#surproduction

  • « Ecoutez Jeanne Humbert »
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#humbert

    En ce mois de mars, rendons hommage à une des pionnières du combat des femmes pour une libre sexualité, la liberté de la contraception et de l’avortement, Jeanne Humbert (1890-1986), militante libertaire, pacifiste, naturiste et néo-malthusienne. Initié à la fin du XXe siècle par le pédagogue libertaire Paul Robin (1837-1912), le néo-malthusianisme visait à ce que le peuple puisse en contrôlant les naissances améliorer son sort et offrir moins de chair à canon (pour la guerre), de chair à travail (pour l’usine) et de chair à plaisir (pour la prostitution). Eugène (1870-1944) et Jeanne Humbert vont populariser cette forme de lutte (...)

    #pacifisme #néomalthusianisme #libertaire #anarchisme #féminisme #Humbert #PaulRobin

    • On peut saluer l’engagement de Jeanne Humbert sans toutefois adhérer au néomalthusiannisme – car, heureusement, on peut être pour la liberté de contraception et l’avortement sans être malthusien ou néo-malthusien.

      Et rappeler que, pour le courant communiste révolutionnaire, le néo-malthusianisme correspond au degré zéro de la réflexion politique...

      Chaque période de crise a toujours produit son lot de malthusiens expliquant qu’il faut limiter le nombre des naissances – plutôt que de se demander pourquoi le système économique n’est pas capable de donner à chacun « une place au banquet de la nature ». Si bien que les idées de Malthus – déjà violemment critiquées par #Marx et #Engels en leur temps comme une « infâme, une abjecte doctrine, un blasphème hideux contre la nature et l’humanité » – connaissent depuis toujours, régulièrement, des continuateurs non seulement chez les écologistes mais aussi dans de nombreux courants anarchistes.

      Ceux-là, à tous ceux qui, aujourd’hui, sont inquiets des conséquences du réchauffement climatique, des menaces de la pollution de l’air et des eaux, des destructions souvent irrémédiables des milieux naturels avec leur flore et leur faune, de la dégradation de la qualité des aliments, les courants petits-bourgeois leur répondent en n’envisageant que 2 types de solutions : la limitation de la #croissance_économique, qui serait en elle-même un mal, et la limitation de la croissance démographique.

      Or, ni la #technique, ni les #ressources ne sont en cause. C’est l’usage qu’en fait la société de classe, une société basée sur le profit et qui donc ne se préoccupe du cadre de vie, ou de la qualité de la vie, que lorsque cela devient rentable.

      Le problème, c’est cette société dont la capacité de production s’adapte, en régime capitaliste, non pas à l’humanité existante et à ses besoins, mais à sa capacité d’achat – et qui, ce faisant, n’engendre que #pénuries et barbarie.

      Bref : la #surpopulation est le pendant naturel à la #surproduction capitaliste.

      Le problème est donc : non pas la limitation objective des #ressources, ni un trop-plein d’êtres humains, mais le #capitalisme lui-même, incapable d’en tenir compte.

      Le problème n’est pas la surpopulation, mais l’économie capitalisme dont le #mode_de_production engendre inéluctablement la surpopulation.

      Ce qu’il faut, non pas limiter (cette chimère de tout réformiste) mais abattre, c’est l’activité industrielle sur la base de la recherche du profit. Ce qu’il faut abattre, c’est ce système économique qui n’envisage l’implantation des entreprises, l’évacuation des déchets, la pollution de l’air et des cours d’eau, qu’en fonction des seuls critères du moindre coût, et ce au mépris de leurs conséquences dramatiques sur le climat et le milieu naturel.

      Autant dire que le choix qui se pose à l’humanité de façon quantitative n’est pas croissance ou pas, mais : croissance contrôlée, entièrement et consciemment déterminée par les producteurs eux-mêmes en fonction de tous les aspects de l’intérêt humain, ou bien croissance anarchique, entrecoupée d’ailleurs d’arrêts catastrophiques, de destructions brutales ou de périodes de stagnation et de malthusianisme dans certains domaines ?

      C’est pourquoi les communistes révolutionnaires répondent aux courants petit-bourgeois qui veulent limiter les naissances dans un système barbare qu’ils ne posent pas la question de la bonne façon.

      Aujourd’hui, plus que jamais, ce qui compte, c’est de mettre fin aux barrières sociales qui empêchent les progrès techniques de profiter à l’humanité. C’est de rendre possible une société qui puisse diriger et contrôler sa propre croissance, pour la mettre au service de l’humanité.

      C’est la révolution prolétarienne que les écologistes, et tous les courants dans leur sillage, refusent de fait lorsqu’ils promeuvent le #néomalthusiasnisme en guise de solution – cette #théorie_réactionnaire à l’usage du capitalisme sénile.

      #communisme_révolutionnaire #écologie #réaction #anarchisme #néo-malthusiannisme

    • Cher camarade,
      Il faudrait tout d’abord éviter de confondre le malthusianisme (du pasteur Malthus) et le néo-malthusianisme, l’un d’essence essentiellement réformiste et bourgeoise tandis que l’autre est prolétarien et cherche à améliorer le sort immédiat du peuple (et pas lorsque la révolution aura passé). D’autant qu’ils se situaient dans le mouvement ouvrier et ses luttes. Il faut aussi replacer cela dans le cadre de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, de la misère ouvrière… A cette époque, on ne peut oublier que les néo-malthusiens ont été à la pointe du combat pour la contraception, l’avortement, la liberté sexuelle… Même si notre but semble être le même – une société débarrassée du capitalisme et auto-organisée –, je ne pense pas qu’il faille négliger les autres combats (contre le racisme, pour le féminisme, contre le [néo]colonialisme, etc.) sans perdre de vue l’objectif final. Vous me faites songer à un vieux bolchevik qui ne voit que le combat économique et la lutte des classes. Comme le pensent les « petits-bourgeois » individualistes et anarchistes, il ne pourra y avoir de révolution sans évolution personnelle : « révolutions-nous ! ». Cela permettra peut-être d’éviter le sort de trop de révolutions qui ont abouti à la barbarie. Ne pas se soucier de la technique et des ressources me paraît dangereux pour toute évolution future. Bien sûr, il ne faut pas se laisser prendre au piège de l’écologie politique ou du capitalisme vert. Permettez-moi d’ajouter que votre morgue et vos certitudes me font sourire, remettez-les en question, doutez, interrogez-vous et mettez un peu de côté votre « catéchisme révolutionnaire »…
      Bien à vous,
      P.B.

      #néo-malthusianisme #anarchisme #communisme_révolutionnaire #luttes

    • 3 points dans cette réponse :
      – le "néo-malthusianisme" ne se résume pas à améliorer "le sort immédiat du peuple" en limitant les naissances en étant "à la pointe du combat pour la contraception, l’avortement, la liberté sexuelle", vous le savez probablement très bien. Il cautionne aussi l’idée que les ressources étant limitées, il faudrait limiter la taille des populations. Comme si c’était le problème...
      – "Vous me faites songer à un vieux bolchevik qui ne voit que le combat économique et la lutte des classes". La lutte de classe, certainement : comment mettre fin à la moindre "oppression spécifique" sans débarrasser la société des rapports sociaux de production basés sur l’exploitation ? Comment mettre fin à la moindre discrimnation sans supprimer les rapports sociaux sur lesquels ils se reproduisent et s’épanouissent ? Quant à ne voir que "le combat économique", c’est résumer de manière bien caricaturale le combat qui mènera le prolétariat à s’emparer des moyens de production pour eux-mêmes...
      – "Il ne pourra y avoir de révolution sans évolution personnelle : « révolutions-nous ! »". C’est ce que disent depuis toujours tous les curés. "Changeons nous-mêmes pour changer le monde", cette vieille rengaine pré-marxiste qui repose sur le vieil idéalisme dominant. L’optique matérialisme dit précisément le contraire : renversons les rapports sociaux – ce que le prolétariat par sa position est en situation de faire – pour changer les hommes.

