• Malade des pesticides, Albert Chotard s’en est allé en plein débat sur la loi Duplomb
    https://france3-regions.franceinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/rennes/malade-des-pesticides-albert-chotard-s-en-est-alle-en-ple
    https://france3-regions.franceinfo.fr/image/hD6rRrfmZO55GiqiXHwF1vJaPnE/930x620/regions/2025/06/02/albert-683d730232e21914829356.jpg

    Il avait 78 ans. Albert Chotard est décédé ce 31 mai 2025, épuisé par un double combat. Depuis près de 30 ans, il luttait contre la maladie de #Parkinson et contre la cause de sa maladie, les #pesticides. Alors que la #Loi_Duplomb doit être étudiée en commission mixte paritaire, sa mort soulève tristesse et colère.

    "lI n’y avait pas de prévention, s’étonnent aujourd’hui ses enfants , Virginie, Frédérique et Cédric. Les mélanges de produits se faisaient dans un seau dans la cour. Et après, les bidons, parfois mal rincés, on jouait avec, on s’en servait pour tenir les bâches. On ne se rendait pas compte du danger !’
    Et puis un jour de1997, alors qu’il monte à cheval, Albert Chotard s’aperçoit qu’il ne peut soudain plus glisser son pied dans l’étrier. Son médecin et un neurologue posent le diagnostic : maladie de Parkinson. Il a 39 ans.

    https://www.facebook.com/victimepesticide.ouest
    https://victimepesticide-ouest.ecosolidaire.fr

    « Nous sommes scandalisés, révoltés, s’émeut Michel Besnard. Chez tous les malades du collectif, il y a beaucoup de colère face au déni de nos élites politiques ! Ils sont soumis à des lobbys, il n’y a que le pognon qui compte ! Cette loi, poursuit-il, est un scandale, une régression. Le gouvernement est dans les mains de la FNSEA qui dicte ses mesures. »

    https://seenthis.net/messages/902331
    #agriculture #suicide

  • Le projet de loi « Fin de vie », qu’en disent les personnes handicapées antivalidistes ?
    https://www.lalutineduweb.fr/projet-loi-fin-vie-personnes-handicapees-antivalidistes

    J’ai décidé de compiler ici des ressources qui doivent être lues, regardées, écoutées afin de vraiment comprendre de quoi il est question ainsi que les implications concrètes de ce projet de loi pour des vies que beaucoup semblent préférer oublier. Source : La Lutine du Web

    • De nombreux patients en psychiatrie seront concernés en raison de la nature « incurable » de leur trouble selon les psychiatres. L’amendement excluant les patients en déficience intellectuelle a été rejeté. L’amendement exigeant de vérifier que le patient fait sa demande de façon libre et éclairée a aussi été rejeté. Le médecin peut être seul juge de cela. L’article 4 dans son intégralité laisse beaucoup de place à la subjectivité.

      De nombreux amendements visant à vérifier l’état mental, le discernement, le consentement mais aussi l’absence de coercition financière ou matérielle du patient ont été rejetés. Cependant le texte actuel ne prévoit rien de suffisant sur ces sujets. Il y a une superposition totale entre les personnes pouvant décider de l’institutionnalisation, et de celles pouvant être consultées par le médecin évaluant la demande d’aide à mourir. Rien ne permet au patient d’avoir accès à une vie en dehors des institutions, ou à des aides à domicile plutôt qu’en hôpital, avant de se voir administrer la substance létale.

      Les contrôles et évaluations de l’aide à mourir se feront a posteriori, donc après les décès. La commission qui en est chargée ne représente pas les patients et les personnes institutionnalisées de façon équitable.

      (...) L’aide à mourir pourra prendre place directement dans les établissements hébergeant des personnes dépendantes, handicapées, âgées, mais aussi des établissements en lien avec le milieu carcéral.

      [...]

      Article 9 paragraphe 4. On est sur un gros morceau, amendement demandé par les lobbyistes de @ADMDFRANCE , qui accusent les anti-validistes d’être des vilains lobbyistes, c’est cocasse… Encore une fois leur demande est acceptée : l’aide à mourir est réputée « mort naturelle ».

      Nous nageons en pleine dystopie, les mots signifient l’inverse de qu’ils signifiaient à la demande de l’État. Non seulement ce projet de loi nous fait quitter le cadre de l’euthanasie pour entrer dans celui du suicide assisté, mais en plus, il faut créer une novlangue assortie : le mot suicide est évincé, et l’administration volontaire d’une substance létale devient une mort naturelle.

      #fin_de_vie #suicide_assisté#euthanasie #maladie #handicap #psychiatrisés

    • Aide à mourir : un projet de loi dangereux dont les dérives sont déjà prévisibles. SNJMG
      https://drive.google.com/file/d/1X6palIkDbrTJtBU3CyyvoESSEvrOaNOC/view?pli=1

      Le débat sur une telle loi aurait pu être imaginé à un autre moment de l’histoire, et dans un contexte où l’assurance de moyens de subsistance et de soins décents serait acquise à long terme pour tous-tes. Malheureusement, il ne l’est pas en France en 2025, alors qu’on observe, et ce de façon encore plus criante depuis 5 ans, un refus inquiétant du progrès en santé, la normalisation des prises de positions eugénistes, validistes et âgistes, l’acceptation de pertes d’un nombre indécent de vies humaines, l’exclusion de l’espace public et la mise en danger de personnes vulnérables et que parallèlement on assiste à la constante régression de nos droits sociaux et à l’effondrement du système de santé public ainsi que des services publics de façon générale. Les discours sur les vies “dignes d’être vécues” se multiplient. Dans ce cadre, légiférer maintenant est en soi déjà inquiétant.

      Car le sujet ne peut être extrait de son contexte, et si l’attitude individualisante consistant à vouloir soi-même le droit de choisir de mourir si les souffrances sont insupportables est tout à fait compréhensible, le contexte social, la pression latente qui s’exerce sur les individus sont des éléments essentiels. Une recherche médicale correctement financée, des conditions de soins et de vie décentes pour tous-tes les malades doivent être un préalable.

  • Theo Boer, professeur d’éthique néerlandais : « J’ai cru qu’un cadre rigoureux pouvait prévenir les dérives de l’euthanasie : je n’en suis plus si sûr »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/04/07/theo-boer-professeur-d-ethique-neerlandais-j-ai-cru-qu-un-cadre-rigoureux-po


    Tribunal à La Haye où se tenait le procès d’une médecin accusée d’avoir donné la mort à une patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer, sans s’être suffisamment assurée de son consentement. A La Haye, aux Pays-Bas, le 26 août 2019. ALEKS FURTULA / AP

    Depuis plus de vingt ans, les Pays-Bas expérimentent l’#euthanasie dans un cadre présenté comme strict, balisé, #éthique. Pourtant, les chiffres publiés dans le dernier rapport du comité d’examen, daté du 24 mars, racontent une autre histoire. Celle d’un élargissement constant, d’une banalisation progressive et d’un basculement culturel silencieux.

    En 2024, le nombre d’euthanasies a connu une nouvelle hausse de 10 %. On aurait pu penser que le phénomène atteindrait un plateau, surtout après une croissance modeste de 4 % en 2023. Il n’en est rien. La dynamique repart de plus belle, et le président du comité, Jeroen Recourt, prévoit que la courbe poursuivra sa montée dans les années à venir. Ce n’est plus une fluctuation : c’est une tendance structurelle.

    On objectera peut-être que cette augmentation suit le vieillissement de la population. Mais, même en proportion des décès globaux, le phénomène continue de s’amplifier : de 5,4 % des morts en 2023 à 5,8 % en 2024. En 2017, dans certaines régions, ce pourcentage atteignait déjà 15 %, et on s’attend à ce qu’il ait augmenté depuis lors. L’euthanasie n’est plus exceptionnelle : elle devient, dans bien des cas, une #fin_de_vie parmi d’autres.

    Pression accrue

    Mais, au-delà des statistiques brutes, d’autres évolutions suscitent une profonde inquiétude. L’émergence de l’« #euthanasie_à_deux », qui permet à des couples ou à des fratries de mourir ensemble, en est une. En un an, le nombre de ces morts planifiées en tandem a bondi de 64 %, pour atteindre 108 décès en 2024. Surtout, les euthanasies pour troubles psychiatriques ont progressé de 59 % , touchant des personnes parfois très jeunes. Des patients physiquement en bonne santé, mais plongés dans des souffrances mentales que la médecine peine à soulager, demandent désormais à mourir – et obtiennent gain de cause.

    Le nombre de cas liés à la démence augmente également rapidement. Ici, une demande d’euthanasie est souvent fondée sur la crainte d’une dépendance, d’une perte de dignité ou sur un testament de vie signé bien avant les premiers symptômes. Nous entrons là dans un champ où la volonté actuelle du patient est parfois floue, et l’acte médical repose sur des interprétations.

    Dans mes échanges avec de nombreux médecins néerlandais, une constante revient : la pression s’accroît. Ce n’est plus seulement une demande individuelle, mais une attente sociale. Du fait d’une « normalité » croissante, le personnel soignant se demande : « Jusqu’où irons-nous ? A quel moment cela cessera-t-il d’être un acte de compassion pour devenir une réponse automatique aux patients qui refusent d’accepter un refus ? » Pour de bonnes raisons, le gouvernement a maintenant lancé une enquête sur les raisons de cette augmentation.

    Et pourtant, face à ces doutes, le mouvement législatif continue. Le Parlement néerlandais étudie prochainement une proposition de loi visant à accorder le suicide assisté à toute personne de plus de 74 ans, même en l’absence de pathologie grave. Le seul critère serait l’âge . Un basculement symbolique majeur : on ne meurt plus parce qu’on souffre, mais parce qu’on estime avoir assez vécu. C’est une vision radicalement nouvelle de la #vieillesse, et de la valeur que nous accordons à notre société.

    En tant qu’ancien membre d’un comité d’examen de l’euthanasie, j’ai cru, à l’époque, qu’un cadre rigoureux pouvait prévenir les dérives : je n’en suis plus si sûr. Ce que je constate, c’est que chaque ouverture du champ de l’euthanasie crée de nouvelles attentes, de nouvelles demandes, une nouvelle #normalité. La logique interne du système pousse toujours à élargir. Une souffrance jugée « insupportable » aujourd’hui l’est parfois moins que celle d’hier, mais l’issue reste la même.

    Un pari risqué

    Dans l’Hexagone, certains assurent que « la France n’est pas la Hollande », et que ces évolutions ne s’y produiront pas. C’est un pari risqué. Car, dans tous les pays où l’euthanasie ou le #suicide_assisté ont été légalisés, on observe une croissance continue du nombre de cas. Ce n’est pas une exception néerlandaise. C’est une dynamique à l’œuvre partout où la mort médicalement provoquée devient une option.

    Je ne suis pas un adversaire acharné de l’euthanasie. Dans certains cas extrêmes, elle peut être un recours ultime. Mais je suis convaincu que sa légalisation n’apaise pas la société : elle l’inquiète, la transforme, la fragilise. Elle modifie notre rapport à la vulnérabilité, à la vieillesse, à la dépendance. Elle introduit l’idée que certaines vies, dans certaines conditions, ne valent plus la peine d’être vécues – ni même d’être soignées.

    Je m’adresse ici aux Français, non pour donner des leçons, mais pour partager l’expérience de mon pays. Regardez ce qui se passe chez nous. Ecoutez les voix, même discrètes, de ceux qui doutent. Avant d’ouvrir cette porte, posez-vous une question simple mais fondamentale : sommes-nous prêts à ce que tuer devienne une #option_médicale parmi d’autres, même en présence de soins palliatifs de pointe, et même en l’absence de maladie ? Sommes-nous prêts à faire peser sur les #soignants le poids d’un tel choix ?

    Apprenez de notre expérience. Il est encore temps.

    Theo Boer est professeur d’éthique de la santé à l’université théologique protestante de Groningue (Pays-Bas) et ancien membre d’un comité de contrôle de l’euthanasie du gouvernement néerlandais.

    La question est vite répondue à dire que la liberté individuelle se fout de la théologie. C’est louper les enjeux du soin, de ce que serait une solidarité consistante, louper l’emprise de normes sociales évolutives, comme le souligne l’article, d’un ensemble de dimensions qui viennent compliquer le fier présupposé du libre-arbitre.

    #vulnérables #malades #vieux #psychiatrie

  • Stéphane Lavignotte, pasteur : « La bioéthique à la française mélangerait-elle le refus de la réalité et le paternalisme ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/15/stephane-lavignotte-pasteur-la-bioethique-a-la-francaise-melangerait-elle-le

    Le 8 avril 2021, la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale vote une proposition de loi sur le « droit à une fin de vie libre et choisie ». Moins de trois mois après, la nouvelle loi bioéthique ouvre le droit à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes et permet aux enfants nés sous X de connaître leurs origines. On s’était alors laissé à espérer : l’époque du paternalisme en matière de bioéthique était-elle enfin derrière nous ?

