• « On multiplie les techniques punitives intrusives, dont le fichage »
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/070121/multiplie-les-techniques-punitives-intrusives-dont-le-fichage

    La politiste Vanessa Codaccioni, qui publie un ouvrage sur la « société de vigilance », revient sur la décision du Conseil d’État d’autoriser le fichage des opinions politiques et syndicales.

    Le Conseil d’État vient de donner un avis favorable à trois décrets élargissant les possibilités de fichage, en autorisant policiers et gendarmes à faire mention des « opinions politiques », des « convictions philosophiques et religieuses », et de « l’appartenance syndicale » de leurs cibles, alors que les précédents textes se limitaient à recenser des « activités ».

    Identifiants, photos et commentaires postés sur les réseaux sociaux pourront aussi être listés, de même que les troubles psychologiques et psychiatriques « révélant une dangerosité particulière ». Outre les personnes physiques, les « personnes morales », telles que les associations, sont également visées.

    La plus haute juridiction administrative a ainsi rejeté le référé déposé par plusieurs centrales syndicales dont la CGT, FO ou la FSU, tout comme le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France en considérant que les trois décrets ne portaient pas une atteinte disproportionnée à la liberté d’opinion, de conscience et de religion ou à la liberté syndicale.

    Les trois fichiers concernés sont le PASP (prévention des atteintes à la sécurité publique) de la police ; le Gipasp (gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique) des gendarmes et l’EASP (enquêtes administratives liées à la sécurité publique).

    Pour Mediapart, la politiste Vanessa Codaccioni revient sur cette décision inquiétante. Après avoir travaillé sur la justice d’exception et l’attitude de l’État face aux crimes terroristes et politiques, puis sur la légitime défense, la chercheuse a publié deux livres qui résonnent particulièrement avec le moment présent : Répression. L’État face aux contestations politiques (Textuel, 2019) et, jeudi 7 janvier, La Société de vigilance, également chez Textuel dans lequel elle étudie le « réagencement abouti et perfectionné des relations entre les trois types de surveillance possiblement exercés au sein d’une société : la surveillance étatique, le contrôle et la surveillance populaires du pouvoir, et la surveillance mutuelle ». Entretien.

    Comment regardez-vous la décision du Conseil d’État de valider le fichage des opinions politiques et syndicales par les forces de l’ordre ?

    Cette décision ne m’étonne pas du tout, parce que le Conseil d’État a beau, originellement, être un contre-pouvoir, censé protéger les citoyens et les citoyennes, ainsi que les libertés fondamentales, il n’a jamais véritablement joué ce rôle.

    Le Conseil d’État, qui a été souvent saisi ces derniers mois, paraît en effet être surtout une chambre d’enregistrement des décisions de l’exécutif. Cela a-t-il toujours été le cas ?

    On ne peut pas dire que le Conseil d’État n’ait jamais été un contre-pouvoir, particulièrement pendant les périodes de guerre et de crise. Pendant la guerre d’Algérie par exemple, il a validé l’ensemble des dispositifs et des législations d’exception, comme l’état d’urgence d’avril 1955, les « pouvoirs spéciaux » l’année suivante, admettant même la création de « camps d’hébergement ». Pour ce qui concerne les décisions liées à l’état d’urgence depuis 2015, ses membres ont également fait le choix de les entériner. Il s’agit donc d’une institution qui préserve l’ordre politique et répressif, qui n’est pas un rempart contre l’exception et les atteintes aux garanties fondamentales.

    Je ne repère qu’une seule grande décision allant à l’encontre de cette tendance historique : l’arrêt « Canal » de 1962, où le Conseil d’État a refusé la mise en place d’un tribunal d’exception voulu par Charles de Gaulle pour juger les membres de l’OAS. Cela a valu à cette institution la colère du Général, qu’on peut lire dans ses Mémoires. Depuis, en dépit de quelques décisions allant dans le sens des libertés publiques, il a avalisé la grande majorité des volontés parfois liberticides de l’exécutif.

    Vous disiez que vous n’étiez pas étonnée par cette décision du Conseil d’État…

    Non seulement en raison de ce que je viens de dire sur le Conseil d’État, mais surtout parce que cette volonté de fichage des opinions syndicales et politiques s’inscrit dans deux mouvements répressifs à l’œuvre ces dernières années.

    Le premier est le renforcement de l’arsenal dirigé contre la contestation politique, avec le développement d’une répression invisible contre les militants et les militantes, à base de surveillance physique, d’écoutes, de captation d’images, de sonorisation des lieux publics et privés, de géolocalisation ou encore d’exploitation du matériel informatique. Nous l’avons vu par exemple à Bure : des moyens inhérents à la surveillance antiterroriste ont été utilisés contre des opposants politiques. Cette invibilisation de la répression passe ainsi par la multiplication de techniques punitives intrusives, dont le fichage fait partie : la « fiche S » nous le rappelle puisque de nombreux militants syndicats et politiques sont fichés S alors qu’ils n’attentent pas à la sûreté de l’État.

    Le second mouvement est le renforcement de l’omniscience de l’État, qui veut tout savoir, connaître, et récolter le maximum d’informations sur les citoyennes et les citoyens qui ne doivent avoir aucun « secret » pour le pouvoir et les institutions de répression, être absolument « transparents ».

    C’est à la jonction de ces deux processus qu’il faut comprendre la décision récente du Conseil d’État de valider ces décrets sur le fichage des opinions politiques et syndicales prises par le ministère de l’Intérieur.

    Cependant, dans votre dernier livre, vous insistez sur le fait qu’il ne faut pas comprendre la surveillance étatique à travers la seule image du panoptique, développée par le philosophe Jeremy Bentham, et réutilisée par Michel Foucault, pour étudier la mise en place de sociétés disciplinaires et disciplinées ?

    Le panoptique est une tour centrale disposée au milieu d’une prison d’où les gardiens peuvent tout voir. Les surveillés ne peuvent pas savoir s’ils sont en train d’être surveillés ou non, et se comportent en fonction. L’État se comporte comme le gardien de prison imaginé par Bentham : ses agents sont chargés de multiplier les programmes et les dispositifs pour en savoir le plus possible sur la population, comme les révélations de Snowden l’ont encore montré, et la population, de son côté, est possiblement insécurisée par cette surveillance massive et intrusive.

    Mais, en sus de cette logique panoptique, on assiste au développement d’un synoptique populaire, c’est-à-dire d’un système où une majorité de la population regarde et surveille quelques individus. Tout le monde ne regarde pas tout le monde, et tout le monde n’est pas regardé de la même manière non plus. En réalité, on assiste à la conjonction d’un panoptique et d’un synoptique sécuritaires, l’un émanant de l’État, l’autre de la population, qui se conjuguent pour renforcer la surveillance de certaines cibles : populations étrangères, précarisées, racisées, mais aussi militants politiques ou syndicaux. Plus généralement, ce sont les personnes ou les groupes considérés comme « déviants » par le pouvoir qui sont l’objet de cette double surveillance.

    Le recueil et le fichage de ces données politiques et syndicales sensibles étaient déjà, de façon dérogatoire, autorisés dans le code de la sécurité intérieure. Il sera désormais possible dans le cadre d’atteinte à la sécurité publique et à la sûreté de l’État. Est-ce une rupture si importante ?

    Je pense qu’il s’agit principalement d’une légalisation d’habitudes policières en réalité anciennes, qui se pratiquaient déjà, de même qu’en 2015 la loi Renseignement est venue légaliser a posteriori des pratiques intrusives déjà utilisées sur le terrain et jusqu’alors illégales, comme la collecte massive de données sur Internet. En ce sens, ce n’est pas un grand bouleversement. Mais le fait de l’afficher, de le visibiliser, est significatif politiquement. Le pouvoir indique : « On vous surveille, on vous fiche, on sait qui vous êtes et les opinions politiques que vous défendez. » On légalise l’invisible d’un côté, on visibilise une forme de répression de l’autre.

    En fait, on est dans un moment de notre histoire où les gouvernements cherchent à restreindre le champ de ce qui serait légitime politiquement. Ils essaient d’imposer ce qui est dicible, faisable, pensable en matière politique ou de militantisme. Et dès que l’on sort de ce champ rétréci, on est considéré comme un délinquant, un criminel ou un fou. Là, des opinions vont être a minima fichées et potentiellement réprimées. Mais que vont devenir les informations récoltées sur ces fichiers ? Pourront-elles servir de base à des actes d’accusation, ou être utilisées lors de manifestations pour aider à la police à arrêter certaines personnes ? On peut être quasiment certains que ces informations ne resteront pas oubliées dans un fichier, de même que les « notes blanches » ont été mobilisées dans le cadre de l’état d’urgence contre des militantes et militants.

    Pour autant, quand des personnes sont arrêtées, on ne sait jamais si ces arrestations se basent sur des informations contenues dans tel ou tel fichier. C’est par exemple le cas en décembre dernier lorsque plusieurs militants dits de « l’ultragauche » ont été arrêtés pour « association de malfaiteurs terroriste ». Cette situation a pour objectif de maintenir les militants et les opposants dans une incertitude et une appréhension : suis-je fiché ? Pourquoi ? Qu’est-ce que je risque ? Qu’est-ce qu’ils ont sur moi et à quoi cela va-t-il servir ? On les place ainsi dans l’anticipation de leur répression.

    En 2008, le fichier Edvige (exploitation documentaire et valorisation de l’information générale), qui prévoyait notamment de recenser des personnes exerçant ou ayant exercé un mandat politique, syndical ou économique, avait suscité un tel tollé qu’il avait été retiré. Comment expliquer que, un peu plus de dix ans plus tard, il y ait moins de résistance en dépit des indignations qu’on peut entendre ?

    Gérald Darmanin a pris ces décrets sur les fichiers policiers dans un moment où tout le monde avait les yeux rivés sur la loi « Sécurité globale ». Il a ainsi profité d’un moment de contestation d’une loi répressive et sécuritaire pour faire passer des décrets eux-mêmes répressifs ! Mais comme il ne s’agit pas d’une loi, mais de décrets, il était plus difficile de s’y opposer et d’avoir le temps d’y réagir.

    Ces décrets, comme la loi Sécurité globale, s’inscrivent dans une même logique, qui a sans doute déjà des effets, en particulier de renforcement de la gouvernementalité par la peur et de renforcement de la surveillance. Comme je l’indiquais tout à l’heure, ils disent aux militantes et militants : « On vous a à l’œil. »

    Or, tandis que l’État est censé pouvoir tout voir, les citoyennes et citoyens ne sont censés regarder que certaines cibles – les mêmes que celles visées par les dispositifs policiers ou de renseignement – et ne doivent surtout pas surveiller les agents de l’État et leurs pratiques, comme les mesures sur l’interdiction de filmer les policiers l’ont encore montré.

    Les autorités veulent donc affaiblir la vigilance démocratique et populaire, celle exercée par la population pour contrôler les agissements de celles et ceux qui gouvernent ou font fonctionner l’appareil répressif d’État.

    Cette volonté de ficher les opposants politiques ne va-t-elle pas à l’encontre de la stratégie de dépolitisation menée par le pouvoir contemporain à l’encontre de ses adversaires, de plus en plus alignés sur la législation contre les criminels ou les terroristes, comme vous l’analysiez dans votre précédent livre Répression. L’État face aux contestations politiques (Textuel, 2019) ?

    Il est vrai qu’on cherche à dépolitiser des luttes en considérant de plus en plus les opposants comme des délinquants ou des terroristes. L’assimilation militantisme = terrorisme et militantisme = violence criminelle est l’une des stratégies répressives les plus puissantes aujourd’hui contre les contestations politiques et vise à les discréditer, les stigmatiser, à les réprimer ensuite.

    Mais il faut toutefois justifier la répression, ici le fichage. Comme on s’en prend, avec ces techniques intrusives de récolte de données, à des individus ou des associations qui n’ont commis aucune infraction, il faut donc les attaquer sur leurs pensées, leurs opinions politiques, les causes qu’ils défendent. Justifier et légitimer ces fichiers oblige ainsi à évoquer le caractère politique des engagements de celles et ceux que l’on cible, alors même que la stratégie du pouvoir est de dépolitiser ces mêmes engagements.

