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    Au Danemark, les migrants victimes de discrimination médicale
    Par Ana P. Santos Publié le : 01/03/2024
    Au Danemark, des cliniques tentent de venir en aide aux migrants qui se retrouvent désavantagés dans le système de soins public.
    Des cliniques spécialisées au Danemark se lancent dans la lutte contre la discrimination dont sont victimes les migrants en matière de soins de santé. Elles dénoncent les négligences du système de santé publique, comme le rapporte l’agence de presse AFP.La discrimination médicale se traduit notamment par des diagnostics hasardeux et l’absence de prise en charge. « Un médecin peut estimer que vous êtes en bonne santé, simplement parce que vous ne lui ressemblez pas et que vous exprimez vos symptômes différemment de ce à quoi il est habitué », témoigne Morten Sodemann, professeur et médecin en chef à la Migrant Health Clinic, l’un des trois centres de soins de santé dédiés aux migrants au Danemark.
    Sa clinique a ouvert il y a une dizaine d’années à Odense et traite quelque 250 patients par an. Elle propose des consultations approfondies, qui peuvent durer une heure, et s’adresse aux patients dont le nom a une consonance étrangère et qui présentent un problème médical que personne n’a réussi à résoudre. La clinique traite environ 250 patients par an depuis son ouverture il y a plus de dix ans. Ali Hod Roj, un patient de Morten Sodemann, a fait le tour des spécialistes à la suite d’un accident de travail. Âgé d’une cinquantaine d’années et originaire du Liban, il n’a jamais été scolarisé. « Pendant trois ans, aucun médecin n’a réussi à m’aider. Ici, on m’écoute et nous commençons à trouver une solution », raconte le Libanais.
    Morten Sodemann a ouvert sa clinique après la mort tragique d’une femme ayant fui la Tanzanie pour rejoindre son mari au Danemark. Alors qu’elle se plaignait d’épuisement, des médecins ont conclu qu’elle souffrait d’un « choc culturel ».Elle décèdera à l’hôpital quelques semaines après ce diagnostic. Après sa mort, des examens médicaux ont révélé qu’elle était séropositive et atteinte de tuberculose. Le Danemark dispose pourtant d’un des meilleurs système de santé au monde, qui prône légalité dans l’accès aux soins. Ces derniers sont gratuits et principalement financés par les impôts. Toutefois, les migrants se retrouvent désavantagés.
    Michala Bendixen, de l’ONG Refugees Welcome, estime que le système de santé danois peine à prendre en compte les différences culturelles, ce qui conduit à des inégalités. Le système « met l’accent sur la responsabilité individuelle », en affirmant que « chacun est responsable de sa santé et doit participer au processus », explique Michala Bendixen.Selon elle, « ceux qui ne sont pas nés du Danemark hésitent à demander de l’aide, parce que le système de santé danois est performant comparé à celui qu’ils ont quitté ».
    Une étude publiée en 2022 dans le Journal of Migration and Health souligne l’importance de la relation entre le patient et son médecin dans la prestation de soins de santé pour les migrants.Une approche collaborative doit mettre l’accent sur une communication respectueuse, l’ouverture et l’écoute active en vue de de remédier aux inégalités, qui résultent souvent des barrières linguistiques ou encore de la méconnaissance d’un système de santé nouveau pour les exilés. L’étude insiste sur l’importance d’un partenariat patient-médecin fondé sur la confiance dans un environnement sûr. Cette approche implique le partage des décisions en matière de soins, comme l’évaluation de l’état de santé et la planification du déroulé du traitement.Les professionnels de la santé cités dans l’étude assurent qu’il est essentiel de consacrer du temps aux patients pour comprendre non seulement leur état de santé, mais aussi leur histoire personnelle.

    #Covid-19#migrant#migration#danemark#sante#systemesante#discrimination#droit#mortalite#morbidite

  • Le blues des médecins étrangers en France : « Pourquoi on ne me juge pas sur mon expérience ici ? » - InfoMigrants
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    Le blues des médecins étrangers en France : « Pourquoi on ne me juge pas sur mon expérience ici ? »
    Par Bahar Makooi Publié le : 19/02/2024
    La situation de plusieurs milliers de médecins étrangers venus prêter main forte dans les services hospitaliers français se complique depuis la fin d’un régime dérogatoire accordé durant la période du Covid-19. Près de 1 900 ont perdu le droit d’exercer, un manque criant pour les hôpitaux. Certains d’entre eux ont accepté de témoigner.
