• Par prudence, le GIEC aurait sous-estimé les effets du réchauffement

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/09/28/par-prudence-les-experts-du-giec-auraient-sous-estime-les-effets-du-rechauff

    Sur d’autres sujets comme le lien entre des événements météorologiques extrêmes et le réchauffement ou le stockage de chaleur dans l’océan, la même « prudence » du GIEC est observée. Ce « conservatisme scientifique » ne se manifeste pas seulement dans les prévisions des effets du réchauffement. Il se retrouve également dans la manière dont les experts du climat anticipent le rythme à venir des émissions humaines de gaz à effet de serre. En 1999, le GIEC avait ainsi élaboré différents scénarios de développement économique – des plus sobres aux plus émetteurs. En définitive, c’est le pire de tous ces scénarios qui s’est réalisé dans la décennie qui a suivi. Les experts n’étaient pas parvenus à imaginer pire situation que la réalité.

    Pour quelles raisons le GIEC tend-il souvent à minimiser la menace ? L’implication des gouvernements dans le processus du GIEC y contribue sans doute, dit en substance Naomi Oreskes. Cependant, d’autres éléments suggèrent que les communautés scientifiques sont, en elles-mêmes, très conservatrices. Dans leur étude, les auteurs évoquent même un « principe de moindre étonnement », selon lequel une hypothèse ou un résultat a plus de chances d’être accepté s’il ne heurte pas par ses aspects spectaculaires ou dramatiques.

    L’un des auteurs du deuxième rapport, qui a été rendu en 1995, raconte volontiers qu’une discussion très « politique » opposa les scientifiques sur le choix des mots à utiliser pour décrire l’empreinte du réchauffement anthropique, qui venait alors d’être détectée : était-elle « appréciable » ou « discernable » ? « C’est le mot discernable, qui fut retenu, raconte Naomi Oreskes. Le terme n’est pas faux, mais c’est clairement le plus faible des deux. »