    Ces termes de « société de vigilance », qui donnent le titre à votre dernier livre, ont été prononcés par le président de la République, qui a appelé à « bâtir » une telle société, lors d’une cérémonie rendant hommage aux agents de la préfecture de Paris tués par l’un d’entre eux. Or ces fichiers de police sont censés être utilisés pour le recrutement de fonctionnaires sur des postes sensibles : cela n’en définit-il pas un usage légitime ?

    Bien évidemment, c’est une présentation légitime de l’usage de tels fichiers. Mais on peut déjà en envisager les dérives, et prévoir de tout autres usages que ceux évoqués au départ. Il y a peu de doute que cela visera des cibles de plus en plus plus étendues et que cela servira à des fins punitives.

    Quels sont les principaux dispositifs de cette « société de vigilance » que vous étudiez dans votre dernier livre ?

    Le premier grand dispositif est l’autosurveillance : la manière dont on va inciter quotidiennement les individus à se surveiller les uns les autres. Cela existe depuis longtemps, par temps de guerre ou de crise, ou dans les régimes autoritaires ou dictatoriaux. Mais cela se normalise et se retrouve aujourd’hui dans de nombreux pays du monde, et en temps de paix. Cette pratique disciplinaire insidieuse s’est renforcée depuis le 11 septembre 2001, à partir de l’idée que les services de renseignement et de police ne pouvaient pas tout voir et qu’ils avaient besoin des yeux et des oreilles des membres de la société. Cela se déploie dans toutes les sphères de la vie : rue, école, centre commercial, quartier, transport en commun, travail…

    Le second grand dispositif est la dénonciation. Là encore, ce n’est pas nouveau historiquement, mais avec désormais la spécificité de se dérouler en temps de paix et dans des régimes dits « démocratiques », et d’être présenté comme une pratique banale, inhérente à l’exercice de la citoyenneté. Beaucoup d’États encouragent la dénonciation, en proposant de l’argent, en en faisant une vertu civique et patriotique ou en ne punissant pas les dénonciations malveillantes. Pourtant, des chercheurs ont montré que la plupart des informations ainsi recueillies sont inutilisables. Untel a été vu en train de photographier un bâtiment, un autre parlait nerveusement dans son téléphone portable, etc.

    Cela montre que le but est moins de récolter des informations que d’asseoir le contrôle de l’État sur la population : en la maintenant dans un état d’insécurité permanente, en l’incitant à aider la police et donc à renforcer ses liens avec elle, en appelant continuellement à la vigilance, en insistant sur les risques permanents. Sur ce point, les exercices « alerte-attentats » aux États-Unis, mais aussi en France, où on a pu utiliser des « faux djihadistes », des armes factices ou demander à des enfants de faire les morts, sont très éclairants. Ils montrent comment, dès l’enfance, on nous prépare à un horizon fait de menaces et de catastrophes qui justifie la présence répressive et vigilante de l’État.

    La surveillance latérale et mutuelle, et la participation citoyenne aux activités de répression, contestent-elles le monopole de l’État en matière d’exercice de la force ?

    Assiste-t-on à une délégation du monopole de la force légitime ? En réalité pas du tout. À part dans des pays comme le Brésil ou la République tchèque, dans lesquels on incite les citoyens à s’armer et où on veut étendre le champ d’application de la légitime défense, la plupart des pays encadrent les comportements vigilants et distinguent les bons – appeler la police – des mauvais – se faire justice soi-même.

    Les pouvoirs publics encadrent ainsi la vigilance populaire en conservant le monopole de la contrainte. Dans les années 1970, période lors de laquelle le gouvernement utilise les chiffres du crime pour « insécuriser » la population, agite sans cesse l’augmentation de la délinquance et prône déjà la vigilance sécuritaire, une partie de la population s’arme et est tentée par l’autodéfense armée. De nombreux cambrioleurs sont abattus, quelques milices se mettent sur pied. C’est l’une des raisons pour lesquelles on a désarmé la société française dans les années 1980 et 1990. Tout l’enjeu pour les gouvernants est ainsi de gouverner par la peur, de susciter la peur, sans que les gens en viennent pour autant à se faire justice eux-mêmes, voire se mettent à contester le pouvoir établi, y compris par les armes.

    Que désignent ces termes singuliers de « répression participative » que vous employez ?

    C’est une répression qui inclut une partie de la population dans une traque punitive contre les ennemis de l’État et s’appuie sur la participation citoyenne aux activités de sécurité ou de défense nationale. Mais, en vérité, cette idée que les citoyennes et les citoyens « participent » aux activités répressives est un leurre sécuritaire, qui, comme la participation démocratique, est souvent cosmétique. Cependant, elle peut avoir de véritables effets, avec les dénonciations malveillantes ou calomnieuses et les violences, parfois physiques et armées.

    Vous avez montré comment des dispositifs d’exception antiterroristes ou liés à l’état d’urgence rentrent progressivement dans le droit commun ou la politique ordinaire. Faut-il craindre la même chose pour l’état d’urgence sanitaire alors que la situation justifie des restrictions importantes en termes de libertés individuelles ?

    C’est une grande question que je me pose mais à laquelle il me semble prématuré de répondre. Il faut être en alerte, parce qu’il y a des atteintes réelles et importantes aux libertés publiques, mais comment savoir si ces atteintes sont disproportionnées et s’il peut y avoir d’importantes dérives ?

    Il me semble nécessaire de faire attention à ne pas effectuer un parallèle trop hâtif entre l’état d’urgence sécuritaire et l’état d’urgence sanitaire. Il est d’ailleurs intéressant de constater que des personnes comme Jair Bolsonaro ou Donald Trump se sont opposées aux mesures de sécurité sanitaires, ce qui dit quand même quelque chose de la différence entre les deux types d’état d’exception.

    L’urgence sanitaire est, ô combien, liberticide, et sans doute plus encore que les mesures prises pendant « l’état d’urgence antiterroriste ». Mais il me semble trop tôt pour en saisir tous les effets, notamment parce qu’il faudrait pouvoir observer et analyser les deux grandes dérives liées aux situations d’exception : la banalisation dans le temps des dispositifs créés dans ces circonstances, hors d’une menace imminente ; et le détournement de leur fonction première, ce qu’on ne peut pas véritablement dire, aujourd’hui, au sujet de l’urgence sanitaire.

    #activisme #délation #profiling #syndicat #surveillance #CGT

  • Fichage politique et religieux : 7 questions sur l’extension des fichiers de renseignement
    https://www.numerama.com/politique/679906-fichage-politique-et-religieux-7-questions-sur-lextension-des-fichi

    Début décembre étaient publiés au Journal officiel trois décrets organisant l’élargissement de fichiers de renseignement. Début janvier, le Conseil d’État a validé cette extension. Retour sur cette évolution en sept grandes questions. Quels sont ces fichiers ? Le gouvernement a fait publier au Journal officiel du 4 décembre 2020 trois décrets qui élargissent la liste des données pouvant être recueillies dans trois fichiers de police qui ont maintenant quelques années, puisqu’ils ont été créés pendant la (...)

    #données #religion #profiling #surveillance #syndicat

    //c1.lestechnophiles.com/www.numerama.com/wp-content/uploads/2021/01/fichier-dossier-fichage.jpg

  • Hundreds of Google Employees Unionize, Culminating Years of Activism - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2021/01/04/technology/google-employees-union.html

    The union’s creation is highly unusual for the tech industry, which has long resisted efforts to organize its largely white-collar work force. It follows increasing demands by employees at Google for policy overhauls on pay, harassment and ethics, and is likely to escalate tensions with top leadership.

    The new union, called the Alphabet Workers Union after Google’s parent company, Alphabet, was organized in secret for the better part of a year and elected its leadership last month. The group is affiliated with the Communications Workers of America, a union that represents workers in telecommunications and media in the United States and Canada.

    But unlike a traditional union, which demands that an employer come to the bargaining table to agree on a contract, the Alphabet Workers Union is a so-called minority union that represents a fraction of the company’s more than 260,000 full-time employees and contractors. Workers said it was primarily an effort to give structure and longevity to activism at Google, rather than to negotiate for a contract.

    Chewy Shaw, an engineer at Google in the San Francisco Bay Area and the vice chair of the union’s leadership council, said the union was a necessary tool to sustain pressure on management so that workers could force changes on workplace issues.

    “Our goals go beyond the workplace questions of ‘Are people getting paid enough?’ Our issues are going much broader,” he said. “It is a time where a union is an answer to these problems.”

    In response, Kara Silverstein, Google’s director of people operations, said: “We’ve always worked hard to create a supportive and rewarding workplace for our work force. Of course, our employees have protected labor rights that we support. But as we’ve always done, we’ll continue engaging directly with all our employees.”

    The new union is the clearest sign of how thoroughly employee activism has swept through Silicon Valley over the past few years. While software engineers and other tech workers largely kept quiet in the past on societal and political issues, employees at Amazon, Salesforce, Pinterest and others have become more vocal on matters like diversity, pay discrimination and sexual harassment.

    Veena Dubal, a law professor at the University of California, Hastings College of the Law, said the Google union was a “powerful experiment” because it brought unionization into a major tech company and skirted barriers that had prevented such organizing.

    “If it grows — which Google will do everything they can to prevent — it could have huge impacts not just for the workers but for the broader issues that we are all thinking about in terms of tech power in society,” she said.

    The structure also gives the union the latitude to include Google contractors, who outnumber full-time workers and who would be excluded from a traditional union. Some Google employees have considered establishing a minority or solidarity union for several years, and ride-hailing drivers have formed similar groups.
    Although they will not be able to negotiate a contract, the Alphabet Workers Union can use other tactics to pressure Google into changing its policies, labor experts said. Minority unions often turn to public pressure campaigns and lobby legislative or regulatory bodies to influence employers.

    “We’re going to use every tool that we can to use our collective action to protect people who we think are being discriminated against or retaliated against,” Mr. Shaw said.

    #Google #Syndicat #Travail

  • Opinion | We’re Google Workers. And We’re Forming a Union. - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2021/01/04/opinion/google-union.html

    To those who are skeptical of unions or believe that tech companies are more innovative without unions, we want to point out that these and other larger problems persist. Discrimination and harassment continue. Alphabet continues to crack down on those who dare to speak out, and keep workers from speaking on sensitive and publicly important topics, like antitrust and monopoly power. For a handful of wealthy executives, this discrimination and unethical working environment are working as intended, at the cost of workers with less institutional power, especially Black, brown, queer, trans, disabled, and female workers. Each time workers organize to demand change, Alphabet’s executives make token promises, doing the bare minimum in the hopes of placating workers.

    It’s not enough. Today, we’re building on years of organizing efforts at Google to create a formal structure for workers. So far, 226 of us have signed union cards with the Communications Workers of America — the first step in winning a recognized bargaining unit under U.S. law. In other words, we are forming a union.

    We are the workers who built Alphabet. We write code, clean offices, serve food, drive buses, test self-driving cars and do everything needed to keep this behemoth running. We joined Alphabet because we wanted to build technology that improves the world. Yet time and again, company leaders have put profits ahead of our concerns. We are joining together — temps, vendors, contractors, and full-time employees — to create a unified worker voice. We want Alphabet to be a company where workers have a meaningful say in decisions that affect us and the societies we live in.

    Our union will work to ensure that workers know what they’re working on, and can do their work at a fair wage, without fear of abuse, retaliation or discrimination. When Google went public in 2004, it said it would be a company that “does good things for the world even if we forgo some short-term gains.” Its motto used to be “Don’t be evil.”

    We will live by that motto. Alphabet is a powerful company, responsible for vast swaths of the internet. It is used by billions of people across the world. It has a responsibility to prioritize the public good. It has a responsibility to its thousands of workers and billions of users to make the world a better place. As Alphabet workers, we can help build that world.

    Parul Koul is the executive chair of the Alphabet Workers Union. She is a software engineer who joined Google in 2019. Chewy Shaw is the vice chair of the Alphabet Workers Union. He is a site reliability engineer who has been at Google since 2011.