    Pour Karima*, 39 ans, la dernière visite à la préfecture a viré au cauchemar. Son titre de séjour n’a pas été prolongé. « Je n’ai qu’un récépissé », se désole-t-elle. Pourtant, cette chirurgienne orthopédique pédiatrique exerce depuis deux ans dans un hôpital de banlieue parisienne, y compris aux urgences où elle effectue au moins quatre nuits de garde par mois. « Mes collègues de chirurgie générale m’ont demandé de venir en renfort pour les soulager un peu », explique la praticienne originaire du Maghreb*. « Je ne vais pas les laisser tomber », dit-elle sans savoir combien de temps encore elle pourra exercer.L’hôpital a accepté de la faire travailler, mais Karima redoute l’échéance de son contrat, renouvelé tous les six mois. Elle fait partie des quelque 4 000 praticiens diplômés en dehors de l’Union européenne (appelés Padhue), qui exercent dans les hôpitaux français depuis des années sous divers statuts précaires, comme celui de « faisant fonction d’interne » (FFI).
    « Les tâches que j’occupe sont des tâches de responsabilité, des tâches de praticien, même si je suis considérée comme une interne avec un contrat à 1 400 euros net à renouveler tous les six mois. Si la préfecture a refusé de prolonger mon titre de séjour c’est à cause de ces ruptures de contrats » regrette la médecin, qui jongle en permanence avec l’administration pour tenter de stabiliser sa situation. « Cette fois, la préfecture me demande une autorisation de travail fournie par l’Agence régionale de santé (ARS), qui ne veut plus la donner parce que la loi a changé ».
    En cause, l’expiration au 31 décembre d’un régime dérogatoire qui permettait aux établissements d’embaucher des Padhue sous divers statuts précaires, rendant désormais impossible leur maintien en poste. Depuis le 1er janvier 2024, ces médecins doivent réussir un concours très sélectif appelé « épreuves de vérification des connaissances » (EVC), pour pouvoir être réintégrés. Mais les places sont chères : 2 700 postes pour plus de 8 000 candidats en 2023, dont une partie tente sa chance depuis l’étranger. Résultat, une majorité des Padhue s’est retrouvée sur le carreau cette année.
    Après une levée de boucliers des syndicats, l’exécutif a finalement promis de « régulariser nombre de médecins étrangers », et décidé de prolonger d’un an leurs autorisations temporaires de travail, jusqu’à ce qu’ils passent la session 2024 des EVC.
    Mais pour Karima, diplômée en chirurgie générale, le problème est loin d’être réglé. Elle a bien tenté de passer l’EVC de chirurgie orthopédique pédiatrique en 2023, sauf que son dossier a été refusé. « On me dit que je n’ai pas le bon diplôme, qu’il me faut celui d’orthopédie pédiatrique, mais il n’existe pas ce diplôme dans mon pays ! Je ne comprends pas pourquoi on ne me juge pas sur mon expérience ici. J’opère seule, je consulte, j’ai mes propres patients », affirme la praticienne.
    Lorsqu’elle est arrivée en France en 2020, elle n’avait pas prévu de s’installer de ce côté de la Méditerranée. « J’avais obtenu un détachement du travail pour venir effectuer un perfectionnement en chirurgie orthopédique en France, parce que j’avais constaté des lacunes dans le service où je travaillais au Maghreb », explique-t-elle. Mais après presque deux années à un poste de stagiaire associée dans un CHU de Nice, Karima s’est retrouvée coincée dans l’Hexagone à cause de la pandémie de Covid-19 et la fermeture des frontières avec son pays. Elle a perdu son poste au Maghreb.
    À Nice, elle se souvient de cette période où elle a lutté sur le front du Covid-19, aux côtés des soignants français, en prêtant main forte en réanimation. « On a sauvé des vies. Et on continuera à le faire. C’est notre travail. Parfois aux urgences, je me retrouve dans une situation où il faut réagir dans la fraction de seconde, faire les bons gestes, prendre la bonne décision pour sauver quelqu’un ».