      Quant à voir de la morgue dans une simple réponse de militant, je ne peux que m’en étonner.

  • 21 février 1848 : première parution du Manifeste du Parti communiste , de #Karl_Marx et #Friedrich_Engels

    90 ans de Manifeste Communiste, par Léon Trotsky

    https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1937/10/371030.html

    Les #sociétés_de_classes, dont l’Égypte antique et Sumer avaient été des grands précurseurs, allaient se développer au rythme de la progression des #forces_productives et des conflits entre les classes sociales, entre exploiteurs et exploités. Comme Marx et Engels l’ont synthétisé au tout début du #Manifeste_communiste  : «  L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte de classes.  »

    Voici comment Marx exprima le lien entre les forces productives d’une société donnée et ce qu’il nomma la superstructure idéologique  : «  (...) Dans la #production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui corres­­pondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives maté­rielles. L’ensemble de ces rapports de production constitue la #structure_économique de la société, la base concrète sur laquelle s’élève une #superstructure juridique et politique et à la­quel­le correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être  ; c’est inversement leur être social qui détermine leur #conscience.  »

    Les #religions, les #idées de nation, de #démocratie, de #république et même l’idée du #socialisme, toutes les idéologies sont l’expression d’une réalité sociale. «  Les idées ne tombent pas du ciel, et rien ne nous vient en songe  » disait un des premiers marxistes italiens à la fin du 19e siècle, #Antonio_Labriola. Et si des idées ont une audience, sont reprises par des milliers, des millions d’êtres humains, c’est qu’elles répondent à une nécessité sociale.

    Produits des sociétés divisées en #classes, les #idéologies, en regroupant, en mettant en mouvement de façon coordonnée des masses d’individus, agissent en retour sur cette réalité sociale.

    https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/developpement-des-sciences-et

    #Marx #Engels #Manifeste

    • Les circonstances de la rédaction du Manifeste et le résumé de ses quatre parties (source : Marx, de Pierre Fougeyrollas) :

      A la fin de novembre 1847, se tient, à Londres, le deuxième congrès de la #Ligue_des_communistes. Cette fois-ci, #Marx y assiste en compagnie d#’Engels. Avant le congrès, Marx participe à un meeting organisé par les Fraternal Democrats, pour commémorer l’insurrection polonaise de 1830. Il y proclame :

      « La vieille Pologne est morte, cela ne fait aucun doute et nous serions les derniers à souhaiter sa restauration. Mais elle n’est pas seule dans ce cas. La vieille Allemagne, la vieille France, la vieille Angleterre, toute la vieille société est condamnée.

      Et, s’adressant à son auditoire anglais, il s’écrie :

      « La Pologne ne sera pas libérée en Pologne, mais en Angleterre. Vous autres, chartistes, vous n’avez donc pas à former des vœux pieux pour la libération des nations. Battez vos propres ennemis, à l’intérieur, et vous pourrez avoir conscience d’avoir battu toute la vieille société. »

      Le congrès de la Ligue charge Marx et Engels de rédiger le programme de l’organisation à la direction de laquelle ils participent désormais. A Paris, Engels avait préparé un projet de « catéchisme communiste » dont il avait entretenu Marx et qu’il avait finalement préféré intituler « manifeste ». De retour sur le continent, Marx entreprend de rédiger le texte demandé par le congrès. Mais son perfectionnisme entraîne quelques lenteurs. Le 24 janvier 1848, une résolution de la direction de la Ligue le met au pied du mur :

      « Le comité central charge, par la présente, le comité régional de Bruxelles de communiquer au citoyen Marx que si le Manifeste du Parti communiste dont il a assumé la composition au dernier congrès, n’est pas parvenu à Londres, le 1er février de l’année courante, des mesures en conséquence seront prises contre lui. »

      Finalement, Marx respecte les délais et envoie son manuscrit à Londres, à la fin de janvier. Mais, il était grand temps, car le #Manifeste_du_Parti_communiste dont Engels avait commencé l’élaboration et que Marx rédigea seul, parut, à Londres, en langue allemande, dans les jours mêmes où commençaient à déferler sur l’Europe les vagues de la Révolution de 1848.

      A travers ses éditions successives et des traductions dans un nombre considérable de langues, le Manifeste est devenu l’ouvrage le plus célèbre de Marx et d’Engels. Ecrit dans un style classique, riche en formules saisissantes et développé selon une logique rigoureuse, le livre conduit le lecteur de sa prémisse : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes », à sa conclusion : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » C’est à tort que le #Manifeste est parfois considéré comme une simple œuvre de vulgarisation. Car, pour être claires, ses phrases n’en sont pas moins porteuses de tout le contenu de la #conception_matérialiste_de_l’histoire que l’on appellera plus tard le #matérialisme_historique, et de toute la stratégie révolutionnaire connue sous le nom de #socialisme_scientifique. A ceux qui veulent entrer dans la connaissance du marxisme, on ne saurait trop conseiller de commencer par la lecture du Manifeste.

      Dans la première partie, Marx brosse une fresque incomparable de l’ascension révolutionnaire de la #bourgeoisie et des bouleversements qu’elle a entraînés pour l’humanité tout entière. Le premier, il constate que cette bourgeoisie a créé le « marché mondial », dans le cadre duquel la vie économique actuelle continue à se dérouler. Il montre que le passage de la #société_féodale à la #société_bourgeoise s’est accompagné d’un prodigieux essor des forces productives, à travers les stades commercial, manufacturier et industriel du #capitalisme. Il établit ensuite que la bourgeoisie, devenue classe dominante, n’a pas pour autant acquis la maîtrise de la nouvelle économie, périodiquement ravagée par des crises de #surproduction.

      De cette analyse, Marx tire la conclusion suivante :

      « Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’une part, en imposant la destruction d’une masse de forces productives, d’autre part, en s’emparant de marchés nouveaux et en exploitant mieux les anciens. Qu’est-ce à dire ? Elle prépare des crises plus générales et plus profondes, tout en réduisant les moyens de les prévenir.

      « Les armes dont la bourgeoisie s’est servie pour abattre la féodalité se retournent à présent contre la bourgeoisie elle-même. Mais la bourgeoisie n’a pas seulement forgé les armes qui lui donneront la mort ; elle a en outre produit les hommes qui manieront ces armes — les travailleurs modernes, les prolétaires. »

      En se fondant sur la réalité objective de la lutte des classes, Marx annonce qu’aux révolutions bourgeoises du passé succéderont les révolutions prolétariennes de l’avenir.

      Dans la deuxième partie du Manifeste, il définit la position des communistes par rapport à l’ensemble du prolétariat en indiquant qu’ils n’ont pas d’intérêts distincts de cet ensemble. Il précise ainsi la ligne politique de la Ligue des communistes :

      « Voici ce qui distingue les communistes des autres partis prolétariens : d’une part, dans les diverses luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts communs du prolétariat tout entier, sans considération de nationalité, d’autre part, dans les diverses phases de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, ils représentent toujours l’intérêt du mouvement dans son ensemble. »

      Le Manifeste est, en vérité, un programme au centre duquel se situe la construction d’un parti exprimant avec une pleine indépendance les intérêts de classe des travailleurs salariés dans leur lutte contre l’exploitation du capital.

      La troisième partie consiste dans une critique de la littérature socialiste et communiste de l’époque. Elle dénonce les diverses formes du « #socialisme_réactionnaire » : le « #socialisme_féodal » qui préconise le retour aux temps antérieurs à la révolution bourgeoise, le « #socialisme_petit-bourgeois » qui rêve d’une société composée d’artisans, enfin le « socialisme allemand ou socialisme vrai » qui s’oppose au machinisme et à la lutte des classes, au nom de spéculations fumeuses. Marx attaque ensuite le « socialisme conservateur ou bourgeois » de Proudhon, c’est-à-dire le réformisme et le refus de porter le combat prolétarien au niveau politique, au niveau de la lutte pour le pouvoir. Enfin, il constate que les doctrines utopiques de Saint-Simon, de Fourier et d’Owen ont eu le mérite de correspondre aux débuts de l’histoire du mouvement ouvrier et qu’elles sont désormais dépassées par les effets de l’industrialisation.

