#suisse_coloniale

  • Sur les traces des colons suisses au Brésil et de leurs esclaves

    Des colons suisses ont été propriétaires d’esclaves à #Bahia au Brésil, un pan sombre de l’histoire de notre pays qui remonte au 19e siècle. Une époque de plus en plus documentée par les historiens, mais qui reste taboue.

    Dans les forêts de Bahia, au Brésil, des vestiges remontant à 150 ans témoignent d’une histoire sombre. « Là-bas, il y avait la ferme », raconte Obeny dos Santos dans l’émission Mise au Point. « Et ici en bas, les #esclaves étaient emprisonnés, torturés. » Cette ferme appartenait à des colons suisses, propriétaires d’esclaves.

    « Regardez comme la structure était bien faite », explique Obeny dos Santos, en montrant des restes de murs mangés par la végétation. « C’est là que les esclaves étaient enfermés. Ils travaillaient pendant la journée et la nuit, on les bouclait là-dedans. » Attachés par des chaînes à un poteau de métal, aucune chance de s’enfuir.

    Les autorités suisses nient

    Les autorités suisses ont toujours nié avoir pris part aux horreurs de l’esclavage. Quelques financiers et commerçants auraient bien participé à cette #exploitation_forcée, mais dans le dos de la Confédération.

    Hans Faessler, un historien engagé, conteste cette vision des choses, documents à l’appui. Aux Archives fédérales de Berne, il présente un écrit exceptionnel : un rapport que le Conseil fédéral a rédigé en 1864 pour le Parlement, et qui concerne les Suisses établis au Brésil qui possèdent des esclaves.

    Premier constat : le Conseil fédéral est bien informé de la situation. Il connaît même le prix d’un esclave, entre 4000 et 6000 francs suisses.

    « Ce rapport est vraiment un document de grande importance pour l’histoire coloniale de la Suisse », souligne Hans Faessler. « Pour la première fois, la question de l’esclavage apparaît au Parlement suisse. Dans le rapport, le Conseil fédéral admet (...) qu’il y a des Suisses, des propriétaires de #plantations, des négociants et aussi (...) des artisans qui possèdent des esclaves. »

    Ce #rapport du Conseil fédéral répond à une motion de #Wilhelm_Joos, un médecin et conseiller national schaffhousois, qui s’est rendu dans les colonies suisses de Bahia. « Apparemment, Wilhelm Joos était choqué par la réalité de l’esclavage en #Amérique_latine, au Brésil, et la première motion qu’il a déposée au Conseil national demandait des mesures pénales contre des Suisses qui possédaient des esclaves au Brésil », détaille l’historien.

    Des traces encore vives au Brésil

    Le petit village d’#Helvetia, au sud de Bahia, garde aussi des #traces de cette époque. Son nom rappelle la présence de colons vaudois, neuchâtelois ou bernois durant tout le 19e siècle. Ici, on produisait de manière intensive du #café et du #cacao, une production impossible sans esclaves, beaucoup d’esclaves.

    « Il y en avait environ 2000, ils étaient largement majoritaires. C’est pourquoi aujourd’hui à Helvetia, 95% de la population est noire », raconte Maria Aparecida Dos Santos, une habitante d’Helvetia. Ses arrière-arrière-grands-parents ont été déportés d’Angola, avant d’être vendus aux colons suisses, envoyés dans les plantations et traités comme du bétail.

    « Les esclaves vivaient tous ensemble, entassés dans une grande écurie commune », décrit-elle. « Ils n’avaient pas d’intimité, pas de liberté, pas de dignité. Les colons violaient les femmes noires. »

    Et de souligner encore une autre pratique des colons : « Ces femmes noires étaient aussi considérées comme des reproductrices, donc les colons réunissaient des hommes forts et des femmes fortes pour fabriquer des enfants forts destinés spécifiquement à travailler dans les plantations ».

    Pour elle, cette histoire est « tellement triste que les gens essayent de l’oublier ». Même si depuis des années, des livres d’histoire racontent ces faits, « pour les gens, ces histoires ont représenté tant de #souffrance qu’ils ont essayé de les effacer de leur #mémoire, et donc de l’effacer de l’histoire ».

    Selon les autorités suisses de l’époque, « aucun crime » à dénoncer

    Les propriétaires suisses d’esclaves n’ont jamais été inquiétés par les autorités helvétiques. Pire, le Conseil fédéral de l’époque prend la défense des colons.

    « Le Conseil fédéral dit que l’esclavage pour ces Suisses est avantageux, et qu’il est normal », montre l’historien Hans Faessler dans le rapport. « Et il est impossible de priver ces ’pauvres’ Suisses de leur propriété qu’ils ont acquise légalement. »

    Selon le Conseil fédéral de 1864, ce n’est pas l’esclavage qui est injuste et contre la moralité, puisqu’il n’implique aucun #crime. Au contraire, aux yeux du gouvernement de l’époque, c’est « pénaliser les Suisses qui possèdent des esclaves qui serait injuste, contre la #moralité et constituerait un acte de violence ».

    « Le Conseil fédéral devient le dernier gouvernement de l’Occident qui banalise, qui justifie et qui excuse le crime de l’esclavage », insiste Hans Faessler. A cette date, la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont déjà aboli l’esclavage. Les Etats-Unis mettront eux un terme à cette pratique en décembre 1865.

    « Les esclaves travaillaient du lever au coucher du soleil »

    A quelques kilomètres d’#Ilheus, se trouve la #Fazenda_Vitoria, « Ferme de la victoire », l’une des plus grandes exploitations de la région. Près de 200 esclaves y cultivaient la #canne_à_sucre. Aujourd’hui la ferme est à l’abandon et son accès est interdit.

    Depuis plus de 40 ans, Roberto Carlos Rodriguez documente l’histoire de cette exploitation, où ses aïeux ont travaillé comme esclaves, et celle de ses propriétaires suisses.

    « #Fernando_von_Steiger était le deuxième plus grand propriétaire d’Africains réduits en esclavage dans le sud de Bahia », raconte Roberto Carlos Rodriguez. « Ici, les esclaves travaillaient du lever au coucher du soleil. Ils se réveillaient à cinq heures du matin, devaient donner le salut au patron. Ensuite, ils commençaient le travail. C’était un travail difficile et, comme dans d’autres fermes, l’esclave vivait très peu de temps. Au Brésil, l’espérance de vie d’un esclave était de sept ans. »

    Quand on évoque avec Roberto Carlos Rodriguez l’implication des autorités suisses dans l’esclavage, la colère se fait froide.

    « Cette ferme a été exploitée au plus fort de l’esclavage par deux Suisses. #Gabriel_Mai et Fernando von Steiger ont été financés par des maisons de commerces suisses », souligne-t-il. « De ce point de vue, il est de notoriété publique que le gouvernement suisse a investi dans l’esclavage par l’intermédiaire de ces #maisons_de_commerce. Dire que la Suisse n’a pas contribué à l’esclavage, c’est comme dire que le soleil ne s’est pas levé ce matin. »

    Quelle réaction aujourd’hui ?

    La conseillère nationale socialiste bâloise Samira Marti a déposé en 2022 une interpellation qui demande au Conseil fédéral de se positionner sur le rapport de 1864. C’est la 8e interpellation en une vingtaine d’années. A chaque fois, la réponse du Conseil fédéral est la même : « Les autorités fédérales d’alors ont agi conformément aux normes des années 1860 ».

    « C’est un peu scandaleux que le Conseil fédéral dise toujours que c’était seulement l’esprit du temps. Et que ce n’était pas l’Etat qui s’engageait dans l’esclavage », réagit l’élue bâloise. « Ce n’était vraiment pas normal. (...) Et la Suisse a quand même continué à accepter l’esclavage », souligne Samira Marti.

    L’élue socialiste réclame de la clarté de la part du gouvernement sur cette vision de l’histoire. « C’est important qu’aujourd’hui, le Conseil fédéral soit assez clair (...). Aussi pour aujourd’hui, aussi pour le futur, sur les discussions sur le racisme, sur l’inégalité globalement. » Et d’appeler même le gouvernement à corriger cette vision de l’histoire.

    Peur d’éventuelles demandes de réparation, embarras face aux compromissions passées, les autorités fédérales s’accrochent pour l’instant à leur version de l’histoire. Elles ont refusé toutes les demandes d’interview de Mise au Point.

    Dans l’autre Helvetia, même si l’exercice de la mémoire est aussi douloureux, Maria Aparecida Dos Santos espère trouver dans le passé des réponses à son présent et à celui de sa communauté. « J’ai envie aujourd’hui de faire des recherches parce que je sais qu’il existe des historiens à Salvador de Bahia qui travaillent sur le sujet. Il y a des livres qui racontent ce qui s’est passé à cette époque. Je me suis rendu compte que je ne connaissais pas ma propre histoire, et ça, ça suscite en moi un vide, une sensation intérieure forte… très forte. »

    https://www.rts.ch/info/suisse/14644060-sur-les-traces-des-colons-suisses-au-bresil-et-de-leurs-esclaves.html

    #Brésil #Suisse #histoire #histoire_coloniale #colonialisme #colonisation #Suisse_coloniale #esclavage #torture #tabou

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  • Géographie et #impérialisme. De la Suisse au #Congo entre #exploration géographique et conquête coloniale

    #Gustave_Moynier, cofondateur de la Croix-Rouge, a-t-il également cofondé l’État indépendant du Congo ? Ce régime brutal d’extraction du caoutchouc dirigé par Léopold II voit le jour en 1885 à la suite d’une décennie d’événements exploratoires et conquérants. La Suisse participe à ces événements par le biais des sociétés de géographie dont #Moynier fait partie.
    Loin de se limiter à dévoiler un aspect sombre de la vie de cet homme, l’ouvrage de #Fabio_Rossinelli montre l’intégration – économique, culturelle, voire politique – de la bourgeoisie helvétique à l’#impérialisme_colonial du xIxe siècle. Pour ce faire, l’histoire des associations géographiques en Suisse est analysée en perspective internationale. Jusqu’à la Grande Guerre, ces sociétés représentent, à côté d’autres milieux, des cénacles où se produit un discours raciste accompagné d’actions expansionnistes.

    https://www.alphil.com/livres/1134-1255-geographie-et-imperialisme.html

    #livre
    #colonialisme #Suisse_coloniale #colonialisme_suisse

    pdf en open access :
    https://www.alphil.com/index.php?controller=attachment&id_attachment=261

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    • Book review : Géographie et impérialisme : de la Suisse au Congo entre exploration géographique et conquête coloniale

      What was Switzerland’s role in colonization? If you have ever wondered about this, Rossinelli’s historical account can provide a rich and detailed interpretation of a lesser-known part of the story: the role of Swiss geographic societies and Swiss participation in Belgian King Leopold II’s project to colonize a vast part of central Africa (today’s Democratic Republic of Congo). Rossinelli’s conclusion shows how political the discipline and practice of geography is, bringing geography beyond a technical exercise, showing how expansionist politics by Swiss geography associations were part of a broader dynamic typical of other European geography associations at the time. What makes the Swiss endeavour different is that although Switzerland never formally colonized another country, it supported the efforts of others, benefitting economically from these efforts, while also identifying new places, such as Brazil, for Switzerland’s economic migrants.1 Swiss imperialism, as skilfully demonstrated by Rossinelli, was presented publicly under the guise of a “civilizing” mission of African peoples along with anti-slavery campaigns, led by the Swiss bourgeoisie. But as Rossinelli shows us in great detail, this contradictory mission was often overshadowed by economic and other aspects. How does the author lead us to these conclusions? Rossinelli draws on archival sources to immerse the reader in the national and international meetings in which the imperialistic Swiss projects were discussed and in the texts which these institutions published. The reader often feels as if they have attended a conference in question, knowing the order of events, speakers, and key aspects of their speeches and conclusions.

      The book is divided into four parts. After the introduction, the second part of the book is dedicated to understanding the foundational objectives and operations of eight Swiss geographical associations. Each of these associations held different objectives: some focused on furthering the textile or watch-making markets abroad by using the colonies of other European countries as a place of commerce, other associations were interested in finding places for Swiss to migrate, while yet others focused on collaborating with Swiss missionaries to document local cultures or make natural-history collections. Some of these efforts resulted in Switzerland’s largest collections of ethnographic and natural-history objects. Such collections today contribute to current debates on the restitution of these objects (Sarr and Savoy, 2018), as well as the modern role of these institutions (Vergès, 2023). Rossinelli demonstrates how Switzerland’s geographic associations contributed to imperialistic ideologies and created a pressure from within Switzerland to participate in colonization projects in Africa in particular. The third part of the book reviews and analyses the Swiss production of academic journals, their context, and their influences. Here we see the diffusion of geographic journals throughout Europe and in relation to other European colonization projects.

