• Hardi, compagnons ! (Clara Schildknecht) // Les éditions Libertalia
    https://www.editionslibertalia.com/catalogue/poche/hardi-compagnons

    Masculinités et virilité anarchistes à la Belle Époque

    Cet ouvrage aborde d’une façon novatrice, par le prisme de la domination de genre, un sujet d’études déjà défriché par les historien·nes : la constellation anarchiste française, dans ses diverses composantes (syndicalistes, illégalistes, milieux libres), entre 1871 et 1920.
    On y croise Ravachol et la bande à Bonnot, Émile Pouget, Louise Michel, Rirette Maîtrejean, Vigo, Libertad, Madeleine Pelletier, Germaine Berton, E. Armand, Henriette Roussel...
    L’autrice analyse le rapport à la violence souvent héroïsée et s’interroge sur la glorification virile, l’homophobie et la phraséologie misogyne qui avaient trait dans le milieu. Elle aborde la réappropriation des marqueurs de virilité par certaines militantes, le paraître libertaire, les tentatives d’égalité. Ce faisant, elle propose une relecture stimulante et passionnante de ces années charnières.

    Clara Schildknecht est enseignante. Ce livre est issu d’un M2 soutenu au Centre d’histoire du XIXe siècle de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

    Je n’ai pas lu mais le sujet me semble très intéressant (dans ma liste).

    • Venant juste de terminer la lecture de ce livre, je propose cette #recension.

      De l’antiféminisme légendaire de Proudhon jusqu’aux remous provoqués par l’onde de choc MeToo dans les mouvements les plus radicaux, la « masculinité et virilité anarchiste », loin de ne constituer qu’un sujet d’étude abstrait, est une constante qui traverse l’histoire du mouvement libertaire.

      La critique de l’anarchisme « réellement existant ou ayant existé », si l’on peut dire, sous l’angle de son contenu intrinsèquement masculiniste, semble une approche des plus stimulantes. Cela devrait contribuer à débarrasser les fondamentaux libertaires de l’une de ses scories récurrentes, parmi les plus pénibles.

      L’étude de Clara Schildknecht, Hardi Compagnons ! ne concerne que la période dite de « la Belle époque ». Il s’agit, dans l’histoire du mouvement anarchiste français, d’une séquence historique importante.

      C’est à cette période que se sont constituées les différentes tendances, dans la continuité du collectivisme antiautoritaire de la première internationale : communistes libertaires, auteurs d’attentats (propagande par le fait), syndicalistes révolutionnaire et individualistes.

      Quelle que soit la tendance, on glorifie le rôle strictement masculin du « compagnon » anarchiste, lequel, par son tempérament viril sera supposé être le plus à même de provoquer le salut révolutionnaire.

      La place qu’occupent les femmes, de façon générale, dans la vie des anarchistes est des plus accessoires. On s’adresse, par exemple, aux mères, nécessairement cantonnées au rôle de l’éducation des enfants, pour les convaincre des bienfaits de la propagande antimilitariste. On est loin des audaces radicales, réellement émancipatrices, de Fransisco Ferrer.

      Les théorises anarchistes de cette époque comportent parfois une critique des instituions patriarcales et religieuses telles que le mariage ou des rôles assignés aux femmes dans la procréation, notamment dans les théories néomalthusiennes. Il n’en reste pas moins que la critique est formulée de façon ultra majoritaire par des hommes. Il n’est pas question de remettre en cause la place occupée par les femmes dans la société en tant qu’opprimées ni même d’envisager que puisse exister l’expression autonome de cette dénonciation par les femmes elles-mêmes.

      Les « compagnes », dans les communautés individualistes, sont considérées le plus souvent comme faire-valoir de « l’amour libre ». Si on leur reconnaît le droit à ne pas limiter leur sexualité à un seul partenaire c’est aussi pour que les hommes puissent mieux en profiter.

      L’autrice montre que les représentations dominantes de l’époque, en matière de discrimination de genre, sont bien inscrites dans les esprits, fussent-ils anarchistes.

      Lorsque certaines femmes accèdent au statut reconnu par la société d’anarchiste à part entière, c’est pour mieux en faire des sortes de créatures extraordinaires, à la fois fascinantes et repoussantes. Ces femmes anarchistes sont probablement alors perçues comme étant encore plus mystérieuses que leur alter ego masculins, tel Ravachol qui s’efforce, notamment lors de son procès, de présenter toutes les marques de virilité – courage et absence de peur - pour affirmer sa défiance et son opposition à l’autorité de l’État.

      Quand Louise Michel ou Henriette Roussel revendiquent l’usage de la violence révolutionnaire, elles sont systématiquement renvoyées, dans la représentation de l’époque, à leur supposée laideur physique. Bien entendu, les anarchistes ne reprennent pas à leur compte ces stéréotypes dégradants mais ils n’échappent pas aux représentations de l’être extraordinaire au sens propre du terme, parce que femme et s’exprimant par la violence, en tant que révolutionnaire anarchiste.
      Remarque personnelle : on peut considérer qu’il s’agit de représentations profondes et tenaces qui se sont manifestées notamment lors de l’enterrement de notre brave Louise Miche, femme du peuple, et qui lui vaudront le statut d’icône quasi-religieux dont elle fait l’objet, encore aujourd’hui, dans les milieux libertaires.

      L’autrice nous révèle qu’il n’y a visiblement pas pire injure dans le mouvement anarchiste de l’époque (et probablement la classe ouvrière) que celle, déjà en usage de « tante » ou de « tapette ». Miguel Almeyreda, par exemple, en fera les frais. On moquera sa tendance à porter de beaux habits, histoire de lui reprocher, de façon détournée, son ralliement à Gustave Hervé.

      Enfin, il est rappelé que les revendications féministes, le plus souvent, ravalées sous le sobriquet méprisant de « suffragettes » sont alors majoritairement considérées, dans les milieux anarchistes, comme des fantaisies réformistes.

      Considérant que l’anarchisme est partie constitutive du mouvement ouvrier, il serait probablement erroné de considérer qu’à la même époque, l’idéologie masculiniste et misogyne ne s’exprimait pas de façon tout aussi caricaturale dans les autres tendances socialistes de l’époque. Une étude plus générale, si elle n’existe pas déjà, serait fort utile pour évaluer cette hypothèse.

      Voilà, en tout cas, qui devrait nous interroger sur le fait que, dans 100 ans, s’il y a encore du monde sur cette planète en mesure de formuler des critiques sociales, on mettra certainement en exergue tout un tas d’aberrations et contradictions idéologiques, alors insoupçonnées, mais portées par les mouvements radicaux de ce début du 21e siècle.

      #Clara_Schildknecht #Hardi_compagnon #anarchisme #virilisme #virilité #masculinité #sexisme #critique_sociale #féminisme #syndicalisme_révolutionnaire #individualisme

  • Comment réussir sa grève de la performance ? – Sabotage au travail (1/2)
    https://www.frustrationmagazine.fr/sabotage-performance

    Depuis quelques mois, les grands médias s’emballent autour d’une tendance selon eux inquiétante et dangereuse : le « quiet quitting », ou « démission silencieuse », se serait emparé de nombre de travailleurs dans le monde, qui s’impliqueraient moins dans leur travail voire, comble de l’horreur, s’en tiendraient strictement aux horaires définis sur leur contrat […]

    • Emile Pouget était un secrétaire général de la CGT au début du siècle passé. À l’époque, la CGT avait une orientation anarcho-syndicaliste : elle prônait la grève comme moyen d’instaurer un rapport de force avec le patronat pour obtenir une amélioration de la condition des travailleurs, comme la journée de 8 h, mais aussi pour aller vers une révolution sociale. Mais la grève n’était pas le seul mode d’action encouragé par la CGT. Le sabotage en faisait également partie.


      Comme le montre Victor Cachard dans son Histoire du sabotage, l’imaginaire actuel du sabotage repose davantage sur son usage militaire, notamment durant la résistance aux nazis. Quand on pense sabotage, on pense destruction de voie de chemin de fer, explosion de bombes, etc. Mais à l’origine, le terme avait une signification plus accessible à n’importe quel travailleur : il s’agissait de travailler plus lentement, de ralentir le rythme, de ne faire que le nécessaire. Mais cela pouvait aller plus loin : Émile Pouget évoque plusieurs exemples de travailleurs qui ont enrayé la production en détournant ou abîmant leurs outils : les coiffeurs de Paris, entre 1903 et 1906, ont mis en œuvre des campagnes de “badigeonnage” des boutiques, c’est-à-dire de dépôt d’un shampoing amélioré par leurs soins (avec des œufs) sur les devantures, pour finir par obtenir un jour de fermeture et de repos hebdomadaire. Ou encore les boulangers dont l’un des modes d’action était de s’en prendre aux pétrins ou bien de réaliser du pain dur et immangeable… 


      Pour Pouget, le sabotage consistait ni plus ni moins à affirmer une morale de classe : ne pas se tuer à la tâche pour un patron, ne pas se laisser exploiter en faisant le dos rond, ne pas travailler plus que ce pour quoi je suis payé. Pour Pouget, la morale du travail “est à l’usage exclusif des prolétaires, les riches qui la prônent n’ayant garde de s’y soumettre : l’oisiveté n’est vice que chez les pauvres. C’est au nom de cette morale spéciale que les ouvriers doivent trimer dur et sans rêve au profit de leurs patrons et que tout relâchement de leur part, dans l’effort de production, tout ce qui tend à réduire le bénéfice escompté par l’employeur, est qualifié d’action immorale.” Saboter, c’est-à-dire au moins traîner des pieds au travail, au mieux empêcher la production en s’en prenant aux outils et à la bonne organisation du travail, est une façon de contrecarrer cette morale de classe, pour en affirmer une autre : ne pas être soumis au patronat et faire du zèle.

      Or, le sabotage au sens le plus ordinaire du terme, c’est-à-dire ne pas surtravailler, est terriblement d’actualité. En effet, la morale dénoncée par Pouget il y a plus d’un siècle s’est imposée dans toutes les entreprises et imprègne notre société. Les récents débats sur la “valeur travail”, invoquée à droite comme à gauche, le montrent, mais pas seulement : dans nombre d’organisations, le surtravail fait partie du fonctionnement normal de la structure. Le zèle n’est pas un petit plus, c’est une exigence de base que les employeurs formulent et contrôlent. De nombreuses stratégies managériales existent pour obtenir des salariés qu’ils donnent le maximum, bien au-delà de ce qui est écrit sur leur contrat de travail. La fixation d’objectif, par exemple, se fait de plus en plus à l’excès. Pour obtenir une prime, il faut désormais “sur-performer”, c’est-à-dire dépasser à la fois ses collègues et ses résultats précédents...

    • Sur la question du sabotage, le mouvement ouvrier a heureusement évolué.

      Quant à la question « morale », le texte rédigé par #Griffuelhes et #Pouget, connu sous le nom de #Charte_d'Amiens, la dépasse, n’opposant pas l’action syndicale à l’action politique — comme le prétendront des décennies plus tard nombre de dirigeants syndicalistes pour justifier leur volonté de réduire la lutte des travailleurs à des revendications tolérables par la bourgeoisie. Cette charte était une véritable proclamation révolutionnaire :

      [...] Dans l’œuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc.

      Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme ; il prépare l’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ; il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera dans l’avenir le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale. [...]

      #CGT

    • @recriweb

      Concernant la « charte d’Amiens », je me permets de proposer la version complète (qui assez courte) :

      La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat.

      Le Congrès considère que cette déclaration est une reconnaissance de la lutte de classe, qui oppose sur le terrain économique les travailleurs en révolte contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression, tant matérielles que morales, mises en œuvre par la classe capitaliste contre la classe ouvrière. Le Congrès précise, par les points suivants, cette affirmation théorique : dans l’œuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc. Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme : d’une part il prépare l’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste, et d’autre part, il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupe de production et de répartition, base de réorganisation sociale.

      Le Congrès déclare que cette double besogne, quotidienne et d’avenir, découle de la situation des salariés qui pèse sur la classe ouvrière et qui fait, à tous les travailleurs, quelles que soient leurs opinions ou leurs tendances politiques ou philosophiques, un devoir d’appartenir au groupement essentiel qu’est le syndicat.

      Comme conséquence, en ce qui concerne les individus, le Congrès affirme l’entière liberté pour le syndiqué, de participer, en dehors du groupement corporatif, à telles formes de lutte correspondant à sa conception philosophique ou politique, se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu’il professe au dehors. En ce qui concerne les organisations, le Congrès déclare qu’afin que le syndicalisme atteigne son maximum d’effet, l’action économique doit s’exercer directement contre le patronat, les organisations confédérées n’ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale.

      Pour moi donc, ce texte s’organise sur trois axes indissociables, que je reformule ainsi :

      1) L’objectif révolutionnaire : l’affirmation comme objectif de « la disparition du salariat et du patronat » et la reconnaissance de la lutte de classe permettant aux travailleurs de combattre toutes les formes d’exploitation et d’oppression de la classe capitaliste. « L’émancipation intégrale [...] ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ».

      2) La « double besogne » , consistant à théoriser l’action syndicaliste au travers de l’articulation entre les revendications immédiates et « l’émancipation intégrale », notamment par la grève générale. Le type d’organisation spécifique permettant d’atteindre ce but – le syndicat – représente « la base de réorganisation sociale », autrement dit, une sorte de préfiguration de la société à construire.

