DSC08952-8.webp?ph=2196af27df

      A police commissioner tried unsuccessfully to get only a few people into the bus. The number and determination to leave of the newly arrived people is reformulating the very functioning of the transfers.

      A police commissioner tried unsuccessfully to get only a few people into the bus. The number and determination to leave of the newly arrived people is reformulating the very functioning of the transfers.

      During transfers yesterday morning, the carabinieri charged to move people crowded around a departing bus. The latter, at the cost of moving, performed a manoeuvre that squeezed the crowd against a low wall, creating an extremely dangerous situation ( video). All the people who had been standing in line for hours had to move chaotically, creating a commotion from which a brawl began in which at least one person split his eyebrow. Shortly before, one of the police commissioners had tried something different by creating a human caterpillar - people standing in line with their hands on their shoulders - in order to lead them into a bus, but once the doors were opened, other people pounced into it literally jamming it (photo). In other words, people are trudging along at the cost of others’ psycho-physical health.

      In yesterday evening’s transfer on 14 September (photo series with explanation), 300 people remained at the commercial dock from the morning to enter the Galaxy ship at nine o’clock in the evening. Against these 300 people, just as many arrived from the hotspot to board the ship or at least to try to do so.

      The tension, especially among those in control, was palpable; the marshals who remained on the island - the four patrols of the police force were all engaged for the day’s transfers - ’lined up’ between one group and another with the aim of avoiding any attempt to jump on the ship. In reality, people, including teenagers and families with children, hoped until the end to board the ship. No one told them otherwise until all 300 people passed through the only door left open to access the commercial pier. These people were promised that they would leave the next day. Meanwhile, other people from the hotspot have moved to the commercial pier and are spending the night there.

      People are demanding to leave and move freely. Obstructing rather than supporting this freedom of movement will lead people and territories back to the same impasses they have regularly experienced in recent years. The hotspot has collapsed, but other forms of borders remain that obstruct something as simple as personal self-determination. Forcing is the source of all problems, not freedom.

      Against all forms of borders, for freedom of movement for all.

      https://www.maldusa.org/l/the-fall-of-the-lampedusa-hotspot-people-s-freedom-and-locals-solidarity

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      #Video: Lampedusa on the 14th September

      –-> https://vimeo.com/864806349

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      #Lampedusa #hotspot #soilidarity #Maldusa

    • Lampedusa’s Hotspot System: From Failure to Nonexistence

      After a few days of bad weather, with the return of calm seas, people on the move again started to leave and cross the Mediterranean from Tunisia and Libya.

      During the day of 12 September alone, 110 iron, wooden and rubber boats arrived. 110 small boats, for about 5000 people in twenty-four hours. Well over the ’record’ of 60 that had astonished many a few weeks ago. Numbers not seen for years, and which add up to the approximately 120,000 people who have reached Italy since January 2023 alone: already 15,000 more than the entire year 2022.

      It has been a tense few days at the Favaloro pier, where people have been crowded for dozens of hours under the scorching sun.

      Some, having passed the gates and some rocks, jumped into the water in an attempt to find some coolness, reaching some boats at anchor and asking for water to drink.

      It pains and angers us that the police in riot gear are the only real response that seems to have been given.

      On the other hand, hundreds of people, who have arrived in the last two days on the Lampedusa coast, are walking through the streets of the town, crossing and finally reclaiming public space. The hotspot, which could accommodate 389, in front of 7000 people, has simply blown up. That is, it has opened.

      The square in front of the church was transformed, as it was years ago, into a meeting place where locals organised the distribution of food they had prepared, thanks also to the solidarity of bakers and restaurateurs who provided what they could.

      A strong and fast wave of solidarity: it seems incredible to see people on the move again, sharing space, moments and words with Lampedusians, activists from various organisations and tourists. Of course, there is also no shortage of sad and embarrassing situations, in which some tourists - perhaps secretly eager to meet ’the illegal immigrants’ - took pictures of themselves capturing these normally invisible and segregated chimeras.

      In fact, all these people would normally never meet, kept separate and segregated by the hotspot system.

      But these days a hotspot system seems to no longer exist, or to have completely broken down, in Lampedusa. It has literally been occupied by people on the move, sleeping inside and outside the centre, on the road leading from the entrance gate to the large car park, and in the abandoned huts around, and in every nook and cranny.

      Basic goods, such as water and food, are not enough. Due to the high number of people, there is a structural lack of distribution even of the goods that are present, and tensions seem to mount slowly but steadily.

      The Red Cross and workers from other organisations have been prevented from entering the hotspot centre for ’security reasons’ since yesterday morning. This seems an overwhelming situation for everyone. The pre-identification procedures, of course, are completely blown.

      Breaking out of this stalemate it’s very complex due to the continuous flow of arrivals : for today, as many as 2000 people are expected to be transferred between regular ships and military assets. For tomorrow another 2300 or so. Of course, it remains unpredictable how many people will continue to reach the island at the same time.

      In reaction to all this, we are not surprised, but again disappointed, that the city council is declaring a state of emergency still based on the rhetoric of ’invasion’.

      A day of city mourning has also been declared for the death of a 5-month-old baby, who did not survive the crossing and was found two days ago during a rescue.

      We are comforted, however, that a torchlight procession has been called by Lampedusians for tonight at 8pm. Banners read: ’STOP DEAD AT SEA’, ’LEGAL ENTRANCE CHANNELS NOW’.

      The Red Cross, Questura and Prefecture, on the other hand, oscillate between denying the problem - ’we are handling everything pretty well’ - to shouting at the invasion.

      It is not surprising either, but remains a disgrace, that the French government responds by announcing tighter border controls and that the German government announces in these very days - even though the decision stems from agreements already discussed in August regarding the Dublin Convention - that it will suspend the taking in of any refugee who falls under the so-called ’European solidarity mechanism’.

      We are facing a new level of breaking down the European borders and border regime by people on the move in the central Mediterranean area.

      We stand in full solidarity with them and wish them safe arrival in their destination cities.

      But let us remember: every day they continue to die at sea, which proves to be the deadliest border in the world. And this stems from a political choice, which remains intolerable and unacceptable.

      Freedom of movement must be a right for all!

      https://www.maldusa.org/l/lampedusas-hotspot-system-from-failure-to-nonexistence

    • « L’effet Lampedusa », ou comment se fabriquent des politiques migratoires répressives

      En concentrant les migrants dans des hotspots souvent situés sur de petites îles, les Etats européens installent une gestion inhumaine et inefficace des migrations, contradictoire avec certains de leurs objectifs, soulignent les chercheuses #Marie_Bassi et #Camille_Schmoll.

      Depuis quelques jours, la petite île de Lampedusa en Sicile a vu débarquer sur son territoire plus de migrants que son nombre d’habitants. Et comme à chacun de ces épisodes d’urgence migratoire en Europe, des représentants politiques partent en #croisade : pour accroître leur capital électoral, ils utilisent une #rhétorique_guerrière tandis que les annonces de #fermeture_des_frontières se succèdent. Les #élections_européennes approchent, c’est pour eux l’occasion de doubler par la droite de potentiels concurrents.

      Au-delà du cynisme des #opportunismes_politiques, que nous dit l’épisode Lampedusa ? Une fois de plus, que les #politiques_migratoires mises en place par les Etats européens depuis une trentaine d’années, et de manière accélérée depuis 2015, ont contribué à créer les conditions d’une #tragédie_humanitaire. Nous avons fermé les #voies_légales d’accès au territoire européen, contraignant des millions d’exilés à emprunter la périlleuse route maritime. Nous avons laissé les divers gouvernements italiens criminaliser les ONG qui portent secours aux bateaux en détresse, augmentant le degré de létalité de la traversée maritime. Nous avons collaboré avec des gouvernements irrespectueux des droits des migrants : en premier lieu la Libye, que nous avons armée et financée pour enfermer et violenter les populations migrantes afin de les empêcher de rejoindre l’Europe.

      L’épisode Lampedusa n’est donc pas simplement un drame humain : c’est aussi le symptôme d’une politique migratoire de courte vue, qui ne comprend pas qu’elle contribue à créer les conditions de ce qu’elle souhaite éviter, en renforçant l’instabilité et la violence dans les régions de départ ou de transit, et en enrichissant les réseaux criminels de trafic d’êtres humains qu’elle prétend combattre.

      Crise de l’accueil, et non crise migratoire

      Revenons d’abord sur ce que l’on peut appeler l’effet hotspot. On a assisté ces derniers mois à une augmentation importante des traversées de la Méditerranée centrale vers l’Italie, si bien que l’année 2023 pourrait, si la tendance se confirme, se hisser au niveau des années 2016 et 2017 qui avaient battu des records en termes de traversées dans cette zone. C’est bien entendu cette augmentation des départs qui a provoqué la surcharge actuelle de Lampedusa, et la situation de crise que l’on observe.

      Mais en réalité, les épisodes d’urgence se succèdent à Lampedusa depuis que l’île est devenue, au début des années 2000, le principal lieu de débarquement des migrants dans le canal de Sicile. Leur interception et leur confinement dans le hotspot de cette île exiguë de 20 km² renforce la #visibilité du phénomène, et crée un #effet_d’urgence et d’#invasion qui justifie une gestion inhumaine des arrivées. Ce fut déjà le cas en 2011 au moment des printemps arabes, lorsque plus de 60 000 personnes y avaient débarqué en quelques mois. Le gouvernement italien avait stoppé les transferts vers la Sicile, créant volontairement une situation d’#engorgement et de #crise_humanitaire. Les images du centre surpeuplé, de migrants harassés dormant dans la rue et protestant contre cet accueil indigne avaient largement été diffusées par les médias. Elles avaient permis au gouvernement italien d’instaurer un énième #état_d’urgence et de légitimer de nouvelles #politiques_répressives.

      Si l’on fait le tour des hotspots européens, force est de constater la répétition de ces situations, et donc l’échec de la #concentration dans quelques points stratégiques, le plus souvent des #îles du sud de l’Europe. L’#effet_Lampedusa est le même que l’effet #Chios ou l’effet #Moria#Lesbos) : ces #îles-frontières concentrent à elles seules, parce qu’elles sont exiguës, toutes les caractéristiques d’une gestion inhumaine et inefficace des migrations. Pensée en 2015 au niveau communautaire mais appliquée depuis longtemps dans certains pays, cette politique n’est pas parvenue à une gestion plus rationnelle des flux d’arrivées. Elle a en revanche fait peser sur des espaces périphériques et minuscules une énorme responsabilité humaine et une lourde charge financière. Des personnes traumatisées, des survivants, des enfants de plus en plus jeunes, sont accueillis dans des conditions indignes. Crise de l’accueil et non crise migratoire comme l’ont déjà montré de nombreuses personnes.

      Changer de paradigme

      Autre #myopie européenne : considérer qu’on peut, en collaborant avec les Etats de transit et de départ, endiguer les flux. Cette politique, au-delà de la vulnérabilité qu’elle crée vis-à-vis d’Etats qui peuvent user du chantage migratoire à tout moment – ce dont Kadhafi et Erdogan ne s’étaient pas privés – génère les conditions mêmes du départ des personnes en question. Car l’#externalisation dégrade la situation des migrants dans ces pays, y compris ceux qui voudraient y rester. En renforçant la criminalisation de la migration, l’externalisation renforce leur #désir_de_fuite. Depuis de nombreuses années, migrantes et migrants fuient les prisons et la torture libyennes ; ou depuis quelques mois, la violence d’un pouvoir tunisien en plein tournant autoritaire qui les érige en boucs émissaires. L’accord entre l’UE et la Tunisie, un énième du genre qui conditionne l’aide financière à la lutte contre l’immigration, renforce cette dynamique, avec les épisodes tragiques de cet été, à la frontière tuniso-libyenne.

      Lampedusa nous apprend qu’il est nécessaire de changer de #paradigme, tant les solutions proposées par les Etats européens (externalisation, #dissuasion, #criminalisation_des_migrations et de leurs soutiens) ont révélé au mieux leur #inefficacité, au pire leur caractère létal. Ils contribuent notamment à asseoir des régimes autoritaires et des pratiques violentes vis-à-vis des migrants. Et à transformer des êtres humains en sujets humanitaires.