      In the fourth part of the book, Rossinelli explores how Swiss geographic societies supported one of the largest colonial projects in Africa: that of the former Belgian Congo. The reader finds out how the project was launched internationally through the International African Association, soliciting support of European countries to the king’s private project, including Switzerland. Geographic exploration is seen as a catalyst of colonial expansion in Central Africa. Swiss geographers formed a national chapter to support the initiative and held a series of conferences throughout Switzerland. One of the more interesting roles explored is that of arbitrator. Given that Switzerland had not directly colonized any part of Africa, the country was seen as neutral and able to judge cases of conflict between colonizing countries such as Belgium and Portugal disputing rights to trade at the mouth of the Congo River. During this time, we see Switzerland launch geographic journals as well as the monthly Afrique explorée et civilisée (1879–1894), as part of a communication campaign to the general public. Rossinelli makes connections between Swiss bourgeoisie involvement in both the Red Cross and colonial developments and discusses the role of Swiss banks in the Belgian project.

      I can critique two aspects of this highly engaging and informative work. First, the attention to detail is sometimes to an extreme. The author often opens and closes long detailed parenthetical statements about specific people, events, or places. This sometimes makes reading through parts of the work laborious. But this detail is also at times necessary to make his arguments. Secondly, Rossinelli at times uses the word indigène rather than autochthone to refer to African peoples. This is surprising but perhaps not intentional. In the Francophone literature, especially regarding movements for Indigenous rights and from the United Nations (African Commission on Human and Peoples’ Rights and International Work Group for Indigenous Affairs, 2005; Bellier, 2009), this word is expressly avoided because it links their identity to colonialism. The colonial-era policy of the indigénat, a regime in French colonies which classified Africans as French nationals without citizenship rights, viewed local people as labourers for colonial projects (Tsanga et al., 2022). Even if this book recounts colonial expansion in Africa, the African people affected have histories well beyond their colonial encounters with Europeans: their history does not start or stop with colonialism (Táíwò, 2019), and so the word indigène could have been replaced with autochthone more regularly to strongly signal this issue.

      Throughout the book, Rossinelli interprets the racist history of Swiss geographical associations vis-a-vis Africa, examining why these associations viewed Africa – unlike Asia – as a place without history. The author shows how despite the critical report about the Belgian Congo’s treatment of Congolese people by African-American lawyer George Washington Williams highly reported in European newspapers, the Swiss press defended the Belgian project, insisting that treatment was no worse than that of agricultural workers in Switzerland. Rossinelli also details several racial discourses found in the geographical-society journals, how missionaries were vectors of racism and cultural-superiority exercises, and how cartographic exercises and related reports held a colonial gaze of racial superiority and environmental determinism.

      Rossinelli’s work joins others on the topic of Switzerland and colonization.2 This book situates geographical societies of Switzerland in their colonial roots. And it joins works querying the colonial history of Switzerland (Purtschert and Fischer-Tiné, 2015); racial aspects of colonial history (dos Santos Pinto et al., 2022); and recent efforts focusing on decolonizing it, such as those of the city of Zurich (Brengard et al., 2020), the Musée d’Ethnographie de Genève (de Genève, 2020), requests for removals of colonial-era statues (Fall, 2020), or efforts to decolonize the Zoo Zurich (Sithole et al., 2021). Overall, this work, in all its detail, is a must-read for those who are interested in Switzerland’s imperialist agenda at the time and the various roles it held in Europe’s colonial expansion in Africa.

      https://gh.copernicus.org/articles/78/337/2023

  • Colonial Entanglements in Basel
    https://visionscarto.net/colonial-entanglements-in-basel

    Never having had direct colonies itself, Switzerland is not generally associated with colonialism. Yet with an increasing global mobilization around the issues of racial injustice and colonial systems of power, there is a renewed sense of urgency in analysing complicities in colonialism and slavery which go far beyond engaging in direct political and military imperialism. This interactive map shows how the history of Basel is interwoven with the history of colonialism. by Claske Dijkema (...) #Articles

  • Une étude fine et détaillée des controverses autour de la statuaire associée à l’esclavagisme, au travers de l’exemple de la ville suisse de Neuchâtel. Analyses et vocabulaires un peu complexes pour des A1 mais l’essentiel demeure accessible.

    La statue, l’esclavagiste et le contre-monument contestés
    https://aoc.media/analyse/2023/02/07/la-statue-lesclavagiste-et-le-contre-monument-contestes

    La statue, l’esclavagiste et le contre-monument contestés

    Par Bertrand Tillier, Historien

    Fin décembre 2022, à Neuchâtel, une récente installation d’art contemporain, conçue comme réponse à la statue de l’esclavagiste David de Pury contestée en 2020 par des militants se revendiquant de « Black Lives Matter », a été à son tour maculée de peinture. Ce dispositif didactique et conceptuel déployé dans l’espace public, qui compte parmi les premiers adoptés en Europe pour réparer symboliquement les mémoires citoyennes blessées, est un contre-monument ironique, temporaire et anti-monumental (...).

    Lire la suite sur le site d’ AOC après vous être inscrits et identifiés.

    #esclavage #mémoire #réparations #statuaire

    • Espace public genevois et héritage colonial. Les esclaves de Monsieur Gallatin. Invitation

      Madame,
      Monsieur,

      La Ville de Genève a décidé d’empoigner le sujet des hommages rendus dans l’espace public - par des monuments ou des noms de rues - à des personnalités ayant encouragé le racisme, l’esclavagisme et le colonialisme.

      Le rapport commandité par la commune auprès de MM. Mohamedou et Rodogno a été publié ce printemps : “L’idée d’effacer l’histoire n’est pas une option viable, comme celle d’invisibiliser continuellement et impunément des actions passées racistes, esclavagistes ou coloniales ne peut en être est une, affirme ce rapport. La notion même de [commémoration] dans l’espace public doit être réexaminée afin de dire l’histoire différemment et la dire entièrement.” Et, à cet effet, il est important ”d’impliquer les associations issues de la société civile, le monde associatif et les acteurs locaux, y compris les sociétés d’histoire locales ”.

      Du coup, c’est aussi le rôle des “Editions Parlez-moi de Saint-Jean”, une part intégrante de la Maison de Quartier de Saint-Jean, de lancer le débat public à partir de problématiques situées dans l’espace local, de faire émerger les questions, d’essayer de “dire l’histoire différemment et entièrement” afin de participer à l’élaboration d’une mémoire collective locale et de la réactualiser. (Pour voir les publications des éditions : https://mqsj.ch/parlez-moi-de-saint-jean#ouvrages).

      Le rapport ayant fait figurer l’Avenue De-Gallatin dans sa liste des sites et symboles genevois concernés par cette problématique, la Maison de Quartier de Saint-Jean et le Forum Démocratie participative 1203 ont décidé de consacrer un de leurs “apéros-débats” à la question des “esclaves de Monsieur Gallatin”. Vous trouverez ci-joint le flyer de cette manifestation qui renferme quelques explications supplémentaires.

      Nous espérons que cette initiative retiendra votre attention et nous nous réjouissons de vous accueillir à cet apéro-débat, jeudi prochain, 17 novembre, à 18h 30 (fin à 20 heures) à la Maison de Quartier de Saint-Jean. Nous vous remercions d’avance de bien vouloir faire circuler cette information auprès de toute personne intéressée.

      Pour la Maison de Quartier de Saint-Jean (www.mqsj.ch) :
      Pierre Varcher, membre du comité

      PS Vous pouvez consulter l’article de présentation de cet apéro-débat dans le dernier Quartier Libre, journal de la Maison de Quartier de Saint-Jean, p. 11 :


      téléchargeable :
      https://mqsj.ch/wp-content/uploads/2022/09/QL127-1.pdf

      #héritage_colonial #colonialisme #espace_public #toponymie #toponymie_politique #invisibilisation #histoire #commémoration #mémoire_collective

  • #Helvécia. Une histoire coloniale oubliée

    Dans son exposition photographique « Helvécia. Une histoire coloniale oubliée », le MEG lève le voile sur un aspect peu connu de l’histoire helvétique. Si la Suisse n’a jamais eu de pays placés sous sa #domination, elle a néanmoins collaboré avec des puissances coloniales à l’#appropriation de terres étrangères et à la pratique esclavagiste.

    L’exposition du MEG présente la rencontre avec les habitant-e-s d’Helvécia au #Brésil, au croisement d’une quête identitaire et d’une recherche sur le passé de cette ancienne colonie suisse.

    https://www.youtube.com/watch?v=ruoxD4d0vU4&feature=emb_logo


    https://www.meg.ch/fr/expositions/helvecia-histoire-coloniale-oubliee
    #colonialisme #colonisation #Suisse #Suisse_coloniale #colonialisme_suisse #exposition #photographie #esclavage #Helvecia #Dom_Smaz

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    voir aussi :
    #Helvécia : A Swiss Colonial History in Brazil
    https://seenthis.net/messages/972693

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  • #Helvécia : A Swiss Colonial History in Brazil

    The most “African” of the Brazilian villages in the south of Bahia bears a Swiss name: Helvécia. It was founded 200 years ago by Swiss and German colonists, and the coffee grown on its vast estates produced great wealth for them. This would not have been possible without exploitation: in the mid-nineteenth century, for 200 white colonists, there were 2,000 slaves of African origin. Black people still make up the majority of the population today; many do not know the origins of their community.

    With great sensitivity and in dialogue with the inhabitants, Swiss photographer Dom Smaz goes in search of traces of the past, capturing the lives of the local people. Smaz’s pictures and text
    contributions by internationally renowned post-colonialism-expert Shalini Randeria, among others, allow a new look at history and the origins of Switzerland’s wealth, revealing global histories of
    interconnectedness and power relations of the past that continue into the present.

    https://www.lars-mueller-publishers.com/helv%C3%A9cia-swiss-colonial-history-brazil

    #Brésil #colonialisme #Suisse #Suisse_coloniale #colonisation #café #plantation #exploitation #esclavage #histoire #livre

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  • Au revoir #Algérie

    Qui sait que les Suisse·esse·s ont émigré en Algérie ? Une migration économique, certes, mais qui a tout de même contribué à la colonisation française controversée. On se souvient mieux par contre que les bons offices de la Confédération suisse ont facilité l’indépendance de l’Algérie vis-à-vis de la France. En effet, la Suisse a accueilli des indépendantistes et des réfugié·e·s algérien·ne·s, ainsi que fourni une aide au développement.
    La Suisse a bien participé à la colonisation, sans pour autant posséder de colonies au sens administratif du terme. Les Suisse·esse·s, en tant qu’Européen·ne·s, étaient souvent perçu·e·s comme des colonisateur·trice·s. Or, l’étaient-ils·elles vraiment ? Et de quelle manière ?
    À travers l’histoire d’une famille, cette bande dessinée retrace la présence suisse en Algérie. Les colons, la relation avec les Algérien·ne·s, l’exportation d’une « suissitude » imaginaire et de présumées valeurs suisses, les heurts et les rencontres, et finalement le « retour » d’outre-mer qui ressemble à une odyssée. Elle décrit l’arrivée dans ce qu’on considère comme son pays d’origine mais dans lequel on ne se reconnaît pas, où la tutelle nécessaire semble inexistante, où les promesses faites ne sont pas tenues. Le « retour » perçu comme une punition : on se sent victimes oubliées et sans droits.

    https://www.seismoverlag.ch/fr/daten/au-revoir-algerie

    #BD #émigration #Suisse #livre #bande_dessinée #migrations #histoire #colonisation #colonisation_française #bons_offices #aide_au_développement #réfugiés_algériens #nationalisme

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  • Voices from an Archived silence

    A research exhibition on Basel’s colonial entanglements

    Although Switzerland did not have its own colonies, it was nevertheless involved in colonialism. University research in particular benefited from the imperial endeavours of the European colonial powers. In the service of science, the two Basel naturalists Fritz and Paul Sarasin brought exotic animals and plants, ethnological and archaeological objects as well as skulls and skeletons to Basel. The foundation was laid for one of the largest ethnological collections in German-speaking Europe.
    Vera Ryser and Sally Schonfeldt, based on Bernhard Schär‘s “Tropenliebe” study, searched the Basel archives for the legacy of the two naturalists and invited artists from Sri Lanka and Indonesia to examine the archive material from their perspective. The result is various independent artistic works, all of which activate voices that were not previously available in the archives. Deneth Piumakshi traveled to Sri Lanka after doing research in the Basel Archives and interviewed people in the villages where the Sarasins had researched over 136 years ago. Rahmat Arham, Julia Sarisetiati, Jimged Ary Sendy Trisdiarto and Angela Wittwer deal with resistance stories during the Indonesian colonial period. The duo Ryser+Schonfeldt asked themselves what the objects from Sri Lanka and Indonesia in the Basel collections convey about themselves and the different colonial contexts in which they are involved, if they could tell us their own story. Together, the total of ten artistic works create a visual world that shows the colonial connections between Sri Lanka, Switzerland and Indonesia around 1900 and negotiate in a contemporary way.
    The content of the exhibition corresponded to the premiere of the theatre Play „Wiederauferstehung der Vögel“ (Resurrection of the Birds) by the in-house author Thiemo Strutzenberger and was shown in parallel to the exhibition in Basel Theater. In addition, a public programme consisting of discussions with experts, artists and scientists examined the possibilities for dealing responsibly with the past from our present, focused specifically on Switzerland.

    https://denethpiumakshi.com/?page_id=122

    #exposition #Suisse #colonialisme #colonisation #Suisse_coloniale #colonialisme_suisse #art #art_et_politique #exotisme #Fritz_Sarasin #Paul_Sarasin #Sarasin #Bâle #Sulawesi #Sri_Lanka

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  • Une #statue bien encombrante

    Neuchâtel mise sur des œuvres d’art et son Musée d’art et d’histoire pour « décoloniser » la #place_Pury. L’avenir de la statue du négociant n’est pas bien défini.