    #Google #Syndicat #Travail

  • Google employees form workers’ union in United States
    https://www.nbcnews.com/business/business-news/google-employees-form-workers-union-united-states-rcna215

    Jan. 4, 2021, 3:04 PM CET / Updated Jan. 4, 2021, 3:05 PM CET
    By Reuters
    More than 200 Google employees in the United States have formed a workers’ union, the elected leaders of the union wrote in a New York Times opinion piece on Monday.

    The “Alphabet Workers Union” aims to ensure that employees work at a fair wage, without fear of abuse, retaliation or discrimination, the union heads wrote here.

    Google has been under fire here from the U.S. labor regulator, which has accused the company of unlawfully questioning several workers who were then terminated for protesting against company policies and trying to organize a union. Google has said it was confident it acted legally.

    “We’re building on years of organizing efforts at Google to create a formal structure for workers,” the union leaders wrote, adding that so far 226 employees had signed union cards with the Communications Workers of America.

    “Our employees have protected labor rights that we support. But as we’ve always done, we’ll continue engaging directly with all our employees,” Kara Silverstein, director of people operations at Google, said on Monday.

    #Google #Syndicat #Travail

  • Hundreds of Google Employees Unionize, Culminating Years of Activism
    https://www.nytimes.com/2021/01/04/technology/google-employees-union.html

    The creation of the union, a rarity in Silicon Valley, follows years of increasing outspokenness by Google workers. Executives have struggled to handle the change. OAKLAND, Calif. — More than 225 Google engineers and other workers have formed a union, the group revealed on Monday, capping years of growing activism at one of the world’s largest companies and presenting a rare beachhead for labor organizers in staunchly anti-union Silicon Valley. The union’s creation is highly unusual for the (...)

    #Alphabet #Google #Salesforce #Verily #Waymo #Amazon #Pinterest #YouTube #racisme #sexisme #discrimination #GigEconomy #syndicat (...)

    ##travail

  • Des salariés de Google créent un syndicat après des mois de tensions internes
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/01/04/google-des-salaries-creent-un-syndicat-apres-des-mois-de-tensions-internes_6

    Ce syndicat, un des tout premiers au sein d’un fleuron de la Silicon Valley, ne s’occupera pas que des questions liées aux salaires et conditions de travail mais aussi des problématiques éthiques. En raison de divergences avec leur direction qui se multiplient, des salariés de Google ont annoncé, lundi 4 janvier, créer un syndicat, une décision qui coïncide avec une période de mécontentement grandissant envers les géants de la Silicon Valley. La Silicon Valley était parvenue jusqu’à présent à éviter (...)

    #Fitbit #Google #Verily #Waymo #YouTube #éthique #GigEconomy #syndicat #travail (...)

    ##Maven

  • Une histoire de réseau

    Wobblies of the World, Unite

    True to its name, the Industrial Workers of the World spanned the globe — an international history that has long been forgotten.
    Even Americans familiar with labor history might be surprised by the slogan of the Congress of South African Trade Unions: “An injury to one is an injury to all.” More commonly associated with the Industrial Workers of the World (IWW), the motto was likely brought to South Africa by IWW members (“Wobblies”) shortly after the revolutionary union’s founding in 1905.

    That the IWW was global enough to spread its phraseology across the Atlantic Ocean belies its popular conception, which tends to focus exclusively on the union’s organizing in the US. But the IWW’s revolutionary ideals found purchase among workers throughout the world, eventually gaining members in at least twenty countries on all six of the inhabited continents.

    The IWW inspired activists in the Ghadr movement, which sought Indian independence from the British Empire. Its members interacted with Chinese republican revolutionaries led by Sun Yat-sen and the anarchists of the Partido Liberal Mexicano as well as its hero, Emiliano Zapata. Its ranks included everyone from socialist tribune Eugene Debs to Ghadr movement leader Pandurang Khankhoje to border-hopping migrant laborers in the American Southwest.

    A new anthology, Wobblies of the World, explores the IWW’s rich international history for the first time. I recently spoke with coeditor Peter Cole about how the IWW fits into global labor history, what attracted disparate workers to the Wobblies, and why this aspect of the IWW has been overlooked for so long. Our discussion has been edited for clarity and brevity.

    https://www.jacobinmag.com/2017/12/wobblies-of-the-world-peter-cole-iww

    #IWW #industrial_workers_of_world #wobblies #syndicat #socialisme #histoire #Peter_Cole

  • #Fichage sans limites au nom de la #sécurité_publique : le spectre de Big Brother en 2021

    Trois #décrets du 2 décembre 2020 (nos 2020-1510, 2020-1512 et 2020-1521) élargissent considérablement l’ampleur des #fichiers #Gestion_de_l’information_et_prévention_des_atteintes_à_la_sécurité_publique (#GIPASP), #Enquêtes_administratives_liées_à_la_sécurité publique (#EASP) et #Prévention_des_atteintes_à_la_sécurité_publique (#PASP), qui concernent les personnes « dont l’activité individuelle ou collective indique qu’elles peuvent porter atteinte à la #sécurité_publique ou à la sûreté de l’État ».

    Les éléments contenus dans ces décrets ne sont pas sans rappeler le #fichier_EDVIGE qui, en 2008, avait suscité une vive réaction de la population jusqu’à son retrait par le gouvernement. En 2020, par un tour de passe-passe, le gouvernement s’épargne la consultation de la #CNIL sur une des parties les plus sensibles du texte, en ajoutant au dernier moment la mention « des #opinions_politiques, des #convictions_philosophiques, religieuses ou une #appartenance_syndicale ». Outre cet aspect des textes déjà hautement contestable, ces décrets autorisent également le fichage de l’activité d’une personne sur les #réseaux_sociaux ou encore « des données de #santé révélant une dangerosité particulière ».

    Le champ des personnes susceptibles d’être concernées est ainsi très large.

    Ce faisant, et après des dispositions conduisant à porter atteinte au #droit_de_manifester, il conduit à stigmatiser la #liberté_d’opinion, l’#action_syndicale, le fait d’être adhérent à un #syndicat, qui laisserait à penser qu’être adhérent d’un syndicat pourrait être associé d’une manière ou d’une autre à des impératifs de #sécurité_intérieure, de #sûreté de l’État, de lutte contre le #terrorisme, de #violence_urbaine.

    Ces décrets pourraient permettre à l’administration de ficher des personnes en raison de leurs #opinions et #convictions et de leurs problèmes de santé au prétexte qu’ils « révéleraient une #dangerosité particulière ».

    C’est pourquoi les organisations syndicales CGT, FO, FSU, SAF, SM, Solidaires, l’UNEF, ainsi que l’association GISTI ont attaqué devant le Conseil d’État ces décrets indignes d’un État de droit censé protéger, entre autres, la #liberté_d’opinion, d’association et les #droits_syndicaux.

    L’audience est fixée au mercredi 23 décembre à 15H00.

    https://www.gisti.org/spip.php?article6536
    #France
    ping @etraces

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    voir aussi :
    Les possibilités de #fichage de la #police discrètement élargies par trois #décrets
    https://seenthis.net/messages/890224

  • Fichiers de police : mais que fait la Cnil ?
    https://www.mediapart.fr/journal/france/221220/fichiers-de-police-mais-que-fait-la-cnil?userid=1eb4a4b9-4488-43fd-b86c-a2

    Le passage en force du ministère de l’intérieur à l’occasion de la publication des décrets sur les fichiers Pasp et Gipasp, étendant le fichage policier aux « opinions politiques », met en lumière la faiblesse des pouvoirs de la Cnil, une institution créée en 1978 pour protéger les citoyens contre les dérives étatiques.

    La publication, au début du mois de décembre, de trois décrets renforçant le fichage policier, notamment en l’étendant aux « opinions politiques », a placé en porte-à-faux la principale institution chargée de protéger les données personnelles des Français : la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).

    Consultée, la commission a bien rendu des avis. Mais une partie de ses réserves a été écartée par le ministère de l’intérieur. De plus, le texte a été réécrit après sa consultation pour y introduire sa mesure la plus polémique : le fichage des opinions politiques.

    Parallèlement, la polémique a pris un tour politique. Interpellé lors des questions au gouvernement, appelé par l’opposition à s’expliquer devant la commission des lois du Sénat, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, s’est dit prêt à « préciser » ses décrets, tout en se défendant de mettre en place « une sorte de Big Brother ». Le gouvernement pourrait même être contraint à cette réécriture si l’un des recours annoncés débouche sur une censure. L’un d’entre eux, déposé par la CGT, FO, la FSU, le Syndicat des avocats de France (SAF), le Syndicat de la magistrature (SM), Solidaires, l’Unef, ainsi que l’association Gisti, doit être examiné, ce mercredi 23 décembre, à partir de 15 heures par le Conseil d’État.

    Pour rappel, ces trois décrets, publiés le vendredi 4 décembre, concernent trois fichiers : celui de la « prévention des atteintes à la sécurité publique » (Pasp), utilisé par le renseignement territorial de la police, son équivalent pour la gendarmerie, celui de « gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique » (Gipasp) et, enfin, celui des « enquêtes administratives liées à la sécurité publique » (Easo), utilisé dans le cadre des enquêtes réalisées sur les candidats à certaines professions, comme policier, magistrat ou agent de sécurité privée.

    Si ces fichiers ne sont pas nouveaux, les décrets leur donnent une tout autre dimension. Ils ajoutent de nouvelles finalités comme les menaces contre la « sûreté de l’État » et non plus seulement les menaces « à l’ordre public ». Et ils incluent de nouvelles informations, notamment celles relatives « à des opinions politiques, des convictions philosophiques, religieuses ou une appartenance syndicale », alors qu’auparavant seules les « activités » de ce type étaient répertoriées.

    © AFP © AFP

    De son côté, la Cnil a rendu des avis mitigés sur ces trois textes. Elle en valide l’essentiel. Concernant l’extension du champ d’application des fichiers, notamment aux atteintes « portant sur la sûreté de l’État », elle considère « que les modifications projetées sont justifiées ».

    Cependant, dans le même temps, les avis ont formulé des réserves, dont plusieurs n’ont pas été prises en compte. La Cnil avait ainsi demandé à ce que soient précisées les notions d’« habitudes de vie », de « déplacements » et de « pratiques sportives » qui pourront désormais être fichées. Mais, surtout, mercredi 9 décembre, France Info révélait que la commission n’avait même pas été consultée concernant l’introduction des « opinions » dans le cadre des fichiers Pasp et Gipasp, cette mention ayant été ajoutée après que la Cnil a rendu ses avis.

    En réponse, la commission s’est contentée de publier sur son site une note rappelant son rôle en matière de consultation sur les projets de fichiers du gouvernement et résumant ses précédents avis, confirmant au passage ne pas avoir été consultée sur l’introduction des « opinions politiques ».

    Beaucoup, associations et responsables politiques, se sont indignés de ce que le gouvernement puisse faire publier au Journal officiel un texte comportant de tels risques pour les libertés publiques, sans tenir compte entièrement de l’avis de la Cnil, et même en contournant celle-ci sur un point essentiel introduit a posteriori.

    L’affaire n’est pourtant pas nouvelle. Il est en effet courant que le gouvernement ne tienne pas compte des positions de la Cnil, dont les avis ne le lient aucunement. « L’avis ne constitue ni une autorisation ni un refus, explique Émilie Seruga-Cau, cheffe du service des affaires régaliennes et des collectivités territoriales à la Cnil. Le but est de conseiller le gouvernement. »

    « La Cnil a un rôle d’accompagnement dans le cadre duquel la loi Informatique et libertés énumère différentes missions, dont celle de conseil, qui passe par la remise d’avis sur les projets du gouvernement, poursuit-elle. Ceux-ci sont rendus après des échanges avec le gouvernement et une instruction du dossier. Mais l’avis ne porte que sur un projet de texte qui n’est pas définitif. Le but est d’éclairer le gouvernement et celui-ci est susceptible de modifier son texte pour tenir compte de l’avis ou de l’examen ultérieur fait par le Conseil d’État. »

    Ces explications sont loin de satisfaire ceux qui, depuis plusieurs années, dénoncent une perte de pouvoir de la Cnil, comme l’association de défense des libertés numériques La Quadrature du Net. « C’est quand même dingue qu’elle n’ait même pas été consultée ! » s’indigne Arthur Messaud, juriste à l’association. « Si la Cnil est bien une autorité de conseil, il serait justement dans l’intérêt du gouvernement de lui soumettre des mesures qui risqueraient de ne pas passer devant le Conseil d’État, poursuit Félix Tréguer, sociologue et également membre de La Quadrature du Net. Elle devrait pouvoir faire passer ses arguments, mais on voit bien qu’elle n’y arrive pas. »

    La polémique autour de ces trois décrets met en tout cas en lumière les difficultés que peut avoir la Cnil à réguler les fichiers de police, et le régime dérogatoire dont bénéficient ceux-ci. Tout d’abord, ils ont été exclus du Règlement général sur la protection des données (RGPD), un texte européen adopté en 2016, pour être inclus dans une directive « police-justice ». Ces deux textes ont été transposés en France par la loi relative à la protection des données du 20 juin 2018.