    Rentrer au Maghreb ? La chirurgienne y songe parfois : « Je me pose la question, je me demande si je peux tenir encore dans cette situation. Mais j’exerce un travail que j’aime beaucoup, surtout auprès des enfants. Je suis attachée à mes patients. Quand je vois dans leurs yeux qu’ils sont satisfaits, je me sens utile ». Pourtant, l’idée de partir fait son chemin à défaut de pouvoir se projeter, au quotidien. « Il m’arrive régulièrement de faire mes valises. J’hésite même à commander de nouveaux meubles ». Alors ses proches lui soufflent de postuler en Allemagne. « Des collègues sont partis là-bas. Ils ont été acceptés sur dossier et ont pris des cours de langue allemande », raconte-t-elle.
    Dans un contexte de surcharge de son système de santé, la France, qui a pourtant un besoin criant de renforts, risque de voir ces milliers de médecins lui préférer d’autres États européens.

    Le Dr Aristide Yayi, originaire du Burkina Faso et diplômé en médecine légale à Dakar, au Sénégal, exerce, lui, depuis trois ans en médecine polyvalente dans l’Ephad de l’hôpital de Commercy dans la Meuse. Un secteur qui manque cruellement de médecins. « Mon contrat court jusqu’en juillet 2024. Après je ne connais pas la suite », regrette le jeune médecin, car il souhaite développer un service de prise en charge de la douleur pour les personnes âgées de l’Ephad. Un projet qui pourrait ne jamais voir le jour si sa situation n’est pas régularisée. « J’enchaîne les formations et les contrats de six mois en tant que ‘faisant fi d’interne’. C’est toujours de l’incertitude et de la précarité. J’ai le sentiment qu’on me considère comme un sous-médecin », estime-t-il.
    Plusieurs chefs de service, notamment en Île-de-France, ont prévenu qu’ils seraient « contraints de fermer » leur service sans la présence de ces Padhue. Lors de sa conférence de presse du 16 janvier, le président français, Emmanuel Macron, a admis que la France avait besoin de ces praticiens, affirmant vouloir « régulariser nombre de médecins étrangers, qui tiennent notre système à bout de bras ». Une promesse rappelée par le Premier ministre, Gabriel Attal, dans son discours de politique générale fin janvier.
    Un discours qui doit être suivi de faits, exigent désormais les syndicats. Reçus jeudi par le ministère de la Santé, ils ont salué la publication, la veille, du décret prolongeant les autorisations temporaires de travail pour les médecins étrangers qui s’engagent à passer la session 2024 des EVC. « Un premier pas » qui « ne fait que reporter le problème d’un an », dénonce Olivier Varnet, secrétaire général du Syndicat national des médecins hospitaliers FO.
    En attendant, les médecins étrangers trinquent. Ils sont près de 1 900 à ne pas pouvoir exercer en ce moment. « Mon ancien service cherche désespérément quelqu’un pour me remplacer. Ils sont vraiment dans la galère. Moi j’étais responsable de deux unités avec vingt patients chacune. On marche sur la tête… », s’indigne Mostapha, qui exerçait dans un service de soins de suite et de réadaptation en Normandie. Son contrat de « praticien attaché associé » a été suspendu le 1er janvier, puisqu’il n’a pas été admis aux épreuves de vérification de connaissances. « L’hôpital a voulu me retenir mais l’ARS n’a pas accordé l’autorisation », raconte le quadragénaire.Diplômé de la faculté d’Alger en médecine physique et réadaptation, il a suivi sa femme, de nationalité française, en France il y a trois ans. « Je n’ai pas de problème de papiers j’ai une carte de résident de 10 ans », poursuit-il.
    Mostapha espère que son cas sera examiné de plus près, et que la nouvelle circulaire lui permettra de retrouver son poste. Mais la validation de son parcours par l’EVC, il n’y croit plus trop : « Je compte bien le repasser puisque pour le moment il n’y a pas de solution, quoique les chances de l’avoir soient de plus en plus réduites à cause du nombre de postes. C’est pire que sélectif ».