    (#paywall)
    https://lecourrier.ch/2021/11/11/une-statue-bien-encombrante

    #Neuchâtel #Suisse #de_Pury #Pury #Suisse #Suisse_coloniale #décolonial

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  • «Die damaligen Argumente klingen sehr vertraut» | WOZ Die Wochenzeitung
    https://www.woz.ch/-ae38

    Schweizer Wiedergutmachung
    «Die damaligen Argumente klingen sehr vertraut»

    Der Historiker und SP-Politiker Hans Fässler fordert, dass die Schweiz Sklavereireparationen zahlt. Bloss weil dies komplexe Fragen aufwerfe, dürfe man sich nicht aus der Verantwortung stehlen.

    Interview: Raphael AlbisserMail an AutorIn(link sends e-mail)Twitter Profil von AutorIn(link is external)

    WOZ: Hans Fässler, was schulden wir der Welt?
    Hans Fässler: In erster Linie ein verändertes Selbstbild. Seit dem 18. Jahrhundert dominiert hierzulande die Vorstellung, die Schweiz sei zur Zeit des Kolonialismus und des transatlantischen Sklavenhandels vom 16. bis ins 19. Jahrhundert ein einfaches Binnenland genügsamer Älpler und Älplerinnen gewesen, die hart arbeiteten, zufrieden waren und mit der Welt nichts zu tun hatten.

    Welches Selbstbild wäre näher an der Realität?
    Die Schweiz war damals längst unglaublich globalisiert. Entsprechend umfangreich war die Beteiligung von Schweizern am kolonialen Projekt und an der Sklaverei. Oder besser gesagt: Die Beteiligung von «Eidgenossen», denn die moderne Schweiz existierte zunächst ja noch nicht. Jedenfalls ist historisch belegt, wie sich Einzelpersonen, Familienunternehmen und Banken in allen möglichen Bereichen der Sklaverei betätigten: Sie besassen nicht nur Plantagen und Sklaven, sie handelten zum Beispiel auch mit Gütern, die für den Sklavenhandel relevant waren. Sie investierten in Spekulationsvehikel, um aus dem Sklavenhandel Profite zu ziehen. Sie versicherten Sklavenschiffe und finanzierten Expeditionen. Einzelsoldaten und ganze militärische Einheiten gingen in die Kolonien, um dort für Ruhe und Ordnung zu sorgen, meist in französischen und holländischen Diensten.

    Im letzten Dezember lancierten Sie Scores, das Schweizerische Komitee für die Wiedergutmachung der Sklaverei. Fast hundert zum Teil namhafte Personen haben Ihre Forderung unterzeichnet, von Vania Alleva bis Jean Ziegler. Wie soll die Wiedergutmachung vonstattengehen?
    «Wiedergutmachung» ist die übliche Übersetzung von «Reparation», und zugegebenermassen ist das ein sehr grosses Wort. Eine Wiedergutmachung im engsten Sinn ist ja eigentlich unmöglich: Die Sklavinnen und Sklaven lebten, litten und starben in Gefangenschaft, und nichts wird daran etwas ändern. Im weiteren Sinn verstehe ich Wiedergutmachung vor allem als Prozess – und der erste Schritt wäre ein Bewusstseinswandel, eine gezielte Aufarbeitung.

    Also eine Art Bergier-Kommission?
    Ja. Im Rahmen einer Studie sollte alles aufgearbeitet werden, was bereits zum Thema publiziert wurde, und darüber hinaus auch weitergeforscht werden. Dann müsste sich der Bundesrat offiziell dazu äussern und die Rolle der Schweiz anerkennen. Und der nächste Schritt wäre anschliessend eine materielle Wiedergutmachung.

    Wer genau soll von der Schweiz Reparationsgelder erhalten? Über die Generationen hinweg verschwimmen ja Täter- und Opferrollen naturgemäss, während die kolonialen Profite mit den Jahrhunderten auf dem ganzen Planeten verstreut wurden.
    Grundsätzlich sollen die Nachkommensgesellschaften der Sklaven von den Nachkommensgesellschaften der Täter und Profiteure entschädigt werden. Das ist natürlich eine komplexe Frage mit vielen brisanten Aspekten. So waren in den westafrikanischen Küstenregionen auch lokale Herrscher am Sklavenhandel beteiligt, sie nahmen Menschen gefangen und verkauften sie an die europäischen Sklavenhändler. Tatsache ist aber: Durch den transatlantischen Sklavenhandel sind nicht Ghana oder der Kongo reich und mächtig geworden, sondern die nordatlantischen Länder. Den Herkunftsregionen brachte das Geschäft nur Kriege, soziale Verwerfungen und Verelendung ein.

    Eine konkrete Verbindung haben Sie mit einer Reparationsinitiative der Caricom aufgebaut, der karibischen Staatengemeinschaft. Was ist deren Ziel?
    Sie will mit einer Reihe einstiger Kolonialmächte in einen Dialog treten, um Reparationszahlungen zu diskutieren. Dafür wurde eine Historikerkommission gegründet, die den historischen Unterbau für Forderungen erarbeitet, die an Länder wie Spanien, Portugal, Frankreich, Grossbritannien, die Niederlande und Dänemark gestellt werden. Als ich vor einigen Jahren von dieser Kommission erfuhr, dachte ich: Die Schweiz gehört auch auf diese Liste.

    Seit letztem Sommer ist dem tatsächlich so. Wie haben Sie das geschafft?
    Nach mehreren Versuchen, einen Kontakt herzustellen, hat sich schliesslich Verene Shepherd, die jamaikanische Vizepräsidentin der Kommission, mit grossem Interesse bei mir gemeldet. Dann habe ich Material aus meinen Forschungsarbeiten zusammengestellt und den Kommissionsmitgliedern zugeschickt. Zweimal nahm ich an Videokonferenzen teil, und im letzten Herbst wurde ich zu einem Treffen auf Antigua eingeladen, um ein Referat zu halten. Dass das Interesse an einer Aufarbeitung mit der Schweiz zuletzt grösser wurde, dürfte nicht zuletzt auch daran liegen, dass die grossen Kolonialmächte wohl nicht so freundlich auf die Dialogforderung der Kommission reagiert haben.

    Von der offiziellen Schweiz ist wohl Ähnliches zu erwarten. Und im öffentlichen Diskurs dürfte der Einwand nicht lange auf sich warten lassen, Reparationszahlungen würden auf korrupten Wegen ohnehin sofort versickern.
    Das stimmt, und das hat meistens einen rassistischen Unterton. Als würde Korruption nur im Globalen Süden stattfinden. Aber es ist selbstverständlich sehr wichtig, Reparationszahlungen so aufzugleisen, dass sie ihren ideellen Zweck erfüllen. Das wurde in der Geschichte unzählige Male gemacht, insbesondere nach den Weltkriegen, und in der Schweiz etwa in Bezug auf die Verdingkinder. Jedes Mal gab es Debatten und Schwierigkeiten bei der Umsetzung. Aber bloss weil etwas kompliziert ist, kann man nicht behaupten, man müsse es nicht tun.

    Von welchem Betrag reden wir eigentlich?
    Ich habe noch nicht einmal versucht, eine konkrete Summe zu errechnen, denn das ist schwierig bis unmöglich. In den USA redet man von Billionen Dollar, die an Reparationszahlungen an die Nachkommen der Sklavinnen und Sklaven fällig wären, in Europa von Milliarden. Geht man davon aus, dass die Schweiz an schätzungsweise zwei bis drei Prozent des Gesamtvolumens des transatlantischen Sklavenhandelssystems beteiligt war, dann könnte man vielleicht versuchsweise eine Summe von fünfzig Milliarden Franken in die Diskussion einbringen. Darum geht es mir aber gar nicht. Ich sage einfach: Es wäre eine relativ grosse Geldmenge, die sich die Schweiz jedoch leisten könnte – wie sie auch in der Vergangenheit schon grosse Investitionen zu stemmen vermochte, etwa für den Bau der Neat oder die UBS-Rettung. Oder – in die Zukunft gedacht – die Coronaschulden, die wir gerade anhäufen.

    Aber können Reparationszahlungen historisches Unrecht überhaupt aufwiegen?
    Zunächst sollte daran erinnert werden, dass es Entschädigungen für die Sklaverei in der Vergangenheit immer wieder gab, nur gingen sie in die andere Richtung. Länder wie Grossbritannien, Frankreich und die Niederlande haben nicht Sklaven und Sklavinnen für ihre Ausbeutung, sondern Sklavenhalter für ihre Enteignung entschädigt. Besonders wütend macht die Geschichte Haitis, das nach seiner Unabhängigkeit riesige Schulden an Frankreich abzuzahlen hatte. Umgekehrt sind materielle Wiedergutmachungen heute auch bei postkolonialen Aktivisten nicht unumstritten. Denn es besteht die berechtigte Angst, dass man sich auf eine Summe einigt, sie begleicht – und dann sagt: Alle Schuld ist aus dem Weg geräumt, jetzt ist Ruhe.

    Damit würde ausser Acht gelassen, dass Kolonialismus und Sklaverei Kräfteverhältnisse geschaffen haben, von denen der Globale Norden bis heute profitiert.
    Ja. Durch den Kolonialismus wurden ungleiche Handels- und Wirtschaftsbeziehungen etabliert, die bis heute riesiges Unrecht anhäufen. Unter Sklavereihistorikern herrscht annähernd ein Konsens darüber, dass Kapitalismus an sich bis zum Ende des 19. Jahrhunderts die Ausbeutung Schwarzer Körper bedeutete. Die Industrialisierung Europas wäre ohne Sklaverei nicht möglich gewesen – auch nicht jene der Schweiz mit ihrer Textilindustrie. Sie brauchte Baumwolle, und die gab es nicht ohne Sklaverei. An der Ausbeutungslogik des Kapitalismus hat sich bis heute nichts geändert. Auch dafür muss ein neues Bewusstsein entstehen – womit wir bei der Konzernverantwortungsinitiative wären.

    Diese fordert eine Haftbarkeit nach hiesigem Recht für Firmen, die international tätig sind und ihre Profite in die Schweiz schleusen. Wie spielt das mit der Forderung nach Reparationszahlungen zusammen?
    Grundsätzlich sind es zwei unterschiedliche Dinge. Aber die Parallelen sind da, insbesondere bei der Argumentation der Gegner. So entschuldigte der Bundesrat noch in den 1860er Jahren die Sklaverei – und zwar mit der Begründung, dass die Eidgenossen, die damals in Brasilien Plantagen besassen, ohne Sklavenarbeit wirtschaftlich ruiniert würden. Das klingt heute doch sehr vertraut.

    Schon zur Zeit der Sklaverei haben in der Schweiz längst nicht alle im selben Ausmass davon profitiert, und auch heute ist der hiesige Wohlstand sehr ungleich verteilt. Wer soll also wie viel an die Reparationen zahlen?
    Als der «Blick» letztes Jahr über meine Forderung berichtete, war es interessant, die Onlinekommentare zu lesen. Zunächst stellte ich fest, dass wir in den letzten Jahren ziemlich weit vorwärtsgekommen sind: Wäre früher meine Forschung noch infrage gestellt worden, ist heute weitgehend akzeptiert, dass auch die Schweiz ins koloniale Projekt involviert war. Und immer wieder war in den Kommentaren zu lesen: Reparationen sind eigentlich angebracht, aber das sollen die Nachkommen jener Familien bezahlen, die damals direkt von der Sklaverei profitiert haben – und sicher nicht der arme Steuerzahler.