    « Paternalisme de la bioéthique à la française » :
    l’expression a été forgée il y a dix ans par les chercheurs Eric Fassin, Daniel Borrillo et Dominique Mehl, qui ont étudié les débats des lois de révision bioéthique de 1994 et 2004 – qui n’avaient finalement pas révisé grand-chose. Tous trois constataient, dans leurs différents travaux, que, dans les grands débats français de cette période, à la différence des pays voisins, des points de vue s’échangeaient pendant des mois avec passion, pour qu’à la fin l’immobilisme l’emporte.

    Grands principes contre vécu

    On le voit de nouveau en ce moment avec la loi sur la fin de vie, mise sur pause, et la légalisation des drogues, même pas envisagée. La bioéthique à la française serait-elle un mélange de refus de la réalité – les grands principes surplombant les pratiques – et de paternalisme – un Etat protégeant la société et les individus de leurs propres pratiques ?

    Il faut revenir aux débats sur la pilule contraceptive et l’avortement au milieu des années 1960 pour comprendre cette bizarrerie française. Il est alors moins question de l’opposition entre grands principes – provie contre prochoix – que de la confrontation entre les grands principes d’un côté et le vécu des personnes concernées de l’autre.
    L’Eglise catholique représente le premier point de vue, ce que l’on appelle l’« éthique principielle » : tu ne tueras point, point final. Parmi les voix – trop masculines – qui portent le second point de vue, que nous nommons « éthique embarquée », se trouve notamment un intellectuel oublié : le pasteur protestant André Dumas (1918-1996).

    Compagnon de route du Planning familial – fondé en partie par des protestantes –, créateur de la non moins oubliée Association nationale pour l’étude de l’avortement, engagé lui-même dans des filières d’avortement clandestin, André Dumas porte, de France-Soir à RTL, les réalités décrites par ces femmes à qui la parole n’est donnée que parcimonieusement.

    « Conflits moraux »

    L’« éthique embarquée » part du vécu, des questions éthiques telles qu’elles se posent aux personnes concernées, ce que Dumas appelle les « conflits moraux ». Par exemple : faut-il interrompre une vie potentielle au risque de soi-même mourir, ou la laisser venir au risque de l’élever dans la difficulté ? La question d’autoriser la pilule ne se pose alors pas tant pour accéder à la liberté sexuelle que pour combattre les grossesses à répétition, pouvant entraîner des drames, comme l’a montré la condamnation des époux Bac, en 1955, à sept ans de réclusion pour avoir laissé mourir leur cinquième enfant, une fille de 8 mois.

    La dépénalisation de l’avortement intervient quant à elle pour combattre les milliers de décès annuels de femmes causés par la clandestinité. Et, aujourd’hui, sur la fin de vie, le conflit moral se joue entre liberté et vulnérabilité.
    Dans le sillage de la loi Veil, cette éthique embarquée prend le dessus : les évolutions sont lentes, mais réelles tout au long des années 1970. Mais tout se grippe au début des années 1980. Dans les grands colloques qui accompagnent la création du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), toutes les disciplines scientifiques sont représentées – même la théologie –, mais la parole des personnes concernées est absente.

    Pour répondre en particulier au CCNE qui s’inquiète que ses avis ne soient pas contraignants, Jacques Chirac (1932-2019) demande en 1988, au Conseil d’Etat, un rapport pour traduire en grands principes, considérés comme intangibles, la « morale commune » et en déduire des consignes méticuleuses. La loi sur la bioéthique de 1994 – interdisant par exemple de faire des tests génétiques de paternité en dehors d’une procédure judiciaire –, à peine révisée en 2011, naît de cette éthique légaliste où se rejoignent rigidité républicaine et dogmatisme du Vatican et installe la glaciation de la « bioéthique à la française ».

    Préoccupations normatives

    Pour reprendre la formule de la sociologue et ancienne membre du CCNE Simone Bateman-Novaes, le souci éthique (s’interroger sur la justesse de notre manière habituelle d’agir et donc des prescriptions normatives qui régissent celle-ci) est écrasé par les préoccupations normatives : fixer pour une société des règles morales et juridiques. Et tant pis si cette éthique qui tombe d’en haut fait violence aux personnes confrontées au concret des problèmes : couples de femmes épuisées par les PMA à l’étranger, malades en fin de vie qui meurent mal, enfants nés sous X perdus dans leur histoire, habitantes des quartiers populaires gangrenés par une prohibition des drogues hors de contrôle…

    Les choses changent de nouveau lors de la préparation de la loi bioéthique de 2021. Précédemment, le CCNE faisait comme si les études scientifiques sur le devenir psychologique des enfants dans les couples lesbiens n’existaient pas. En 2021, il a reçu, pour préparer la loi de bioéthique, les associations de personnes concernées, débattu avec les comités d’éthique des grands instituts de recherche, s’est confronté avec le public lors des Etats généraux de la bioéthique. Son avis 129 sur la révision de la loi de bioéthique s’ouvre par ces mots : « L’éthique ne peut se penser hors sol. Elle ne peut pas non plus être déléguée à quelques experts seulement, car elle concerne aussi chacun d’entre nous. » On dirait du Dumas.

    Fin d’une certaine bioéthique à la française, naissance d’une autre ? On y a cru, jusqu’au blocage des débats sur la fin de vie. Les politiques – n’ayant cure de l’opinion écrasante des Français dans les sondages, ou lors de la convention citoyenne sur la fin de vie – échouent à faire évoluer les législations.
    Il y a encore du chemin à faire pour que l’injonction d’André Dumas devant l’Académie de médecine, en 1979, soit entendue : « Nous ne saurions boucher nos oreilles, tant il est vrai que la morale ne consiste pas dans l’observance légaliste de principes inconditionnels, mais dans la responsabilité délicate et aimante dont nous faisons preuve dans notre affrontement avec des situations personnelles. A certains égards, il y a morale justement quand il y a trouble, sensibilité et responsabilité. »

    Stéphane Lavignotte est pasteur, théologien et secrétaire général de l’Association des étudiants protestants de Paris. Professeur d’éthique à la faculté de théologie protestante de Bruxelles, il est l’auteur de « André Dumas. Habiter la vie » (Labor et Fides, 2020) et de « L’Ecologie, champ de bataille théologique » (Textuel, 2022).

    #éthique #bioéthique #fin_de_vie #euthanasie #suicide_assisté

  • Self-immolations of Tibetans, an interview with Thierry Dodin
    https://info-buddhism.com/Self-Immolation-Buddhism_Dodin.html

    Thích Quảng Đức in the full photo of his self-immolation, during which he remained perfectly still. It was a Pulitzer Prize-winning photograph by Malcolm Browne .

    In principle even killing another sentient being can be a positive karmic action or an act of love or compassion, if it happens with the right motivation and the right possible knowledge of the situation, as well as under the right conditions. Nothing is unthinkable in Buddhism—that’s the beauty of it.

    #bouddhisme #meurtre #suicide #martyres
    #religion

  • … les parents de la fillette ont dénoncé aussi bien l’inertie de l’éducation nationale – contre laquelle il n’y aura aucune poursuite pénale à la suite d’une indemnisation – que le manque d’investigations des autorités, une première plainte ayant été classée alors qu’Evaëlle était encore vivante. « On a alerté tous ceux qu’on pouvait en tant que parents d’élèves », a souligné la mère.

    #déshumanisation #harcèlement #enfance #suicide #souffrance_a_l'école #déni_politique #laches #assassins #sadisme_éducatif #violences #france_2025
    #systémisme

    Je l’écris avec d’autant plus de tristesse et de rage que toujours rien ne bouge. Car je me suis moi même heurtée au mur de déni de l’institution lorsque, parent, j’ai dénoncé les humiliations et violences physiques sur des petits dont j’avais été témoin. C’était une prof de maternelle en fin de carrière, qui laissée seule avec 25 gamins avait sombré méchante et acariâtre, sa spirale de violence happait les unes et les autres autant durant les siestes que les sorties, frappant, insultant, et toute l’institution l’a alors protégé.

    Envie d’un contrepoint de tags salvateurs

    #courage #empathie #réhumaniser #douceur #apprendre_les_autres #s'entraider #politique_du_vivre_ensemble #reconnaitre_ses_émotions #consolation

  • À propos d’une modeste proposition sur la fin de vie - Mon blog sur l’écologie politique
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/A-propos-d-une-modeste-proposition-sur-la-fin-de-vie

    C’est un deux poids, deux mesures étonnant, dont il est permis de conclure que les attentes du pouvoir dans les deux cas étaient bien différentes. Dans le cas de la préservation des conditions de vie sur une Terre menacée par le chaos climatique, la commande très exigeante (le consensus de cent cinquante personnes issues de milieux très différents) et la mise à la poubelle subséquente témoignent d’un manque de volonté politique certain. L’aide à mourir a semblé quant à elle faire l’objet d’une plus grande complaisance de la part d’un président acharné depuis des années à détruire ce qui reste du système de santé après des décennies de néolibéralisme, d’asphyxie programmée et de formations médicales dispensées au compte-goutte, et qui ce faisant précarise les vies les plus vulnérables. Certes le texte de la convention dit bien la nécessité d’offrir des soins adaptés, y compris palliatifs, à toutes et tous, et des conditions décentes aux personnes malades ou handicapées, pour ne pas faire de la décision de mourir le renoncement à vivre une vie délibérément dégradée par la pauvreté ou le manque d’accès aux soins. Mais la convention n’y peut pas grand-chose si, dans la vraie vie, là où vivent et meurent de vrais gens, l’accès aux dits soins est déjà mal en point et devrait encore empirer sous le coup de nouvelles politiques d’austérité.

    […]

    Dans ce dossier, le philosophe Patrick Marcolini revenait sur les écrits du dernier Foucault, qui prônait sans complexe l’euthanasie en guise de limite à l’augmentation des coûts des soins de santé. Ces situations dans lesquelles on pèse le coût-bénéfice d’une vie et où on décide lesquelles sont surnuméraires et dispensables paraissaient alors une science-fiction riche de questionnements abstraits. Moins de dix ans plus tard, nous y sommes presque. Aussi j’ai souhaité republier ce texte, avec l’accord de son auteur que je remercie, pour ne pas oublier les extrémités auxquelles un libéralisme économique forcené peut nous réduire.

    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Euthanasie-et-neoliberalisme

    #euthanasie #fin_de_vie #mort #débat #Michel_Foucault #Patrick_Marcolini #Aude_Vidal

    • Foucault ne déclarait pas, en 1983, dans « Un système fini face à une demande infinie » (entretien avec R. Bono *), in Sécurité sociale : l’enjeu, Paris, Syros, 1983, pp. 39-63 [repris ultérieurement dans Dits et écrits Tome IV] ce qui lui est attribué mais :

      http://1libertaire.free.fr/MFoucault276.html

      On assiste, à cet égard aussi, à un phénomène important : jusqu’à ce qu’on appelle « la crise » et plus précisément jusqu’à ces butoirs auxquels on se heurte maintenant, j’ai l’impression que l’individu ne se posait guère la question de son rapport avec l’État dans la mesure où ce rapport, compte tenu du mode de fonctionnement des grandes institutions centralisatrices, était fait d’un input -les cotisations qu’il versait - et d’un output - les prestations qui lui étaient servies. Les effets de dépendance étaient surtout sensibles au niveau de l’entourage immédiat.

      Aujourd’hui intervient un problème de limites. Ce qui est en cause, ce n’est plus l’accès égal de tous à la sécurité, mais l’accès infini de chacun à un certain nombre de prestations possibles. On dit aux gens : « Vous ne pouvez pas consommer indéfiniment. » Et quand l’autorité proclame : « À cela vous n’avez plus droit » ; ou bien : « Pour telles opérations vous ne serez plus couverts » ; ou encore : « Vous paierez une part des frais d’hospitalisation » ; et à la limite : « Il ne servirait à rien de prolonger votre vie de trois mois ; on va vous laisser mourir... », alors l’individu s’interroge sur la nature de son rapport à l’État et commence d’éprouver sa dépendance vis-à-vis d’une institution dont il avait mal perçu jusque-là le pouvoir de décision.

      et, plus loin

      Sans compter tous les éléments de réponse à cette question [d’une éventuelle contribution de la Sécurité sociale à une éthique de la personne humaine] apportés dans le courant de cet entretien, je dirai qu’elle y contribue au moins en posant un certain nombre de problèmes, et notamment en posant la question de ce que vaut la vie et de la manière dont on peut affronter la mort.

      L’idée d’un rapprochement entre les individus et les centres de décision devrait impliquer, à titre de conséquence au moins, le droit enfin reconnu à chacun de se tuer quand il voudra dans des conditions décentes... Si je gagnais quelques milliards au Loto, je créerais un institut où les gens qui voudraient mourir viendraient passer un week-end, une semaine ou un mois dans le plaisir, dans la drogue peut-être, pour disparaître ensuite, comme par effacement...

      – [R.B.] Un droit au suicide ?

      – Oui.

      C’est avant cet entretien que l’année 1983 débute avec l’instauration par le gouvernent Beregovoy du "forfait hospitalier".

      Plutôt que de faire de M.F. un acteur de l’esprit des contre réformes, on gagnerait à interroger ce que devient cette dépendance à l’État, par intégration, par exclusion et par marginalisation (pour reprendre les trois catégories de M.F.) avec l’instauration probable de la "loi sur la fin de vie".