    L’une des premières particularités des fichiers de police est de faire obligatoirement l’objet d’un acte réglementaire : soit un « arrêté du ou des ministres compétents » pour la plupart des fichiers de police, soit un « décret en Conseil d’État » pour ceux comportant des données sensibles comme « des données génétiques » ou « des données biométriques ».

    Même si ces actes réglementaires doivent être toujours accompagnés d’un avis de la Cnil, ces dispositions prévues par « les articles 31 et 32 de la loi de 1978 imposent de créer les fichiers de police par un acte réglementaire, donc en excluant le Parlement. Il y a un problème de constitutionnalité », estime Félix Tréguer. « Tout passe par décret en échange d’un contre-pouvoir au rabais. Ce n’est pas très démocratique », ajoute Arthur Messaud.

    En outre, certains fichiers particulièrement sensibles, comme certains fichiers des services de renseignement, peuvent bénéficier d’une dispense de publication de l’acte réglementaire. Dans ce cas, seul l’intitulé du décret est publié, accompagné d’un avis de la Cnil résumé à son strict minimum. Un avis qui, de plus, n’oblige en rien le gouvernement.

    Il fut pourtant un temps où les pouvoirs de la Cnil furent tout autre. À sa création, elle disposait même de celui de rendre des « avis conformes » auxquels le gouvernement était contraint de se plier. La commission pouvait ainsi s’opposer frontalement à la création d’un fichier de police ou exiger sa modification.

    La question du fichage pratiqué par l’État était d’ailleurs au cœur des débats ayant mené à l’adoption de la loi Informatique et libertés. L’idée de doter la France d’un grand texte sur la protection des données personnelles est née à la suite de la révélation, le 21 mars 1974 par Le Monde, du projet Safari, pour « système automatisé pour les fichiers administratifs et le répertoire des individus », qui prévoyait d’interconnecter l’ensemble de fichiers administratifs sur la base des numéros Insee des Français.

    L’émotion suscitée par ce projet de fichage généralisé de l’ensemble de la population a conduit à la nomination d’une commission présidée par le conseiller d’État Bernard Tricot, qui remet son rapport en juin 1975. Celui-ci sert de base au travail législatif qui aboutira à l’adoption de la loi Informatique et libertés du 6 janvier 1978 et à la naissance effective de la Cnil, deux ans plus tard.

    Lors des débats parlementaires, la question du fichage policier est au cœur des inquiétudes, et le souvenir de l’efficacité en la matière du régime de Vichy durant l’Occupation est encore vivace.

    « En cette heure, je pense avec effroi à ce qu’aurait été le sort de la Résistance si la police allemande et la milice de Vichy avaient disposé de moyens informatiques modernes. Elles n’auraient pas attendu le printemps 1944 pour démanteler ses réseaux ! Et aucun texte ne les aurait retenues », déclare ainsi à l’ouverture des discussions, le 4 octobre 1977, le député UDR Jean Foyer, rapporteur du texte.

    Ce juriste, ancien ministre de la justice et l’un des artisans de la Constitution de 1958, justifie alors la nécessité de créer une institution indépendante pour défendre les libertés des citoyens par une défiance nécessaire vis-à-vis de l’État. « Les libertés publiques ne sont jamais respectées que par les gouvernements épris de liberté, avertissait Jean Foyer. Les libertés publiques sont des fleurs de beaux jours, elles ne prospèrent pas dans les temps de guerre, de crise, de troubles ou de désordres. La législation sur les libertés publiques – c’est une constatation historique et assez dramatique – est une législation pour les jours heureux. »

    Une référence historique que l’on retrouve jusque dans le choix du bâtiment abritant la Cnil, qui, durant l’Occupation, était celui du commissariat général au travail obligatoire. Comme le rappelle une plaque commémorative, c’est là que, le 25 février 1944, la Résistance mena une opération commando afin de détruire le fichier des jeunes Français susceptibles d’être envoyés au travail obligatoire.

    Pourtant, peu à peu, la Cnil a vu ses pouvoirs contraignants réduits au profit d’un rôle d’accompagnement et de conseil du gouvernement. « Dès le début des années 1990, des observateurs font le constat d’une insuffisance de ses pouvoirs, explique Felix Tréguer. La loi du 10 juillet 1991 sur le secret des correspondances, par exemple, confie à un nouvel organisme la charge de contrôler la surveillance effectuée par les services de renseignement, la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS). »

    « À partir du milieu des années 1990 va commencer à émerger le débat sur la vidéosurveillance dans lequel la Cnil a une position assez critique, poursuit le sociologue. À partir de ce moment, une partie de la classe politique va commencer à se demander si la commission n’a pas trop de pouvoirs. Cela va déboucher sur la réforme de 2004, qui lui enlève son principal pouvoir et la transforme en conseiller du prince. »

    L’adoption de la loi du 6 août 2004 est, en effet, un tournant dans l’histoire de la Cnil. C’est ce texte qui retire à la commission sa principale arme contre les fichiers de police : l’avis conforme. Désormais, elle ne sera plus que consultée. Et c’est à partir de cette période que les reproches quant à son indulgence vis-à-vis du gouvernement vont se multiplier. Le rapporteur du texte, Alex Türk, qui deviendra dans la foulée le nouveau président de la Cnil, sera d’ailleurs nommé cette année-là aux Big Brother Awards, une cérémonie qui récompensait alors les personnalités et les projets les plus « orwelliens ».

    Le 14 juillet 2004, plusieurs anciens membres de la Cnil s’étaient invités dans le débat avec une tribune publiée dans Le Monde, soulevant plusieurs points résonnant avec la polémique actuelle. En effet, avant la loi du 6 août 2004, il était strictement interdit « de collecter et d’enregistrer des données sensibles (origine ethnique, opinions politiques ou religieuses, mœurs, etc.). Ce principe –conquête du Parlement lors du vote de la loi de 1978 – serait désormais assorti de neuf dérogations », s’inquiétaient les signataires. Et l’une d’elles concerne justement les « fichiers intéressant la sécurité publique, la défense et la sureté de l’État, c’est-à-dire les plus sensibles de tous les fichiers ».

    De plus, « lorsqu’ils comportent de telles données sensibles, ces fichiers ne peuvent être mis en œuvre actuellement que par décret pris après un avis conforme de la Cnil et du Conseil d’État. Désormais, l’avis de la Cnil ne liera plus le conseil d’État et encore moins le gouvernement, puisque la réforme vise précisément à le libérer de cette contrainte. »

    Concernant la publication des avis de la Cnil au Journal officiel, les signataires s’interrogeaient : « Où est, là encore, la cohérence d’une garantie qui consiste, alors qu’il s’agit de fichiers à haut risque, à publier un texte valant autorisation, indifférent à l’opinion voisine pouvant être opposée ? N’est-ce pas préférer au débat les polémiques stériles en prenant à témoin une opinion incrédule lorsqu’elle constatera que le fichier aura déjà été créé et les textes qui l’organisent publiés ? En somme, on offre une transparence qui, en réalité, met fin au dialogue en évitant le débat. »

    En évoquant les anciens pouvoirs de la commission, les auteurs concluaient : « Cette Cnil-là doit être sauvegardée, tous ses avis rendus publics. Aucun fichier sensible ne doit être créé sans son autorisation. Le projet de loi est à refaire. »

    Émilie Seruga-Cau, de son côté, défend le dispositif actuel. « L’avis de la Cnil est toujours obligatoire. S’il n’est ni une autorisation ni un refus, c’est parce que son but est d’éclairer le gouvernement et, le cas échéant, le Conseil d’État. À l’occasion de ces décrets, on a d’ailleurs pu voir leur force, car ils ont conduit à leur modification pour prendre en compte la position de la Cnil. Et, historiquement, les avis de la Cnil ont déjà pu conduire à l’abandon de certains projets, comme le fichier Edvige. Il ne faut donc pas les minimiser. »

    La responsable des fichiers régaliens de la Cnil appelle à considérer « le contrôle a priori comme un élément d’un ensemble. Il y a l’examen par le Conseil d’État et le contrôle a posteriori. Tout ça s’inscrit dans une même logique », explique-t-elle.

    Pourtant, ce pouvoir de contrôle lui-même est contesté. Pour les citoyens fichés, vouloir faire jouer son droit d’accès aux données les concernant, pour éventuellement les faire effacer ou corriger en cas d’erreur, relève le plus souvent du parcours du combattant pouvant impliquer de saisir une formation spécialisée du Conseil d’État. Et si la personne est inscrite dans l’un des fichiers intéressant la sûreté de l’État, le gouvernement pourra, de toute manière, s’opposer à toute transmission d’information. Dans ce cas, la Cnil se contentera d’indiquer qu’elle a effectué les vérifications, sans plus de précision.

    Or, les quelques informations publiées sur l’état des fichiers de police sont loin d’être rassurantes. Le dernier rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur les fichiers de police et de gendarmerie, publié le 17 octobre 2018, pointait de nombreux problèmes. Les auteurs évoquaient notamment le problème des nombreux fichiers de police illégaux. Celui-ci est ancien et faisait alors, expliquait le rapport d’un « mouvement de régularisation » mené par la Cnil. Pourtant, « compte tenu des délais de préparation des textes et de l’augmentation du nombre de fichiers (80 recensés), 45 % d’entre eux restaient dépourvus de base juridique », expliquaient les auteurs.

    Cette régularisation de fichiers non déclarés est une autre critique émise contre la Cnil. Régulièrement, celle-ci semble en effet valider dans ses avis des pratiques que certains voudraient voir sanctionnées. C’est d’ailleurs encore le cas avec les décrets sur les fichiers Pasp et Gipasp pour lesquels la commission pointe, dans ses avis, qu’ils ont pour but de « tenir compte de l’évolution de certaines pratiques dans l’utilisation de ce traitement et, ce faisant, de les régulariser ».

    « C’était déjà la même logique avec la loi Renseignement de 2015, rappelle Felix Tréguer. Cela pose la question de l’impunité des responsables administratifs et politiques de ces projets. Les situations d’illégalité constantes court-circuitent le débat démocratique. » « Plus qu’une impunité, c’est un encouragement, ajoute Arthur Messaud. Les services sont incités à installer des pratiques illégales dont ils savent qu’elles seront légalisées. »

    Il existe également de nombreuses inquiétudes sur la manière dont sont tenus ces fichiers. En juin 2013, la Cnil avait rendu un rapport sur ses contrôles effectués au sein des « fichiers d’antécédents du ministère de l’intérieur », et notamment le système de traitement des infractions constatées (Stic), qui recense toutes les personnes impliquées dans une enquête de police, qu’elles soient suspectes ou victimes. La commission, qui avait constaté un taux d’erreur de 40 % dans les fiches qu’elle avait contrôlées, alertait sur « un nombre important d’erreurs et d’imprécisions dans le fichier Stic et plus généralement dans les fichiers d’antécédents ».