    Und was sagen Sie dazu?
    Das ist grundsätzlich bestimmt nicht falsch. Aus Überlegungen der Machbarkeit würde ich aber sagen: Der Staat ist die einzige Institution, die Reparationen einigermassen gerecht berechnen und bewerkstelligen könnte. Wenn es also um eine gerechte Verteilung der Reparationskosten geht, sollten wir auch über ein gerechtes, progressives Steuersystem diskutieren, damit reiche Familien als grössere Profiteure auch mehr daran zahlen.
    Hans Fässler

    Der St. Galler Historiker, Politiker und Kabarettist Hans Fässler (66) setzt sich seit rund zwanzig Jahren mit der Beteiligung der Schweiz an der Sklaverei auseinander. Neben der Monografie «Reise in Schwarz-Weiss. Schweizer Ortstermine in Sachen Sklaverei» (2005) publizierte er – auch in der WOZ – zahlreiche Artikel zum Thema.

    Fässler hat zuletzt an zwei Interpellationen mitgearbeitet, die in diesen Tagen in der Stadt und im Kanton Bern eingereicht wurden. Darin fordern die AL-Politikerinnen Tabea Rai, Christa Ammann und Eva Gammenthaler, Reparationszahlungen für die Beteiligung des einstigen Staates Bern und seiner BürgerInnen an der Sklaverei zu prüfen.

    #esclavage #réparations #faire_monde #Suisse_coloniale

  • Glaciologue, Raciste : Louis Agassiz (1807 – 2013)
    https://louverture.ch/exposition

    Glaciologue, Raciste : Louis Agassiz (1807 – 2013)

    Les créateurs de l’exposition « Gletscherforscher, Rassist : Louis Agassiz (1807–2013) » ont décidé de publier en ligne la version française. Si quelqu’un est intéressé par l’organisation d’une présentation physique de l’exposition, il/elle est invitéE à nous contacter par e-mail : hans.faessler [at] louverture.ch. Les modèles d’impression pour les roll-ups sont prêts et à disposition.

    Hans Fässler : président de l’association, recherches
    Hans Barth : concept, recherches
    Hannah Traber : typographie, graphisme
    Sasha Huber : interventions artistiques

    Introduction

    Tableau 1 : Un siècle de racisme
    Tableau 2 : Louis Agassiz (1807–1873)
    Tableau 3 : Un siècle d’humanité
    Tableau 4 : Agassizhorn, l‘histoire d’un pic
    Tableau 5 : Lettre à sa mère
    Tableau 6 : Agassiz le raciste
    Tableau 7 : De Harvard à Berlin
    Tableau 8 : Agassiz ou Hitler ?
    Tableau 9 : Victimes du racisme
    Tableau 10 : Histoire d’un déni
    Tableau 11 : Sept mythes sur Louis Agassiz

    #ressources_pédagogques #racisme #décolonisation_des_savoirs #colonialisme #Aggassiz #suisse_coloniale

  • La #Suisse et l’#esclavage des Noirs

    En septembre 2001, la Suisse a signé, avec 162 autres pays, la Déclaration de Durban élaborée au terme de la troisième Conférence mondiale contre le racisme, reconnaissant que “l’esclavage et la traite des esclaves constituent un crime contre l’humanité”. Tout en s’associant à cette occasion à la communauté internationale, la Suisse a voulu marquer sa différence en soulignant, par la voix de son représentant, qu’elle n’avait “rien à voir avec l’esclavage (ou) la #traite_négrière”. Au vu de ce que révèle ce livre, ce point de vue n’est guère défendable. Des Helvètes n’étaient pas seulement des négriers, mais également des esclavagistes, et qu’ils ont de surcroît contribué à maintenir le système américain de plantation esclavagiste.

    https://www.antipodes.ch/produit/la-suisse-et-lesclavage
    #histoire #livre #colonialisme #colonisation #plantation

    –-> livre sorti en 2005, ajouté ici pour archivage

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  • Comment des #mercenaires suisses ont participé à la colonisation

    Au 19e siècle, de nombreux jeunes Suisses issus de milieux défavorisés ont combattu en Asie et en Afrique dans les troupes coloniales de puissances étrangères. Alors que le rôle des mercenaires suisses en Europe était déjà connu, des chercheurs ont maintenant découvert des documents qui mettent en évidence la contribution de combattants suisses à la domination coloniale.

    Après une rude journée de travail à la ferme, Thomas Suter* ( = nom fictif), âgé de 19 ans, se rend dans la taverne d’un village de l’Emmental pour y boire un verre. Les discussions sont animées. Tout le monde parle de Jürg Keller, un jeune du village voisin parti l’année précédente rejoindre l’armée royale des Indes néerlandaises, la Koninklijk Nederlandsch-Indisch Leger (KNIL) dans ce qui est aujourd’hui l’Indonésie.

    La famille de Jürg Keller venait de recevoir une lettre de Lombok, aux Indes orientales néerlandaises, dans laquelle il se plaignait de la chaleur, de la nourriture et des indigènes. Mais ce qu’il trouvait pénible était plutôt exotique et excitant pour ceux qui découvraient ce monde dans une taverne de l’Emmental et n’avaient pour ainsi dire rien connu d’autre que la vie simple et monotone du travail dans les champs et les pâturages. Parmi eux, des jeunes hommes rêvaient en secret de suivre son exemple, de quitter leur vallée endormie et de devenir soldats sous les tropiques.

    Pour cela, il leur suffisait d’attendre le passage d’un racoleur. Ce type de recrutement était certes interdit parce que les autorités fédérales voyaient d’un mauvais œil le fait que des Suisses servent des puissances étrangères, mais les recruteurs écumaient régulièrement la vallée. Les jeunes Suisses remontaient alors le Rhin jusqu’à Harderwijk, aux Pays-Bas, où se trouvait le bureau de recrutement de la KNIL. Dans cette ville, ils pouvaient passer la nuit à l’Hôtel Helvetia ou au Café Suisse, deux établissements tenus par d’anciens mercenaires suisses qui, contre rétribution, les aidaient à accomplir les formalités de recrutement.

    Ils s’embarquaient ensuite pour les Indes néerlandaises orientales où ils devaient rester six ans au minimum. « Pour eux, les colonies représentaient une chance de grimper dans l’échelle sociale et d’accéder à la vie bourgeoise dont ils rêvaient », explique Philipp Krauer, chercheur en histoire du monde moderne à l’ETH Zurich.

    Des caisses pleines de documents

    Philipp Krauer et ses collègues ont récemment mis la main dans les Archives fédérales sur une vingtaine de caisses remplies de documents sur la vie jusqu’à présent méconnue des mercenaires suisses de l’armée coloniale néerlandaise. Alors que l’engagement des mercenaires suisses en Europe est connu, on ne disposait jusqu’à présent que de peu d’informations sur leurs faits d’armes dans les colonies.

    Dans la seconde moitié du 19e siècle, l’engagement de mercenaires en Europe s’était étiolé – les jeunes Suisses combattaient désormais dans des colonies bien plus éloignées. Les Suisses étaient très appréciés par l’armée coloniale néerlandaise parce que la plupart d’entre eux disposaient déjà d’une instruction militaire de base et qu’ils étaient considérés comme de bons tireurs. Leur réputation s’est un peu ternie après une mutinerie suisse survenue en 1860 à Semarang pour protester contre les conditions de vie et de travail. Cependant, 8000 soldats suisses ont rejoint l’armée coloniale néerlandaise en Indonésie entre 1815 et la Première Guerre mondiale.

    Le nombre de ceux qui ont rejoint la Légion étrangère française est encore plus important : on estime qu’entre 1830 et 1960, 40’000 Suisses ont participé aux combats en Afrique du Nord et au Vietnam. Par moments, les mercenaires suisses constituaient 10% des troupes des pays européens.
    Misère en Suisse

    Les mercenaires suisses fuyaient souvent la misère. Jusqu’à la fin des années 1880, la Suisse était un des pays les plus pauvres d’Europe et une terre d’émigration. Le gouvernement suisse accordait même des aides à ceux qui partaient aux États-Unis ou en Amérique du Sud. De plus, que des jeunes hommes turbulents issus de familles modestes s’en aillent mener une vie de soldat à l’étranger était plutôt une bonne affaire aux niveaux politique et financier. « De nombreux politiciens et agents de la force publique connaissaient les pratiques illégales de recrutement de mercenaires sur le territoire suisse, mais ils fermaient les yeux, a indiqué Philipp Krauer à swissinfo.ch. Ils estimaient préférable que ces pauvres et ces indésirables partent à l’étranger plutôt que de causer des troubles dans le pays. »

    Mais la misère n’était pas la seule raison qui poussait les jeunes Suisses dans les armées coloniales – nombre d’entre eux espéraient ainsi trouver une vie pleine d’aventures. « J’ai lu la lettre où un soldat expliquait à sa mère qu’il avait rêvé de partir chaque fois qu’il voyait un train passer près de son village. Il ne pouvait pas supporter l’idée de rester dans ce petit village et d’y finir paysan comme son père et son grand-père », dit Philipp Krauer.

    De plus, certaines légendes qui circulaient magnifiaient la vie menée par ceux qui avaient eu le courage de faire le grand saut. Gottfried Keller, un des écrivains les plus populaires du milieu du 19e siècle, avait écrit l’histoire d’un jeune homme ayant quitté son foyer pour rejoindre d’abord la Compagnie britannique des Indes orientales puis la Légion étrangère française en Afrique du Nord. Il y avait tué un lion, été promu colonel et fait fortune.

    Une vie dure

    Mais la réalité était souvent bien différente. Pour beaucoup, l’arrivée en Indonésie constituait un choc, non seulement en raison du climat tropical, mais aussi parce que les jeunes recrues passaient les trois premiers mois en formation et n’avaient que peu d’autres contacts avec les autres Européens sur place. Elles devaient faire face à des maladies mortelles telles que la malaria et le choléra. « Avant que la quinine soit disponible dans les années 1850, la majeure partie d’entre eux mouraient dans les premiers mois de maladies tropicales », indique Philipp Krauer.

    La vie quotidienne était cependant plutôt ennuyeuse. Les soldats devaient faire de nombreux exercices et s’entraîner à manipuler leurs armes. La nourriture de base était le riz et ils buvaient essentiellement du ‘jenever’, soit du gin hollandais, parce que la bière était importée. Les soldats suisses étaient en revanche autorisés à avoir des concubines et même à fonder des familles avec elles.

    Certains tenaient des journaux et leurs notes montrent qu’ils se réjouissaient de sortir des casernes pour aller patrouiller dans les plantations. Leur présence contribuait à entretenir un climat de peur chez les ouvriers autochtones afin qu’ils ne se relâchent pas. Le conflit le plus important dans lequel les soldats suisses furent impliqués fut la guerre d’Aceh, qui débuta en 1873 et se prolongea près d’une quarantaine d’années. À cette époque, de 8000 à 10’000 soldats étaient engagés dans le nord de Sumatra. Les Suisses se retrouvaient également dans des unités spéciales impitoyables qui patrouillaient l’archipel pour soumettre les chefs locaux – en utilisant la tactique de la terre brûlée. « Des milliers d’ennemis ont été tués, leurs maisons et d’autres propriétés ont été brûlées, le raja de Lombok a été arrêté et la plupart des chefs ennemis ont été expédiés dans l’autre monde », écrit en 1895 le soldat Emil Häfeli dans une lettre au père d’Egloff, son compatriote décédé. Les mesures de rétorsion étaient particulièrement cruelles lorsque des camarades étaient tués.

    Les descendants d’indigènes qui avaient survécu à l’intervention d’une de ces unités spéciales sur l’île indonésienne de Flores racontèrent plus tard comment ils avaient été protégés par les cadavres de leurs proches. Les soldats des armées coloniales ne faisaient aucune différence entre les civils et les combattants.

    Philipp Kauer remarque : « En Suisse, il y avait déjà le Comité international de la Croix-Rouge et on discutait de moraliser la guerre. Et simultanément des Suisses participaient en Indonésie à des massacres dans le Sumatra du Nord, à Aceh, à Flores et sur d’autres îles ».

    Retour à la maison

    Les soldats ne pouvaient rentrer chez eux qu’après avoir accompli au moins six ans de service en Indonésie. Comme ils étaient entourés par la mer, il n’était pour ainsi dire pas possible de déserter.

    « S’ils voulaient rentrer avant d’avoir achevé leurs six ans de service, il leur fallait payer 2000 francs suisses, ce qui était un montant considérable à l’époque. Et ils devaient aussi trouver un remplaçant », indique l’historien. Les soldats ne parvenaient pas à économiser grand-chose, mais après douze ans de service ils touchaient une rente annuelle d’une valeur de 200 francs au minimum, mais qui parfois atteignait 2000 francs.