      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/leffet-lampedusa-ou-comment-se-fabriquent-des-politiques-migratoires-repr

    • Pour remettre les pendules à l’heure :

      Saluti dal Paese del “fenomeno palesemente fuori controllo”.


      https://twitter.com/emmevilla/status/1703458756728610987

      Et aussi :

      « Les interceptions des migrants aux frontières représentent 1 à 3% des personnes autorisées à entrer avec un visa dans l’espace Schengen »

      Source : Babels, « Méditerranée – Des frontières à la dérive », https://www.lepassagerclandestin.fr/catalogue/bibliotheque-des-frontieres/mediterraneedes-frontieres-a-la-derive

      #statistiques #chiffres #étrangers #Italie

    • Arrivées à Lampedusa - #Solidarité et #résistance face à la crise de l’accueil en Europe.

      Suite à l’arrivée d’un nombre record de personnes migrantes à Lampedusa, la société civile exprime sa profonde inquiétude face à la réponse sécuritaire des Etats européens, la crise de l’accueil et réaffirme sa solidarité avec les personnes qui arrivent en Europe.

      Plus de 5 000 personnes et 112 bateaux : c’est le nombre d’arrivées enregistrées sur l’île italienne de Lampedusa le mardi 12 septembre. Les embarcations, dont la plupart sont arrivées de manière autonome, sont parties de Tunisie ou de Libye. Au total, plus de 118 500 personnes ont atteint les côtes italiennes depuis le début de l’année, soit près du double des 64 529 enregistrées à la même période en 2022 [1]. L’accumulation des chiffres ne nous fait pas oublier que, derrière chaque numéro, il y a un être humain, une histoire individuelle et que des personnes perdent encore la vie en essayant de rejoindre l’Europe.

      Si Lampedusa est depuis longtemps une destination pour les bateaux de centaines de personnes cherchant refuge en Europe, les infrastructures d’accueil de l’île font défaut. Mardi, le sauvetage chaotique d’un bateau a causé la mort d’un bébé de 5 mois. Celui-ci est tombé à l’eau et s’est immédiatement noyé, alors que des dizaines de bateaux continuaient d’accoster dans le port commercial. Pendant plusieurs heures, des centaines de personnes sont restées bloquées sur la jetée, sans eau ni nourriture, avant d’être transférées vers le hotspot de Lampedusa.

      Le hotspot, centre de triage où les personnes nouvellement arrivées sont tenues à l’écart de la population locale et pré-identifiées avant d’être transférées sur le continent, avec ses 389 places, n’a absolument pas la capacité d’accueillir dignement les personnes qui arrivent quotidiennement sur l’île. Depuis mardi, le personnel du centre est complètement débordé par la présence de 6 000 personnes. La Croix-Rouge et le personnel d’autres organisations ont été empêchés d’entrer dans le centre pour des « raisons de sécurité ».

      Jeudi matin, de nombreuses personnes ont commencé à s’échapper du hotspot en sautant les clôtures en raison des conditions inhumaines dans lesquelles elles y étaient détenues. Face à l’incapacité des autorités italiennes à offrir un accueil digne, la solidarité locale a pris le relais. De nombreux habitants et habitantes se sont mobilisés pour organiser des distributions de nourriture aux personnes réfugiées dans la ville [2].

      Différentes organisations dénoncent également la crise politique qui sévit en Tunisie et l’urgence humanitaire dans la ville de Sfax, d’où partent la plupart des bateaux pour l’Italie. Actuellement, environ 500 personnes dorment sur la place Beb Jebli et n’ont pratiquement aucun accès à la nourriture ou à une assistance médicale [3]. La plupart d’entre elles ont été contraintes de fuir le Soudan, l’Éthiopie, la Somalie, le Tchad, l’Érythrée ou le Niger. Depuis les déclarations racistes du président tunisien, Kais Saied, de nombreuses personnes migrantes ont été expulsées de leur domicile et ont perdu leur travail [4]. D’autres ont été déportées dans le désert où certaines sont mortes de soif.

      Alors que ces déportations massives se poursuivent et que la situation à Sfax continue de se détériorer, l’UE a conclu un nouvel accord avec le gouvernement tunisien il y a trois mois afin de coopérer « plus efficacement en matière de migration », de gestion des frontières et de « lutte contre la contrebande », au moyen d’une enveloppe de plus de 100 millions d’euros. L’UE a accepté ce nouvel accord en pleine connaissance des atrocités commises par le gouvernement tunisien ainsi que les attaques perpétrées par les garde-côtes tunisiens sur les bateaux de migrants [5].

      Pendant ce temps, nous observons avec inquiétude comment les différents gouvernements européens ferment leurs frontières et continuent de violer le droit d’asile et les droits humains les plus fondamentaux. Alors que le ministre français de l’Intérieur a annoncé son intention de renforcer les contrôles à la frontière italienne, plusieurs autres États membres de l’UE ont également déclaré qu’ils fermeraient leurs portes. En août, les autorités allemandes ont décidé d’arrêter les processus de relocalisation des demandeurs et demandeuses d’asile arrivant en Allemagne depuis l’Italie dans le cadre du « mécanisme de solidarité volontaire » [6].

      Invitée à Lampedusa dimanche par la première ministre Meloni, la Présidente de la Commission européenne Von der Leyen a annoncé la mise en place d’un plan d’action en 10 points qui vient confirmer cette réponse ultra-sécuritaire [7]. Renforcer les contrôles en mer au détriment de l’obligation de sauvetage, augmenter la cadence des expulsions et accroître le processus d’externalisation des frontières… autant de vieilles recettes que l’Union européenne met en place depuis des dizaines années et qui ont prouvé leur échec, ne faisant qu’aggraver la crise de la solidarité et la situation des personnes migrantes.

      Les organisations soussignées appellent à une Europe ouverte et accueillante et exhortent les États membres de l’UE à fournir des voies d’accès sûres et légales ainsi que des conditions d’accueil dignes. Nous demandons que des mesures urgentes soient prises à Lampedusa et que les lois internationales qui protègent le droit d’asile soient respectées. Nous sommes dévastés par les décès continus en mer causés par les politiques frontalières de l’UE et réaffirmons notre solidarité avec les personnes en mouvement.

      https://migreurop.org/article3203.html?lang_article=fr

    • Che cos’è una crisi migratoria?

      Continuare a considerare il fenomeno migratorio come crisi ci allontana sempre più dalla sua comprensione, mantenendoci ancorati a soluzioni emergenziali che non possono che risultare strumentali e pericolose
      Le immagini della fila di piccole imbarcazioni in attesa di fare ingresso nel porto di Lampedusa resteranno impresse nella nostra memoria collettiva. Oltre cinquemila persone in sole ventiquattrore, che si aggiungono alle oltre centomila giunte in Italia nei mesi precedenti (114.256 al 31 agosto 2023). Nel solo mese di agosto sono sbarcate in Italia più di venticinquemila persone, che si aggiungono alle oltre ventitremila di luglio. Era del resto in previsione di una lunga estate di sbarchi che il Governo aveva in aprile dichiarato lo stato di emergenza, in un momento in cui, secondo i dati forniti dal ministro Piantedosi, nella sola Lampedusa erano concentrate più di tremila persone. Stando alle dichiarazioni ufficiali, l’esigenza era quella di dotarsi degli strumenti tecnici per distribuire più efficacemente chi era in arrivo sul territorio italiano, in strutture gestite dalla Protezione civile, aggirando le ordinarie procedure d’appalto per l’apertura di nuove strutture di accoglienza.

      Tra il 2017 e il 2022, in parallelo con la riduzione del numero di sbarchi, il sistema d’accoglienza per richiedenti protezione internazionale era stato progressivamente contratto, perdendo circa il 240% della sua capacità ricettiva. Gli interventi dei primi mesi del 2023 sembravano tuttavia volerne rivoluzionare la fisionomia. Il cosiddetto “Decreto Cutro” escludeva i richiedenti asilo dalla possibilità di accedere alle strutture di accoglienza che fanno capo alla rete Sai (Sistema accoglienza migrazione), che a fine 2022 vantava una capacità di quasi venticinquemila posti, per riservare loro strutture come i grandi Centri di prima accoglienza o di accoglienza straordinaria, in cui sempre meno servizi alla persona sarebbero stati offerti. Per i richiedenti provenienti dai Paesi considerati “sicuri”, invece, la prospettiva era quella del confinamento in strutture situate nei pressi delle zone di frontiera in attesa dell’esito della procedura d’asilo accelerata e, eventualmente, del rimpatrio immediato.

      L’impennata nel numero di arrivi registrata negli ultimi giorni ha infine indotto il presidente del Consiglio ad annunciare con un videomessaggio trasmesso all’ora di cena nuove misure eccezionali. In particolare, sarà affidato all’Esercito il compito di creare e gestire nuove strutture detentive in cui trattenere “chiunque entri illegalmente in Italia per tutto il tempo necessario alla definizione della sue eventuale richiesta d’asilo e per la sua effettiva espulsione nel caso in cui sia irregolare”, da collocarsi “in località a bassissima densità abitativa e facilmente perimetrabili e sorvegliabili”. Parallelamente, anche i termini massimi di detenzione saranno innalzati fino a diciotto mesi.

      Ciò di cui nessuno sembra dubitare è che l’Italia si trovi a fronteggiare l’ennesima crisi migratoria. Ma esattamente, di cosa si parla quando si usa la parola “crisi” in relazione ai fenomeni migratori?

      Certo c’è la realtà empirica dei movimenti attraverso le frontiere. Oltre centomila arrivi in otto mesi giustificano forse il riferimento al concetto di crisi, ma a ben vedere non sono i numeri il fattore determinante. Alcune situazioni sono state definite come critiche anche in presenza di numeri tutto sommato limitati, per ragioni essenzialmente politico-diplomatiche. Si pensi alla crisi al confine greco-turco nel 2020, o ancora alla crisi ai confini di Polonia e Lituania con la Bielorussia nel 2021. In altri casi il movimento delle persone attraverso i confini non è stato tematizzato come una crisi anche a fronte di numeri molto elevati, si pensi all’accoglienza riservata ai profughi ucraini. Sebbene siano stati attivati strumenti di risposta eccezionali, il loro orientamento è stato prevalentemente umanitario e volto all’accoglienza. L’Italia, ad esempio, ha sì decretato uno stato d’emergenza per implementare un piano di accoglienza straordinaria dei profughi provenienti dall’Ucraina, ma ha offerto accoglienza agli oltre centosettantamila ucraini presenti sul nostro territorio senza pretendere di confinarli in centri chiusi, concedendo inoltre loro un sussidio in denaro.

      Ciò che conta è la rappresentazione del fenomeno migratorio e la risposta politica che di conseguenza segue. Le rappresentazioni e le politiche si alimentano reciprocamente. In breve, non tutti i fenomeni migratori sono interpretati come una crisi, né, quando lo sono, determinano la medesima risposta emergenziale. Ad esempio, all’indomani della tragedia di Lampedusa del 2013 prevalse un paradigma interpretativo chiaramente umanitario, che portò all’intensificazione delle operazioni di ricerca e soccorso nel Mediterraneo. Nel 2014 sbarcarono in Italia oltre centosettantamila migranti, centocinquantamila nel 2015 e ben centottantamila nel 2016. Questo tipo di approccio è stato in seguito definito come un pericoloso fattore di attrazione per le migrazioni non autorizzate e l’area operativa delle missioni di sorveglianza dei confini marittimi progressivamente arretrata, creando quel vuoto nelle attività di ricerca e soccorso che le navi delle Ong hanno cercato negli ultimi anni di colmare.

      Gli arrivi a Lampedusa degli ultimi giorni sono in gran parte l’effetto della riduzione dell’attività di sorveglianza oltre le acque territoriali. Intercettare i migranti in acque internazionali implica l’assunzione di obblighi e ricerca e soccorso che l’attuale governo accetta con una certa riluttanza, ma consente anche di far sbarcare i migranti soccorsi in mare anche in altri porti, evitando eccessive concentrazioni in un unico punto di sbarco.

