• Des opérations policières « vertigineuses » : la Mauritanie durcit sa politique migratoire sous la pression de l’Europe
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    Des opérations policières « vertigineuses » : la Mauritanie durcit sa politique migratoire sous la pression de l’Europe
    Par Abbas Asamaan (Nouadhibou [Mauritanie], envoyé spécial)
    Nouadhibou, port de pêche situé au nord de la façade maritime du pays, est depuis un quart de siècle l’un des carrefours du départ de migrants et « le ventre mou du dispositif » sécuritaire mauritanien. Mais, poussées par Bruxelles, les autorités tentent de porter un coup d’arrêt aux filières d’émigration irrégulière.
    Le capitaine de vaisseau Mohamed Salem Hamza dirige les garde-côtes mauritaniens et recèle en lui un lot d’images « cauchemardesques ». « Comment oublier ce bébé allaité par sa mère et tous deux retrouvés morts sur une plage ? », lâche l’officier, ébranlé, établi à Nouadhibou depuis un an et demi. Jusqu’à la fin de l’année 2024, « les cadavres jonchaient la plage et l’odeur était irrespirable jusqu’en ville », se souvient cet homme chargé de la surveillance des côtes et du sauvetage en mer dans cette zone devenue l’une des principales voies d’accès vers l’Europe. « Il fallait que cela cesse », ajoute-t-il.
    Port de pêche industriel, Nouadhibou est depuis un quart de siècle l’un des carrefours du départ de migrants et « le ventre mou du dispositif » sécuritaire mauritanien d’après M. Hamza, dont les « moyens restent insuffisants » avec deux patrouilleurs de haute mer, quatre vedettes et une vingtaine d’autres petites embarcations, pneumatiques compris. Selon le ministère de l’intérieur espagnol, 180 000 personnes ont ainsi rejoint illégalement les côtes des Canaries entre 2020 et 2024. Ces îles sont à trois jours de bateau de Nouadhibou, faisant ainsi de la capitale économique de la Mauritanie une base de projection des candidats à l’exil. Selon les autorités locales, 30 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne y seraient désormais installés.
    Cet afflux, conjugué à l’émoi suscité par les images de naufragés, a poussé la Mauritanie à tenter de porter, entre février et mars, un coup d’arrêt aux filières d’émigration irrégulière. Alors que la route maritime par l’Atlantique avait permis en 2024 à près de 45 000 personnes – un record – de gagner l’archipel espagnol, les arrivées ont depuis baissé drastiquement : plus de 11 300 exilés ont débarqué depuis début 2025 sur les îles contre près de 19 300 sur la même période un an plus tôt, d’après les données du ministère espagnol de l’intérieur.
    Sous la pression de Madrid et de l’Union européenne (UE) et encouragée par une aide de 210 millions d’euros, en partie dédiée à la lutte contre l’émigration irrégulière, Nouakchott a donc opéré un « durcissement sur les questions migratoires », que salue M. Hamza, fier de poser devant les centaines de moteurs de bateaux confisqués qui s’étalent sous les fenêtres de son bureau. La réaction est tout d’abord intervenue à Lagouira, zone frontalière avec le Sahara occidental, mais contrôlée de fait par les forces mauritaniennes, dont les plages du Cap-Blanc ont vu partir les cayucos (pirogues) des migrants pour les Canaries. 88 réseaux de passeurs, la plupart à Nouadhibou, ont été démantelés au premier trimestre 2025 et seules deux embarcations ont pu partir de Lagouira, indique une source policière.
    Puis, la répression a débordé sur Nouadhibou. Des rafles, ciblant officiellement les sans-papiers, sont menées sur tout le territoire depuis fin février. Dans la rue, sur les chantiers, dans les salons de coiffure, dans les stations-service, sur les marchés, dans les champs et les mines… Entre janvier et avril, les autorités mauritaniennes assurent avoir expulsé « 30 000 personnes en situation irrégulière ».
    Un chiffre probablement sous-estimé car, pour la seule communauté malienne, au moins 27 000 de ses ressortissants auraient été renvoyés dans leur pays en guerre, d’après des sources au sein de cette communauté. Issiaka Traoré, à la tête des « Maliens de Mauritanie », l’une des communautés étrangères les plus nombreuses, raconte des opérations policières « vertigineuses ». Le 3 mars reste « [son] pire souvenir », lorsque « 524 Maliens ont été arrêtés en une seule journée et tous expulsés », déplore ce professeur marié à une Mauritanienne. « Des enfants de 10 ans ont passé une semaine de détention », relate Abdoulaye Diallo, de l’association d’aide aux migrants Ensemble pour un avenir meilleur (EPAM), basée à Nouakchott. Plusieurs cas de viols ont été recensés par des ONG mauritaniennes et des policiers ont extorqué des détenus, d’après des témoins rencontrés par Le Monde.
    Les opérations policières ont été pratiquées au faciès, ciblant exclusivement les personnes de couleur noire. « Etrangement, parmi les interpellés et les refoulés, il n’y a aucun Marocain ou Pakistanais, s’offusque le député de l’opposition Khally Diallo, alors que les réseaux de traite des migrants établis en Mauritanie attirent depuis des années des candidats à l’exode en Europe venus d’Afrique, mais aussi de Syrie et du sous-continent indien. Pour appuyer son propos, l’élu évoque les cas de « cinq Négro-Mauritaniens arrêtés puis refoulés » avant que l’Etat mauritanien ne s’en rende compte et les rapatrie. Contacté, le ministère de l’intérieur n’a pas souhaité répondre.
    Ces opérations policières ont par ailleurs été appuyées par des discours stigmatisants de personnalités du pouvoir. « Les migrants, on doit même aller les chercher dans leur maison ! », lançait, le 24 mai, Ahmedna Ould Sidibe, le wali (gouverneur) du Trarza (sud) sous les vivats d’une assemblée de Beidanes, la minorité des Maures blancs qui contrôle toujours les leviers du pouvoir en Mauritanie. « Si vous voyez un étranger qui n’est pas en règle, vous le signalez et le dénoncez », appelait-il.
    Cette traque a suscité l’effroi des migrants en situation irrégulière. Même les étrangers qui se pensaient protégés, comme les titulaires d’une carte de réfugié – on en dénombre plus de 176 000 dans le pays d’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) – se sont retrouvés dans le viseur. Moussa (un prénom d’emprunt), ancien chauffeur routier qui a fui le Mali il y a dix ans après avoir été menacé à quatre reprises par les djihadistes, se terre aujourd’hui dans un lieu tenu secret. « Après les premières rafles début mars, je n’osais plus sortir de chez moi, explique-t-il. Je n’allais plus au marché travailler, on se sent persécutés. » Pour un impayé d’une « centaine d’euros » sur son loyer, des proches de son propriétaire, installé en Angola, l’ont menacé de mort. Ses deux plaintes déposées à la police sont restées lettres mortes.
    Comme Moussa et sa famille, des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne, contraints de changer de domicile, sont désignés comme des ennemis de l’intérieur, selon les ONG mauritaniennes. Plus de 4 100 autres souhaitent rentrer dans leur pays d’origine, souligne l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Du jamais vu. « Dans ces opérations policières, la dimension raciale et raciste est évidente, alerte Sonia Haidara, une militante féministe qui, devant l’ampleur de la crise, a transformé son centre d’aide aux femmes victimes de violences sexuelles en hébergement d’accueil d’urgence aux migrants. Face aux abus, le pouvoir a certes affiché son opposition mais, en réalité, il se radicalise. » Le raidissement du pouvoir s’est encore accentué lors du procès d’Ablaye Ba, figure de l’Initiative pour la résurgence abolitionniste – mouvement fondé pour l’abolition de l’esclavage, criminalisé depuis 2007, mais dont certaines pratiques demeurent en Mauritanie – et bête noire du régime. Pour avoir critiqué les opérations en cours, le militant a été condamné, le 6 juin, à six mois de prison ferme pour « incitation à la haine raciale ».
    La gestion de la crise migratoire suscite pourtant un mécontentement grandissant. Face à « une crise sans précédent », prévient Khally Diallo, l’élu et d’autres ont aussi dirigé leurs critiques contre l’UE, accusée d’être « complice » du régime. « Par ses dotations financières colossales, l’Europe a versé de l’huile sur le feu. Si l’UE continue de soutenir ce régime qui arrête massivement et expulse abusivement en bafouant les droits les plus élémentaires, on court à notre perte », s’inquiète-t-il. Selon les données européennes, entre 2024 et 2027, l’Europe devrait engager plus de 950 millions d’euros en Mauritanie.
    Les conséquences de cette politique sont déjà visibles pour l’économie mauritanienne, fortement dépendante de la main-d’œuvre étrangère. Taxis, ménage, pêche et mines d’or artisanales, BTP… Des pans entiers de l’économie manquent de bras. A Nouakchott, le prix d’une brique et le salaire journalier des manœuvres ont presque doublé. Comme une centaine d’autres briqueteries de la capitale, celle de Kalidou Sy est moribonde.
    « Quotidiennement, les agents du ministère de l’emploi viennent inspecter », témoigne l’entrepreneur qui employait cinq Maliens. Plusieurs ont été arrêtés et refoulés. « C’est du harcèlement sous couvert d’une directive pour “mauritaniser” l’emploi », dénonce-t-il. Le lendemain de notre rencontre, sa société a été fermée et M. Sy recherchait dans les commissariats un employé disparu, probablement interpellé par la police.
    Par sa dénonciation de la présence de migrants subsahariens, l’aile dure du régime a réveillé les vieux démons du pays. Les rafles ont ravivé celles d’une tout autre ampleur survenues après 1989, lorsqu’un conflit frontalier précipita la Mauritanie et le Sénégal au bord de la guerre. En Mauritanie, comme le relata en 1994 l’ONG Human Rights Watch dans son rapport « Campagne de terreur », sans le dire, une campagne d’« épuration ethnique mais qui en avait les effets » fut menée.Des dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens furent expulsés de leurs terres, des centaines de fonctionnaires noirs arrêtés, torturés, et tués. « 1989, c’est encore vivant dans les esprits, rappelle Aminetou Mint El-Moctar, défenseuse des droits humains, sélectionnée pour le prix Nobel de la paix, en 2015. On ne peut pas soigner les événements racistes du passé en commettant de nouveaux crimes racistes. »

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  • « Tunisie, l’enfer des exilés », sur Arte : paroles de migrants traqués par les autorités
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    « Tunisie, l’enfer des exilés », sur Arte : paroles de migrants traqués par les autorités
    Par Mustapha Kessous
    Le reportage ouvre sur un camp de fortune, posé sur un champ d’oliviers quelque part dans le sud-est de la Tunisie, à une quarantaine de kilomètres de la grande ville portuaire de Sfax. Ibrahim, un Sierra Léonais de 25 ans, qui a étudié la médecine dans son pays, va se charger d’un événement particulier : un accouchement. La future maman a choisi de donner naissance à l’intérieur d’une tente recouverte de plastique, préférant s’allonger sur des tapis rudimentaires plutôt que de profiter du confort et de l’équipement d’une maternité. Se rendre à l’hôpital, c’était, selon elle, prendre le risque de se faire arrêter par les forces de l’ordre. « Les policiers nous chassent comme des animaux », dit-elle. Cette crainte s’inscrit dans un climat de répression accrue envers les migrants en Tunisie.
    Selon les autorités, quelque 20 000 exilés survivent dans les champs d’oliviers, non loin de Sfax. De là, ils espèrent prendre un jour la mer et rejoindre en bateau l’île italienne de Lampedusa. Mais ce voyage est devenu quasi impossible. Entre le 1er janvier et le 1er juin, seules 1 241 personnes ont atteint les côtes européennes, contre plus de 26 000 sur la même période il y a deux ans, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L’accord conclu à l’été 2023 entre la Tunisie et l’Union européenne vise à freiner les migrations, mais à quel coût humain ?
    Depuis, la violence à l’encontre des migrants a décuplé. Le documentaire Tunisie, l’enfer des exilés s’attache à la montrer, sans filtre. Les journalistes donnent la parole à ces « voyageurs » rencontrés tout au long du tournage. A visage découvert, ils racontent les arrestations, les vols qu’ils subissent, la brutalité policière – qui irait jusqu’au viol –, leurs expulsions vers le désert près de la frontière algérienne… Les reporters ont même filmé certains d’entre eux errant dans cette zone, épuisés après plusieurs jours de marche sans eau. Ils seront par la suite aidés par des ouvriers tunisiens.
    Des scènes filmées par des migrants viennent appuyer les témoignages. Parmi les images choquantes : un gendarme frappant à l’aide d’un bâton des migrants en pleine mer, ou des bateaux de la garde nationale tunisienne semblant chercher à faire chavirer leurs embarcations. Le format court du reportage (vingt-quatre minutes) et les contraintes liées à un tournage clandestin ne permettent malheureusement pas de s’attacher aux personnages : il n’a pas été possible de les suivre sur la durée. Pour certains, on ignore même le pays d’origine, le parcours migratoire ou la durée de présence en Tunisie. Malgré ces limites, ce reportage reste un instantané qui expose le quotidien cauchemardesque des migrants, et dénonce les exactions des autorités tunisiennes. Aucun officiel tunisien n’intervient ; seule Dubravka Suica, la commissaire européenne pour la Méditerranée, répond à quelques questions, mais ses propos, trop évasifs, ne permettent pas de comprendre les enjeux. Tunisie, l’enfer des exilés, de Julien Goudichaud, Davide Mattei et Anne Thillet (Fr, 2025, 24 min).

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  • Au Niger, des ONG dénoncent les expulsions massives de migrants de l’Algérie vers le désert du Sahara
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/05/23/au-niger-des-ong-denoncent-les-expulsions-massives-de-migrants-de-l-algerie-