    De retour en Suisse, ils n’étaient pas accueillis comme des héros. Les miliciens avaient mauvaise réputation : la population méprisait ceux qui avaient servi un autre pays et les jugeait pervertis - le nationalisme étant toujours plus fort dans le nouvel État fédéral. On craignait également qu’ils importent de mauvaises habitudes dans le pays.

    Nombre d’entre eux étaient traumatisés par les massacres auxquels ils avaient participé et ne parvenaient pas à se réintégrer dans la société. Ils rencontraient aussi de l’opposition lorsqu’ils voulaient rapatrier leurs concubines et leurs enfants en Suisse.

    Au contraire des marchands et des missionnaires suisses qui ont participé à l’aventure coloniale, les mercenaires n’ont pas laissé beaucoup de traces telles que des livres ou des musées remplis d’objets exotiques. Ils ont cependant exercé une influence considérable sur l’attitude des Suisses à l’égard des étrangers : « La manière dont ils décrivaient les indigènes dans leurs lettres a contribué à répandre des stéréotypes sur les autres races dans les vallées et villages reculés de Suisse. Certains existent toujours aujourd’hui », dit Philipp Krauer.

    https://www.swissinfo.ch/fre/comment-des-mercenaires-suisses-ont-particip%C3%A9-%C3%A0-la-colonisation/45863058
    #Suisse #colonialisme #colonisation #soldats #Java #Indonésie #Asie #Afrique #Koninklijk_Nederlandsch-Indisch_Leger (#KNIL) #Harderwijk #Pays-Bas #Hôtel_Helvetia #Café_Suisse #Indes_néerlandaises_orientale #mercenaires_suisses #Semarang

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  • La #Suisse et ses colonies

    La Suisse n’avait pas de colonies – et pourtant, des Suisses fonctionnaient en harmonie avec les puissances coloniales et bénéficiaient, en tant que resquilleurs économiques, de l’appropriation militaire des #terres et des #ressources.

    Vers 1800, les naturalistes européens décrivaient les Confédérés comme des « semi-sauvages » qui rappelaient les visites aux « peuples non éduqués sur des côtes pacifiques ». L’Europe intellectuelle voyait dans les Suisses des gens qui vivaient encore dans leur état naturel — une image déformée que les Suisses se sont appropriée. Aucune publicité pour des yaourts et aucun concept touristique ne peut se passer d’images exotiques où les Suisses apparaissent comme de « nobles sauvages ». Cette image de soi se retrouve encore dans la rhétorique politique qui s’embrase de temps en temps, selon laquelle la Suisse menace de devenir une colonie de l’Union européenne.

    Pourtant, dans leur histoire moderne, les Suisses se sont rarement rangés du côté des colonisés, mais plus souvent du côté des colonisateurs. Il est vrai que la Suisse, en tant qu’État-nation, n’a pas poursuivi de politique impérialiste et n’a soumis aucune colonie. Même des tentatives de création d’organisations économiques comme la Compagnie des Indes orientales ont échoué.

    Cependant, le colonialisme inclut la conviction que les habitants des zones colonisées étaient inférieurs aux Européens blancs. Cette idée faisait également partie de la compréhension générale du monde dans la Suisse du 19e siècle.

    Des générations de Suisses ont grandi avec des histoires pour enfants présentant des « négrillons stupides », des reportages sur des sauvages naïfs et enfantins et des images publicitaires dans lesquelles les colonisés apparaissaient au mieux comme des figurants pour les produits coloniaux. Cet #héritage continue de marquer le pays jusqu’à aujourd’hui.

    Des #soldats_suisses dans les colonies

    Mais le problème de l’enchevêtrement historique de la Suisse avec le colonialisme va bien au-delà de polémiques sur des noms ou du déboulonnage de statues. Cela semble particulièrement évident dans les colonies où des Suisses ont combattu comme soldats.

    Quand, en 1800, les esclaves noirs de l’île de #Saint-Domingue — dans l’actuelle Haïti — se sont soulevés contre leurs maîtres français, Napoléon a fait combattre 600 Suisses, qui avaient été mis contractuellement à la disposition de la France par le gouvernement helvétique contre rémunération. Mais ce ne fut pas un cas isolé. Même après la fondation de l’État fédéral en 1848, des Suisses ont continué à se battre pour les puissances coloniales — bien qu’illégalement.

    L’une des motivations était la solde des #mercenaires. Ils touchaient en effet une bonne rente s’ils ne mouraient pas d’une maladie tropicale dans leurs premiers mois de services ou s’ils ne mettaient pas prématurément fin à leur engagement.

    Commerce des esclaves

    Cependant, les grandes sommes d’argent des colonies n’allaient pas aux mercenaires, qui venaient souvent de familles démunies et voyaient le fait de servir les Pays-Bas ou la France comme une grande aventure, mais dans le #commerce des marchandises coloniales — et dans le commerce des habitants des colonies.

    L’une des imbrications les plus problématiques de la Suisse avec le colonialisme mondial est celle de la #traite_des_esclaves.

    Des Suisses et des entreprises suisses ont profité de l’#esclavage en tant qu’#investisseurs et #commerçants. Ils ont organisé des #expéditions_d’esclaves, acheté et vendu des personnes et cultivé des #plantations dans des colonies en tant que #propriétaires_d’esclaves.

    Le système de l’esclavage a fonctionné dans l’Atlantique jusqu’au XIXe siècle sous forme de commerce triangulaire : des navires chargés de marchandises de troc naviguaient vers les côtes africaines, où ils échangeaient leur cargaison contre des esclaves. Ces derniers étaient ensuite transportés à travers l’océan. Enfin, les navires revenaient d’Amérique vers l’Europe chargés de produits fabriqués par les esclaves : le sucre, le café et surtout le coton.

    Selon Hans Fässler, qui fait des recherches sur l’histoire des relations suisses et de l’esclavage depuis des décennies, la Suisse a importé plus de #coton que l’Angleterre au XVIIIe siècle. Il souligne également que la traite des esclaves était une industrie clef qui a rendu possible la production de nombreux biens. Pour dire les choses crûment : sans le coton cueilli par les esclaves, l’#industrialisation de la production #textile suisse aurait été impossible.

    Une branche de cette industrie a manifestement bénéficié directement de la traite des esclaves : les producteurs de ce que l’on appelle les #tissus_indiens. Ceux-ci ont été produits pour le marché européen, mais aussi spécifiquement comme moyen d’échange pour le #commerce_triangulaire. Souvent, même les modèles ont été conçus pour répondre au goût des trafiquants d’êtres humains qui échangeaient des personnes contre des produits de luxe sur les côtes africaines.

    Une famille suisse qui produisait ce genre de tissus faisait la publicité suivante dans une annonce de 1815 : « La société #Favre, #Petitpierre & Cie attire l’attention des armateurs de navires négriers et coloniaux sur le fait que leurs ateliers tournent à plein régime pour fabriquer et fournir tous les articles nécessaires au troc des noirs, tels que des indiennes et des mouchoirs ».

    Passage à un colonialisme sans esclaves

    Après l’interdiction de la traite des esclaves aux États-Unis, l’industrie textile mondiale a sombré dans une crise des #matières_premières : les marchés du coton en #Inde redevenaient plus attractifs. La société suisse #Volkart, qui opérait en Inde depuis 1851, en a profité et s’est spécialisée dans le commerce du coton brut en Inde. Ici, les Britanniques contrôlaient la production : les agriculteurs indiens étaient obligés de produire du coton au lieu de denrées alimentaires. Grâce à une étroite collaboration avec les Britanniques, Volkart a pu rapidement prendre en charge un dixième de toutes les exportations indiennes de coton vers les usines textiles de toute l’Europe.

    Une autre entreprise qui a bien survécu à la crise provoquée par la fin de l’esclavage est la #Mission_de_Bâle, la communauté missionnaire évangélique. Soutenue par les mêmes familles bâloises qui avaient auparavant investi dans la traite des esclaves, la mission a ouvert un nouveau modèle commercial : elle a converti les « païens » au christianisme en Inde. Les convertis étaient abandonnés par leurs communautés et la Mission de Bâle les laissait alors travailler dans ses usines de tissage.

    Un missionnaire faisait ainsi l’éloge de ce modèle vers 1860 : « Si des païens veulent se convertir au Christ (...) nous les aiderons à trouver un abri autour des #fermes_missionnaires et à trouver un emploi pour gagner leur vie, que ce soit dans l’agriculture ou dans tout autre commerce. C’est ce qu’on appelle la colonisation. »

    Le colonialisme comprend également l’exploitation de relations de pouvoir asymétriques au profit économique des colons. Cependant, l’État suisse a laissé la recherche de ce profit dans les colonies entièrement à l’initiative privée. Des demandes parlementaires appelant à un plus grand soutien à « l’émigration et au colonialisme » par l’État fédéral ont été rejetées. Le Conseil fédéral objectait notamment qu’un pays sans accès à la mer ne pouvait pas coloniser et que la Confédération n’était pas à même d’assumer une telle responsabilité.

    Il est intéressant de noter que ces demandes ont été faites dans les années 1860 par les démocrates radicaux, ceux-là mêmes qui préconisaient des réformes sociales et se battaient pour une plus grande influence de la démocratie directe face à la bourgeoisie au pouvoir. Les démocrates radicaux qui soutenaient le colonialisme se considéraient comme les représentants de ceux qui fuyaient la pauvreté et la faim en Suisse.

    La politique d’émigration de la Suisse a en effet changé au XIXe siècle : si, au début du siècle, les colonies étaient encore considérées comme des lieux d’accueil de personnes que l’on ne pouvait plus nourrir, elles sont devenues de plus en plus la base de réseaux mondiaux. Les colonies offraient un terrain d’essai à de nombreux jeunes commerçants.

    Les Suisses jouissaient des mêmes privilèges que les membres des régimes coloniaux européens — ils étaient des colons, mais sans patrie impérialiste. En 1861, l’économiste allemand #Arwed_Emminghaus admirait cette stratégie des « liens commerciaux étendus » de la Suisse et la considérait comme une variation de la politique expansionniste impériale des puissances coloniales : « Nul besoin de flottes coûteuses, ni d’administration coûteuse, ni de guerre ou d’oppression ; les #conquêtes se font par la voie la plus pacifique et la plus facile du monde. »

    Sources (en allemand)

    – Andreas Zangger: Koloniale Schweiz. Ein Stück Globalgeschichte zwischen Europa und Südostasien (1860-1930). Berlin 2011.
    - Lea Haller: Transithandel: Geld- und Warenströme im globalen Kapitalismus. Frankfurt am Main 2019.
    - Patricia Purtschert, Barbara Lüthi, Francesca (Hg.): Postkoloniale Schweiz: Formen und Folgen eines Kolonialismus ohne Kolonien
    - Thomas David, Bouda Etemad, Janick Marina Schaufelbuehl: Schwarze Geschäfte. Die Beteiligung von Schweizern an Sklaverei und Sklavenhandel im 18. und 19. Jahrhundert. Zürich 2005.
    - Hans Fässler: Reise in schwarz-weiss: Schweizer Ortstermine in Sachen Sklaverei. Zürich 2005.

    https://www.swissinfo.ch/fre/la-suisse-et-ses-colonies/45906046

    #colonialisme_suisse #Suisse_coloniale #colonialisme #colonisation #impérialisme

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  • Quand le #parc_Geisendorf s’appelait #Surinam

    En 1770, le long de la rue de Lyon, se trouvait le domaine d’un planteur genevois rentré de la #Guyane_hollandaise.

    Le parc Geisendorf est propriété municipale depuis 1931. Situé rue de Lyon, dans le quartier de la Servette, il est connu pour son école primaire et pour ses ombrages, dont ceux d’un fameux chêne vert au nombre des « arbres remarquables qui racontent Genève ». Ce parc public était l’immense jardin d’une maison de campagne jusqu’au krach de 1929 : la fin d’une époque pour les propriétaires de quelques-uns des anciens domaines du pourtour de la ville. L’un d’eux, et non des moindres, Beaulieu, qui abrite lui aussi une école à l’ombre de ses cèdres séculaires, était aux banquiers Chauvet jusqu’à la faillite de leur établissement au moment de la grande crise.