      I migranti che raggiungono le nostre coste sono rappresentati come invasori, che violando i nostri confini minacciano la nostra integrità territoriale. L’appello insistito all’intervento delle forze armate che abbiamo ascoltato negli ultimi giorni si giustifica proprio attraverso il riferimento alla necessità di proteggere i confini e, in ultima analisi, l’integrità territoriale dell’Italia. Per quanto le immagini di migliaia di persone che sbarcano sulle coste italiane possano impressionare l’opinione pubblica, il riferimento alla necessità di proteggere l’integrità territoriale è frutto di un grave equivoco. Il principio di integrità territoriale è infatti codificato nel diritto internazionale come un corollario del divieto di uso della forza. Da ciò discende che l’integrità territoriale di uno Stato può essere minacciata solo da un’azione militare ostile condotta da forze regolari o irregolari. È dubbio che le migrazioni possano essere considerate una minaccia tale da giustificare, ad esempio, un blocco navale.

      Se i migranti non possono di per sé essere considerati come una minaccia alla integrità territoriale dello Stato, potrebbero però essere utilizzati come strumento da parte di attori politici intenzionati a destabilizzare politicamente i Paesi di destinazione. Non è mancato negli ultimi tempi chi ha occasionalmente evocato l’idea della strumentalizzazione delle migrazioni, fino alla recente, plateale dichiarazione del ministro Salvini. D’altra parte, questo è un tema caro ai Paesi dell’Est Europa, che hanno spinto affinché molte delle misure eccezionali adottate da loro in occasione della crisi del 2021 fossero infine incorporate nel diritto della Ue. Una parte del governo italiano sembra tuttavia più cauta, anche perché si continua a vedere nella collaborazione con i Paesi terzi la chiave di volta per la gestione del fenomeno. Accusare esplicitamente la Tunisia di strumentalizzare le migrazioni avrebbe costi politico-diplomatici troppo elevati.

      Cionondimeno, insistendo sull’elemento del rischio di destabilizzazione interna, plasticamente rappresentato dalle immagini delle migliaia di persone ammassate sul molo o nell’hotspot di Lampedusa, il governo propone una risposta politica molto simile all’approccio utilizzato da Polonia e Lituania nel 2021, centrato su respingimenti di massa e detenzione nelle zone di frontiera. L’obiettivo è quello di disincentivare i potenziali futuri migranti, paventando loro lunghi periodi di detenzione e il ritorno nella loro patria di origine.

      Gran parte di questa strategia dipende dalla collaborazione dei Paesi terzi e dalla loro disponibilità a bloccare le partenze prima che i migranti siano intercettati da autorità Italiane, facendo di conseguenza scattare gli obblighi internazionali di ricerca e soccorso o di asilo. Una strategia simile, definita come del controllo senza contatto, è stata seguita a lungo nella cooperazione con la Guardia costiera libica. Tuttavia, è proprio il tentativo di esternalizzare i controlli migratori a rendere i Paesi della Ue sempre più vulnerabili alla spregiudicata diplomazia delle migrazioni dei Paesi terzi. In definitiva, sono i Paesi europei che offrono loro la possibilità di strumentalizzare le migrazioni a scopi politici.

      Sul piano interno, il successo di una simile strategia dipende dalla capacità di rimpatriare rapidamente i migranti giunti sul territorio italiano. Alla fine del 2021 la percentuale di rimpatri che l’Italia riusciva ad eseguire era del 15% dei provvedimenti di allontanamento adottati. Gran parte delle persone rimpatriate sono tuttavia cittadini tunisini, anche perché in assenza di collaborazione con il Paese d’origine è impossibile rimpatriare. I tunisini rappresentano solo l’8% delle persone sbarcate nel 2023, che vengono in prevalenza da Guinea, Costa d’Avorio, Egitto, Bangladesh, Burkina Faso. L’allungamento dei tempi di detenzione non avrà dunque nessuna incidenza sulla efficacia delle politiche di rimpatrio.

      Uno degli argomenti utilizzati per giustificare l’intervento dell’Esercito è quello della necessità di accrescere la capacità del sistema detentivo, giudicata dal Governo non adeguata a gestire l’attuale crisi migratoria. Stando ai dati inclusi nella relazione sul sistema di accoglienza, alla fine del 2021 il sistema contava 744 posti, a fronte di una capacità ufficiale di 1.395. Come suggerisce la medesima relazione, il sistema funziona da sempre a capacità ridotta, anche perché le strutture sono soggette a ripetuti interventi di manutenzione straordinaria a causa delle devastazioni che seguono alle continue rivolte. Si tratta di strutture ai limiti dell’ingestibilità, che possono essere governate solo esercitando una forma sistemica di violenza istituzionale.

      Il sistema detentivo per stranieri sta tuttavia cambiando pelle progressivamente, ibridandosi con il sistema di accoglienza per richiedenti asilo al fine di contenere i migranti appena giunti via mare in attesa del loro più o meno rapido respingimento. Fino ad oggi, tuttavia, la detenzione ha continuato ad essere utilizzata in maniera più o meno selettiva, riservandola a coloro con ragionevoli prospettive di essere rimpatriati in tempi rapidi. Gli altri sono stati instradati verso il sistema di accoglienza, qualora avessero presentato una domanda d’asilo, o abbandonai al loro destino con in mano un ordine di lasciare l’Italia entro sette giorni.

      Le conseguenze di una politica basata sulla detenzione sistematica e a lungo termine di tutti coloro che giungono alla frontiera sono facili da immaginare. Se l’Italia si limitasse a trattenere per una media di sei mesi (si ricordi che l’intenzione espressa in questi giorni dal Governo italiano è di portare a diciotto mesi i termini massimi di detenzione) anche solo il 50% delle persone che sbarcano, significherebbe approntare un sistema detentivo con una capacità di trentottomila posti. Certo, questo calcolo si basa sulla media mensile degli arrivi registrati nel 2023, un anno di “crisi” appunto. Ma anche tenendo conto della media mensile degli arrivi dei due anni precedenti la prospettiva non sarebbe confortante. Il nostro Paese dovrebbe infatti essere in grado di mantenere una infrastruttura detentiva da ventimila posti. Una simile infrastruttura, dato l’andamento oscillatorio degli arrivi via mare, dovrebbe essere poi potenziata al bisogno per far fronte alle necessità delle fasi in cui il numero di sbarchi cresce.

      Lascio al lettore trarre le conseguenze circa l’impatto materiale e umano che una simile approccio alla gestione degli arrivi avrebbe. Mi limito qui solo ad alcune considerazioni finali sulla maniera in cui sono tematizzate le cosiddette crisi migratorie. Tali crisi continuano ad essere viste come il frutto della carenza di controlli e della incapacità dello Stato di esercitare il suo diritto sovrano di controllare le frontiere. La risposta alle crisi migratorie è dunque sempre identica a sé stessa, alla ricerca di una impossibile chiusura dei confini che riproduce sempre nuove crisi, nuovi morti in mare, nuova violenza di Stato lungo le frontiere fortificate o nelle zone di contenimento militarizzate. Guardare alle migrazioni attraverso la lente del concetto di “crisi” induce tuttavia a pensare le migrazioni come a qualcosa di eccezionale, come a un’anomalia causata da instabilità e catastrofi che si verificano in un altrove geografico e politico. Le migrazioni sono così destoricizzate e decontestualizzate dalle loro cause strutturali e i Paesi di destinazione condannati a replicare politiche destinate a fallire poiché appunto promettono risultati irraggiungibili. Più che insistere ossessivamente sulla rappresentazione delle migrazioni come crisi, si dovrebbe dunque forse cominciare a tematizzare la crisi delle politiche migratorie. Una crisi più profonda e strutturale che non può essere ridotta alle polemiche scatenate dai periodici aumenti nel numero di sbarchi.

      https://www.rivistailmulino.it/a/che-cos-una-crisi-migratoria

    • Spiegazione semplice del perché #Lampedusa va in emergenza.

      2015-2017: 150.000 sbarchi l’anno, di cui 14.000 a Lampedusa (9%).

      Ultimi 12 mesi: 157.000 sbarchi, di cui 104.000 a Lampedusa (66%).

      Soluzione: aumentare soccorsi a #migranti, velocizzare i trasferimenti.
      Fine.

      https://twitter.com/emmevilla/status/1704751278184685635

    • Interview de M. #Gérald_Darmanin, ministre de l’intérieur et des outre-mer, à Europe 1/CNews le 18 septembre 2023, sur la question migratoire et le travail des forces de l’ordre.

      SONIA MABROUK
      Bonjour à vous Gérald DARMANIN.

      GERALD DARMANIN
      Bonjour.

      SONIA MABROUK
      Merci de nous accorder cet entretien, avant votre déplacement cet après-midi à Rome. Lampedusa, Monsieur le Ministre, débordé par l’afflux de milliers de migrants. La présidente de la Commission européenne, Ursula VON DER LEYEN, en visite sur place, a appelé les pays européens à accueillir une partie de ces migrants arrivés en Italie. Est-ce que la France s’apprête à le faire, et si oui, pour combien de migrants ?

      GERALD DARMANIN
      Alors, non, la France ne s’apprête pas à le faire, la France, comme l’a dit le président de la République la Première ministre italienne, va aider l’Italie à tenir sa frontière, pour empêcher les gens d’arriver, et pour ceux qui sont arrivés en Italie, à Lampedusa et dans le reste de l’Italie, nous devons appliquer les règles européennes, que nous avons adoptées voilà quelques mois, qui consistent à faire les demandes d’asile à la frontière. Et donc une fois que l’on fait les demandes d’asile à la frontière, on constate qu’une grande partie de ces demandeurs d’asile ne sont pas éligibles à l’asile et doivent repartir immédiatement dans les pays d’origine. S’il y a des demandeurs d’asile, qui sont éligibles à l’asile, qui sont persécutés pour des raisons évidemment politiques, bien sûr, ce sont des réfugiés, et dans ces cas-là, la France comme d’autres pays, comme elle l’a toujours fait, peut accueillir des personnes. Mais ce serait une erreur d’appréciation que de considérer que les migrants parce qu’ils arrivent en Europe, doivent tout de suite être répartis dans tous les pays d’Europe et dont la France, qui prend déjà largement sa part, et donc ce que nous voulons dire à nos amis italiens, qui je crois sont parfaitement d’accord avec nous, nous devons protéger les frontières extérieures de l’Union européenne, les aider à cela, et surtout tout de suite regarder les demandes d’asile, et quand les gens ne sont pas éligibles à l’asile, tout de suite les renvoyer dans leur pays.

      SONIA MABROUK
      Donc, pour être clair ce matin Gérald DARMANIN, vous dites que la politique de relocalisation immédiate, non la France n’en prendra pas sa part.

      GERALD DARMANIN
      S’il s’agit de personnes qui doivent déposer une demande d’asile parce qu’ils sont persécutés dans leur pays, alors ce sont des réfugiés politiques, oui nous avons toujours relocalisé, on a toujours mis dans nos pays si j’ose dire une partie du fardeau qu’avaient les Italiens ou les Grecs. S’il s’agit de prendre les migrants tels qu’ils sont, 60 % d’entre eux viennent de pays comme la Côte d’Ivoire, comme la Guinée, comme la Gambie, il n’y a aucune raison qu’ils viennent…

      SONIA MABROUK
      Ça a été le cas lors de l’Ocean Viking.

      GERALD DARMANIN
      Il n’y a aucune raison. Pour d’autres raisons, c’est des raisons humanitaires, là il n’y a pas de question humanitaire, sauf qu’à Lampedusa les choses deviennent très difficiles, c’est pour ça qu’il faut que nous aidions nos amis italiens, mais il ne peut pas y avoir comme message donné aux personnes qui viennent sur notre sol, qu’ils sont quoiqu’il arrive dans nos pays accueillis. Ils ne sont accueillis que s’ils respectent les règles de l’asile, s’ils sont persécutés. Mais si c’est une immigration qui est juste irrégulière, non, la France ne peut pas les accueillir, comme d’autres pays. La France est très ferme, vous savez, j’entends souvent que c’est le pays où il y a le plus de demandeurs d’asile, c’est tout à fait faux, nous sommes le 4e pays, derrière l’Allemagne, derrière l’Espagne, derrière l’Autriche, et notre volonté c’est d’accueillir bien sûr ceux qui doivent l’être, les persécutés politiques, mais nous devons absolument renvoyer chez eux, ceux qui n’ont rien à faire en Europe.