      La quatrième partie conclut en reprenant les enseignements de la deuxième partie et en indiquant que l’avant-garde communiste est prête à appuyer partout « les mouvements révolutionnaires contre les institutions sociales existantes » et qu’elle entend travailler partout « pour l’union et l’entente des partis démocratiques de tous les pays ».

      #prolétariat #lutte_de_classe #parti_révolutionnaire

  • Bordeaux : contraints d’arracher leurs vignes, les viticulteurs demandent des aides financières de l’Etat
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/gironde/bordeaux/bordeaux-contraints-d-arracher-leurs-vignes-les-viticul

    Le #vignoble bordelais, qui s’étend actuellement sur 110 000 hectares, dont 85 % de rouge, souffre en effet d’une #surproduction. « On a un million d’hectolitres en trop, l’offre n’est plus adaptée à la demande », martèle Didier Cousiney. Les viticulteurs sont confrontés à une baisse des ventes et une #dégradation de leur #réputation, avec des vins jugés trop chers ou pas assez respectueux de l’environnement.

  • #Crise économique : les leçons de #1848
    18 AVRIL 2020 PAR #ROMARIC_GODIN

    https://www.mediapart.fr/journal/france/180420/crise-economique-les-lecons-de-1848

    La violence de la crise économique du Covid-19 n’a guère de précédents en France en temps de paix que la crise de #1929 et celle de 1848. Cette dernière porte en elle un certain nombre de leçons et de mises en garde
    #Mediapart

    l’histoire ne se répète pas, c’est entendu. Pourtant, certaines circonstances du passé éclairent l’époque et mettent en garde contre les tentations de penser trop vite notre présent. La crise du #coronavirus a mis à terre l’économie capitaliste que l’on croyait invincible. Le commerce et l’industrie sont à l’arrêt, la « richesse » créée sera peut-être cette année la plus faible depuis quinze ans. Le PIB pourrait chuter de 10 à 15 %. Partout, l’État s’active pour amortir le choc, vient, en pompier du capitalisme, compenser les pertes. Les milliards pleuvent et les gouvernements aiguisent leurs discours les plus sociaux pour apaiser une éventuelle colère et former une hypothétique « union nationale ».

    Ce type de situation est assez rare en régime capitaliste en période de paix. Mais il est un précédent qui mérite qu’on s’y penche, celui de 1848. Certes, les deux époques sont différentes et les deux crises très lointaines en apparence. D’un côté, un virus, indépendant de la volonté des hommes, de l’autre, une révolution, produit de cette volonté. D’un côté, une économie capitaliste très avancée, de l’autre, un capitalisme naissant dans une société encore très largement rurale. Il ne s’agit pas de plaquer le passé sur le présent, mais de montrer comment les forces économiques et sociales ont réagi à une crise qui présente des éléments communs

    Le trône de Louis-Philippe est brûlé par les révolutionnaires en 1848 !. © DR

    Car ces éléments ne manquent pas. La crise de 2020 n’arrive pas comme un coup de tonnerre au cœur d’un temps radieux. Elle frappe un capitalisme en crise latente, qui se cherche, qui peine à se remettre de la crise de #2008 et qui souffre d’une croissance structurellement faible de sa productivité. Or la #révolution de février 1848 en France se produit dans un contexte économique du même type. Le capitalisme naissant subit depuis #1846 une crise financière et économique mondiale : l’emballement boursier autour des « nouvelles #technologies » d’alors, notamment les chemins de fer, s’est transformé en # qui a éclaté. La #surproduction générale est devenue évidente et plombe l’activité.

    Au début de 1848, la crise semble s’apaiser, mais au prix d’une forte intervention des autorités financières. La Caisse des dépôts a racheté massivement les actions de chemins de fer, la Banque de France a multiplié les avances aux entreprises, le Trésor a inondé le pays d’argent à coups d’émissions de dettes. Comme avant 2020 finalement, l’économie était sous perfusion et les moyens pour la soutenir immenses. Marie d’Agoult, femme de Franz Liszt (et mère de Cosima Wagner), résumait la situation en ce début d’année dans son Histoire de la révolution de 1848, qu’elle publia sous le pseudonyme de Daniel Stern : « Tous les ressorts étaient tendus, le moindre événement survenu à l’improviste pouvait les briser. »

    Cet événement inattendu fut la révolution des 22, 23 et 24 février 1848. Certes, avec la crise économique, la situation politique s’est tendue depuis deux ans en France. Le régime de Louis-Philippe se sent pourtant suffisamment fort pour refuser toute ouverture et toute réforme, notamment celle de l’élargissement du droit de vote. La période des révolutions parisiennes, nombreuses dans les années 1830, semble achevée. C’est donc sans inquiétude qu’il interdit un banquet de l’opposition prévu le 22 février. Et personne au sein de l’opposition n’y voit une occasion de renverser le régime. C’est pourtant ce qui se produit. Les Parisiens renversent la monarchie constitutionnelle en deux jours. Un gouvernement provisoire est installé qui proclame la République.

    La surprise est totale. Et, dans les milieux économiques, elle s’accompagne d’une panique complète. Car, comme l’ont souligné Karl Marx et Friedrich Engels en entame de leur Manifeste du Parti communiste paru en janvier, « un spectre plane sur l’Europe, celui du communisme ». La France est le laboratoire des pensées socialistes et communistes avec des penseurs comme Pierre-Joseph Proudhon, Louis Blanc, Étienne Cabet ou encore les disciples de Charles Fourier et du comte de Saint-Simon. De plus, le retour de la République, proclamé le 24 février, fait craindre un retour à la terreur de l’an II et ses mesures d’économie administrée. Le fameux choc tant redouté par Marie d’Agoult se produit.

    • “ Au début de 1848, la crise semble s’apaiser, mais au prix d’une forte intervention des autorités financières. La Caisse des dépôts a racheté massivement les actions de chemins de fer, la Banque de France a multiplié les avances aux entreprises, le Trésor a inondé le pays d’argent à coups d’émissions de dettes. ”

    • Selon les données du Projet Maddison, qui reconstitue les PIB du passé, en 1848, le PIB par habitant de la France a reculé de 6,5 % en parité de pouvoir d’achat de 1990. C’est un chiffre exceptionnel en temps de paix. D’après la même source, et jusqu’à cette année, une telle chute annuelle du PIB par habitant ne s’était jamais rencontrée depuis, en dehors des trois guerres de 1870, 1914-1918 et 1939-1945, que lors de la grande crise de 1929 où le PIB par habitant a reculé de plus de 7 % en 1931 et 1932. À titre de comparaison, la révolution de 1830 n’avait amputé cet agrégat que de 2,5 %, tandis que la crise de 2008 l’avait réduit de 3,5 %. Autrement dit : en 2020 comme en 1848, nous vivons un choc économique d’une violence rare en temps de paix, causé par un choc externe en partie politique (n’oublions pas que le confinement, origine de la crise actuelle, est une décision politique).