    Au Niger, des ONG dénoncent les expulsions massives de migrants de l’Algérie vers le désert du Sahara
    Par Mustapha Kessous
    « Les arrivées défient toute attente », prévient Azizou Chehou, coordinateur de l’association nigérienne Alarme Phone Sahara, qui défend le droit des exilés dans le Sahel. Le phénomène n’est pas nouveau mais il prend de l’ampleur. Depuis janvier 2025, l’organisation a recensé au moins 5 800 migrants expulsés de l’Algérie vers le nord du Niger. Des chiffres en deçà de ceux donnés par les autorités nigériennes qui dénoncent « une vague de refoulement sans précédent de migrants venant de l’Algérie ».
    Niamey estime que 7 125 migrants – dont 5 148 Nigériens – ont été refoulés sur le premier trimestre et 6 000 personnes pour le seul mois d’avril. En 2023, l’Algérie avait déjà expulsé 26 000 migrants vers le désert nigérien et plus de 31 000 en 2024.
    L’accélération de ces expulsions a suscité une vague de critiques envers l’Algérie. Dans une lettre rendue publique le 20 mai, plusieurs ONG – dont Alarme Phone Sahara et le Réseau Maghreb Sahel sur les migrations (RMSM) – accusent Alger de « délaisser femmes, enfants et personnes malades » à la frontière sud du pays, appelé « point zéro ». Ceux-ci sont ensuite contraints de marcher dans le désert jusqu’à la ville d’Assamaka, à une quinzaine de kilomètres.
    Dans cette zone du Sahara, les températures frôlent les 50 °C. « Un mouroir silencieux », selon les ONG, dénoncé par les migrants et dont les gouvernants sont les premiers responsables. « Ce n’est pas tout le monde qui arrive à Assamaka, rappelle Hassane Boukar, membre du RMSM. Certains meurent en cours de route. »
    En déplacement dans cette localité de 1 500 habitants le 15 mai, le gouverneur d’Agadez, le général Ibrah Boulama Issa, a reconnu que les structures d’accueil pour les migrants – gérées en grande partie par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) – sont désormais « saturées à plus de 160 % ».
    Selon les statistiques diffusées le 18 mai par la télévision publique du Niger, sa région dispose de 3 560 places d’hébergement réparties entre Agadez (1 000), Arlit (1 500), Assamaka (1 000) et Dirkou (60). Aujourd’hui, un peu moins de 5 900 personnes – des Nigérians et des Guinéens pour la plupart –, y sont pris en charge, dont plus de 2 800 rien qu’à Assamaka. Nombreux sont ceux qui ne bénéficient d’aucun hébergement.
    Face à cette « surpopulation » due à une « pression exercée par l’Algérie », selon les termes du gouverneur d’Agadez, les autorités nigériennes souhaitent « accélérer » le plan de rapatriement des migrants dans leur pays d’origine, coordonné par l’OIM. Il devrait concerner 4 000 personnes jusqu’à juillet. « Cela va permettre de désengorger les centres et à ceux qui viennent d’arriver de trouver de l’espace et d’éviter d’aller errer dans les rues », estime le général Ibrah Boulama Issa, soucieux d’éviter « un désastre humanitaire ».
    Du côté algérien, une source sécuritaire a récemment démenti au Monde les accusations d’expulsions brutales, en affirmant qu’« aucun refoulement ne se fait sans la présence de représentants de l’OIM mais aussi des autorités nigériennes aux frontières ». Le même interlocuteur précise que « le Croissant-Rouge algérien remet aux autorités nigériennes leurs ressortissants conduits à la frontière ».
    Fin avril, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a déploré l’ampleur des flux migratoires vers son pays, soulignant que « chaque jour, nous conduisons des milliers de migrants aux frontières et, chaque jour, on compte des milliers d’autres arrivants : cela n’est bon ni pour nous ni pour eux ». Le chef de l’Etat s’est dit, en parallèle, pour la première fois, ouvert à la légalisation des travailleurs subsahariens sans papiers dans un cadre de coopération organisé avec les pays voisins.
    Loin d’être convaincues, les ONG appellent dans leur lettre à l’arrêt immédiat des expulsions de ces migrants subsahariens « meurtris et traités de façon déshumanisante ». « Face à ces jeunes qui refusent la fatalité et qui se battent parfois au prix du sacrifice ultime, l’Algérie a développé l’un des systèmes les plus répressifs au monde », écrivent-elles, comparant Assamaka à la prison américaine de Guantanamo.
    Les organisations nigériennes dénoncent également « le silence coupable » de l’Union africaine et des organisations régionales comme la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) « dont les ressortissants se comptent par centaines ou milliers parmi les victimes ». Elles pointent également le silence de l’Union européenne, révélateur d’une certaine « satisfaction face à un sous-traitant qui “fait le boulot” ». Un contentement européen qui vaut pour l’Algérie mais aussi la Tunisie, qui joue les gardes-frontières, en empêchant les départs vers l’Europe.

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  • La Guinée équatoriale confirme des discussions avec Washington pour recevoir des migrants expulsés
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    La Guinée équatoriale confirme des discussions avec Washington pour recevoir des migrants expulsés
    Le vice-président de Guinée équatoriale, Teodoro Nguema Obiang Mangue, a confirmé mercredi que le gouvernement des États-Unis a présenté des velléités d’expulser des migrants africains vers son pays. « Je confirme qu’il y a eu une conversation dans laquelle les États-Unis ont exprimé leurs intentions, mais rien n’a abouti, concernant l’expulsion de migrants vers notre pays », a écrit le vice-président mercredi soir sur son compte X, quelques jours après la publication de plusieurs articles de presse et des discussions sur les réseaux sociaux à ce sujet.
    À Malabo, la capitale, le sujet a soulevé l’émotion chez une partie des Equato-Guinéens, qui craignent que les migrants soient des « criminels ». « À mon avis, il peut y avoir un accord, mais nous choisissons les personnes que nous pouvons accueillir par leurs profils », a assuré le vice-président, chargé de la défense et de la sécurité, en précisant que le pays souhaitait éviter « d’accepter les personnes ayant un casier judiciaire ». En contrepartie des expulsions de migrants africains des États-Unis vers la Guinée équatoriale, Malabo a demandé à l’administration du président américain Donald Trump de couvrir leurs frais de logement et de subsistance et d’investir dans des activités locales qui leur permettraient de se réinsérer socialement, toujours selon le vice-président.
    Fin avril, les États-Unis avaient affirmé être « activement » à la recherche de pays prêts à accueillir des ressortissants de pays tiers et ainsi mettre en place la promesse de campagne de Donald Trump d’un programme massif d’expulsions d’immigrés en situation irrégulière. Selon le journal en ligne Radio Macuto, basé en Espagne et proche de l’opposition équato-guinéenne, « cette rhétorique semble bienveillante, mais elle se heurte à la réalité dans les rues de Malabo, Bata et d’autres villes du pays, où les autorités ont lancé ces dernières semaines une nouvelle vague de raids et d’expulsions arbitraires contre les immigrants subsahariens, dont beaucoup vivent en Guinée équatoriale depuis des années ».
    Des Nigérians, des Camerounais et des Tchadiens ont été arrêtés sans mandat et expulsés récemment sans ménagement. « Il est difficile de comprendre comment un régime qui expulse les migrants pauvres et installés de son territoire est désormais disposé à accueillir d’autres migrants expulsés des États-Unis », s’interroge le journal. Mi-avril, Malabo a expulsé un groupe de plus de 200 ressortissants camerounais. L’incident a fait monter la tension diplomatique avec Yaoundé, qui a convoqué l’ambassadeur de Guinée équatoriale pour lui notifier son « indignation et désapprobation ». Les autorités équato-guinéennes ont répondu avoir expulsé des « migrants en situation irrégulière » sur leur territoire.

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  • Immigration : en visite en Tunisie, la directrice de l’OIM vante le « partenariat stratégique » avec Tunis - InfoMigrants
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    Immigration : en visite en Tunisie, la directrice de l’OIM vante le « partenariat stratégique » avec Tunis
    Par Leslie Carretero Publié le : 07/05/2025
    Lors d’une visite de deux jours à Tunis, la directrice générale de l’Organisation internationale des migrations (OIM) a salué les résultats obtenus ces derniers mois en matière de « retours volontaires » des migrants en situation irrégulière en Tunisie, sans mentionner la situation dramatique des exilés dans le pays qui ne cesse de se dégrader depuis deux ans.
    Pendant deux jours, lundi 5 et mardi 6 mai, la directrice générale de l’Organisation internationale des migrations (OIM) a enchaîné les rendez-vous à Tunis avec différents responsables tunisiens pour échanger sur la question migratoire dans le pays. « Rencontre très productive hier avec Kaïs Saïed, président de la République tunisienne », qui permet de « réaffirmer le partenariat stratégique de l’OIM avec la Tunisie », a déclaré Amy Pope, sur le réseau social X.
    Lors de ces échanges, les discussions ont principalement tourné autour du programme de « retour volontaire » des migrants vers leur pays d’origine, cher au gouvernement tunisien. Fin mars, le chef de l’État avait appelé l’agence onusienne à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des personnes subsahariennes en situation irrégulière en Tunisie.
    Une demande réitérée au cours de cette visite : « Le Président a appelé l’Organisation internationale des migrations à redoubler d’efforts pour faciliter le ‘retour volontaire’ de ces ’réfugiés’ et leur permettre de recevoir un soutien financier jusqu’à ce qu’ils s’installent dans leur pays », peut-on lire dans un communiqué de la présidence tunisienne. Le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens de l’étranger, Mohamed Ali Nafti, a lui aussi insisté sur ces rapatriements lors de son entrevue avec Amy Pope lui demandant « d’accélérer la cadence de la mise en œuvre de ce programme » et appelant « à un appui renforcé de la part des partenaires internationaux (…) dans le respect des principes fondamentaux des droits de l’Homme (…) vis-à-vis des victimes des réseaux de traite des êtres humains », selon un communiqué de son cabinet.
    Le responsable politique a toutefois reconnu une « augmentation notable du nombre de bénéficiaires cette année par rapport à l’année précédente ». Pour le seul mois d’avril, un total de 1 009 migrants ont bénéficié du « retour volontaire » de l’ONU, quand ils n’étaient « que » 1 500 pour les trois premiers mois de l’année. En mai, les transferts de ce type devraient encore s’amplifier avec la mise en place d’un vol spécial par semaine en plus des vols commerciaux.
    De son côté, la directrice générale de l’OIM a salué les résultats obtenus ces derniers mois et souligné « l’évolution positive de la coopération entre Tunis et l’agence onusienne au cours des dernières années, (…) notamment dans le développement de voies légales d’immigration », d’après le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Amy Pope s’est par ailleurs engagée à accentuer les campagnes de sensibilisation auprès des exilés pour les inciter à rentrer « volontairement » dans leur pays. Pendant deux jours, le gouvernement a également rappelé « la position ferme de la Tunisie qui refuse d’être la porte d’entrée ou une base pour les immigrés clandestins », est-il écrit dans le communiqué de la présidence.
    Le chef de l’État affirme que son pays a toujours agi avec « humanité et dignité » dans sa gestion des migrants, notamment lors d’évacuations des campements informels le long de la route qui relie Sfax à Jebeniana, dans le centre-est du pays.
    On estime que le nombre de migrants irréguliers en Tunisie se situe entre 20 000 et 25 000, selon les chiffres des ONG. Presque tous survivent dans des camps de fortune insalubres au milieu des champs d’oliviers de la région dans l’attente d’embarquer clandestinement sur un canot pour l’Europe. Début avril, la Garde nationale tunisienne a mené une opération d’ampleur dans la zone. Plusieurs campements ont été démolis par les autorités. Les exilés qui ont subi ces démantèlements ont décrit à InfoMigrants des scènes violentes, une destruction quasi-totale de leurs affaires et l’absence de proposition d’hébergement alternatif. « On n’a plus rien », expliquait à InfoMigrants Bairo, un Gambien de 25 ans, joint par téléphone. « Ils nous disent de partir mais partir pour aller où ? On a aucun endroit où aller ». Depuis, les Subsahariens survivent dans des petits camps adjacents, encore plus précaires que ceux détruits par les policiers.
    Pour le gouvernement tunisien, les démantèlements n’ont en rien bafoué les droits humains. « Les autorités tunisiennes ont traité ces réfugiés non seulement sur la base du droit humanitaire, mais avant cela sur la base de valeurs morales nobles dans le processus d’évacuation de plusieurs camps », a estimé Kaïs Saïed. Le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens de l’étranger a quant à lui dénoncé « des rumeurs véhiculées à travers des campagnes malveillantes visant à saper les efforts entrepris en matière de protection, de prise en charge et d’assistance aux migrants ».
    Depuis deux ans, le quotidien des migrants en Tunisie n’a cessé de se dégrader. Le discours raciste du président tunisien en février 2023 – fustigeant des « hordes de migrants clandestins » dont la présence en Tunisie serait source de « violence et de crimes » - a marqué le début d’une intense répression envers les Noirs dans le pays. Les autorités ont interdit aux ressortissants tunisiens d’embaucher les personnes en situation irrégulière, ou de leur louer des appartements. « Il ne faut pas non plus sous-estimer la pression de l’opinion publique qui pousse le gouvernement tunisien à appliquer une politique sévère envers les migrants subsahariens en situation irrégulière », expliquait ce mois-ci Hassen Boubakri, un professeur spécialiste des migrations.
    Les exilés, eux, se disent harcelés par la population et les autorités. Partout en Tunisie, des Subsahariens se retrouvent au chômage forcé, expulsés de leur logement. D’autres sont interpellés chez eux, dans la rue, les commerces, les taxis... et abandonnés dans le désert, à la frontière entre l’Algérie ou la Libye. InfoMigrants a reçu ces dernières années des dizaines de témoignages de personnes traumatisées par ces expulsions illégales au regard du droit international. La plupart des migrants racontent avoir subi des brimades et des violences de la part des forces tunisiennes. "(...)
    Lorsqu’ils ne sont pas expulsés dans le désert, les exilés risquent d’être envoyés en prison. Les Subsahariens sont de plus en plus nombreux à être condamnés pour « séjour irrégulier » par la justice tunisienne et à écoper de plusieurs mois de détention aux côtés de prisonniers de droit commun.

    #Covid-19#migrant#migration#OIM#tunisie#partenariat#politiquemigratoire#expulsion#droit#sante#subsaharien

  • En Algérie, un double discours des autorités sur l’accueil et l’emploi des migrants - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64365/en-algerie-un-double-discours-des-autorites-sur-laccueil-et-lemploi-de

    En Algérie, un double discours des autorités sur l’accueil et l’emploi des migrants
    Par La rédaction Publié le : 05/05/2025
    En visite dans la préfecture de Béchar, dans le sud-ouest de l’Algérie, le 26 avril, le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’est dit prêt à légaliser des travailleurs subsahariens sans papier employés dans des secteurs en manque de main-d’œuvre. Mais Alger multiplie aussi les expulsions de migrants illégaux dans le désert.
    C’est une première en Algérie. Samedi 26 avril, alors qu’il se trouvait en visite dans la préfecture de Béchar, dans le sud-ouest de l’Algérie, le président Abdelmadjid Tebboune s’est dit prêt à légaliser des travailleurs subsahariens sans papier employés dans des secteurs en manque de main-d’œuvre."Nous n’avons pas de problèmes à ce que les migrants subsahariens travaillent en Algérie. Les chantiers sont là et les gens ont besoin de main-d’œuvre, notamment dans l’agriculture. À condition que leur entrée sur le territoire soit organisée", a-t-il déclaré.
    Selon le journal algérien El Watan, cela pourrait notamment concerner des familles maliennes qui vivent dans les zones frontalières et travaillent en Algérie. Par ces mots, le président algérien a brisé un tabou car la présence de travailleurs subsahariens dans le pays n’a jusque-là jamais été officiellement régularisée, rappelle Le Monde.
    El Watan souligne que « la loi algérienne autorise le travail des étrangers, mais à condition qu’ils séjournent légalement dans le pays ». Les travailleurs subsahariens concernés devraient donc obtenir un permis de travail et être affiliés à l’un des trois régimes existant en Algérie : le régime général qui concerne les activités salariées de plus de trois mois, le régime temporaire qui concerne les activités salariées inférieures ou égales à trois mois et le régime exceptionnel qui couvre les travaux n’excédant pas 15 jours « et sans que le total cumulé des durées de présence n’excède trois mois dans l’année ».
    Mais les propos d’Abdelmadjid Tebboune surviennent alors que l’Algérie a toujours recours à des expulsions de migrants de très grande ampleur. Rien qu’au cours du mois d’avril 2025, plus de 4 000 personnes ont été expulsées d’Algérie, selon l’association Alarme Phone Sahara.
    En 2024, le nombre de migrants expulsés s’élevait à au moins 31 404 personnes, selon la même source. Un chiffre record qui a « dépass[é] toutes les données documentées des années précédentes », y compris celles de 2023 avec 26 031 refoulés, soulignait alors l’organisation. Or, les dangers de ces opérations sont immenses. Les exilés sont conduits jusqu’au Point zéro, au-delà de Tamanrasset, dans le sud du pays et livrés à eux-mêmes en plein désert. Sans eau ni nourriture, ils doivent parcourir à pied pendant des heures le chemin vers Assamaka, au Niger, où se trouve le centre de transit de l’Organisation internationale des migrations (OIM), le bras de l’ONU qui assiste les « retours volontaires » des migrants vers leur pays d’origine.
    Ces expulsions, qui font courir un risque mortel aux exilés, mettent aussi en difficultés les structures d’accueil dans le nord du Niger. À Agadez notamment, la tension est forte dans le camp du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) où des personnes expulsées d’Algérie attendent depuis années le traitement de leur dossier d’asile, et espèrent être réinstallés dans un pays tiers. Les migrants ont la sensation d’être bloqués dans ce lieu, éloigné de tout, et livrés à eux-mêmes.
    L’Algérie est bien souvent une étape sur la route migratoire des Subsahariens qui souhaitent ensuite rejoindre l’Europe. Ces derniers y passent quelques mois pour y travailler et rassembler de l’argent afin de poursuivre leur voyage. Mais le séjour des migrants subsahariens dans ce pays du Maghreb est parfois émaillé de racisme et de violences. Dans les témoignages recueillis par InfoMigrants, la plupart des exilés racontent avoir subi des insultes et brimades. Dans le pays, les arrestations de migrants se font aussi bien dans la rue que sur les chantiers ou les exilés sont employés. Les personnes sont ensuite entassées dans des bus et envoyées dans le désert. (...)
    Cet itinéraire est pourtant extrêmement dangereux. En juillet 2024, l’ONU avait même estimé qu’elle était plus mortelle que la route de la Méditerranée. « Ou bien les passeurs se débarrassent des migrants, ou bien, ils tombent des camions pendant le trajet – et ils ne les attendent pas », avait expliqué Vincent Cochetel, responsable au Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) de l’ONU qui a aujourd’hui quitté ses fonctions. « Parfois aussi quand ils sont malades, les passeurs les abandonnent dans le désert. Tous ceux qui ont traversé le Sahara connaissent quelqu’un qui est mort là-bas. »