      SONIA MABROUK
      On entend ce message ce matin, qui est un peu différent de celui de la ministre des Affaires étrangères, qui semblait parler d’un accueil inconditionnel. Le président de la République a parlé d’un devoir de solidarité. Vous, vous dites : oui, devoir de solidarité, mais nous n’allons pas avoir une politique de répartition des migrants, ce n’est pas le rôle de la France.

      GERALD DARMANIN
      Le rôle de la France, d’abord aider l’Italie.

      SONIA MABROUK
      Comment, concrètement ?

      GERALD DARMANIN
      Eh bien d’abord, nous devons continuer à protéger nos frontières, et ça c’est à l’Europe de le faire.

      SONIA MABROUK
      Ça c’est l’enjeu majeur, les frontières extérieures.

      GERALD DARMANIN
      Exactement. Nous devons déployer davantage Frontex en Méditerranée…

      SONIA MABROUK
      Avec une efficacité, Monsieur le Ministre, très discutable.

      GERALD DARMANIN
      Avec des messages qu’on doit passer à Frontex effectivement, de meilleures actions, pour empêcher les personnes de traverser pour aller à Lampedusa. Il y a eu à Lampedusa, vous l’avez dit, des milliers de personnes, 5000 même en une seule journée, m’a dit le ministre italien, le 12 septembre. Donc il y a manifestement 300, 400 arrivées de bateaux possibles. Nous devons aussi travailler avec la Tunisie, avec peut-être beaucoup plus encore d’actions que nous faisons jusqu’à présent. La Commission européenne vient de négocier un plan, eh bien il faut le mettre en place désormais, il faut arrêter d’en parler, il faut le faire. Vous savez, les bateaux qui sont produits à Sfax pour venir à Lampedusa, ils sont produits en Tunisie. Donc il faut absolument que nous cassons cet écosystème des passeurs, des trafiquants, parce qu’on ne peut pas continuer comme ça.

      GERALD DARMANIN
      Quand vous dites « nous », c’est-à-dire en partenariat avec la Tunisie ? Comment vous expliquez Monsieur le Ministre qu’il y a eu un afflux aussi soudain ? Est-ce que la Tunisie n’a pas pu ou n’a pas voulu contenir ces arrivées ?

      GERALD DARMANIN
      Je ne sais pas. J’imagine que le gouvernement tunisien a fait le maximum…

      SONIA MABROUK
      Vous devez avoir une idée.

      GERALD DARMANIN
      On sait qu’on que tous ces gens sont partis de Sfax, donc d’un endroit extrêmement précis où il y a beaucoup de migrants notamment Africains, Subsahariens qui y sont, donc la Tunisie connaît elle-même une difficulté migratoire très forte. On doit manifestement l’aider, mais on doit aussi très bien coopérer avec elle, je crois que c’est ce que fait en ce moment le gouvernement italien, qui rappelle un certain nombre de choses aux Tunisiens, quoi leur rappelle aussi leurs difficultés. Donc, ce qui est sûr c’est que nous avons désormais beaucoup de plans, on a beaucoup de moyens, on a fait beaucoup de déplacements, maintenant il faut appliquer cela. Vous savez, la France, à la demande du président de la République, c’était d’ailleurs à Tourcoing, a proposé un pacte migratoire, qui consistait très simplement à ce que les demandes d’asile ne se fassent plus dans nos pays, mais à la frontière. Tout le monde l’a adopté, y compris le gouvernement de madame MELONI. C’est extrêmement efficace puisque l’idée c’est qu’on dise que les gens, quand ils rentrent sur le territoire européen, ne sont pas juridiquement sur le territoire européen, que nous regardions leur asile en quelques jours, et nous les renvoyons. Il faut que l’Italie…

      SONIA MABROUK
      Ça c’est le principe.

      GERALD DARMANIN
      Il faut que l’Italie anticipe, anticipe la mise en place de ce dispositif. Et pourquoi il n’a pas encore été mis en place ? Parce que des députés européens, ceux du Rassemblement national, ont voté contre. C’est-à-dire que l’on est dans une situation politique un peu étonnante, où la France trouve une solution, la demande d’asile aux frontières, beaucoup plus efficace. Le gouvernement de madame MELONI, dans lequel participe monsieur SALVINI, est d’accord avec cette proposition, simplement ceux qui bloquent ça au Parlement européen, c’est le Rassemblement national, qui après va en Italie pour dire que l’Europe ne fait rien.

      SONIA MABROUK
      Sauf que, Monsieur le Ministre…

      GERALD DARMANIN
      Donc on voit bien qu’il y a du tourisme électoral de la part de madame LE PEN…

      SONIA MABROUK
      Vous le dénoncez.

      GERALD DARMANIN
      Il faut désormais être ferme, ce que je vous dis, nous n’accueillerons pas les migrants sur le territoire européen…

      SONIA MABROUK
      Mais un migrant, sur le sol européen aujourd’hui, sait qu’il va y rester. La vocation est d’y rester.

      GERALD DARMANIN
      Non, c’est tout à fait faux, nous faisons des retours. Nous avons par exemple dans les demandes d’asile, prévu des Ivoiriens. Bon. Nous avons des personnes qui viennent du Cameroun, nous avons des personnes qui viennent de Gambie. Avec ces pays nous avons d’excellentes relations politiques internationales, et nous renvoyons tous les jours dans ces pays des personnes qui n’ont rien à faire pour demander l’asile en France ou en Europe. Donc c’est tout à fait faux, avec certains pays nous avons plus de difficultés, bien sûr, parce qu’ils sont en guerre, comme la Syrie, comme l’Afghanistan bien sûr, mais avec beaucoup de pays, la Tunisie, la Gambie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, nous sommes capables d’envoyer très rapidement ces personnes chez elles.

      SONIA MABROUK
      Lorsque le patron du Rassemblement national Jordan BARDELLA, ou encore Eric ZEMMOUR, ou encore Marion MARECHAL sur place, dit : aucun migrant de Lampedusa ne doit arriver en France. Est-ce que vous êtes capable de tenir, si je puis dire cette déclaration ? Vous dites : c’est totalement illusoire.

      GERALD DARMANIN
      Non mais monsieur BARDELLA il fait de la politique politicienne, et malheureusement sur le dos de ses amis italiens, sur le dos de femmes et d’hommes, puisqu’il ne faut jamais oublier que ces personnes évidemment connaissent des difficultés extrêmement fortes. Il y a un bébé qui est mort à Lampedusa voilà quelques heures, et évidemment sur le dos de l’intelligence politique que les Français ont. Le Front national vote systématiquement contre toutes les mesures que nous proposons au niveau européen, chacun voit que c’est un sujet européen, c’est pour ça d’ailleurs qu’il se déplace, j’imagine, en Italie…

      SONIA MABROUK
      Ils ne sont pas d’accord avec votre politique, Monsieur le Ministre, ça ne surprend personne.

      GERALD DARMANIN
      Non mais monsieur SALVINI madame MELONI, avec le gouvernement français, ont adopté un texte commun qui prévoit une révolution : la demande d’asile aux frontières. Monsieur BARDELLA, lui il parle beaucoup, mais au Parlement européen il vote contre. Pourquoi ? Parce qu’il vit des problèmes. La vérité c’est que monsieur BARDELLA, comme madame Marion MARECHAL LE PEN, on a compris qu’il y a une sorte de concurrence dans la démagogie à l’extrême droite, eux, ce qu’ils veulent c’est vivre des problèmes. Quand on leur propose de résoudre les problèmes, l’Europe avec le président de la République a essayé de leur proposer de les résoudre. Nous avons un accord avec madame MELONI, nous faisons la demande d’asile aux frontières, nous considérons qu’il n’y a plus d’asile en Europe, tant qu’on n’a pas étudié aux frontières cet asile. Quand le Rassemblement national vote contre, qu’est-ce qui se passe ? Eh bien ils ne veulent pas résoudre les problèmes, ils veulent pouvoir avoir une sorte de carburant électoral, pour pouvoir dire n’importe quoi, comme ils l’ont fait ce week-end encore.

      SONIA MABROUK
      Ce matin, sur les 5 000, 6 000 qui sont arrivés à Lampedusa, combien seront raccompagnés, combien n’ont pas vocation et ne resteront pas sur le sol européen ?

      GERALD DARMANIN
      Alors, c’est difficile. C’est difficile à savoir, parce que moi je ne suis pas les autorités italiennes, c’est pour ça que à la demande, du président je vais à Rome cet après-midi, mais de notre point de vue, de ce que nous en savons des autorités italiennes, beaucoup doivent être accompagnés, puisqu’encore une fois je comprends que sur à peu près 8 000 ou 9 000 personnes qui sont arrivées, il y a beaucoup de gens qui viennent de pays qui ne connaissent pas de persécution politique, ni au Cameroun, ni en Côte d’Ivoire, ni bien sûr en Gambie, ni en Tunisie, et donc ces personnes, bien sûr, doivent repartir dans leur pays et la France doit les aider à repartir.

      SONIA MABROUK
      On note Gérald DARMANIN que vous avez un discours, en tout cas une tonalité très différente à l’égard de madame MELONI, on se souvient tous qu’il y a eu quasiment une crise diplomatique il y a quelques temps, lorsque vous avez dit qu’elle n’était pas capable de gérer ces questions migratoires sur lesquelles elle a été… elle est arrivée au pouvoir avec un discours très ferme, aujourd’hui vous dites « non, je la soutiens madame MELONI », c’est derrière nous toutes ces déclarations, que vous avez tenues ?

      GERALD DARMANIN
      Je ne suis pas là pour soutenir madame MELONI, non, je dis simplement que lorsqu’on vote pour des gouvernements qui vous promettent tout, c’est le cas aussi de ce qui s’est passé avec le Brexit en Grande-Bretagne, les Français doivent comprendre ça. Lorsqu’on vous dit " pas un migrant ne viendra, on fera un blocus naval, vous allez voir avec nous on rase gratis ", on voit bien que la réalité dépasse largement ces engagements.

      SONIA MABROUK
      Elle a réitéré le blocus naval !

      GERALD DARMANIN
      Le fait est qu’aujourd’hui nous devons gérer une situation où l’Italie est en grande difficulté, et on doit aider l’Italie, parce qu’aider l’Italie, d’abord c’est nos frères et nos soeurs les Italiens, mais en plus c’est la continuité, évidemment, de ce qui va se passer en France, donc moi je suis là pour protéger les Français, je suis là pour protéger les Français parce que le président de la République souhaite que nous le faisions dans un cadre européen, et c’est la seule solution qui vaille, parce que l’Europe doit parler d’une seule voix…

      SONIA MABROUK
      C’est la seule solution qui vaille ?

      GERALD DARMANIN
      Oui, c’est la seule solution qui vaille…

      SONIA MABROUK
      Vous savez que l’Allemagne a changé, enfin elle n’en voulait pas, finalement là, sur les migrants, elle change d’avis, la Hongrie, la Pologne, je n’en parle même pas, la situation devient quand même intenable.

      GERALD DARMANIN
      La France a un rôle moteur dans cette situation de ce week-end, vous avez vu les contacts diplomatiques que nous avons eus, on est heureux d’avoir réussi à faire bouger nos amis Allemands sur cette situation. Les Allemands connaissent aussi une difficulté forte, ils ont 1 million de personnes réfugiées ukrainiens, ils ont une situation compliquée par rapport à la nôtre aussi, mais je constate que l’Allemagne et la France parlent une nouvelle fois d’une seule voix.

      SONIA MABROUK
      Mais l’Europe est en ordre dispersé, ça on peut le dire, c’est un constat lucide.

      GERALD DARMANIN
      L’Europe est dispersée parce que l’Europe, malheureusement, a des intérêts divergents, mais l’Europe a réussi à se mettre d’accord sur la proposition française, encore une fois, une révolution migratoire qui consiste à faire des demandes d’asile à la frontière. Nous nous sommes mis d’accord entre tous les pays européens, y compris madame MELONI, ceux qui bloquent c’est le Rassemblement national, et leurs amis, au Parlement européen, donc plutôt que de faire du tourisme migratoire à Lampedusa comme madame Marion MARECHAL LE PEN, ou raconter n’importe quoi comme monsieur BARDELLA, ils feraient mieux de faire leur travail de députés européens, de soutenir la France, d’être un peu patriotes pour une fois, de ne pas faire la politique du pire…

      SONIA MABROUK
      Vous leur reprochez un défaut de patriotisme à ce sujet-là ?