      3) Le syndicat n’est pas la courroie de transmission d’un parti politique (pour le dire avec les mots d’aujourd’hui). Le syndicat regroupe tous les travailleurs, sans aucune discrimination philosophique, politique ou religieuse. « En réciprocité, [il est demandé au syndicaliste] de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu’il professe au dehors. [...] les organisations confédérées n’ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale. »

      Il m’est souvent arrivé de constater que la « charte d’Amiens » est utilisée ou citée sans prendre en compte la totalité des arguments. Ainsi, on peut reconstruire le sens de ce texte, en prenant tel ou tel morceau et faire valoir un point de vue qui ne correspond pas toujours aux intentions d’origine. En dépit de ces diverses déformations, la « charte d’Amiens » est souvent dotée d’une valeur quasi biblique. Un comble.

      Le caractère aggravant à ces "mutilations" d’un texte, pourtant très court, vient du fait que certains mots n’ont plus le même sens aujourd’hui qu’à l’époque de la charte d’Amiens. Plus exactement, parce que le sens des mots, tels que « politiques » ou « lutte économique », ne sont plus exactement les mêmes, il faudrait éviter d’employer ces termes sans les expliciter et les contextualiser.

      Voyons rapidement les principales omissions opérées sur la charte d’Amiens. J’en ai repéré trois :

      Première omission : le contenu révolutionnaire. Les réformistes d’aujourd’hui ne reprendront, effectivement que le contenu « apolitique » du texte (indépendance des syndicats vis à vis des partis) et, associé à cette mise en exergue décontextualisée, ils évacueront complètement le contenu révolutionnaire. Beaucoup de confédérations syndicales tiennent cette ligne.

      Il me semble évident que, s’ils professaient la plus vive méfiance quant aux risques d’inféodation et de noyautage des syndicats par les partis socialistes (comme cela se faisait dans d’autres pays), les syndicalistes révolutionnaires français de 1906 se donnaient clairement un but « politique », tel qu’on l’entend aujourd’hui : renverser l’exploitation capitaliste. Sur ce point, je pense que nous serons d’accord, @recriweb.

      Au moment de la charte d’Amiens, pourtant, les syndicalistes révolutionnaires n’auraient jamais utilisé le mot « politique » pour exprimer leur objectif révolutionnaire : à l’époque (comme, au moment de la première internationale) le mot « politique » faisait essentiellement référence au parlementarisme.

      On remarque, d’ailleurs, le terme « lutte économique », employé au début du texte qui désigne les termes de la lutte de classes.

      Aujourd’hui, le mot « politique », dans son acception révolutionnaire, est réhabilité par beaucoup de libertaires et par la gauche extraparlementaire (terme, là aussi, utilisé depuis la dépréciation de l’expression "antiparlementaire", employée pourtant par les anarchistes du 19e puis par l’extrême droite).

      On pense au « tout est politique » soixante-huitard. On utilisera, par exemple, l’expression « le » politique (révolutionnaire) au lieu de « la » politique (réformiste). Donc le fait d’évoquer « l’apolitisme » de la charte d’Amiens en 2022 sans apporter ces précisions conduit aux plus grandes confusions.

      Il est évident que, par exemple, la lutte sur les retraites est une lutte politique mais cela ne signifie pas - en tout cas, selon moi - qu’elle doit conduire à un « débouché politique » (terme souvent utilisé) qui serait nécessairement l’élection d’un président ou de députés. Le syndicaliste est conduit en permanence à proposer ces explications pour essayer de clarifier les choses : combattre « l’apolitisme », au sens de combattre l’idée selon la quelle « il ne faudrait pas faire de politique » et combattre la récupération politicienne et partidaire.

      Deuxième omission : indépendance vis à vis des partis. Beaucoup de membres de partis politiques (PCF et extrême gauche, rencontrés à la CGT d’aujourd’hui) auront, quant à eux, tendance aujourd’hui à évacuer de la charte d’Amiens sa dimension clairement « apolitique », au sens où on employait ce mot à l’époque, c’est à dire, pour marquer l’opposition au parlementarisme et au noyautage des syndicats par les partis socialistes.

      Je pense que la notion « d’action directe », théorisée à cette époque, renvoyait directement à cette volonté de construire, par le syndicat, les propres modalités d’organisation de la classe ouvrière contre l’État et les capitalistes, de façon totalement indépendante des partis politiques ; ces derniers étant considérés par nos cégétistes de la belle époque, comme tout juste bons à prendre les rênes du pouvoir d’État et ne rien changer à l’exploitation capitaliste.

      Je me permets de te faire remarquer que, dans ton résumé, cet aspect « apolitique » de la Charte d’Amiens – l’indépendance vis à vis des partis – n’y figure pas. Probablement un oubli. Voilà pourquoi il me semblait important de mettre le texte en entier.

      Troisième omission : l’organisation syndicale, préfiguration de la société à construire. Enfin, la plupart du temps, qu’ils soient réformistes ou membres de partis politiques révolutionnaires, très peu de ces personnes évoquent ce point théorique du syndicalisme révolutionnaire - importante (à mes yeux) - que j’ai indiqué à la fin du 2e point : « le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupe de production et de répartition, base de réorganisation sociale ». Pour le dire autrement, le syndicat est considéré comme la préfiguration de l’organisation sociale, débarrassée du capitalisme et sans État, à construire immédiatement.

      Je tiens à repréciser que je ne considère pas que la charte d’Amiens doive être prise, tel un texte sacré, comme une référence absolue. Elle ne correspond pas d’ailleurs totalement à ma vision politique ou sociale.

      La charte d’Amiens est une référence théorique incontournable qui a marqué l’histoire du mouvement social mais elle ne doit pas être considéré autrement qu’un moment de construction de cette histoire. Elle est datée. Ce n’est pas une fin en soi. J’ai la plus grande sympathie pour ces militants ouvriers qui ont essayé de construire de façon empirique et par eux-mêmes une organisation révolutionnaire, au lendemain de la période des attentats mais, malheureusement, si la CGT avait été réellement syndicaliste révolutionnaire elle n’aurait jamais pu être « décapitée » par Clemenceau en 1908 et anéantie par les terrifiants retournements de veste des plus ardents révolutionnaires dans l’union sacrée de 1914.

      Je n’évoquerai pas ici la question du sabotage qui me semble essentielle sur le plan théorique et politique. Là aussi, cela demanderait de contextualiser le sens que donnait Pouget, par exemple, à ce mot (qui, de mon point de vue, est en fait assez proche de celui de la grève). Ce n’est plus le même sens qu’on donne au mot « sabotage » aujourd’hui ; ce dernier me semblant tout à fait intéressant, néanmoins. Peut-être qu’une autre fois il sera possible d’échanger ici sur ce thème.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_d%27Amiens

    • Merci à toi pour ton post très précis.

      Oui, la question du sabotage, on pourrait en rediscuter. Il me semble que l’histoire du #mouvement_ouvrier a tranché, mais ses acquis théoriques ne percolent malheureusement plus dans les consciences...

      Sur l’"apolitisme", je me permets de « préciser » ces 2 références :)

      –-------------------

      1906-2006 : cent ans après la Charte d’Amiens - Le combat pour enraciner la conscience de classe dans le monde ouvrier
      https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/1906-2006-cent-ans-apres-la-charte
      – Pour gagner l’avant-garde ouvrière aux idées révolutionnaires
      – Le #syndicat comme outil pour développer la conscience de la classe ouvrière
      – Les dérives du socialisme officiel
      – la charte d’Amiens : garantir l’ancrage révolutionnaire de l’avant-garde ouvrière face au #réformisme et au #corporatisme
      – Force et limites du #syndicalisme_révolutionnaire

      –-------------------

      Ce commentaire de #Trotsky dans un courrier à #Pierre_Monatte (13 juillet 1921) :

      [...] La charte d’Amiens constitue la pratique officielle du syndicalisme révolutionnaire.

      Pour formuler le plus nettement possible ma pensée, je dirai qu’invoquer la #charte_d'Amiens, ce n’est pas résoudre, c’est éluder la question. Il est évident pour tout communiste conscient que le syndicalisme français d’avant-guerre était une tendance révolutionnaire très importante et très profonde. La charte a été pour le mouvement prolétarien de classe un document très précieux, mais la valeur de ce document est historiquement limitée. Depuis, il y a eu la guerre, la Russie des Soviets s’est fondée, une immense vague révolutionnaire a passé sur toute l’Europe, la III° Internationale a grandi et s’est développée, les anciens syndicalistes et les anciens social-démocrates se sont divisés en trois tendances hostiles. De nouvelles questions immenses se sont posées devant nous... La charte d’Amiens ne contient pas de réponse. Quand je lis la Vie Ouvrière, je n’y trouve pas plus de réponse aux questions fondamentales de la lutte révolutionnaire. Est-il possible qu’en 1921 nous ayons à retourner aux positions de 1906 et à « reconstruire » le syndicalisme d’avant-guerre... Cette position est amorphe, elle est conservatrice, elle risque de devenir réactionnaire.

      Comment vous représentez-vous la direction du mouvement syndicaliste dès l’instant où vous aurez la majorité à la #CGT ? Les syndicats englobent des communistes affiliés au parti, des syndicalistes révolutionnaires, des anarchistes, des socialistes et de grandes masses de sans-parti. Naturellement, toute question d’action révolutionnaire doit être examinée par l’ensemble de l’appareil syndical qui englobe des centaines de milliers et de millions d’ouvriers. Mais qui dressera le bilan de l’expérience révolutionnaire, qui en fera l’analyse, qui en tirera la conclusion nécessaire, qui en formulera les propositions, devenant les mots d’ordre, les méthodes de combat, et qui les appliquera dans les larges masses ? En un mot, qui dirigera le mouvement ? Pensez-vous accomplir cette tâche en qualité de groupe de la Vie ouvrière ? En ce cas, on peut dire avec certitude que d’autres se formeront à côté de vous qui, au nom du syndicalisme révolutionnaire, contesteront votre droit de diriger le mouvement. Et enfin, quelle attitude aurez-vous à l’égard des nombreux communistes syndiqués ? Quels seront les rapports entre eux et votre groupement ? Il peut se faire que des communistes affiliés au parti soient en majorité à la tête d’un syndicat et que des syndicalistes révolutionnaires non affiliés au parti soient à la tête d’un autre. Les propositions et les mots d’ordre du groupe de la Vie ouvrière peuvent ne pas s’accorder avec les propositions et les mots d’ordre de l’organisation communiste. Ce danger est très réel, il peut devenir fatal et nous ramener, quelques mois après notre victoire, à un nouveau règne des Jouhaux, des Dumoulin et des Merrheim.

      Je connais bien l’aversion des milieux ouvriers français passés par l’école du syndicalisme anarchiste à l’égard du « parti » et de la « politique ». Je conviens volontiers qu’on ne peut heurter brusquement cet état d’esprit, que le passé suffit parfaitement à expliquer, mais qui est pour l’avenir extrêmement dangereux. En cette matière, je peux très bien admettre la transition graduelle de l’ancienne séparation à la fusion totale des syndicalistes révolutionnaires et des communistes en un seul parti, mais il faut nettement et fermement nous donner ce but. S’il y a encore dans le parti des tendances centristes, il y en a aussi dans l’opposition syndicale. L’épuration ultérieure des idées est nécessaire ici et là. Il ne s’agit pas de subordonner les syndicats au parti, mais d’unir les communistes révolutionnaires et les syndicalistes révolutionnaires dans les cadres d’un seul parti ; il s’agit d’un travail concerté, centralisé, de tous les membres de ce parti unifié, au sein des syndicats demeurés autonomes, une organisation indépendante du parti. Il s’agit pour l’avant-garde véritable du prolétariat français de former un tout cohérent en vue d’accomplir sa tâche historique essentielle : la conquête du pouvoir, et de poursuivre sous ce drapeau son action dans les syndicats, organisation fondamentale, décisive, de la classe ouvrière dans son ensemble.

      Il y a une certaine difficulté psychologique à franchir le seuil d’un parti après une longue action révolutionnaire en dehors d’un parti, mais c’est reculer devant la forme au plus grand dommage de la chose. Car, je l’affirme, tout votre travail antérieur n’a été qu’une préparation à la fondation du parti communiste, à la révolution prolétarienne. Le syndicalisme révolutionnaire d’avant-guerre était l’embryon du parti communiste. Retourner à l’embryon serait une monstrueuse régression. Au contraire, la participation active à la formation d’un parti communiste véritable suppose la continuation et le développement des meilleures traditions du syndicalisme français.

      Chacun de nous a dû, au cours de ces années, renoncer à une partie vieillie de son passé, pour sauver, pour développer et assurer la victoire des éléments du passé qui supportaient l’épreuve des événements. Ces sortes de révolutions intérieures ne sont pas faciles, mais on n’ acquiert qu a ce prix le droit de participer efficacement à la révolution ouvrière.

      Cher ami, je crois que le moment présent décidera pour longtemps des destinées du syndicalisme français, du sort de la révolution française. Dans les décisions à prendre, un rôle important vous incombe. Vous porteriez un coup bien cruel au mouvement dont vous êtes l’un des meilleurs militants si, maintenant qu’il faut un choix définitif, vous tourniez le dos au parti communiste, mais je suis convaincu qu’il n’en sera pas ainsi.