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  • « Je ne peux plus recevoir d’argent, je ne peux plus travailler » : en Tunisie, la politique du gouvernement pousse les migrants subsahariens dans l’extrême pauvreté - InfoMigrants
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    « Je ne peux plus recevoir d’argent, je ne peux plus travailler » : en Tunisie, la politique du gouvernement pousse les migrants subsahariens dans l’extrême pauvreté
    Par Charlotte Boitiaux Publié le : 18/04/2025 Dernière modification : 01/05/2025
    Depuis l’été 2023, le gouvernement tunisien multiplie les restrictions à l’encontre des migrants sans-papiers. À l’interdiction de travailler s’ajoute l’impossibilité de recevoir des devises de l’étranger - notamment de la part des familles de migrants. Le but des autorités : empêcher les exilés de financer leur traversée de la Méditerranée et tarir les revenus des passeurs, notamment dans la région de Sfax. Dans la réalité, ces mesures ont fait sombrer les Subsahariens, désormais sans ressources, dans une extrême précarité.
    Thomas* vit dans le dénuement le plus complet à Tunis. Chaque jour, ce Nigérian installé depuis plusieurs années sans papiers en Tunisie, sombre un peu plus dans la précarité. « Avant, je m’en sortais un peu, mais maintenant je mendie dans les rues », confie celui qui a survécu à une expulsion dans le désert tuniso-libyen, vers Ras-Jedir à l’été 2023. Comme l’immense majorité des Subsahariens sans titre de séjour en Tunisie, Thomas ne peut pas compter sur une aide extérieure. Il ne peut ni envoyer ni recevoir de l’argent via les agences de transfert de devises – banques ou bureaux de postes. « Si tu essaies d’entrer dans une agence avec la peau noire, on te demandera de sortir », affirme-t-il.
    En Tunisie, le transfert de devises est soumis à une réglementation stricte, rappelle un professeur spécialiste des migrations, contacté par InfoMigrants. Les Tunisiens, comme les étrangers en règle, peuvent recevoir des devises en provenance de l’étranger, impossible en revanche de transférer de l’argent hors de Tunisie. « Et pour les étrangers en situation irrégulière, c’est pire. Les autorités tunisiennes ont drastiquement restreint l’accès aux banques et aux bureaux de poste pour encaisser les mandats internationaux et les virements venant de l’étranger ».
    Des restrictions décidées à l’été 2023, à l’issue d’une réunion présidentielle organisée le 14 juillet - et visible sur Facebook. Ce jour-là, dans un long discours hostile à l’immigration irrégulière, le président Kaïs Saïed a vivement dénoncé les transferts d’argent depuis des pays africains vers Sfax (centre-est du pays) notamment : des « sommes énormes […] choquantes », qui permettent de faire prospérer une économie parallèle gérée par les passeurs. « [Ces transferts] prouvent que les trafiquants d’êtres humains s’en prennent à la patrie », a encore déclaré le chef de l’État. Pour rappel, Sfax est la principale ville de départ des traversées de la Méditerranée pour rejoindre Lampedusa, porte d’entrée de l’Union européenne (UE). Les trafiquants y sont donc nombreux et la circulation de devises - notamment pour payer son trajet en mer - aussi.
    Selon les chiffres affichés sur grand écran durant cette réunion, la valeur des transferts adressés aux seuls Africains subsahariens dans la ville de Sfax, pour les six premiers mois de l’année 2023, s’élèverait à 23 millions de dinars, soit environ 6 millions d’euros. « Nous avons les noms des gens qui ont reçu ces sommes », affirme même le chef de l’État tunisien."Les autorités tunisiennes ont donc serré la vis", explique de son côté Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), association qui vient en aide aux migrants. « Depuis ce virage politique en juillet 2023, la vie est devenue économiquement impossible pour les migrants [...] Avant, ils pouvaient se débrouiller avec MoneyGram, Western Union... [des agences de transfert d’argent, ndlr] Ce n’était pas toujours évident mais ils pouvaient récupérer de l’argent en présentant leur passeport, quelle que soit leur situation administrative. Maintenant c’est fini. Il faut des papiers en règle pour retirer de l’argent », explique le président du FTDES. « Les autorités veulent rendre la situation intenable pour pousser les migrants à quitter le pays », avance de son côté le professeur. Les exilés subsahariens seraient entre 20 000 et 25 000 dans le pays, selon les ONG.
    À cet interdit bancaire, se sont ajoutés d’autres avertissements de la présidence tunisienne : il est désormais défendu pour les Tunisiens d’employer des Africains subsahariens sans-papiers, de leur louer des appartements. Concernant les migrants, il leur est formellement interdit d’installer des campements informels dans les oliveraies de la région de Sfax. « Il ne faut pas sous-estimer la pression de l’opinion publique qui pousse le gouvernement à appliquer une politique sévère envers les Subsahariens », ajoute encore le professeur spécialiste des migrations.
    Pour Romdhane Ben Amor, "le gouvernement veut instaurer une forme d’apartheid, une rupture totale avec une partie de population : les migrants ne peuvent plus se loger, ils ne peuvent plus travailler, ils ne peuvent plus recevoir de l’argent de leur famille, ils ne peuvent plus être approchés par les ONG [victimes elles aussi de la politique tunisienne, elles sont accusées d’être des « agents de l’étranger » et d’avoir encouragé l’immigration irrégulière, ndlr]", énumère-t-il.
    Depuis l’été 2023, Thomas comme de nombreux migrants sont ainsi passés de la précarité à l’extrême pauvreté. Le système D a viré au cauchemar. « Moi, je connaissais un Tunisien qui pouvait m’aider », explique Thomas, à Tunis. « Il recevait l’argent pour moi via son compte en banque et il me donnait la somme ensuite en retenant une commission, je pouvais manger, payer mon loyer ». Mais depuis quelques mois, le contact a pris peur. « Il m’a juste dit qu’il ne pouvait plus m’aider, qu’il avait peur d’être repéré par la police ».
    Economiquement, Thomas et les autres migrants sont acculés, ils dépendent exclusivement d’intermédiaires de plus en plus rares – et de plus en plus « gourmands ». Non seulement, certains prennent des commissions « trop » élevées mais d’autres disparaissent même avec la totalité de l’argent. Impossible aussi de compter sur l’aide des Tunisiens. « Les autorités ont déjà arrêté des civils qui avaient reçu des mandats pour les Africains. Surtout dans la région de Sfax. Même des femmes tunisiennes ont été arrêtées à cause de ces petits trafics d’argent », affirme Romdhane Ben Amor.
    Dans les oliveraies, les migrants ont donc appris, bon gré mal gré, à vivre sans ressources. « Ça ne change rien pour moi, je n’ai jamais pu recevoir de l’argent », raconte Marie, jointe par InfoMigrants, dans un des campements de la région de Sfax. « Je vis loin de la ville loin des banques. Ici, pour avoir de l’argent, on se débrouille », dit-elle sans détailler. Certains pratiquent le troc, affirme-t-elle, d’autres passent par Orange Money, un système qui ne nécessite pas de se déplacer dans les agences bancaires ou postales. D’autres encore comme Louis vivent de la solidarité de leurs voisins de campements.
    « Ça fait trois mois que je ne travaille plus. Avant, à Sfax, on pouvait se faire embaucher », explique cet Ivoirien, père de deux enfants, de huit mois et huit ans, qui vit au campement du « km 27 », entre Sfax et Jebenania. « On se baladait, on croisait des Tunisiens et ils nous donnaient du travail à la journée. Moi, je travaillais dans les champs ici, je gagnais 25 dinars par jour [environ 7 euros, ndlr]. Et quand j’étais à Tunis, j’étais maçon sur des chantiers. Maintenant, c’est fini, je reste au campement toute la journée, les Tunisiens n’osent plus nous engager. C’est très dur. Tout a basculé… Heureusement que mes amis m’aident, c’est leur générosité qui me sauve ».
    Sans salaire, Louis ne peut plus non plus payer les passeurs pour tenter une traversée de la Méditerranée. Il a essayé deux fois d’atteindre l’île italienne de Lampedusa avant que la Garde nationale ne stoppe son embarcation. C’était avant l’arrivée de son petit dernier. Mais aujourd’hui, il se retrouve dans une impasse avec sa famille. « Je ne peux pas rentrer en Côte d’Ivoire, j’y suis menacé de mort et je ne peux pas payer les passeurs. Je suis bloqué ici, je ne sais pas quoi faire ».
    En 2024, un nombre record d’exilés étaient retournés chez eux via l’Organisation internationale des migrations (OIM) : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023. Des rapatriements « volontaires » encouragés par Kaïs Saïed. « Toutes les organisations » devraient soutenir « davantage les efforts tunisiens visant à faciliter le ’retour volontaire’ des migrants irréguliers », avait-il déclaré fin mars. Le chef de l’État avait regretté que « seuls 1 544 migrants » aient été rapatriés durant les trois premiers mois de l’année. La tendance semble cependant s’inverser. Selon les derniers chiffres des autorités, pour le seul mois d’avril 2025, un peu plus de 1 000 Africains subsahariens sont rentrés « volontairement » dans leur pays d’origine. Pour les ONG, c’est un constat d’échec. Ces Africains n’ont pas eu d’autres choix que de fuir la Tunisie après être devenus les boucs émissaires d’une politique présidentielle devenue virulente à leur égard.
    Outre les sanctions économiques, les migrants sont aussi la cible d’arrestations arbitraires, de condamnations pour « séjour irréguliers », de rafles et d’abandons dans le désert. « Je ne sors plus trop de mon appartement », conclut Thomas bloqué dans la capitale tunisienne. « J’ai peur d’être dénoncé, j’ai peur de marcher dans la rue, j’ai peur de mourir ».

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  • En Tunisie, nouveaux démantèlements de camps de migrants originaires d’Afrique subsaharienne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/25/en-tunisie-nouveaux-demantelements-de-camps-de-migrants-originaires-d-afriqu

    En Tunisie, nouveaux démantèlements de camps de migrants originaires d’Afrique subsaharienne
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 11h38
    Les autorités tunisiennes ont de nouveau démantelé jeudi 24 avril des camps de fortune de migrants originaires d’Afrique subsaharienne, installés dans des oliveraies dans le centre-est du pays, sur fond d’accélération des retours « volontaires » de personnes migrantes dans leurs pays. Des unités de la garde nationale ont mis le feu aux tentes dans ces camps, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) sur place.
    Quelque 2 500 personnes en situation irrégulière ont dû quitter les lieux à Henchir Al Karkni dans la localité d’El Amra, a affirmé Houcem Eddine Jebabli, porte-parole de la garde nationale. Quelque 800 autres ont été évacuées du camp Ouled Hmed près de Jebeniana, a-t-il ajouté. « C’est la stratégie de l’Etat que la Tunisie ne soit pas une terre d’installation ou de transit pour les migrants illégaux. La Tunisie se coordonne avec les pays de départ, d’accueil ainsi que les ONG internationales pour assurer le rapatriement volontaire », a-t-il précisé à la presse.
    Une vingtaine de milliers de migrants, selon les autorités, arrivés par vagues depuis 2023 dans les environs des localités d’El Amra et Jebeniana, avaient érigé des tentes dans des oliveraies après avoir été délogés pour beaucoup de la grande ville proche de Sfax. La cohabitation a été difficile avec les habitants, dont beaucoup dénonçaient l’occupation des cultures. De premiers camps avaient été évacués début avril, après une virulente campagne anti-migrants sur les réseaux sociaux.
    La Tunisie est un point de passage clé pour des milliers de migrants et réfugiés d’Afrique subsaharienne désireux de rejoindre les côtes italiennes. Mais la route maritime vers l’Europe est quasiment bloquée, Tunis ayant conclu, sous l’impulsion de l’Italie toute proche, un partenariat avec l’Union européenne contre l’immigration irrégulière.
    Mac (un surnom), Guinéen se trouvant en Tunisie depuis deux ans, a été sommé de quitter sa tente à El Amra. « C’est très dur ici. C’est compliqué », a-t-il souligné à l’AFP. Comme de nombreux migrants, il s’est inscrit auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour bénéficier d’un accompagnement pour rentrer chez lui. Fin mars, le président Kaïs Saïed avait appelé l’OIM à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des migrants irréguliers vers leurs pays. L’OIM a indiqué jeudi avoir facilité depuis janvier le retour volontaire de plus de 2 300 migrants depuis la Tunisie vers leurs pays d’origine, après presque 7 000 sur l’année 2024, un chiffre en forte augmentation par rapport aux deux années précédentes (2 558 retours en 2023 et 1 614 en 2022).
    Patientant jeudi devant ses locaux de Tunis, avec des dizaines de migrants de différentes nationalités, Russel, un Camerounais de 24 ans, se dit « fatigué que la police nous traque partout ». Cette présence migratoire alimente régulièrement de vives tensions en Tunisie.En février 2023, le président Saïed avait dénoncé l’arrivée « de hordes de migrants subsahariens » menaçant, selon lui, de « changer la composition démographique » du pays. Les mois suivants, des migrants avaient été chassés de leurs logements et de leurs emplois informels, et plusieurs ambassades africaines avaient procédé à des rapatriements express de ressortissants à la suite d’agressions.