    • Nous produisons, nous décidons, c’est beau comme le communisme. Et pourtant. Prenons la chose par un autre bout, là où la CGT EDF décide de tout, et l’écart revendiqué se résorbe pour échouer dans la normalité, y compris sous ses formes les plus abjectes.
      La caisse centrale de l’action sociale d’EDF GDF du comité d’entreprise EDF GDF est financée par 1% des recettes de ces entreprises. Contrairement aux autres comités d’entreprise, celui-ci est dirigé exclusivement par les représentants du personnel. Quelle belle exception ! Le patron c’est la CGT, le syndicat maison, c’est la CGT. Avec les privatisations, le nombre de centres de vacances de ce qui fut longtemps le premier employeur de #saisonniers de France a diminué de 40%, passant de 600 à moins de 400 structures (à la louche). La CCAS reste néanmoins un des employeurs d’#intermittents_du_spectacle les plus appréciés. Obtenir un contrat pour une tournée nationale de projections de films, de concerts ou de représentations en ces lieux, c’est s’assurer de bons nombre de cachets pour ouvrir droit au chômage. Dans ces centres prédomine une gestion féodale de personnes dépendants des salaires versés (agents techniques, personnels de salle, ouvriers, #animateurs). Dans des régions où l’emploi est rare, on aura à coeur de garder le sien ou de ne pas hypothéquer la saison, le contrat d’après. Un machisme étouffant y règne (observez une fois le SO central de la CGT et complétez le tableau pour entrevoir leurs moeurs au quotidien), jusqu’à un informel et aléatoire droit de cuissage. On y gouverne le personnel par la trouille, l’humiliation, et depuis que le harcèlement est devenu un délit, quelques « affaires » encombrent les instances de direction. Les centres locaux n’ont pas le monopole de ces rapports de pouvoir, après avoir été harcelée, une employée du siège à Montreuil s’est suicidée. Les direction territoriales font la promotion de k’égalité hommes femmes, du féminisme (campagne d’office et d’info tout à fait réussies), pendant qu’elles ont à mettre sous le tapis de nombreuses situations où des femmes employées par la CCAS sont violentées par leur hiérarchie, avec des directeurs de centres qui pratiquent l’humiliation privée et publique (un théâtre destiné à faire obéir tous les autres).

      À ce gouvernement par la peur s’adjoint un lien plus intégrateur, une connivence des subalternes avec les directeurs et le fonctionnement des centres locaux, obtenue par corruption croisée des uns et des autres, chacun à hauteur du pouvoir qui lui est concédé participant à des pratiques de détournement des fournitures, contrats, règles, etc.
      Cette boite reposait et repose encore sur un accord productiviste noué après guerre. Jamais les agents d’EDF n’ont réellement mis en jeu leur pouvoir sur la production par des grèves ou actions décisives, jamais l’aristocratie ouvrière d’EDF, les conducteurs de centrales nucléaires, n’a fait défaut aux régimes successifs.

      Cet été, tous les centres de la CCAS de France présentaient aux « bénéficiaires » et à leur visiteurs une expo photo poétique empreinte de nostalgie sur la centrale de Fessenheim (des portails d’ouvriers et techniciens dévoués au bien de la population, des oiseaux, des paysages).

      Je les préfère évidemment lorsque, bien rarement, ils coupent le jus à des boites ou des décideurs, comme c’est le cas ces jours-ci ; lorsque, bien rarement aussi, ils font les Robins des bois en rétablissant le courant aux privés d’électricité ou font basculer en heures creuses la tarification de milliers de foyers.

      #électricité #productivisme #EDF #PCF #cogestion #CGT #clientélisme #nucléaire

    • L’impact des grèves dans les raffineries et les transports n’est pas négligeable pour la #surproduction. Maintenant si les « privilégié.e.s » de la grande turbine décidaient le black-out des principaux sites de production, de commerce, de pouvoir...?
      Faut pas trop rêver, les sapins clignoteront encore ce noël !


      Je me souviens d’un mec qui bossait pour €DF, sur les pylônes, sa maison était éclairée comme un hall d’aéroport. Le plafond du garage couvert de néons, t’en avait même sur les murs. Comme tout à chacun, tu éteins la lumière quand tu quittes une pièce. Ben pas lui, sa baraque brillait de la cave au grenier.
      À propos de la photo du sapin dans la forêt, l’autre jour après une énième mission intérimaire de merde où le taulier me dit : « si t’es pas content, tu dégages » Comme je suis déjà grillé aux assedics, j’ai récupéré mes clous et basta, la tchav ! Puis v’là que je pomme en sortant du bled (Mordelles à côté de Rennes) je m’engage sur une route qui s’avère une impasse et je tombe sur une première maison éclairée comme un sapin de noël, c’est le cas de le dire. Puis une deuxième, une troisième…
      J’ai fini par faire demi tour entouré de lutins et de guirlande clignotantes et quitter ce hameau qui est peut-être un repaire d’anciens employés de la grande turbine. Bastards !

  • « La thèse du ruissellement, selon laquelle plus l’offre culturelle sera riche, plus elle sera partagée par tous est illusoire »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/10/26/la-these-du-ruissellement-selon-laquelle-plus-l-offre-culturelle-sera-riche-

    Les milliards investis dans les équipement de l’Etat ou l’offre numérique croissante n’y font rien : ce sont surtout les milieux aisés et cultivés qui en profitent.
    LE MONDE | 26.10.2018 à 06h37 • Mis à jour le 26.10.2018 à 09h47 | Par Michel Guerrin (rédacteur en chef au « Monde »)

    Chronique. Olivier Donnat est sociologue au ministère de la #culture. Il est un loup dans la bergerie, l’ennemi de l’intérieur, le gars qui casse le moral, fait tomber les illusions. Et les deux études qu’il vient de publier, sur le livre et la musique, ne vont pas arranger sa réputation. Le problème est que ce qu’il écrit depuis trente ans est exact. Ce qu’il a prophétisé s’est vérifié. Ce qu’il annonce est inquiétant.
    En spécialiste des pratiques culturelles, il a montré que les milliards investis par l’Etat pour construire musées, opéras, théâtres, salles de spectacle ou bibliothèques, n’ont servi qu’à un Français sur deux – aisé, diplômé, Parisien, issu d’un milieu cultivé. Ceux qui restent à la porte, souvent aux revenus modestes, s’en fichent ou pensent que cette culture axée sur les traditionnels « beaux-arts » est déconnectée de leurs envies.
    « L’excellence conduit à privilégier des créations exigeantes auxquelles les personnes les plus éloignées de la culture ne sont pas préparées »
    Ce constat, on le lit dans l’enquête sur les pratiques culturelles des Français que le ministère publie tous les dix ans. Olivier Donnat a piloté celles de 1989, 1997 et 2008. La prochaine est pour 2019, qui se fera sans lui – il part à la retraite dans deux mois.

    Le fossé se creuse
    Elle devrait être tout autant déprimante. Car ce qu’a montré notre sociologue, c’est que le fossé se creuse. La construction frénétique de musées ou de théâtres en trente ans a provoqué une forte augmentation de la fréquentation, mais ce sont les aficionados qui y vont plusieurs fois, tandis que les ouvriers et les jeunes de banlieue y vont moins.
    C’est dur à entendre, car l’Etat culturel s’est construit sur l’illusoire thèse du ruissellement : plus l’offre culturelle sera riche, plus elle sera partagée par tous. Aussi le ministère et les créateurs ont longtemps nié cette étude. « Il y a eu des tensions, se souvient Olivier Donnat. J’ai été vu comme un rabat-joie, on me disait que j’avais tort. »
    Aujourd’hui, cette dure réalité est acceptée puisque les cinq derniers ministres de la culture ont fait du combat pour la diversité des publics leur priorité. Mais Olivier Donnat a montré que dans les faits, rien n’a bougé. D’abord parce que ça se joue ailleurs, dans la cellule familiale, à l’école aussi – deux foyers d’inégalités. Mais un obstacle se trouve aussi au sein même du ministère de la culture, armé pour soutenir son offre prestigieuse, très peu pour capter un public modeste.