    De nombreux syndicats, comme le collectif médecins de la CGT, estiment que cet examen s’apparente à un numerus clausus plutôt qu’à une « épreuve de vérification des connaissances ». « Des candidats ont été recalés avec plus de 15 de moyenne », dénonce Laurent Laporte, secrétaire général de l’Union fédérale des médecins, ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT. « Trop académique », « aléatoire », « opaque » et « discriminant pour des médecins qui bossent soixante heures par semaine », accusent encore les syndicats, à qui le ministère de la Santé a promis, le 15 février, une « reformulation de l’EVC » avec des modalités plus adaptées à la réalité.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#PADHUE#systemesante#personnelmedical#penurie

  • « Si Cuba peut nous aider, ce sera très bien ». À Guingamp, des médecins cubains pour sauver l’hôpital public ?
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    « Si Cuba peut nous aider, ce sera très bien ». À Guingamp, des médecins cubains pour sauver l’hôpital public ?
    Écrit par Camille Bluteau
    Des médecins cubains pourraient-ils sauver l’hôpital public de Guingamp ? Vendredi 16 janvier, les défenseurs de l’hôpital de Guingamp (Côtes-d’Armor) ont rencontré Otto Vaillant, l’ambassadeur de Cuba. Chaque année, des dizaines de milliers de médecins cubains sont formés pour venir exercer à l’étranger et ils sont prêts à venir en France. Faire venir des médecins cubains pour sauver une maternité ? C’est le pari lancé par des défenseurs de l’hôpital de Guingamp (Côtes-d’Armor) qui ont rencontré vendredi 16 février 2024 l’ambassadeur de Cuba, Otto Vaillant, dans un territoire marqué par des difficultés d’accès aux soins. Chaque année, des dizaines de milliers de médecins cubains sont formés pour venir exercer à l’étranger et sont prêts à venir en France. L’agglomération de Guingamp-Paimpol avait invité le diplomate car elle a eu connaissance de « la possibilité d’envoi de médecins cubains dans le monde pour aider tant dans l’urgence que dans le temps », a expliqué son président Vincent Le Meaux, évoquant « un besoin en santé sur nos territoires ». « Si Cuba peut nous aider, ce sera très bien », a-t-il poursuivi. La maternité de Guingamp, menacée de fermeture depuis des années, a obtenu un sursis en 2018 à la demande d’Emmanuel Macron, après une forte mobilisation de la population. Mais depuis avril 2023, les accouchements y sont suspendus, faute d’un nombre de soignants suffisants.
    D’autres hôpitaux de la région souffrent d’un manque de personnel soignant. À Lannion et à Carhaix, l’accès aux urgences est régulé la nuit, faute de médecins urgentistes. Les Côtes-d’Armor sont le département le moins bien loti de la région en termes de densité de médecins. Depuis avril 2023, les accouchements à l’hôpital de Guingamp sont suspendus. Des médecins cubains pourraient venir en renfort.Depuis avril 2023, les accouchements à l’hôpital de Guingamp sont suspendus. Des médecins cubains pourraient venir en renfort.
    D’autres élus, en Bretagne et ailleurs en France, ont aussi sollicité Otto Vaillant, assure le diplomate sans préciser lesquels. Bien sûr, il faudra un décret du gouvernement et l’accord des autorités de santé. Pour les élus locaux, comme pour le syndicat CGT, cette initiative a valeur de test. « Je pense que l’Agence régionale de santé est à l’écoute de toute solution qui viendrait du territoire. Elle a également intérêt à écouter ce qui est proposé par les élus locaux. Nous allons nous employer à écrire très rapidement au président de la République » afin d’"obtenir cet accord par décret", a assuré Vincent Le Meaux. En France, des médecins cubains sont déjà intervenus en Martinique ou en Guyane en pleine crise du Covid-19, d’autres en Italie et en Andorre. Une région italienne, la Calabre, a signé un accord en 2022 pour un déploiement plus important de 500 Cubains. « C’est une solution rapide. Ils ont montré leur efficacité pour se déployer rapidement en cas de sinistre important. On n’est pas dans un sinistre aigu mais on en arrive à une population délaissée depuis 15 ans. Un tiers de nos patients sont sans médecin généraliste dans la région », déclare Christian Brice, médecin urgentiste à l’hôpital de Guingamp.
