• Le vingt et unième siècle commence maintenant

    Jérôme Baschet

    https://lavoiedujaguar.net/Le-vingt-et-unieme-siecle-commence-maintenant

    Les historiens considèrent volontiers que le XXe siècle débute en 1914. Sans doute expliquera-t-on demain que le XXIe siècle a commencé en 2020, avec l’entrée en scène du SARS-CoV-2. L’éventail des scénarios à venir demeure, certes, très ouvert ; mais l’enchaînement des événements déclenchés par la propagation du coronavirus offre, comme en accéléré, un avant-goût des catastrophes qui ne manqueront pas de s’intensifier dans un monde convulsionné, marqué par les effets d’un réchauffement climatique en route vers 3 ou 4 degrés de hausse moyenne. Ce qui se profile sous nos yeux, c’est un entrelacement de plus en plus étroit des multiples facteurs de crise qu’un élément aléatoire, à la fois imprévu et largement annoncé, suffit à activer. Effondrement et désorganisation du vivant, dérèglement climatique, décomposition sociale accélérée, discrédit des gouvernants et des systèmes politiques, expansion démesurée du crédit et fragilités financières, incapacité à maintenir un niveau de croissance suffisant, pour ne mentionner que cela : ces dynamiques se renforcent les unes les autres, créant une extrême vulnérabilité qui tient au fait que le système-monde se trouve désormais dans une situation de crise structurelle permanente. Dès lors, toute stabilité apparente n’est que le masque d’une instabilité croissante. (...)

    #Covid-19 #Jérôme_Baschet #histoire #système-monde #Philippe_Sansonetti #Anthropocène #Capitalocène

  • La cocaïne est le « #pétrole blanc » du #capitalisme, selon Roberto Saviano (en accès libre)
    http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/171014/la-cocaine-est-le-petrole-blanc-du-capitalisme-selon-roberto-saviano

    L’auteur de Gomorra se plonge dans l’#économie de la #cocaïne. Peu d’informations inédites, beaucoup de mise en scène, trop d’effets de style, mais un dessin d’ensemble saisissant et une thèse sous-jacente troublante : la dépendance entre les circuits de la coke et le système économique.

    #livre #drogues #économie #mondialisation #système-monde cc @pguilli @margherita

    Dans ce livre, on voit donc comment la mafia italienne exporte son savoir-faire en Russie ou au Mexique. On redécouvre l’histoire de Kiki Camarena, agent de la DEA (Drug Enforcement Administration) infiltré au cœur du narcotrafic mexicain, finalement repéré et torturé de telle manière que « les juges ont perdu le sommeil pendant des semaines après avoir écouté les cassettes » que ses ravisseurs enregistrèrent. On passe par Ciudad Juarez, devenue la ville la plus dangereuse du monde, avec près de 2 000 homicides par an. On voit le basuco, la drogue des taulards constituée à partir des restes de l’extraction de cocaïne et produite au moyen de substances chimiques toxiques pour l’homme, pénétrer les prisons à l’aide de #pigeons voyageurs.

    On apprend aussi que des narcos offrent une récompense de 10 000 dollars pour la tête d’Agata, une chienne particulièrement habile à flairer la poudre blanche, et que « la marchandise la plus secrète ne peut se passer de logo elle non plus ». Ainsi, « les pains de cocaïne sont marqués afin d’en certifier l’origine », avec une femme, un scorpion, la virgule Nike, le S de Superman, le cheval cabré de Ferrari prisé par les Zetas mexicains, le cerf de John Deere préféré par le cartel du Golfe, mais aussi la figure d’Hello Kitty, « l’héroïne japonaise adorée des petites filles du monde entier »…

    « La cocaïne est la réponse universelle au besoin de liquidités », écrit l’auteur.

    Roberto Saviano revient ainsi sur la déclaration choc d’Antonio Maria Costa, fin 2009, alors directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, expliquant que les profits des organisations criminelles ont été les seules liquidités investies dans certaines banques pour leur permettre d’éviter la faillite. Il avançait alors le chiffre astronomique de 352 milliards de dollars d’argent sale, blanchi par des banques.

    Pour Saviano, « les centres du pouvoir financier mondial se sont maintenus à flot grâce à l’argent de la coke », en utilisant tous les outils d’un capitalisme financiarisé qui a fait de la circulation accélérée des capitaux la principale de ses activités, au point que la chef de la section blanchiment au département de la justice américaine a pu affirmer en 2012 que « les banques américaines servent à recevoir de grosses quantités de fonds illégaux cachés parmi les milliards de dollars qui sont transférés chaque jour d’une banque à l’autre ».