    Contradiction
    Olivier Donnat pointe aussi une contradiction. « Nos grands lieux culturels visent logiquement l’excellence. Sauf que l’excellence conduit à privilégier des créations exigeantes auxquelles les personnes les plus éloignées de la culture ne sont pas préparées. Parler à ces personnes est très compliqué. La Philharmonie de Paris y parvient en décloisonnant les genres musicaux. »
    Prenons le contre-pied. La France se doit d’avoir les meilleurs musées, opéras ou théâtres, tant mieux pour ceux qui aiment, et tant pis pour les autres. On ne va pas fermer ces lieux qui contribuent au prestige de la nation et dopent le tourisme. Et puis sans ces équipements, la situation serait sans doute pire. Enfin, pourquoi vouloir qu’une pièce novatrice, un film expérimental et un art contemporain pointu plaisent à tous ?
    Sauf que cette offre est financée avec de l’argent public et qu’au moment où les fractures sociales n’ont jamais été aussi fortes, une telle posture est jugée élitiste et a du mal à passer. Ajoutons qu’il existait, dans les années 1960 à 1980, un riche tissu culturel local (MJC, associations) qui, en trente ans, a été broyé sans que l’Etat bouge le petit doigt au motif qu’il n’est pas de son ressort, alors qu’en fait il le méprise. Ce réseau avait pourtant l’avantage d’offrir aux jeunes un premier contact avec la culture.
    Pour Olivier Donnat, l’avenir s’annonce noir pour le théâtre classique ou contemporain, les films français d’auteurs ou la lecture de romans
    En pot de départ, Olivier Donnat nous confie que le pire est à venir. Car les plus gros consommateurs de notre culture d’Etat sont les baby-boomers – ils ont du temps, de l’argent, lisent beaucoup, vont intensément au spectacle. Sauf qu’ils ont 60 ans et plus. « Dans dix ou vingt ans, ils ne seront plus là, et nos études montrent qu’ils ne seront pas remplacés », dit Olivier Donnat, qui annonce un avenir noir pour le #théâtre classique ou contemporain, les films français d’#auteurs ou la lecture de romans.
    Le numérique, dont les jeunes sont familiers, peut-il favoriser la #démocratisation culturelle ? Eh bien non, répond Olivier Donnat avec ses ultimes études sur « l’évolution de la diversité consommée » dans le livre et la musique (à télécharger sur le site du ministère de la culture ou sur cairn.info).
    « Le numérique produit les mêmes effets »
    L’offre en livres et en musiques a pourtant considérablement augmenté en vingt-cinq ans. Mais les ventes baissent. Et puis, qui en profite ? « Le numérique, porté par les algorithmes et les réseaux sociaux, ouvre le goût de ceux qui ont une appétence à la culture, mais ferme le goût des autres, qui, par exemple, ne regardent que des films blockbusters », explique Olivier Donnat, qui en conclut : « Le numérique produit les mêmes effets que les équipements proposés par l’Etat : ce sont les milieux aisés et cultivés qui en profitent. »
    Olivier Donnat prolonge la déprime en décryptant les ventes de livres et de musiques. Tout en haut, les heureux élus sont moins nombreux et à la qualité incertaine – best-sellers pour les livres, compilations pour les CD. Tout en bas, et c’est récent, le sociologue constate une hausse phénoménale de #livres et musiques pointus, vendus à moins de cent exemplaires ou à moins de dix exemplaires.
    Et au milieu, il y a quoi ? Des paquets d’œuvres souvent de qualité, dont les ventes sont également en baisse, noyées dans la #surproduction. Ces œuvres du « milieu » font penser aux films « du milieu », ainsi nommés quand ils étaient fragilisés, coincés entre les blockbusters et les films marginaux. Les œuvres du milieu, qui définissent une « qualité française », forment justement le cœur de cible du ministère de la culture. Elles seront demain les plus menacées. Déprimant, on vous dit.

  • le charme du #ladrillo. au cœur de la #crise espagnole

    La déroute du ladrillo, en Espagne, c’est la déroute d’un système industriel et financier fondé sur la spéculation immobilière et appuyé sur la #surproduction de la brique rouge. Résultat des courses : des #villes-fantômes mais aussi 400 000 foyers expulsés ou menacés d’#expropriation. Au-dessus de la brique, surnage le désir de se réapproprier ses stratégies d’investissement délirantes en déjouant collectivement les manipulations des banques.

    http://www.vacarme.org/article2245.html

    #spéculation_immobilière #Espagne #spéculation #immobilier #expulsions

    signalé sur FB par @isskein, pour archivage
    L’article date de 2013 et a été publié dans la revue Vacarme

  • Plan to dump US-grown peanuts into Haiti represents yet another failed policy
    https://www.grain.org/bulletin_board/entries/5425-plan-to-dump-us-grown-peanuts-into-haiti-represents-yet-another-failed-p

    This article in the Washington Post explores the USDA’s plans in more detail. The U.S. peanut surplus came about under incentives created in an updated Farm Bill passed in 2014. Through a complex system of subsidies, the bill encouraged more peanut production—so US farmers planted more peanuts, pushing down prices and resulting in a huge surplus.

    The cost of warehousing for this peanut surplus is too great—leading to the US government’s decision to give them away.

    Haiti needs food—what’s the problem?

    Simply put, the USDA’s plans to dump 500 metric tons of US grown peanuts into Haiti set to destroy the livelihoods of many of the people the U.S. government has sought to help since the devastating 2010 earthquake.

    Many Haitian farmers grow their own peanuts. In fact, peanuts are considered a staple part of the Haitian diet and are used to produce a thick peanut butter paste that can easily be stored and released into the local markets when prices are high. So they’re vital to the Haitian economy—a fact recognized by the US government’s Hunger and Food Security Initiative, which praised an effort to bolster peanut production by Haitian funders, a project that was partly funded by the Clinton Foundation.

    #arachides #Haïti #surproduction #subventions #marché_local #pauvreté

  • Maïs : la Chine s’attaque à ses gigantesques stocks, Marchés Financiers
    http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/021802121711-mais-la-chine-sattaque-a-ses-gigantesques-stocks-1210264.php

    La libéralisation du marché du maïs chinois est amorcée. « Nous espérons que la nouvelle réforme permettra au marché de jouer un plus grand rôle dans la formation des prix », explique ainsi un responsable de la Commission de développement national et de réforme. Mardi, en réaction à l’annonce, le prix du maïs sur le Dalian Commodity Exchange a plongé au plus bas depuis 2010. Au plus fort, le prix du maïs chinois a valu 50 % de plus que le maïs américain, argentin ou ukrainien.

    Mais, avec ce virage majeur dans sa politique agricole, Pékin entend aussi s’attaquer à des stocks de maïs devenus beaucoup trop encombrants. Car en soutenant la filière, l’Etat chinois a encouragé la production : en quelques années, la #Chine est devenue le deuxième plus gros producteur mondial de #maïs derrière les Etats-Unis et a accumulé des réserves colossales puisqu’elle détient aujourd’hui... plus de la moitié des stocks de la planète.

    #surproduction #agriculture

    • Suite à l’invasion de la Crimée par la Russie, l’Europe a pris des sanctions économiques contre cette dernière qui a rétorqué en décrétant un embargo sur les denrées alimentaires européennes. Enfin, ça, c’est la version officielle. Version à laquelle je croyais moi aussi, jusqu’à ce que j’assiste, pendant le Space 2015, à une conférence donnée par Sergueï Zemliansky. Spécialiste de l’accompagnement des entreprises françaises qui veulent exporter vers la Russie, il a montré que les véritables raisons de cet embargo étaient que depuis longtemps, la Russie était (très largement) importatrice nette de produits agricoles à cause d’un déficit de production. Fermer le robinet des importations est donc un moyen de développer l’agriculture russe à marche forcée. « Si vous voulez manger, produisez. » C’est violent mais efficace. Oh, la perspective d’embêter les gouvernements européens ne doit pas déplaire à Vladimir Poutine, mais en réalité, cet embargo est juste un prétexte. Lever les sanctions serait donc, a priori, inutile. Et même si un jour cet embargo s’assouplit ou disparait, la Russie ne redeviendra pas le bon client qu’elle était puisqu’elle aura gagné en autonomie.