    Sur cette question de la tenue des fichiers, Émilie Seruga-Cau se veut rassurante : « On constate une amélioration due à la diffusion d’une culture “informatique et libertés”, affirme-t-elle. Désormais, toutes les administrations ont une personne ou un département en charge de la protection des données. »

    Les militants de La Quadrature du Net, auteurs de nombreux recours contre des projets de surveillance gouvernementaux, regrettent, de leur côté, ce qu’ils estiment être « un recul de la Cnil sur les questions régaliennes ». « On aimerait que la Cnil reprenne le pouvoir sur le contrôle des fichiers de police », affirme Felix Tréguer. « Il n’y a quasiment plus de bras de fer, hormis sur quelques sujets comme le Health Data Hub », poursuit le sociologue.

    En effet, la commission est encore capable de rendre certaines décisions fortes, comme son avis s’opposant au déploiement d’un système de contrôle biométrique à l’entrée des lycées à Nice et à Marseille. « Mais elle pourrait appliquer la même casuistique juridique à plein d’autres projets qui pullulent et que nous recensons sur notre projet Technopolice. Or, elle ne le fait pas », pointe le sociologue.

    « J’ai l’impression que c’est un peu le Conseil d’État qui a pris le rôle de la Cnil, estime, de son côté, Arthur Messaud. Mais le Conseil d’État n’a pas la même culture en matière d’informatique et pas la même indépendance. On se dit : “Au pire il y a le Conseil d’État…” »

    « Aujourd’hui, la Cnil est devenue une organisation assez technocratique et pas très politique, reprend Felix Tréguer. Pourtant, lors des débats sur la loi Informatique et libertés de 1978, elle avait été présentée comme un gardien devant empêcher le basculement dans une société de surveillance. On ne peut que constater qu’elle a échoué. »

    #activisme #données #religion #profiling #syndicat #CNIL #LaQuadratureduNet #Pasp #Gipasp

  • Exploitation des données, manipulation de l’opinion, culte du secret… La trahison des GAFA
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/12/18/exploitation-des-donnees-manipulation-de-l-opinion-culte-du-secret-la-trahis

    Il y a encore quelques années, Mark Zuckerberg était considéré comme un génie, Google comme l’une des entreprises les plus cool au monde… et puis la confiance s’est perdue. L’avidité des géants de la tech semble avoir eu raison des valeurs des pionniers du numérique : liberté, innovation et progrès.

    Deux jours d’audience de presque cinq heures chacune, pas loin de six cents questions, une centaine de membres du Congrès. Et face à eux : Mark Zuckerberg, le puissant PDG de Facebook, costume et cravate bleus, visage gris. Nous sommes le 10 avril 2018 et le prodige des nouvelles technologies, 33 ans, troisième fortune mondiale, témoigne pour la ­première fois devant les élus américains. Ce ne sera pas la dernière.

    « Mon équipe reviendra vers vous pour des détails supplémentaires », martèle-t-il à seize reprises en guise de réponse aux interrogations minutées des démocrates et des républicains. Elles sont pourtant simples : les données personnelles récoltées par Facebook ont-elles été transmises à des entreprises tierces ? Ces données étaient-elles protégées par les serveurs de l’entreprise ? Ou encore quelle fut la réaction de l’entreprise face aux comptes diffusant des « fake news », notamment sur la vie politique américaine ? Imperturbable, Mark Zuckerberg conserve une voix monotone et une expression neutre. Comme s’il était habitué à être questionné de la sorte.

    A vrai dire, le jeune patron a été formé en urgence par un ancien conseiller spécial du président George W. Bush, sous la pression du scandale Cambridge Analytica. Soit l’utilisation illégale des données personnelles d’environ 87 millions d’utilisateurs de Facebook par cette entreprise britannique financée par le businessman ultraconservateur Robert Mercer, et cofondée par Steve Bannon, ancien stratège du président américain Donald Trump. Tout ça dans le but de favoriser l’élection de ce dernier, en novembre 2016 – une méthode visiblement efficace.

    Au micro, le sénateur du Dakota du Sud John Thune résume l’atmosphère au Capitole : « Dans le passé, beaucoup de mes collègues, des deux côtés de l’allée [majorité et opposition, des deux côtés de l’hémicycle au Sénat], étaient prêts à laisser les entreprises technologiques faire l’effort de s’autoréguler. » Pause. « Cela pourrait changer. » L’image est emblématique : Mark Zuckerberg garde les mains posées sur le large bureau noir, face à des dizaines d’appareils photo, comme s’il craignait d’être englouti par ce haut lieu du pouvoir américain. Il se raccroche aux origines « modestes » de son entreprise, créée dans un « dortoir » de l’université Harvard en 2004, et concède : « Nous avons fait des erreurs et nous essayons d’en tirer des conclusions. » Comme un premier aveu de faiblesse.Retour ligne automatique
    La Silicon Valley tremble

    Il y en aura d’autres. Au-delà du plus célèbre réseau social, scruté de plus en plus intensément aux Etats-Unis comme dans l’Union Européenne, c’est la Silicon Valley tout entière qui tremble. La crise est sans précédent. A tel point que, le 16 décembre 2018, l’influent Financial Times dévoile un « mot de l’année » inédit et directement adressé à l’industrie la plus riche de l’histoire : techlash. Contraction de tech et backlash (« contrecoup », en VF), il désigne l’animosité croissante d’une large part de la population envers les plus grandes entreprises technologiques mondiales et leur pouvoir intimidant.

    « Même la femme au foyer de 50 ans originaire du Minnesota intéresse Cambridge Analytica. Nous sommes tous victimes de la surveillance généralisée. » Christopher Wylie, lanceur d’alerte

    L’année suivante, un sondage du Pew Research Center confirme l’intuition du média financier : la part d’Américains persuadés que la technologie produit un impact positif sur la société est passée à seulement 50 % en 2019, contre 71 % en 2015. « A mesure que les grandes entreprises technologiques se sont hissées au top du capitalisme mondial, les contestations sont apparues », constate Sébastien Broca, sociologue à l’université Paris-VIII.

    Difficile d’en vouloir à l’opinion : en quelques années à peine, ces innovations, vendues comme révolutionnaires et consacrées au bien commun, ont accompagné l’élection de Donald Trump et sa rhétorique raciste et rétrograde ; Google a discrètement cherché à développer un moteur de recherche censuré, le projet « Dragonfly », fait sur mesure pour respecter les exigences du gouvernement chinois ; Amazon a nié toutes les avancées du droit du travail pour maintenir la cadence dans ses immenses entrepôts nécessaires à la vente en ligne.

    Les exemples ne manquent pas. « Le techlash est le résultat prévisible pour une industrie incapable de se gouverner elle-même », conclut le Financial Times. Depuis, les mêmes questions ne cessent de hanter les cercles de pouvoir, les médias et les plates-formes de discussions, tous réseaux sociaux confondus : où est passée l’utopie ? Comment la Silicon Valley a-t-elle pu devenir cette inquiétante machine dont on aurait visiblement perdu le contrôle ? Peut-on encore l’empêcher de menacer nos libertés, nos vies privées, et peut-être même la démocratie ?Retour ligne automatique
    Le coup de grâce Cambridge Analytica

    Sa puissance, visiblement sans limites, est déjà devenue « inquiétante », selon les termes de plusieurs personnes interrogées pour cet article. Pour une industrie de la tech déjà en plein doute existentiel, les révélations sur les pratiques de l’entreprise Cambridge Analytica font office de coup de grâce. En 2018, l’ancien consultant Christopher Wylie, qui a travaillé pour cette entreprise britannique spécialisée dans le conseil en communication et l’analyse de données, transfère des disques durs de documents à plusieurs journalistes du quotidien anglais The Guardian, toutes employées dans la rubrique « Arts et culture ».

    « Il n’y avait pas un seul journaliste tech sur cette histoire, raconte le lanceur d’alerte via Zoom, il fallait des gens, en l’occurrence uniquement des femmes, qui ne faisaient pas partie de ce petit monde masculin pour pointer ses failles. » Elles sont béantes : un outil dédié à la lutte contre la radicalisation aurait été tordu pour devenir un vaste projet de manipulation des données permettant d’influer sur plusieurs élections démocratiques. Cambridge Analytica serait ainsi devenu un outil de « guerre psychologique », pointe Christopher Wylie.

    L’impact médiatique de cette série d’articles est à la hauteur des informations rendues publiques. Le trentenaire, installé à Londres, se lance dans une « tournée d’audiences parlementaires », s’exprime sur tous les plateaux de télévision disponibles, devient le visage – cheveux de couleurs variées, lunettes branchées – de la débâcle de la tech. Il précise : « Pour la première fois, tout le monde a compris qu’il pouvait être une cible, même la femme au foyer de 50 ans originaire du Minnesota intéresse Cambridge Analytica. Nous sommes tous victimes de la surveillance généralisée. » Avec, comme dommage collatéral, les idéaux fondateurs de la Silicon Valley.Retour ligne automatique
    Des nerds devenus les rois du monde

    Cupertino, Californie, 1984. Jean-Louis Gassée est attablé au Good Earth, un café du centre-ville aujourd’hui disparu pour cause de gentrification. C’est l’heure du petit-déjeuner. Le premier d’une nouvelle vie. Le Français de 40 ans vient d’être nommé directeur de la division recherche et développement chez Apple, les cool kids de l’ordinateur personnel – un Macintosh, comme ils ont appelé leur révolution estampillée d’une pomme croquée. Mais, pour l’instant, Jean-Louis Gassée regarde le ciel et laisse son esprit vagabonder dans le big sky country.

    « La tech était sexy, c’était le futur et c’était forcément génial ! Je crois qu’il y a eu un gros manque de responsabilité de la part de ces leaders politiques qui n’ont pas prêté attention aux signes avant-coureurs. » Un ancien grand patron de la tech

    « Je me disais, ça y est, je suis arrivé, rejoue-t-il aujourd’hui par téléphone depuis la Côte ouest, c’est l’endroit où j’avais toujours voulu aller. » Depuis son arrivée chez Hewlett-Packard, et sa branche française, en 1968, le cadre n’a jamais cessé de rêver des Etats-Unis. Là-bas, il entrevoit le « sentiment des possibilités » et une culture de l’entreprenariat plus aboutie qu’à Paris. « Il n’y avait pas que le fric qui comptait ! Je voulais y aller pour faire ce qui n’existait pas avant, pour innover ! », sourit l’ancien businessman, 76 ans aujourd’hui. En l’espace de deux décennies, il a vu se lancer des dizaines de start-up, et certaines sont devenues, depuis, des empires.

    La saga emblématique de cet âge d’or reste peut-être celle de Google, symbole de la méritocratie en vogue au cœur de cette Silicon Valley encore tâtonnante. La preuve : Larry Page et Sergey Brin sont les « deux meilleurs ingénieurs » de l’université Stanford et ils ont une « idée toute simple et très belle », assure l’entrepreneur. Ils souhaitent ranger les pages Internet en les classant selon leur mérite. Jean-Louis Gassée : « Ils ont construit un algorithme, mis sur pied quelques serveurs et c’est devenu ce qu’on sait. »

    Hors de cette bulle de nerds devenus les rois du monde, on loue aussi la vision de cette jeune génération fraîchement débarquée dans les affaires, prête à tout gagner, autant qu’à « contribuer au bien de l’humanité ». Les médias érigent Steve Jobs, et plus tard Mark Zuckerberg ou Jeff Bezos, au rang de nouvelles figures du cool et de la réussite à l’américaine. Le grand public est conquis. Et les décideurs politiques leur ouvrent bientôt grand les portes. Toutes les portes.

    Snowden sonne l’alarme

    Les années Obama sont le théâtre d’une véritable love story entre la tech et la Maison Blanche. A partir de 2008, les pontes de Google ont organisé près d’« un rendez-vous par semaine » avec le président, selon un ancien patron d’une grande entreprise canadienne. A en croire les archives répertoriées pendant les deux mandats de Barack Obama, près de quatre cents de ces rendez-vous ont bien eu lieu dans la plus haute sphère du pouvoir politique.