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  • De Sfax à Salakta, une cohabitation délicate entre migrants et Tunisiens
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/22/de-sfax-a-salakta-une-cohabitation-delicate-entre-migrants-et-tunisiens_6598

    De Sfax à Salakta, une cohabitation délicate entre migrants et Tunisiens
    Par Mustapha Kessous (Sfax, El Amra, Salakta, Tunisie,
    Il n’a pas été tenté – comme d’autres – de gonfler ses prix. Pour Ala Cherif, gérant de la supérette Mamix d’El Amra, un client est un client, qu’il soit du coin ou « Africain ». Le temps d’une course, les migrants subsahariens échoués dans cette modeste commune du centre-est de la Tunisie peuvent avoir l’impression d’être traités comme des gens ordinaires. « Ici, il n’y a pas de tarifs “pour les Blacks”, constate Mouctar Thiam, un jeune Sénégalais. Ailleurs, on nous augmente tout et quand on demande un ticket à la caisse, on refuse de nous le donner. »
    A la sortie de la supérette, de jeunes Tunisiens proposent de charger les provisions sur leurs vieilles mobylettes : à partir de 10 dinars (quelque 3 euros) – un montant exagéré – pour une livraison jusqu’à l’un des camps informels, posés dans les champs d’oliviers qui ceinturent la cité agricole. « Comme les Africains consomment, commerçants et habitants gagnent beaucoup d’argent grâce à eux », explique Ala Cherif. On raconte même qu’une marchande sans le sou a fait fortune rien qu’en prélevant des commissions sur l’argent envoyé aux migrants par leur famille.
    Dans les rues, certains les appellent « les Noirs » ou les hèlent en criant « mon ami ». « Ils ne disent pas “mon frère”, à croire qu’on ne vient pas du même continent, c’est une façon de nous rabaisser », souligne Aboubacar Bary, un Guinéen de 25 ans qui patiente dans les environs depuis des années dans l’espoir de rallier un jour l’île italienne de Lampedusa. Pourtant, dans les travées du marché du dimanche, tout le monde cohabite devant et derrière les étals. « Un de mes amis travaille ici, il est payé 5 dinars la journée, raconte Mouctar Thiam. Mais d’autres patrons rémunèrent au prix juste [entre 15 et 20 dinars]. »
    Entre Subsahariens et Tunisiens, une ambivalence s’est installée : entre solidarité et rejet, bonnes affaires et discours complotistes. Même le député anti-migrants Tarek Mahdi, élu de la région de Sfax – dont dépend El Amra – admet qu’ils peuvent représenter « un mal nécessaire », puisqu’ils permettent à certaines familles « pauvres » d’amasser quelques dinars. En Tunisie, le salaire minimum mensuel plafonne à 448 dinars (131 euros). « Mais il faut qu’ils partent du pays. Ils sont trop nombreux », répète M. Mahdi. Les autorités estiment à 20 000 le nombre de migrants vivant dans les camps aux alentours – pour une ville de 30 000 habitants. Au niveau national, les chiffres oscillent entre 60 000 et plus de 100 000, selon le député. « C’est la catastrophe, glisse sans colère Imen Hosni, une commerçante de 36 ans, qui vend stylos et cahiers à deux pas de la supérette Mamix. Ils sont clandestins, et beaucoup sont des clochards et des voleurs. Ils sont devenus agressifs. »
    L’activiste Zied Mallouli, président du collectif citoyen « Sayeb Trottoir » (« Libérez le trottoir ») – créé il y a près de dix ans sans rapport avec le problème migratoire – note « un sentiment paradoxal » qui tiraille les Tunisiens. « Les gens ne comprennent pas pourquoi la Tunisie joue les gardes-côtes de l’Europe, tout en voyant que les migrants restent coincés chez nous alors qu’ils veulent partir, note-t-il. Ils sont fatigués de subir un blocus qui ne dit pas son nom. »
    En juillet 2023, la Tunisie a signé un accord avec l’Union européenne (UE) : 260 millions d’euros d’aides pour renforcer, entre autres, les garde-côtes tunisiens. Depuis, la route maritime s’est refermée. Au 1er janvier, seuls 432 exilés sont parvenus à rejoindre l’Europe, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ils étaient plus de 18 000 sur la même période, il y a deux ans.
    C’est également en 2023 que le président Kaïs Saïed a parlé de « hordes de migrants clandestins ». « Il existe, avait-il affirmé le 21 février, un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie. » Certains y croient toujours, persuadés que cette « horde » a été délibérément envoyée en Tunisie pour « renverser » le chef de l’Etat ou « déstabiliser » le pays. Par qui ? Ils ne le savent pas. « Il y a danger : c’est le début du changement démographique pour notre petit pays de 12 millions d’habitants », martèle le député Tarek Mahdi évoquant « 6 000 naissances dans une période courte ».
    Début avril, à Salakta, un riverain, qui souhaite conserver l’anonymat, a filmé un départ avorté d’une embarcation sur une plage. Alors que la police était présente, des jeunes du quartier sont venus caillasser le bateau. Quelques nuits plus tard, dans les environs, une rumeur disait que la police allait « rafler » les étrangers. Certains se sont cachés dans des maisons en construction ou chez des Tunisiens qui les ont accueillis.
    Zied Mallouli souhaite que l’Etat trouve « une solution humaine » pour ces migrants sans attiser racisme ou théories du complot. Professeur de français, il a cependant manifesté contre la présence des exilés à Sfax, en juin 2023. A l’époque, la cohabitation était de plus en plus difficile. « C’était ingérable, atteste Riadh Haj Taieb, ancien directeur général des services techniques à la municipalité de Sfax. Quand ils ont commencé à arriver [à partir de 2015], tout le monde les aidait en leur donnant de la nourriture, des vêtements, en offrant du travail. Mais après le Covid, on a réalisé qu’ils étaient vraiment nombreux. »
    Les deux hommes racontent « la panique » des Sfaxiens en découvrant que leur logement, loué à trois ou quatre migrants, était en réalité occupé par « une vingtaine de personnes, parfois plus ». Ils évoquent « la peur » face aux violentes rixes – « la guerre » – entre « Subsahariens » ; ou encore des agressions. « Des gens racontaient que les chats de la ville avaient disparu, c’est dire l’irrationalité de la peur », se remémore M. Mallouli. Le député Tarek Mahdi va plus loin en multipliant les détails sordides : selon lui, des migrantes se prostituaient devant les lycées, proposant leurs faveurs aux jeunes Tunisiens « sans protection » ; des bagarres « entre Africains » se terminaient en « meurtre »…
    Dans son téléphone, l’élu dit recevoir des témoignages en tout genre, de personnes violentées avec « des sabres », de jeunes filles abusées, et montre des images de vidéosurveillance du meurtre de Nizar Amri, « égorgé » par un migrant en juillet 2023. « Je travaillais à côté et je lui avais porté assistance. En lui faisant du bouche-à-bouche, je sentais l’air sortir de sa gorge, prétend-il. Dans les quartiers chauds, les habitants avaient décidé de chasser les migrants. » Face à une population excédée, la police avait expulsé des milliers de Subsahariens. Les mêmes qui ont trouvé refuge dans les oliviers autour d’El Amra.
    Ils s’y abritent encore par peur de la prison pour « séjour irrégulier », ou pire – disent-ils – d’être « déportés » dans le désert, près des frontières algériennes et libyennes. Ils ont en assez d’être mal perçus, de voir des Tunisiens se pincer le nez à leur passage, de peiner à trouver du travail. Au point de mettre une croix sur leur rêve d’Europe ? L’OIM confirme au Monde que l’organisation a aidé plus de 2 000 personnes à rentrer volontairement dans leur pays d’origine, depuis la Tunisie, entre le 1er janvier et le 17 avril. Les autres restent déterminés à monter sur une barque pour rejoindre Lampedusa.
    Le député Tarek Mahdi veut aller plus vite. Il plaide pour la mise en place d’« un pont aérien » entre la Tunisie et les pays d’origine des exilés afin d’« accélérer » leur retour et pour une réévaluation à la hausse des aides de l’UE. « Nous ne pouvons pas jouer les gardes-côtes pour des cacahuètes, clame-t-il. Il faut plus d’argents sinon, il faut qu’on réouvre la frontière pour les laisser partir. Ces migrants ne sont pas notre problème, mais celui de l’Europe. »

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  • Tunisie : la criminalisation des ONG aggrave la précarité des migrants subsahariens - InfoMigrants
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    Tunisie : la criminalisation des ONG aggrave la précarité des migrants subsahariens
    Par RFI Publié le : 07/04/2025
    En Tunisie, la situation des migrants subsahariens se précarise de plus en plus depuis les campagnes sécuritaires qui ont commencé en 2023. Le contrôle sur le travail non régulé s’est accentué et beaucoup de migrants présents dans la capitale tunisienne travaillent au noir ou ont recours à la mendicité. Un phénomène qui alerte les ONG des droits humains, de moins en moins nombreuses à travailler sur le terrain, du fait de leur criminalisation par le pouvoir tunisien.
    À Tunis, dans un quartier de la banlieue nord, plusieurs migrants subsahariens attendent sur le trottoir au bord de la route. Selon les besoins en petits boulots, les clients viennent à ce rond-point et embauchent à la journée les premiers à se présenter, comme l’explique Sami, un migrant malien de 16 ans. "On attend du travail ici. Travail de chantier, travail de jardin, etc", énumère-t-il.
    Ce phénomène est visible dans plusieurs endroits de la capitale de la Tunisie, les migrants n’étant plus embauchés dans des emplois stables à cause des contrôles à répétition des autorités. Une situation de plus en plus difficile pour Abdallah, 25 ans et Ivoirien. "Il y a beaucoup de problèmes, même pour aller travailler, ça fait peur, parce qu’on n’a pas de papiers. Il y a la police qui peut nous arrêter pour nous envoyer en prison", redoute-t-il.
    Sami, 27 ans, migrant camerounais, est venu il y a sept mois à Tunis, pensant trouver du travail, dans son domaine, la réparation d’objets électroniques. Il se retrouve à faire le "berbecha", le collecteur de plastique. Il fouille dans les poubelles pour trouver des bouteilles à vendre ensuite à des dépôts de recyclage "Quand je suis arrivé et que je suis allé dans des magasins d’électronique pour du travail, on m’a dit que ce n’était pas possible de m’embaucher. Du coup, je ne pouvais rien faire et rester à la maison, je devais payer le loyer, ma nourriture, donc je suis allé dans la rue et j’ai commencé ce travail", explique le jeune homme.
    Selon le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, une organisation non gouvernementale (ONG) tunisienne, la précarité des migrants est de plus en plus visible dans l’espace public. "Maintenant, c’est remarquable. On voit de plus en plus de mamans accompagnées de leurs enfants dans l’espace public parce que ces mamans-là n’ont pas la possibilité de travailler et sont obligées de sortir pour chercher quelques moyens de vivre ou d’aide de la part des gens », alerte Romdhane Ben Amor, porte-parole de l’ONG, pour qui la précarité a atteint un niveau alarmant.
    Il attribue cette mendicité de plus en plus visible à la criminalisation actuelle, par les autorités, des organisations de la société civile qui viennent en aide aux migrants. En Tunisie, très peu d’ONG peuvent encore travailler sur le terrain.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#subsaharien#humanitaire#violence#droit#sante#vulnerabilite

  • Tunisie : des camps de migrants subsahariens démantelés après une campagne virulente
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/05/tunisie-demantelement-de-camps-de-migrants-subsahariens-apres-une-campagne-v

    Tunisie : des camps de migrants subsahariens démantelés après une campagne virulente
    Le Monde avec AFP
    Ils étaient devenus une épine dans le pied des autorités. La Tunisie a démantelé, vendredi 4 avril, des camps de fortune dans lesquels vivaient des milliers de migrants venus d’Afrique subsaharienne, après une virulente campagne sur les réseaux sociaux qui réclamait le départ de ces personnes en situation irrégulière. Les camps étaient installés au milieu d’oliveraies dans les régions d’El Amra et de Jebeniana, dans le centre-est du pays, et suscitaient un fort mécontentement chez les habitants des villages environnants.
    En tout, une vingtaine de milliers de migrants, divisés en plusieurs camps informels, avaient érigé des tentes dans les champs, a déclaré, vendredi soir, à l’Agence France-Presse le porte-parole de la garde nationale, Houssem Eddine Jebabli. Depuis jeudi, environ 4 000 personnes de plusieurs nationalités ont notamment dû quitter le camp du « kilomètre 24 », l’un des plus grands de la région, a-t-il ajouté. D’autres camps informels ont été évacués dans la même zone et les opérations se poursuivront sur les jours à venir, a-t-il précisé.
    Selon lui, des personnes vulnérables et des femmes enceintes ont été prises en charge par les autorités sanitaires. Interrogé sur le sort du reste des milliers de migrants, il a annoncé qu’une partie s’était « dispersée dans la nature ». D’après lui, de nombreuses personnes ont émis le souhait d’un retour volontaire dans leur pays.
    Vendredi soir, là où se tenait le camp du « kilomètre 24 », on pouvait distinguer dans l’obscurité des paires de chaussures, des restes de nourriture ou un baluchon d’effets personnels aux côtés de tas d’objets et de matelas brûlés.« De nombreux dossiers étaient devant la justice en raison de l’occupation de propriétés privées » comme les oliveraies, « il était de notre devoir de retirer toutes les formes de désordre », a affirmé M. Jebabli.Fin mars, le président tunisien, Kaïs Saïed, avait appelé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des migrants irréguliers vers leurs pays.
    Le sujet des migrants originaires d’Afrique subsaharienne fait l’objet de vives tensions en Tunisie. Le pays est un point de passage pour des milliers de réfugiés désireux de rejoindre les côtes italiennes.
    En février 2023, le président Saïed avait dénoncé l’arrivée « de hordes de migrants subsahariens » menaçant, selon lui, de « changer la composition démographique » du pays. Les mois suivants, des migrants avaient été chassés de leurs logements et de leurs emplois informels. Plusieurs ambassades africaines avaient procédé au rapatriement express de leurs ressortissants, à la suite d’agressions.

    #covid-19#migration#migrant#tunisie#subsaharien#italie#OIM#camp#droit#sante#vulnerabilite#expulsion

  • À Rosso, à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, l’accueil précaire des migrants expulsés - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/63514/a-rosso-a-la-frontiere-entre-le-senegal-et-la-mauritanie-laccueil-prec

    À Rosso, à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, l’accueil précaire des migrants expulsés
    Par RFI Publié le : 20/03/2025
    Au Sénégal, c’est à Rosso, à 380 km de Dakar, au bord du fleuve qui sépare les deux pays, que sont refoulés les migrants subsahariens venus de Mauritanie. La ville tente, tant bien que mal, d’accueillir ce flot de personnes expulsées mais manque de moyens.
    Reportage.
    Avec notre envoyée spéciale à Rosso, Léa-Lisa Westerhoff,
    Dans la cour à côté du linge qui sèche, des personnes se reposent sur une natte posée au sol. Vingt-deux Maliens et un Sénégalais refoulés de Mauritanie ont trouvé refuge dans ces locaux de la Croix-Rouge de Rosso, dans le nord du Sénégal. Mais il est difficile de faire plus malgré la demande, selon le directeur du centre Mbaye Diop. "Beaucoup de migrants sont venus ici pour avoir de l’aide, mais il n’y a pas de moyens. On peut donner de l’eau, les laisser laver leur linge, mais c’est difficile pour tout le monde", affirme-t-il.
    La situation est difficile, car depuis 2019 le bureau de la Croix-Rouge à Rosso ne reçoit plus de financements internationaux. La veille, une quarantaine de migrants, beaucoup de Sénégalais, mais aussi quelques Guinéens, Gambiens et Sierra-léonais ont été refoulés par la Mauritanie, comme presque tous les jours depuis trois semaines.
    "Oui, c’est une situation très compliquée, se désole aussi le maire de la commune", Cheikh Gueye. "C’est un fléau international qui interpelle tout le monde. Nous, il est de notre devoir d’assister. On est membre de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), nous sommes là en tant qu’assistants, mais on ne peut pas faire grand-chose, parce que la mairie n’a pas de budget pour prendre en charge ce fléau."
    Reste la solidarité des habitants de Rosso, comme Hann qui a une boutique à 150m du point de traversée entre la Mauritanie et le Sénégal. "Beaucoup de gens viennent demander de l’eau, certains peuvent payer, d’autres demandent à ce qu’on leur offre. Ils sont nombreux à venir ici, c’est difficile ce qui leur arrive. Ils n’ont pas de téléphone, ni de quoi manger. »Tous les soirs, dans les ruelles autour de l’embarcadère, des dizaines de migrants subsahariens passent la nuit sur les terrasses devant les boutiques et les habitations, en attendant de pouvoir rentrer chez eux ou repasser la frontière. La visite de la ministre des Affaires étrangères sénégalaise, Yacine Fall, à Nouakchott lundi 17 mars n’a pour le moment pas permis de résoudre le problème des expulsions de Sénégalais. La semaine dernière, Yacine Fall avait pourtant annoncé que la Mauritanie indiquerait, d’ici à la fin du mois de mars, la procédure à suivre pour que les Sénégalais puissent obtenir une carte de séjour.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#mauritanie#frontiiere#rosso#expulsion#CEDEAO#sante#subsaharien

  • En Libye, vingt-huit corps de migrants exhumés d’une fosse commune
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/02/09/en-libye-vingt-huit-corps-de-migrants-exhumes-d-une-fosse-commune_6539015_32

    En Libye, vingt-huit corps de migrants exhumés d’une fosse commune
    Le Monde avec AFP
    Les corps de vingt-huit migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont été retrouvés dans une fosse commune près d’un centre de détention « illégal », dans la région de Koufra, à l’extrême sud-est de la Libye, a annoncé dimanche 9 février le bureau du procureur général libyen.Les corps ont été retrouvés après une opération des forces de sécurité dans ce centre tenu par un réseau de trafiquants d’êtres humains, où étaient « séquestrés » soixante-seize migrants originaires d’Afrique subsaharienne, a précisé la même source.
    Une enquête a permis d’identifier l’existence d’une « bande dont les membres séquestraient des migrants irréguliers, les torturaient et les soumettaient à des traitements cruels, dégradants et inhumains », a ajouté le bureau du procureur.Trois personnes ont été arrêtées, un Libyen et deux étrangers, a-t-il ajouté sans plus de détails.
    Des photos publiées dimanche sur les réseaux sociaux montraient des individus émaciés portant des cicatrices sur le visage, les membres et le dos.
    La Libye est plongée dans le chaos politique et sécuritaire depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, à la suite d’une révolte populaire. Gouverné par deux exécutifs rivaux – l’un à Tripoli (ouest), reconnu par l’ONU, l’autre à Benghazi (est), soutenu par le clan du maréchal Khalifa Haftar –, le pays, situé à environ 300 kilomètres des côtes italiennes, est devenu l’une des principales plaques tournantes du trafic d’êtres humains sur le continent.
    Des dizaines de milliers de migrants d’Afrique subsaharienne, en quête de l’eldorado européen, y sont la proie de trafiquants, quand ils ne meurent pas en tentant la périlleuse traversée de la Méditerranée.
    Fin janvier, le bureau du procureur général, basé à Tripoli, a ordonné l’incarcération de deux membres d’une bande criminelle accusée de torture à l’encontre de 263 migrants originaires d’Afrique en situation irrégulière, dans le but d’extorquer des rançons. Selon lui, la bande opérait dans un camp de rétention dans la zone d’Al-Wahat, une région désertique sous le contrôle des forces du maréchal Haftar, à environ 750 kilomètres au sud-est de Tripoli.
    En mars 2024, une fosse commune contenant « au moins 65 corps de migrants » avait été découverte dans le sud-ouest de la Libye, selon l’Organisation internationale pour les migrations.