      Je vous serre bien cordialement la main et suis votre dévoué.

      #anarchisme #communisme #socialisme #Léon_Trotsky #parti_révolutionnaire #marxisme #militantisme #communisme_révolutionnaire

    • Vous savez pourquoi les Bouches-du-Rhône sont le seul département où il n’y a pas eu de réquisition pendant la grève des raffineurs ?
      C’est simple 🔥✊ :

      Déclaration d’Olivier Mateu de la CGT Bouches-du-Rhône : "On a fait un truc très simple, on est allé voir le préfet. On lui a dit « A la première réquisition : c’est la guerre. [...] Jusqu’au dernier CGTiste, vous devrez nous crever. »

      La vidéo est ici : https://twitter.com/realmarcel1/status/1631008648506777601?cxt=HHwWgoCx_a3uwKItAAAA
      #greve7mars #Blocage7mars #ReformeDesRetraites

    • @marielle en d’autres termes : « comment menacer de leur péter les dents pour ne pas se faire bouffer. »

      Effectivement, je suis convaincu que c’est l’attitude à prendre en ce moment pour se faire respecter et, au-delà pour construire un rapport de force plus offensif de remise en cause du capitalisme, qui serait à la hauteur de la situation.

      Plus concrètement le mot d’ordre de blocage est aujourd’hui à l’ordre du jour dans la confrontation avec l’État sur les retraites et plus il y aura de monde – notamment sur les secteurs stratégiques lés à la circulation des flux marchands, tels que les carburants – plus on sera en mesure de les faire plier. Attention, toutefois à ne pas tomber dans l’erreur de « la grève par délégation » des dits secteurs stratégiques car, dans ce cas c’est plantage assuré.

      Bon, sinon, faut reconnaître qu’il y a quand même une tonalité viriliste (ou macho, comme on disait dans les années 70) dans l’attitude bravache du camarade mais d’un autre côté il est probablement difficile de montrer de la fermeté (du « tempérament » comme on disait aux siècles passés) sans avoir recours à ce type de postures stéréotypées.

      @recriweb Je souscris à nombre de points développés dans tes textes, à l’exception de la question centrale du parti, qui vient, notamment dans celui de Trotsky, comme point d’aboutissement de l’analyse.

      Le mot « parti » pris au sens d’une organisation politique structurée, telle que le parti Bolchevik (pour faire simple), correspond à une vision de l’action politique et de l’organisation sociale qui n’est absolument pas la mienne et dans laquelle je ne me suis jamais inscrit. J’y suis totalement réfractaire. Désolé. Et pourtant je n’ai fait que côtoyer dans diverses pratiques sociales ou militantes d’ardents partisans de cette conception du parti politique, quelle que soit leur tendance. Je les ai côtoyé même plus que des camarades libertaires qui partageraient davantage ma vision politique.

      Je te le dis en toute franchise et de façon dépassionnée : il faut admettre qu’il puisse y avoir ce type de désaccord – quelle que soit l’importance qu’on accorde à ces désaccords – et ce n’est pas dans un espace de partage sur le web, tel que ce très sympathique seenthis, qu’on parviendra à les « régler », si tant est que cela soit possible. En tous cas, je ne me sens pas la capacité de m’engager sur ce terrain et, même, je n’y vois pas beaucoup d’intérêt à s’y essayer.

      Je me permettrais juste de suggérer que le mot « parti », lui aussi, nécessite quelques précisions quant au sens qu’on lui donne.

      Pour revenir à notre précédent échange, Émile Pouget a écrit des textes, dans sa période syndicaliste révolutionnaire, sur le « parti du travail ». Je pense que le mot parti, dans ce cas, est une expression dont le sens est assez proche de celle qu’on retrouve dans le « Manifeste du parti communiste » ou même dans votre « camp des travailleurs » (mais peut-être que je me trompe).

      Le mot « parti » doit alors être pris au sens de « partisan de » et dans ce cas, moi aussi, je suis partisan d’un rapport de force social contre le capitalisme et contre l’État (pour faire simple) et pour cela, il faudra nécessairement un mouvement de masse, avec plein de gens dont je ne partage pas nécessairement les options politiques, philosophiques, religieuses, etc.

      Dans mes pratiques militantes, même si ce n’est pas un mystère, je ne suis quasiment jamais conduit à énoncer ce que serait ma vison politique (les buts et les moyens, etc.) sauf après une manif, autour d’une bouteille mais, dans ce cas, il m’est arrivé de constater que même les plus farouches staliniens se décrivent comme d’authentiques anarchistes.

  • Les comités d’entreprise, organismes de collaboration de classe
    | #archiveLO (23 février 1971)

    Comment sont nés les C.E.
    – La collaboration de classe
    – L’aménagement de la misère
    – Tout avantage pour le patronat
    – Les révolutionnaires doivent-il ounon être présents dans les CE ?

    Les appareils syndicaux, et la gestion des oeuvres sociales
    – Une base sociale pour les bureaucrates...
    – ... et un cul de sac pour les militants ouvriers

    #comité_d'entreprise #collaboration_de_classe #syndicats #syndicalisme #réformisme #bureaucratie #lutte_de_classe #classe_ouvrière

  • Témoignages de syndicalistes d’Ukraine, du Belarus et de Russie sur la guerre en cours …

    Interview du président de la Fédération des syndicats d’Ukraine (FPU) Hryhoriy Osovoy
    Interview du président de la Confédération des syndicats libres d’Ukraine (KVPU), Mykhaïlo Volynets
    Interview avec Maksim Pazniakou, président du BKDP en exil et Lizaveta Merliak, responsable international du BKDP en exil et présidente de l’association Salidarnast qui vient en aide aux syndicalistes biélorusses réprimés et à leurs familles
    Témoignage d’un syndicaliste russe sur la guerre en Ukraine

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/02/22/temoignages-de-syndicalistes-dukraine-du-belar

    #syndicalisme #ukraine #belarus #Russie

  • Face à l’arbitraire patronal et au harcèlement, le syndicalisme s’implante dans le jeu vidéo - Basta !
    https://basta.media/Face-a-l-arbitraire-patronal-et-au-harcelement-le-syndicalisme-s-implante-d


    20 février 2023 par Simon Mauvieux

    Souvent présentée comme créatrice d’emplois, l’industrie du jeu vidéo peine désormais à se cacher la réalité de ses conditions de travail. Une partie des travailleurs du secteur commence à se syndicaliser. Et ils se font de plus en plus entendre.

    Le drapeau rouge et noir siglé « STJV » intrigue alors que la place d’Italie à Paris se remplit de monde pour une deuxième grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites.« Vous êtes quelle organisation ? » demande un homme aux couleurs de la CFDT. « On est le Syndicat des travailleuses et travailleurs du jeu vidéo », répond le porteur du drapeau.

    Encore peu connu du grand public et des acteurs des mouvements sociaux, le STJV attire de nouveaux adhérents depuis sa création en 2017 et multiplie les actions ces derniers mois. Ils sont maintenant plusieurs dizaines de développeurs, designers, graphistes 3D, travaillant pour des fleurons du secteur, comme Ubisoft, Don’t Nod ou Gameloft, à rejoindre les manifestations contre la réforme des retraites.

    « Le jeu vidéo est un secteur très peu syndiqué, peu politisé, mais d’énormes pas sont faits depuis quelques années », se félicite Frédéric* [1], développeur et l’un des cofondateurs du STJV. Le jeu vidéo a longtemps été un milieu à part, presque incompatible avec le syndicalisme.
    « Nos patrons ne connaissent pas forcément la loi »

    « C’est la première fois que je fais grève », explique Thomas*, designer de l’expérience utilisateur depuis juillet dernier dans un studio parisien. Il poursuivait ses études lorsque le STJV est né et s’est syndiqué dès qu’il a commencé à travailler. « Il y a une culture de la neutralité dans le jeu vidéo, cet esprit startup où on ne parle pas vraiment de politique, témoigne-t-il. Mais en fait, on est tous confrontés à un moment à de mauvais traitements, nos patrons ne connaissent pas forcément la loi et le fait d’en parler, ça aide à créer une conscience collective. »

    À ses côtés, Julia*, 26 ans, graphiste 3D, voit d’un très bon œil la syndicalisation croissante du secteur.« C’est rassurant de savoir qu’on peut compter sur le STJV, et que des gens commencent à avoir cette conscience-là. Il y a des actions, des grèves, ça permet de libérer la parole sur les conditions de travail », se réjouit-elle.

    Pierrick*, 15 ans d’expérience dans le jeu vidéo, a vu éclore le syndicalisme naître dans le secteur au fil de sa carrière. Pas encore adhérent au STJV, il pourrait franchir le pas. « J’ai vécu des trucs hallucinants dans ma carrière et il n’y avait rien pour s’opposer à ça, on a longtemps été tout seul dans nos coins à vivre les mêmes problèmes et on ne pouvait pas vraiment se rebeller, se rappelle-t-il. Les syndicats répondent à de vrais besoins. »

    #syndicalisme

    • Cela traduit surtout, de mon point de vue, la non implantation des autres organisations syndicales (y compris SUD et les 3 CNT) dans ce secteur d’activité.

      Il est quand même attristant de constater que la résistance (salutaire) des salariés passe ici, qu’on le veuille ou non, par la constitution d’une forme de syndicalisme de corporation, soit ce qui existait à la fin du 19e avant la création des bourses du travail de Pelloutier et d’un syndicalisme interprofessionnel (par branche et par lieu géographique) initié en France, en 1895 avec la constitution de la CGT.

      Les boîtes de création de jeux vidéo sont, du point de vue du rapport patrons/salariés, des entreprises comme les autres, contrairement aux secteurs uberisés où il est préalablement nécessaire de requalifier le salariat avant d’envisager de construire une résistance syndicale plus classique.

    • Oui, mais pas que. Il y eu un corps+section CFDT assez moteur chez Ankama. Une section UNSA aussi.

      Effectivement, surtout parce qu’il n’existait pas de syndicat de corporation, donc c’était un retranchement. Et que personne n’était assez motivé (lettres aux CSE d’autres boites (Blizzard), fin de non recevoir).
      Et s’il y a besoin de corporatisme, c’est qu’il y a besoin de compréhension.

      La STJV est plutôt rouge et noire, si une main lui était tendue, elle irait bien chez CNT.

      Quand tu vas demander la création d’une branche dans un gros syndicat, ils te disent que tu divises les forces, que tu devrais plutôt t’affilier à telle ou telle branche existante. Surtout qu’ils ne savent pas où te classer (IT, média…). Donc quand tu sens que le besoin est là, et fort, tu crées un syndicat.

      #syndicats #jeuxvideos @martin

    • Je le répète, il y a un vrai problème d’implantation syndicale et cela est du en partie à l’incapacité des organisations syndicales à répondre aux besoins de ces nouveaux salariés. Est-ce parce qu’il s’agirait d’un secteur d’activité non répertorié dans les branches professionnelles classiques ou qui serait nouveau ? Je doute que ce soit la seule explication mais, si c’est le cas, c’est complètement aberrant car cela fait plusieurs décennies qu’il existe des jeux vidéo. Comment a-ton fait pour la presse, le labeur, l’informatique, les métiers du spectacle, l’audiovisuel ?

      Par ailleurs, il faut rappeler que les orgas syndicales sont fragilisées depuis plusieurs années. Elles ont toutes les peines du monde à se développer et s’implanter, tout simplement parce qu’elle manquent d’effectifs et de force et qu’elles sont prises dans des logiques défensives quand il ne s’agit pas de routines bureaucratiques de survie. Elles sont beaucoup plus faibles que ce que l’on lit parfois à leur propos dans les analyses si radicales qui fleurissent sur le web.

      Le rattachement à une branche ne devrait pas être un obstacle pour affilier un nouveau secteur d’activité dans une organisation syndicale, quelle que soit l’activité. La logique étant justement que les fédérations de métiers doivent permettre de regrouper le maximum de monde sur un même secteur d’activité pour favoriser la mobilisation d’une branche globale et éviter la division et le corporatisme (ça c’est théorique, hein). À la limite, si on ne sait pas trop à quoi se raccorder on prend un secteur global. Mais, pour les jeux vidéo, cela me semble incompréhensible. Pour moi on devrait les rattacher soit au secteur de l’édition soit à l’audiovisuel. Les assistantes maternelles de la CGT, par exemple, sont rattachées à la fédération du commerce. On voit pas vraiment le rapport si ce n’est qu’elle sont des travailleuses isolées avec plusieurs employeurs. Dans ce cas la cohérence de l’affiliation n’a pas beaucoup d’importance, en définitive. Ce qui compte c’est qu’elles rompent l’isolement et qu’elles arrivent à avancer socialement de façon collective sur leurs revendications et qu’elles soient raccordées à une organisation qui leur permette de lutter plus globalement sur des revendication interprofessionnelles (typiquement : les retraites). Et ça marche.

      Le problème avec la création des syndicats ex nihilo – et encore une fois, je ne leur jette pas la pierre - c’est qu’on a l’impression qu’on va réinventer la poudre sous prétexte qu’on a l’impression de faire un truc qui n’existait pas. Dans un tout autre domaine, j’ai vu par exemple qu’un syndicat de gilets jaunes est en train de se constituer. Pourquoi pas... (je n’évoque même pas le fond de leur argumentaire) mais il ne faut pas oublier que pour exister les syndicats sont quasiment obligés de se conformer aux rituel de la compétition intersyndicale des élections professionnelles, ces dernières représentent une véritable machine de division, pour le plus grand plaisir du patronat. Plus il y a de syndicats, plus on alimente la concurrence entre organisations et plus on renforce la logique boutiquière syndicaliste, insupportable, qui n’a pas besoin de cela pour exister. Le patronat adore le spectacle.