      #suicide #assitance_au_suicide #euthanasie #loi_sur_la_fin_de_vie #eugénisme #État

    • Je vais lire cet article mais dès l’ouverture, les propos de Marcolini sont rigoureusement intenables : [M.F.] « le théoricien des résistances, le défenseur des prisonniers, celui qui invoquait hier encore la lutte des classes et la dictature du prolétariat. » ? Wtf, M.F, lorsqu’il s’est référé au(x) marxisme(s) l’a fait de manière distante et critique, il n’a jamais « invoqué la lutte des classe et la dictature du prolétariat ».

      #nawak

  • Fin de vie : « Qui définit ce qui est digne ou indigne dans la mort ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/13/fin-de-vie-qui-definit-ce-qui-est-digne-ou-indigne-dans-la-mort_6545049_3232

    La courte trêve est terminée. L’examen du projet de loi sur la fin de vie, suspendu en juin 2024, sera bientôt repris. Son objectif ? Légaliser en France l’« aide active à mourir ». Une tournure pudique pour désigner le fait de provoquer, par une procédure médicalisée, la mort d’une personne malade qui le demande, par suicide assisté, en lui donnant les moyens nécessaires pour qu’elle puisse mettre fin à sa vie elle-même, ou par euthanasie, en faisant intervenir un tiers qui administrera le produit létal.

    Si le projet se présente comme un moyen de soulager les souffrances insupportables des malades dits « en fin de vie », dont la mort est imminente, ses implications vont en réalité bien au-delà. En effet, dans les pays où de telles pratiques ont été légalisées, les critères d’éligibilité se sont rapidement étendus aux malades et aux personnes handicapées dont le pronostic vital n’était pas engagé.
    Le Canada, en cinq ans, est ainsi passé d’une assistance au suicide limitée aux malades en fin de vie à une ouverture aux maladies et handicaps graves. En France, dès les débats de 2024, certains amendements ont tenté d’en élargir le champ d’application aux maladies graves et incurables « en phase avancée », indépendamment de tout pronostic vital. C’est pour cette raison que de nombreuses personnes malades et handicapées, dont je fais partie, expriment une inquiétude légitime face à ce texte, dont la critique ne se résume pas aux positions catholiques réactionnaires.

    Pas de demande massive des malades

    En France, le cadre légal existant, issu des lois Claeys-Leonetti (2005 et 2016), offre déjà une réponse raisonnable aux besoins des malades en fin de vie : refus de l’acharnement thérapeutique, sédation profonde jusqu’au décès, directives anticipées. Pourquoi vouloir aller plus loin alors que les véritables problèmes concernent l’accès insuffisant aux soins palliatifs et une méconnaissance des dispositifs existants ? C’est ce qu’a d’ailleurs rappelé une mission parlementaire de 2023, qui a également confirmé que les lois actuelles répondaient à la majorité des cas et que, bien accompagnés, les malades ne demandaient plus à mourir.

    Si les défenseurs très médiatisés du projet invoquent une demande massive des malades, celle-ci est notamment étayée par la convention citoyenne. A cette occasion, il a été demandé à des personnes majoritairement valides de se prononcer en se projetant de façon fictive dans des réalités (la maladie, la dépendance, le handicap, la souffrance physique et morale, la proximité de la mort) qu’elles ne vivent pas, mais craignent sans les connaître. La voix de celles et ceux qui font déjà l’expérience concrète de ces réalités, et dont la vie sera possiblement écourtée par la réforme, aurait pourtant dû être prépondérante, pour ne pas dire décisive.

    Quant à la notion de « mort digne », que les défenseurs de la loi ne cessent de mettre en avant, elle mérite aussi un examen critique. Qui définit ce qui est digne ou indigne dans la mort ? Existe-t-il des morts indignes au sens avilissantes, honteuses, déshonorantes ou méprisables ? Certainement pas, sauf à considérer que la souffrance et son expression même sont indignes, que la maladie, que le handicap et la dépendance elles-mêmes sont des indignités. Pour être dignes, donc exemplaires, les malades doivent-ils aspirer à cette mort discrète, silencieuse et aseptisée que leur promet le projet de loi ? Non, une mort n’est pas moins violente, moins dramatique, plus humaine et plus digne parce qu’elle est organisée médicalement. Sous-entendre le contraire relève davantage d’un fantasme que d’une réalité.

    « Garde-fous » illusoires

    Les arguments tirés du droit de choisir sa mort et de la liberté individuelle sont tout aussi contestables. Le suicide est déjà une liberté individuelle. S’il s’agit désormais de consacrer un droit d’accès au suicide, celui-ci doit être universel et bénéficier à tous sans conditions. Il ne peut y avoir de distinction entre les bien-portants, que l’on devrait protéger contre eux-mêmes par la prévention de leur suicide, et les personnes malades et handicapées, dont il faudrait soutenir le suicide par « voie express ». A moins d’admettre, sans vouloir l’assumer, que l’existence de ces dernières est un fardeau pour la collectivité et que leur mort est au fond moins grave, plus acceptable et souhaitable que celle des autres.

    Il n’y a, en outre, pas de liberté sans égalité. Dans un contexte de destruction des droits sociaux et du système de soins, où les conditions de vie des personnes malades et handicapées se dégradent, ce projet pourrait les conduire à choisir la mort faute d’avoir les moyens de continuer à vivre. Au Canada, la légalisation a d’ailleurs généré une demande croissante. Les décès attribuables à l’aide médicale à mourir sont ainsi passés de 2 % en 2019 à 4,1 % en 2022. Elle a également permis aux pouvoirs publics de faire des économies significatives en matière de santé.

    Les « garde-fous » prévus par la loi sont par ailleurs illusoires. Le financement des soins palliatifs, par exemple, est une promesse creuse en pleine politique d’austérité. Les échecs à l’étranger montrent que les garanties promises pour contenir les dérives ne tiennent pas. Le risque de voir mourir des personnes malades et handicapées acculées par l’exclusion, la précarité, la souffrance socio-économique, l’absence d’accès aux soins, y compris palliatifs, est trop grand pour ne pas s’opposer fermement à ce texte.

    Enfin, sur le sujet, les élus de gauche ont une responsabilité particulière. Ils ne peuvent soutenir ce projet sans trahir leurs valeurs. Dans la période lugubre que nous vivons, dans laquelle les idées fascisantes et eugénistes se déploient sans complexe, ils n’ont pas le droit de se rendre complices d’une nécropolitique qui légitime la hiérarchisation des vies et conforte les inégalités. La gauche ne peut pas avoir la mort pour seul horizon à offrir aux personnes malades et handicapées. Elle se doit de proposer avant tout des perspectives d’espoir et d’amélioration de leurs conditions de vie.

    Elisa Rojas est avocate et militante pour les droits des personnes handicapées. Elle tient le blog « Aux marches du Palais ».

    #suicide_assisté #euthanasie #vieux #malades #handicapées #loi_sur_la_fin_de_vie #fin_de_vie #aide_active_à_mourir

  • Education nationale : en Normandie, alerte après une série de suicides parmi les personnels
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/01/26/education-nationale-en-normandie-alerte-apres-une-serie-de-suicides-parmi-le

    La situation est devenue assez préoccupante pour que les représentants des personnels de l’éducation nationale en Normandie décident d’envoyer un « signal d’alarme fort ». Dans un communiqué diffusé jeudi 23 janvier, les élus de la Fédération syndicale unitaire (FSU) de l’académie alertent sur une série de #suicides parmi les personnels, qui placent la région dans une situation « inédite » : elle en a dénombré neuf – et trois tentatives – depuis juin 2024. Il s’agit majoritairement d’#enseignants, mais des accompagnants d’élèves en situation de handicap [#AESH] ou des personnels de vie scolaire comptent également parmi les victimes.

    Le rectorat, qui a répondu aux questions du Monde et réagi par voie de communiqué, samedi matin, fait état de six suicides « portés à la connaissance de l’académie » durant « l’année scolaire » commencée en septembre 2023, dont deux ont eu lieu durant les vacances d’été.

    Selon nos informations, neuf personnels se sont pourtant bien donné la mort depuis juin 2024, cinq entre juin et août. Les cinq départements de l’académie sont concernés. Tous ces drames, notamment ceux survenus durant les congés d’été, n’ont cependant pas fait l’objet, au niveau départemental, de la réunion d’une formation spécialisée en santé, sécurité et conditions de travail, comme cela peut être demandé, entre autres, pour les cas de suicides. Le rectorat affirme que six cas ont été examinés par cette instance ; la FSU n’en compte que cinq.

    [...]

    La FSU condamne plus largement le manque de transparence du rectorat sur ces drames et, selon elle, l’absence d’enquête dans la plupart des cas. « Nous ne présumons pas du lien qu’ont ces suicides avec le travail des agents, mais il existe justement des instances pour enquêter et lever les doutes qui, dans certains cas, sont réels : on ne cherche pas de coupable, simplement des mesures pour éviter que cela se reproduise », insiste Claire-Marie Feret. D’autant, souligne-t-elle, que « jamais les registres santé et sécurité au travail n’ont enregistré autant de signalements et d’appels à l’aide », témoignant d’un « état de leur mal-être » des personnels.

    • Après avoir donné du suicide une définition préalable, dont la prétention à la validité s’étend à toute société humaine (universalisme méthodologique), Durkheim fait l’effort de rendre son objet d’étude problématique. Il construit à cette fin l’énigme suivante : pourquoi si, comme on a coutume de le dire, le suicide est chose toute personnelle, les taux de suicide nationaux sont-ils à ce point prévisibles ? La réponse sera produite en trois temps. 1) Grâce à la méthode statistique des variations concomitantes, il s’agira, dans une première partie de l’ouvrage, d’éliminer une à une les explications du suicide qui, mobilisant des facteurs « extra-sociaux » (maladie mentale, alcoolisme, hérédité, température, imitation…), ne respectent pas le principe, édicté au chapitre 5 des Règles, selon lequel les faits sociaux (ici, le suicide) ne peuvent être expliqués que par d’autres faits sociaux . 2) Il s’agira, dans la seconde partie de l’ouvrage, en s’appuyant toujours sur des données statistiques, de déterminer les faits sociaux qui expliquent le suicide en tant que fait social et qui rendent prévisible les formes qu’il prend. Ces faits explicatifs et prédictifs sont d’une part, le degré atteint par la division du travail au sein de la société, dont dépend la prédominance des suicides dits « altruistes » ou celle, au contraire, de ceux dits « égoïstes » ; d’autre part, la gestion politico-juridique du progrès de la division du travail, dont dépend la prédominance des suicides dits « anomiques » ou celle, au contraire, de ceux dits « fatalistes ». 3) Il s’agira enfin, dans la dernière partie de l’ouvrage, de répondre à l’énigme de départ, en développant une théorie sociologique de l’intégration sociale, capable de lier le niveau du fait social sui generis (appréhendé via le taux de suicide) à celui des comportements individuels (appréhendé via ’attitude de tel ou tel individu à l’égard du suicide). Cette théorie a des implications politiques : elle permet à Durkheim d’une part, de nous dire pourquoi, en tant que modernes, nous devons vouloir lutter contre le suicide ; d’autre part, d’indiquer des solutions politiques pour faire baisser le taux de suicide national, à savoir : le renforcement de l’organisation des groupes professionnels, dans la mesure où ceux-ci, si du moins, ils sont organisés de manière à respecter (et même à accroître) l’autonomie de leurs membres, préservent ces derniers contre les suicides égoïstes et anomiques, typiques de la modernité.

      Le Suicide apparaît ainsi, bien plus que le monument positiviste à quoi, parfois, on a cherché à le réduire, un grand livre politique.

      https://www.youtube.com/watch?v=-yeq1rHuYRI&t=12s

  • L’aide active à mourir : une fausse solution progressiste pour les personnes handicapées – Journal d’une indignée
    https://espoirsetluttes.wordpress.com/2024/12/08/laide-active-a-mourir-une-fausse-solution-progressiste-po

    L’aide active à mourir est souvent présentée comme un progrès, un acte de compassion ou un nouveau droit pour celles et ceux qui souffrent. Pourtant, derrière cette apparente bienveillance se cache une réalité glaçante pour les personnes handicapées : la société valide le #suicide comme une issue légitime à leurs difficultés. Dans un contexte de validisme systémique et d’inégalités sociales criantes, ce « choix » n’est ni libre, ni égalitaire.

    #handicap #aide_active_à_mourir

    • Cette semaine, une patiente m’a demandé de mettre fin à sa vie. ‪Dr Zoé‬ ‪@drzoelb.bsky.social‬
      https://bsky.app/profile/drzoelb.bsky.social/post/3lgl7zjh3js25

      Je vais vous raconter un peu de sa vie et notre conversation, révélatrice de pourquoi l’aide active à mourir, dans le contexte actuel, est une honte.

      Plutôt qu’une vie digne, on parle de mort digne, et c’est à gerber.