      GERALD DARMANIN
      Quand on ne soutient pas la politique de son gouvernement, lorsque l’on fait l’inverser…

      SONIA MABROUK
      Ça s’appelle être dans l’opposition parfois Monsieur le Ministre.

      GERALD DARMANIN
      Oui, mais on ne peut pas le faire sur le dos de femmes et d’hommes qui meurent, et moi je vais vous dire, le Rassemblement national aujourd’hui n’est pas dans la responsabilité politique. Qu’il vote ce pacte migratoire très vite, que nous puissions enfin, concrètement, aider nos amis Italiens, c’est sûr qu’il y aura moins d’images dramatiques, du coup il y aura moins de carburant pour le Rassemblement national, mais ils auront fait quelque chose pour leur pays.

      SONIA MABROUK
      Vous les accusez, je vais employer ce mot puisque la ministre Agnès PANNIER-RUNACHER l’a employé elle-même, de « charognards » là, puisque nous parlons de femmes et d’hommes, de difficultés aussi, c’est ce que vous êtes en train de dire ?

      GERALD DARMANIN
      Moi je ne comprends pas pourquoi on passe son temps à faire des conférences de presse en Italie, à Lampedusa, en direct sur les plateaux de télévision, lorsqu’on n’est pas capable, en tant que parlementaires européens, de voter un texte qui permet concrètement de lutter contre les difficultés migratoires. Encore une fois, la révolution que la France a proposée, et qui a été adoptée, avec le soutien des Italiens, c’est ça qui est paradoxal dans cette situation, peut être résolue si nous mettons en place…

      SONIA MABROUK
      Résolue…

      GERALD DARMANIN
      Bien sûr ; si nous mettons en place les demandes d’asile aux frontières, on n’empêchera jamais les gens de traverser la Méditerranée, par contre on peut très rapidement leur dire qu’ils ne peuvent pas rester sur notre sol, qu’ils ne sont pas des persécutés…

      SONIA MABROUK
      Comment vous appelez ce qui s’est passé, Monsieur le Ministre, est-ce que vous dites c’est un afflux soudain et massif, ou est-ce que vous dites que c’est une submersion migratoire, le diagnostic participe quand même de la résolution des défis et des problèmes ?

      GERALD DARMANIN
      Non, mais sur Lampedusa, qui est une île évidemment tout au sud de la Méditerranée, qui est même au sud de Malte, il y a 6000 habitants, lorsqu’il y a entre 6 et 8 000 personnes qui viennent en quelques jours évidemment c’est une difficulté immense, et chacun le comprend, pour les habitants de Lampedusa.

      SONIA MABROUK
      Comment vous qualifiez cela ?

      GERALD DARMANIN
      Mais là manifestement il y a à Sfax une difficulté extrêmement forte, où on a laissé passer des centaines de bateaux, fabriqués d’ailleurs, malheureusement….

      SONIA MABROUK
      Donc vous avez un gros problème avec les pays du Maghreb, en l’occurrence la Tunisie ?

      GERALD DARMANIN
      Je pense qu’il y a un énorme problème migratoire interne à l’Afrique, encore une fois la Tunisie, parfois même l’Algérie, parfois le Maroc, parfois la Libye, ils subissent eux-mêmes une pression migratoire d’Afrique, on voit bien que la plupart du temps ce sont des nationalités du sud du Sahel, donc les difficultés géopolitiques que nous connaissons ne sont pas pour rien dans cette situation, et nous devons absolument aider l’Afrique à absolument aider les Etats du Maghreb. On peut à la fois les aider, et en même temps être très ferme, on peut à la fois aider ces Etats à lutter contre l’immigration interne à l’Afrique, et en même temps expliquer…

      SONIA MABROUK
      Ça n’empêche pas la fermeté.

      GERALD DARMANIN
      Que toute personne qui vient en Europe ne sera pas accueillie chez nous.

      SONIA MABROUK
      Encore une question sur ce sujet. Dans les différents reportages effectués à Lampedusa on a entendu certains migrants mettre en avant le système social français, les aides possibles, est-ce que la France, Gérald DARMANIN, est trop attractive, est-ce que notre modèle social est trop généreux et c’est pour cela qu’il y a ces arrivées aussi ?

      GERALD DARMANIN
      Alors, je ne suis pas sûr qu’on traverse le monde en se disant « chouette, il y a ici une aide sociale particulièrement aidante », mais il se peut…

      SONIA MABROUK
      Mais quand on doit choisir entre différents pays ?

      GERALD DARMANIN
      Mais il se peut qu’une fois arrivées en Europe, effectivement, un certain nombre de personnes, aidées par des passeurs, aidées parfois par des gens qui ont de bonnes intentions, des associations, se disent « allez dans ce pays-là parce qu’il y a plus de chances de », c’est ce pourquoi nous luttons. Quand je suis arrivé au ministère de l’Intérieur nous étions le deuxième pays d’Europe qui accueille le plus de demandeurs d’asile, aujourd’hui on est le quatrième, on doit pouvoir continuer à faire ce travail, nous faisons l’inverse de certains pays autour de nous, par exemple l’Allemagne qui ouvre plutôt plus de critères, nous on a tendance à les réduire, et le président de la République, dans la loi immigration, a proposé beaucoup de discussions pour fermer un certain nombre d’actions d’accueil. Vous avez la droite, LR, qui propose la transformation de l’AME en Aide Médicale d’Urgence, nous sommes favorables à étudier cette proposition des LR, j’ai moi-même proposé un certain nombre de dispositions extrêmement concrètes pour limiter effectivement ce que nous avons en France et qui parfois est différent des pays qui nous entourent et qui peuvent conduire à cela. Et puis enfin je terminerai par dire, c’est très important, il faut lutter contre les passeurs, la loi immigration que je propose passe de délit a crime, avec le garde des Sceaux on a proposé qu’on passe de quelques années de prison à 20 ans de prison pour ceux qui trafiquent des êtres humains, aujourd’hui quand on arrête des passeurs, on en arrête tous les jours grâce à la police française, ils ne sont condamnés qu’à quelques mois de prison, alors que demain, nous l’espérons, ils seront condamnés bien plus.

      SONIA MABROUK
      Bien. Gérald DARMANIN, sur CNews et Europe 1 notre « Grande interview » s’intéresse aussi à un nouveau refus d’obtempérer qui a dégénéré à Stains, je vais raconter en quelques mots ce qui s’est passé pour nos auditeurs et téléspectateurs, des policiers ont pris en chasse un deux-roues, rapidement un véhicule s’est interposé pour venir en aide aux fuyards, un policier a été violemment pris à partie, c’est son collègue qui est venu pour l’aider, qui a dû tirer en l’air pour stopper une scène de grande violence vis-à-vis de ce policier, comment vous réagissez par rapport à cela ?

      GERALD DARMANIN
      D’abord trois choses. Les policiers font leur travail, et partout sur le territoire national, il n’y a pas de territoires perdus de la République, il y a des territoires plus difficiles, mais Stains on sait tous que c’est une ville à la fois populaire et difficile pour la police nationale. La police le samedi soir fait des contrôles, lorsqu’il y a des refus d’obtempérer, je constate que les policiers sont courageux, et effectivement ils ont été violentés, son collègue a été très courageux de venir le secourir, et puis troisièmement force est restée à la loi, il y a eu cinq interpellations, ils sont présentés aujourd’hui…

      SONIA MABROUK
      A quel prix.

      GERALD DARMANIN
      Oui, mais c’est le travail…

      SONIA MABROUK
      A quel prix pour le policier.

      GERALD DARMANIN
      Malheureusement c’est le travail, dans une société très violente…

      SONIA MABROUK
      D’être tabassé ?

      GERALD DARMANIN
      Dans une société très violente les policiers, les gendarmes, savent la mission qu’ils ont, qui est une mission extrêmement difficile, je suis le premier à les défendre partout sur les plateaux de télévision, je veux dire qu’ils ont réussi, à la fin, à faire entendre raison à la loi, les Français doivent savoir ce matin que cinq personnes ont été interpellées, présentées devant le juge.

      SONIA MABROUK
      Pour quel résultat, Monsieur le Ministre ?

      GERALD DARMANIN
      Eh bien moi je fais confiance en la justice.

      SONIA MABROUK
      Parfois on va les trouver à l’extérieur.

      GERALD DARMANIN
      Non non, je fais confiance en la justice, quand on…

      SONIA MABROUK
      Ça c’est le principe. On fait tous, on aimerait tous faire confiance à la justice.

      GERALD DARMANIN
      Non, mais quand on moleste un policier, j’espère que les peines seront les plus dures possible.

      SONIA MABROUK
      On va terminer avec une semaine intense et à risques qui s’annonce, la suite de la Coupe du monde de rugby, la visite du roi Charles III, le pape à Marseille. Vous avez appelé les préfets à une très haute vigilance. C’est un dispositif exceptionnel pour relever ces défis, qui sera mis en oeuvre.

      GERALD DARMANIN
      Oui, donc cette semaine la France est au coeur du monde par ces événements, la Coupe du monde de rugby qui continue, et qui se passe bien. Vous savez, parfois ça nous fait sourire. La sécurité ne fait pas de bruit, l’insécurité en fait, mais depuis le début de cette Coupe du monde, les policiers, des gendarmes, les pompiers réussissent à accueillir le monde en de très très bonnes conditions, tant mieux, il faut que ça continue bien sûr. Le pape qui vient deux jours à Marseille, comme vous l’avez dit, et le roi Charles pendant trois jours. Il y aura jusqu’à 30 000 policiers samedi, et puis après il y a quelques événements comme PSG - OM dimanche prochain, c’est une semaine…

      SONIA MABROUK
      Important aussi.

      GERALD DARMANIN
      C’est une semaine horribilis pour le ministre de l’Intérieur et pour les policiers et les gendarmes, et nous le travaillons avec beaucoup de concentration, le RAID, le GIGN est tout à fait aujourd’hui prévu pour tous ces événements, et nous sommes capables d’accueillir ces grands événements mondiaux en une semaine, c’est l’honneur de la police nationale et de la gendarmerie nationale.

      SONIA MABROUK
      Merci Gérald DARMANIN.

      GÉRALD DARMANIN
      Merci à vous.

      SONIA MABROUK
      Vous serez donc cet après-midi…

      GÉRALD DARMANIN
      A Rome.

      SONIA MABROUK
      …à Rome avec votre homologue évidemment de l’Intérieur. Merci encore de nous avoir accordé cet entretien.

      GERALD DARMANIN
      Merci à vous.

      SONIA MABROUK
      Et bonne journée sur Cnews et Europe 1

      https://www.vie-publique.fr/discours/291092-gerald-darmanin-18092023-immigration

      #Darmanin #demandes_d'asile_à_la_frontière

    • Darmanin: ’La Francia non accoglierà migranti da Lampedusa’

      Ma con Berlino apre alla missione navale. Il ministro dell’Interno francese a Roma. Tajani: ’Fa fede quello che dice Macron’. Marine Le Pen: ’Dobbianmo riprendere il controllo delle nostre frontiere’

      «La Francia non prenderà nessun migrante da Lampedusa». All’indomani della visita di Ursula von der Leyen e Giorgia Meloni sull’isola a largo della Sicilia, il governo transalpino torna ad alzare la voce sul fronte della solidarietà e lo fa, ancora una volta, con il suo ministro dell’Interno Gerald Darmanin.

      La sortita di Parigi giunge proprio mentre, da Berlino, arriva l’apertura alla richiesta italiana di una missione navale comune per aumentare i controlli nel Mediterraneo, idea sulla quale anche la Francia si dice pronta a collaborare.