  • L’acier aux avant-postes de la crise chinoise
    https://www.mediapart.fr/journal/international/080116/l-acier-aux-avant-postes-de-la-crise-chinoise

    Surinvestissement, #surproduction, surcapacités, surendettement : les sidérurgistes chinois paient aujourd’hui l’expansion menée à un train d’enfer du pays. Pour survivre à cette crise structurelle, ils inondent le marché mondial de leurs productions à prix cassé. Ses concurrents sont incapables de résister. Faillites, licenciements, fermetures d’usine se multiplient dans tout le secteur.

    #International #Economie #acier #Chine #dumping #entreprises #sidérurgie

    • Sans vouloir faire de l’ironie facile sur les éleveurs FDSEA, je trouve malgré tout d’une profonde tristesse que leur révolte ne remette nullement en question l’#agro-industrie (indissociable de la #grande_distribution qui les pousse à s’endetter avec la complicité des #banques puis qui les sous-paie une fois que la #surproduction a fait chuter les cours) dont ils sont pourtant les premières victimes. Ça m’avait fait la même peine d’entendre Troadec (pourtant loin d’être idiot) défendre le #hors-sol en Bretagne
      http://seenthis.net/messages/210649#message210868

    • Plus généralement j’ai l’impression que les syndiqués FDSEA (je mets à part leur direction qui a d’autres vues et un confort financier sans commune mesure) ne peuvent envisager d’autre mode de production que celui qui prouve pourtant aujourd’hui son échec total. Alors que d’autres leur montrent qu’on peut faire autrement http://seenthis.net/messages/343972 c’est comme s’ils ne pouvaient pas admettre qu’on peut dépasser le XXème siècle et que ça ne veut pas dire retourner au XIXème.

    • En même temps ils ont investi des millions en matériel et en infrastructures, ils peuvent plus reculer. C’est ce qui les met dans la misère (remboursement dette) mais aussi leur patrimoine à léguer et/ou ce qui va les faire vivre à la retraite. Un peu la même situation que les taxis avec leur licence je trouve.

    • J’étais hier soir sur un barrage qui bloquait la voie express près de chez moi. Les éleveurs ont fait un barrage filtrant et contrôlé le contenu des camions frigorifiques. Un sur deux contenait une large part de viande sans mention d’origine ou d’origine étrangère, dont un camion entier de volaille des pays de l’est.
      Moi je ne m’étonne même pas que personne ne remette en cause le système. Mais ça me désole profondément.
      Tout à l’heure, le gouvernement va annoncer des mesures d’urgence mais ça va encore être une série de mesurettes et de rafistolages divers... Mais rien ne sera changé profondément. Jusqu’à la prochaine crise.

    • Je ne sais pas. Trop le nez dans le guidon ? Trop dociles ? Manque d’imagination ? Coincés entre leur malheur et leur rejet a priori de tout ce qui pourrait être alternatif ? Quand j’entends le président de la FDSEA dire « On est au bout d’un système économique mais je ne sais pas ce qu’on peut faire d’autre »... j’ai juste envie de lui parler de toutes les idées que j’ai dans la tête. Ils sont complètement ligotés par le système au point d’être incapables d’envisager autre chose. (Et à mon avis, l’autre chose passerait par du collectif de taille moyenne).

      Sinon, hier, je parlais avec un automobiliste dans un barrage. Il me disait que selon lui, la seule voie possible était celle de la permaculture et d’une agriculture totalement respectueuse des sols, de l’environnement, des humains... Et son commentaire sur la manif’ : « Comme pour les manifestations qui ont lieu à la fermeture des mines, c’est le cri d’agonie du monstre juste avant la fin ».

    • mais quand par exemple ils entendent des gens de la conf qui disent qu’en adaptant leur ferme ils arrivent à faire vivre une personne de plus tout en produisant moins de volumes, ça leur parle pas ?

      Le problème, c’est que pour les élus de la FNSEA, écouter les gens de la conf’... c’est carrément se désavouer soi-même... reconnaître qu’ils ont raison, alors là... Ce n’est même pas envisageable. (C’est très con, si tu veux mon avis.)

  • Yves Citton : « Le capitalisme entraîne une crise de l’attention » (Libération)
    http://www.liberation.fr/societe/2014/09/26/le-capitalisme-entraine-une-crise-de-l-attention_1109327

    Les troubles déficitaires de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH), dont on se lamente de voir les jeunes générations être de plus en plus largement affectées, ne sont souvent que le symptôme de ces multiples exigences contradictoires auxquelles nous soumettent nos structures de vie contemporaines. Le problème, c’est qu’on traite les TDAH comme un problème individuel : c’est cet enfant qui ne parvient pas à se concentrer qu’on traite avec des médicaments. Ou alors comme un problème familial : ce sont ces parents qui ne lui accordent pas assez d’attention et l’abandonnent aux influences pernicieuses des écrans. Il y a des facteurs biochimiques et familiaux, mais il est indispensable de resituer tout cela dans un cadre beaucoup plus large, collectif, socio-économique, anthropologique : notre principale pathologie, c’est le capitalisme lui-même, bien davantage qu’une déficience de tel ou tel neurotransmetteur !

    #éducation #NTIC #attention #TDAH #enfants

    • La prétendue « nouvelle » économie, dont la rareté principale serait l’attention, ne remplace pas « l’ancienne », dont la rareté concerne les facteurs de production (matière première, énergie, etc.). Mais les biens matériels restent notre problème au long cours, et les siècles ultérieurs regarderont, peut-être, comme une inconscience écologique très symptomatique le fait que certains analystes du début du XXIe siècle aient pu croire que l’attention supplanterait la production des biens matériels comme valeur économique dominante…

      En revanche, il est certain que la valeur de l’attention au sein des circuits économiques augmente. Mais il est aussi vrai qu’on a toujours manqué de temps.

      whouh c’est si bien décrit !
      quelqu’un en sait-il plus sur ces fameux « analystes du début du XXIe siècle aient pu croire que l’attention supplanterait la production des biens matériels comme valeur économique dominante » ?

      #surproduction
      #consumérisme
      #capitalisme
      #valeur
      #temps_de_cerveau_disponible
      #propagande
      #publicité

    • Jeremy Rifkin : “Ce qui a permis le succès inouï du capitalisme va se retourner contre lui”
      http://www.telerama.fr/idees/jeremy-rifkin-ce-qui-a-permis-le-succes-inoui-du-capitalisme-va-se-retourne

      Prenez les jouets. Aujourd’hui, ils représentent le premier contact de l’être humain avec la propriété, donc avec le capitalisme. Ce jouet que ses parents lui ont offert, l’enfant découvre que c’est le sien, pas celui de son petit copain. Et personne ne le lui conteste. Mais demain – et en fait aujourd’hui déjà dans de nombreuses familles – les parents emprunteront des jouets pour leurs enfants sur un site internet dédié ; l’enfant l’utilisera pendant quelques semaines ou quelques mois en sachant pertinemment qu’il n’en est pas le propriétaire ; et quand il s’en lassera ses parents renverront le jouet au site web pour que d’autres l’utilisent. A quoi bon garder des dizaines de jouets au grenier, n’est-ce pas ?

      Mais le grand bouleversement à l’œuvre dans cet exemple tout simple, ce n’est pas tant que l’enfant pourra, pendant toute sa jeunesse, profiter d’autres jouets mieux adaptés à son âge : c’est le changement qui se produit dans sa tête par rapport à ce que les générations qui l’ont précédé ont connu. Il apprend en effet « naturellement » que les jouets ne sont pas des objets que l’on possède mais des expériences auxquelles on accède pour un temps donné, et que l’on partage avec les autres. Il se prépare en fait, dès son plus jeune âge, à l’économie du partage qui l’attend. C’est une mutation complète de la société. J’ai presque 70 ans et je n’avais jamais, jamais anticipé qu’une chose pareille se produirait.