    Ce qu’il faut alors retenir du livre de Saviano, en dépit des limites de ce travail, c’est peut-être sa conclusion, qui fait écho à l’échec flagrant des politiques de « guerre à la drogue » lancée dans les années 1980 [cf. http://seenthis.net/messages/292510] : « Je suis certain que la légalisation pourrait bel et bien être la solution. Car elle frappe là où la cocaïne trouve un terreau fertile, dans la loi de l’offre et de la demande. En étouffant la demande, tout ce qui se trouve en amont se fanerait telle une fleur privée d’eau. Est-ce une hérésie ? Un fantasme ? Le délire d’un monstre ? Peut-être. Ou peut-être que non. »

  • #parution #revue Ce quatrième numéro des #Carnets_de_géographes, coordonné par Yann Calbérac et Marianne Morange est consacré aux #géographies_critiques. En vous souhaitant bonne lecture !

    CARNETS DE DEBATS

    Yann Calbérac et Marianne Morange
    Géographies critiques : "à la française" ?

    Entretien avec Anne Clerval et Serge Weber
    Retour sur la création du colloque "#Espace et #rapports_sociaux de #domination : chantiers de recherche"

    Entretien avec Bernard Bret
    Retour sur un parcours de recherches

    CARNETS DE RECHERCHES

    Nicolas Bautès et Clément Marie dit Chirot
    Pour une #géographie_sociale de l’action

    Frédéric Barbe
    Géographie de la #littéracie.
    Close et distant reading au #Mali

    Anne Clerval et Mathieu Van Criekingen
    La #gentrification, une approche de géographie critique

    Cécile Gintrac
    Géographie critique, #géographie_radicale : comment nommer la #géographie_engagée ?

    Sabine Planel
    « Une petite expérience de méthode »
    #Foucault, #échelles, #espace et #justice à #Tanger_Med (Maroc)

    Camille Vergnaud
    Qu’est-ce que cela signifie être enseignant-chercheur "critique" ?


    CARNETS DE TERRAIN

    Camille Schmoll et Nathalie Bernadie-Tahir
    la voix des chercheur(-e)s et la parole du #migrant
    Ce que les coulisses du terrain maltais nous enseignent
    #Malte

    Karine Ginisty
    A la recherche de la #justice et de l’#injustice en ville
    Récit d’un terrain critique à #Maputo

    Thomas Radovcic
    #Inégalités et pouvoirs au centre-ville du #cap
    Une nécessaire lecture critique
    #Le_Cap

    Roman Stadnicki
    Enquête « géophotographique » aux marges des villes du #golfe arabique… ou comment dépasser la critique

    VARIA

    Rémi de Bercegol
    Au fin fond de l’#Uttar_Pradesh… Observations personnelles sur quelques péripéties vécues et l’empirisme qu’elles ont induit

    CARNETS DE LECTURES

    Yann Calberac
    Hérodote (1977-4 ET 1978-1), « L’enquête et le terrain »

    Martine Drozdz, Cécile Gintrac et Sarah Mekdjian
    Actualités de la géographie critique, retour sur la dernière conférence internationale de géographie critique (Francfort et Berlin, 16-20 août 2011)

    Marianne Morange
    Naudier D. et Simonet M. (dir.), 2011, Des sociologues sans qualités ? Pratiques de recherche et engagements, Paris, La Découverte

    Marianne Morange et Amandine Spire
    Compte-rendu de la table ronde « Justice spatiale dans les villes du Sud » Colloque CNFG « La ville compétitive, à quel prix ? », 19 janvier 2012, Université de Paris-Ouest Nanterre

    CARNETS DE SOUTENANCES

    Maud Balestrat
    Système d’indicateurs spatialisés pour la #gouvernance_territoriale : application à l’occupation des sols en zone périurbaine languedocienne

    Sophie Bantos
    Les sociétés ultramarines face aux risques de montée du niveau marin. Quelles stratégies d’adaptation ? Exemples des iles de Wallis et Futuna, Mayotte et Lifou
    #mer

    Laurent Beauguitte
    L’Assemblée générale des #Nations _unies de 1985 à nos jours : acteur et reflet du #Système-Monde. Essai de géographie politique quantitative

    Ansoumana Bodian
    Approche par modélisation #pluie-débit de la connaissance régionale de la ressource en #eau : application au haut bassin du #fleuve #Sénégal