      Mme C. a 93 ans.
      Je la suis depuis son entrée en EHPAD, il y a 3 ans, EHPAD dans lequel je n’enverrai pas mon pire ennemi, que ce soit pour y travailler ou pour y être résident. On en reparlera plus loin.
      Elle est presque aveugle à cause d’une DMLA et ne marche plus depuis lgtps.

      Je suis allée voir Mme C. pour la visite trimestrielle. Son état est stable, hormis sa vue, son handicap moteur, et sa grande souffrance psychique, elle va « plutôt bien ».
      Elle marchait avant d’entrer en EHPAD, mais des mois confinée au fauteuil ont aggravé son état.

      Après l’avoir saluée, demandé si elle avait des problèmes à me signaler, examinée, je m’assois à côté d’elle pour lui demander si elle a des questions, comme à chaque fois.
      J’approche mes mains et elle les saisit entre les siennes, comme a chaque fois.

      « Combien de temps me reste-t-il à vivre, Docteur ?
      – Je ne sais pas Mme. C’est toujours difficile de répondre à cette question. Votre coeur, vos poumons, vos reins fonctionnent bien. Je n’ai pas de raison de penser que vous pourriez mourrir bientôt. »
      Ses yeux sont pleins de larmes

      « Je ne veux plus vivre Dr. Je n’en peux plus. J’ai une demande à vous faire, je veux que vous me fassiez une piqûre. Je veux partir.
      – Vous voulez une piqûre pour mourir, c’est bien ça que vous demandez ?
      – Oui. Je n’en peux plus. Je ne veux plus vivre comme ça.

      – Qu’est-ce qui rend votre vie insupportable au point de vouloir mourir ?
      Elle pleure beaucoup.
      – Tout. Tout est insupportable. Je ne vois personne de la journée. Juste pour les repas, le lever et le coucher. Et ce n’est pas voir des gens. Tout le monde souffre, ici.

      – Tout le monde souffre, c’est à dire ?
      – Les dames qui travaillent ici. Elles ont un mauvais travail. Je comprends, s’occuper des vielles personnes comme moi, nous nettoyer, c’est un mauvais travail. Personne ne veut s’occuper de gens comme moi. Je ne leur en veux pas.

      – Elles vont vite. Certaines sont brutales, elle me font mal. Tous les matins j’angoisse de savoir qui sera là. Parfois je crie et ça les énerve bien sûr. Je comprends, je n’aime pas parler en mal des gens. Mais j’ai de l’arthrose, ça me fait très mal quand on me secoue. »

      L’EHPAD dans lequel a été placée Mme C. est un lieu de maltraitance comme beaucoup d’EHPAD. Pour les personnels comme pour les résidents.
      Les locaux sont vétustes, sentent l’urine, les fenêtres ferment mal, l’équipe connait un énorme turn over, la plupart ne sont pas formées.

      Les résidents passent la plupart du temps dans leur chambre, sans aucune stimulation ou activité.
      Ils dépérissent au sens propre. N’importe qui verrait son état de santé se dégrader en étant confiné dans 9m2, assis devant la télé. C’est encore plus vrai quand on est âgé.

      Mme C. aurait pu continuer à marcher, pourrait écouter des livres audios et donner des cours de tricot avant que la dépression lui passe toute envie de pratiquer, raconter sa longue vie, partager ses meilleures recettes.
      La vie de Mme C. est précieuse comme toutes les autres.

      Dans un monde où nous avons choisi de mettre les personnes âgées et handicapées à part de la société, dans des structures maltraitantes de part leur fonctionnement même, et où les logiques comptables ont rajouté de l’horreur et de la déshumanisation à un quotidien déjà morne.

      Dans un monde où nous avons choisi de fracasser les services publics et particulièrement le service public de santé, en nous répétant qu’il n’y a plus assez pour tout le monde alors que les grandes fortunes ne se sont jamais aussi bien portées.

      Dans un monde où dans les pays qui ont autorisé l’aide active à mourir, le premier motif de recours n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les douleurs réfractaires aux traitements, les symptômes non contrôlés, mais bien le fait de ne pas vouloir être « une charge ».

      Dans un monde où on refuse de penser, y compris à gauche et ça me révolte, le validisme crasse de notre société, le sous texte eugéniste, le profond lien avec le capitalisme, les discours nauséabonds sur « l’assistanat », un monde qui hiérarchise les bonnes et les mauvaises vies.

      Dans ce monde, le « choix » d’avoir accès à l’aide active à mourir n’en est pas un.
      On n’a pas le « choix » de mourir dignement quand il est impossible de vivre dignement.

      Il n’y a pas de vie qui ne vaut pas la peine.
      Par contre il y a des gens qui n’en peuvent plus.

      C’est notre responsabilité collective de nous organiser pour que chacun puisse vivre dignement.

      Tant que nous ne nous serons pas attelés sérieusement à cette tâche, et dans un contexte d’effondrement du système de soin , l’aide active à mourir est un pied dans la porte.

      J’ai trop entendu les discours immondes de nos dirigeants sur les gens qui ne sont rien.
      J’ai trop vu les dérives comptables dans nos manières de soigner.

      Je vois très, très, très bien ce qui pourrait mal se passer.
      Et ça me terrifie.

      Force aux militants antivalidistes

      #vieillesse

    • « Avant de nous aider à mourir, on veut qu’on nous aide à vivre mieux. »
      https://lisbethmedia.com/avant-de-nous-aider-a-mourir-on-veut-quon-nous-aide-a-vivre-mieux

      Si le projet de loi sur la fin de vie fut interrompu à cause des législatives anticipées, en juin dernier, le texte n’est pas pour autant enterré. En début du mois, un article du journal La Croix nous apprenait que les partisan-es du projet de loi étaient prêt-es à relancer les débats à l’Assemblée nationale. Hier, le premier ministre François Bayrou a remis une pièce dans la machine, en affirmant vouloir scinder le projet de loi en deux textes, l’un sur les soins palliatifs, l’autre sur la fin de vie, ce qui soulève de nombreux remous, dans l’opposition comme dans son propre camp. Ce projet de loi est loin de faire l’unanimité à gauche, notamment dans les milieux anti-validistes, qui le perçoivent comme un abandon, à défaut de financer des services de santé de qualité et accessible à tout-es. Entretien.

      #historique #loi_Léonetti #antivalidisme #covid #euthanasie #suicide

    • Suicide assisté, euthanasie : le choix de la rupture et l’illusion d’un progrès, Yves-Marie Doublet
      https://www.fondapol.org/etude/suicide-assiste-euthanasie-le-choix-de-la-rupture-et-lillusion-dun-progres

      Dans un contexte de contraintes économiques, où les promesses de financement d’un cinquième risque sur la #dépendance ont été oubliées, la légalisation de la #mort_administrée, sans que cela ne soit assumé ouvertement, aurait le mérite de réaliser des économies. Les complémentaires santé soutiennent d’ailleurs souvent ouvertement la légalisation de l’aide active à mourir, alors que le reste à charge pour elles des dépenses de fin de vie pour la dernière année de vie peut être estimé à 10% de ces dépenses. Le Canada revendique dans un rapport parlementaire les gains nets que lui procure la mort administrée, soit 87 millions de dollars canadiens. Comme le relève Jean-Marc Sauvé dans une tribune : « La dernière ruse de notre société matérialiste ne serait-elle pas de s’abriter derrière la noble cause de l’autodétermination individuelle pour masquer une offre insuffisante de soins, notamment palliatifs, et alléger le fardeau financier de la solidarité à l’égard des plus âgés et des plus fragiles de ses membres ? ». La dépense publique de #soins_palliatifs représentait 1,4 milliard d’euros en 2021, les dépenses annuelles de santé en fin de vie s’élevant comme on l’a vu à 6 milliards d’euros. On mesure donc l’intérêt économique d’une légalisation de l’euthanasie et/ou du suicide assisté. Les plans quadriennaux de soins palliatifs ont été parcimonieux et se sont échelonnés avec souvent des interruptions de plusieurs années entre chaque plan. Le passage de plans quadriennaux à des plans décennaux de soins palliatifs permettrait d’étaler encore plus ces dépenses, en engageant chaque année moins de crédits publics, ceux-ci n’ayant au demeurant pas d’effet immédiat à la différence d’une légalisation de la mort administrée. En Autriche, l’augmentation des crédits des soins palliatifs annoncée lors de la légalisation du suicide assisté ne s’est pas concrétisée.

      #fin_de_vie #santé #suicide_assisté #dépense_publique #économie

    • Les non-dits économiques et sociaux du débat sur la fin de vie, Yves-Marie Doublet, Docteur en droit, chargé d’enseignement à l’espace éthique de l’AP-HP, Pascale Favre, Médecin, titulaire d’un DEA en droit et économie de la santé et doctorante en philosophie.
      https://www.fondapol.org/etude/les-non-dits-economiques-et-sociaux-du-debat-sur-la-fin-de-vie

      .... les personnes seules ou défavorisées sont surreprésentées parmi les populations ayant recours au suicide assisté.

      #darwinisme_social

  • Mis en cause par François Bayrou, les agents de l’#Office_français_de_la_biodiversité appelés à faire la grève des contrôles
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/01/17/mis-en-cause-par-francois-bayrou-les-agents-de-l-office-francais-de-la-biodi

    Mis en cause par François Bayrou, les agents de l’Office français de la biodiversité appelés à faire la grève des contrôles
    Trois jours après l’attaque frontale du premier ministre contre le travail des agents de l’#OFB, les syndicats de l’établissement public demandent des excuses publiques.

    Par Perrine Mouterde

    Publié le 17 janvier 2025 à 16h39

    Ne plus effectuer aucune mission de police, ne plus réaliser aucune opération en lien avec le monde agricole, ne plus transmettre aucun avis technique… tant que le premier ministre n’aura pas formulé des excuses publiques. Trois jours après que François Bayrou a attaqué frontalement le travail des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), les syndicats de l’établissement public appellent, vendredi 17 janvier, à une grève partielle et à un vaste mouvement de contestation. « En réponse à la remise en cause incessante de nos missions et afin d’éviter de commettre des “fautes”, l’intersyndicale demande à l’ensemble des personnels de rester au bureau », résument dans un communiqué cinq organisations (#Syndicat_national_de_l’environnement, FSU, FO, CGT, Unsa, EFA-CGC).

    Quasiment muet sur les #sujets_climatiques_et_environnementaux lors de sa déclaration de politique générale, mardi 14 janvier, #François_Bayrou a en revanche lancé un acte d’accusation sévère à l’encontre de l’instance chargée de veiller à la préservation de la biodiversité et au respect du droit de l’environnement. « Quand les #inspecteurs de la #biodiversité viennent contrôler le fossé ou le point d’eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran, c’est une humiliation, et c’est donc une faute », a-t-il affirmé.

    Cette déclaration ne pouvait que remettre de l’huile sur le feu après dix-huit mois de vives tensions entre l’établissement et certains syndicats agricoles. La #FNSEA et la Coordination rurale, notamment, assurent que les agriculteurs sont contrôlés de manière excessive et intimidante par les inspecteurs de l’environnement et réclament leur désarmement. Fin 2023 et début 2024, des personnels et des agences de l’OFB avaient été pris pour cibles lors de manifestations. Fin 2024, lors d’un nouveau mouvement de protestation agricole, une cinquantaine d’agressions et d’attaques ont été recensées.

    « Le premier ministre, qui a outrepassé ses fonctions en se faisant le porte-parole de syndicats agricoles, doit se reprendre et réparer sa faute, affirme aujourd’hui #Sylvain_Michel, représentant #CGT à l’OFB. Il est intolérable que le deuxième plus haut représentant de l’Etat attaque directement un établissement public dont les missions sont dictées par la loi et qui consistent à faire respecter le code de l’environnement. »

    Expression « mal comprise »
    La présidente du conseil d’administration de l’OFB, Sylvie Gustave-dit-Duflo, a également fait part de sa colère après les propos de François Bayrou. « Lorsque le premier ministre prend directement à partie l’OFB sans avoir pris la peine de s’intéresser à nos missions, à ses enjeux, c’est inconcevable, c’est une faute », a déclaré vendredi Me Gustave-dit-Duflo, qui est aussi vice-présidente de la région Guadeloupe. « La probabilité pour qu’une exploitation agricole soit contrôlée par les 1 700 inspecteurs de l’environnement, c’est une fois tous les cent-vingt ans », a-t-elle ajouté.

    Les propos du #premier_ministre avaient déjà fait réagir ces derniers jours. Dès mercredi, un membre du Syndicat national des personnels de l’environnement (SNAPE)-FO, Benoît Pradal, a décrit sur France Inter « l’humiliation » ressentie depuis des mois par les agents de l’OFB et assuré n’avoir aucun problème avec « la majorité » des agriculteurs. « On a le sentiment que ce que veulent [une minorité d’agriculteurs], c’est ne plus nous voir dans leurs exploitations. C’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités », a-t-il ajouté. La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont aussitôt dénoncé « une comparaison honteuse » et réclamé la suspension des contrôles. Le patron des LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez, a lui réclamé que l’OFB soit « purement et simplement supprimé ».