      #enfants #jouets #consumérisme #partage #coût_marginal_zéro

  • Where the World’s Unsold Cars Go To Die | Zero Hedge

    #voiture #automobile #parkings_géants

    http://www.zerohedge.com/news/2014-05-16/where-worlds-unsold-cars-go-die

    Je ne sais pas pourquoi mais je me demande si les clefs restent sur le contact. sinon comme les parkings d’avions, #impressionnant

    In the past several years, one of the topics covered in detail on these pages has been the surge in such gimmicks designed to disguise lack of demand and end customer sales, used extensively by US automotive manufacturers, better known as “channel stuffing”, of which General Motors is particularly guilty and whose inventory at dealer lots just hit a new record high. But did you know that when it comes to flat or declining sales and stagnant end demand, channel stuffing is merely the beginning?

    https://www.google.fr/maps/place/Sheerness/@51.4327488,0.7443316,611m/data=!3m1!1e3!4m2!3m1!1s0x47d8d5fd673a9139:0xb08db03282ac83a7

    • Je crois que cet article est erronément alarmiste - un tel niveau de stock peut parfaitement s’expliquer par le flux normal de la distribution de 60 millions de voitures produites annuellement... L’industrie automobile a beau être apôtre du kanban, une grande partie de la production n’est pas produite à la demande mais poussée vers les distributeurs - des stocks sont donc nécessaires. Si seulement deux mois s’écoulent entre la production et la vente, ça nous fait dix millions de véhicules stockés ou en cours de transport... Ce qui demande cent kilomètres carrés de surface de stockage à raisons de dix mètres carrés par voiture.

      L’article dit « thousands upon thousands of unsold cars » et « hundreds of places like this in the world today »... Ce qui est tout à fait dans l’ordre de grandeur que j’estime.

      Bref - I call bullshit on this one !

    • Pour aller dans le sens de @liotier, on peut regarder le site de Sheerness dont tu donnes le lien dans Google Earth.

      Dans WP :
      Sheerness - Wikipedia, the free encyclopedia
      http://en.wikipedia.org/wiki/Sheerness

      …the Port of Sheerness is one of the United Kingdom’s leading car and fresh produce importers.

      Donc il ne s’agit pas d’un parc de véhicules « tombés de chaîne ».

      Et si on regarde le site sur Google Earth, on peut voir que, depuis qu’il y a un parc, il est plein (1990, 2003, 2007, 2013 (état actuel)).

      (NB : la photo de 1940, avec les installations de la Royal Navy et les fortifications est très impressionnante).

      Enfin, tu imagines que quand l’engin que tu nous montrais il y a 2 mois débarque sa cargaison, ça tient de la place…
      http://seenthis.net/messages/238939

    • Possible, possible, thème intéressant à creuser en tout cas. Les images sont impressionnants même si ce n’est pas ce qu’en dit la légende. ça reste une « belle » représentation de la « consommation », une sorte de jus hyper-concentré de la consommation mondiale.

      En voyant les images, j’ai pensé que c’était bizarre que les constructeurs continuent de fabriquer s’ils ne vendent pas. La production st beaucoup plus « flexible » que les avions et s"adapte beaucoup plus rapidement aux « tensions » ou au « relâchement » du marché (genre arrêter les chaines, mise au chômage technique, etc...).

      Merci en tout cas, grâce à vous, ça me donne une idée de billet pour Visions carto (je mets sur la liste)

    • Pour aller dans le même sens...

      –—

      Google Maps Cars Conspiracy : Pictures Lead To (False) Rumours Of Economic Meltdown

      http://www.huffingtonpost.co.uk/2014/05/19/unsold-cars-google-maps_n_5350166.html

      A blogger claims to have exposed a vast, global conspiracy to stockpile millions of unsold new cars to keep the economy afloat, using Google Maps.

      The article, posted at Zero Hedge, has caused a stir online by publishing photos it claims show ridiculously huge stockpiles of new cars. The car industry stacks these cars that no one wants, the article suggests, and continues to make new ones in order to keep the economy and its own bottom line in the black.

  • De l’incongruité des pratiques agricoles et alimentaires du XXIe siècle
    http://www.laviedesidees.fr/De-l-incongruite-des-pratiques.html

    Ce discours a été prononcé par le Surintendant européen du territoire et de l’alimentation à l’occasion des XXVIIIe Causeries d’Oulan-Bator, qui se sont tenues en Mongolie du 9 au 13 juillet 2112. Il rappelle – avec indulgence – les errements de la civilisation prébatorienne : destruction de la biodiversité, technolâtrie, misère de l’#agroforesterie, #surpêche, pauvreté de l’#alimentation.

    Mesdames, Messieurs,

    Notre humanité a connu, au siècle dernier, une crise et une mutation dont le seul précédent digne de comparaison est la grande révolution néolithique. Nos ancêtres eurent à faire face à la fois aux dérèglements #climatiques, à l’épuisement des ressources fossiles (le #pétrole, incontournable pour produire des engrais azotés, les phosphates) et à la demande de production d’agro- ou bioénergie, énergies issues de la biomasse, comme le bois, l’éthanol issu des sucres ou l’huile. Il s’en est suivi des tensions sociales, voire géopolitiques, pour l’accès à l’#eau, à la terre, à la #biodiversité ou tout simplement à la nourriture. C’était là le fond de la grande crise des années 2020 dont vous avez tous entendu parler et qui s’est heureusement conclue par le fameux traité d’Oulan Bator, qui façonna de façon décisive le monde actuel auquel il donna d’ailleurs son nom d’« ère batorienne ».

    Si vous reprenez les textes de l’époque, disons ceux produits entre 1970 et 2020, vous constaterez en effet qu’il y eut alors un immense débat, moins sur la nécessité de la transition qui s’imposait à tous, que sur la nature de cette #transition. Vous m’excuserez de caricaturer les choses, mais, compte tenu des limites de temps, je dirai qu’il y avait globalement deux grandes positions.

    La première nous apparaît, avec le recul, totalement incroyable et fantaisiste, et je vous surprendrai sans doute encore plus en vous disant qu’elle eut longtemps la faveur des décideurs et de l’opinion. Mais je tiens à vous rappeler l’état primitif de la conscience politique et morale de l’âge industriel prébatorien. Cette position reposait sur l’idée que l’ensemble des problèmes seraient résolus en perpétuant la logique qui les avait favorisés ! Il s’agissait de s’appuyer sur des innovations techniques (#biotechnologie, #géo-ingénierie, biologie synthétique, grands #barrages, clonage, fermes verticales dans des grandes tours, etc.) développées et contrôlées par une #oligarchie d’entreprises privées, quoique très liées aux États. Bien sûr, l’avantage de cette proposition était d’éviter toute réforme en profondeur des modes de vie et de la gouvernance du système.

    S’il est si important de rappeler les termes de ce projet, que l’on peut qualifier de « technolâtre », c’est que notre société a fait un choix opposé. C’est la deuxième option. Considérez en effet un instant notre mode de gestion de la biodiversité. Au contraire du projet de centralisation et de normalisation à outrance (c’est la logique des clones), la plupart des plantes et des animaux domestiques que nous cultivons et élevons sont sélectionnés sur un mode décentralisé et diversifié en réseau, impliquant des stations de sélection locales et des maisons des #semences, qui animent elles-mêmes des réseaux de paysans-sélectionneurs.

    Vous voyez apparaître sur l’écran une photo de la Beauce datant de 1990. Je dis bien la Beauce, car ceux qui connaissent ce pays actuellement croiront plutôt qu’il s’agit d’une image prise par un de nos satellites sur quelque planète hostile. Eh bien oui, mesdames et messieurs, au moment même où des projets délirants prétendaient « biotiser » la planète Mars en y implantant une vie primitive en vue d’hypothétiques colonisations, les hommes dégradaient toute forme d’#écosystème élaboré dans ces plaines si fertiles de la région parisienne. Ils prétendaient créer sur Mars ce qu’ils avaient détruit sur la Terre. Et sachez pourtant que la #civilisation_industrielle prébatorienne considérait ces terres comme les plus prospères !