    #Covid-19#migrant#migration#libye#subsaharien#mortalite#trafic#sante#santementale#violence#routemigratoire

  • Route des Canaries : neuf corps retrouvés au large de la Mauritanie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62644/route-des-canaries--neuf-corps-retrouves-au-large-de-la-mauritanie

    Route des Canaries : neuf corps retrouvés au large de la Mauritanie
    Par Leslie Carretero Publié le : 05/02/2025
    Les autorités mauritaniennes ont indiqué mardi avoir retrouvé neuf corps sans vie au large de la ville de Nouadhibou, municipalité du nord du pays connue pour être un lieu de départ des embarcations de migrants en route vers les Canaries espagnoles. Les victimes pourraient être originaires du Sénégal et du Mali.
    Neuf corps de migrants ont été retrouvés au large de Nouadhibou, en Mauritanie, a indiqué mardi 4 février la mairie de cette ville située à près de 500 km de la capitale Nouakchott."Les services municipaux compétents ont procédé à l’enterrement de ces corps après qu’ils ont été [récupérés] en mer", peut-on lire dans le communiqué de la municipalité publié sur Facebook.
    La nationalité des victimes n’a pas été précisée mais la mairie a expliqué que l’enterrement s’est déroulé en présence de représentants des communautés sénégalaises et maliennes vivant à Nouadhibou, laissant penser que les défunts provenaient de ces deux pays.Les autorités ne donnent cependant pas plus d’informations sur la date du naufrage, le nombre de passagers à bord de l’embarcation, les potentiels survivants ou le pays de départ du canot.La ville de Nouadhibou est connue pour être un lieu de départ des embarcations de migrants en route vers les Canaries. Ces dernières années, la Mauritanie avait été délaissée par les exilés qui espéraient atteindre l’archipel espagnol, privilégiant des départs depuis le Sénégal, la Gambie ou le Maroc.
    Mais l’an dernier, la Mauritanie est redevenue un pays de transit dans l’attente d’un passage vers les Canaries, la côte atlantique étant davantage contrôlée par les forces marocaines et sénégalaises. Le pays est même devenu le principal lieu de départs des canots arrivés dans l’archipel espagnol en 2024, selon Helena Maleno de l’ONG Caminando Fronteras, contactée par InfoMigrants.La dégradation de la situation sécuritaire au Sahel a également joué un rôle dans l’augmentation du nombre des migrants en Mauritanie, et donc du flux vers l’Espagne.
    Face aux exactions de l’armée et à la menace terroriste, des dizaines de milliers de Maliens - mais aussi Nigériens et Burkinabés - ont trouvé refuge en Mauritanie ces derniers mois. Entre janvier 2023 et avril 2024, plus de 95 000 nouveaux réfugiés maliens sont arrivés dans le pays, en plus des 105 000 réfugiés précédemment enregistrés, selon le Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR). Au total, 275 000 réfugiés et demandeurs d’asile se trouvent actuellement en Mauritanie, d’après les chiffres de l’agence onusienne.Fin octobre, le ministre mauritanien de la Défense, Hanena Ould Sidi, avait estimé que « le flux de réfugiés sur le territoire mauritanien a atteint un seuil critique ».
    Beaucoup d’entre eux tentent ensuite leur chance vers les Canaries. Ainsi, sur les plus de 22 000 personnes arrivées dans l’archipel espagnol au cours du premier semestre 2024, 13 000 sont parties des côtes mauritaniennes, contre environ 200 personnes l’année précédente. Soit une augmentation de 6 000 %.
    En 2024, les Maliens ont constitué la nationalité la plus nombreuse parmi les immigrés arrivés de manière irrégulière en Espagne. Mais ils ne sont pas les seuls. Les Sénégalais, qui fuient une crise économique et un taux de chômage très élevé dans leur pays, tentent aussi de traverser l’Atlantique depuis les côtes mauritaniennes.
    En outre, le renforcement des contrôles en Libye ont aussi fait émerger une nouvelle route migratoire. Des responsables espagnols se sont dit « préoccupés » par les arrivées aux Canaries de ressortissants du Pakistan, mais aussi de l’Afghanistan et du Yémen. Lors d’un naufrage mi-janvier au large de la Mauritanie où près de 50 personnes ont perdu la vie, de nombreuses victimes étaient originaires du Pakistan.Afin d’assurer un meilleur contrôle de ses frontières, la Mauritanie touche chaque année 10 millions d’euros de l’Espagne pour la formation et l’équipement de ses gardes-côtes. En échange, Nouakchott s’engage à accueillir sur le sol mauritanien les exilés entrés de manière irrégulière aux Canaries après avoir quitté le pays, et à bloquer les départs des canots. Face à l’afflux de migrants de ces dernières années, l’Union européenne a signé en mars 2024 un accord avec Nouakchott à hauteur de 210 millions d’euros pour renforcer le contrôle des frontières de la Mauritanie.
    Fin août, Pedro Sanchez est retourné à Nouakchott pour signer des « mémorandums d’entente » bilatéraux de « migration circulaire », selon un communiqué de la présidence espagnole. Il s’agit de mettre en place un cadre pour permettre des entrées régulières sur le sol espagnol en fonction des besoins de main-d’œuvre. Cette migration contrôlée est censée faire une place particulière aux jeunes et aux femmes. En retour, la présidence mauritanienne s’était engagée à durcir sa législation contre l’immigration irrégulière.
    Des accords qui ont eu très peu de conséquences sur le flux de migrants aux Canaries. L’an dernier, près de 47 000 personnes ont débarqué dans l’archipel espagnol, un record. Et le nombre de morts n’a jamais été aussi nombreux sur cette route migratoire. Près de 10 000 exilés ont péri dans l’Atlantique en 2024, d’après le dernier rapport de Caminando Fronteras. Et « la majorité des victimes avaient pris la mer depuis la Mauritanie », signale Helena Maleno à InfoMigrants.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#atlantique#mauritanie#canaries#routemigratoire#mortalite#subsaharien#sante#crise

  • Plus de 600 migrants débarquent aux Canaries en deux jours - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62417/plus-de-600-migrants-debarquent-aux-canaries-en-deux-jours

    Plus de 600 migrants débarquent aux Canaries en deux jours
    Par La rédaction Publié le : 24/01/2025
    Entre mardi et jeudi, 618 exilés ont débarqué aux Canaries, et 23 aux Baléares. Les arrivées de migrants ont connu des records en 2024 dans l’archipel espagnol situé dans l’océan Atlantique, provoquant la saturation du système d’accueil. Une nouvelle réunion doit avoir lieu ce vendredi entre les autorités canariennes et le gouvernement pour tenter de trouver un accord sur la répartition des mineurs vers la péninsule espagnole.
    Malgré une météo hivernale, les départs de migrants vers les côtes espagnoles ne cessent pas. En seulement deux jours, plus de 600 exilés ont atteint l’Espagne, a indiqué jeudi 23 janvier Europa Press.
    Ce même jour, 63 personnes originaires d’Afrique subsaharienne sont arrivées au port de La Restinga, sur la petite île canarienne d’El Hierro. Parmi elles, 10 femmes et quatre enfants. Selon les témoignages des exilés, leur canot a quitté la capitale de la Mauritanie, Nouakchott, cinq jours plus tôt.
    Dans la nuit de mardi à mercredi, ce sont 555 migrants, à bord de sept embarcations, qui ont débarqué sur les îles d’El Hierro, de Tenerife et de Grande Canarie. À bord de l’une des pirogues, les sauveteurs espagnols ont par ailleurs retrouvé une personne sans vie. Enfin dans la journée de mardi, 23 exilés ont été secourus par les services de sauvetage espagnols près de Formentera, aux Baléares.
    Au total, 3 460 personnes sont arrivées en Espagne au cours des 15 premiers jours de l’année 2025, soit 6,3% de moins qu’à la même période de 2024, d’après les données du ministère de l’Intérieur. Comme l’an dernier, la majeure partie des débarquements se concentrent sur les îles Canaries : on compte 3 223 arrivées dans l’archipel espagnol du 1er au 15 janvier 2025. Un chiffre en baisse de 7,4% par rapport à la même période de 2024.Sur l’ensemble de l’année dernière, les Canaries ont dû prendre en charge près de 47 000 migrants. Du jamais vu pour ce petit bout de terre dans l’océan Atlantique, qui fait face depuis plusieurs mois à une saturation de plus en plus importante de son système d’accueil.
    Dans la nuit du 6 au 7 janvier, une centaine d’exilés ont été contraints de dormir sur un quai du port d’Arrecife, à Lanzarote, en raison du manque de places disponibles sur l’île. « Nous sommes débordés, les centres sont saturés, nous devons continuer à ouvrir de nouvelles installations », avait alors déclaré aux médias Marciano Acuña, un élu de Lanzarote.
    La plus petite île de l’archipel, El Hierro, peine aussi à accueillir les naufragés. D’autant qu’elle est devenue ces derniers mois le premier lieu de débarquement des embarcations qui arrivent aux Canaries. Dans un premier temps, des tentes ont été installées sur le quai de La Restinga. Puis, ces tentes ont été progressivement remplacées par des « conteneurs modulables sans que l’on sache jusqu’à présent qui l’a autorisé et quelle est la raison de cette action », déplore le président de la région d’El Hierro, Alpidio Armas, dans la presse canarienne.
    Ces préfabriqués ont aussi été dénoncés par le maire d’El Pinar, petit village près de La Restinga. Juan Miguel Padrón a « exhorté le secrétariat d’État aux Migrations du gouvernement espagnol à rechercher des solutions à court, moyen et long terme, visant à libérer ce port de l’occupation permanente de presque tout son espace par les infrastructures d’immigration ».
    Depuis des mois, le débat sur le transfert des migrants entre les régions espagnoles agite la sphère politique. Le gouvernement socialiste souhaite réformer l’article 35 de la loi Immigration, qui acterait notamment l’accueil obligatoire des mineurs non accompagnés dans les différentes structures du pays (sur le continent), lorsqu’un territoire (comme les Canaries) dépasse 150 % de sa capacité d’accueil. Mais les discussions sont aujourd’hui dans l’impasse : le 5 octobre, le Parti populaire (PP, conservateur) a quitté la table des négociations, mettant un coup d’arrêt à la réforme.
    Le président des Canaries Fernando Clavijo ne cesse, depuis, de réclamer la reprise des négociations. « On a un sentiment d’abandon et bien sûr ça nous fait mal », a-t-il déclaré dans un entretien à El Mundo le 13 janvier. « Pedro Sánchez [le Premier ministre, ndlr] n’est pas solidaire et Feijóo [Alberto Núñez Feijóo, président du PP] a laissé les îles Canaries bloquées ». Fernando Clavijo appelle donc à une « grande coalition » du PSOE, au pouvoir, et du PP « autour des questions migratoires ».
    Une nouvelle réunion a lieu ce vendredi entre le ministre de la Politique territoriale, Ángel Víctor Torres, et le président des îles Canaries pour tenter de trouver un accord sur la répartition des mineurs non accompagnés des îles Canaries et de l’enclave Ceuta vers le continent espagnol. Après l’échec des négociations, le gouvernement canarien a proposé que l’exécutif approuve un décret-loi pour effectuer une répartition unique (et non plus obligatoire) de quelque 4 000 mineurs des îles Canaries vers la péninsule - plus de 5 600 jeunes sont hébergées dans les structures d’accueil de l’archipel, pour une capacité de 2 000 places. Le texte devrait être soumis au Parlement début février.
    Ces discussions sont suivies de près par les ONG et les militants des droits. Le 16 janvier, Amnesty international avait appelé « les autorités et les partis politiques » à « adopter de toute urgence et immédiatement une proposition de répartition contraignante, obligatoire et équitable, qui garantisse un accueil adéquat à tous mineurs ». Le 9 juillet, l’antenne espagnole de l’Unicef avait déjà tiré la sonnette d’alarme : aux Canaries, « les droits [des enfants] ne sont pas respectés en raison de la saturation absolue du système de protection ». « Ces enfants et adolescents arrivés sur l’archipel après un voyage dangereux ont besoin d’espaces sûrs », avait insisté l’institution onusienne dans un communiqué.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#elhierro#lazarrotte#migrationirreguliere#routemigratoire#sante#mineur#droit#protection#mauritanie#subsaharien

  • Tunisie : 7 250 migrants subsahariens sont rentrés « volontairement » dans leur pays en 2024 - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62389/tunisie--7-250-migrants-subsahariens-sont-rentres-volontairement-dans-