    • J’ai à nouveau eu ce sujet de discussion avec des gens de STJV Ankama et Ubisoft aujourd’hui, et clairement, ils sont bien plus satisfaits ainsi que rattachés à la section spectacle ou media ou informatique ou random de la CGT, solidaires, CFDT, Unsa, etc... même si rien n’est achevé dans cette direction.
      Ankama, bon exemple : 5-8 ans avec des représentants syndicaux Unsa et CFDT, perte de membres, plus rien ensuite, puis renaissance avec la STJV (fondée en 2017), donc ca semble leur faire un bien fou d’avoir inventé ca.

      Et ils sont en train de pousser pour avoir une reconnaissance nationale. Avec ce même syndicat qui s’implante dans plusieurs boites de JV en France. Et pour créer une convention collective du jeu vidéo. Car marre d’être sous Syntec.
      Il reste des membre Canaris dans d’autres syndicats, donc si la tendance s’inverse, aucune porte n’est fermée. Mais la tendance JV = auteur, ou JV = informatique, ou JV = media, ca ne leur convient pas.

      La ou Basta a tord, c’est que les syndicats étaient deja implantés : CGT, CFDT, CFE-CGC, Solidaires et Unsa. Mais sans la compréhension de l’esprit de corps, ca dure 1 ou 2 mandat, puis plouf.

    • donc ca semble leur faire un bien fou d’avoir inventé ca.

      C’est l’essentiel au sens où visiblement la greffe avec les orgas syndicales classiques n’a pas pris et que la création d’une entité autonome semble combler un manque (d’autant que l’ambiance sociale dans ce secteur n’a pas l’air d’être des plus cool -> Ubisoft).

      On ne peut que leur souhaiter d’arriver à s’organiser eux-mêmes à l’échelle de cette « nouvelle branche », puisque visiblement il s’agirait d’une branche professionnelle à part entière.

      Après, comme tu le dis, les choses peuvent évoluer. Le plus important étant, de toute façon, qu’ils s’organisent pour défendre leur droit.

  • Un congrès CGT sous haute tension pour le mouvement syndical et féministe

    Fin mars 2023, aura lieu le congrès confédéral de la CGT et ça promet d’être houleux : remise en cause de la candidature de Marie Buisson par un camp sectaire et viriliste, du critère de « parité » sur les listes des candidats à la CEC… Les enjeux d’un congrès décisif pour les syndicalistes féministes, l’ensemble de la CGT et tout le mouvement syndical.

    Une campagne virulente de remise en cause de la candidature de Marie Buisson au poste de secrétaire générale de la CGT a commencé très vite après son annonce. Elle s’est notamment traduite, ces dernières semaines, par la multiplication d’articles à charge dans la presse [1].

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/02/20/un-congres-cgt-sous-haute-tension-pour-le-mouv

    #feminisme #syndicalisme

  • We Can’t Ignore Class Dealignment
    https://jacobin.com/2023/02/matt-karp-class-dealignment-american-left-politics-blue-collar-voters

    02.05.2023 - Matt Karp on class dealignment and why the Left’s weakening connection to blue-collar workers isn’t a problem we can wish away.

    In a recent article, Chris Maisano raises some important questions about the concept of “class dealignment” that many in the Jacobin orbit, including myself, have used to describe the recent shift in American voting patterns. Coming soon after Robert Brenner and Dylan Riley’s speculative essay in the last New Left Review, this suggests an element of dissatisfaction on the intellectual left with the dealignment idea.

    I’ve written a longer reply to Brenner and Riley, which I hope will appear soon. But I wanted to respond to a few of Maisano’s points directly.

    Maisano’s main critique seems to be about measurement. Using college education to stand in for class, he argues, misses a much more complex reality in America today. This is all true, so far as it goes, and Maisano’s sociological citations are helpful here. It’s one reason why the Center for Working Class Politics has designed our second study — which will appear later this spring — around fine-grained occupational data. (Much of it relies on the concepts and terms developed by Daniel Oesch, who Maisano cites. You can find a preview of the results in Jared Abbott’s essay in the latest Jacobin.)

    It’s always good to have more precise evidence. But above and beyond a debate over measurement, two larger points must be kept in mind. First, the same basic pattern that we call dealignment is visible everywhere, no matter which categories we use. And second, the challenge that this historic shift poses for liberals and Democrats is a challenge for the Left, as well — a challenge we can’t hope to meet if we pretend it does not exist.

    Maisano notes that dealignment appears to be weaker when tracked by income than by education. However, according to presidential exit polls (a crude but useful index), lower-income voters have in recent years moved toward the Republicans, while higher-income voters moved toward the Democrats. This is true broadly over time, and especially in the last decade.

    In 1976, at the start of the dealignment era, the Democrat Jimmy Carter won the bottom rung of the income distribution by twenty-four points. He won the bottom 40 percent by eighteen points. But he lost the richest income quartile to the Republican Gerald Ford by twenty-four points. Measured by income (or by occupation, as academics showed), New Deal–era class alignment remained very much in effect.

    This alignment atrophied across the next three decades, but Barack Obama’s semi-populist campaigns helped bring lower-income voters back toward the Democrats. In 2012, Obama beat Mitt Romney with the bottom 40 percent of income earners (under $50,000) by twenty-two points. He lost the top third (incomes over $100,000) by ten.

    This puts Biden’s 2020 performance in perspective: a nine point win with the bottom third of incomes, according to Pew, alongside a thirteen point win with the top quarter. Other polls show a less dramatic shift. Regardless, it is almost certain that no Democrat in US history has ever won the White House with a coalition so heavily weighted toward the top of the income pyramid.

    Yes, a thin majority of lower-income voters is still Democratic; and of course, many higher earners are still Republicans. But invoking these groups is a way of talking past the point. Dealignment has nothing to do with the minor auto-parts barons who voted for Trump, as they did for Gerald Ford, or the unionized health care workers who voted for Biden, as they did for Jimmy Carter. Dealignment, like most historical phenomena, is not an absolute; it is a process. Or, more prosaically, a trend: and it focuses attention on the voters who are in motion across the party system, in both directions. Not those who stay, but those who leave.

    It is of course important to understand more precisely who these voters are. But after wading through all the sociological complexities, it turns out that the two key groups are relatively easy to describe, as Maisano acknowledges: lower-education, lower-income voters moving Right; higher-education, higher-income voters moving Left.

    Looking at the data by occupational class, Ted Fertik found the same result: “skilled manual workers, lower-grade technicians, installers, and repairers” were the strongest Republican-breaking group in 2016; “higher-grade professionals, administrators, managers, and officials” the strongest Democratic-breaking group.

    In other words, however you slice it, the essential trade-off comes down to the same constituencies Chuck Schumer called out in his famous dictum: “For every blue-collar Democrat we lose in western Pennsylvania, we will pick up two moderate Republicans in the suburbs in Philadelphia.”

    Indeed: between 2012 and 2020, indeed, Erie County in western Pennsylvania (median household income: $55,949) shifted Republican by sixteen points; Chester County outside of Philadelphia ($109,969) shifted Democratic by seventeen points.

    How are we to describe this shift? Or, for that matter, the even more dramatic shifts in blue-collar places like Lee County, Iowa ($54,258), which broke Republican by thirty-five points from 2012 to 2020, or Zapata County, Texas ($34,406), which broke Republican by an improbable 48 points?

    Is this “a complicated new set of alignments rooted in the social and occupational structures of a postindustrial economy,” as Maisano says? Yes, of course. Is that just another way of saying “class dealignment”? I think so.

    For the Left, the primal question is what we are to do about it. Maisano invokes the long and honorable history of twentieth-century socialists making alliances outside their traditional industrial base. But today, as he notes, the social base for progressive or socialist politics is a different group: sociocultural professionals, mostly, with less active support from some groups of service workers.

    No one on the Left has seriously suggested a politics that excludes core constituencies like teachers, nurses, or social workers. Yet this base — even if we optimistically include other loyal Democratic groups — remains far smaller, weaker, and less united than the organized industrial workers of the twentieth century. So which other social groups must be won over to form a coalition capable of winning power outside northwest Brooklyn?

    It seems obvious that the critical group is the same one that Schumer and others have successfully helped push out of the Democratic party: blue-collar workers in places like western Pennsylvania, eastern Iowa, and southern Texas. Does the Left, in its current incarnation, have any better plan to reach these workers than the Democrats do?

    The concept of dealignment offers nothing like a solution to this dilemma. But it begins, at least, by acknowledging the scale of the challenge.

    #lutte_des_classes #USA #syndicalisme

  • Exclu : découvrez la bande-annonce de “La Syndicaliste”, avec Isabelle Huppert (qui interprète le rôle de Maureen Kearney)
    https://www.telerama.fr/cinema/exclu-decouvrez-la-bande-annonce-de-la-syndicaliste-avec-isabelle-huppert-7

    L’histoire vraie d’une élue syndicale d’Areva violée chez elle, puis accusée d’avoir menti. Ce film-dossier captivant de Jean-Paul Salomé sera présenté en avant-première lors du Festival cinéma Télérama, du 18 au 24 janvier, avant sa sortie en salles le 1er mars. En attendant, voici la bande-annonce.

    D’autres articles en rapport avec "l’affaire Maureen Kearney" :

    https://www.lecourrierdelatlas.com/le-saississant-laffaire-maureen-kearney-de-nina-robert

    Dans cette mini-série documentaire pour France Televisions, la réalisatrice Nina Robert revient sur la vie et la difficulté de la lanceuse d’alerte, Maureen Kearney. Alors syndicaliste à Areva, elle va subir une agression et un viol qui ne seront jamais résolus. Pire, elle se voit reprocher une « dénonciation calomnieuse », un procès qu’elle gagnera en appel.

    https://www.miroirsocial.com/participatif/la-syndicaliste-lhistoire-de-maureen-kearney-lanceuse-dalerte-agressee

    L’enquête réalisée par Caroline Michel Aguirre est exemplaire par l’attention portée aux détails, à l’enquête précise et détaillée et à la fidélité des faits retracés dans le livre. Facile à lire mais parfois insoutenable par la dureté des faits relatés, il apporte un regard objectif sur la violente agression subie par Maureen Kearney un matin de décembre 2012 à son domicile. L’ouvrage est fidèle ; des témoignages et des documents expliquent une situation exceptionnelle par son déroulement et les implications économiques et politiques de l’affaire.

    #lanceuse_d'alerte #syndicalisme #le_monde_des_affaires (qui schlinguent) #business (as usual) #culture_du_viol #culture_d'entreprise

  • WOBBLIES (BD) - recension

    On sait que les USA, leader auto-proclamé du « monde libre » et champion toutes catégories de la « démocratie » est un pays qui s’est construit sur le colonialisme, l’esclavagisme et le développement effréné d’une révolution industrielle capitaliste incontrôlable dont il reste encore le modèle d’une dégénérescence planétaire qui n’en finit plus de s’aggraver.

    N’en rester qu’à cette vision (déprimante) pourrait inciter à passer sous silence les différentes formes de résistance qui se sont construites pour s’opposer au pouvoir démesuré des gouvernants du pays de l’oncle Sam.

    Avec Wobblies (éditions Nada), récit historique en BD, on (re)découvre comment cette résistance s’est constituée sous la forme du syndicalisme d’action directe, au cœur même de l’empire. Même si l’ouvrage présente la continuité sur un siècle des Industrial Wokers of the World (IWW), force est de reconnaître que ce sont les 15 premières années de cette histoire sociale qui représentent le principal intérêt de cet ouvrage.

    IWW s’est créé en 1905 en tant qu’union de syndicats d’industries (organisations par branches entières), sans aucune discrimination - femmes, afro-américains ou autres « minorités » accueilli·es à bras ouverts- sur les principes de lutte de classe (antagonisme d’intérêts entre les travailleurs et les patrons), de l’action directe (indépendance vis à vis des partis et d’autres formes de délégation) et de l’internationalisme (contrairement aux syndicats européen – dont la CGT – les Wobblies se sont opposés à la boucherie de 14-18). Autant de points qui représentaient une opposition frontale vis à vis des autres syndicats corporatistes et réformistes existant alors aux USA.
    Ce livre retrace bien comment les patrons, aidés par les autorités locales ou fédérales, se sont opposés de la façon la plus brutale à cette force révolutionnaire mais aussi comment celle-ci s’est constituée pour organiser la résistance, la solidarité et parfois la victoire.

    Plusieurs personnalités marquantes des premiers Wobblies (nom donné aux syndicalistes des IWW) sont présentés : William Haywood, Lucy Parsons, Mary Harris Jones, Carlo Tesca, Joe Hill, Ben Fletcher, Frank H. Little, les frères Magón, etc.