    Assez pour que de nombreux hauts fonctionnaires poursuivent leur carrière dans les conseils d’administration des mastodontes de la Silicon Valley. Et vice versa. Un feu vert symbolique pour tout un corps de métier. Cet ancien grand nom de l’innovation canadienne confirme : « La tech était sexy, c’était le futur et c’était forcément génial ! Je crois qu’il y a eu un gros manque de responsabilité de la part de ces leaders politiques qui n’ont pas prêté attention aux signes avant-coureurs. Ces signaux étaient pourtant là. »

    Le plus flagrant se manifeste en 2013. C’est un cataclysme. Le jeune informaticien Edward Snowden dévoile un vaste programme de surveillance de masse pilotée par la NSA (National Security Agency). Les services de renseignement ont puisé directement des données sur les plateformes Internet et dans les entreprises de leur propre pays, sans autorisation ni contrôle. Adolescent dans les années 1990, Snowden avait cru aux interventions des pionniers de la tech, détaille-t-il dans son autobiographie. « Il raconte comment, à 14 ans, il pouvait parler à des scientifiques renommés à l’autre bout du monde, explique le sociologue Sébastien Broca. Mais, pour lui, il y a eu trahison de cette utopie initiale. »

    C’est ainsi qu’il justifie son geste radical et pour lequel il sera prêt à vivre en exil au nom de la protection de nos données privées. Dans ce programme, décrit comme « orwellien » par la justice fédérale américaine, les grandes entreprises mises en cause ont souvent été considérées comme victimes plutôt que complices. Malgré leur participation évidente à certaines de ces manœuvres.

    Le péché originel

    A la même époque, le 17 juin 2014, Facebook et la prestigieuse université Cornell publient un article scientifique intitulé « La preuve expérimentale de la contagion émotionnelle à grande échelle à travers les réseaux sociaux », ou comment manipuler les sentiments des utilisateurs des réseaux sociaux grâce à des publicités ciblées. Comme une conclusion logique, l’année suivante, Google abandonne sans bruit son slogan historique, le célèbre « Don’t be evil » (« ne faites pas le mal »).

    Mais pour Tim O’Reilly, pionnier légendaire de la Silicon Valley, le ver était dans le fruit bien avant les révélations de Snowden : « Le 8 février 1996, la section 230 a été adoptée dans la loi américaine, qui permet aux plateformes Internet de ne pas être responsables des publications sur leurs sites, détaille l’entrepreneur, donc on a arrêté de modérer le contenu correctement. »

    En parallèle, un autre verrou saute : la monétisation des données. Oublié l’utopie de start-up tournées vers le bien commun. A l’aube des années 2000, les nouvelles compagnies commencent à songer en termes de rentabilité et Google se met à vendre ses données au plus offrant. La pratique sera bientôt généralisée et des milliards de dollars de profits suivront.

    Et l’on découvre que les GAFA sont des entreprises capitalistes comme les autres, voire pire que les autres. Pour Tim O’Reilly, la tech s’inscrit dans la logique ultralibérale définie par l’économiste Milton Friedman. Dans une tribune publiée dans le New York Times Magazine le 13 septembre 1970, le futur Prix Nobel écrivait : « La responsabilité sociale des entreprises est de générer du profit. » Tim O’Reilly y voit le péché originel, le fruit défendu dans lequel ont croqué les GAFA. Jusqu’à ce que le paradis fantasmé ne devienne un enfer.

    La fronde des employés

    Le 1er novembre 2018, à 11 heures du matin, environ 20 000 employés de Google quittent leur poste de travail, sans un regard pour les open spaces bientôt déserts. Dublin, Chicago, Zurich ou Berlin, presque aucun bureau n’échappe à la « plus grande grève de l’histoire du droit du travail moderne », selon Ben Tarnoff, auteur du livre d’entretiens Voices from the Valley (2020, non traduit), organisée simultanément dans cinquante villes. Les employés modèles protestent contre les parachutes dorés offerts à plusieurs cadres dirigeants accusés de harcèlement sexuel – notamment Andy Rubin, créateur de la technologie Android, parti avec 90 millions de dollars.

    Cette « révolte de la tech » dans le plus grand moteur de recherche du monde avait débuté plus tôt dans l’année, contre le « Projet Maven » – un contrat noué avec le Pentagone pour améliorer le programme de drones américains à l’aide de l’intelligence artificielle. « Ces sujets sont devenus très importants au cours des deux dernières années, raconte Evan Greer, directeur adjoint de Fight for the Future, un organisme à but non lucratif militant pour la défense des droits des usagers du numérique. Et ils interrogent plus largement le but de toute cette technologie. »

    « Beaucoup d’entreprises se sont associées à des boîtes dont le seul but est de briser toute tentative de création de syndicat. » Ben Tarnoff, employé de la Silicon Valley

    Conscients de leur pouvoir immense, les employés de ces entreprises s’associent aux mouvements nationaux et internationaux, de Black Lives Matter aux différents cercles féministes impliqués dans la lutte contre le harcèlement et le viol depuis les révélations de #metoo en 2017. « Toutes ces actions ne viennent pas de nulle part, elles reposent sur une dynamique plus globale dans la société », souligne Evan Greer.

    Résultat, toute la « Vallée » est bientôt rythmée par les levées de boucliers : des employés pressent Microsoft d’abandonner ses liens et son projet à 10 milliards de dollars avec l’armée américaine ; en pleine administration Trump, l’entreprise Salesforce est pointée du doigt pour son partenariat avec les douanes américaines ; Amazon doit, pour la première fois, organiser des négociations avec les employés de ses hangars de tri. Alors, tout est en train de s’arranger ? Pas vraiment.Retour ligne automatique
    Représailles et surveillance

    « On dirait que c’est de nouveau le XIXe siècle », s’amuse Ben Tarnoff, comme pour tenir l’épuisement à distance. Par là, l’employé de la Silicon Valley fait référence aux « représailles agressives » tristement devenues la norme sous le soleil de la Californie. Dans les plus grandes entreprises, plusieurs leaders de ces mouvements spontanés ont été licenciés dans la foulée de leurs prises de parole publiques.

    En novembre 2020, le site d’information américain Motherboard révèle qu’Amazon a signé un généreux contrat avec l’entreprise Pinkerton, leader historique des agences anti-syndicats et spécialisée dans l’espionnage des employés prêts à sortir du rang. « Beaucoup d’entreprises se sont associées à des boîtes dont le seul but est de briser toute tentative de création de syndicat », précise Ben Tarnoff.

    Pour ne prendre aucun risque, les moyens de surveillance développés dans la Silicon Valley sont régulièrement utilisés en interne – même chez Google, l’une des entreprises les plus « libres » : les téléphones professionnels sont mis sur écoute, les serveurs internes prévus pour les échanges entre services sont rendus accessibles au management et des accords de confidentialité impitoyables sont imposés à certains employés. Le pire ? Tout ça fonctionne. Depuis l’année 2018, le nombre de manifestations publiques ou privées a drastiquement diminué. La routine semble avoir repris ses droits. Ben Tarnoff : « Après la frustration et la colère de voir leurs équipes se rebeller, beaucoup de cadres dirigeants ont adopté un discours réactionnaire. »Retour ligne automatique
    Les « réformateurs de la tech »

    D’autres ont pris le chemin inverse, renoncé à leurs salaires à six chiffres, leurs titres ronflants et leurs portefeuilles de stock-options, pour se lancer dans la mêlée. C’est le cas de Jim Balsillie, ancien PDG de l’entreprise RIM et créateur du célèbre BlackBerry, devenu en quelques années une figure centrale d’un jeune mouvement de « réformateurs de la tech ». Soit d’anciens cadres haut placés et chief executive officers (CEO) qui ont vu la bête de l’intérieur, le désastre potentiel et ont décidé de ne pas rester les bras ballants. « Je ne pensais pas que la tech deviendrait si toxique », regrette le multimilliardaire.

    Ses actions contre le projet de « smart city » pilotée par Google à Toronto, la ville où il a fait ses études, aux côtés d’associations locales, ses travaux avec le milliardaire hongrois George Soros pour le Forum économique mondial de Davos ou la création de plusieurs think tanks ont fait de lui un véritable « activiste », comme l’a résumé Shoshana Zuboff, influente autrice de L’Age du capitalisme de surveillance (Zulma, 2020). Aux côtés de puissantes personnalités de la Silicon Valley, comme Roger McNamee, ancien mentor de Mark Zuckerberg et investisseur star de Californie, ou Tristan Harris, ancien cadre de Google, il pointe la cupidité des nouveaux pontes de l’innovation, emportés par leur hubris et leurs rêves de monopole, encouragés par des succès tonitruants ou leurs réactions violentes face à la moindre tentative de contrôle.

    Jim Balsillie rappelle : « Dans l’histoire, le travail des enfants, l’esclavage et les déchets toxiques ont été bannis. Nous avons toujours imposé des règles pour contrôler le capitalisme, afin que le bien-être de la société reste l’objectif final. » L’entrepreneur aimerait bien que cela continue. Fin novembre 2020, 132 patrons, souvent jeunes, de sociétés de nouvelles technologies basées au Canada ont transmis une lettre ouverte au premier ministre Justin Trudeau qui, tel Obama il y a quelques années, semble sous le charme de la tech. Exigeant des garde-fous, ils l’ont invité à se montrer « responsable sur la question des données » pour favoriser la « construction de la nation », surtout dans une période de crise. « Il faut réguler, pointe le créateur du BlackBerry, c’est une question de démocratie. »

    La riposte des Etats

    En 2019, aux Etats-Unis, la Federal Trade Commission (FTC) a infligé une amende record de 5 milliards de dollars – la plus importante de l’histoire du pays – à Facebook, pour non-respect de la vie privée. Dans l’Union européenne, 8,25 milliards d’euros ont été demandés à Google pour abus de position dominante de 2017 à 2019, a tranché la commissaire à la concurrence Margrethe Vestager, qui a aussi permis l’avènement du règlement général sur la protection des données (RGPD), première base juridique solide pour contrer les GAFA.

    « Dans les cercles politiques, tout le monde sait désormais que ces entreprises ne sont pas forcément là pour agir dans l’intérêt de tous », précise Damian Collins, député conservateur au Parlement britannique. Grâce au soutien des idéalistes de la tech, et à son rôle au sein du Real Facebook Oversight Board – un groupe indépendant pour le contrôle des activités du réseau social –, l’homme politique a prévu de passer à la vitesse supérieure : des régulations contraignantes et internationales. « Ces entreprises sont présentes partout et nous sommes limités dans nos décisions nationales, justifie le membre du Parlement, donc nous avons par exemple instauré un grand comité international avec des parlementaires en Europe et dans le monde. »

    L’idée est en cours depuis deux ans déjà, et les premières avancées, des deux côtés de l’Atlantique, commencent à surgir, malgré l’absence presque totale de collaboration des GAFA. Le 9 décembre, la FTC et 48 Etats américains ont accusé Facebook d’avoir bafoué les lois anti-trust en rachetant des concurrents pour s’assurer un contrôle total de plusieurs marchés. Le 19 décembre, c’est Google qui a fait l’objet d’une troisième plainte en deux mois. Une coalition de 38 Etats a lancé des poursuites contre le géant de l’Internet là aussi pour pratiques anticoncurrentielles.

    Quant à l’Union européenne, elle a dévoilé, le 15 décembre, un plan d’attaque en deux volets : un Digital Service Acte (DSA) pour la régulation des contenus, et le Digital Market Act (DMA) afin de préserver la concurrence dans le numérique. Affaire à suivre. Gageons que les protestations – et les pressions – des géants du numérique seront à la hauteur des ambitions des législateurs.

    Habituellement, les premières « questions difficiles » posées, le dialogue se rompt très vite. « J’ai demandé à Facebook, dans un rendez-vous privé, de vérifier combien et quelles publicités avaient été achetées par des comptes russes pendant la campagne pour le Brexit », se souvient Damian Collins, lui-même en faveur du maintien dans l’UE. Les équipes de Zuckerberg proposent alors de vérifier des preuves que le parlementaire apporterait, sans avoir accès aux serveurs de l’entreprise. Difficile de faire plus, assurent-ils. « Puis ils ont ajouté qu’ils ne regarderaient pas et ne me donneraient pas l’information », poursuit le parlementaire britannique.