    Tunisie : 7 250 migrants subsahariens sont rentrés « volontairement » dans leur pays en 2024
    Par La rédaction Publié le : 23/01/2025
    Selon les autorités tunisiennes, 7 250 migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont bénéficié du programme de « retour volontaire » de l’Organisation internationale des migrations (OIM) en 2024, contre un peu plus de 2 250 en 2023. Cette hausse des retours s’explique par le climat délétère qui règne en Tunisie et qui vise les Subsahariens.
    Sur l’ensemble de l’année 2024, 7 250 migrants subsahariens vivant en Tunisie sont rentrés « volontairement » dans leur pays via l’Organisation internationale des migrations (OIM), a indiqué mercredi 22 janvier le secrétaire d’État tunisien auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ben Ayed.
    Le programme d’"aide au retour volontaire et à la réintégration" (AVR) de l’agence onusienne permet aux exilés d’être rapatriés chez eux et de bénéficier d’un soutien financier pour développer leur projet au pays.
    Comment fonctionnent les « retours volontaires » de l’OIM ?
    Ces « retours volontaires » opérés depuis la Tunisie sont en nette augmentation ces dernières années. En 2023, 2 557 personnes en avaient profité, ce qui représentait déjà une hausse de 45 % par rapport à 2022, où 1 614 exilés avaient bénéficié de ce programme.
    Depuis l’an dernier, le gouvernement tunisien espérait des départs de migrants en masse. Lors d’une visite de la Première ministre italienne Giorgia Meloni en Tunisie, au mois d’avril 2024, Rome et Tunis s’étaient déjà engagés à miser sur les « retours volontaires » pour lutter contre l’immigration irrégulière en « impliquant les organisations internationales ».
    La situation délétère en Tunisie pousse les migrants à fuir le pays par n’importe quel moyen. En effet, depuis le discours raciste du président Kaïs Saïed en février 2023 accusant les Noirs d’être la source de violences et de crimes, les exilés sont constamment harcelés par la population et les autorités. Partout en Tunisie, les Noirs sont de plus en plus empêchés de travailler, de louer des appartements et même d’utiliser les transports publics.
    Dès l’été de cette même année, des milliers de Subsahariens ont été interpellés, notamment à Sfax (centre-est), puis abandonnés dans des zones désertiques, à la frontière avec l’Algérie ou la Libye, sans eau ni nourriture. Selon les ONG, une centaine de personnes y sont mortes de soif. La photo d’une mère de famille et de sa fille de six ans gisant sur le sable avait fait le tour des réseaux sociaux, car elle symbolisait la détresse de ces exilés livrés à eux-mêmes sous une chaleur écrasante.
    Dans le désert, des migrants assoiffés pris en charge par les garde-frontières libyens, le 22 juillet 2023. Crédit : capture d’écran Twitter
    Dans le désert, des migrants assoiffés pris en charge par les garde-frontières libyens, le 22 juillet 2023. Crédit : capture d’écran Twitter
    Ces expulsions illégales, largement dénoncées par les ONG et les instances internationales, n’ont jamais cessé en Tunisie. Au contraire, elles ont même pris de l’ampleur. En mai 2024, des migrants faisaient à nouveau état à InfoMigrants d’une vague d’"arrestations générales". Les exilés racontaient être traqués partout : dans les cafés, dans les rues, dans les gares, dans les taxis, dans les commerces ou dans les appartements. « Ils vont dans les maisons, cassent les portes, confisquent les passeports, volent tout ce qu’ils trouvent - téléphones, effets personnels, argent… - frappent les gens avec des matraques et les embarquent dans des bus », relatait Salif, un Guinéen vivant à Sfax.
    En septembre dernier, InfoMigrants a reçu les images d’un groupe d’exilés envoyé à la frontière algérienne après avoir été arrêté dans les rues de Tunis. Sur les vidéos, on voit des hommes, femmes et enfants, à bout de force en plein désert et accablés par la chaleur. On remarque aussi un homme qui se lèche le bras pour tenter de se désaltérer, alors que la pluie tombe sur lui. Une femme enceinte de neuf mois, exténuée par la marche, se dénude en quête de fraîcheur. Un enfant dort à même le sol, sur des cailloux, contre sa mère. Plusieurs migrants montrent aussi des blessures et des bleus sur le corps, probablement causés par les coups portés par les agents tunisiens.
    Les migrants, qui ont été chassés des centres-villes par les autorités, ont installé d’immenses campements informels dans les oliveraies à El-Amra, en périphérie de Sfax. Sans aucune assistance de l’État, la vie s’y organise de manière anarchique, sans eau potable ni sanitaires et dans un climat de violence de plus en plus alarmant. De nombreuses personnes ont été blessées à l’arme blanche ou à feu lors d’affrontements communautaires ou par des Tunisiens. D’autres souffrent de maladies graves telles que le choléra ou la typhoïde.
    Fin décembre, deux personnes vivant dans ces champs d’oliviers sont mortes, intoxiquées au monoxyde de carbone. Elles avaient allumé un feu dans leurs tentes pour se protéger du froid.
    Ces derniers mois, une nouvelle pratique a été mise en place par le pouvoir : après avoir été interpellés, nombre de Subsahariens sont désormais condamnés pour « séjour irrégulier » en Tunisie, et incarcérés dans les prisons du pays aux côtés de détenus tunisiens de droit commun. La situation est telle que, selon des exilés en contact avec InfoMigrants, « les prisons sont remplies de Subsahariens ».
    Les audiences pour « séjour irrégulier » se déroulent à la chaîne. Lors de son passage au tribunal début novembre, un Guinéen dit s’être retrouvé au côté d’une trentaine de Subsahariens, dont deux mineurs, une dizaine de femmes et une enceinte de huit mois. Tous ont été inculpés car en situation irrégulière sur le territoire tunisien.
    Les violences, les rafles, les abandons dans le désert, les condamnations... autant de facteurs qui sèment la panique au sein de la population migrante vivant en Tunisie. Fatigués de ce climat de terreur, beaucoup préfèrent faire marche arrière, même les personnes en situation régulière dans le pays.
    « Ma décision de rentrer a été prise avec ma famille. Ce sont beaucoup de choses qui m’ont fait prendre ma décision : les complications administratives surtout, mais aussi l’ambiance qu’il y a ici maintenant... », expliquait en novembre à InfoMigrants un étudiant étranger vivant à Tunis. « À l’université, la situation est normale mais c’est dans le reste de la ville que nous avons des problèmes. Je n’ai pas subi d’agression mais des insultes dans le métro ou le bus. Cette ambiance xénophobe, en plus des difficultés administratives pour obtenir un titre de séjour, c’est insupportable ».

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#subsaharien#retour#OIM#reintegration#sante#violence#migrationirreguliere

  • Espagne : près de 100 migrants atteignent l’archipel des Baléares en une journée - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/62015/espagne--pres-de-100-migrants-atteignent-larchipel-des-baleares-en-une

    Espagne : près de 100 migrants atteignent l’archipel des Baléares en une journée
    Par La rédaction Publié le : 02/01/2025
    Quatre embarcations avec 98 exilés à bord ont rejoint les côtes d’Ibiza, Formentera et Majorque mercredi 1er janvier. En tout, près de 6 000 migrants sont arrivés aux Baléares en 2024, près de trois fois plus que l’an passé. Une route migratoire de plus en plus empruntée. Mercredi 1er janvier, 98 migrants à bord de quatre canots différents ont débarqué sur les îles Baléares, à l’est de la péninsule ibérique. Vers midi, la Garde civile locale a intercepté 20 personnes d’Afrique subsaharienne et une personne d’origine maghrébine qui arrivaient en bateau sur la plage de La Xanga, sur l’île d’Ibiza, rapporte la presse espagnole.
    Deux heures plus tard, une embarcation transportant 21 exilés d’origine maghrébine a été localisée dans la zone de Pilar de la Mola, au sud de Formentera. Un troisième bateau, avec à son bord 31 personnes d’origine nord-africaine, a lui aussi été intercepté au cours de la journée par la Garde civile dans la même zone.
    Dans la soirée, les secours maritimes espagnols sont venus en aide à 25 autres ressortissants d’Afrique subsaharienne, à bord d’un quatrième canot repéré à une vingtaine de kilomètres de Santa Ponça, au sud-ouest de Majorque.
    Depuis 2022, la route migratoire algérienne qui relie l’Algérie à l’Espagne se déplace de plus en plus à l’est, en direction des îles Baléares, une zone moins surveillée. Les arrivées y sont de plus en plus fréquentes. Le 29 décembre déjà, 18 personnes ont atteint l’île de Formentera, et ont été rejointes par 74 migrants arrivés dans trois embarcations distinctes quelques heures plus tard.
    Selon le décompte de l’agence de presse espagnole EFE, au cours de l’année 2024, au moins 5 924 exilés ont débarqué aux Baléares, contre 2 278 l’an passé, soit presque trois fois plus.
    Fin novembre, après l’arrivée de près de 300 personnes dans l’archipel, la police nationale, en charge de l’enregistrement des nouveaux arrivants dans les Baléares, s’était dite « débordée », rapportait le média Cronica Balear. L’augmentation des arrivées sur ces îles a d’ailleurs fait l’objet d’un débat au Sénat espagnol à la mi-novembre. « Au cours des sept derniers jours, près de 1 000 migrants ont atteint les côtes des îles Baléares, parmi lesquels des jeunes, des enfants et des femmes enceintes », avait alors déclaré le sénateur de l’archipel Miquel Jerez. « Les administrations locales ont atteint leurs limites, et sont seules et abandonnées », avait-il ajouté. En réponse, le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska avait assuré devant les parlementaires que cette route migratoire « ne s’était pas consolidée » cette année.
    Cet itinéraire, moins couvert par les secours, est cependant tout aussi « périlleux », prévient l’ONG Caminando Fronteras dans son dernier rapport publié le 26 décembre. « Les dangers de cette traversée sont même plus importants en raison des distances plus longues, mais aussi parce qu’il existe un risque élevé de perdre le cap et de se retrouver dans les zones les plus hostiles de la mer Méditerranée », précise l’association.
    D’après Caminando Fronteras, au moins 517 personnes sont décédées en 2024 sur la route algérienne, qui conduit aux Baléares et au sud de l’Espagne. Elles étaient 464 en 2022, et 191 en 2021. Cette année aussi, 26 embarcations ont « totalement disparu » en mer, avec tous leurs passagers. Des chiffres qui font de ce passage en Méditerranée la deuxième route la plus meurtrière pour l’Espagne, derrière celle des Canaries. Le rapport de Caminando Fronteras constate également la présence régulière « d’adolescents qui voyagent seuls », et qui cherchent à rejoindre de la famille en Europe. « Quand vous voyez que la plupart des gens que vous connaissez ont quitté le pays, sont heureux ailleurs et que vous, vous continuez à galérer malgré les années, partir devient votre seul objectif », a par exemple relaté auprès d’InfoMigrants la cousine de Youssef*, un jeune algérien de 26 ans porté disparu fin novembre, après le naufrage du canot sur lequel il avait pris place pour rejoindre l’Espagne depuis Alger. Ces mineurs sont habituellement originaires d’Algérie, mais de plus en plus de jeunes subsahariens, syriens, ou palestiniens embarquent, eux aussi, depuis les côtes algériennes. D’après l’ONG espagnole, « près de 40 % des personnes qui s’engagent sur cette route maritime des Baléares proviennent désormais de pays autres que l’Algérie ».

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  • Deux embarcations font naufrage au large de la Tunisie, 27 personnes, dont des enfants, meurent
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/02/vingt-sept-migrants-meurent-au-large-des-cotes-tunisiennes-83-personnes-seco

    Deux embarcations font naufrage au large de la Tunisie, 27 personnes, dont des enfants, meurent
    Le Monde avec AFP
    Ils tentaient de rallier l’Europe quand leurs embarcations de fortune ont sombré au large des côtes tunisiennes. Au moins 27 migrants sont morts et 83 autres ont été secourus mercredi 1er janvier, a rapporté jeudi à l’Agence France-Presse (AFP) un responsable de la protection civile tunisienne. Environ 110 personnes, toutes provenant de pays subsahariens, se trouvaient à bord de deux embarcations de fortune, « parties de la côte près de Sfax dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier », a précisé à l’AFP un responsable de la garde nationale sous le couvert de l’anonymat. « Des opérations sont en cours pour rechercher d’autres migrants portés disparus », a-t-il ajouté.
    « Parmi les 27 corps repêchés au large de [l’archipel des] Kerkennah (Est), figurent des femmes et des enfants », a précisé à l’AFP Zied Sdiri, le directeur régional de la protection civile à Sfax. Selon M. Sdiri, 15 des 83 personnes secourues par les gardes-côtes tunisiens, affiliés à la garde nationale, ont été transférées dans un hôpital. Dans un communiqué publié jeudi, la garde nationale a confirmé le tragique bilan, en ajoutant que parmi les migrants morts il y a un bébé et que 17 femmes et sept enfants figurent parmi les personnes secourues.
    Avec la Libye, la Tunisie dont le littoral se trouve en certains endroits à moins de 150 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa, est devenue ces dernières années le principal point de départ en Afrique du Nord des migrants cherchant à gagner l’Europe. Les deux embarcations ont été trouvées à environ 5 kilomètres des côtes des îles Kerkennah, a ajouté M. Sdiri. L’une d’elles a chaviré tandis que l’autre a coulé, pour des raisons encore à déterminer.
    Plusieurs naufrages se sont produits ces dernières semaines, marquées par de mauvaises conditions météorologiques. A la fin de décembre, deux migrants tunisiens incluant un enfant de 5 ans sont morts et 17 autres ont été secourus au large de la côte de nord du pays après une panne sur leur embarcation de fortune. Le 18 décembre, au moins 20 migrants ressortissants d’Afrique subsaharienne ont trouvé la mort dans un naufrage au large de Sfax (Centre-Est) et cinq autres sont portés disparus.
    Depuis le début de l’année, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux a recensé de 600 à 700 décès ou disparitions de migrants dans des naufrages au large du littoral tunisien, après plus de 1 300 morts ou disparus en 2023.
    Selon un communiqué de l’Unicef publié mercredi, le nombre de migrants morts ou disparus en Méditerranée « a dépassé les 2 200 personnes en 2024, dont près de 1 700 vies perdues » sur la dangereuse route de Méditerranée centrale, entre l’Afrique du nord et les côtes italiennes. Ce bilan inclut « des centaines d’enfants qui représentent une personne sur cinq qui émigre via la Méditerranée. La majorité de ces migrants fuient des conflits violents et la pauvreté », a souligné l’Unicef.
    A la suite d’une campagne anti-migrants déclenchée par un discours aux accents xénophobes du président Kais Saied au printemps 2023, des milliers de migrants d’Afrique subsaharienne avaient été rapatriés par leurs pays, tandis que les tentatives d’émigration clandestine vers l’Europe s’étaient accélérées. Des milliers de Tunisiens cherchent aussi à quitter la Tunisie chaque année, face à la détérioration de la situation économique et à de fortes tensions politiques. Sous l’impulsion de l’Italie, l’Union européenne a conclu en juillet 2023 un « partenariat » avec la Tunisie prévoyant une aide budgétaire de 150 millions d’euros et l’octroi de 105 millions d’euros pour aider le pays à lutter contre l’immigration irrégulière. Ces aides ont débouché sur une hausse des interceptions de bateaux clandestins en 2024 et une nette réduction des arrivées en Italie.
    Selon l’agence italienne Nova, les débarquements sur les côtes italiennes ont chuté de 60 % sur un an avec 65 472 arrivées au 24 décembre. En 2024, les migrants sont partis davantage de Libye (41 425 migrants) que de Tunisie (19 246 personnes, un chiffre en baisse de 80 % sur un an), les autres arrivant de Turquie ou d’Algérie, selon Nova.

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  • En Tunisie, au moins vingt migrants morts noyés dans un naufrage au large de la ville de Sfax
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/12/18/en-tunisie-au-moins-vingt-migrants-morts-noyes-dans-un-naufrage-au-large-de-

    En Tunisie, au moins vingt migrants morts noyés dans un naufrage au large de la ville de Sfax
    Le Monde avec AFP
    Au moins 20 migrants ont péri dans un naufrage au large de la ville de Sfax, en Tunisie, et 5 autres, tous d’origine subsaharienne, ont été secourus, a annoncé, mercredi 18 décembre, la garde nationale dont dépendent les gardes-côtes.Des unités maritimes ont « repêché 20 corps » et poursuivent les recherches, après avoir « pu secourir 5 migrants originaires d’Afrique subsaharienne » dans une embarcation ayant coulé au large d’Ellouza, au nord de Sfax, selon un communiqué officiel.
    Selon la garde nationale, l’embarcation était partie vers 23 heures, heure locale, mardi soir, depuis la zone de La Chebba, située à environ 40 kilomètres au nord d’Ellouza. L’embarcation à bord de laquelle se trouvaient les migrants clandestins a coulé à environ 25 kilomètres du littoral.
    Le 12 décembre, les gardes-côtes avaient annoncé avoir secouru la veille 27 migrants provenant d’Afrique subsaharienne, mais 15 autres avaient été portés disparus et n’ont pas été retrouvés. Ils étaient partis sur une embarcation de fortune de la zone de Jebeniana, au nord de Sfax. Leur bateau a coulé à cause du mauvais temps et d’une avarie au large de la ville de Mahdia, située à environ 100 kilomètres au nord de Sfax.
    Les régions de Sfax et de Mahdia figurent parmi les principales zones d’où partent les migrants tunisiens et étrangers pour essayer de rejoindre clandestinement les côtes italiennes. Avec la Libye, la Tunisie, dont le littoral est situé à certains endroits à moins de 150 kilomètres de la Sicile, est le principal point de départ en Afrique du Nord des migrants cherchant à traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.
    Chaque année, des dizaines de milliers de migrants provenant d’Afrique subsaharienne, fuyant la pauvreté et des conflits dans leur pays, notamment au Soudan et au Yémen, tentent la périlleuse traversée de la Méditerranée au départ des côtes tunisiennes pour atteindre les côtes italiennes, dans l’espoir de rejoindre l’Europe. Des milliers de Tunisiens cherchent également à quitter clandestinement leur pays, face à une détérioration de la situation économique et de fortes tensions politiques depuis un coup de force du président tunisien, Kaïs Saïed, à l’été 2021.
    Selon l’Organisation internationale pour les migrations, lors de la dernière décennie plus de 30 000 migrants ont péri en Méditerranée, dont plus de 3 000 l’an passé. Jusqu’à récemment, le littoral au nord de Sfax, la deuxième ville de Tunisie, était l’épicentre des départs clandestins, mais la garde nationale a renforcé les contrôles sur cette côte.