    Pour celui qui est à l’origine de cette idée, ce renfort cubain ne serait que transitoire, pour éviter les fermetures de service. « Si on laisse fermer ces services d’urgences, si on ne prend pas des mesures qui seraient intermédiaires pour les maintenir ouverts le temps qu’on forme du personnel pour répondre aux demandes légitimes, on ne les rouvrira pas », regrette Gaël Roblin, conseiller municipal de Guingamp. L’hôpital de Guingamp manque notamment d’urgentistes, d’obstétriciens, de sages-femmes. Les besoins précis n’ont pas été évoqués lors des échanges avec l’ambassadeur cubain. Cette rencontre aura permis de mettre « l’État français face à ses contradictions : nous faisons partie des cinq premières puissances mondiales, il y a encore une vingtaine d’années, nous avions le meilleur système de santé au monde et nous nous retrouvons à faire appel à des médecins cubains », estimait Fabrice Dehove, du syndicat SUD, avant les échanges.
    La venue de médecins cubains soulève des questions, comme l’obstacle de la langue et le coût, alors qu’une grande partie du salaire versé par le pays hôte est prélevée par les autorités cubaines. Les médecins cubains pourront apprendre le français, a assuré l’ambassadeur. La question des salaires que toucheraient ces médecins n’a pas été abordée, mais « à compétence égale, il doit y avoir le même salaire », a fait valoir Vincent Le Meaux. Certaines ONG dénoncent les conditions dans lesquelles sont envoyés les médecins cubains à l’étranger. En 2023, selon les autorités cubaines, 22.632 professionnels de santé étaient répartis dans 57 pays. Cette coopération médicale a rapporté 6,3 milliards de dollars en 2018 et 3,9 milliards en 2020, selon des chiffres officiels. Que cette initiative se concrétise ou non, elle aura au moins le mérite d’attirer l’attention sur la situation de l’hôpital public sur ce territoire.

    #Covid-19#migrant#migration#france#cuba#bretagne#personnelmedical#sante#systemesante#

  • « Aller chercher les médecins à l’étranger est un manque de respect pour les pays où ils sont formés »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/08/aller-chercher-les-medecins-a-l-etranger-est-un-manque-de-respect-pour-les-p

    « Aller chercher les médecins à l’étranger est un manque de respect pour les pays où ils sont formés »
    Jean-Luc Dumas, Directeur général de la Cidmef
    Le recrutement de médecins formés en dehors de l’Union européenne ne saurait compenser le besoin urgent d’augmenter les capacités de formation en France, estime Jean-Luc Dumas, directeur général de la Conférence internationale des doyens et des
facultés de médecine d’expression française, dans une tribune au « Monde ».
    La mesure sidérante d’aller chercher les médecins des pays étrangers a été officialisée. Que le premier ministre français en fasse la déclaration devant le Parlement national est une décision lourde de sens ; que cette volonté soit portée en solution aux insuffisances de notre formation médicale est l’aveu d’un manque de respect pour le développement des systèmes de santé dans l’espace francophone.
    Car il ne faut pas s’y tromper : ce ne sont pas nos confrères formés dans les grandes universités anglophones qui sont attendus, mais bien des futurs médecins de locution française provenant de pays historiquement liés à notre culture médicale. Ces médecins sont formés majoritairement dans des facultés qui, depuis des décennies, font l’effort de se structurer au niveau des standards internationaux, avec le soutien public d’Etats souvent démunis, dans le contexte de besoins en santé immenses des populations de ces territoires. Et ce sont bien ces praticiens venant de pays que l’on nommait autrefois « en voie de développement » que la France semble vouloir mettre à son service.
    Quelle confirmation du renoncement et de la négation des politiques de coopération médicale que notre pays a conduites depuis plus de cinquante ans ; quel affront pour ceux qui les ont déployées et, plus largement, pour nos universités ! Dans le contexte apparent de suspicion, si ce n’est de rejet, vis-à-vis de l’héritage de notre culture dans les pays marqués par la colonisation, cette annonce ne peut que renforcer le sentiment de défiance, y compris à l’échelle politique, tant l’enjeu de la santé est un déterminant sociétal.