    Au 56, rue de Lyon, ce sont les descendants du commerçant en papeterie Charles Geisendorf et de sa femme Pauline Decrue qui cèdent Surinam à la Ville en 1931. Pourquoi Surinam ? Pourquoi ce nom emprunté au plus petit État d’Amérique du Sud, colonie néerlandaise jusqu’en 1975 ? Nous voilà partis pour un voyage à travers le temps et les océans. Jusqu’en 1769, un Genevois du nom de Jean-Zacharie Robin, né en 1723, vit dans ce petit pays baigné par les mêmes eaux que les deux Guyanes qui l’enserrent. Une dépendance tropicale de la Hollande où l’esclavage sévit avec une grande sévérité. Il n’y sera aboli qu’en 1863. Une pratique qui ne semble pas avoir retenu notre Robin de chercher fortune en ces lieux. Il y a créé un domaine près de Paramaribo – sans doute une plantation de café, d’indigo, de coton ou de canne à sucre – qu’il a appelé tout simplement « La Campagne ».

    Un colon à Châtelaine

    De retour d’Amérique, où son fils et les descendants de celui-ci continueront longtemps à exploiter, sinon à battre « La Campagne », Jean-Zacharie Robin achète aux Lucadou-Naville leur domaine de Châtelaine, délimité par la route de Lyon et les futures rues de la Poterie et Liotard. Ce sera 160 ans plus tard le parc Geisendorf. Aujourd’hui, le chemin Surinam, perpendiculaire à la rue de Lyon, entre la rue Lamartine et l’avenue Wendt, perpétue le nom choisi par Robin pour son domaine agricole. Ses successeurs gardent le même nom, d’abord Isaac-Louis Naville, auquel l’ancien colon a vendu son bien pour s’en aller du côté de Cologny, puis la sœur de Naville, madame Galiffe, avant Jean-André Melly, dont les héritiers vendent Surinam en 1883 à Charles Geisendorf. De l’époque des Naville, ou de madame Galiffe, morte en 1814, daterait le décor du grand salon de la maison de maître aujourd’hui disparue. Des boiseries sculptées et des moulures en stuc attribuées au décorateur Jean Jaquet, coqueluche des salons de la fin du XVIIIesiècle et du début du XIXe à Genève.

    « Je me souviens les avoir admirées quand la maison principale servait à des fins scolaires, se souvient l’arrière-petite-fille de Charles Geisendorf, Claire Honegger-Pallard. J’y ai donné des cours de piano et l’une de mes tantes Brun-Geisendorf m’avait conseillé de bien regarder l’intérieur de la maison. Elle y avait passé de nombreuses vacances mais pas moi, car je n’étais pas née quand Surinam a été vendu. »

    Pour se faire une idée des dimensions de la propriété et de l’emplacement des bâtiments qui s’y trouvaient, il faut se reporter aux indispensables plans et cartes en ligne sur internet. L’atlas cantonal de Mayer, des années 1828 à 1831, indique du bâti en T à Surinam, sans doute la maison de maître et ses communs tels qu’ils étaient encore quand Charles Geisendorf acquit le domaine. Aucune urbanisation en vue. Trois propriétés seulement sont ses voisines : la Servette, la Prairie et les Délices.

    Un peu plus tard, sur la carte Dufour datant de 1842, on distingue l’avenue qui menait de la rue de Lyon à la maison et à ses dépendances. Un petit pavillon près du portail permettait de guetter les visites ou simplement de se distraire en regardant passer les voitures. Plaisirs d’un autre âge… Ce pavillon est visible sur plusieurs photos en possession de Claire Honegger-Pallard, qui nous a aimablement permis de les reproduire ici. Le parc est vaste. Des prairies s’étendent autour de la maison, de la rue de la Poterie à la rue Liotard et jusqu’à la rue Lamartine. Un plan postérieur, la carte Siegfried de 1899, détaille trois bâtiments en plus du pavillon au bord de la route. D’autres maisons sont apparues sur le pourtour du fonds, suggérant qu’un morcellement a commencé. Le nom Surinam identifie tout le quartier en devenir, jusqu’à la route des Franchises. Nous voici en 1963, la carte a fait place à la photographie aérienne et seul demeure au bout de l’avenue un bâtiment allongé, qui est la maison de maître aux boiseries de Jean Jaquet. Elle ne résistera pas aux exigences du projet d’aménagement du groupe scolaire de Geisendorf. Des travaux échelonnés entre 1952 et 1969 qui aboutissent à la réalisation des cinq bâtiments actuels.

    https://www.tdg.ch/quand-le-parc-geisendorf-sappelait-surinam-319045994828
    #Suisse #colonialisme #passé_colonial #toponymie #toponymie_politique #histoire #Genève #chemin_du_surinam #noms_de_rue

    Chemin de Surinam :

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    ping @simplicissimus @albertocampiphoto

  • Je vois maintenant qu’il n’y a rien sur #Carl_Vogt, pourtant c’était ma honte d’avoir travaillé dans un bâtiment dédié à ce fervant défenseur de la supériorité de la race blanche :
    #Uni_Carl_Vogt :


    https://www.unige.ch/presse/plans/uni-dufour-2
    #Uni_Vogt #Université_de_genève

    Et qu’il y a, devant l’Université des Bastions, une statue en son honneur :

    Carl Vogt :

    August Christoph Carl Vogt est un naturaliste et médecin suisse d’origine allemande, connu par ses prises de position sur le matérialisme et la défense de la théorie de l’évolution de Charles Darwin.


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Vogt

    Voici un portrait de ce monsieur dont je ne peux pas copier-coller le texte car le site ne le permet pas :
    http://www.audeladuracisme.com/2004/10/08/august-christoph-carl-vogt-1817-1895

    #colonialisme #esclavage #esclavagisme #histoire #suisse #décoloniser_la_ville

    ça peut aussi intéresser @simplicissimus et @maieul ...

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    • Super, par contre @cdb_77, quand tu es à l’intérieur de Seenthis, il n’y a pas de limite de nombre de caractères comme sur Twitter, et donc c’est mieux si tu mets les vrais liens seenthis.net complet, parce que parfois d’autres personnes ont cité des seens ailleurs, et avec le triangle qui est devant, cela permet de retrouver les autres conversations notamment.

    • Carl Vogt ne pense pas foncièrement différemment des hommes de son époque.

      Pour le site Au delà du racisme, s’ils sont pointilleux sur le copyright les concernant et verrouillent efficacement la sélection du texte ou de l’image, ils ne le sont pas du tout pour celui des autres. Ainsi l’illustration est récupérée très probablement de WP sans aucune mention de la source

      L’auteur (anonyme) de WP donne comme source Brehms Tierleben, Small Edition 1927 mais c’est douteux : le style de l’illustration ne correspond pas du tout avec celui des planches de Brehm, du moins dans l’édition originale (1864 pour le premier volume)


      https://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Edmund_Brehm

      En revanche la légende fournie (évacuée par le recadrage de l’image sur WP)
      Skelett des Menschen (1) und des Gorillas (2), unnatürlich gestreckt.
      permet de retrouver l’origine probable :
      https://books.google.fr/books?id=UcW1DgAAQBAJ&pg=PA66-IA1&lpg=PA66-IA1&dq=Skelett+des+Menschen+

      Der Mensch : Zweiter Band : Die heutigen und die vorgeschichtlichen Menschenrassen de Johannes Ranke dont le deuxième tome date de 1887
      Il s’agit d’une planche hors-texte insérée entre les pages 66 et 67.
      https://de.wikipedia.org/wiki/Johannes_Ranke

    • @simplicissimus je suis bien d’accord sur toi sur ce point :

      Carl Vogt ne pense pas foncièrement différemment des hommes de son époque.

      Toutefois, ce qui m’a mise dans une situation où j’étais très mal à l’aise, c’est que j’ai dû créer une signature à mes mails avec deux fois le nom de ce raciste, raciste de son époque, mais tout de même raciste :
      – la rue : Boulevard Carl-Vogt
      – le bâtiment lui-même (construit il y a moins de 5 ans !!!) : Uni Carl-Vogt
      Et ça, je ne le pardonne pas à l’université qui m’engageait.
      Deux fois en une signature de MES MAILS c’était trop !

    • Carl Vogt, progressiste et raciste

      Juliet Fall, géographe, publie une BD à charge. Le bâtiment qui abrite son département porte le nom du scientifique et politicien genevois qui, au XIXe siècle, prônait la hiérarchisation des races et des sexes.

      « Pourquoi faut-il ­décoloniser la géographie ? » Cette question, Juliet Fall, professeure au département de géographie de l’université de Genève, la pose dans son cours sur l’histoire et l’épistémologie de sa discipline. Elle y répond par ailleurs à sa manière en consacrant une bande dessinée à la figure de Carl Vogt (1817-1895). Dans ce pamphlet de six pages, elle s’adresse directement au naturaliste et médecin suisse d’origine ­allemande pour questionner sa présence persistante dans le paysage urbain. De ce matérialiste convaincu, aux convictions progressistes et anticléricales, Juliet Fall retient moins la contribution à la science que les écrits pétris de racisme et de misogynie.

      Une pensée affligeante sur l’inégalité des races et des sexes qu’on pourrait relativiser, car ancrée dans son époque. Le problème, c’est qu’August Christoph Carl Vogt a son buste bien en vue, à Genève, devant le bâtiment Uni-Bastions. Et son boulevard où se dresse, depuis 2015, une annexe de l’alma mater portant son nom. L’honneur de trop pour Juliet Fall, qui y a son bureau. Profitant du débat qui fait rage sur les statues honorant de douteux personnages, la géographe lance son pavé dans la mare. Nous sommes allés à sa rencontre pour parler de sa BD, à télécharger gratuitement en ligne.

      Comment vous est venue l’idée de cette BD ?

      Juliet Fall : La décision de nommer ce bâtiment en l’honneur de Carl Vogt en 2015 avait fait réagir, mais finalement le nom de l’artère où il se trouve avait été retenu par commodité. Ma démarche s’inscrit dans le sillage du collectif L’Escouade, dont le projet « 100 Elles » soutenu par la Ville de Genève a rebaptisé symboliquement une centaine de rues. Le boulevard Carl-Vogt est ainsi devenu boulevard Jeanne Hersch. Lors de la Grève des femmes, en 2019, plusieurs collègues ont mené une action avec une banderole allant dans le même sens.

      Que reprochez-vous à Carl Vogt ?

      Il a cherché à légitimer un préjugé très en vogue dans les académies au XIXe siècle, celui de l’inégalité des races. Sa crainte était une dilution, un affaiblissement des caractéristiques de la race blanche par le mélange. C’est de la mauvaise science : on compare la taille des crânes, comme on le fait pour les grands singes, afin de prouver la supériorité de la race blanche. Carl Vogt place les « Germains » et les « Nègres » aux deux extrémités de l’évolution.

      Les femmes ne sont pas beaucoup mieux loties.

      Dans ses Leçons sur l’homme ­publiées en 1865, Carl Vogt écrit que le crâne des femmes blanches se rapproche plus de celui du « nègre » que de l’homme blanc. Le degré d’évolution moindre des femmes sur l’échelle de la race les voue à la conservation des valeurs ­immuables, de la famille, etc.

      « On a une responsabilité, nos étudiants ne sont plus les mêmes qu’il y a cinquante ans. »

      Ces travaux ont-il de l’écho ?

      A l’époque probablement. On retient surtout que Darwin remercie Carl Vogt pour son soutien sur la théorie de l’évolution, ce dernier signant une préface dans une traduction de son œuvre (« De la variation des animaux et des plantes à l’état domestique », ndlr). En revanche, Karl Marx s’en prend violemment à lui et perd un an de sa vie à écrire un livre, Herr Vogt, où il l’accuse d’être un espion à la solde de Napoléon III.

      S’en prendre à Carl Vogt aujourd’hui, c’est faire de l’anachronisme ?

      On choisit ses héros ! Que Carl Vogt possède son buste ancien est une chose – on peut se demander si sa place n’est pas plutôt dans un musée, même si personne n’y prête vraisemblablement attention en passant devant. Choisir de nommer un bâtiment académique en son honneur au XXIe siècle est plus problématique. Personnellement, ça me contrarie de voir figurer son nom en signature de mes emails, qui plus est, dans une Faculté des Sciences de la société. On a une responsabilité, nos étudiants ne sont plus les mêmes qu’il y a cinquante ans. On doit penser le présent de nos disciplines en dialogue avec leur passé. Ma bande dessinée peut contribuer au débat.

      Vos origines anglo-saxonnes vous ­prédisposent-elles à une critique postcoloniale, moins marquée dans la sphère académique francophone ?