    Plusieurs artistes ont contribué à la réalisation de ce recueil de bandes dessinées en noir et blanc. L’ouvrage est découpé en 6 principaux chapitres, chacun débutant avec une introduction purement textuelle. On est parfois désarçonné par quelques transitions difficiles entre les récits, à cause des différences stylistiques des bédéistes mais la lecture est passionnante, pour les esprits curieux en histoire sociale et la qualité graphique ne gâche rien au plaisir.

    https://www.nada-editions.fr/produit/wobblies

    #IWW #Wobblies #Industrial_workers_of_the_world #syndicalisme_révolutionnaire #syndicalisme_d_action_directe #anarcho_syndicalisme #recension #BD #bande_dessinée

  • L’anéantissement du syndicalisme indépendant par le régime de Loukachenko au Belarus

    Le 20 décembre 2022 s’ouvrira à Minsk le procès des dirigeants du BKDP, Aliaksandr Yarashuk, Siarhei Antusevich et Iryna But -Husaim, arrêté.es le 19 avril dernier [1]. Ils risquent jusqu’à 14 ans de prison et font partie des 37 dirigeants et militants syndicaux du BKDP dont 9 femmes, qui sont actuellement détenu.es dans les geôles biélorusses.

    C’est ainsi que le régime de Loukachenko anéantit le mouvement syndical indépendant du Belarus, incarné depuis trois décennies par le Congrès biélorusse des syndicats démocratiques (BKDP [2]) qui voit officiellement le jour en 1993 et dont la liquidation a été prononcée par la Cour Suprême du pays le 17 juillet 2022 [3].

    La naissance du BKDP, est très étroitement liée à l’exercice effectif du droit de grève et à sa contestation par les autorités biélorusses. Une autre ligne de fracture essentielle avec le syndicalisme officiel [4] passe par le refus d’accepter dans ses rangs la direction des entreprises.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/12/16/laneantissement-du-syndicalisme-independant-pa

    #international #syndicalisme #belarus

  • Allez voir le film des copains Nico et Jamila "Il nous reste la colère", maintenant en salle un peu partout. Deux articles d’affilé de Samuel Gontier et un de Médiapart (vraiment dans le journal). Et parlez en !

    “Il nous reste la colère” : comment deux inconnus ont accouché d’un docu d’exception sur la lutte syndicale
    https://www.telerama.fr/cinema/il-nous-reste-la-colere-comment-deux-inconnus-ont-accouche-d-un-docu-d-exce

    Passionnante immersion dans le combat des ouvriers de Ford à Blanquefort, le travail accompli par deux “néophytes” dépasse le “film de lutte” tant il ouvre la réflexion sur l’engagement. Alors qu’il vient de sortir en salles, retour sur son tournage exemplaire.

    Quand ils débarquent dans le local du comité d’entreprise de Ford à Blanquefort (Gironde), Jamila Jendari et Nicolas Beirnaert sont aussi étrangers au monde du documentaire qu’à celui du militantisme syndical. Artistes plasticiens, ils participent à divers collectifs bordelais, vivent de petits boulots, s’essaient à la vidéo en captant des séances de l’Université populaire. Ils filment le mouvement social contre la loi Travail, en 2016, et y perçoivent la défiance de nombreux jeunes manifestants contre les syndicats.

    L’idée germe d’aller voir comment travaillent au quotidien quelques-uns de ces militants chevronnés, célèbres dans leur région pour avoir mené une lutte victorieuse entre 2007 et 2011. Avec leur fameux délégué CGT, Philippe Poutou, les ouvriers de Ford avaient réussi à empêcher la fermeture de leur usine de boîtes de vitesses. Las, les deux apprentis réalisateurs découvrent des représentants du personnel inquiets, qui pressentent le site à nouveau menacé.

    « Il nous reste la colère » : la lutte des anciens de Ford au cinéma | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/101222/il-nous-reste-la-colere-la-lutte-des-anciens-de-ford-au-cinema

    Deux ans après la fermeture de l’usine Ford à Blanquefort, sort un documentaire intitulé « Il nous reste la colère » qui raconte, avec humanité et justesse, la lutte infructueuse d’ouvriers attachés à leur usine. Au cinéma depuis le 7 décembre.

    #cinéma #documentaire #syndicalisme #échec #colère #CGT_Ford

  • Microsoft’s ZeniMax Studios Organizes to Form Labor Union (MSFT) - Bloomberg
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-12-05/microsoft-s-zenimax-studios-organizes-to-form-labor-union

    About 300 workers at Microsoft Corp.’s ZeniMax Studios, known for popular video games Skyrim and Fallout, have begun organizing to form a union in what would be the first at the software giant in the US.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #microsoft #zenimax #syndicalisme #jeu_vidéo_skyrim #jeu_vidéo_fallout #cwa #activision_blizzard #bethesda_softworks #jeu_vidéo_doom #id_software #arkane_studios #ftc

  • « détermination » mais faut pas gâcher les fêtes de fin d’année, quand même hein.

    Tous les membres de l’intersyndicale ont aujourd’hui le sentiment que le report de l’âge d’ouverture des droits à une pension est inéluctable. Si l’exécutif confirme son intention, « il y aura de la conflictualité sociale », a, de nouveau, mis en garde Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, lundi, sur France 2. Désireux de prouver la détermination de ses troupes, il a précisé que la centrale cédétiste « animera » la mobilisation qui se dessine en janvier avec les autres organisations de salariés.

    Réforme des retraites : les syndicats préparent la riposte
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/12/05/retraites-les-syndicats-preparent-la-riposte_6153014_823448.html

    Politique
    Réforme des retraites

    Réforme des retraites : les syndicats préparent la riposte

    Alors qu’Emmanuel Macron a réaffirmé le caractère « indispensable » d’un report de l’âge légal, les partenaires sociaux veulent s’organiser pour peser dans les discussions sur la future réforme.

    Les syndicats s’immergent peu à peu dans une ambiance de veillée d’armes. Lundi 5 décembre, huit organisations de salariés et cinq mouvements représentant les lycéens et les étudiants devaient, une fois de plus, se réunir au sujet de la réforme des retraites. L’un des principaux points à l’ordre du jour est d’avancer dans la préparation d’une action collective contre le projet de l’exécutif, que les protagonistes dénoncent unanimement.

    La rencontre était prévue alors qu’Emmanuel Macron vient de réaffirmer le caractère « indispensable » des transformations à entreprendre, afin de « sauver le système [de pensions] ». « Le seul levier que nous avons, c’est de travailler plus longtemps », a martelé le président de la République, samedi, sur TF1, en soulignant que « les besoins de financement sont massifs et vont continuer de s’accroître ». Dans un entretien fleuve accordé au quotidien Le Parisien de dimanche, le chef de l’Etat reconnaît que l’« effort » demandé ne réjouit personne, tout en insistant sur les mesures de « justice et d’équité » qui sont à l’ordre du jour : relèvement de la pension minimale pour les personnes ayant accompli une carrière complète, prise en compte de la pénibilité des métiers, dispositions dérogatoires pour ceux qui sont entrés tôt dans la vie active…

    Les déclarations de M. Macron s’ajoutent à celles faites par Elisabeth Borne dans une interview au Parisien, daté de vendredi. Esquissant les contours de la réforme, la première ministre indique que celle-ci sera dévoilée « avant les vacances de Noël », pour être examinée au Parlement durant le printemps 2023 puis mise en œuvre à partir de l’été. Mme Borne soutient par ailleurs qu’aucune décision n’a été arrêtée, s’agissant du relèvement de l’âge légal de départ à la retraite, tout en rappelant que « l’engagement » de M. Macron, durant la campagne présidentielle, était d’aller progressivement vers 65 ans.
    Lire aussi : L’Assemblée nationale vote une augmentation du montant des retraites des agriculteurs non salariés

    Cette prise de parole a beaucoup irrité les syndicats, car elle leur a donné l’impression que la messe était dite alors même que l’exécutif vient d’ouvrir un dernier « cycle de concertation » sur « l’équilibre » financier des régimes de pensions avec les organisations de salariés et d’employeurs. « Nous ne comprenons pas la stratégie de la première ministre quand celle-ci s’exprime par voie de presse pour présenter des éléments pas vraiment ficelés de la réforme des retraites, confie Yvan Ricordeau, secrétaire national de la CFDT. Il s’agit d’un non-sens, d’autant que les discussions entre le gouvernement et les partenaires sociaux sur ce dossier se poursuivent. »
    « Aucune ambition sociale »

    « C’est assez désagréable », renchérit Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT. Sur Franceinfo, François Hommeril, le président de la CFE-CGC, a laissé exploser sa colère, vendredi : « On a atteint la limite du foutage de gueule », a-t-il lâché, en se demandant « si ça va[lait] le coup » de participer encore aux consultations lancées par le pouvoir en place. « Visiblement, tout est écrit, a-t-il ajouté. Franchement, on n’a plus envie de cautionner tout ce cinéma. »

    Les responsables syndicaux se disent d’autant plus mécontents que les quelques orientations livrées par le gouvernement sur la teneur de son projet n’augurent rien de bon, selon eux. « A ce stade, on perçoit de la frilosité pour apporter de véritables réponses aux travailleurs exerçant des tâches pénibles », estime Cyril Chabanier, le président de la CFTC. En matière d’emploi des seniors et de prévention de l’usure professionnelle, les premières indications fournies « ne montrent aucune ambition sociale », abonde M. Ricordeau.
    Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés Réforme des retraites : « Quid de l’ambition sociale du nouveau projet ? »

    Tous les membres de l’intersyndicale ont aujourd’hui le sentiment que le report de l’âge d’ouverture des droits à une pension est inéluctable. Si l’exécutif confirme son intention, « il y aura de la conflictualité sociale », a, de nouveau, mis en garde Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, lundi, sur France 2. Désireux de prouver la détermination de ses troupes, il a précisé que la centrale cédétiste « animera » la mobilisation qui se dessine en janvier avec les autres organisations de salariés.

    La rencontre de lundi ne devrait pas déboucher sur une prise de décision quant à la date du passage à l’action. « Nous attendons que les annonces gouvernementales soient faites pour fixer le moment où le mouvement sera enclenché », explique Benoît Teste, secrétaire général de la FSU. Pour lui, il est important de montrer que « l’on joue encore le jeu de la concertation », malgré la sensation de plus en plus prégnante que les consultations sont « de pure forme ». Ensuite, insiste Mme Verzeletti, tout l’enjeu consistera à structurer une riposte qui ne se limite pas « à une journée » : il faudra s’inscrire dans la durée, en recourant à l’arme de la « grève ».

    Bertrand Bissuel

    #syndicalisme #luttes_sociales

    • @colporteur
      Oui, c’est le discours habituel, depuis des lustres, quel que soit le parti au pouvoir. Macron reprend le fil de l’histoire sur les retraites là où elle s’est interrompue avec la pandémie. Il y avait eu une mobilisation sociale vraiment atypique, du point de vue des repères syndicaux classiques, largement tributaire de ce qui s’était passé avec les gilets jaunes : ambiance générale hors du commun, AG interpro, cortèges comportant autant voire plus de personnes (avec nombres de syndiqués, dont moi-même) devant le carré de tête que derrière... Arrivera-t-on a reprendre le fil de cette histoire ?

    • ha... alors nous nous sommes croisés et pour ainsi côtoyés.
      pour ma part, ce qui s’est levé en 2016 a pourri vérolé par l’obscurantisme qui s’est imposé avec le covid. et si j’espère un démenti, qui viendra inévitablement... un jour, je n’ai aucune idée de la manière dont il se produira, ni depuis quelles luttes, composantes, expériences, perspectives.
      (par ailleurs, il en faut beaucoup pour que dans Le Monde transparaisse quelque chose d’un conflit social ici)

    • Que Macron organise méticuleusement le saccage des retraites, c’est dans l’ordre des choses de la part d’un domestique du capital. En revanche, penser sérieusement (et donc sans rire) que les confédérations syndicales « organisent la riposte », c’est une vue de l’esprit engourdi de journalistes peu méticuleux dans leurs analyses.

  • L’Ugict Cgt lance une enquête en ligne sur les violences

    L’Union générale des ingénieurs cadres et techniciens (UGICT) de la CGT lance un « générateur » d’enquête en ligne sur les violences sexistes, sexuelles et LGBTphobes au travail.

    Ce vendredi 25 novembre, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, l’Ugict-CGT dévoile un chiffre inédit (*) sur les violences sexistes et sexuelles sur le lieu de travail, et inaugure un générateur de questionnaires en ligne pour que les syndicats puissent lancer des enquêtes anonymes à grande échelle dans les entreprises et administrations.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/12/05/lugict-cgt-lance-une-enquete-en-ligne-sur-les-

    #syndicalisme #féminisme #violence

  • Reckoning With the AFL-CIO’s Imperialist History
    https://jacobin.com/2020/01/afl-cio-cold-war-imperialism-solidarity

    1.9.2020 by Jeff Schuhrke - Two days after Bolivia’s socialist president Evo Morales was forced from office in a right-wing military coup last November, AFL-CIO president Richard Trumka condemned the coup on Twitter and praised Morales for reducing poverty and championing indigenous rights. In doing so, Trumka joined Bernie Sanders, Ilhan Omar, Alexandria Ocasio-Cortez, and other prominent figures of the Left in countering the US political and media establishments’ dominant narrative that Morales’s violent ouster was a win for democracy.

    While it’s fitting for the president of the nation’s largest union federation to denounce a right-wing coup against a leftist foreign leader — which was endorsed by the State Department and CIA — it also represents an important break from precedent for the AFL-CIO. Though rarely discussed, the federation has a long record of supporting the US government in disrupting leftist movements around the world, including through coups d’état in Latin America.