    Le poids des étudiants

    Pour rester optimiste, le milieu de l’année 2020 a déjà apporté une (petite) victoire. Pendant l’été, la grande entreprise de données Palantir Technologies, cofondée par Peter Thiel, un des seuls soutiens de Donald Trump dans la tech, a dû quitter Palo Alto. Et la Silicon Valley tout entière. Direction Denver, dans le Colorado, où l’entreprise a installé ses nouveaux locaux, prête à continuer à collaborer avec l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) pour « optimiser » les renvois de réfugiés illégaux, présents sur le territoire américain, comme ce fut le cas durant toute l’administration Trump.

    Qu’est-ce qui a poussé la grande entreprise loin de la Côte ouest ? « Les étudiants », sourit Ben Tarnoff. Plusieurs milliers de jeunes, organisés dans seize universités différentes, dont Stanford, qui jouxte Palo Alto. Armés de pancartes désignant Palantir comme « social evil », ils ont réussi à faire ployer l’une des entreprises les plus mystérieuses et les plus puissantes du monde moderne. « Ce sont eux qui ont le pouvoir, précise l’auteur de Voices from the Valley. Cette boîte, comme beaucoup d’autres, recrute principalement à Stanford ou au MIT, et d’un coup ils ne pouvaient plus recruter. »

    La première victoire d’une longue série ? Cette stratégie a été appliquée dans d’autres cas, pour chambouler des géants comme Amazon. Sans succès. Ces entreprises et nos vies n’ont pas fini d’être intimement liées. Le sociologue Sébastien Broca raconte : « Dans le New York Times, il y a quelque temps, un consultant en nouvelles technologies a dit quelque chose que je n’arrive pas à oublier. Il expliquait que le nirvana vanté par la Silicon Valley avait du plomb dans l’aile, mais que nous, en tant que consommateurs, nous ne cessions de voter pour ces entreprises. »

    Après l’annonce du départ de Palantir, les étudiants de Stanford ont célébré leur victoire sur Instagram, Facebook ou TikTok. Puis, le soir même, certains ont probablement regardé une série Netflix, commandé un plat sur Uber Eats ou se sont offert un cadeau sur Amazon. Il fallait bien fêter ça.

    #Apple #Google #CambridgeAnalytica/Emerdata #NSA #Amazon #Facebook #GoogleSearch #algorithme #Dragonfly #consommation #manipulation #consentement #domination #BigData #GAFAM #GigEconomy #PRISM #syndicat #travail (...)

    ##CambridgeAnalytica/Emerdata ##FTC

  • Amazon Has Turned a Middle-Class Warehouse Career Into a McJob
    https://www.bloomberg.com/news/features/2020-12-17/amazon-amzn-job-pay-rate-leaves-some-warehouse-employees-homeless

    Despite a starting wage well above the federal minimum, the company is dragging down pay in the logistics industry and bracing for a fight with unions. Amazon.com Inc. job ads are everywhere. Plastered on city buses, displayed on career web sites, slotted between songs on classic rock stations. They promise a quick start, $15 an hour and health insurance. In recent weeks, America’s second-largest employer has rolled out videos featuring happy package handlers wearing masks, a pandemic-era (...)

    #Amazon #GigEconomy #pauvreté #syndicat #travail

    ##pauvreté

  • VERS UNE VRAIE POLICE DE LA PENSÉE ! Souriez, vous êtes fichés
    https://www.youtube.com/watch?v=kvUZZ6lJxQ8

    Depuis longtemps, police et gendarmerie disposent de fichiers sur les « populations dangereuses ». Mais, discrètement, Macron et Darmanin, avec trois nouveaux décrets, viennent d’étendre le contrôle aux « opinions politiques » ainsi qu’aux « convictions philosophiques et religieuses », et non plus seulement aux « activités ». Taha Bouhafs a rencontré Arthur Messaud, juriste à la Quadrature du Net, qui en décrypte le contenu. Un entretien à retrouver sur le site de Là-bas : (...)

    #religion #profiling #surveillance #syndicat #activisme #LaQuadratureduNet

    • A compléter avec cette intervention un peu plus longue de Arthur Messaud chez Le Media : LE GOUVERNEMENT VA FICHER VOS OPINIONS POLITIQUES
      https://www.youtube.com/watch?v=EGy0p93K2kA

      Lors de son interview à Brut, début décembre, Emmanuel Macron déclarait qu’il ne laisserait personne dire que les libertés étaient réduites en France. Pourtant, quelques heures plus tôt, trois décrets liberticides étaient publiés en toute discrétion au Journal Officiel. Ces textes, révélés par nos confrères de Next INpact, modifient très largement le cadre législatif du fichage de la population.

      Les trois décrets permettent ainsi de ficher les opinions politiques, l’orientation sexuelle, les données de santé, la pratique sportive, le comportement religieux ou encore les activités sur les réseaux sociaux des personnes « susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, à l’intégrité du territoire, ou des institutions de la République ».

      Derrière cette notion large : une réalité inquiétante, les manifestants, qu’ils soient pacifistes ou non, mais également tout leur entourage, pourront être fichés.

      Cette offensive sécuritaire, menée par Darmanin, pose les fondements d’une société de surveillance. Le ministre de l’Intérieur assume les ambitions du gouvernement : la France doit devenir la vitrine mondiale de l’industrie policière et militaire d’ici les Jeux Olympiques de 2024.

      Pour en discuter, LeMédia reçoit Arthur Messaud, juriste à la Quadrature du Net. Pour ce spécialiste, « les conséquences de ces fichages sont dramatiques pour les personnes qui veulent travailler dans les services publics, dans les aéroports ou auprès des enfants. Il y a de grandes craintes que le poste soit refusé à celles et ceux qui ont été fichés comme ayant participé à toutes les manifestations, tous les samedis ».

      L’analyse complète de la Quadrature sur ces trois décrets : https://www.laquadrature.net/2020/12/08/decrets-pasp-fichage-massif-des-militants-politiques

      #fichage #Edvige #police_politique #renseignements

  • Sans pouvoir mais avec une capacité de contraindre ceux qui en ont

    Dans son avant-propos, Une expérience lyonnaise, Marielle Benchehboune aborde l’externalisation par les entreprises de certaines activités dont le nettoyage, les emplois féminisés et à majorité à temps partiel dans ce secteur, le paiement à la tâche, le travail non déclaré et donc non rémunéré, le non respect du code du travail, la répression anti-syndicale…

    Note sur : Marielle Benchehboune : Balayons les abus
    Organisation syndicale dans le nettoyage

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/12/14/sans-pouvoir-mais-avec-une-capacite-de-contraindre-ceux

    #travail #syndicat #lutte

  • En dix ans, de 1939 à 1949, Industriels et Financiers ont détruit le pouvoir syndical
    https://www.les-crises.fr/en-dix-ans-de-1939-a-1949-industriels-et-financiers-ont-detruit-le-pouvoi

    Par Jacques-Marie Bourget À notre époque, celle de l’à peu près et du mélange de mensonges qui fait vérité, il semble un peu ridicule et vieux monde de parler des dictionnaires. Pourtant, les livres d’Annie Lacroix-Riz sont comme des dicos, des bouquins qu’il faut avoir sur l’étagère, car ils recèlent la grammaire de l’Histoire. Dans […]

    #Histoire #CGT #Syndicats #Histoire,_CGT,_Syndicats

    • sur le site de La Horde @lahorde
      https://lahorde.samizdat.net/2020/11/16/le-syndicalisme-dextreme-droite-dans-la-police

      Plusieurs constats incitent à s’intéresser au syndicalisme d’extrême droite dans la police.

      Le premier, c’est que même si elle n’est pas nouvelle, la présence de l’extrême droite dans la #police est une réalité qui a été révélée récemment par trois indices.
      D’abord la quantification du vote policier lors des élections politiques nationales. Les enquêtes Sciences Po/Cevipof suivent le phénomène de l’implantation du FN dans la fonction publique et particulièrement dans la police. A l’occasion du premier tour des présidentielles de 2017, le vote FN est de 54 % ; pour le premier tour des législatives de la même année il est de 43 % et enfin il est de 52 % pour le RN lors des européennes de 2019. Cependant cette enquête porte sur 3368 fonctionnaires d’État et seulement 60 policiers et l’auteur indique qu’il faut la relativiser au vu de la faiblesse de l’échantillon.

      Le second indice, c’est la floraison d’éléments issus des réseaux sociaux. Que ce soit la découverte de groupes Facebook de policiers dans lesquels la parole d’extrême droite se libère allègrement ou les photos d’insignes sur les uniformes et de tatouages à la gloire du IIIème Reich et autres.

      Le troisième, c’est qu’il est fréquent dans les réseaux militants d’entendre dire que le syndicat Alliance (affilié à la CFE/CGC) est un syndicat d’extrême droite. C’est méconnaître le syndicalisme policier et cette idée est à déconstruire. Alliance est un syndicat de droite et même de droite extrême, qui a d’ailleurs appelé à ne pas voter pour Marine Le Pen au second tour des présidentielles de 2017 (au grand dam de certains délégués…). Mais il existe des syndicats d’extrême droite dans la police.

      https://solidaires.org/Ripostes-syndicales-face-a-l-extreme-droite-no-7

      #syndicats_policiers #extrême_droite

  • Opinions politiques et syndicales, religion, santé : l’élargissement de trois fichiers policiers provoque l’inquiétude
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/12/10/opinions-politiques-et-syndicales-religion-sante-l-elargissement-de-trois-fi

    Le ministre de l’intérieur assure qu’il s’agit de les adapter à la lutte contre le terrorisme. Le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Yves Veyrier, étudie la possibilité d’un recours. L’histoire commence à faire du bruit, dans un contexte déjà tendu par la proposition de loi « sécurité globale » et le texte « séparatismes ». Mercredi 9 décembre, le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Yves Veyrier, a écrit à la ministre du travail, Elisabeth Borne, pour lui faire part de sa « stupéfaction » et de ses (...)

    #activisme #religion #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #profiling #syndicat #CNIL (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##LaQuadratureduNet

  • Opinions politiques, pratiques sportives, données de santé... Les possibilités de fichage élargies par trois décrets publiés en toute discrétion
    https://www.francetvinfo.fr/monde/terrorisme-djihadistes/opinions-politiques-pratiques-sportives-donnees-de-sante-les-possibilit

    Trois décrets récents visent à élargir les données collectées dans des fichiers utilisés notamment par la police et la gendarmerie. Ces nouvelles dispositions suscitent l’inquiétude des défenseurs des libertés. Les textes sont parus sans grande annonce. Trois décrets du ministère de l’Intérieur, publiés vendredi 4 décembre au Journal officiel et repérés par le site spécialisé NextINpact (article pour les abonnés) visent à élargir les possibilités de fichage dans le cadre d’enquêtes menées par la police, la (...)

    #activisme #données #religion #santé #surveillance #syndicat

    ##santé

  • Google violated U.S. labor laws in clampdown on worker organizing, regulator says
    https://uk.reuters.com/article/us-alphabet-google-labor/google-violated-u-s-labor-laws-in-clampdown-on-worker-organizing-regulat

    OAKLAND, Calif. (Reuters) - The National Labor Relations Board issued a complaint on Wednesday accusing Alphabet Inc’s Google of unlawfully monitoring and questioning several workers who were then fired for protesting against company policies and trying to organize a union. The U.S. labor regulator found Google unlawfully placed employees on administrative leave and terminated them for accessing documents related to how the company polices internal forums, according to the complaint. The (...)

    #Alphabet #Google #licenciement #surveillance #syndicat #travail

    https://static.reuters.com/resources/r

  • Libertés, casse et communication politique
    à quoi joue la coordination contre la sécurité globale ?
    https://lundi.am/Libertes-casse-et-communication-politique

    Nous avons reçu plusieurs témoignages concernant la première marche des libertés qui s’est tenue ce samedi. Pèle-mèle ils pointaient les retournements de veste d’une partie de la gauche (aujourd’hui à l’unisson sur la question de la loi), s’offusquaient des discours de dissociation qui ont accompagné les affrontements de fin de parcours, ou pointaient l’absence de recul critique quant aux pratiques mises en oeuvres (de la casse au « smartphone levé »). Le texte que nous avons choisi a à la fois le mérite de traiter de l’ensemble de ces sujets, et de ne pas partir de la marche parisienne qui a concentré toutes les attentions. Plus qu’une critique d’un communiqué que l’on pourrait juger anecdotique il faut le voir comme une amorce de réflexion sur les stratégies de luttes et de divisions.