    L’ancien député Modem Bruno Millienne, conseiller de Matignon, juge que l’expression de François Bayrou a été « mal comprise » et prône « le bon sens et le respect mutuel de part et d’autre ». De son côté, la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a appelé vendredi à l’apaisement, en rappelant que les agents de l’OFB « font le travail que nous leur demandons ». « Si la loi doit évoluer, c’est aux parlementaires de la faire évoluer. Ce n’est pas aux agents de l’OFB de ne pas respecter la loi », a-t-elle ajouté.

    Etuis de port d’armes discrets
    Outre la suspension d’un certain nombre de missions, l’intersyndicale de l’établissement public invite les quelque 3 000 agents (dont les 1 700 inspecteurs de l’environnement) à cesser toute participation aux réunions organisées en préfecture sur des sujets agricoles ainsi que tout appui technique aux services de l’Etat, aux établissements publics et aux collectivités territoriales. Elle suggère aussi, dans le cadre d’une action symbolique, d’aller remettre en mains propres aux préfets les étuis de port d’armes discrets, censés permettre de dissimuler l’arme sous les vêtements.

    Une circulaire du 3 décembre 2024 prévoit la mise en place immédiate de ce port d’armes discret. Pour Sylvain Michel, cet outil est « de la poudre aux yeux », qui ne réglera en aucun cas les difficultés. « Ceux qui attaquent les armes violemment ne veulent pas de droit de l’environnement, et donc pas de police de l’environnement », a jugé récemment le directeur général de l’établissement, Olivier Thibault. La police de l’environnement est celle qui contrôle le plus de personnes armées chaque année.

    #Perrine_Mouterde

    • « L’Office français de la biodiversité, l’un des principaux remparts contre l’effondrement du vivant, est victime d’attaques intolérables »

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/01/07/l-office-francais-de-la-biodiversite-l-un-des-principaux-remparts-contre-l-e

      TRIBUNE
      Collectif

      Amputer les missions de l’#OFB, en réduire les moyens ou revenir sur ses dotations sacrifierait des ressources indispensables pour sa capacité à protéger la biodiversité et à la défendre face aux pratiques illégales qui la dégradent, explique, dans une tribune au « Monde », un collectif de personnalités d’horizons divers, parmi lesquelles Allain Bougrain-Dubourg, Marylise Léon, Christophe Béchu et Valérie Masson-Delmotte.

      ’Office français de la biodiversité (OFB) a récemment déposé une cinquantaine de plaintes au niveau national pour dégradations et menaces.

      Début octobre, la voiture d’un chef de service du Tarn-et-Garonne a été visée par un acte de sabotage. Le 26 janvier 2024, sur fonds de colère agricole, des manifestants ont tenté de mettre le feu au siège de Trèbes (Aude), tandis que l’enquête ouverte après l’incendie de celui de Brest (Finistère), à l’occasion d’une manifestation de marins pêcheurs mécontents, le 30 mars 2023, vient d’être classée sans suite.

      A Guéret (Creuse), les locaux de l’établissement public ont été saccagés, et des documents volés, pour la première fois ; à Beauvais, un service a été muré, et plusieurs services ont reçu un mail d’insultes et de menaces. D’autres établissements publics – tels que l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement ou l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – et certains agents ont été victimes d’attaques intolérables.

      3 000 agents répartis à travers la France
      L’OFB incarne pourtant l’un des principaux remparts contre l’érosion de la biodiversité. Cet établissement public, créé par le législateur, en 2019, lors de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, rassemble plus de 3 000 agents répartis à travers la France métropolitaine et les outre-mer. Inspecteurs de l’environnement, ingénieurs, experts thématiques, vétérinaires, techniciens, personnel administratif, œuvrent ensemble pour accompagner les collectivités et les divers acteurs économiques vers des pratiques respectueuses de la nature.

      L’OFB réunit des compétences uniques pour mesurer, analyser et anticiper l’effondrement du vivant. Que savons-nous de la fragilité des espèces ou des écosystèmes déjà affectés ? Quel est l’état de santé des zones humides, des milieux forestiers et marins ? Affaiblir l’OFB, c’est saper les fondations mêmes de notre connaissance et de nos capacités d’action. Le défendre, c’est affirmer que la science est un levier crucial de la résilience de nos sociétés.

      Protéger la biodiversité, c’est aussi la défendre face aux pratiques illégales qui la dégradent. L’une des missions centrales de l’OFB vise à assurer l’application des lois environnementales. Avec ses 1 700 inspecteurs, cette police de l’environnement lutte contre le braconnage, les pollutions et autres atteintes aux milieux naturels et aux espèces protégées. Ses équipes aident également les usagers à mieux comprendre et à respecter les réglementations, en proposant des solutions concrètes et constructives.

      L’OFB n’agit pas seul. Il constitue le cœur d’un réseau d’acteurs qui tissent ensemble des initiatives locales et nationales : Etat, collectivités, citoyennes et citoyens engagés, en particulier dans les associations, entreprises, scientifiques. De la ruralité au cœur des villes, cette force agit pour la préservation de la biodiversité et de l’équilibre de nos territoires.

      La base de notre existence
      Loin de faire cavalier seul, comme certains l’affirment, les agents de l’OFB participent à la résilience des activités économiques, établissent des ponts entre des intérêts parfois divergents, en facilitant le dialogue avec les agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, pratiquants des sports de nature ou encore les acteurs de l’énergie. Qu’il s’agisse de la restauration d’un marais, de la survie d’une espèce endémique ultramarine ou de l’éducation des plus jeunes, chaque avancée repose sur cette synergie avec la même ambition : léguer un futur viable aux prochaines générations.

      La biodiversité n’est pas un luxe, elle est la base même de notre existence : l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, les sols qui nous nourrissent. Ses interactions et interdépendances ont permis, au cours de l’évolution, de créer les conditions d’émergence de l’ensemble du vivant. Ce fil fragile menace bientôt de rompre. Quand les océans s’élèvent, que les habitats naturels se dégradent, que les cours d’eau s’assèchent ou débordent, que les espèces sauvages disparaissent à un rythme sans précédent, nous devons faire front et nous unir derrière un unique objectif : protéger la vie.

      Dans ce contexte, amputer les missions de l’#OFB, réduire ses moyens budgétaires et humains ou revenir sur les dotations décidées il y a à peine un an pour les politiques publiques de biodiversité, sacrifierait des ressources indispensables pour notre capacité à agir efficacement pour préserver l’#avenir.

      C’est pourquoi, aujourd’hui, nous appelons élus, #associations, #scientifiques, #citoyennes_et_citoyens à faire front pour soutenir cet #opérateur_public, aujourd’hui sous le feu de #critiques_injustifiées. Celles-ci visent en réalité, à travers l’OFB ainsi qu’à travers l’ensemble de ses agents, des politiques publiques et des #réglementations qui ont mis des années à progresser et à commencer à faire leurs preuves.

      Premiers signataires : Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux ; Antoine Gatet, président de France Nature Environnement ; Erwan Balanant, député (#MoDem) du Finistère ; Sandrine Le Feur, députée (Renaissance) du Finistère ; Marie Pochon, députée (#EELV) de la Drôme ; Dominique Potier, député (divers gauche) de Meurthe-et-Moselle ; Loïc Prud’homme, député (LFI) de Gironde ; Richard Ramos, député (MoDem) du Loiret ; Marylise Léon, secrétaire nationale de la CFDT ; Christophe Béchu, maire d’Angers et ancien ministre ; Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, directrice de recherches au CEA ; Claude Roustan, président de la Fédération nationale de la pêche. Liste complète des signataires ici.

      Collectif

    • Jean-Baptiste Fressoz, historien : « Les #polices_environnementales subissent de nombreuses entraves »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/28/jean-baptiste-fressoz-historien-les-polices-environnementales-subissent-de-n

      Jean-Baptiste Fressoz, historien : « Les polices environnementales subissent de nombreuses entraves »
      CHRONIQUE

      Jean-Baptiste Fressoz

      Historien, chercheur au CNRS

      La mise en cause de l’Office français de la biodiversité à l’occasion des manifestations d’agriculteurs s’inscrit dans l’histoire des entraves à la protection de l’environnement, observe l’historien dans sa chronique.Publié le 28 février 2024 à 06h00, modifié le 28 février 2024 à 08h15 Temps deLecture 2 min.

      Les locaux de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont été plusieurs fois visés par les manifestations d’agriculteurs, par exemple à Mende, le 2 février, et à Carcassonne, le 27 janvier. Le 26 janvier, le premier ministre, Gabriel Attal, avait annoncé le placement de l’établissement public sous la tutelle des préfets. L’OFB fait partie des « polices environnementales », vocable regroupant différentes institutions qui vont des anciens gardes-chasse, gardes forestiers, gardes-pêche – devenus agents de l’OFB – aux inspecteurs des établissements classés (Polices environnementales sous contraintes, de Léo Magnin, Rémi Rouméas et Robin Basier, Rue d’Ulm, 90 pages, 12 euros).

      Le mot « police » a cela d’intéressant qu’il renvoie à l’origine de ces institutions. Sous l’Ancien Régime, la police méritait en effet pleinement son nom, car elle s’occupait de tout ce qui avait trait à l’espace urbain, à la fois l’ordre public, bien sûr, mais aussi l’ordre environnemental, la propreté des rues, l’organisation des marchés, les fumées des artisans…

      Le succès administratif des termes « environnement », dans les années 1970, puis « biodiversité », dans les années 2000, cache la profonde continuité des pratiques et des institutions qui encadrent les usages de la nature. A l’instar de la police d’Ancien Régime, la police environnementale recourt surtout à la pédagogie et aux rappels aux règlements bien plus qu’aux sanctions. Une police qui repose davantage sur les bonnes pratiques que sur des normes strictes et des instruments de mesure.

      On retrouve aussi une même rivalité entre administration et justice tout au long de son histoire. Au début du XIXe siècle, la mise en place du système administratif (préfets et Conseil d’Etat) avait conduit à marginaliser les cours judiciaires dans la gestion de l’environnement : d’un côté, une administration qui pense « production et compétitivité nationale », de l’autre, des cours qui constatent des dommages, des responsabilités et attribuent des réparations.

      Gestion de contradictions
      Les polices environnementales subissent également de nombreuses entraves. Tout d’abord celle liée au manque de personnel : pour surveiller l’ensemble de ses cours d’eau, la France ne dispose que de 250 agents, soit moins d’un agent pour 1 000 kilomètres de rivière. Quant aux établissements classés, on en compte plus de 500 000 en France, pour 3 100 inspecteurs. On est bien loin des 30 000 gardes champêtres qui quadrillaient les campagnes françaises au XIXe siècle !

      Entraves qui tiennent ensuite à la faible prise en charge judiciaire de ces affaires : les atteintes à l’environnement représentent ainsi une part infime des affaires correctionnelles. Entraves liées enfin à l’état du monde agricole français : moins de 2 % de la population exploite plus de la moitié du territoire métropolitain ; logiquement, les agriculteurs concentrent la majorité des contrôles. Et la peur de la violence d’un monde agricole en détresse économique taraude les inspecteurs : un contrôle de trop peut enclencher la faillite…

      Robert Poujade, tout premier ministre de l’écologie de 1971 à 1974, avait conté son expérience au Ministère de l’impossible (Calmann-Lévy, 1975). La police de l’environnement est une « police de l’impossible », davantage caractérisée par ses contraintes que par ses pouvoirs, une police « d’avant-garde » par certains aspects, mais qui tente de faire respecter des règles souvent anciennes, une police enfin qui n’est soutenue par aucune campagne de sensibilisation massive, contrairement à ce qui a été fait, par exemple, pour la sécurité routière, et qui se trouve devoir gérer les contradictions entre système productif et politique. Selon la formule des auteurs de Polices environnementales sous contraintes, « l’écologisation de nos sociétés n’a rien d’automatique et demeure un processus hautement contingent, sinon un objectif essentiellement discursif ». Les reculades de Gabriel Attal face aux revendications de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles confirment cette sombre appréciation.

      #Jean-Baptiste_Fressoz (Historien, chercheur au #CNRS)

    • « Il appartient aux autorités politiques de #défendre l’#existence de l’Office français de la #biodiversité, chargé d’appliquer les #réglementations_environnementales »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/02/il-appartient-aux-autorites-politiques-de-defendre-l-existence-de-l-office-f

      « Il appartient aux autorités politiques de défendre l’existence de l’Office français de la biodiversité, chargé d’appliquer les réglementations environnementales »
      TRIBUNE
      Collectif

      L’OFB est devenu le bouc émissaire de la crise agricole, déplorent dans une tribune au « Monde » les représentants des organisations siégeant au conseil d’administration de cet établissement national. Pour eux, la coopération entre agriculture et biodiversité est une évidente nécessité.Publié le 02 mars 2024 à 06h30 Temps deLecture 4 min.

      Le #déclin_de_la_biodiversité à une vitesse et à une intensité jamais égalées est #scientifiquement_établi depuis des années, et particulièrement dans les rapports de la Plate-Forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (#IPBES). Les menaces sur l’eau et la biodiversité sont toutes d’origine humaine et s’exacerbent mutuellement.