    Throughout the Cold War, the AFL-CIO’s Executive Council and International Affairs Department were run by zealous anticommunists determined to undercut the rise of left-wing trade unions overseas. Like their counterparts in the US government, George Meany, AFL-CIO president from 1955–1979, and Lane Kirkland, his successor who served until 1995, understood that if allowed to thrive, class-conscious labor movements would pose a serious threat to global capital.

    Meany, Kirkland, and other AFL-CIO officials subscribed to a philosophy of “business unionism,” meaning they had no desire to topple capitalism but instead promoted the idea that class collaboration and limited workplace bargaining over “bread and butter” issues would bring workers all the prosperity they needed. They championed economic nationalism over transnational labor solidarity, reasoning that US workers would see higher wages and lower unemployment as long as US corporations had easy access to foreign markets to sell products made in the United States — a version of the kind of nationalist ideology that has fueled racism and xenophobia among segments of the US working class and aided Trump’s rise to power.

    From aiding US-backed military coups in Brazil and Chile to cheerleading ruthless counterinsurgency wars in Vietnam and El Salvador, the AFL-CIO’s foreign policy during the Cold War was fundamentally geared toward the interests of US empire. By the 1970s — just as capital launched a renewed, decades-long attack on workers’ rights around the globe — the US labor federation had lost whatever credibility it might have had as a vehicle for international working-class liberation, derided by anti-imperialists at home and abroad as the “AFL-CIA.”

    As we enter a new decade, the prospects for a rejuvenated US labor movement are strong: a new generation of exploited workers are eager to unionize, the number of workers on strike just hit a thirty-year high, the rapidly growing Democratic Socialists of America is aiming to pull unions leftward through the rank-and-file strategy, longtime labor ally Bernie Sanders has plans to double union membership if elected president, and militant labor leaders like Sara Nelson (who could be the AFL-CIO’s next president) are rising in prominence.

    It’s a good time, then, for both labor activists and left labor leaders to reckon with the history of US labor imperialism — a history largely unknown to younger labor activists and leftists who came of age in the early twenty-first century. Wrestling with that history can help ensure that a resurgent US labor movement plays a positive and effective role in building global worker solidarity rather than one that props up an imperialist order that hurts the working class both within the United States and around the world.

    Though decades of corporate propaganda have tried to tell us otherwise, there is power in a union. Not only the power to raise wages or win paid time off, but the power to overthrow governments and bring national economies to a screeching halt. During the Cold War, the US government understood this very well. To US officials determined to preserve and expand international capitalism in the face of an increasingly influential global left, trade unions around the world posed a serious threat.

    Unions abroad therefore became a crucial target of US imperial intervention: rather than allow them to mount an effective challenge to capital by radicalizing workers and fueling leftist political movements, unions would need to be turned into instruments for containing the revolutionary potential of the working class. In the process, organized labor’s most powerful weapon — the strike — would be co-opted and used to pursue reactionary goals, namely, to undermine leftist governments.

    To subvert overseas unions for their own imperial ends, the State Department and CIA found an enthusiastic ally in the AFL-CIO. The Cold War largely coincided with the period when the US labor movement was at its strongest. More US workers were unionized in the 1950s and 1960s than at any other time in history, giving labor leaders like Meany considerable political clout.

    As anticommunists, AFL-CIO officials chose to use this power to assist the US government in undermining leftist influence in foreign trade unions. In practice, this meant interfering in the internal processes of other countries’ trade unions, stoking internecine rivalries, creating and financially propping up splinter labor organizations, grooming cadres of conservative business unionists, and using the power of the strike to sabotage progressive governments.

    After decades of such imperial interventions, organized labor across the world was left divided and weakened, making it easier for transnational capital to exploit workers in the era of neoliberalism.

    Thanks to the Left’s steadfast resistance to fascism, the Communist parties of Western Europe won widespread popular support during World War II, especially among the working class. By the end of the war, labor federations like France’s Confédération Générale du Travail (CGT) and Italy’s Confederazione Generale Italiana del Lavoro (CGIL) were led or heavily influenced by Communists.

    In 1945, the labor movements of the Allied nations — including Britain, the Soviet Union, and the United States — formed the World Federation of Trade Unions (WFTU), a sort of United Nations for labor. At this time, the AFL and the CIO were still separate, competing entities. Established in 1886, the politically conservative AFL included unions of skilled, craft workers, while the CIO — founded in 1935 as a breakaway organization from the AFL — represented workers in mass industries like auto and steel. The newer and more progressive CIO, which owed its growth to the work of Communist and other leftist organizers, readily joined the WFTU. But the larger and staunchly anticommunist AFL refused to have anything to do with the new global organization because it included unions from the USSR.

    AFL leaders like Meany argued that leftists — particularly Communists — were inherently “totalitarians,” and that any unions they led were illegitimate as representatives of workers. He and the AFL’s other anticommunist internationalists contended that only “democratic” or “free” trade unions — that is, pro-capitalist, business unions — had any claim to legitimacy.

    The irony of “free” trade unionists was that they frequently trampled on union democracy and autonomy while claiming to champion these very principles. Whenever Communists or other leftists attained leadership positions in foreign unions through democratic methods and with rank-and-file support, outsiders from the AFL would jump in to make sure their own handpicked, anticommunist unionists would have the resources to mount a robust, disruptive opposition.

    In 1944, before the Cold War battle lines had even been drawn, the AFL established the Free Trade Union Committee (FTUC) with the goal of undermining Communist-led unions in Western Europe. Tapped to run the FTUC was Jay Lovestone, who had once been a leader of the Communist Party USA but was expelled in 1929, because Stalin believed he was too close to his Politburo rival Nikolai Bukharin.

    Lovestone made his way into the labor movement in the 1930s through the International Ladies’ Garment Workers’ Union. Eager for revenge against his ex-comrades, he then went to work for the UAW’s anticommunist president Homer Martin, using his intimate knowledge of the party to help Martin red-bait and oust his intra-union opponents. This experience made him the perfect choice to run the FTUC.

    As FTUC director, Lovestone sent his associate, Irving Brown, to be his point man in Europe. From an office in Paris, Brown set about dividing the international labor movement by loudly accusing the WFTU of being a Soviet-dominated organization. He particularly worked to split the French CGT by backing its internal, noncommunist faction, Force Ouvrière. While Force Ouvrière started as a small CGT caucus willing to coexist with Communists, Brown helped transform it into a separate, anticommunist labor organization in direct competition with the CGT, propped up more by US funds than popular support.

    By 1947–48, the US government caught up with the AFL on the Cold War, creating the CIA and launching the Marshall Plan to ensure the “containment” of communism by reconstructing Western Europe’s war-shattered economy within a capitalist framework. Recognizing the labor movement as a crucial Cold War battleground, the CIA was drawn to Lovestone’s FTUC. In 1949, the Agency agreed to finance the FTUC’s efforts to subvert Communist unions abroad in exchange for intelligence on foreign labor organizations. AFL leaders Meany, David Dubinsky, and Matthew Woll were in on the new partnership, as were Lovestone and Brown, but other AFL officials and rank-and-file US unionists were kept in the dark and knew little of what the FTUC was up to.

    That US union leaders forged a secret alliance with the CIA to undemocratically divide unions overseas may justifiably be difficult to understand. But AFL leaders and the CIA shared the belief that Left-oriented unions were literally capable of bringing about proletarian revolution.

    To prevent this from happening, the CIA needed the expertise of the AFL. Since the AFL’s pro-capitalist, anticommunist officials were already working to undermine leftist labor movements before the CIA was even established, they didn’t need any convincing.

    Now flush with CIA money, in the early 1950s, Brown was reputed to carry around suitcases full of cash, buying the loyalty of union officials in France, Italy, West Germany, and elsewhere. Wherever Communist unions were strong, anticommunist splinter unions were created and financially backed by the FTUC/CIA. The AFL similarly partnered with the State Department, which developed a corps of labor attachés and stationed them at US embassies abroad. Often plucked from the ranks of AFL unions and vetted by Lovestone, the State Department’s labor attachés used their diplomatic leverage to isolate and discredit Europe’s Communist-led unions.

    Lovestone also dispatched FTUC operatives to Asia. After the 1949 Communist revolution in China, FTUC representative Willard Etter set up shop in Formosa (Taiwan). With resources provided by the CIA, Etter supported the Free China Labor League, which served as a front for espionage and sabotage activities. Teams of anticommunist Chinese agents secretly traveled from Formosa to mainland China, where they not only reported intelligence back to Etter via radio transmitters, but also blew up fuel supplies (causing substantial civilian casualties) and attempted to stir up worker unrest in state-owned factories.

    Through the FTUC’s China operation, then, the AFL became complicit in CIA-sponsored terrorist activities, straying far from its basic purpose of empowering workers. Most of Etter’s agents were captured and executed by the Chinese government after the CIA lost interest and abandoned them once the Korean War started.

    The relationship between the AFL and CIA was fraught. Lovestone chafed at the Agency’s bureaucracy and oversight, continuously demanding greater independence for his FTUC. For their part, some in the CIA’s top ranks — typically Ivy League-educated WASPs — looked scornfully at their AFL contacts, who were mostly Jews and Irish Catholics with immigrant and working-class upbringings. The feeling was mutual, with Lovestone frequently ridiculing his CIA partners as “fizz kids” in letters to Brown. Such acrimony though was a trivial byproduct of the unsavory partnership between the nominal voice of the US working class and the US imperial state.

    Despite the interpersonal tensions, the FTUC-CIA alliance in Western Europe achieved its main goal of splitting the WFTU in 1949. Increasingly pressured by Cold War geopolitics, the CIO and British Trades Union Congress disaffiliated from the WFTU early that year. The break came down to disagreements over the Marshall Plan, which the Communist-led unions opposed on grounds that it constituted an attempt to undermine their influence and reconsolidate the international capitalist system with the United States at its center.

    1949 was also the year that the US labor movement fell victim to the same divisions the AFL had been sowing abroad. Wanting to stay in the government’s good graces, CIO leaders took a decidedly rightward turn that year, purging Communist organizers from their ranks and chasing out their Left-led affiliate unions. The result was devastating. The CIO — which had previously been at the center of a multiracial, working-class movement for social and economic justice — was rendered a shell of its former self without its dedicated leftist organizers. Facing obsolescence, the CIO was absorbed into the larger, more conservative AFL in 1955, and the US labor movement began its decades-long decline.

    In December 1949, the CIO and British Trades Union Congress joined the AFL and other anticommunist national labor centers to found the International Confederation of Free Trade Unions (ICFTU), which presented itself as the “free” world’s alternative to the WFTU. Thanks to the machinations of the AFL, CIA, and State Department, the international labor movement was now divided into two hostile camps, with US labor leaders more fixated on fighting the Left than fighting capital.

    Following the reconstruction of Western Europe, US labor leaders and their allies in the US government increasingly turned their attention to the developing countries of the Global South, or what was then called the Third World.

    In the Western Hemisphere, Lovestone had a minimal presence. Instead, the AFL’s “Inter-American Representative” was Italian émigré and former socialist Serafino Romualdi. Forced to flee Italy for opposing Mussolini, Romualdi settled in New York. Like Lovestone, he found his way into the labor movement through David Dubinsky’s International Ladies’ Garment Workers’ Union in the 1930s, working for the union’s news service.

    During World War II, Romualdi toured Latin America on behalf of Nelson Rockefeller’s Office of the Coordinator of Inter-American Affairs before briefly returning to Italy as an operative with the Office of Strategic Services — the precursor to the CIA — where he attempted to sideline Communist influence in the CGIL.

    In 1946, Romualdi became the AFL’s chief representative in Latin America and the Caribbean. Much as Irving Brown worked to divide the WFTU, Romualdi’s mission was to weaken the Left-led Confederación de Trabajadores de América Latina (CTAL), which had been founded by Mexican labor leader Vicente Lombardo Toledano in 1938 to unite Latin America’s class-conscious trade unions.

    The CTAL served as an authentic voice for pan-American labor, led by Latin American unionists and free from US imperial dominance. Like the WFTU with which it was affiliated, it brought Communists and noncommunists together around the common purpose of improving the lot of workers. Romualdi and the AFL sought to undermine the CTAL and replace it with a US-led inter-American labor confederation, ensuring the Latin American working class would not become a strong, independent force capable of challenging North American control.

    With the support of Latin America’s social-democratic parties and the State Department’s labor attachés, Romualdi succeeded in convincing many Latin American worker organizations to break from the CTAL, bringing the region’s anticommunist unions together in 1948 with the establishment of the Confederación Interamericana de Trabajadores. Three years later, it was reconstituted as the Organización Regional Inter-Americana de Trabajadores (ORIT) to serve as the ICFTU’s regional arm in the Western Hemisphere. Under Romualdi’s influence, ORIT would battle leftist, Peronist, and Catholic trade unions across the region throughout the 1950s, with the result that the Latin American working class remained fractured.

    In the aftermath of the 1959 Cuban Revolution, Meany, like his allies in the US foreign policy establishment, quickly made Latin America his new priority for “containment.” Unfortunately for him, the FTUC had recently been shuttered at the insistence of UAW president Walter Reuther, after Reuther’s CIO merged with the AFL.