    Nous avons battu le pavé contre la loi liberticide dite de sécurité globale. Ce samedi de manifestation, qui était aussi celui de la réouverture des commerces, s’est déroulé dans la capitale des Gaules sous un soleil radieux !

    Désolé : on s’abaisse au même niveau de poncifs que le communiqué dont on va discuter.

    Nous avons manifesté donc, et constaté, avec joie, que l’inattendu mouvement contre une loi sécuritaire prenait de l’ampleur. C’est rare. Et c’est rare de se dire que la rue pourrait, si ce n’est gagner, au moins arracher enfin un bout d’honneur perdu.

    "Rentrer" de manif aujourd’hui c’est souvent rentrer dans un autre espace-temps, celui des réseaux sociaux et leurs folies post-manifestation. Cette fois, en plus des stratégies de com’ gouvernementales et de la tentative d’exister d’une extrême-droite plutôt aphone ces derniers jours, il y avait quelques autres raisons d’être dégouté. On pourrait parler de tel « photographe de terrain », qui sans une once de recul critique ou d’intelligence, met sur le même plan « casseurs » et BRAV parce que tous deux l’empêcheraient de filmer. Ou de l’ancien journaliste du JDD et créateur de Loopsider, qui tombe dans le piège pourtant grossier tendu par un syndicat de police visant à mettre sur le même plan les bastons entre CRS et manifestants et le tabassage de Michel Zecler. Surtout, il y eut, posté par David Dufresne sur Twitter, le "communiqué des organisateurs".

    Ce fameux communiqué [1] publié par la coordination [2] évoque notamment la manifestation où nous étions : celle de Lyon, pour en dénoncer "fermement", les "violences".

    Revenant de manifester, d’avoir inhalé notre dose de gaz, comme on en a l’habitude à Lyon depuis au moins 4 ans (d’ailleurs n’était-ce pas aussi contre ça que l’on était dans la rue ?), quelle joie de nous voir ainsi condamnés "fermement" (par extension). Naïvement, puisque ce sont nos corps, nos voix, que l’on avait mis en mouvement ce samedi, on pensait que c’était un peu notre manif. Des proprios se ramènent avec un acte notarié : ils condamnent .

    #loi_de_sécurité_globale #maintien_de_l'ordre #journalisme

    • Précision : après quelques remarques, David Dufresne a retiré le communiqué le soir même de son fil. J’ai pas la ref sous le coude car mon twitter est down pour la seconde soirée d’affilée mais j’ai pu le constater de mes yeux-vu. Et le communiqué a surtout été propulsé par le SNJ-CGT (et très peu relayé tant il était gênant)

    • MANIFESTATION À PARIS CE SAMEDI 12 DÉCEMBRE : LA COORDINATION STOP LOI SÉCURITÉ GLOBALE S’ABSTIENT
      https://www.sortiraparis.com/actualites/a-paris/articles/238012-manifestation-a-paris-ce-samedi-12-decembre-la-coordination-sto

      La coordination Stop Loi Sécurité Globale « n’organisera pas de mobilisation ce samedi 12 décembre à Paris ». Tel est le message communiqué ce mercredi 9 décembre par la coordination qui regroupe syndicats et organisations opposées aux lois relatives à la « sécurité globale » et sur les « Séparatismes ». Les entités enjoignent aux sympathisants de continuer la mobilisation « sur tout le territoire national », mais pas à Paris.

      C’est la première fois que ces associations et collectifs décident de ne pas battre le pavé dans la capitale pour protester contre des projets de loi qu’ils considèrent comme « liberticides ». Après avoir réuni « des centaines de milliers de personnes dans plus de 100 villes en France pour dénoncer une dérive sécuritaire très inquiétante » comme ils le soulignent dans leur communiqué, ses responsables considèrent que « les conditions de sécurité des manifestants et manifestantes ne sont pas assurées ». C’est pourquoi la coordination « n’organisera pas de mobilisation ce samedi 12 décembre à Paris ».

      Monsieur Mélenchon sur touiteur
      https://twitter.com/JLMelenchon/status/1337382503427043331

      Je soutiens la décision du collectif #StopLoiSecuriteGlobale d’annuler la marche de samedi à Paris. L’insécurité créée par #Lallement, Alliance et Black Bloc ne permet plus de manifester paisiblement. Les ennemis de la liberté et Macron marquent un point.

      La semaine dernière, ce n’est pas seulement David Dufresne qui a dépublié le communiqué hostile à une partie des manifestants et à certaines pratiques dont il est question plus haut mais bien l’ensemble de ses auteurs (la « coordination » contre la loi sécurité globale, un cartel d’organisations et des individualités, dont de nombreux #journalistes).

      #gauche (et maladroit) #manifestation

    • Face aux atteintes à la liberté d’informer, et l’instauration d’une surveillance de masse, des mobilisations sont prévues le 12 décembre dans toute la France. Voici la carte des rassemblements prévus et le communiqué de la coordination
      « StopLoiSecuriteGlobale », dont Basta ! est membre.
      https://www.bastamag.net/carte-des-rassemblements-contre-la-loi-securite-globale-StopLoiSecuriteGlo
      Stop Loi Sécurité Globale
      https://stoploisecuriteglobale.fr

    • La coordination « StopLoiSecuriteGlobale » est composée de syndicats, sociétés, collectifs, associations de journalistes et de réalisateurs.trices, confédérations syndicales, associations, organisations de défense de droits humains, comités de familles de victimes, de collectifs de quartiers populaires, d’exilés, de Gilets jaunes. [...]

      Après la manifestation parisienne du 5 décembre, et du fait de la stratégie de la terre brûlée mise en place par la préfecture de police, la coordination #StopLoiSecuriteGlobale considère que les conditions de sécurité des manifestants et manifestantes ne sont pas assurées et n’organisera pas de mobilisation ce samedi 12 décembre à Paris. [...]

      La coordination exige d’être reçue dans les plus brefs délais par le président de la République(...)

      Cette fois on évite de dénoncer « le black bloc », les manifestants, comme c’est poli ! Postures bureaucratiques et éthique bourgeoise unies toutes ensemble dans une hypocrisie neuneu sans autre objectif que de se montrer respectables et vertueuses. La honte.
      Ces orgas et ces gens se refusent à assumer la protection des manifestants qui seront là demain, avec les manifestants eux-mêmes... tout en se déclarant désireuses de négocier. On croit rêver....
      Pour clore 68, il avait fallu d’abord que la CGT s’aligne un tant soit peu sur les grévistes, les salons du Grenelle gaulliste ne viennent qu’ensuite. Le conservateur patron de FO Bergeron a dit pendant des décennies au pouvoir « écoutez-moi sinon ça va péter ». Mais sur ce coup, alors qu’y compris un point de vue instrumental imposerait à nos dignes représentants de prendre appuis sur ce grand nombre qu’ils prétendent représenter, on lâche les manifestants avant même la première lacrymo, la première arrestation.

      #sans_vergogne

  • Union-tracking software proposed by Amazon
    https://www.bbc.com/news/technology-54439797

    Amazon has responded to a leaked memo about plans to track union activity among workers by saying it is happy for its staff to join labour organisations. The memo, viewed by website Recode and not disputed by Amazon, discusses plans for a system that would analyse data on unions alongside other threats to the company such as weather and crime. Last month Amazon advertised for two intelligence analysts to report on union activity, among other duties. It later withdrew the adverts. In a (...)

    #Amazon #algorithme #écoutes #GigEconomy #lutte #syndicat #travail

  • #En_découdre - paroles ouvrières en roannais

    Après la deuxième guerre mondiale, l’industrie textile emploie des milliers d’ouvrières sur le territoire Roannais. Elles produisent des vêtements de luxe dont la qualité est reconnue dans la France entière. A travers une série d’entretiens, ce film retrace l’histoire de ces femmes rentrant souvent jeunes à l’usine. Elles y découvrent des conditions de travail difficiles, le paternalisme patronal, mais également la solidarité ouvrière. Relatant les inégalités qui se jouent entre ouvriers et ouvrières, elles décrivent surtout la rencontre avec la culture syndicale et leur volonté d’en découdre avec l’exploitation. Des promesses d’émancipation de « mai 1968 » jusqu’aux combats contre la fermeture des usines et les destructions de leurs emplois à partir des années 1980, ces paroles ouvrières livrent une mémoire à la fois personnelle et politique des grandes mutations du monde contemporain.

    https://vimeo.com/330751537


    #ouvrières #femmes #industrie #femmes_ouvrières #France #industrie #histoire #industrie_textile #textile #témoignages #histoire_ouvrière #CGT #syndicat #syndicalisme #usines #bruit #paternalisme
    #film #film_documentaire #salaires #sainte_Catherine #cadeaux #droit_de_cuissage #inégalités_salariales #émancipation #premier_salaire #désindustrialisation #métallurgie #conditions_de_travail #horaire #horaire_libre #grève #occupation #Rhônes-Alpes #délocalisation #toilettes #incendies #chantage #treizième_salaire #plans_sociaux #outils_de_travail #Comité_national_de_la_Résistance (#CNR) #chronométrage #maladie_du_travail #prêt-à-porter #minutage #primes #prime_au_rendement #solidarité #compétition #rendement_personnel #esprit_de_camaraderie #luttes #mai_68 #1968 #licenciement #ARCT #financiarisation #industrie_textile

  • Même des syndicats de policiers s’opposent à l’interdiction de diffuser le visage des forces de l’ordre
    https://www.numerama.com/politique/664710-meme-des-syndicats-de-policiers-sopposent-a-linterdiction-de-diffus

    « Nous n’avons pas honte de notre manière de servir », assure la CGT Police Nationale. « Le danger qui nous menace, le seul que nous craignons c’est celui que le politique nous fait courir en stigmatisant sans cesse nos missions, en nous éloignant chaque jour un peu plus de l’estime des citoyens, en nous donnant l’image nauséabonde d’une police digne d’un état totalitaire ».

    https://www.flickr.com/photos/philippeleroyer/5940048690

    Flickr

    Le fait est que ces trois syndicats ne sont pas les plus représentatifs parmi l’ensemble de la profession, qui compte 75 % de syndiqués parmi 150 000 agents.

    Selon BFM TV, les huit qui comptent sont Alliance (qui compte 30 000 adhérents, c’est le plus important), Unsa, SFP FO et Alternative Police CFDT, chez les gardiens de la paix, Synergie Officiers et le syndicat des cadres de la sécurité intérieure, chez les officiers, et enfin le syndicat des commissaires de la police nationale et le syndicat indépendant des commissaires de la police nationale, chez les commissaires.

    Chez ces syndicats, cette loi va dans le bon sens. C’est l’avis des quatre syndicats des gardiens de la paix, en témoignent leurs communiqués (celui d’Alliance, celui de l’Unsa, celui de la SGP FO et celui d’Alternative Police CFDT). Il est à noter que c’est devant l’Unsa que Gérald Darmanin a exprimé son souhait « d’interdire la diffusion des images des visages » des policiers s’ils ne sont pas floutés.

    https://www.alliancepn.fr
    http://police.unsa.org/articles-directs/article/l-unsa-police
    https://www.unitesgppolice.com
    https://www.alternativepn.fr
    #syndicats_de_police

  • Responsables politiques et syndicats lancent un appel pour « stopper Amazon »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/11/16/responsables-politiques-et-syndicats-lancent-un-appel-pour-stopper-amazon_60

    Les 120 signataires de la tribune publiée lundi demandent l’instauration d’une « taxe exceptionnelle » sur le chiffre d’affaires du géant de l’e-commerce pour soutenir les commerces de proximité. « La crise du Covid devrait nous servir à repenser en profondeur nos modes de consommation et de vie sociale, pas à nous enfoncer dans un monde de surconsommation prédateur. » Dans une tribune parue lundi 16 novembre, 120 signataires – responsables politiques, syndicaux, mais aussi libraires ou éditeurs – (...)

    #Amazon #domination #consommation #GigEconomy #syndicat