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  • « Si vous êtes noir, ce n’est plus possible de vivre ici » : en Tunisie, ces migrants qui ont changé de plan de vie face au racisme - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/60951/si-vous-etes-noir-ce-nest-plus-possible-de-vivre-ici--en-tunisie-ces-m

    « Si vous êtes noir, ce n’est plus possible de vivre ici » : en Tunisie, ces migrants qui ont changé de plan de vie face au racisme
    Par Julia Dumont Publié le : 01/11/2024
    En Tunisie, la situation des migrants subsahariens ne cesse de se dégrader. Pays de transit sur la route de l’Europe pour certains, mais aussi pays d’arrivée pour de nombreux exilés en quête d’un emploi, le pays est devenu un piège que beaucoup cherchent aujourd’hui à quitter. InfoMigrants a recueilli les témoignages d’exilés qui ont décidé de donner à leur vie une autre direction pour échapper à cette situation.
    Ça fait deux et demi que je suis en Tunisie. Je vis à Tunis. Normalement, je devais rester trois ans pour faire un MBA en marketing, mais je vais partir avant la fin de cette année et rentrer dans mon pays. Ça fait un moment que je veux rentrer mais j’hésitais parce que je devais terminer mes études. Je ne pouvais pas rentrer sans rien alors que j’étais venu pour avoir un diplôme. Mais maintenant, le plus important pour moi c’est de me dire qu’en 2025 je ne serai plus ici. Ma décision de rentrer a été prise avec ma famille. Ce sont beaucoup de choses qui m’ont fait prendre ma décision : les complications administratives surtout, mais aussi l’ambiance qu’il y a ici maintenant... Ce qui a tout déclenché, c’est le discours du président Saïed en février 2023. À partir de ce moment-là, on a dû changer de vie, et même de comportement. Mes emplois du temps ont changé car il faut maintenant être à la maison à une certaine heure sinon ça peut être dangereux d’être dehors quand on est noir. Je rentre chez moi à 18 heures, maximum.
    Le 21 février 2023, le président tunisien Kaïs Saïed a prononcé un virulent discours antimigrants lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale. Le chef de l’État avait alors évoqué des « hordes des migrants clandestins » dont la présence en Tunisie serait source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ». À l’université, la situation est normale mais c’est dans le reste de la ville que nous avons des problèmes. Je n’ai pas subi d’agression mais des insultes dans le métro ou le bus. Cette ambiance xénophobe, en plus des difficultés administratives pour obtenir un titre de séjour, c’est insupportable. Même si Kaïs Saïed n’avait pas été réélu, je serais parti. De retour dans mon pays, j’aimerais me lancer en autoentrepreneuriat dans le marketing.
    Je suis ici depuis décembre 2022. Initialement, je voulais rester ici et demander l’asile. Mais il n’y a pas de système d’asile ici, ni de droits de l’Homme donc j’ai changé mes plans et je vais rentrer dans mon pays. C’est le fait d’avoir été kidnappé récemment qui a été déterminant dans ma décision de rentrer au Cameroun. Car ici, la situation est de pire en pire et nous ne pouvons plus trouver de travail, ni louer un logement. Si vous êtes noir, ce n’est plus possible de vivre ici. Actuellement, je dors dans une maison en construction et je n’arrive même plus à acheter à manger. Les kidnappings d’exilés se sont multipliés ces derniers mois en Tunisie. Les kidnappeurs - des Tunisiens mais aussi souvent des Subsahariens - enferment leurs victimes dans des maisons isolées et les battent en appelant leurs familles au téléphone afin de leur soutirer de l’argent, en échange de la libération de leurs proches.
    Après avoir été libéré, je suis allé voir l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour demander un retour volontaire mais, à ce moment-là, tout était bloqué et ils m’ont dit de revenir après l’élection présidentielle. Le président Kaïs Saïed a été réélu avec plus de 90 % des voix lors de l’élection présidentielle du 6 octobre 2024. Le scrutin a été marqué par une très forte abstention. J’ai prévenu des amis que j’allais rentrer mais pas ma famille parce que, de toute façon, ils sont tous en prison au Cameroun. Je viens de la région anglophone du Cameroun qui est en crise. Toutes les maisons ont été brûlées et je risque d’être arrêté en rentrant. Mais s’il m’arrive quelque chose, tant pis, je préfère que ce soit dans mon pays plutôt qu’en Tunisie. Vincent, camerounais kidnappé puis emprisonné : « Il vaut mieux prendre le risque de traverser la mer que de vivre ici »
    Quand je suis arrivé en Tunisie en janvier 2023, mon objectif était de prendre la mer pour aller en Italie. Mais après avoir passé du temps sur place et vu les complications, j’ai changé de direction. Je me suis dit que si je pouvais m’établir ici, je pourrais trouver un petit boulot et envoyer un peu d’argent à ma famille au Cameroun. J’ai approché le HCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés) à ce sujet en janvier 2024 pour déposer une demande d’asile. Mais j’ai eu beaucoup de complications pour être enregistré et une fois enregistré, le gouvernement tunisien a fermé le Conseil tunisien des réfugiés (CTR) ainsi que l’ONG Terre d’asile [qui participaient à l’accompagnement des demandeurs d’asile en Tunisie ndlr]. Et le HCR est aussi resté fermé pendant une bonne période.
    À ce moment-là, je me disais encore qu’avec ma carte de demandeur d’asile, je pourrais m’établir ici et chercher du travail pour avoir un petit salaire. Mais ensuite, j’ai été arrêté en juillet dernier et emprisonné pendant trois mois pour « séjour illégal ». C’est à ce moment-là que j’ai changé d’avis à nouveau. Maintenant, je me dis qu’il vaut mieux prendre le risque de traverser la mer que de vivre ici car ici un âne vaut plus qu’un Subsaharien. Depuis le printemps dernier, les migrants subsahariens sont massivement arrêtés et inculpés pour « entrée illégale sur le territoire tunisien ». Les exilés sont ensuite généralement condamnés à des peines de trois mois de prison.
    Si les conditions étaient bonnes, je resterais ici, je m’établirais en Tunisie. Mais là, c’est impossible. Nous vivons comme des rats dans les oliveraies près de Sfax. Depuis que je suis sorti de prison, je suis blessé au pied mais je n’ai même pas de quoi payer un nouveau pansement. Je me dis que, peut-être, en restant ici je pourrais faire des petits travaux pour gagner un peu d’argent ou échanger des services pour pouvoir monter dans un bateau.

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  • Libye : un millier de migrants libérés d’une prison clandestine - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/59576/libye--un-millier-de-migrants-liberes-dune-prison-clandestine

    Libye : un millier de migrants libérés d’une prison clandestine
    Par Leslie Carretero Publié le : 03/09/2024
    Les autorités libyennes ont annoncé samedi la libération d’un millier de migrants, enfermés dans un hangar faisant office de prison secrète dans la région d’Ash Shwayrif, au sud de Tripoli. Ces exilés, retenus dans des conditions déplorables, étaient torturés afin de forcer leurs familles à payer pour leur libération.
    Un millier de migrants, originaires d’Afrique subsaharienne, ont été libérés d’une prison clandestine de la région désertique d’Ash Shwayrif, à environ 400 km au sud de Tripoli, ont annoncé samedi 31 août les autorités libyennes. Parmi ces exilés, on compte de nombreuses femmes, enfants et même des bébés.
    Sur sa page Facebook, le bureau du Procureur général a diffusé une vidéo du raid organisé dans l’entrepôt qui servait de centre de détention aux trafiquants. Les images montrent des dizaines d’exilés enfermés dans un bâtiment plongé dans l’obscurité – le hangar dispose de quatre murs et d’un plafond en tôle, aucune fenêtre ne permet à la lumière d’entrer. Des tapis étalés par terre laissent penser que les migrants dormaient à même le sol, sur des morceaux de tissus.D’autres minuscules cellules - pouvant contenir uniquement un matelas – servaient sûrement à mettre des migrants à l’isolement.
    La vidéo laisse également apparaître les corps des personnes enfermées : certaines présentent des cicatrices, des marques de coupures ou de brûlures sur le corps, d’autres des maladies de peau. On peut aussi y voir un bébé en état de malnutrition sévère.
    Les migrants retenus à d’Ash Shwayrif ont été soumis à toutes sortes de torture « dans le but de contraindre leurs familles à payer des sommes d’argent en échange de leur libération », précise le communiqué du bureau du Procureur général. Les trafiquants « ont participé à des activités criminelles organisées en commettant des meurtres, des privations de liberté, et des viols », ajoute le document.Les autorités n’ont en revanche donné aucune information sur la prise en charge de ces migrants. Dans ce genre d’affaires, les exilés sont généralement transférés dans des prisons gérées par le Département de lutte contre l’immigration illégale (DCIM). Dans ces centres de détention, les Subsahariens sont aussi victimes de violences et doivent - souvent - payer une rançon de centaines d’euros pour leur libération.En mai dernier, 200 migrants avaient aussi été libérés d’une prison non officielle de Kufra, dans le sud-est de la Libye. Là encore, les exilés avaient affirmé avoir subi des violences de la part de leurs ravisseurs. Les exilés « ont été brutalement torturés » afin de forcer leurs familles à payer de « grosses sommes d’argent » pour leur libération, indiquait un communiqué du ministère de l’Intérieur.Ce genre de prisons secrètes sont nombreuses en Libye, pays en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Les milices ont trouvé dans la question migratoire une manière de s’enrichir. Les groupes armés n’hésitent pas à kidnapper des exilés en pleine rue, dans leur appartement ou sur leur lieu de travail pour les retenir captifs. En échange, les trafiquants filment les sévices infligés et envoient les images aux familles pour leur extorquer de l’argent.(...).

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  • En Algérie, des migrants subsahariens entre peur de l’expulsion et rêve d’installation
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/09/02/en-algerie-des-migrants-subsahariens-entre-peur-de-l-expulsion-et-reve-d-ins

    En Algérie, des migrants subsahariens entre peur de l’expulsion et rêve d’installation
    Par Hamid Nasri (Alger, correspondance)
    La vie d’Aboubacar sous le pont près de la Bridja, dans la commune de Staouéli, à l’ouest d’Alger, n’a rien de poétique. Le jeune Nigérien, âgé d’une vingtaine d’années, ne s’en plaint pas. Il fait depuis trois mois la manche à l’entrée du marché communal d’Ain Benian, commune voisine de Staouéli où se trouve son « logis » sous le pont. Son but est se faire assez d’argent et de lancer « son affaire » pour améliorer son quotidien et envoyer de l’argent aux siens restés à Zinder, au Niger.
    Pour arriver à ce faubourg algérois, il a fait « en camion » un périple de près de 3 300 km. Si le voyage entre Zinder et les frontières algériennes peut se passer dans des conditions plus ou moins acceptables, il devient périlleux à partir d’In Guezzam à l’extrême sud-est de l’Algérie. « Je n’ai pas de visa, donc j’entre frauduleusement et, là, il faut suivre les guides qui peuvent vous lâcher en plein désert si vous êtes pris en chasse par les douaniers algériens », relate-t-il.
    Source de tension entre Alger et ses voisins au sud, la question migratoire a été à l’origine d’un coup de froid entre l’Algérie et le Niger avec la convocation, le 3 avril 2024, de l’ambassadeur algérien à Niamey en protestation contre le « caractère violent » des opérations de refoulement de migrants ouest-africains.
    La page semble désormais en partie tournée avec la visite du premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine Zeine, en Algérie les 13 et 14 août, accompagné d’une importante délégation ministérielle. Il a été question de ce dossier qui est d’autant plus complexe qu’Alger n’a pas de politique claire, d’où une incertitude permanente pour les migrants qui vivent entre la peur du refoulement et l’espoir de se ménager une vie dans ce pays où les opportunités d’emploi, notamment dans le bâtiment, ne manquent pas.Seuls les Maliens sont exemptés de visa en vertu d’un accord entre les deux pays. Ils sont considérés comme des « privilégiés » par les autres Subsahariens. La présidente du Croissant-Rouge algérien, Ibtissam Hamlaoui, a rappelé que seuls les Sahraouis sont considérés comme réfugiés, tous les autres sont des migrants soumis à la législation d’entrée et de sortie du territoire algérien. Difficile, voire impossible, dès lors d’avoir une idée, même approximative, du nombre de ces migrants.
    Aboubacar se dit « chanceux » d’avoir traversé le Sahara sans trop de difficultés. Il en rend grâce à une amulette, son « talisman », qui l’a « protégé ». Sa vie sous le pont, il la partage avec des compagnons de la traversée du désert. « On a appris à se connaître durant le voyage, nous nous sommes habitués les uns aux autres. C’est comme ma famille maintenant. » Une cinquantaine de migrants, surtout des femmes et des enfants y ont élu domicile, dans des conditions sommaires. Plusieurs femmes se partagent la garde de groupes d’enfants. Un campement de fortune, entouré d’arbres fruitiers, où ils dorment à la belle étoile sur des matelas en éponge crasseux ou directement sur la terre ocre.
    L’eau, les jus, le lait et le pain ne manquent pas du fait des dons du voisinage et de l’argent récolté en mendiant. Les petits se servent en jouant et égayent les lieux où les plus grands espèrent avoir laissé le pire derrière eux. Ces femmes avec des enfants, parfois des nourrissons, sont l’aspect le plus visible de cette migration où l’Algérie n’est plus un pays de passage mais une destination.
    On les retrouve aux carrefours et ronds-points tendant la main aux automobilistes, bloqués dans les embouteillages. Les petites filles, voiles multicolores sur la tête tombant jusqu’au milieu du dos, demandent « une sadaka » (aumône), dans des formules apprises par cœur en slalomant entre les voitures. Beaucoup de bébés sur le dos ou dans les bras de leurs mères.
    Les femmes, plus que les hommes, sont peu causantes. Le handicap de la langue n’est pas seul en cause, il y a de la méfiance et de la crainte. « Il n’y a rien à Arlit [dans le nord du Niger], finit par dire Khadidja, la trentaine. Ni nourriture, ni travail. On mourrait de faim. » Elle a décidé de tenter sa chance malgré la perspective d’un voyage périlleux. « Beaucoup de gens partaient vers l’Algérie, la Libye et la Tunisie, je me suis dit pourquoi pas » en affichant un petit sourire. Aboubacar maîtrise un peu l’arabe. Suffisamment pour répondre, de manière laconique, aux questions : « Je ne suis à Alger que depuis trois mois, je n’ai jamais été inquiété ni par la police, ni par les gendarmes qui dressent leur barrage à côté du pont où je passe la nuit. »
    Le barrage est dressé en permanence au niveau du pont qui se trouve à un carrefour sur la route nationale n° 11 menant aux stations balnéaires d’Alger Ouest : Sidi Fredj, Palm Beach et Azur Plage. La zone sécurisée de Club des pins n’est qu’à 2 km à vol d’oiseaux. Sa seule appréhension est d’être pris dans une rafle que les autorités algériennes, a-t-il entendu dire, effectuent à peu près tous les sept à huit mois.
    L’Algérie oscille en effet entre des périodes de tolérance ponctuées par des opérations de refoulement qui suscitent des dénonciations des organisations humanitaires internationales. En 2023, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), présente à Alger depuis 2016, a encadré le retour volontaire de 5 000 migrants. Le dernier, réalisé en coopération avec les autorités algériennes et financé par le ministère français des affaires étrangères, a eu lieu le 15 août 2024. Un total de 110 migrants, dont 83 Gambiens et 27 Sénégalais, ont choisi de rentrer chez eux dans un vol direct d’Alger à Banjul, puis à Dakar. L’OIM Algérie et l’ambassade de France avaient signé à Alger, le 18 juillet, un accord de financement permettant notamment de faciliter leur retour volontaire.
    Aboubacar, lui, ne veut pas rentrer, il a donc appris à compter les mois depuis la dernière rafle pour éviter d’être au mauvais endroit, au mauvais moment. Il n’a jamais songé à aller en Europe, son projet est de travailler en Algérie et de monter sa petite affaire. (...)
    Ces chemins de fortune, parfois mortels, ont conduit Moustapha, 35 ans, de Yama au sud du Niger, à Ain Benian, où il vend des lunettes. C’est déjà un enfant de la ville où il vit depuis sept ans. (...) Installé parmi les autres vendeurs à la sauvette, nombreux dans l’arrière-cour du marché communal, il affirme que ce « commerce marche très bien ici ». Il a la chance, précise-t-il, d’être « logé dans un hôtel », à la place des Martyrs, au centre d’Alger. En réalité un dortoir pour hommes où il partage une chambre avec deux autres Subsahariens qui, comme lui, ont trouvé « un bon plan » en Algérie.
    (...).D’autres « n’ont pas eu cette chance ». Il raconte notamment le sort tragique de Fatou. Venue de la région d’Agadez au Niger, elle a vécu à Alger et a servi comme domestique dans les maisons. Elle gagnait correctement sa vie jusqu’au jour où, sortie faire les courses, elle est prise dans une rafle. Transférée à Assamaka, ville nigérienne proche d’In Guezzam, dans l’extrême sud algérien, elle décide de revenir. Elle remonte jusqu’à El Oued dans le sud-est algérien avant de changer de destination et de partir en Tunisie. Avec l’espoir d’une traversée plus rapide et moins coûteuse vers l’Italie et l’assurance d’avoir des « papiers ». Elle a disparu en mer dans le naufrage du bateau qui l’emmenait vers le rêve italien. En Algérie, Fatou n’avait pratiquement aucune chance d’avoir des « papiers ». Le droit d’asile n’existe pas et le code du travail pour étrangers est très restrictif. Beaucoup de migrants veulent continuer à vivre en Algérie pour aider leurs familles restées au Niger. Certains caressent l’espoir que l’Algérie adoptera, enfin, une législation plus clémente, en légalisant la présence de ces personnes, souvent utiles à son économie.Hamid Nasri (Alger, correspondance)