    Though an anticommunist in his own right, Reuther believed there could be peaceful coexistence between East and West and didn’t wish to escalate tensions with the Soviet Union. Despising Lovestone for his divisive tactics in the UAW years earlier, Reuther wanted the AFL-CIO to conduct its foreign policy through the multilateral ICFTU and not Lovestone’s FTUC. Although the ICFTU was formed at the urging of the AFL, during the 1950s, Meany had become disenchanted with the European unionists who ran it, believing they were not belligerent enough in their anticommunism.

    Hoping to refocus labor’s Cold War in Latin America after the Cuban Revolution, but not willing to rely on the ICFTU, Meany wanted a new, unilateral organization in the mold of the now-defunct FTUC. He would get it with the creation of the American Institute for Free Labor Development (AIFLD — usually pronounced “A-field”). AIFLD would become the AFL-CIO’s most significant instrument for waging the global Cold War.

    The idea for AIFLD was first proposed by Communications Workers of America president Joseph Beirne, who held a seat on the AFL-CIO Executive Council. In 1959, Beirne brought sixteen ORIT-affiliated union officials from Latin America to Virginia for a training course on how to be an effective business unionist. Beirne sought to scale up this program and turn it into a permanent organization, persuading Meany to get behind the plan.

    Meany then convinced the incoming Kennedy administration that the proposed organization, AIFLD, would serve as the perfect labor auxiliary to the Alliance for Progress — a Marshall Plan-type initiative to provide generous US aid to anticommunist Latin American governments to prevent the outbreak of another Cuba-style revolution. As it had in postwar Europe, US labor would once again willingly assist the US government in carrying out its Cold War objectives.

    In 1962, AIFLD went into operation. Almost exclusively funded by the US Agency for International Development (USAID) to the tune of several million dollars per year, the Institute quickly extended its presence into nearly every country in Latin America, coordinating its activities with the US foreign policy apparatus.

    AIFLD’s main activity was labor education, particularly training participants on how to combat left-wing influence in their respective unions. Trainees who were considered to have exceptional potential would be brought to a facility at Front Royal, Virginia for a three-month residential course — a kind of School of the Americas for trade unionists — before being sent back to their home countries with nine-month stipends to fund their anti-leftist organizing efforts.

    The Institute also used its USAID funds to carry out development projects across Latin America, including the construction of affordable worker housing for members of ORIT-affiliated unions, signaling to workers the benefits of joining the US-sponsored “free” trade union movement (though the AIFLD often overpromised on how quickly it would complete its housing developments and how many units would be available). Prospective residents were required to fill out long, detailed questionnaires about their unions, information possibly supplied to the CIA.

    To showcase the AFL-CIO’s commitment to class collaboration, AIFLD invited US businessmen with interests in Latin America to serve on its board of trustees, including the heads of the Anaconda Company, Pan-American Airways, and W.R. Grace & Co., among others. These companies were no strangers to union-busting, which made the AFL-CIO’s eagerness to partner with them especially disturbing. That they agreed to be part of AIFLD demonstrates how US capitalists saw no threat — only opportunity — in the kind of unionism the Institute was encouraging.

    Romualdi directed the Institute for its first three years until his retirement, when he was replaced by William Doherty, Jr. Doherty, whose father had been both president of the National Association of Letter Carriers and US ambassador to Jamaica, was an alleged friend to the CIA and would serve as AIFLD’s director for the next thirty years.

    In the early 1960s, AIFLD helped undermine the democratically elected, leftist government of Cheddi Jagan in the tiny South American nation of Guyana, which was then a colony called British Guiana. The colony was on the path to a planned transition to independence, and Jagan hoped to reorganize the economy along socialist lines. But the Kennedy administration, fearing Jagan would be another Fidel Castro, pressured the UK to stall the transition until he could be driven out of power.

    In the summer of 1962, eight Guyanese union officials from a labor federation tied to Jagan’s political opposition participated in AIFLD’s training course in the United States, returning home with stipends provided by the Institute. The following spring, they helped lead a general strike to protest Jagan’s government. The three-month strike crippled the colony’s economy and escalated into a race riot pitting the Afro-Guyanese opposition against Jagan’s Indo-Guyanese base.

    Representatives from two AFL-CIO-affiliated unions — AFSCME and the Retail Clerks — went to British Guiana to aid the strikers by coordinating food relief and replenishing the strike fund, using CIA money secretly channeled through private foundations. What turned out to be one of the longest general strikes in history was sustained by the US imperial state, with help from US union officials, in order to weaken a democratic, progressive government.

    Elections were held a year later, with British Guiana still reeling from the strike. Again using secret CIA funds, a representative from the AFL-CIO-affiliated American Newspaper Guild traveled to the colony to saturate the electorate with anti-Jagan propaganda. After the bitter divisions sowed by AIFLD, the AFL-CIO, and CIA, Jagan’s People’s Progressive Party was unable to win a majority of parliamentary seats, losing the election. The British then allowed the transition to independence to move forward. The new leader, Forbes Burnham, soon revealed himself to be a corrupt autocrat, remaining in power until his death twenty years later.

    AIFLD also played an important role in the US-backed military coup against Brazil’s left-wing president, João Goulart. Like their fellow travelers in the US government, AFL-CIO leaders believed Goulart was too close to the Brazilian Communist Party and needed to be replaced. In 1963, AIFLD’s training program hosted an all-Brazilian class of thirty-three unionists. Their course included fifty hours’ worth of instruction on how to fight Communist influence in their unions, taught by Lovestone and Romualdi.

    When the coup against Goulart was executed on April 1, 1964, the AIFLD graduates helped ensure it went smoothly. While leftist unionists called for a general strike to disrupt the coup, the Institute-trained union officials convinced their fellow workers to ignore these calls and allow the military takeover to proceed unobstructed. The new military regime put allegedly Communist-led unions into trusteeships, sending “intervenors” — some of them AIFLD graduates — to purge these unions of leftists and Goulart sympathizers.

    Three months later, Doherty boasted in a radio interview that AIFLD’s Brazilian trainees “became intimately involved in some of the clandestine operations” of the coup. “Many of the trade union leaders — some of whom were actually trained in our institute — were involved in… the overthrow of the Goulart regime,” he said. Doherty also defended a wage freeze that was imposed by the new government, arguing the Brazilian poor would need to “suffer” no less than the rich in the pursuit of national economic growth. The coup regime turned into a nineteen-year dictatorship, imprisoning, torturing, and murdering untold numbers of trade unionists.

    The State Department and USAID were so pleased with AIFLD’s work that they gladly accepted the AFL-CIO’s proposal to create similar institutes for Africa and Asia. In late 1964 to early 1965, the African American Labor Center was established, and in 1968, the Asian American Free Labor Institute was launched. Like AIFLD, both of these nonprofits were almost entirely funded by USAID to carry out training and development programs in order to prop up anticommunist, anti-Left unions. In 1977, a fourth nonprofit — the Free Trade Union Institute — was created to focus on Europe.

    At the 1965 AFL-CIO convention in San Francisco, Meany presented a resolution, written by Lovestone, pledging the labor federation’s “unstinting support” of President Lyndon Johnson’s policy of escalating the Vietnam War. When the resolution was about to be voted on without discussion or debate, a group of college students, observing the proceedings from the balcony, stood up and chanted “Get out of Vietnam!” and “Debate!” Meany responded by having them thrown out of the convention hall, dismissing them as “kookies.” The pro-war resolution was then adopted unanimously.

    A handful of independent unions, union locals, and mid-ranking labor officials had already expressed skepticism about the war, if not outright opposition. After witnessing Meany’s hostility toward the anti-war movement and his unwillingness to allow debate, more union leaders — particularly from the UAW — began to openly voice their disagreements with the AFL-CIO’s foreign policy.

    Reuther, president of the UAW, tepidly opposed military escalation in Vietnam, wanting to see the war end through peaceful negotiations. Further, he disliked Meany’s aggressive, go-it-alone approach to international issues, preferring to work through the ICFTU. Reuther also did not trust Lovestone, who by now was the director of the AFL-CIO’s International Affairs Department. Still, he was reluctant to make his disagreements public, not wanting to create a rift between the UAW and AFL-CIO.

    Instead, Victor Reuther — Walter’s younger brother in charge of the UAW’s foreign relations — decided to speak up, telling reporters in 1966 that Lovestone and the AFL-CIO were “involved” with the CIA and criticizing AIFLD’s role in the Brazilian coup. The following year, a series of journalistic exposés helped substantiate Victor’s claim by revealing the CIA’s ties to the labor federation and its affiliates going back to the FTUC. Of course, Meany and the AFL-CIO’s other internationalists vigorously denied any relationship with the CIA.

    Along with Meany’s hawkish stance on Vietnam — which included attempts to bolster South Vietnam’s anticommunist Confédération Vietnamienne du Travail — the CIA revelations badly damaged the AFL-CIO’s credibility among liberals and members of the New Left. Disagreements over foreign policy, as well as several domestic issues, finally led the UAW to disaffiliate from the federation in 1968. (The union would return to the AFL-CIO in 1981.)

    Despite these controversies, Meany, Lovestone, and AIFLD did not alter course. When the socialist Salvador Allende was elected president of Chile in 1970, they decided to assist the Nixon administration in destabilizing his government. While the Chilean working class was overwhelmingly behind Allende, AIFLD supported gremios — associations of right-wing, middle-class professionals — along with the country’s conservative union of maritime workers. In 1972, at least twenty-nine Chileans attended the Institute’s training course in Virginia, far more than had ever attended in previous years.

    With the help of AIFLD, in 1972 and 1973, truck-owners and merchants across Chile staged a series of strikes aimed at creating economic chaos and subverting Allende’s government. As in British Guiana nine years earlier, the strikers were supported with funds from the CIA. US efforts to undermine Allende culminated in the violent military coup on September 11, 1973. The new military dictatorship AIFLD helped bring to power by using traditional working-class tactics like the strike would ironically — and tragically — trample workers’ rights, jailing and murdering thousands of Chilean labor activists.

    After researchers like Ruth Needleman and Fred Hirsch helped expose the Institute’s role in the Chilean coup by obtaining documents, conducting interviews, and circulating their findings, rank-and-file union members across the United States began demanding more transparency around AIFLD in the mid-1970s. Several union locals and local labor councils called on the AFL-CIO to fund its foreign programs independently instead of relying on USAID. While these demands went ignored, Lovestone finally retired in 1974, with Meany following suit five years later.

    Upon Meany’s retirement, his longtime lieutenant Lane Kirkland became president of the AFL-CIO. Like his predecessor, Kirkland was a hardline anticommunist. Groomed to be a diplomat at Georgetown’s School of Foreign Service, he was a close personal friend of Henry Kissinger, spending every Thanksgiving with him.

    Under Kirkland, the AFL-CIO applauded the Reagan administration’s aggressive foreign policy aimed at reigniting the Cold War, even as Reagan ushered in a new era of union busting by firing 11,000 air traffic controllers in 1981. At the AFL-CIO’s urging, Reagan oversaw the creation of the National Endowment for Democracy (NED) in 1983, a government-funded grant-making foundation to disburse monies to the same kinds of overseas anticommunist organizations previously funded covertly by the CIA. With Kirkland serving on NED’s board of directors, AIFLD and the AFL-CIO’s other foreign institutes became core grant recipients.

    Kirkland backed Reagan’s Central America policy of arming repressive state security forces in El Salvador and terroristic counterrevolutionaries in Nicaragua. AIFLD was especially active in El Salvador in the 1980s, playing a critical role in the development and implementation of an agrarian reform program meant to undercut rural support for the leftist revolutionary movement. El Salvador’s counterinsurgency government — entirely propped up by generous US military aid — combined the agrarian reform with a state of siege that saw thousands of campesinos brutally murdered in a wave of massacres.

    Alarmed by Kirkland’s support for Reagan’s foreign policy, rank-and-file US union members became active in the Central American peace and solidarity movement, demanding the AFL-CIO change direction. In one of the most significant developments for US labor internationalism since the start of the Cold War, the presidents of several national unions affiliated with the AFL-CIO came together to form the National Labor Committee in Support of Democracy and Human Rights in El Salvador (NLC).

    The NLC openly opposed Kirkland and the Executive Council, lobbying Congress to cut off US military aid to the Salvadoran government. The NLC also sent delegations of US union members to El Salvador and Nicaragua to witness first-hand how US assistance was helping rightists murder and intimidate Central American workers. The NLC would later evolve into an anti-sweatshop organization, helping expose the complicity of major clothing brands in worker rights abuses in Central America, the Caribbean, and Asia.

    While facing internal opposition to its Central America program, the AFL-CIO gave financial and political support to Solidarność, the Polish trade union led by Lech Wałęsa that eventually helped bring down Poland’s Communist government. Opposed by foreign policy officials who feared stirring up hostilities with the Soviet Union, the AFL-CIO’s foray into Poland has since been touted by interventionists as a case study in the heroics of “democracy-promotion.”

    Though Kirkland claimed a victory for “free” trade unionism in Poland, by the 1990s, the labor leaders associated with the NLC were convinced the federation badly needed to improve its overseas image. What’s more, several union presidents on the AFL-CIO’s Executive Council believed the federation had become lethargic in the face of years of declining union density.

    Following the AFL-CIO’s failure to stop the passage of NAFTA, a group of labor officials led by SEIU president John Sweeney gathered enough support to force Kirkland to retire and take control of the federation in 1995. Calling themselves the “New Voice” slate, Sweeney and his allies aimed to revitalize the AFL-CIO by organizing new workers and abandoning outdated anticommunist priorities.