      Je ne peux nier l’influence des postcolonial studies, ni des écrits ­féministes. Comme immigrée, je pose aussi un regard distancié sur Genève, où la liberté académique, il faut le souligner, est totale. Cela doit nous encourager à décoloniser l’université et à dépasser les schémas patriarcaux.

      https://lecourrier.ch/2020/06/17/carl-vogt-progressiste-et-raciste
      #BD #Juliet_Fall

      –---

      Pour lire la BD en pdf :


      https://irreductible.ch/pdf/CarlVogt2020.pdf

    • Comme les éléphants et les singes... - Melanine
      http://www.melanine.org/?-Comme-les-elephants-et-les-singes-

      « La race des Nègres est une espèce d’hommes différente de la
      nôtre [...] on peut dire que si leur intelligence n’est pas d’une
      autre espèce que notre entendement, elle est très inférieure. Ils
      ne sont pas capables d’une grande attention, ils combinent peu et ne
      paraissent faits ni pour les avantages, ni pour les abus de notre
      philosophie. Ils sont originaires de cette partie de l’Afrique comme les
      éléphants et les singes ; ils se croient nés en Guinée pour
      être vendus aux Blancs et pour les servir. »
      Voltaire, Essai sur les mæurs,
      Genève, 1755, t. XVI, pp. 269-270

      #voltaire
      #déboulonner_le_racisme

    • Rebaptisez le bâtiment Carl Vogt de l’UNIGE et déboulonnez le #buste à son effigie

      Nous exigeons la rebaptisation du bâtiment universitaire (UniGE) portant le nom de Carl Vogt, ainsi que le déboulonnement du buste à son effigie siégeant devant le bâtiment de l’Uni Bastions.

      Cette pétition demande à ce que le bâtiment faisant partie du campus de l’Université de Genève et portant le nom de Carl Vogt soit rebaptisé. La prochaine appellation de ce même bâtiment devra être établie par un groupe de réflexion pluridisciplinaire, transparent et inclusif essentiellement composé des personnes concernées et affectées par les théories racistes, sexistes et validistes de Carl Vogt.

      Cette pétition appelle également à l’organisation du déboulonnement du buste à l’effigie de Carl Vogt, inauguré en 1999.

      Qui est Carl Vogt ?
      Carl Vogt, naturaliste, médecin suisse d’origine allemande, conseiller national et aux états et recteur de l’Université de Genève, ne fut pas uniquement la figure progressiste anti-cléricale que l’université souhaite nous dépeindre.
      Aux côtés de Louis Agassiz, il figure comme étant l’un des représentants du racisme « scientifique » (Zuber, 2020). Lors de la seconde moitié du XIXème siècle, Carl Vogt prône et développe une pensée raciale et sexiste. Dans son ouvrage “Leçon sur l’Homme” (1865), traduit en 8 langues, on peut ainsi lire : "Le N*[1] adulte, en ce qui concerne ses capacités intellectuelles, ressemble à l’enfant, à la femme et au Blanc sénile”. Dans le même ouvrage il écrit des Noir.e.x.s : “La plupart des caractères que l’on peut reconnaître, déjà dans la conformation extérieure, ainsi que dans les proportions des diverses parties du corps, rappellent irrésistiblement les singes.” On ne peut ignorer la contribution de Carl Vogt à la circulation et la construction raciste du concept de « race » humaine.

      Considérant les personnes Noir.e.x.s comme étant l’intermédiaire entre l’homme blanc et les primates, doté.e.x.s d’une maturité intellectuelle s’arrêtant à la puberté, les théories négrophobes et déshumanisantes auxquelles il participe cherchent à étayer la supposée existence de la supériorité blanche, par opposition à la supposée infériorité noire. Au cours du XIXe siècle, ces théories raciales ont constitué les fondements idéologiques de l’impérialisme colonial, du nationalisme expansionniste et du racisme d’état (Césaire, 1955 ; Taguieff, 2008).

      Les théories raciales ont légitimé un système de domination en le fondant sur les inégalités des races ou/et des sexes. Malgré leur disqualification et condamnation durant le XXe siècle par la communauté internationale et grâce aux mouvements anticoloniaux et antiracistes, ces théories raciales continuent à grandement influencer les systèmes de domination actuels.

      Pourquoi un buste à l’effigie et un bâtiment au nom de Carl Vogt posent-ils problème ?
      Les récents rapports publiés par le Carrefour de Réflexion sur le Racisme AntiNoir (CRAN) et le Service de Lutte contre le Racisme (SLR) relatent que les discriminations et préjugés racistes anti-Noir.e.x.s continuent d’opérer et touchent presque toutes les sphères de la société. Ce sont des réalités que vivent les personnes Noir.e.x.s quotidiennement, et le fait de célébrer un individu ayant participé à l’établissement des discriminations et inégalités raciales nuit à l’intégrité de ces dernier.e.x.s et entrave une réelle égalité.

      Banaliser la réalité du racisme anti-Noir.e.x.s et ses conséquences en célébrant les figures historiques qui ont participé à son élaboration c’est nier l’expérience sociale des personnes afro-descendantes en Suisse.

      Ce faisant, l’université de Genève manque au principe de respect de l’individu, qu’elle prône dans sa charte d’éthique et de déontologie. Dans ce document on peut lire :

      "Le respect de la personne engage la responsabilité des Hautes Écoles envers toute personne appelée à un titre ou à un autre à contribuer à leur mission d’enseignement et de recherche, que ce soit comme acteur, actrice ou comme sujet. Il suppose un traitement équitable des divers membres de la communauté académique."
      Le fait que les institutions dotées du pouvoir public de produire les savoirs, telles que l’UniGe, ne se responsabilisent pas par rapport au passé colonial-racial a pour effet de minimiser, si ce n’est d’invisibiliser, les inégalités raciales dans le présent. En glorifiant les figures d’un passé raciste, l’UniGe envoie le signal que le traitement équitable de certain.e.x.s membres de la communauté académique, affecté.é.x.s par le racisme, n’est pas important. En participant à l’amnésie coloniale, l’établissement silencie l’expérience humaine des personnes afro-descendantes, que celles-ci soient inscrites dans le cadre de l’UniGe, ou alors externe à l’établissement.

      Une nomination à contre-courant :
      Lors de la troisième conférence mondiale contre le racisme de Durban en 2001, la Suisse s’est engagée à éclairer son implication passée dans la traite esclavagiste et le colonialisme. A partir de 2001, c’est grâce à des travaux d’historiens, tels que Hans Fässler, Patrick Minder, et de théoricienn.e.s postcoloniaux tels que Noémi Michel, Patricia Purtschert ou encore Jovita Dos Santos Pinto, ou encore d’ouvrages comme La Suisse et l’esclavage des Noirs que l’implication de la Suisse dans le colonialisme et dans le commerce triangulaire a pu être révélée.
      Près de 20 ans après, ce sujet reste relativement tabou. Il est, aujourd’hui, essentiel que la part coloniale, raciste, sexiste, eugéniste de l’histoire soit également racontée à plus large échelle et enseignée.
      Le fait de baptiser un bâtiment universitaire Carl Vogt en 2015, en connaissance de ses théories racialistes, nous apparait comme surprenant et rétrograde. Rendre hommage à un personnage en dépit de sa contribution raciste et sexiste, c’est falsifier le récit au sujet de ce que nous héritons collectivement, c’est nous empêcher, en tant que collectivité de pouvoir de nous responsabiliser face à ce passé, c’est entraver les réflexions et le chemin vers les réparations de ce passé.

      Rétablir l’histoire :
      Renommer ce bâtiment et déboulonner le buste Carl Vogt ne signifie pas effacer l’Histoire. Au contraire, nous cherchons à la rétablir et lui donner sa juste place dans la société actuelle.
      Il est souvent rétorqué qu’il est anachronique de faire le procès des figures du passé avec les standards du présent, que ces figures baignaient dans un contexte raciste et sexiste.
      Or, bien que le racialisme fût un mouvement important durant le XIXème siècle, il relevait que certains scientifiques de l’époque tel que le géographe, anarchiste et libre penseur Elisée Reclus ou encore le meneur de l’indépendance de Haïti, Toussaint Louverture, se sont érigés contre ces théories raciales. De plus, les préjudices de ces théories ont des effets jusqu’à aujourd’hui : elles informent le racisme qui touche la communauté noire, elles informent également le renouvellement des pratiques et idéologies d’extrême droite. Comme le rappelle l’historien et anthropologue Michel-Rolph Trouillot, dans son ouvrage Silencing the Past, le passé se contemple toujours depuis le présent, et ce sont nos valeurs et nos demandes dans le présent qui impactent notre manière d’appréhender et de faire récit du passé. Le passé historique que nous voulons voir être figuré et incarné dans l’espace institutionnel et public que constitue l’UniGe doit se nourrir d’une préoccupation pour l’égalité et la justice sociale.

      En résumé :
      Le fait de désigner le plus récent bâtiment d’une institution par un nom ayant signé des théories racistes et sexistes, c’est invisibiliser les discriminations vécues par les personnes Noir.e.x.s, les femmes et les minorités de genre et sexuelles. Nous accusons certes les théories de Carl Vogt, mais nous accusons essentiellement l’université d’avoir choisi de le mettre en avant malgré son insertion dans la bio-sociologie raciste et sexiste.

      Ce choix opéré en toute conscience signale un positionnement inacceptable de l’UniGe face aux actes de racisme et de sexisme pouvant se dérouler en son sein. Si une institution décide, en connaissance de cause, de nommer son bâtiment par le nom d’un racialiste notoire, il est légitime de supposer qu’elle ne se positionnera pas de manière équitable lorsqu’un acte de racisme systémique ou ordinaire lui sera dénoncé.
      Ainsi, il est impossible en tant qu’étudiant.e.x.s Noir.e.x.s de sentir ses intérêts protégé.e.x.s par un établissement dont les agissements minimisent le racisme scientifique et ses conséquences, encore bel et bien réelles.

      Une université universaliste ?
      Il est primordial de rappeler que lors du choix de l’appellation du bâtiment situé au Boulevard Carl-Vogt 66, 1205 Genève, des voix s’étaient élevées pour dénoncer la sélection mémorielle dont faisait preuve l’UniGE. Celles-ci n’ont pas été prises en compte par l’établissement.

      Il est donc fondamental de créer des espaces de formation justes pour toute personne. L’égalité entre sujets issus d’histoires, de mémoires et d’origines différentes constitue un enjeu de démocratie dans un espace qui se définit comme universaliste et progressiste. L’espace de formation est une vitrine des valeurs d’une institution, mais aussi de la société. La rebaptisation et le déboulonnement de Carl Vogt permettront de rétablir des espaces de formation et des espaces publics justes rendant possible le respect de l’intégrité de chaque personne.

      Nous vous invitons à signer
      Pour toutes les raisons susmentionnées, nous vous invitons à signer et relayer cette pétition, afin que nos revendications soient entendues et qu’elles débouchent sur le déboulonnement du buste, et la rebaptisation du bâtiment actuellement nommé Carl Vogt.

      Le collectif pour une réflexion décoloniale, Genève / Instagram : @reflexion_decoloniale / adresse e-mail : reflexion.decoloniale@gmail.com

      Signataires de la pétition :

      CUAE, Conférence universitaire des associations d’étudiantEs.
      ADEPSY, Association des Etudiant.e.s en Psychologie
      AEA, association des Etudiant.e.s afrodescendant.e.s, Unil & EPFL
      AEAPA, Association des Etudiant.e.s en Archéologie Préhistorique et Anthropologie
      AEHES, Association des Etudiant.e.s en Histoire Economique et Sociale
      AEL, Association des étudiant.e.s en Lettres
      AESPRI, Association des Etudiant.e.s en Sciences Politique et Relations Internationales
      AJP-UNI, association des juristes et étudiant-e-s progressistes de l’UNIGE
      Amnesty UNIGE
      LCS, Law Career Start
      Kam’Af
      Collectif Amani
      Collectif Afro-Swiss
      Collectif Faites des Vagues
      CRAN (Carrefour de réflexion et d’action contre le racisme anti-Noir - Observatoire du racisme anti-Noir en Suisse), Berne
      Outrage collectif
      Collectif pour la mémoire Neuchâtel
      UPAF (Université populaire africaine en Suisse), Genève

      [1] N* correspond à "nègre", nous ne souhaitons pas reconduire la force blessante de ce mot dans le corps de texte de notre pétition.

      https://www.change.org/p/rectorat-de-l-universit%C3%A9-de-gen%C3%A8ve-rebaptisez-le-b%C3%A2timent-uni

      #pétition

  • L’idée d’une « #Suisse_coloniale » apparaît comme une contradiction dans les termes, tant l’identité collective helvétique s’est forgée sur l’image d’Épinal d’une neutralité absolue, étrangère au colonialisme et à ses atrocités. Noémi Michel, Maître-Assistante en théorie politique à l’Université de Genève, déstabilise ce récit national mythifié. Dans le cadre de ses travaux de recherche, elle met en avant les multiples modalités à travers lesquelles la Suisse a participé à l’entreprise coloniale, sans posséder de colonies formelles pour autant. Un tel travail de #mémoire porte en lui la promesse d’une compréhension enrichie du #racisme contemporain. S’exposer à la pensée de Noémi Michel, c’est en ce sens convoquer l’histoire pour mieux renseigner notre présent. C’est aspirer à un idéal démocratique où les groupes porteurs de « différence » auraient voix au chapitre. Entretien long format.