    L’année 2024 sera marquée par la tenue en France du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie. Plus de quatre-vingts Etats et gouvernements y sont représentés, mais, malgré ce contexte, la préservation des relations indispensables pour ces partenariats n’a visiblement pas incité à retenir la parole officielle et la négation dont elle fait preuve à l’encontre des besoins en santé de ces pays. Quelles sont donc les valeurs que la langue française véhicule dans son espace de diffusion ? Solidarité, respect, humanisme ? Aucun argument ne peut tenir face à la gravité de l’image qui est présentée. Certes, beaucoup de ces médecins formés à l’étranger demandent à venir exercer, et même s’installer, en France. Mais la régulation d’un système global de formation et d’échanges doit être la considération supérieure pour préparer l’avenir de tous. Et c’est justement la considération des besoins de nos partenaires qui doit guider les initiatives de cet ordre. La mobilité internationale doit être une source de formation à l’identité professionnelle et non pas l’objet d’une préemption de ressources humaines.
    Certes, nos politiques et nos facultés se sont longtemps contentés de former trop peu de médecins, avec un manque de prévision, mais c’est précisément un effort significatif d’augmentation des capacités de formation et donc de moyens appropriés qui doit être mis en place immédiatement. Certes, les difficultés d’accès aux soins de premier recours en France sont pressantes, mais ce n’est pas en désespérant les étudiants et en culpabilisant les professionnels que les solutions seront créées : l’accès équitable aux études de santé peut être revu, tout comme la reconnaissance de la diversité des nouvelles compétences des professionnels de soins.
    Gageons que le bon sens reviendra au premier plan et que nos administrations de haut rang sauront se mobiliser pour pondérer des annonces détachées d’un contexte de faisabilité. Gageons que ce qui apparaît comme une faute de communication déclenchera une prise de conscience salvatrice et un sursaut constructif.
    Jean-Luc Dumas est directeur général de la Conférence internationale des doyens et des facultés de médecine d’expression française (Cidmef), ancien doyen de la faculté de médecine de Bobigny, université Sorbonne-Paris-Nord.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#medecin#francophonie#formation#PADHUE#emigration#systemesante#accessante#politiquemigratoire#france

  • Evacuations sanitaires entre Mayotte et La Réunion : la Cimade dénonce une obsession du contrôle migratoire
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/07/evacuations-sanitaires-entre-mayotte-et-la-reunion-la-cimade-denonce-une-obs

    Evacuations sanitaires entre Mayotte et La Réunion : la Cimade dénonce une obsession du contrôle migratoire
    Par Jérôme Talpin (Saint-Denis (La Réunion), correspondant)
    Peur d’une « filière d’immigration sanitaire », « confusion du soin et du contrôle migratoire »… Dans un rapport sur les évacuations sanitaires entre Mayotte et La Réunion, publié mercredi 7 février, la Cimade critique vivement des « atteintes aux droits fondamentaux » pour des personnes étrangères malades et leurs enfants, tout au long de leur parcours de soins entre les deux départements français de l’océan Indien, distants de 1 500 kilomètres. Un document qui s’inscrit dans le contexte de blocage du territoire mahorais, où près d’un millier de personnes ont manifesté, mardi, contre l’insécurité et l’immigration.
    En 2022, près de 1 600 malades ou accidentés ont été évacués de Mayotte – où ils ne peuvent être soignés en raison du « sous-dimensionnement du système de soins » et d’un manque de personnel – vers La Réunion, où le CHU dispose d’un plateau technique de pointe. Parmi eux, un tiers de mineurs et 51 % d’étrangers, la plupart originaires des Comores. Certains possèdent un titre de séjour valable uniquement pour Mayotte, d’autres sont sans papiers.
    Le rapport est intitulé « Soigner, séparer, précariser » pour bien marquer les contradictions d’une action sanitaire d’entraide qui aboutit dans certains cas documentés à « séparer durablement des familles sur le territoire français, et plonger des personnes dans une précarité d’autant plus violente que les pathologies sont graves ».
    L’association défendant les droits des personnes migrantes et réfugiées fustige avant tout un cadre réglementaire comportant de « nombreuses zones d’ombre », ainsi que « des pratiques médicales et administratives largement influencées par un contexte régional très hostile à l’immigration comorienne et par l’existence d’un droit dérogatoire restreignant fortement les droits des personnes étrangères vivant à Mayotte ».