    Under Sweeney, in 1997, AIFLD and the other foreign institutes were shut down and reorganized into a new NGO called the American Center for International Labor Solidarity, or Solidarity Center, which continues to be the AFL-CIO’s operational arm in the Global South.

    Active in over sixty countries, the Solidarity Center does good work, helping to improve safety standards in the Bangladeshi garment industry, amplifying workers’ voices at the International Labor Organization, and bringing workers from the United State and the Global South together to share stories and strategies.

    But like its predecessor organizations, the Solidarity Center is primarily bankrolled by the US government, particularly USAID, the State Department, and NED. It is one of only four NED core grantees. NED is known for meddling in the democratic processes of other countries and promoting “regime change” to maintain US global dominance, including in Venezuela, Haiti, Ukraine, and multiple Central American nations.

    Given the history of the FTUC and AIFLD, the Solidarity Center’s dependence on government funding and association with NED should be a cause for concern in the labor movement and merits closer inspection. But there is virtually no discussion about it within the AFL-CIO.

    This is not especially surprising considering the federation has yet to formally acknowledge or apologize for the significant role it played during the Cold War in dividing labor movements abroad, undermining foreign democracies, and endorsing militarism — all of which only served to strengthen transnational capital and weaken the power of workers.

    In 2004, the California Labor Federation passed the “Build Unity and Trust Among Workers Worldwide” resolution, which called on the AFL-CIO to “clear the air” by fully accounting for its record of hostile foreign interventions and renouncing its CIA ties. The resolution then headed to the national AFL-CIO convention in Chicago the following year, where it was effectively killed in committee. Since then, there has been no coordinated, sustained attempt to confront the federation’s imperialist history.

    In 2006, the ICFTU merged with the traditionally more progressive World Confederation of Labour to form the Brussels-based International Trade Union Confederation (ITUC), of which the AFL-CIO is an affiliate. Meanwhile, the WFTU, now headquartered in Greece, continues to be led by Communists as it has been since the 1949 split. Today’s WFTU routinely accuses the much larger ITUC of being class-collaborationist and pro-imperialist.

    While the ITUC is far from being an explicitly radical organization, it frequently levels strong criticisms of the World Bank and IMF, has repeatedly condemned Israel’s occupation of Palestine, and wasted no time in denouncing not only the recent coup in Bolivia, but also Juan Guaidó’s attempted coup in Venezuela and the US assasination of Qassem Soleimani. That the AFL-CIO is a prominent member of such an organization is a positive sign given the history described here.

    Whether the trade unions of the world can ever be truly united remains to be seen. But perhaps hope for transnational labor unity lies less in the politics of large bureaucracies like the ITUC and WFTU, and more in the ability of workers to put class solidarity before national allegiance and to take action with our fellow workers, whoever and wherever they may be, for our collective liberation (and, in the context of a planetary ecological crisis, our collective survival).

    Discovering the extent to which the AFL-CIO is willing to use its resources and influence to encourage this kind of solidarity-driven consciousness — which would necessitate a thorough reckoning with its own ugly history of assisting US imperialism — will be crucial in determining whether the federation serves any real purpose for the working class.

    #USA #syndicalisme #impérialisme #AFL-CIO #putsch

  • À bas la presse bourgeoise ! - Deux siècles de critique anticapitaliste des médias. De 1836 à nos jours- Publico
    https://www.librairie-publico.com/spip.php?article3521

    La liberté de la presse a ceci de commun avec la République qu’elle est aujourd’hui défendue même par les forces politiques qui ont le plus férocement ferraillé contre elle dans un passé pas si lointain. Les avocats de la critique de la presse, eux, sont beaucoup moins nombreux. Passe encore (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • Activision’s first bargaining session with union seemed contentious
    https://www.gamedeveloper.com/culture/activision-blizzard-reportedly-forced-union-to-pay-for-missed-time-of

    During its first day of bargaining with Activision Blizzard, the Game Workers Alliance allege that the game publisher made several ridiculous demands while failing to offer anything to the union in return. According to the GWA, Activision Blizzard allegedly wouldn’t even attend the bargaining meeting unless the union paid for its workers’ missed time, which it did in a “show of good faith.”

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #activision_blizzard #business #ressources_humaines #syndicalisme #gwa #game_workers_alliance #négociation

    • La lutte contre les syndicats de salariés semble en effet extrême dans les entreprises étatsuniennes. Néanmoins, je suis peu cet aspect dans sa globalité.

      Pour ce qui est du syndicalisme à Activision-Blizzard, l’entreprise semble user de tous les stratagèmes pour empêcher la création du syndicat (c’est raté, donc), ou encore de rendre la vie des salariés syndiqués difficile (gel des salaires), ou encore, ici, de mener les négociations dans une impasse (en faisant des propositions punitives à l’égard du syndicat.)

      Je n’ai pas l’habitude des syndicats, qu’ils soient français ou américains. Cependant, j’y vois, certes, naïvement, la volonté des salariés de travailler de manière plus efficace. Certes, sous l’angle des salariés, en complément de celui de la direction des entreprises.

  • Activision Blizzard illegally withheld raises from unionizing workers, labor board finds | TechCrunch
    https://techcrunch.com/2022/10/03/activision-blizzard-illegally-withheld-raises-from-unionizing-workers-la

    Gaming giant Activision Blizzard unlawfully retaliated against workers at Raven Software who formed a union, the National Labor Relations Board found.

    The quality assurance (QA) department at subsidiary Raven Software, who mostly work on “Call of Duty,” announced that they would form a union in January. Activision Blizzard sought to block the union, reasoning that the union only comprises the 28-employee QA department, while as a whole, Raven Software has around 230 employees. Regardless, the Raven Software QA testers, who operate under the name Game Workers Alliance (GWA), made history in May when their union vote passed 19-3. Now, the GWA is the first officially recognized union at a major U.S. gaming company.

    While the GWA was in the process of unionizing, Activision Blizzard converted about 1,100 QA contractors to full-time staffers and increased the minimum wage to $20 per hour. But workers at Raven Software, who are among the lowest paid in the studio, were denied these wage increases. Activision Blizzard claimed that, due to laws under the National Labor Relations Act (NLRA), the company wasn’t allowed to change the pay rate of its employees in the midst of a union effort. The Communication Workers of America, which represents the union, said that this was a disingenuous attempt at union busting.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #activision_blizzard #ressources_humaines #syndicalisme #game_workers_alliance #gwa #assurance_qualité #nlra #national_labor_relations_act #raven_software #daniel_alegre #bobby_kotick #harcèlement_sexuel #viol #sec #microsoft

  • Blizzard Albany, formerly Vicarious Visions, gets union vote greenlight - The Washington Post
    https://www.washingtonpost.com/video-games/2022/10/18/blizzard-albany-nlrb-union-vote

    In a Tuesday decision, the National Labor Relations Board (NLRB) ruled that a group of 21 quality assurance testers at Blizzard Albany, formerly Vicarious Visions, could vote in a union election.

    Testers at Blizzard Albany argued in front of the board in August that they should be allowed to form a union on their own. Parent company Activision Blizzard countered that a broader number of workers — 88 employees at the Blizzard Albany studio working on Diablo games — should get to vote in the union.

    Labor experts have told The Washington Post that companies often seek to increase the size of the bargaining unit so that chances of a union vote succeeding are lower.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #blizzard #activision_blizzard #ressources_humaines #syndicalisme #blizzard_albany #vicarious_visions #national_labor_relations_board #nlrb #assurance_qualité #amanda_laven #jeu_vidéo_diablo_iv #jeu_vidéo_diablo_ii #linda_leslie #rich_george #lulu_cheng_meservey #microsoft #jeu_vidéo_guitar_hero #jeu_vidéo_crash_bandicoot #raven_software #game_workers_alliance #gwa

  • Fiche pratique Covid-19 – Autodéfense sanitaire – Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo
    https://www.stjv.fr/2022/01/covid-19-autodefense-sanitaire

    La pandémie de Covid-19 dure depuis plus de 2 ans, et nous ne sommes toujours pas près d’en sortir. Les informations officielles étant souvent inexistantes, parfois trompeuses ou même carrément mensongères, et toujours difficile à trouver, nous vous proposons ce guide qui cherche à centraliser les infos, résumer la situation et expliquer comment nous protéger collectivement.

    On a fait de notre mieux pour collecter et synthétiser les infos, mais n’oubliez pas que nous ne sommes pas des professionnel‧les de santé. Ce guide ne remplace pas la consultation des services de santé.

    Si ce guide contient des erreurs, n’hésitez pas à nous le signaler à contact@stjv.fr

    #toctoc #Covid-19 #autodéfense_sanitaire

    • cette « fiche pratique » d’intérêt public est fort bien réalisée. elle me parait tout à fait complète. je vous invite à la faire circuler dans vos entours. la conclusion :

      Les causes politiques de la pandémie

      Enfin, n’oublions pas que la situation actuelle est le résultat de décisions politiques récentes mais aussi très anciennes, au niveau français mais aussi international. Lutter contre l’épidémie à long terme sera fait aussi, et surtout, sur ce terrain.

      En favorisant et incitant à la détérioration de l’environnement (changement climatique, déforestation, élevage intensif, destruction des habitats naturels…), l’économie capitaliste est une responsable directe de l’émergence de nombreuses épidémies, dont les coronavirus. Tout laisse à penser que cela va s’intensifier dans le futur proche si rien n’est fait au niveau écologique.

      En France, le fiasco de la pénurie de masques en 2020 est la conséquence directe de la gestion politique des 15 dernières années. Pour se couvrir et nier sa responsabilité, le gouvernement avait alors menti à l’échelle du pays en niant l’utilité des masques, ce qui nous a privé d’un précieux outil pour contrer l’épidémie, avant de faire volte-face et d’imposer son port comme si de rien n’était, ce qui a nourri les discours anti-masque. Il fait actuellement la même avec les masques FFP2 : pendant que tout les milieux médicaux et scientifiques s’accordent sur sa nécessité, le gouvernement ment en prétendant qu’il n’est pas nécessaire.

      Depuis le début de la pandémie, le ministre de l’éducation nationale, le réactionnaire Jean-Michel Blanquer, continue de maintenir les écoles ouvertes et de nier la réalité. Alors que même le gouvernement pointait l’école comme lieu principal de diffusion du variant omicron, la rentrée des classes 2022 a été maintenue avec un « protocole » allégé au lieu d’être renforcé. On constate maintenant une flambée incontrôlée des contaminations notamment en milieu scolaire, ce qui augmente d’autant plus la pression sur les hôpitaux, stocks et centres de tests.

      La stratégie du « tout vaccin » mise en place en France peut s’expliquer en partie par la volonté des dirigeants et possédants de garder ouvertes les entreprises coûte que coûte. En pariant sur l’immunité collective, les capitalistes espèrent continuer à exploiter les travailleurs et travailleuses coûte que coûte. Cette politique présentée comme individualiste est mensongère, réduit son efficacité, alimente les discours antivax, et sert d’excuse à l’Élysée pour continuer à toujours plus diviser la société. « Nous sommes tous dans le même bateau » est un argument faux et manipulateur. Il a été démontré que de grandes inégalités existent face au Covid-19. D’ailleurs, les très riches ne se sont jamais aussi bien portés.

      L’apparition de nouveaux variants est une conséquence logique de la circulation massive du virus. Il faut s’attendre à ce que cela continue tant qu’une couverture vaccinale mondiale ne sera pas atteinte. Mais les pays riches, dont la France, s’opposent à la levée des brevets sur les vaccins, ce qui en empêche l’accès aux pays pauvres, notamment d’Afrique, et nous empêche de pouvoir espérer « sortir » de cette épidémie.

      #prévention #santé #syndicalisme #écologie

  • Ubisoft workers pin reform hopes on local teams and an ambitious lawsuit
    https://www.axios.com/2022/09/15/ubisoft-workers-paris-solidaires-informatique

    What they’re saying: “It’s not harassers who create toxic culture. It’s a toxic culture that produces harassers,” Ubisoft game designer Marc Rutschlé said, during a meeting at the office of French tech workers union Solidaires Informatique.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #ubisoft #ressources_humaines #environnement_toxique #culture_toxique #harcèlement #marc_rutschlé #harcèlement_sexuel #diversité #inclusion #yves_guillemot #syndicalisme #solidaires_informatique

  • La Casa del Obrero Mundial
    https://www.partage-noir.fr/la-casa-del-obrero-mundial-1152

    Renaissance d’un mouvement ouvrier d’action directe et d’inspiration anarcho­syndicaliste, la Casa del Obrero perdra son âme dans une alliance avec une fraction en lutte pour la conquête du pouvoir. Ce reniement des doctrines au profit d’un opportunisme tactique peut servir d’exemple à méditer. #Itinéraire_-_Une_vie,_une_pensée n°9/10 : « Ricardo Flores Magón »

    / Révolution mexicaine (1910), [Source : @narlivres], Itinéraire - Une vie, une pensée, #Mexique

    #Itinéraire_-_Une_vie,une_pensée_n°9/10 :« Ricardo_Flores_Magón » #Révolution_mexicaine_1910_ #[Source :_@narlivres] #Mexique #syndicalisme
    https://www.partage-noir.fr/IMG/pdf/itineraire_magon2.pdf