    Séverine Bouard
    Les politiques de #développement à l’épreuve de la territorialisation. Changements et stabilités dans une situation de #décolonisation négociée, la province nord de la #Nouvelle-Calédonie

    Marie Chabrol
    De nouvelles formes de gentrification ? Dynamiques résidentielles et commerciales à #Château­‐Rouge (#Paris)

    Ludovic Falaix
    Des vagues et des hommes : la glisse au cœur des résistances et contestations face à l’institutionnalisation des territoires du #surf en #Aquitaine

    Sylvanie Godillon
    La #rénovation_urbaine, une opportunité de réduire les inégalités socio-spatiales d’être impliqué dans un accident dans les espaces publics

    Gaële Lesteven
    Les stratégies d’adaptation à la #congestion_automobile dans les grandes #métropoles : Analyse à partir des cas de #Paris, #São_Paulo et #Mumbai

    Lydie Ménadier
    Paysages de #fromages : sensibilités au #paysage, pratiques des #agriculteurs et #ancrage_territorial des #AOC fromagères de moyennes montagnes d’#Auvergne et de #Franche-Comté

    Olivier Thomas
    Des émigrants dans le passage. Une approche géographique de la condition de #clandestin à #Cherbourg et sur les côtes de la #Manche

    #migration

    http://www.carnetsdegeographes.org/archives/sommaire_04.php

    #géographie_critique
    cc @reka

  • Les tisseuses de tapis afghanes filent du #hasch à leurs mômes | VICE France
    http://www.vice.com/fr/read/les-tisseuses-de-tapis-afghanes-filent-du-hasch-a-leurs-momes

    Mais, dans le Qalay-I-zal, les effets sédatifs du #shit ont conduit à la normalisation d’une pratique qui assure tout bonnement l’asservissement des prochaines générations de #tisseuses de tapis. Afin de pouvoir passer de longues heures à travailler dans leur atelier, les femmes n’hésitent pas à donner du shit à leurs #enfants.

    « La raison pour laquelle nous leur en donnons, c’est que ça les calme. Autrement on ne peut pas travailler tranquillement », m’explique Bebehaja.

    #afghanistan

  • Mondialisations : concept, enjeux, échelles - Département de Géographie de l’ENS

    Responsables : Cynthia Ghorra-Gobin, Magali Reghezza-Zitt

    Dommage que je ne sois pas en France, c’est le genre de séminaire où j’ai vraiment envie d’être
    http://www.geographie.ens.fr/-Seminaire-VAAM-.html

    Le séminaire de recherche s’inscrit dans le prolongement des travaux du séminaire VAAM, villes anglo-américaines et mondialisations. Il ouvre un cycle de conférences et de travaux de deux ans. Ce séminaire s’inscrit également dans la perspective dessinée par le Dictionnaire critique de la mondialisation.
    Le terme de « mondialisations » fait référence à une multitude de processus ayant leurs propres temporalités et susceptibles d’être regroupés dans trois catégories bien distinctes pour les besoins de l’analyse scientifique. Pour notre part, nous distinguerons trois notions :

    la mondialisation, qui désigne l’émergence d’une nouvelle échelle pertinente, l’échelle mondiale, pour penser les dynamiques sociales et spatiales, quelles que soient leur nature (géopolitique, migrations et mobilités, villes, agriculture, économie, environnement, etc.). Le monde apparaît désormais comme un système, c’est-à-dire comme un tout, irréductible à la somme des éléments qui le composent (ici les espaces et les sociétés) et qui sont en interactions. L’avènement de cette échelle mondiale se traduit notamment dans l’expression de « village planétaire », qui invite à penser le Monde comme un territoire à part entière, ou encore dans les injonctions au « penser global » du développement durable ; elle questionne le rapport au local, aux lieux, aux identités ;

    la globalisation, qui correspond à la dynamique des échanges transnationaux et des flux matériels et immatériels s’appuyant sur les technologies de communication et d’information et sur le faible coût des transports. Cette globalisation, qui est un moteur de l’interdépendance entre les territoires, est étroitement liée à l’évolution du capitalisme financier dont elle représente une ultime phase ; elle interroge le rôle et les cadres traditionnels des États-nations.

    la planétarisation, qui renvoie à la prise de conscience de l’unité de la planète en tant qu’entité physique, suite notamment à la mise en évidences des changements climatiques et de leurs conséquences, et de la finitude de cette dernière, notamment en termes de ressources.

    #mondialisation #globalisation #géographie #économie #circulation #système-monde