      Cet #effondrement_de_la_biodiversité, conjugué au changement climatique, remet en question l’habitabilité de notre planète et interroge l’avenir du vivant, humain et non humain.

      Face à ce constat, l’Etat a créé en 2020 un établissement national spécialisé, l’Office français de la biodiversité (#OFB), consacré à la protection et à la restauration de la biodiversité en métropole et dans les outre-mer. Le législateur et le gouvernement lui ont assigné des missions essentielles, en particulier :

      – la connaissance et l’expertise : mieux connaître les espèces, les milieux naturels, les services rendus par la biodiversité et les menaces qu’elle subit est essentiel pour protéger le vivant ;

      – un appui aux politiques publiques : à tous niveaux, les équipes de l’OFB appuient les politiques publiques pour répondre aux enjeux de préservation de la biodiversité ;

      – la gestion et restauration des espaces protégés : parcs naturels marins, réserves, appui aux parcs nationaux, travail en réseau… ;

      – la contribution à la police de l’environnement, qu’elle soit administrative ou judiciaire, relative à l’eau, aux espaces naturels, à la flore et la faune sauvages, à la chasse et à la pêche ; à la lutte contre le trafic des espèces sauvages menacées d’extinction.

      Manque de moyens
      Quatre ans après sa création, l’OFB continue de consolider son identité et sa place dans le paysage institutionnel. En manque d’un véritable portage politique, ce « fer de lance de la biodiversité » a vu ses missions s’étoffer et se complexifier considérablement, tandis que ses effectifs n’ont augmenté qu’à la marge.

      Le manque de moyens humains reste une entrave à l’action, à tous niveaux.

      Par exemple, sur les seules missions de police judiciaire, à l’échelle du territoire national, l’OFB ne compte que 1 700 inspecteurs pour prévenir et réprimer les atteintes à l’environnement (surveillance du territoire, recherche et constat des infractions, interventions contre le braconnage, …), qui doivent également contribuer à la connaissance, apporter leur expertise technique, sensibiliser les usagers, réaliser des contrôles administratifs sous l’autorité du préfet, etc. Mais d’autres agents et métiers de l’OFB sont également en tension.

      Durant les manifestations de colère agricole, l’OFB se voit conspué, ses implantations locales dégradées, ses agents vilipendés. L’OFB est devenu le bouc émissaire de la crise agricole, en l’absence de réponses concrètes sur le revenu des paysans.

      La santé des agriculteurs en premier lieu
      Ces attaques réitérées contre l’OFB sont inacceptables, car elles visent, au travers de l’établissement et de ses agents, à affaiblir les politiques publiques de protection et de sauvegarde de la nature, de l’eau et de la biodiversité.

      Parce que l’eau et la biodiversité renvoient à la complexité du vivant, le bon sens, qu’il soit populaire ou paysan, ne peut suffire à protéger ou à restaurer un fonctionnement équilibré des milieux naturels. L’OFB est un outil précieux de connaissance et d’expertise pour accompagner et garantir la mise en œuvre des politiques publiques (collectivités, habitants, filières professionnelles, etc.). La remise en cause de certaines de ses missions et de sa capacité d’agir générerait des reculs concrets et dommageables pour l’intérêt général et nos modes de vie.

      Elle ne constituerait aucunement un gain pour le monde agricole, dont une grande partie a déjà intégré les enjeux de préservation des milieux et des cycles naturels. Rappelons que, en faisant appliquer les réglementations environnementales, l’OFB et les autres opérateurs publics de l’environnement protègent aussi la santé de tous les citoyens, celle des agriculteurs en premier lieu.

      A l’inverse de la tendance à opposer agriculture et protection de la nature, la coopération entre agriculture et biodiversité est une nécessité évidente : le système agroalimentaire intensif aujourd’hui dominant constitue l’une des principales pressions sur la biodiversité, dont l’érosion continue provoque, en retour, une fragilisation de tous les modèles agricoles.

      Rappeler les lois, voire sanctionner
      Les politiques publiques, comptables vis-à-vis des générations futures, ne doivent pas renoncer à la transition agroécologique ; elles doivent au contraire l’accompagner, la guider et la soutenir, au bénéfice de la biodiversité, de l’atténuation et de l’adaptation du changement climatique, de la santé des humains (et en premier lieu des producteurs), des autres êtres vivants et de l’agriculture elle-même.

      Nous soutenons sans réserve tous les paysans qui s’engagent dans cette transition agroécologique, dans un modèle à la fois vertueux pour l’environnement et où les femmes et les hommes qui nous nourrissent vivent dignement de leur travail, sans mettre en jeu leur santé et celle des citoyens.

      Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Face au changement climatique, l’agriculture biologique doit être soutenue »

      L’OFB a sa place au côté d’une agriculture en pleine mutation, pour accompagner les paysans de bonne volonté, engagés dans la transition, mais aussi pour rappeler les lois et règlements en vigueur, voire sanctionner ceux qui ne respectent pas la loi, qu’ils soient des entreprises, des agriculteurs, des collectivités ou des individus.

      L’Etat doit lui en donner véritablement les moyens, avec des effectifs à la hauteur de ces enjeux et des agents reconnus qui vivent, eux aussi, dignement de leur travail. Comme pour d’autres établissements publics pris pour cible par des groupes d’intérêts économiques, il appartient aux autorités politiques de défendre l’existence de cet organisme dont les missions sont définies dans le cadre légitime de l’action publique de l’Etat

      Les signataires de cette tribune proviennent tous d’organisations siégeant au conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité : Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du #SNE-FSU, Syndicat national de l’environnement ; Antoine Gatet, président de France Nature Environnement ; Bernard #Chevassus-au-Louis, président d’Humanité et biodiversité ; Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux ; Claude Roustan, président de la #Fédération_nationale_de_la_pêche en France ; Vincent Vauclin, secrétaire général #CGT_environnement (domaine OFB et #parcs_nationaux).

    • À #Poitiers, l’immense désarroi de la police de l’environnement | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/150225/poitiers-limmense-desarroi-de-la-police-de-l-environnement

      À Poitiers, l’immense désarroi de la police de l’environnement
      Harcelés par les syndicats agricoles, les agents de l’Office français de la biodiversité se sentent abandonnés et constatent une perte de sens de leur travail. D’autant que François Bayrou les a jetés en pâture dès son arrivée à Matignon, les accusant d’« humilier les agriculteurs ».

      Lucie Delaporte

      15 février 2025 à 10h28

      PoitiersPoitiers (Vienne).– Sur la porte vitrée du local subsistent encore les traces laissées par la Coordination rurale (CR). Des graines mélangées à une substance visqueuse et, çà et là, quelques autocollants du syndicat : « Stop à l’agricide », « OFB stop contrôle ».

      Dans la nuit du dimanche 2 février, les locaux de l’agence départementale de l’Office français de la biodiversité (#OFB) à Poitiers ont été pris pour cible par des militants du syndicat agricole proche de l’extrême droite. Des #graffitis ont été tracés sur le bâtiment, des sacs de légumes pourris déversés devant les locaux. « Un camion entier », précise Alain*, le premier agent à être arrivé sur les lieux.

      C’est la sixième fois en un an et demi que cette antenne de l’OFB de la Vienne est attaquée. Le procureur de la République a ouvert une enquête en flagrance pour les dégradations matérielles mais aussi pour harcèlement, au regard de la répétition de ces actes de malveillance.

      Dans cette âpre campagne où le syndicat disputait son leadership à la FNSEA, l’OFB aura été sa cible répétée. « On leur a servi de bouc émissaire idéal », résume un agent que nous rencontrons dans la salle de repos où sont collées des affichettes montrant des agents couverts de déchets avec le slogan « Nous ne sommes pas des punching-balls ».

      Après le témoignage sur France Inter d’un responsable syndical de l’OFB qui avait comparé à des « dealers » les agriculteurs hors la loi, le climat s’est enflammé. « Une voiture de l’OFB qui entre dans une exploitation sera brûlée sur place », a déclaré peu après dans un meeting le secrétaire général de la CR, Christian Convers.

      Grève du zèle
      Né en 2020 de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité et de l’Office français de la chasse et de la faune sauvage, l’OFB, qui compte 2 800 agents, est encore mal connu du grand public. Il exerce des missions de police administrative et de police judiciaire relatives à l’eau, aux espaces naturels, aux espèces, à la chasse et à la pêche.

      À Poitiers, quelques jours après cette sixième attaque contre ses locaux, l’antenne tourne au ralenti. « On fait une grève larvée. Globalement, on ne fait pas de police pénale, pas de contrôle administratif. On essaie de solder les procédures en cours et on va surtout voir des espèces sur le terrain », résume un agent qui, comme tous les autres, requiert l’anonymat.

      On se dit qu’un agriculteur va peut-être franchir la ligne rouge, avec le sentiment que, s’il le fait, il sera soutenu par les syndicats agricoles et par le premier ministre.

      Gilles, agent à l’OFB
      Après une manifestation le 31 janvier devant la préfecture, les agents poursuivent le mouvement par cette grève du zèle, en écho à une année étrange où leurs tutelles – le ministère de l’agriculture et celui de la transition écologique – leur ont demandé de lever le pied sur les contrôles face à l’ampleur de la contestation agricole.

      « C’est notre quotidien : se faire insulter ou agresser par des gens qui viennent déverser des détritus juste parce qu’on essaie de faire respecter des lois votées au Parlement », indique Alain, qui fait visiter les lieux.

      Un mètre de lisier dans la voiture
      Le lâchage en règle des agents de l’OFB par deux premiers ministres, sous la pression du mouvement agricole, a été très douloureusement ressenti. Lors de son discours de politique générale, François Bayrou a évoqué l’« humiliation » infligée, à ses yeux, au monde agricole par les agents de l’OFB, qui arborent une arme lors de leurs interventions. 

      « On s’était déjà fait crucifier en janvier sur place par Attal sur sa botte de foin, qui avait repris au mot près le slogan de la FNSEA : “Faut-il être armé pour contrôler une haie ?” », s’étrangle Alain, qui rappelle les agressions continuelles que subissent les agents. 

      Depuis fin 2023, l’OFB a recensé 90 actions contre ses locaux mais aussi des actes malveillants visant directement ses agents. En octobre, le chef de l’OFB du Tarn-et-Garonne, juste après une réunion sur les contrôles à la chambre d’agriculture, a constaté qu’une des roues de son véhicule avait été démontée. « Un collègue s’est retrouvé avec un mètre de lisier dans sa voiture », raconte Max en buvant sa chicorée, parce qu’il s’est rendu compte que le café portait trop sur ses nerfs déjà assez malmenés.

      « Il y a une violence qu’on ressent de plus en plus. Ce climat-là multiplie le risque d’avoir un contrôle qui se passe mal. On se dit qu’un agriculteur va peut-être franchir la ligne rouge, avec finalement le sentiment que, s’il le fait, il sera soutenu par les syndicats agricoles et par le premier ministre », poursuit-il.

      Travailler à l’OFB a un coût, surtout quand on habite dans un village. « Là où j’habite, je suis blacklisté. C’est un village très agricole. Je l’ai senti quand on est arrivés. Ma femme ne comprenait pas. Je lui ai dit : “Cherche pas : tout le monde se connaît, ils savent le métier que je fais” », explique l’agent.

      Un autre raconte avoir fait l’erreur d’aller regarder ce qui se disait sur les réseaux sociaux à propos de l’OFB. Insultes, menaces, dénigrement… « C’est désastreux. On est les emmerdeurs, payés par vos impôts, pour protéger les papillons, les amphibiens. Et à partir du moment où l’État qui m’emploie me désavoue, quelle légitimité j’ai à continuer à faire ce travail-là ? »

      Depuis 2023, du fait des dérogations de la préfecture, l’eau d’une grande partie de la Vienne n’est officiellement plus « potable », à cause de ces pollutions, mais « consommable ».

      L’accusation de « harceler » le monde agricole provoque ici l’agacement. « D’abord, on focalise sur le monde agricole, mais ce n’est qu’une petite partie de notre travail. On contrôle les collectivités, les entreprises, les particuliers aussi », souligne Max, la trentaine. À raison de 3 000 contrôles par an pour 400 000 exploitations, une exploitation a une chance de se faire contrôler tous les cent vingt ans. « Ici, on a verbalisé vingt exploitations sur les phytos [produits phytosanitaires – ndlr] l’an dernier sur les 3 500 du département. La vérité, c’est qu’on devrait faire beaucoup plus de contrôles. On est treize agents, ici, on devrait plutôt être quarante pour bien faire notre métier », assure-t-il.

      Car ce qu’ils racontent sur l’ampleur des atteintes à l’environnement qu’ils constatent au quotidien fait froid dans le dos. « Sur la qualité de l’eau, c’est une catastrophe ! À certains endroits, on en est venus à interconnecter des points de captage pour diluer la pollution », rapporte un policier. Un cache-misère pour rendre moins visibles des niveaux de pollution inédits.

      Julien est ici le spécialiste de l’utilisation des produits phytosanitaires. Il décrit les conséquences désastreuses de ces produits utilisés trop souvent hors des clous et qui restent parfois plusieurs décennies à l’état de métabolites dans les sols et les nappes phréatiques.