    Entretien avec #Noémi_Michel de l’Université de Genève....

    http://www.jetdencre.ch/avec-noemi-michel
    #colonialisme #Suisse #colonisation #imaginaire_colonial #esclavage #histoire #colonialisme_sans_colonies #moutonologie #Henri_Dunant
    cc @simplicissimus

    • Switzerland and ‘Colonialism without Colonies’

      In this essay the theoretical focus of postcolonial theory has been shifted from the cultures and societies of former formal colonies to those countries that have an explicit self-understanding as an outsider within the European colonial power constellation. Using the example of Switzerland, it analyses the presence and perseverance of colonial structures and power relations in a country that has never been regarded as or understood itself as an official colonial power. In a first step, we compare present debates on colonialism in Switzerland with those in neighbouring countries, i.e. France, Germany, Italy and Austria. In a second step, we trace previous research that postulates a link between Switzerland and colonialism, and apply the concept of ‘colonialism without colonies’, which, in contrast, engages with methods and themes that have emerged from postcolonial studies. Finally, we present a specific case study on ‘Swiss commodity racism’ in order to elucidate the concept ‘colonialism without colonies’.

      http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/1369801X.2015.1042395?journalCode=riij20

    • Sheepology: The Postcolonial Politics of Raceless Racism in Switzerland

      Discussing racism and its colonial genealogy remains difficult in contemporary Switzerland. This article addresses the politics of racism’s name-ability at the crossroads of studies of ‘postcolonial Switzerland’ and ‘raceless racism’ in continental Europe. The former highlight Switzerland’s self-conception as outside colonialism. The latter emphasize the complexities of Euro-racism, in particular its production through the absence of explicit racial references. Drawing on postcolonial discourse-analytic methodology, I explore the famous case of the ‘sheep poster’ that supported the far right-wing Swiss People’s Party campaign in 2007 and triggered an important controversy around legitimate public images of ‘Swissness’ and ‘difference’. The first section analyses the (untold) history of colonial racialised discourses that are conveyed by the poster. The second and third sections comprise a discourse analysis of the public claims that were expressed by various actors against or in defence of the poster. I show that the controversy consisted of a struggle between three antagonistic articulations of ‘Swissness’ and ‘difference’, namely between an antiracist discourse, and anti-exclusionary discourse, and defensive interventions. As the two latter discourses became hegemonic at the expense of the anti-racist critique, this struggle reasserted and renewed a regime of raceless racism, revealing both specificities and commonalities between the Swiss case and the broader context of postcolonial Europe.

      http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13688790.2015.1191987?journalCode=cpcs20
      #post-colonialisme

    • Des visites guidées à #Neuchâtel retracent les vestiges de l’esclavage

      Pour la semaine d’action annuelle contre le racisme, la ville de Neuchâtel se penche sur le racisme d’hier et d’aujourd’hui. Des visites guidées suivent les traces de personnalités neuchâteloises devenues riches grâce aux esclaves, ou qui ont contribué à légitimer l’esclavage.

      https://www.rts.ch/play/radio/le-12h30/audio/des-visites-guidees-a-neuchatel-retracent-les-vestiges-de-lesclavage?id=9407382&

      #Agassiz #Louis_Agassiz #David_de_Pury

      #toponymie #polygénisme #supériorité_de_la_race_blanche #purysbourg

      Louis Agassiz

      Né à Môtier (FR) en 1807, décédé à Boston (USA) en 1873, le naturaliste Louis Agassiz a exercé une profonde empreinte sur le développement de la vie scientifique neuchâteloise. Recruté par les autorités de la Principauté de Neuchâtel en 1832, ce jeune savant doté d’un charisme exceptionnel s’était déjà fait un nom dans les universités allemandes et à Paris, par ses travaux d’étude comparée et d’embryologie des oursins et des poissons fossiles et vivants. Dès 1837, il acquiert une réputation mondiale avec sa « théorie glaciaire » : à la suite d’expéditions alpines largement médiatisées, ses travaux sur le glacier de l’Aar lui permettent d’établir l’existence d’un âge glaciaire préhistorique, qui prolongeait la théorie des catastrophes de Cuvier.

      En 1846, Agassiz émigre aux Etats-Unis, pour s’installer à l’Université de Harvard, où il crée le Musée de zoologie comparative, qui devient bientôt l’un des principaux musées scientifiques du monde. Fortement engagé dans la diffusion publique du savoir et dans la défense de l’instruction des femmes, Agassiz a joué un rôle décisif pour l’affirmation de la science en Amérique. Aujourd’hui, cependant, son héritage doit se mesurer à l’aune de ses thèses fixistes et de ses doctrines raciales.

      Dès la parution de l’Origine des espèces en 1859, Agassiz se profile en effet comme l’un des principaux adversaires de Darwin. Farouchement opposé à l’évolutionnisme, le naturaliste suisse avait pourtant contribué à la mise en évidence du développement progressif de la vie et de la succession des espèces. Dans l’épistémologie finaliste d’Agassiz, cependant, ces filiations n’étaient pas génétiques, mais idéelles : elles suivaient un Plan divin de créations successives établi dès l’origine du monde.

      Quoique catégoriquement hostile à l’esclavage des Noirs, Agassiz est marqué par un racisme viscéral. Ses positions relatives à l’infériorité de la « race noire » ne se distinguaient pas de celles partagées par la majorité des anthropologues de l’époque. Mais à la différence de ses confrères, Agassiz s’est profondément compromis dans le débat public, en alimentant, avec son puissant prestige scientifique, une idéologie raciste aux répercussions politiques prévisibles. En 1863, il recommande ainsi aux autorités de l’Union de concentrer les esclaves affranchis dans certaines zones des états du Sud, afin d’éviter les conséquences selon lui néfastes de la contamination réciproque des races blanche et noire. Par-delà l’égalité officiellement proclamée, cette recommandation préfigurait en quelque sorte la ségrégation de fait qui s’imposera peu à peu, après la Guerre de Sécession.


      https://www.unine.ch/unine/home/luniversite/portrait/histoire/louis-agassiz.html

      David de Pury (bienfaiteur)

      Son vrai nom est #David_Purry, créé Baron le 1er janvier 1785. Une très ancienne gravure retrouvée au Portugal l’atteste.

      D’autre part, sur le socle de la statue érigée à son souvenir sur la place portant son nom à Neuchâtel il est écrit : « David de Purry ». La place quant à elle s’appelle la Place Pury. On y apprend également que le Baron David de Purry (1709-1786) est considéré comme « bienfaiteur de Neuchâtel ». Il légua à sa ville natale, peuplée alors de quelque 2 000 habitants, sa fortune. Celle-ci correspondrait de nos jours à quelque 600 millions de francs. Cette somme a permis de construire plusieurs bâtiments importants et a financé le détournement du cours d’eau "Le Seyon".


      https://fr.wikipedia.org/wiki/David_de_Pury_(bienfaiteur)

      Famille de #Pourtalès

      La famille #de_Pourtalès, d’origine cévenole, s’est illustrée dans de nombreux domaines et notamment dans le commerce, la finance, la diplomatie, l’armée, les sciences et la littérature. Elle offre un bon exemple de réussite d’une famille huguenote ayant préféré émigrer plutôt qu’abjurer. Collectionnant les châteaux et tissant un vaste réseau d’alliances, elle va essaimer en Suisse, en Allemagne et aux États-Unis d’Amérique. Au XIXe siècle, on parle du « royaume Pourtalès » tant cette famille est riche et puissante.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_de_Pourtal%C3%A8s

      Famille #de_Meuron

      Ancienne famille suisse originaire du canton de Neuchâtel. Bourgeoise de Boveresse, de Neuchâtel (1598), de Saint-Sulpice (NE), d’Orbe (1766), d’Yverdon (1818), de Genève (1902 Orbe) et de Sonvilier.

      L’un des membres de cette famille, Charles-Daniel de Meuron, formera en 1781 un régiment de mercenaires, le Régiment de Meuron. D’abord mis au service de la Compagnie hollandaise des Indes orientales et déployé au Ceylan (Sri Lanka), ce régiment passe ensuite au service de l’Angleterre. En 1813, on le retrouve stationné sur l’Île de Malte, au milieu de la Méditerranée (source : Maurice Vallée).

      http://www.genealogiesuisse.com/meuron.htm

      Pierre-Alexandre #DuPeyrou

      Pierre-Alexandre DuPeyrou, né le 7 mai 1729 et mort le 13 novembre 1794, est un notable de Neuchâtel, à la tête d’une énorme fortune et un esprit indépendant qui se lia notamment avec Jean-Jacques Rousseau. C’est lui qui, après la mort de l’écrivain, publia à Genève, en 1788, la première édition complète de ses œuvres. En 1790, il publia, encore à Neuchâtel, la deuxième partie des « Confessions »1.


      https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Alexandre_DuPeyrou

    • Viens de lire cela sur la page FB d’un journaliste du Courrier, Mohamed Musadak :

      La ville de Neuchâtel décide de remplacer le nom de la rue Louis Agassiz, glaciologue et théoricien de la hiérarchie des races, par celui de #Tilo_Frey, première Noire élue au Conseil National. Cocasse

      Et grâce à cela, je découvre cette personnalité suisse... politicienne, femme, noire... (elle cumule, elle, surtout dans les années 1970 !)
      Tilo Frey :

      Lors de la votation fédérale du 7 février 1971 la population suisse se prononce en faveur du droit de vote et d’éligibilité pour les femmes suisses ; dans le prolongement de cette modification constitutionnelle, Tilo Frey est en octobre 1971 la première neuchâteloise à être élue au Conseil national ; elle y reste durant une législature, jusqu’en 19752.

      http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/d/D6042.php
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Tilo_Frey

      Info sur changement de nom à vérifier.

    • Neuchâtel débaptise l’#Espace_Louis_Agassiz, scientifique controversé

      La Ville de Neuchâtel a décidé de reconsidérer la place et l’héritage de Louis Agassiz dans l’espace public. Le glaciologue, accusé d’avoir promu le racisme, soulève la polémique depuis quelques années en Suisse.

      La Ville a indiqué vendredi avoir choisi de baptiser l’actuel Espace Louis-Agassiz du nom de Tilo Frey, pionnière de l’émancipation des femmes et des minorités ethniques en Suisse. Elle a fait partie des onze premières femmes élues au Parlement fédéral en 1971, sous la bannière du Parti radical.

      L’abandon du nom Espace Louis-Agassiz, où se trouve la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel, a été fait en accord avec le rectorat et sera effectif en 2019.

      Cette décision est « exceptionnelle », précise la Ville. Elle répond à la préoccupation de ne pas porter atteinte à l’image de l’Université au niveau international par une adresse qui la lie à une personnalité controversée.
      Héritage pas entièrement renié

      « On n’est pas en train de déshonorer la mémoire de Louis Agassiz » ou de « céder au politiquement correct », a déclaré vendredi à Neuchâtel Thomas Facchinetti, conseiller communal en charge de la culture et de l’intégration. « On est conscient de la contribution considérable du biologiste », cofondateur de l’Université de Neuchâtel et du Musée d’histoire naturelle, à la science.

      La Ville estime néanmoins qu’il subsiste encore de nombreux hommages de Louis Agassiz à Neuchâtel - buste à l’Université, grand portrait au Musée d’histoire naturelle, bloc erratique à Pierre-à-Bot. Il peut « céder un peu des honneurs » qui lui sont faits au profit d’une femme de couleur. Les personnalités féminines sont d’ailleurs largement sous-représentées dans les noms de rue, a ajouté Thomas Facchinetti.

      https://www.rts.ch/info/regions/neuchatel/9826189-neuchatel-debaptise-l-espace-louis-agassiz-scientifique-controverse.html

      Dans le reportage de la RTS on y apprend que à #Saint-Galles il y avait une rue #Krüger, repabtisée depuis #Dürrenmattstrasse :

      St.Galler Erinnerungen an den Sklavenhandel

      Einer der gutbesuchten Workshops am diesjährigen Sufo war die Diskussionsrunde «Auf den Spuren des Sklavenhandels in St.Gallen» samt zugehörigem Spaziergang. Ein Thema, das mehr mit heute zu tun hat, als auf den ersten Blick zu vermutet.


      https://www.saiten.ch/st-galler-erinnerungen-an-den-sklavenhandel
      #toponymie_féministe