      Sullo stesso tenore anche le dichiarazioni Marine Le Pen. «Nessun migrante da Lampedusa deve mettere piede in Francia. Serve assolutamente una moratoria totale sull’immigrazione e dobbiamo riprendere il controllo delle nostre frontiere. Spetta a noi nazioni decidere chi entra e chi resta sul nostro territorio». Lo ha detto questa sera Marine Le Pen, leader dell’estrema destra francese del Rassemblement National, «Quelli che fanno appello all’Unione europea si sbagliano - ha continuato Le Pen - perché è vano e pericoloso. Vano perché l’Unione europea vuole l’immigrazione, pericoloso perché lascia pensare che deleghiamo all’Unione europea la decisione sulla politica di immigrazione che dobbiamo condurre. Spetta al popolo francese decidere e bisogna rispettare la sua decisione».

      La strada per la messa a punto di un’azione Ue, tuttavia, resta tremendamente in salita anche perché è segnata da uno scontro interno alle istituzioni comunitarie sull’intesa con Tunisi: da un lato il Consiglio Ue, per nulla soddisfatto del modus operandi della Commissione, e dall’altro l’esecutivo europeo, che non ha alcuna intenzione di abbandonare la strada tracciata dal Memorandum siglato con Kais Saied. «Sarebbe un errore di giudizio considerare che i migranti, siccome arrivano in Europa, devono essere subito ripartiti in tutta Europa e in Francia, che fa ampiamente la sua parte», sono state le parole con cui Darmamin ha motiva il suo no all’accoglienza. Il ministro lo ha spiegato prima di recarsi a Roma, su richiesta del presidente Emmanuel Macron, per un confronto con il titolare del Viminale Matteo Piantedosi. Ed è proprio a Macron che l’Italia sembra guardare, legando le frasi di Darmanin soprattutto alle vicende politiche interne d’Oltralpe. «Fa fede quello che dice Macron e quello che dice il ministro degli Esteri, mi pare che ci sia voglia di collaborare», ha sottolineato da New York il titolare della Farnesina Antonio Tajani invitando tutti, in Italia e in Ue, a non affrontare il dossier con «slogan da campagna elettorale».

      Eppure la sortita di Darmanin ha innescato l’immediata reazione della maggioranza, soprattutto dalle parti di Matteo Salvini. «Gli italiani si meritano fatti concreti dalla Francia e dall’Europa», ha tuonato la Lega. Nel piano Ue su Lampedusa il punto dell’accoglienza è contenuto nel primo dei dieci punti messi neri su bianco. Ma resta un concetto legato alla volontarietà. Che al di là della Francia, per ora trova anche il no dell’Austria. Il nodo è sempre lo stesso: i Paesi del Nord accusano Roma di non rispettare le regole sui movimenti secondari, mentre l’Italia pretende di non essere l’unico approdo per i migranti in arrivo. Il blocco delle partenze, in questo senso, si presenta come l’unica mediazione politicamente percorribile. Berlino e Parigi si dicono pronte a collaborare su un maggiore controllo aereo e navale delle frontiere esterne. L’Ue sottolinea di essere «disponibile a esplorare l’ipotesi», anche se la «decisione spetta agli Stati».

      Il raggio d’azione di von der Leyen, da qui alle prossime settimane, potrebbe tuttavia restringersi: sull’intesa con Tunisi l’Alto Rappresentante Ue per la Politica Estera Josep Borrell, il servizio giuridico del Consiglio Ue e alcuni Paesi membri - Germania e Lussemburgo in primis - hanno mosso riserve di metodo e di merito. L’accusa è duplice: il Memorandum con Saied non solo non garantisce il rispetto dei diritti dei migranti ma è stato firmato dal cosiddetto ’team Europe’ (von der Leyen, Mark Rutte e Meloni) senza l’adeguata partecipazione del Consiglio. Borrell lo ha messo nero su bianco in una missiva indirizzata al commissario Oliver Varhelyi e a von der Leyen. «Gli Stati membri sono stati informati e c’è stato ampio sostegno», è stata la difesa della Commissione. Invero, al Consiglio europeo di giugno l’intesa incassò l’endorsement dei 27 ma il testo non era stato ancora ultimato. E non è arrivato al tavolo dei rappresentanti permanenti se non dopo essere stato firmato a Cartagine. Ma, spiegano a Palazzo Berlaymont, l’urgenza non permetteva rallentamenti. I fondi per Tunisi, tuttavia, attendono ancora di essere esborsati. La questione - assieme a quella del Patto sulla migrazione e al Piano Lampedusa - è destinata a dominare le prossime riunioni europee: quella dei ministri dell’Interno del 28 settembre e, soprattutto, il vertice informale dei leader previsto a Granada a inizio ottobre.

      https://www.ansa.it/sito/notizie/mondo/2023/09/18/darmanin-la-francia-non-accogliera-migranti-da-lampedusa_2f53eae6-e8f7-4b82-9d7

    • Lampedusa : les contrevérités de Gérald Darmanin sur le profil des migrants et leur droit à l’asile

      Le ministre de l’Intérieur persiste à dire, contre la réalité du droit et des chiffres, que la majorité des migrants arrivés en Italie la semaine dernière ne peuvent prétendre à l’asile.

      A en croire Gérald Darmanin, presque aucune des milliers de personnes débarquées sur les rives de l’île italienne de Lampedusa depuis plus d’une semaine ne mériterait d’être accueillie par la France. La raison ? D’un côté, affirme le ministre de l’Intérieur, il y aurait les « réfugiés » fuyant des persécutions politiques ou religieuses, et que la France se ferait un honneur d’accueillir. « Et puis, il y a les migrants », « des personnes irrégulières » qui devraient être renvoyées dans leur pays d’origine le plus rapidement possible, a-t-il distingué, jeudi 22 septembre sur BFMTV.

      « S’il s’agit de prendre les migrants tels qu’ils sont : 60 % d’entre eux viennent de pays tels que la Côte d’Ivoire, comme la Guinée, comme la Gambie, il n’y a aucune raison [qu’ils viennent] », a-t-il en sus tonné sur CNews, lundi 18 septembre. Une affirmation serinée mardi sur TF1 dans des termes semblables : « 60 % des personnes arrivées à Lampedusa sont francophones. Il y a des Ivoiriens et des Sénégalais, qui n’ont pas à demander l’asile en Europe. »
      Contredit par les données statistiques italiennes

      D’après le ministre – qui a expliqué par la suite tenir ses informations de son homologue italien – « l’essentiel » des migrants de Lampedusa sont originaires du Cameroun, du Sénégal, de Côte-d’Ivoire, de Gambie ou de Tunisie. Selon le ministre, leur nationalité les priverait du droit de demander l’asile. « Il n’y aura pas de répartition de manière générale puisque ce ne sont pas des réfugiés », a-t-il prétendu, en confondant par la même occasion les demandeurs d’asiles et les réfugiés, soit les personnes dont la demande d’asile a été acceptée.

      https://twitter.com/BFMTV/status/1704749840133923089

      Interrogé sur le profil des migrants arrivés à Lampedusa, le ministère de l’Intérieur italien renvoie aux statistiques de l’administration du pays. A rebours des propos définitifs de Gérald Darmanin sur la nationalité des personnes débarquées sur les rives italiennes depuis la semaine dernière, on constate, à l’appui de ces données, qu’une grande majorité des migrants n’a pas encore fait l’objet d’une procédure d’identification. Sur les 16 911 personnes arrivées entre le 11 et le 20 septembre, la nationalité n’est précisée que pour 30 % d’entre elles.

      En tout, 12 223 personnes, soit 72 % des personnes arrivées à Lampedusa, apparaissent dans la catégorie « autres » nationalités, qui mélange des ressortissants de pays peu représentés et des migrants dont l’identification est en cours. A titre de comparaison, au 11 septembre, seulement 30 % des personnes étaient classées dans cette catégorie. Même si la part exacte de migrants non identifiés n’est pas précisée, cette catégorie apparaît être un bon indicateur de l’avancée du travail des autorités italiennes.

      Parmi les nationalités relevées entre le 11 et 20 septembre, le ministère de l’Intérieur italien compte effectivement une grande partie de personnes qui pourraient être francophones : 1 600 Tunisiens, 858 Guinéens, 618 Ivoiriens, 372 Burkinabés, presque autant de Maliens, 253 Camerounais, mais aussi des ressortissants moins susceptibles de connaître la langue (222 Syriens, environ 200 Egyptiens, 128 Bangladais et 74 Pakistanais).

      A noter que selon ces statistiques italiennes partielles, il n’est pas fait état de ressortissants sénégalais et gambiens évoqués par Gérald Darmanin. Les données ne disent rien, par ailleurs, du genre ou de l’âge de ces arrivants. « La plupart sont des hommes mais aussi on a aussi vu arriver des familles, des mères seules ou des pères seuls avec des enfants et beaucoup de mineurs non accompagnés, des adolescents de 16 ou 17 ans », décrivait à CheckNews la responsable des migrations de la Croix-Rouge italienne, Francesca Basile, la semaine dernière.

      Légalement, toutes les personnes arrivées à Lampedusa peuvent déposer une demande d’asile, s’ils courent un danger dans leur pays d’origine. « Il ne s’agit pas seulement d’un principe théorique. En vertu du droit communautaire et international, toute personne – quelle que soit sa nationalité – peut demander une protection internationale, et les États membres de l’UE ont l’obligation de procéder à une évaluation individuelle de chaque demande », a ainsi rappelé à CheckNews l’agence de l’union européenne pour l’asile. L’affirmation de Gérald Darmanin selon laquelle des migrants ne seraient pas éligibles à l’asile en raison de leur nationalité est donc fausse.

      Par ailleurs, selon le règlement de Dublin III, la demande d’asile doit être instruite dans le premier pays où la personne est arrivée au sein de l’Union européenne (à l’exception du Danemark), de la Suisse, de la Norvège, de l’Islande et du Liechtenstein. Ce sont donc aux autorités italiennes d’enregistrer et de traiter les demandes des personnes arrivées à Lampedusa. Dans certains cas, des transferts peuvent être opérés vers un pays signataires de l’accord de Dublin III, ainsi du rapprochement familial. Si les demandes d’asile vont être instruites en Italie, les chiffes de l’asile en France montrent tout de même que des ressortissants des pays cités par Gérald Darmanin obtiennent chaque année une protection dans l’Hexagone.

      Pour rappel, il existe deux formes de protections : le statut de réfugié et la protection subsidiaire. Cette dernière peut être accordée à un demandeur qui, aux yeux de l’administration, ne remplit pas les conditions pour être considéré comme un réfugié, mais qui s’expose à des risques grave dans son pays, tels que la torture, des traitements inhumains ou dégradants, ainsi que des « menaces grave et individuelle contre sa vie ou sa personne en raison d’une violence qui peut s’étendre à des personnes sans considération de leur situation personnelle et résultant d’une situation de conflit armé interne ou international », liste sur son site internet la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), qui statue en appel sur les demandes de protection.
      Contredit aussi par la réalité des chiffres en France

      Gérald Darmanin cite à plusieurs reprises le cas des migrants originaires de Côte-d’Ivoire comme exemple de personnes n’ayant selon lui « rien à faire » en France. La jurisprudence de la CNDA montre pourtant des ressortissants ivoiriens dont la demande de protection a été acceptée. En 2021, la Cour a ainsi accordé une protection subsidiaire à une femme qui fuyait un mariage forcé décidé par son oncle, qui l’exploitait depuis des années. La Cour avait estimé que les autorités ivoiriennes étaient défaillantes en ce qui concerne la protection des victimes de mariages forcés, malgré de récentes évolutions législatives plus répressives.

      D’après l’Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofrpa), qui rend des décisions en première instance, les demandes d’asile de ressortissants ivoiriens (environ 6 000 en 2022) s’appuient très souvent sur des « problématiques d’ordre sociétal […], en particulier les craintes liées à un risque de mariage forcé ou encore l’exposition des jeunes filles à des mutilations sexuelles ». En 2022, le taux de demandes d’Ivoiriens acceptées par l’Ofrpa (avant recours éventuel devant la CNCDA) était de 27,3 % sur 6 727 décisions contre un taux moyen d’admission de 26,4 % pour le continent africain et de 29,2 % tous pays confondus. Les femmes représentaient la majorité des protections accordées aux ressortissants de Côte-d’Ivoire.