    #Covid-19#migrant#migration#algerie#mali#niger#subsaharien#migrationirreguliere#routemigratoire#UE#sante

  • En Tunisie, des migrants camerounais interceptés en mer et abandonnés à la frontière algérienne
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/21/en-tunisie-des-migrants-camerounais-interceptes-en-mer-et-abandonnes-a-la-fr

    En Tunisie, des migrants camerounais interceptés en mer et abandonnés à la frontière algérienne
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance)#
    Une longue coque blanche de 35 mètres surmontée d’une cabine à deux étages : François, un Camerounais de 38 ans qui préfère ne pas donner son nom complet, reconnaît immédiatement l’un des douze patrouilleurs de la garde nationale tunisienne, offerts par l’Italie en 2014, et dont la maintenance est toujours assurée par Rome. Le don, d’une valeur de 16,5 millions d’euros, a permis aux autorités tunisiennes de renforcer le contrôle de leur frontière maritime avec l’Union européenne (UE).
    Rencontré dans un appartement de Tunis par Le Monde, qui a enquêté avec le média à but non lucratif Lighthouse Reports et sept médias internationaux sur les violations des droits humains subies par des migrants dans les pays du Maghreb, parfois avec des moyens alloués par des pays de l’UE, François raconte.
    Les yeux rivés sur l’écran d’un téléphone qui affiche une image du bateau, il se souvient s’être retrouvé à bord, avec sa compagne, Awa, et l’enfant de cette dernière, Adam, un matin de septembre 2023, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’île italienne de Lampedusa à bord d’un petit rafiot. Des semi-rigides rapides interceptaient des embarcations de migrants avant de les transborder sur le patrouilleur. Celui-ci finissait par revenir au port de Sfax, « pour déposer » les migrants. Débarquée, la petite famille a été abandonnée la nuit suivante par la même garde nationale dans une zone montagneuse et désertique, à la frontière algérienne, avec près de 300 personnes, réparties en petits groupes, toutes ressortissantes d’Afrique. « Lorsqu’ils nous ont déposés, [les agents] nous ont dit : “Là-bas, c’est l’Algérie, suivez la lumière. Si on vous voit à nouveau ici, on vous tirera dessus.” » Le groupe d’une vingtaine de personnes, parmi lesquelles des hommes, des femmes dont deux sont enceintes et un enfant, s’exécute, mais se heurte immédiatement à des « tirs de sommation du côté algérien ». Ils font alors demi-tour.
    Pendant neuf jours, ils sont contraints de marcher à travers les montagnes, de dormir à même le sol, avant de regagner la ville de Tajerouine, dans l’ouest du pays, raconte François, données GPS et photos à l’appui. « Après une semaine sans sommeil, sans manger, vous commencez à perdre l’équilibre, vous êtes proche de la mort », dit-il froidement, évoquant les douleurs « aux articulations, aux pieds, au dos, aux hanches, aux chevilles » et des « hallucinations » à cause de la déshydratation.
    La première fois que Le Monde l’a rencontré, début octobre 2023, dans la localité côtière d’El Amra, François revenait de cet enfer. Depuis, l’homme a encore été expulsé à deux reprises. En novembre, il est arrêté avec d’autres migrants à El Amra. Frappés à coup de « gourdin, de chaîne, de matraque » et dépouillés de tous leurs biens par des agents de la garde nationale, ils sont finalement expulsés au milieu des « dunes de sable », dans le désert du gouvernorat de Tozeur, raconte le Camerounais.
    Revenu dans la région de Sfax quelques jours après, François tente une troisième fois, fin décembre, la traversée vers l’Europe. Mais le même scénario se répète : son bateau est arraisonné par la garde nationale. « Je savais exactement ce qui allait se passer. Le même film recommence : nous sommes ramenés à Sfax, menacés, dépouillés, mis dans des bus. » François et Adam – Awa n’ayant pas réussi à embarquer sur le rafiot – sont à nouveau expulsés, avec des centaines de personnes, réparties en petits groupes, selon ses dires.
    Ils se retrouvent ainsi près de la ville frontalière de Haïdra avec une quinzaine de personnes. Parmi elles, une femme « appelle un de ses contacts » : un homme qui vient les chercher en camionnette pour les ramener jusqu’à Sfax. Mais, à leur arrivée, ils sont déposés dans une maison et faits prisonniers. « Nous nous sommes retrouvés entre les mains d’hommes armés de machettes et de gourdins. Ils nous ont fait comprendre que nous devions payer [pour être libérés]. »
    Profitant de la vulnérabilité des migrants, des groupes criminels composés de Tunisiens et de migrants subsahariens prolifèrent dans le pays, s’enrichissant grâce à l’extorsion : la famille de François a dû verser une rançon de 300 euros, envoyée par une application mobile, pour qu’ils soient libérés, avec l’enfant, au bout d’une semaine. Par la suite, François a de nouveau été enlevé par l’un de ces groupes alors qu’il se trouvait dans un appartement qu’il louait à Sfax. Il a alors subi la torture à « coups de câbles électriques ». Des photos de lui, nu, sont envoyées à sa famille au Cameroun pour la convaincre de payer de nouveau une rançon avant qu’il parvienne à s’échapper par une fenêtre laissée ouverte. Epuisé par tant de souffrances, François a reconsidéré son rêve d’Europe.
    Contacté, le ministère tunisien des affaires étrangères réfute les accusations d’« expulsion de migrants d’origine subsaharienne vers des zones désertiques », les qualifiant d’« allégations tendancieuses » qui « n’engagent que leurs auteurs ». Les autorités italiennes n’ont pas répondu à nos sollicitations.

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  • Maroc : des migrants subsahariens refoulés dans le sud du pays à Beni Mellal - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56056/maroc--des-migrants-subsahariens-refoules-dans-le-sud-du-pays-a-beni-m

    Maroc : des migrants subsahariens refoulés dans le sud du pays à Beni Mellal
    Par RFI Publié le : 27/03/2024
    Les candidats à l’immigration vers l’Europe sont nombreux dans le territoire chérifien. Depuis le Maroc, ils tentent de rejoindre l’Espagne ou les Canaries. Mais ces routes migratoires sont extrêmement surveillées, et les migrants régulièrement refoulés vers le centre ou le sud du pays. Beaucoup se retrouvent à Béni Mellal, une ville étudiante et agricole au cœur de l’Atlas.
    Il suffit de se balader dans les principales artères de la ville pour repérer Pierre-Olivier. Ce Camerounais d’une quarantaine d’années, se trouve au feu rouge d’un carrefour avec plusieurs camarades. Comme beaucoup de Subsahariens ici, il doit mendier pour survivre.
    Sa grande silhouette est soutenue par des béquilles, blessure qu’il doit à une tentative de franchissement de la frontière vers l’Espagne à Melilla, une des deux seules enclaves européennes sur le continent africain. Il a tout tenté pour rejoindre l’Europe, y compris la traversée vers les Canaries au départ du Sahara occidental.
    « De Laâyoune, j’ai essayé d’aller vers les îles Canaries. Malheureusement, il y a eu un naufrage et il y a eu une expulsion où on arrêtait tous les immigrés pour les faire partir de Laâyoune. Et quand on les arrête, on les rejette de ce côté de Béni Mellal et dans diverses villes », témoigne Pierre-Olivier. Adamu n’a pas eu le temps de franchir la frontière avec l’Europe. À son arrivée au Maroc, il affirme que ses documents d’identité lui ont été confisqués par la police aux frontières. Il vient du Cameroun anglophone et souhaitait demander le statut de réfugié."J’ai essayé d’aller à Rabat pour récupérer mes documents, mais sur le chemin, j’ai été envoyé dans cette petite ville. Nous sommes des bannis, des illégaux qui ne pouvons pas aller dans les grandes villes. Je voudrais récupérer mes papiers et m’enregistrer comme réfugié, mais le bureau est à Rabat. J’ai essayé d’y aller deux fois, mais je n’y arrive pas, il y a trop de contrôles et ils me renvoient ici à chaque fois", déplore-t-il.
    Découragés par cette situation, les candidats à l’exil choisissent parfois de s’installer pour quelque temps sur place. Mais trouver du travail, explique Bayo Paul Dako, médiateur culturel de l’ONG italienne Progettomondo, n’est pas toujours chose aisée. « Des personnes qui ont plus ou moins une proximité culturelle avec la population marocaine, comme les Soudanais par exemple, ça peut être facile, mais pour d’autres personnes, ça peut être un peu plus compliqué. En général, les personnes travaillent sur les chantiers en tant que main-d’œuvre, ou bien dans les champs d’olives ou d’agrumes ». D’autres, comme Moussa, ont choisi une autre voie. Le jeune homme de 25 ans fabrique lui-même des bijoux qu’il vend tous les jours au marché. Après quatre ans de tentatives de traversée, il dort aujourd’hui dans son propre appartement et rêve désormais d’un avenir au Maroc. « Pour aller en Europe, c’est très difficile et je peux me retrouver à perdre 10 ans de ma vie comme ça. Du coup, qu’est-ce qu’il faut faire ? Est-ce que ce n’est pas mieux de chercher à l’intérieur de la société marocaine et voir, avec le temps, si j’ai une carte de séjour, je peux peut-être commencer à faire du commerce international », espère Moussa.
    Depuis le renforcement des contrôles aux frontières européennes en 2022, de plus en plus de candidats à l’exil envisagent, comme Moussa, de s’installer au Maroc ou de rentrer chez eux.

    #Covid-19#migration#migration#maroc#routemigratoire#subsaharien#espagne#canaries#melila#benimellal#sante

  • Méditerranée : cinq corps de migrants retrouvés au large de la Tunisie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56034/mediterranee--cinq-corps-de-migrants-retrouves-au-large-de-la-tunisie

    Méditerranée : cinq corps de migrants retrouvés au large de la Tunisie
    Par La rédaction Publié le : 26/03/2024
    Cinq cadavres d’exilés ont été repêchés par les autorités tunisiennes, le 25 mars. Le drame fait suite à deux naufrages survenus au large de Lampedusa, dans lesquels une fillette de 15 mois et un adolescent guinéen de 15 ans notamment ont péri.
    Drames en séries en mer Méditerranée. Lundi 25 mars, cinq corps de migrants ont été retrouvés par les garde-côtes tunisiens. Aucune information sur l’identité des exilés n’a en revanche été communiquée.
    Les autorités tunisiennes ont dans le même temps intercepté en mer 663 personnes « d’origine subsaharienne ». Douze personnes soupçonnées d’être trafiquants et médiateurs de départs illégaux vers l’Europe ont par ailleurs été arrêtées. Lors de ces opérations, deux bateaux, quinze moteurs et du carburant destiné aux traversées maritimes ont été confisqués.
    La découverte des cinq corps fait suite à deux naufrages survenus au large de Lampedusa. Trois exilés - un Syrien, un Bangladais et un Ethiopien - sont portés disparus depuis la nuit du dimanche 24 au lundi 25 mars. D’après Rai News, ils sont tombés à l’eau pendant le transfert des passagers de leur embarcation à un cargo pétrolier. L’équipage a pu accueillir 139 exilés, dont une femme, jusqu’à Lampedusa.
    Quelques heures plus tôt, un autre naufrage a provoqué la mort d’une fillette de 15 mois et d’un garçon guinéen de 15 ans. D’après la presse italienne, à l’arrivée des garde-côtes près du bateau en fer de sept mètres, la majorité des passagers se sont déplacés du côté des secours faisant tanguer le bateau, qui a fini par se renverser.
    Cinquante personnes ont pu être secourues. C’est à l’arrivée au port de Favarolo, à Lampedusa, que le frère de l’adolescent disparu a signalé son absence. La petite fille de 15 mois manquait aussi à l’appel. Des recherches ont alors été lancées sur le lieu du naufrage, sans succès.
    Les passagers étaient partis vendredi soir de Sfax, dans le centre de la Tunisie. Le même jour, les autorités tunisiennes ont intercepté 614 autres migrants au large de leurs côtes. Tous sont subsahariens, et deux sont tunisiens. Deux corps ont par ailleurs été repêchés, d’après un communiqué de TAP News, l’agence de presse tunisienne.
    Le 15 mars déjà, 34 migrants ont disparus et deux ont été retrouvés morts au large de Zarzis, dans le sud de la Tunisie. Au total, 70 personnes avaient pris place dans l’embarcation, partie d’un « pays voisin », terme généralement utilisé par les autorités tunisiennes pour qualifier la Libye. Selon le dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), depuis le début de l’année, 115 personnes au total sont mortes sur la route de la Méditerranée centrale et 253 sont portées disparues.
    L’an dernier, pas moins de 1 313 personnes parties des côtes tunisiennes ont disparu ou sont mortes en mer Méditerranée, selon les chiffres du Forum tunisien des droits économiques et sociaux. Un nombre jamais atteint jusqu’ici. Et au moins deux tiers d’entre eux étaient originaires d’Afrique subsaharienne. Ce funeste bilan « équivaut à peu près à la moitié des morts ou disparus en Méditerranée » de 2023, a précisé Islem Ghaarbi de l’ONG tunisienne.
    Auparavant cantonnées en Libye, les départs d’embarcations sont désormais très nombreux en Tunisie. Les exilés embarquent dans de frêles bateaux en fer complètement inadaptés aux traversées en mer, poussés par des conditions de vie très difficiles dans le pays. Le racisme anti-Noirs, attisé par des propos du président Kaïs Saïed, est légion dans la région de Sfax notamment. Forcés de quitter la ville, des centaines de migrants survivent depuis plusieurs mois dans des camps délabrés, le long d’une route, sous des oliviers.
    Plusieurs associations et ONG de défense des droits humains ont dénoncé lundi 18 mars dans un communiqué une « normalisation des violations des droits humains des personnes migrantes en Tunisie ». D’après elles, « alors que la coopération en matière de migration avec l’UE ne cesse de se renforcer, les autorités tunisiennes continuent de violer de manière flagrante leurs obligations en matière de respect des droits humains ».

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