      Interdit depuis 2013, le chlorothalonil, un fongicide, continue de faire des ravages. « Il y a certaines zones dans le département où on était à quasiment 70 fois la norme ! » Pour lui, de telles concentrations indiquent que le produit a sans doute été utilisé récemment : « Les agriculteurs peuvent se fournir à l’étranger, sur Internet. »

      Depuis 2023, du fait des dérogations de la préfecture, l’eau du robinet d’une grande partie du département n’est officiellement plus « potable », à cause de ces pollutions, mais « consommable », c’est-à-dire les seuils très précis de pollution qui régissent les normes de potabilité sont dépassés mais dans des proportions qui n’impactent pas immédiatement la santé humaine. Dans ce cas, les préfectures peuvent, temporairement, publier des décrets dérogatoires. Sur le long terme, qui vivra verra… Une situation dénoncée par les associations environnementalistes dans l’indifférence générale. 

      Yves s’agace de l’aveuglement des pouvoirs publics sur le sujet : « La conscience des élus de la gravité de la situation de l’eau, elle est... faible, euphémise-t-il dans un demi-sourire. Ils ne se rendent pas du tout compte ou alors ils disent : “On va trouver des solutions curatives, on va traiter l’eau.” Mais, même dans les récentes usines de filtration à 15 millions d’euros qui ont été construites ici, on continue de trouver ces métabolites. » Il faut des filtres de plus en plus performants, plus chers et finalement payés par les contribuables.

      Moi, je n’ose même plus parler de biodiversité puisqu’on regarde toutes les populations se casser la gueule…

      Un policier de l’environnement
      Faire appliquer la loi serait, au minimum, un bon début. Mais c’est précisément ce qu’on les empêche de faire en leur imposant des procédures longues et complexes, avec très peu de moyens.

      Pour ces agents, observer au quotidien l’effondrement de la biodiversité dans l’indifférence générale est un crève-cœur. « On est un peu comme des urgentistes qui voient passer des cadavres toute la journée. Moi, je n’ose même plus parler de biodiversité puisqu’on regarde toutes les populations se casser la gueule… J’en suis juste à me dire : essayons d’avoir encore de l’eau potable demain », affirme Alain.

      Le droit de l’environnement est-il trop complexe ? Un argument qui est beaucoup revenu pendant le mouvement des agriculteurs. Alain reconnaît que certains aspects sont très techniques, y compris pour lui, mais souligne que cette complexité est souvent le fruit d’un intense travail de lobbying des industriels et des groupes de pression.

      « Le #lobbying a tendance à complexifier encore plus la loi, avec une multitude de sous-amendements parfois difficilement interprétables… On se dit que c’est exprès pour que ce soit inapplicable ! Ce serait bien de simplifier la loi mais que cette simplification ne se fasse pas au détriment de l’environnement, comme c’est la plupart du temps le cas », juge-t-il.

      Agrandir l’image : Illustration 3
      Une saisie d’un bidon de glyphosate. © Lucie Delaporte
      Julien assure que concernant les « phytos », grand sujet de crispation avec les agriculteurs, la « complexité » a bon dos : « Les exploitants ont quand même une formation pour obtenir un certificat individuel d’utilisation des produits phytosanitaires, et sur chaque bidon de phytosanitaire, la règle d’utilisation est écrite : “À ne pas appliquer à moins de 5 mètres ou 20 mètres d’un cours d’eau”, etc. »

      Dans une profession agricole qui a été encouragée à utiliser massivement des pesticides pendant des décennies, engendrant une dépendance de plus en plus grande à la chimie, certains agriculteurs préfèrent simplement ignorer des réglementations qui les contraignent.

      « On a fait des formations justement pour expliquer la réglementation. Comme sur le terrain on entend toujours que c’est très compliqué, on s’attendait à avoir des salles pleines. Sur les 3 500 exploitations dans la Vienne, une cinquantaine d’agriculteurs sont venus », soupire un agent chevronné.

      Avec des formules qu’ils veulent diplomatiques, ils décrivent tous un monde agricole qui s’est globalement affranchi des règles sur le respect de l’environnement, avec la bénédiction des pouvoirs publics qui ont décidé de fermer les yeux. « Il faudrait faire une étude sociologique : pourquoi les exploitants agricoles ne se sentent-ils jamais en infraction ? Ils nous disent : “Mais nous on gère en bons pères de famille, intéressez-vous plutôt aux délinquants, aux dealers dans les cités.” C’est quelque chose qui a été entretenu parce qu’il y a très peu de contrôles en agriculture. Et forcément, dès qu’il y en a un petit peu, tout de suite, la pression monte », analyse Julien.

      Si, de fait, les contrôles sont rares, les sanctions ne sont pas non plus très dissuasives. Dans le département, un agriculteur qui se fait contrôler pour non-respect de la loi sur l’utilisation des pesticides est condamné à faire un stage payant de 300 euros. « Ce n’est pas très cher payé quand on voit les dégâts pour les écosystèmes », soupire Alain.

      La faiblesse des contrôles pourrait d’ailleurs coûter cher à la France concernant les aides de la politique agricole commune (PAC). « Il y aurait 9 milliards d’aides et pas de contrôles ? Ça ne marche pas comme ça », relève un agent. L’Union européenne conditionne en effet ses aides au respect d’un certain nombre de règles environnementales garanties par un bon niveau de contrôle et pourrait condamner la France. 

      Ma hantise, c’est qu’un agriculteur se #suicide.

      Gilles, agent de l’OFB
      Malgré leurs vives critiques, tous les agents rencontrés insistent sur leur attachement à un monde agricole qu’ils connaissent bien et qu’ils savent effectivement en détresse. « Mon père était exploitant agricole. Je viens de ce milieu, prévient d’emblée Julien. Avec le Mercosur, l’année dernière était pourrie par le climat avec une baisse de la production… Ils ont l’impression de perdre sur tout. On est le coupable idéal parce que c’est facile de taper sur nous. »

      Essentielle à leurs yeux, leur mission de police n’est pas toujours facile à endosser. « Ma hantise, c’est qu’un agriculteur se suicide, raconte Gilles. C’est arrivé à un collègue après un contrôle. On prend le maximum de précautions, on appelle la DDT [direction départementale des territoires – ndlr] pour savoir s’il y a des risques psychosociaux avant d’intervenir chez un exploitant par exemple. »

      Faire respecter le droit de l’environnement, notamment sur les « phytos », est aussi dans l’intérêt des agriculteurs, plaident-ils. « Certains agriculteurs sont dans le déni. Moi, j’essaie de leur parler des impacts sur leur santé, celle de leur famille », explique Max. Il se souvient d’un agriculteur qui avait passé quinze jours à l’hôpital après s’être pris des pesticides en retour d’air dans la cabine de son semoir : « Il crachait du sang. Mais de là à changer… Ils sont convaincus qu’il n’y a pas d’autres solutions, alors que rien qu’en modifiant certaines pratiques, ils peuvent baisser drastiquement le recours aux phytos. »

      Il y a aussi désormais des points de non-retour. Yves se souvient de la prise de conscience d’un agriculteur qui a un jour fait venir un pédologue pour comprendre ce qui se passait sur son exploitation : « Il lui a dit que les sols de ses 600 hectares étaient morts ; ça lui a mis une claque. » Beaucoup d’agents interrogés voudraient voir leur travail à l’OFB en partie comme un accompagnement de ces agriculteurs aujourd’hui englués dans la dépendance aux produits chimiques.

      L’éclatante victoire dans le département de la Coordination rurale, qui veut supprimer le maximum de normes environnementales, ne va pas vraiment en ce sens.

      Au sein de l’antenne de Poitiers, le découragement gagne les agents. Beaucoup nous font part de leur envie d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. « Je regarde les offres d’emploi, c’est vrai », reconnaît l’un d’eux. « Je n’ai pas envie de servir de caution verte au gouvernement. Si on nous dit demain : le monde agricole, vous ne le contrôlez plus, vous faites les particuliers, les entreprises et les collectivités…, là, j’arrêterai. J’aurai l’impression de clairement voler les contribuables en prenant un salaire pour quelque chose de totalement inutile : il faut remettre les enjeux à leur place », poursuit ce jeune agent, que ses collègues décrivent comme un « monstre dans son domaine ».

      Gilles se remet mal d’une discussion récente avec une collègue. « Elle a fait vingt-quatre ans de service. Une fille hyperperformante dans plein de domaines, mais là, elle n’en peut plus. Elle a craqué nerveusement. Elle fait une rupture conventionnelle. Elle ne veut même plus entendre parler d’environnement, c’est devenu insupportable pour elle. »

  • Guerre Israël-Gaza : nombre record de suicides au sein de l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023

    https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20250102-guerre-isra%C3%ABl-gaza-nombre-record-de-suicides-au-sein-de-l-arm%C3%A

    Guerre Israël-Gaza : nombre record de suicides au sein de l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023

    L’armée israélienne a publié, jeudi 2 janvier, les données des pertes subies pour les années 2023 et 2024. Elle annonce que 921 soldats israéliens ont perdu la vie au cours de cette période. Alors qu’au moins 891 militaires ont été tués depuis les attentats du 7 octobre 2023, le nombre de suicides a également atteint un record depuis 13 ans.

  • La normalisation troublante de la mort médicalement administrée au Québec et au Canada : état des lieux – Pier-Luc Turcotte et Trudo Lemmens, Aporia – Érudit
    https://www.erudit.org/fr/revues/aporia/2024-v16-n2-aporia09675/1114546ar

    Le Québec est récemment devenu l’épicentre de l’aide médicale à mourir (AMM) dans le monde, enregistrant une hausse sans précédent du nombre de décès par AMM. L’objectif de cet article est d’entamer une discussion critique sur l’évolution de l’AMM au Québec, en s’appuyant sur l’expérience canadienne et internationale pour dégager quelques pistes explicatives propres au cas particulier du Québec. Dans un premier temps, nous reviendrons sur le cas de la Californie qui a légalisé le #suicide_assisté en même temps que le Canada mais qui n’a pas connu une hausse aussi importante. Ensuite, nous commenterons quelques aspects particuliers du système d’AMM canadien qui peuvent expliquer la hausse fulgurante de la pratique au Canada et au Québec en comparaison avec des régimes plus libéraux comme en Belgique et aux Pays Bas. Parmi les explications, nous aborderons la méconnaissance de la souffrance dans le contexte du #handicap, devenue le critère ultime pour établir l’admissibilité des personnes handicapées. Nous observons également que le débat sur l’AMM a été déformé par une rhétorique de droit constitutionnel, et par la conception de l’AMM comme un soin parmi tant d’autres, au point d’être priorisée plutôt que traitée comme un véritable dernier recours, en contraste avec d’autres juridictions. Finalement, nous évoquons la façon consensuelle dont se produisent certains débats qui ne favorisent pas l’expression d’opinions dissidentes, contribuant à camoufler certains risques de dérives bien réels.

    #aide_médicale_à_mourir #fin_de_vie

  • Je ne connais rien des circonstances de la vie de ce cheminot qui s’est jeté de son train en marche, mais l’existence d’un cheminot qui saute de son train en marche un 24 décembre nous rappelle l’existence d’un monde dans lequel le travail est organisé de telle façon qu’il est possible pour un cheminot de se jeter de son train en marche un 24 décembre, pour la simple raison qu’il était seul aux commandes de sa machine.

    (https://piaille.fr/@AttarSilas/113715209553606454)

    Mais chez Libé, on nous enjoint de pousser un gros « ouf » de soulagement puisque « le train a pu s’arrêter tout seul » ...

    La compagnie ferroviaire explique que c’est grâce au dispositif de sécurité Veille automatique avec contrôle du maintien d’appui (Vacma) que la catastrophe a été évitée. Il « permet de confirmer la présence active du conducteur en permanence » dans la cabine de conduite du train. Le conducteur doit ainsi « alternativement appuyer puis relâcher soit une pédale avec le pied soit un contacteur avec la main », détaille la SNCF. « S’il ne relâche pas la pression toutes les 30 secondes ou s’il ne réappuie pas sur le mécanisme au bout de cinq secondes, une alarme très bruyante se déclenche dans la cabine de conduite pour le faire réagir. Il a trois secondes pour le faire. »

    Holy shit ! Vu les conditions de travail dans les cabines de train, après tu t’étonnes même pas que le gars ait choisi de sauter en marche.

  • On est les meilleurs !
    Entre 2020 et 2022, 13 pays de l’UE ont enregistré au moins 488 décès en garde à vue ou lors d’interventions policières. La France présente les chiffres les plus élevés, suivie de l’Irlande, de l’Espagne et de l’Allemagne. La plupart des pays européens ne respectent pas les critères des Nations unies en matière d’enquête sur les décès survenus en garde à vue.

    https://voxeurop.eu/fr/morts-police-operations-detention-europe

  • Le #suicide des agriculteurs : un drame humain évitable

    Alors que l’#agriculture est au cœur d’un enjeu de pérennité alimentaire et de soutenabilité écologique, le #malaise est grandissant au sein des professionnels qui manquent cruellement de valorisation. Salaires au plus bas, cas de suicides en augmentation, soumission à la grande distribution et doutes quant à l’avenir du secteur : le monde agricole est en crise. Derrière le suicide des agriculteurs, un modèle à bout de souffle ?