      Pour les personnes originaires de Guinée, citées plusieurs fois par Gérald Darmanin, les demandes sont variées. Certaines sont déposées par des militants politiques. « Les demandeurs se réfèrent à leur parcours personnel et à leur participation à des manifestations contre le pouvoir, qu’il s’agisse du gouvernement d’Alpha Condé ou de la junte militaire », décrit l’Ofpra. D’autre part des femmes qui fuient l’excision et le mariage forcé. En 2022, le taux d’admission par l’Ofpra était de 33,4 % pour 5 554 décisions.
      Jurisprudence abondante

      S’il est vrai que ces nationalités (Guinée et Côte-d’Ivoire) ne figurent pas parmi les taux de protections les plus élevées, elles figurent « parmi les principales nationalités des bénéficiaires de la protection internationale » en 2022, aux côtés des personnes venues d’Afghanistan ou de Syrie, selon l’Ofpra. Les ressortissants tunisiens, qui déposent peu de demandes (439 en 2022), présentent un taux d’admission de seulement 10 %.

      La jurisprudence abondante produite par la CNDA montre que, dans certains cas, le demandeur peut obtenir une protection sur la base de son origine géographique, jugée dangereuse pour sa sécurité voire sa vie. C’est le cas notamment du Mali. En février 2023, la Cour avait ainsi accordé la protection subsidiaire à un Malien originaire de Gao, dans le nord du pays. La Cour avait estimé qu’il s’exposait, « en cas de retour dans sa région d’origine du seul fait de sa présence en tant que civil, [à] un risque réel de subir une menace grave contre sa vie ou sa personne sans être en mesure d’obtenir la protection effective des autorités de son pays ».

      « Cette menace est la conséquence d’une situation de violence, résultant d’un conflit armé interne, susceptible de s’étendre indistinctement aux civils », avait-elle expliqué dans un communiqué. Au mois de juin, à la suite des déclarations d’un demandeur possédant la double nationalité malienne et nigérienne, la Cour avait jugé que les régions de Ménaka au Mali et de Tillaberi au Niger étaient en situation de violence aveugle et d’intensité exceptionnelle, « justifiant l’octroi de la protection subsidiaire prévue par le droit européen ».

      D’après le rapport 2023 de l’agence de l’Union européenne pour l’asile, le taux de reconnaissance en première instance pour les demandeurs guinéens avoisinait les 30 %, et un peu plus de 20 % pour ressortissants ivoiriens à l’échelle de l’UE, avec un octroi en majorité, pour les personnes protégées, du statut de réfugié. Concernant le Mali, le taux de reconnaissance dépassait les 60 %, principalement pour de la protection subsidiaire. Ces données européennes qui confirment qu’il est infondé d’affirmer, comme le suggère le ministre de l’Intérieur, que les nationalités qu’il cite ne sont pas éligibles à l’asile.

      En revanche, dans le cadre du mécanisme « de solidarité », qui prévoit que les pays européens prennent en charge une partie des demandeurs, les Etats « restent souverains dans le choix du nombre et de la nationalité des demandeurs accueillis ». « Comme il s’agit d’un mécanisme volontaire, le choix des personnes à transférer est laissé à l’entière discrétion de l’État membre qui effectue le transfert », explique l’agence de l’union européenne pour l’asile, qui précise que les Etats « tendent souvent à donner la priorité aux nationalités qui ont le plus de chances de bénéficier d’un statut de protection », sans plus de précisions sur l’avancée des négociations en cours.

      https://www.liberation.fr/checknews/lampedusa-les-contreverites-de-gerald-darmanin-sur-le-profil-des-migrants

      #fact-checking

    • #Fanélie_Carrey-Conte sur X :

      Comme une tragédie grecque, l’impression de connaître à l’avance la conclusion d’une histoire qui finit mal.
      A chaque fois que l’actualité remet en lumière les drames migratoires, la même mécanique se met en place. D’abord on parle d’"#appel_d'air", de « #submersion », au mépris de la réalité des chiffres, et du fait que derrière les statistiques, il y a des vies, des personnes.
      Puis l’#extrême_droite monte au créneau, de nombreux responsables politiques lui emboîtent le pas. Alors les institutions européennes mettent en scène des « #plans_d'urgence, » des pactes, censés être « solidaires mais fermes », toujours basés en réalité sur la même logique:chercher au maximum à empêcher en Europe les migrations des « indésirables », augmenter la #sécurisation_des_frontières, prétendre que la focalisation sur les #passeurs se fait dans l’intérêt des personnes migrantes, externaliser de plus en plus les politiques migratoires en faisant fi des droits humains.
      Résultat : les migrations, dont on ne cherche d’ailleurs même plus à comprendre les raisons ni les mécanismes qui les sous-tendent, ne diminuent évidemment pas, au contraire ; les drames et les morts augmentent ; l’extrême -droite a toujours autant de leviers pour déployer ses idées nauséabondes et ses récupérations politiques abjectes.
      Et la spirale mortifère continue ... Ce n’est pas juste absurde, c’est avant tout terriblement dramatique. Pourtant ce n’est pas une fatalité : des politiques migratoires réellement fondées sur l’#accueil et l’#hospitalité, le respect des droits et de la #dignité de tout.e.s, cela peut exister, si tant est que l’on en ait la #volonté_politique, que l’on porte cette orientation dans le débat public national et européen, que l’on se mobilise pour faire advenir cet autre possible. A rebours malheureusement de la voie choisie aujourd’hui par l’Europe comme par la France à travers les pactes et projets de loi immigration en cours...

      https://twitter.com/FCarreyConte/status/1703650891268596111

    • Migranti, Oim: “Soluzione non è chiudere le frontiere”

      Il portavoce per l’Italia, Flavio di Giacomo, a LaPresse: «Organizzare diversamente salvataggi per aiutare Lampedusa»

      Per risolvere l’emergenza migranti, secondo l’Oim (Organizzazione internazionale per le migrazioni), la soluzione non è chiudere le frontiere. Lo ha dichiarato a LaPresse il portavoce per l’Italia dell’organizzazione, Flavio di Giacomo. La visita della presidente della Commissione europea Ursula Von der Leyen a Lampedusa insieme alla premier Giorgia Meloni, ha detto, “è un segnale importante, ma non bisogna scambiare un’emergenza di tipo operativo con ‘bisogna chiudere’, perché non c’è nessuna invasione e la soluzione non è quella di creare deterrenti come trattenere i migranti per 18 mesi. In passato non ha ottenuto nessun effetto pratico e comporta tante spese allo Stato”. Von der Leyen ha proposto un piano d’azione in 10 punti che prevede tra le altre cose di intensificare la cooperazione con l’Unhcr e l’Oim per i rimpatri volontari. “È una cosa che in realtà già facciamo ed è importante che venga implementata ulteriormente“, ha sottolineato Di Giacomo.
      “Organizzare diversamente salvataggi per aiutare Lampedusa”

      “Quest’anno i migranti arrivati in Italia sono circa 127mila rispetto ai 115mila dello stesso periodo del 2015-2016, ma niente di paragonabile agli oltre 850mila giunti in Grecia nel 2015. La differenza rispetto ad allora, quando gli arrivi a Lampedusa erano l’8% mentre quest’anno sono oltre il 70%, è che in questo momento i salvataggi ci sono ma sono fatti con piccole motovedette della Guardia costiera che portano i migranti a Lampedusa, mentre servirebbe un tipo diverso di azione con navi più grandi che vengano distribuite negli altri porti. Per questo l’isola è in difficoltà”, spiega Di Giacomo. “Inoltre, con le partenze in prevalenza dalla Tunisia piuttosto che dalla Libia, i barchini puntano tutti direttamente su Lampedusa”.
      “Priorità stabilizzare situazione in Maghreb”

      Per risolvere la questione, ha aggiunto Di Giacomo, “occorre lavorare per la stabilizzazione e il miglioramento delle condizioni nell’area del Maghreb“. E ha precisato: “La stragrande maggioranza dei flussi migratori africani è interno, ovvero dalla zona sub-sahariana a quella del Maghreb, persone che andavano a vivere in Tunisia e che ora decidono di lasciare il Paese perché vittima di furti, vessazioni e discriminazioni razziali. Questo le porta a imbarcarsi a Sfax con qualsiasi mezzo di fortuna per fare rotta verso Lampedusa”.

      https://www.lapresse.it/cronaca/2023/09/18/migranti-oim-soluzione-non-e-chiudere-le-frontiere

    • Da inizio 2023 in Italia sono sbarcati 133.170 migranti.

      La Ong Humanity1, finanziata anche dal Governo tedesco, ne ha sbarcati 753 (lo 0,6% del totale).
      In totale, Ong battenti bandiera tedesca ne hanno sbarcati 2.720 (il 2% del totale).

      Ma di cosa stiamo parlando?

      https://twitter.com/emmevilla/status/1708121850847309960
      #débarquement #arrivées #ONG #sauvetage

  • Déconstruire le #mythe de l’« #appel_d’air »

    Alors que la France entre progressivement dans une période de campagne électorale pour les élections présidentielles, les tenants de politiques d’immigration et d’accueil plus restrictives les jugent nécessaires pour empêcher un « appel d’air ».

    Une expression récurrente dans le débat public depuis les années 2000

    Si la généalogie de cette expression est difficile à retracer, elle semble s’être imposée dans le débat public aux débuts des années 2000, à l’époque du camp de Sangatte à Calais[i]. Elle cristallisait alors les oppositions entre l’Etat, craignant une « concentration que l’on ne pourrait plus maitriser »[ii], et les associations d’aides aux migrants, plaidant pour une mise à l’abri immédiate et sans condition. De manière générale, cette expression est souvent associée à celles de « #submersion » ou de « #vague » migratoire, de « #grand_remplacement » et « d’#invasion ». Autant d’expressions qui, selon le chercheur #François_Gemenne, « déshumanisent les migrants » et n’abordent les migrations que comme « un problème à résoudre »[iii].

    Au-delà de ses diverses utilisations, la thèse de l’« appel d’air » est fondée sur l’idée que les politiques d’immigration et d’#accueil sont déterminantes dans le #choix des individus à migrer et à se rendre dans tel ou tel pays. Elles joueraient un rôle clé d’#incitation ou de #dissuasion, impactant les #trajectoires_migratoires. En simplifiant à l’extrême, plus les frontières seraient ouvertes et les conditions d’accueil favorables, plus l’effet incitatif – et donc l’appel d’air – serait fort.

    Or, cette expression « qui trouve sa source dans un prétendu bon sens populaire »[iv], n’est pas vérifiée par les travaux de recherche.

    Les principaux moteurs de départ : la situation dans les pays d’origine et les facteurs individuels

    Tout d’abord, plusieurs études montrent que ce sont beaucoup moins les conditions d’arrivée (souvent mauvaises) qui attirent, mais la situation dans les pays de départ où se mêlent l’absence d’espoir, le chômage massif des jeunes et parfois aussi la guerre et l’insécurité.[v]

    A cela s’ajoutent les facteurs individuels, notamment le capital économique et social. Cris Beauchemin, démographe, rappelle ainsi qu’en majorité, ce sont les personnes les plus favorisées qui arrivent en Europe et en France[vi].

    Les intentions de retour freinées par les #politiques_migratoires_restrictives

    Par ailleurs, fait trop souvent oublié, lorsqu’elles arrivent en Europe, nombreuses sont les personnes immigrées à avoir l’intention de retourner dans leur pays. C’est ce que montrent les données des enquêtes MAFE (Migrations entre l’Afrique et l’Europe), présentées par la démographie Marie-Laurence Flahaux[vii] : « c’est par exemple le cas de la moitié des migrants sénégalais et congolais qui sont arrivés en Europe entre 1960 et 2009. ».

    https://www.youtube.com/watch?v=KW39pRNvOXM&feature=emb_logo

    Or, il y a une tendance à la baisse des retours pour des motifs familiaux ou professionnels – qui sont les principaux motifs de retours – notamment du fait du durcissement des #politiques_migratoires. Il est par exemple très compliqué pour les ressortissants de nombreux pays africains d’obtenir un visa de sorte que s’ils rentrent, ils savent qu’il leur sera très difficile de migrer à nouveau[viii].