    Si vous imaginez ce qu’était alors l’état de nos territoires, le degré de dégradation biologique qui les affectait dans leur ensemble, vous pourrez vous représenter l’effort considérable de nos prédécesseurs pour inverser cette tendance mortifère et couvrir d’un vert manteau la terre dénudée. Pardonnez-moi ce lyrisme, mais la question est absolument capitale. Il a fallu une réforme profonde de nos systèmes psychologiques, économiques, techniques et fiscaux pour retrouver le potentiel détruit. Nous sommes les héritiers – et les heureux bénéficiaires – de cet effort sans précédent, et nous nous devons d’en conserver soigneusement les avantages pour nos enfants.

    Mais, me direz-vous, que mangeait-on en ce temps-là ? L’alimentation a connu un appauvrissement stupéfiant dans le premier quart du siècle dernier. L’alimentation mondiale tenait à une poignée de productions : #blé, #maïs, canne et betterave à sucre, riz, #soja et #palmier_à_huile. Seuls les trésors d’imagination et de technicité de l’#agro-industrie permettaient de recréer par les couleurs et odeurs de synthèse un faux-semblant de diversité. Les animaux étaient soumis au même régime. Des #vaches ne mangeaient jamais d’herbe, des #porcs jamais de glands et des #poulets jamais d’insectes. Maïs, soja, sels minéraux : telle était alors pour tous la triade miracle.

    Quel contraste avec notre politique vigoureuse visant à utiliser au mieux la #biomasse fixée par le territoire ! Ces merveilleux systèmes associant production de chênes de qualité et élevage de porcs, que nous nommons Dehesa et qui nous semblent si évidemment performants, ne se trouvaient plus qu’en Espagne et sur une surface qui n’excédait guère 20 000 kilomètres carrés. Faute d’une attention soutenue et d’une recherche de qualité – notamment sur la fructification des chênes –, cette Dehesa n’avait d’ailleurs que peu de chose à voir avec celle que nous avons aujourd’hui sous les yeux.

    Après de vrais progrès au XXe siècle, on était allé beaucoup trop loin dans la même direction, sans avoir le courage ou l’idée de sortir de l’ornière. On mangeait trop de #viande de qualité médiocre, trop de sucre, trop de sel. Il s’ensuivait une perte de #fertilité, des #maladies_cardiovasculaires, du #diabète, de l’#obésité, etc. Étrange civilisation que la civilisation prébatorienne, où la mauvaise alimentation allait de pair avec une surmortalité évitable ! Obnubilée par les maladies bactériennes, qu’elle réussit à prévenir avec succès (du moins momentanément), cette civilisation en oublia toutes les autres dimensions du lien entre santé et alimentation. Il y avait, dans tout l’espace public – je dis bien dans tout l’espace public, jusque dans les établissements scolaires – des distributeurs de boissons et d’aliments surchargés en sucre et en sel !

    Nous n’avons pas seulement diminué la quantité moyenne de viande consommée, nous avons surtout appris à la moduler dans le temps. Ainsi, si les enfants et les adolescents continuent de consommer de la viande, nous diminuons rapidement cette quantité à partir de trente ou quarante ans, selon les âges et les professions.[...] Il m’arrive de rencontrer des mouvements végétariens stricts qui me demandent pourquoi nous n’avons pas interdit la viande purement et simplement. À ceux-là je rappelle que notre élevage n’est pas dépourvu de qualités agronomiques et également paysagères. C’est partout un élevage raisonné et bien intégré que nous avons promu. Dans certains territoires particulièrement frais, voire froids et humides, favorables à une pousse abondante de l’herbe, l’élevage demeure le meilleur mode de valorisation des surfaces. Si donc nous avons cessé de faire de l’élevage pour l’élevage et d’accumuler #surproduction et #pollution, nous n’avons pas renoncé à l’élevage partout où celui-ci nous paraissait bénéfique tant d’un point de vue agricole que paysager. Certes, les produits animaux sont redevenus des produits semi-festifs. Mais il vaut mieux savourer en petites quantités un bon fromage avec des amis que d’avaler quotidiennement et précipitamment à la cantine un succédané lacté dépourvu de saveur.

    J’en viens, pour terminer, au #poisson et autres produits aquacoles. Vous raffolez tous de la carpe, ce « cochon des étangs » que nous préparons sous un nombre incroyable de formes. Au point que le mot carpe est désormais synonyme de « poisson » pour beaucoup d’entre vous. C’est en effet un poisson d’eau douce que nous élevons dans les nombreux étangs que nous entretenons. Rappelons que ces étangs jouent un rôle fondamental aussi bien en réserves d’eau et en lieux d’épuration, qu’en réserves de biodiversité et d’#agronomie ! Vidés tous les sept ans, ils offrent trois ans d’excellentes récoltes. Au début du XXIe siècle pourtant, cette culture des étangs et des poissons d’eau douce était résiduelle, sauf en Asie, dans les cultures de rizière. C’est bien simple : le poisson d’eau douce avait quasiment disparu, au profit du poisson de mer. Mais la surpêche avait presque vidé les océans. Quant à l’élevage de poissons tels que les saumons, le remède était pire que le mal. Le saumon étant carnivore, il fallait pêcher toujours plus de poisson pour élever les saumons. C’est un peu comme si nous avions mangé du tigre et raflé régulièrement tous les animaux de la jungle pour nourrir nos tigres d’élevage !

    Ce sont paradoxalement les problèmes climatiques et le problème des réserves en eau qui nous ont amenés à réfléchir à des modes intelligents de retenues d’eau. Quitte à construire des barrages, pourquoi ne pas en faire également des lieux de production piscicole ? Ainsi, dans un lieu donné, plutôt que de faire un seul grand bassin, il est apparu qu’il valait mieux en faire toute une série, reliés entre eux et permettant une exploitation raisonnée. L’obligation alors émise, pour toute demande de construction d’une retenue, de fournir une capacité de production piscicole a profondément changé la logique des aménagements. Au lieu de créer quelques grands barrages, profonds, lourds d’entretien, concentrés en un lieu, nous avons constitué un système hydraulique #décentralisé, complexe, flexible, d’une grande #résilience et hautement productif ! C’est à lui que nous devrons le délicieux pâté de carpe au coulis de groseille avec sa mousse de châtaigne qui constitue l’entrée de notre repas.

    et aussi #permaculture #agroécologie #aquaculture #paysannerie #prospective

  • Extrait de l’indispensable « A nous la liberté » de René Clair http://www.youtube.com/watch?v=PG7HnpD0fUc

    http://fr.wikipedia.org/wiki/À_nous_la_liberté

    À nous la liberté a été un #film #culte qui devint une sorte de slogan pour la #jeunesse #lettrée au cours des années 1930. Un contemporain écrira : « Combien de fois avons-nous vu Sous les toits de Paris et ce spectacle amer et enchanté, avec ses #Luna-Park où chantent les #oiseaux_mécaniques, sa #poésie de papier doré et de #romances, qu’est À nous la #liberté ? Je ne saurais le dire, mais c’était pour nous le symbole de ce temps heureux, où les dangers restaient l’#américanisme, la #surproduction, et non la #grève et la #misère, et où, pour finir, deux #vagabonds gagnaient en chantant, eux aussi, les routes joyeuses du destin. Ainsi l’écran nous donnait-il des nouvelles de l’univers. Ainsi apprenions-nous de #René_Clair à connaître Paris comme nous l’apprenions de Baudelaire, de Balzac1. »

    #Cinéma #politique #Ouvrier #prolétariat #usine #critique_sociale #Capitalisme