    Comme dans la majorité des secteurs de l’économie, le modèle basé sur la croissance touche à ses limites, sociales, économiques et environnementales. La raréfaction des ressources et le changement climatique sont un des facteurs d’explication. Mais d’autres raisons peuvent être invoquées, notamment la compétitivité économique acharnée qui laisse les plus petites entreprises sur le carreau.

    Au profit d’une course à la #productivité, notre modèle de croissance prédateur met en danger les résiliences locales. Depuis quelques années, le monde agricole est touché de plein fouet par ces problématiques, avec des conséquences terribles sur les vies humaines. Une réalité à affronter si nous voulons transformer les normes du secteur en profondeur.

    Entre malaise agricole et défaillance de l’État

    En octobre 2016, le site allodocteur.fr sonnait déjà la sirène d’alarme sur francetvinfo.fr : le nombre de suicides parmi les agriculteurs était en nette augmentation – trois fois plus élevé que les années précédentes.

    En effet : « Selon un rapport datant d’octobre 2022, 529 agriculteurs affiliés se sont donné la mort en 2016 (https://statistiques.msa.fr/wp-content/uploads/2022/10/Etude-mortalite-par-suicide_ok.pdf). Ce sont les derniers chiffres publiés. Cela correspond à environ 1,5 suicide par jour » rappelle Radio France. En comparaison, entre 2010 et 2011, une étude conjointe de Santé publique France et de la MSA a recensé un total de 300 suicides en deux ans, soit environ un suicide tous les deux jours.

    Qui plus est, les agriculteurs et agricultrices sont touchées par la #surmortalité. Les forces de travail de 15 à 65 ans dans le secteur connaissent un risque de suicide de 30% supérieur aux autres catégories professionnelles (rapport 2024 sur les charges et les produits de la MSA). En outre, plus l’âge est avancé, plus le risque grandit et être propriétaire agricole décuple l’excès de risque qui grimpe à 77,3 %.

    Ces chiffres s’expliquent non seulement par le #manque_de_perspectives pour l’avenir mais aussi par l’incapacité des professionnels du secteur à vivre décemment des #revenus de leur métier. Ainsi, les chiffres indiquent qu’un tiers des agriculteurs a touché moins de 350 euros par mois en 2015. Qui pourrait vivre dans de telles conditions ? Ce malaise est de plus transversal, puisqu’il concerne la très grande majorité des métiers du secteur.

    « Endettés jusqu’au cou et soumis à un #travail harassant, la plupart de nos agriculteurs s’interrogent sur leur devenir : ne risquent-ils pas de tomber prochainement en faillite et de renoncer à leur métier avant même de partir à la retraite ? » se demandait l’agronome Marc Dufumier dans un plaidoyer consacré aux rendements et à la soutenabilité économique des pratiques agricoles alternatives (#agroécologie et #permaculture) publié par l’association Fermes d’avenir (https://fermesdavenir.org/plaidoyer).

    À l’heure où des solutions plus écologiques s’imposent, ne faut-il pas repenser l’agriculture dans son intégralité ? Comme le soulignent diverses analyses, le modèle productiviste touche à ses limites : au nom de la production de masse à bas prix, il empêche les agriculteur de vivre dignement, tout en étant à l’origine de pollutions importantes, toxiques pour la viabilité des sols donc la pérennité du #métier_agricole, et délétères pour toutes les vies sur terre, celles du #monde_paysan au premier rang.

    Le #modèle_agricole en cause

    Les maux sont bien connus : au cours du 20ème siècle, le secteur s’est tourné vers une logique industrielle, remettant en cause le fonctionnement traditionnel du secteur. Une transition alors séduisante et une promesse de voir la #pénibilité du travail diminuer tout en augmentant les #rendements.

    Soumis rapidement à une #concurrence impitoyable, les paysans n’ont d’autres choix que continuer à augmenter la vitesse d’exploitation pour réduire les #prix. Très vite, la logique productiviste s’impose. Ce modèle contemporain entraîne des aberrations : « nombre de producteurs français traversent une crise majeure face à la concurrence des autres pays européens en raison de la #surproduction, notamment dans les secteurs de la viande porcine, bovine et du lait », note Libération.

    De fait, les agriculteurs ne sont pas sortis gagnants de cette #reconversion, puisque comme le notait #datagueule 69, le #revenu net réel des entreprises agricoles a diminué de 56% entre 1960 et 2004, pendant que les rendements, eux, doublaient. Dans le même temps, l’#autonomie_alimentaire des populations au niveau mondiale reste précaire et une personne sur cinq est victime de la faim en 2023, soit un chiffre qui a doublé en 10 ans. Que de paradoxes.

    Pourtant, malgré toutes ces difficultés, l’État tarde à soutenir la transition vers un modèle durable. Ainsi, comme le rapporte Reporterre, l’État français multiplie les retards dans le versement des #aides qui sont dues aux agriculteurs bio. Légitimement, les personnes concernées « s’interrogent sur la volonté du gouvernement de les soutenir et de promouvoir leur mode de production ». De fait : « Ce traitement de défaveur n’est pas nouveau et ne peut plus durer », affirme la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) dans un communiqué.

    Mais les #alternatives existent. De nombreuses exploitations, comme celle du Bec-Hellouin, montrent le chemin d’un modèle plus durable et rentable pour les producteurs. Par ailleurs, malgré les doutes qui traversent le secteur, des personnes restent attirées par la profession, à l’image d’une jeunesse néorurale en quête de sens : par exemple dans les Côtes-d’Armor avec cette ancienne porcherie transformée en ferme par un collectif, ou dans la ferme reprise des Arondes, en Belgique.

    Enfin, bonne nouvelle : la surface totale des exploitations agricoles biologiques continue de progresser. Cependant, les incitations à l’évolution du secteur, offrant notamment un meilleur revenu aux « nouveaux agriculteurs », restent limitées et la transition écologique du secteur doit être clairement et généreusement soutenue par des aides revalorisantes d’un métier d’utilité publique, pour ne pas dire vital.

    https://mrmondialisation.org/le-suicide-des-agriculteurs-un-drame-humain-evitable
    #agriculture #endettement #industrialisation #industrie_agro-alimentaire

  • Royaume-Uni : depuis le début de l’année, deux fois plus de demandeurs d’asile pris en charge par l’État sont décédés par rapport à 2023 - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/59210/royaumeuni--depuis-le-debut-de-lannee-deux-fois-plus-de-demandeurs-das

    Royaume-Uni : depuis le début de l’année, deux fois plus de demandeurs d’asile pris en charge par l’État sont décédés par rapport à 2023
    Par La rédaction Publié le : 19/08/2024
    D’après les chiffres obtenus par The Guardian, 28 migrants sont décédés dans les installations pour demandeurs d’asile britanniques, contre 13 sur les six premiers mois de l’année dernière. Le nouveau gouvernement britannique pourrait être amené à changer de politique d’hébergement après les nombreux incidents survenus ces derniers mois dans les hôtels et barges flottantes pour demandeurs d’asile.
    C’est un chiffre qui inquiète les associations d’aide aux migrants Outre-Manche. 28 demandeurs d’asile sont décédés entre janvier et juin 2024 dans les installations pour demandeurs d’asile britanniques, révèle le journal The Guardian, soit plus de deux fois plus que sur la même période en 2023 (13 décès). « Le fait qu’il y ait eu une forte augmentation du nombre de décès de personnes dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile est profondément troublant », a déclaré au quotidien le directeur du Conseil britannique pour les réfugiés, Enver Solomon.
    Sur le plus long terme, les chiffres montrent que les 217 décès recensés depuis avril 2016 se sont concentrés sur les quatre dernières années. Il n’y a eu que 28 décès entre avril 2016 et décembre 2019, contre 189 entre janvier 2020 et juin 2024, soit 87 % du nombre total pendant toute la période. D’après le journal anglais, cette hausse des décès s’explique par le changement de politique d’accueil des demandeurs d’asile opéré ces dernières années. Là où le gouvernement britannique privilégiait avant la pandémie un hébergement dans des logements partagés, il a depuis décidé de relocaliser les arrivants dans des hôtels, des bases militaires réaménagées, ou encore des barges flottantes, à l’image de Bibby Stockholm, à Portland, que le nouveau gouvernement travailliste veut fermer.
    Les données de 2024 ne permettent pas encore de connaître la cause des décès. Si la plupart de ces décès résultent de maladie ou de vieillesse, plusieurs demandeurs d’asile se sont suicidés en 2023, dont Léonard Farruku, décédé le 12 décembre sur la barge Bibby Stockholm. Le corps de cet Albanais de 27 ans avait été découvert dans une des toilettes du bateau où sont retenus les exilés en attendant le traitement de leur dossier. Le recours à cette barge, dénoncé par de nombreuses associations d’aide aux migrants, est destiné à réduire la facture de l’hébergement des demandeurs d’asile qui s’élevait à 7 millions de livre par jour.
    Selon The civil fleet, un site d’information militant britannique, on comptabilise quatre suicides et quatre morts suspectes en 2023, contre trois suicides en 2022 et deux en 2021. Plus récemment, ce sont plusieurs hôtels utilisés pour héberger des demandeurs d’asile qui ont été pris pour cibles par des manifestants lors d’émeutes xénophobes causées par l’extrême droite. Le nouveau Premier ministre travailliste Keir Starmer a depuis condamné « un acte de brutalité organisé et violent qui n’a pas sa place dans nos rues ou en ligne. » Selon les derniers chiffres de l’Observatoire des migrations parus en juillet, près de 120 000 demandeurs d’asile attendent toujours une décision du Home Office sur leur sort. De leur côté, les arrivées en small-boat sont reparties à la hausse depuis le début de l’année avec plus de 18 000 arrivées.

    #Covid-19#migration#migrant#royaumeuni#asile#mortalite#suicide#sante#santementale#hebergement#retention

  • Déraçiné/e/e
    https://www.berliner-zeitung.de/news/frau-in-wilmersdorf-erstochen-verdaechtiger-toetet-seine-mutter-und
    Il est évident qu’il faut faire quelque chose. Le nombre d’hommes et de femmes augmente qui ont quitté leur lieu de naissance sans trouver un nouveau chez soi à l’endroit où ils sont arrivés. Contre les tragédies il n’y a de meilleur moyen que l’esprit ouvert et acceuillant des personnes sur place. La politique et l’opinion publique favorisent le contraire. Il y a trop de victimes de cette attitude. Là trois Russes ont perdu la à Berlin vie parce qu’il et elles n’ont pas été entourés comme il nécessaire.

    Frau in Berlin-Wilmersdorf erstochen: Verdächtiger tötet Mutter und sich selbst

    4.6.2024 Christian Gehrke - Die Polizei Berlin hat den Verdächtigen in einem Tötungsdelikt tot aufgefunden. Zusammen mit seiner Mutter lag er leblos in einer Wohnung im Ernst-Bumm-Weg, unweit vom Schloss Charlottenburg

    Der Mann, der im Verdacht steht, am Dienstag vor einer Woche eine 43-jährige Frau in der Jenaer Straße in Berlin-Wilmersdorf getötet zu haben, ist ebenfalls tot. Nach Angaben der Polizei wurde der 46-Jährige am Montag leblos in der Wohnung seiner Mutter im Ernst-Bumm-Weg in Berlin-Charlottenburg gefunden. Auch für die 76-jährige Mutter kam jede Hilfe zu spät.

    Die Polizei geht davon aus, dass der 46-Jährige bereits vergangene Woche erst sie und danach sich selbst getötet hat. Beide Frauen und auch der Tatverdächtige haben nach Informationen der Berliner Zeitung russische Wurzeln und lebten schon länger in Deutschland.

    Der Tatverdacht gegen den 46-Jährigen habe sich im Lauf der Ermittlungen der Mordkommission bereits unter anderem aus Zeugenaussagen ergeben, teilte die Polizei mit. Ein Haftbefehl gegen den gebürtigen Moskauer war bereits erlassen worden und sollte am Montag vollstreckt werden.

    Laut Polizei soll der 46-Jährige die vor einer Woche getötete Frau vor mehreren Jahren im Zusammenhang mit seiner Arbeit als Fahrlehrer kennengelernt haben. In der Folgezeit sollen der Fahrlehrer und die verheiratete Frau eine Liebesbeziehung eingegangen sein, die die 43-Jährige aber schließlich beendet hatte. Diese Trennung soll der nun Verstorbene aber nicht akzeptiert haben, weshalb er am 28. Mai auf offener Straße auf die Frau eingestochen und sie so tödlich verletzt haben soll.

    Nicht einmal eine Woche nach dem 28. Mai ereignete sich in der Gartenstraße in Berlin-Köpenick ein weiterer Femizid. Ein 34-jähriger Mann tötete am Montag seine Ex-Partnerin in der Wohnung, die beide noch gemeinsam hatten.

    #Berlin #Wilmersdorf #Jenaer_Straße #Charlottenburg #Ernst-Bumm-Weg #suicide #meutre