    En contraignant fortement, voire en empêchant la #circulation_des_personnes immigrées entre leur pays d’origine et le ou les pays de destination, la #fermeture_des_frontières favorise les #installations définitives[ix]. Un résultat inverse à ce que recherchent les défenseurs de politiques migratoires restrictives.

    Asile, liens familiaux, sauvetage en mer : y‑a-t-il « appel d’air » ?

    Ainsi, l’effet incitatif peut jouer dans un contexte de fermeture généralisée dans lequel certains pays ou régions plus ouvertes peuvent alors faire figure d’exception[x]. De même, dans un contexte où les voies légales de migration sont très réduites, la demande d’asile peut constituer la seule perspective de voir le séjour régularisé. S’agissant précisément des #politiques_d’asile, le taux de reconnaissance du statut de réfugié peut jouer un rôle attractif, mais une étude a montré que cet effet est très limité et qu’il ne s’apparente en rien à un appel d’air.[xi]

    Plusieurs autres facteurs comme l’existence de #réseaux_de_solidarité, l’#attractivité_économique et sociale du pays, les #réseaux_sociaux ou encore la #langue parlée, déterminent fortement les trajectoires migratoires et le choix de se rendre dans tel ou tel pays. Si les #liens_sociaux et familiaux établis dans les pays de destination jouent un rôle majeur pour orienter les flux, il ne faut cependant pas croire que les regroupements sont systématiques. Plusieurs études ont ainsi montré que parmi les migrants africains installés en Europe, seule une minorité se fait rejoindre par enfants[xii] et conjoints[xiii].

    Enfin, une autre politique souvent décriée comme favorisant « l’appel d’air » : les #sauvetages_en_mer. Or, d’après les travaux disponibles, il n’existe pas de lien avéré entre la présence des navires de sauvetage et le nombre de traversées mais que d’autres facteurs sont déterminants, comme la météo ou la situation sécuritaire en Libye[xiv].

    En revanche, il est avéré que les mesures prises par les gouvernements pour prévenir ce supposé « appel d’air », telles que la dégradation des conditions d’accueil ou la réduction des voies de migrations légales, portent atteintes aux droits et à la #dignité des personnes[xv]. Par ricochet, ces mesures soulèvent aussi un enjeu d’ordre et de santé public, particulièrement avéré dans le contexte actuel de crise sanitaire.

    Sources :

    [i] Ingrid Merckx, « Un droit à l’hospitalité » dans Politis, Dossier : « Réfugiés, le mythe de l’appel d’air », 27 avril 2017 https://bit.ly/3j4G9jn

    [ii] Propos de Jérôme Vignon co-auteur d’un rapport sur la situation à Calais adressé au ministre de l’Intérieur en 2015 154000418.pdf (vie-publique.fr) et cité dans le dossier susmentionné.

    [iii] Interview de François Gemenne dans Politis, Dossier : « Réfugiés, le mythe de l’appel d’air », 27 avril 2017 https://bit.ly/3j4G9jn

    [iv] Idem.

    [v] Catherine Wihtol de Wenden, « L’ouverture des frontières créé-t-elle un appel d’air ? », dans Migrants, migrations, 50 questions pour vous faire votre opinion, coordonné par Hélène Thiollet https://bit.ly/2RiThpI

    [vi] Interview de Cris Beauchemin, démographe, dans le Monde « L’immigration réagit-elle aux ‘appels d’air’ ? » https://bit.ly/2SKgEJ4

    [vii] Migrations en Question, « Les migrants africains retournent-ils dans leur pays d’origine ? », Vidéo de Marie-Laurence Flahaux, démographe à l’IRD et Fellow de l’Institut Convergences Migrations https://bit.ly/35KEebR

    [viii] Migrations en Question, « Les migrants africains retournent-ils dans leur pays d’origine ? », Vidéo de Marie-Laurence Flahaux, démographe à l’IRD et Fellow de l’Institut Convergences Migrations https://bit.ly/35KEebR

    [ix] Interview de Cris Beauchemin, démographe, dans le Monde « L’immigration réagit-elle aux ‘appels d’air’ ? » https://bit.ly/2SKgEJ4

    [x] Migrations en Question, « Qu’est-ce que l’appel d’air ? », Vidéo de Pascal Brice, ancien directeur de l’Ofpra et président de la Fédération des acteurs de la solidarité https://bit.ly/3pexQ5O

    [xi] Weber, Hannes. 2018. ‘Higher Acceptance Rates of Asylum Seekers Lead to Slightly More Asylum Applications in the Future’. Demographic Research 39 (47) : 1291–1304. https://doi.org/10.4054/DemRes.2018.39.47.

    [xii] González-Ferrer, Amparo, Pau Baizán, and Cris Beauchemin. 2012. ‘Child-Parent Separations among Senegalese Migrants to Europe : Migration Strategies or Cultural Arrangements ?’ The Annals of the American Academy of Political and Social Science 643(1):106–33.

    [xiii] Beauchemin, Cris, Jocelyn Nappa, Bruno Schoumaker, Pau Baizan, Amparo González-Ferrer, Kim Caarls, and Valentina Mazzucato. 2015. ‘Reunifying versus Living Apart Together across Borders : A Comparative Analysis of Sub-Saharan Migration to Europe’. The International Migration Review 49(1):173–99. doi : 10.1111/imre.12155.

    [xiv] Steinhilper, E. and Gruijters, R. (2017) Border Deaths in the Mediterranean : What We Can Learn from the Latest Data. Available at : https://bit.ly/2RBtAjV.

    [xv] Migrations en Question, « Qu’est-ce que l’appel d’air ? », Vidéo de Pascal Brice, ancien directeur de l’Ofpra et président de la Fédération des acteurs de la solidarité https://bit.ly/3pexQ5O

    https://www.icmigrations.cnrs.fr/2021/07/01/deconstruire-le-mythe-de-l-appel-dair

    #santé_publique #préjugés #asile #migrations #réfugiés

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  • Où le trait de côte a-t-il le plus reculé en Bretagne ? - Bretagne - LeTelegramme.fr
    https://www.letelegramme.fr/bretagne/ou-le-trait-de-cote-a-t-il-le-plus-recule-en-bretagne-28-11-2019-124448


    Sur le littoral au large de Lampaul-Ploudalmézeau
    Le Télégramme/Le Télégramme/Esri, i-cubed, USDA, USGS, AEX, GeoEye, Getmapping, Aerogrid, IGN, IGP, UPR-EGP, and the GIS User Community

    S’adapter face au changement du littoral, c’est l’enjeu d’un rapport remis ce jeudi au gouvernement. Ces dernières décennies, le tracé de la côte a déjà fortement changé dans certaines zones de Bretagne.

    Sur fond de changement climatique, comment envisager l’avenir à proximité de la mer ? Voilà la question à laquelle doit répondre un rapport parlementaire remis ce jeudi à la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne. Sujet crucial : selon une étude qui vient de paraître, 300 millions de personnes sont menacées, à travers le monde, par les changements qui vont toucher ce tracé côtier. Et les projections sont d’autant plus préoccupantes que certaines transformations récentes de notre littoral sont déjà bien visibles.
    Le ministère de la Transition écologique surveille l’érosion du littoral à partir, notamment, de l’évolution du « #trait_de_côte ». Le trait de côte ? Il s’agit de la frontière entre la zone littorale et la terre toujours découverte, dans des conditions et coefficients de marée classiques. Les périodes comparées varient selon les zones. En Bretagne, elles vont d’un laps de temps de cinq à six décennies. Concrètement, les organismes de l’État comparent l’ancien tracé de la côte, et son tracé relevé le plus récemment. Cette association permet d’évaluer le nombre de mètres d’avancées ou de recul de la mer, zone par zone. En Bretagne, certaines zones précises affichent des reculs très marqués.

    La baie d’Audierne
    Parmi les zones les plus concernées : la bande littorale qui borde la baie d’Audierne (29). Entre 1952 et 2011, le recul va jusqu’à 1,8 mètre par an sur certains points. C’est notamment le cas à proximité de l’étang de Trunval, ainsi qu’au nord de la pointe de la Torche. Sur cette deuxième zone, le recul peut également atteindre 1,5 à 1,7 m par an.

    La Grève de Goulven
    Autre zone au recul moins marqué mais malgré tout notable : la Grève de Goulven, entre Plounéour-Trez et Plouescat (29). À proximité de Lanevez, le tracé a reculé de 0,7 à 1,20 mètre par an entre 1952 et 2009.

    Lampaul-Ploudalmézeau
    Sur la côte nord toujours, la baie de Lampaul-Ploudalmézeau marque aussi un recul notable, avec 500 à 700 mètres annuels de recul de 1952 à 2009.

    La Barre d’Étel
    Près d’Étel et Erdeven (56), la côte a reculé de 600 à 900 mètres autour des dunes d’Erdeven. Comme pour les exemples précédents, la morphologie de cette portion de la côte explique en partie cette évolution. L’étude Géolittoral souligne que les côtes basses sableuses représentent quatre cas sur dix des environnements naturels examinés, et qu’elles présentent les taux d’évolution les plus importants, à la fois en recul et en avancée de la côte.

    La modification du littoral n’est en effet par uniforme. Si la mer avance dans les terres à certains endroits, elle recule à d’autres. C’est le cas, par exemple, dans l’anse de Dinan, près de la presqu’île de Crozon (29). Malgré tout, sur l’ensemble de la France, près de 20 % du trait de côte naturel est en recul. Cela correspond à environ 30 km² de terre disparus sur une période de 50 ans. En Bretagne, le Finistère est le plus concerné : la surface perdue en cinquante ans, entre 1960 et 2010, y est estimée à plus d’un kilomètre carré.

    Et près de chez vous ?
    Explorez l’évolution du trait de côte en Bretagne sur les dernières décennies dans la carte interactive ci-dessous. Le tracé en pointillé représente l’ancien tracé côtier ; celui en jaune correspond au relevé le plus récent. Les aplats de couleur correspondent à l’importance du recul (en rouge) ou de l’avancée (en vert)
    https://www.letelegramme.fr/static/ftp/dossier/data/carte/trait-de-cote/index.html

  • Une réaction en chaîne irréversible pourrait transformer la Terre en étuve
    https://www.20minutes.fr/planete/2318199-20180807-reaction-chaine-irreversible-pourrait-transformer-terre-e

    Notre planète fonce vers un point de rupture qui déboucherait sur un scénario catastrophe irréversible. C’est l’avertissement lancé par des chercheurs internationaux dans une nouvelle étude sur le climat, publiée lundi dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PDF). Selon eux, un effet domino pourrait transformer la Terre en étuve d’ici quelques décennies, même si l’humanité parvient à limiter la hausse des températures à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels – l’objectif fixé par l’Accord de Paris.

    Si les calottes polaires continuent de fondre, les forêts d’être décimées et les émissions de gaz à effet de serre de battre chaque année des records, la Terre va franchir un point de rupture, concluent des chercheurs de l’université de Copenhague, de l’Université nationale australienne et de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique en Allemagne.

    Une réaction en chaîne en trois temps

    Les chercheurs ont identifié une dizaine de facteurs de risques interconnectés qui pourraient provoquer une réaction en chaîne en trois temps. Avec des puits de carbone affaiblis, des forêts qui rétrécissent et une hausse des températures comprises entre 1 et 3°C, la calotte glaciaire recouvrant la terre de l’Antarctique ouest et du Groenland, les glaciers des Alpes et la Grande barrière de corail seraient les premiers menacés.

    « Quand un seuil critique est atteint, le processus de réactions s’auto-entretient », note l’étude. La machine s’emballerait alors jusqu’à une hausse des températures de 5°C, menaçant l’Antarctique Est et le méthane et le CO2 emprisonnés dans le permafrost, sol censé être gelé en permanence en Russie ou au Canada, correspond à environ 15 années d’émissions humaines.

    Une hausse du niveau de la mer de 25 mètres

    Les conséquences seraient dévastatrices. La fonte des glaces de l’Antarctique Ouest et du Groenland conduirait à une hausse du niveau de la mer de 13 mètres. La calotte de l’Antarctique Est, plus sensible au réchauffement qu’estimé précédemment, représente 12 mètres potentiels supplémentaires. Deux-tiers des mégalopoles sont installées moins de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer, tout comme les plaines agricoles qui les nourrissent.

    #climat #capitalocène #submersion