    Selon la Cimade, les personnes étrangères qui arrivent dans les services du centre hospitalier de Mayotte (CHM) présentent un « état de santé déjà dégradé, ce qui complexifie encore leur prise en charge ». Les raisons principales de leur renoncement à des soins : l’absence à Mayotte de l’aide médicale d’Etat (AME) pour les étrangers en situation irrégulière, la peur pour ces personnes de se faire interpeller en se déplaçant pour une consultation.
    Loin de constituer « une opportunité de migrer durablement vers La Réunion ou même l’Hexagone », ces transferts en avion, parfois opérés en urgence, sont « sources d’angoisses et d’arrachement », insiste l’association, pour balayer « le fantasme de l’appel d’air via la procédure d’Evasan [évacuation sanitaire] ». « Faire accepter l’Evasan aux patients est, au contraire, une difficulté majeure, certaines personnes étant même prêtes à renoncer aux soins pour l’éviter », relève La Cimade. Le rapport déplore également des cas de manque d’information aux patients, parfois allophones, sur leur pathologie, leur parcours de soins, voire leur destination.
    En raison d’un « sentiment anticomorien » à Mayotte, La Cimade relève des « pratiques de filtrage des Evasan observées à différents niveaux de la chaîne hospitalière » pour des étrangers « subjectivement jugés comme présentant un risque de fugue ». Dans l’autre sens, l’association évoque « des retours précoces » pour éviter une installation à La Réunion.
    Autre critique de La Cimade : « Le piétinement des liens familiaux » en raison d’une « obsession pour le contrôle des personnes étrangères installées à Mayotte ». Selon une praticienne du CHM, la principale difficulté reste toutefois le manque de solutions d’hébergement à La Réunion pour des parents. En 2020, sur 330 mineurs partis en Evasan, 184 étaient non accompagnés par un parent, dont 102 non affiliés à la Sécurité sociale, note le rapport.
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    La Cimade dénonce également des « stigmates de l’Evasan » pour les « quelques dizaines de personnes étrangères qui restent chaque année à La Réunion ». Les dispositions dérogatoires à Mayotte et plus restrictives pour les étrangers « entravent durablement la sortie de précarité de ces personnes, confrontées à une multitude d’obstacles pour obtenir un titre de séjour, un hébergement, accéder aux soins et à une protection sociale ».
    Selon un travail social du CHU de La Réunion entendu par La Cimade, « les personnes en Evasan sont le public le plus précaire que j’ai pu rencontrer, puisque ces personnes n’ont accès à rien ». Battant en brèche une idée reçue, l’association rappelle que près de 97 % des personnes repartent, à l’issue d’une Evasan, à Mayotte, où se trouvent leur famille et leurs attaches.Enfin, La Cimade estime que beaucoup de retours sont mal préparés en raison « de l’absence d’accompagnement à Mayotte et les conditions et de vie sur place ». Auditionnée pour le rapport, la coordinatrice régionale de Médecins du monde océan Indien, Delphine Chauvière, explique, en parlant des étrangers : « Concrètement, à la descente de l’avion, une ambulance amène la personne au CHM, où on lui dit “l’Evasan est finie, merci et au revoir” ». Contactée, la direction du CHM assure n’avoir « jamais été interrogée » par La Cimade dans le cadre de ce rapport, et « de ce fait » n’entend pas répondre « à ce rapport à charge ». Le CHU de La Réunion n’a, de son côté, pas souhaité « faire de commentaire ».

    #Covid-19#migration#migrant#france#lareunion#mayotte#sante#lacimade#mdm#systemesante#droit#etranger

  • France : les médecins étrangers se mobilisent une nouvelle fois pour une régularisation administrative - InfoMigrants
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    France : les médecins étrangers se mobilisent une nouvelle fois pour une régularisation administrative
    Par RFI Publié le : 19/01/2024
    Ils représentent environ un quart des effectifs dans les hôpitaux de France. Des médecins étrangers se sont mobilisés à Paris devant le ministère de la Santé jeudi 18 janvier pour réclamer leur maintien en poste et la régularisation de leur situation administrative.
    À cause de conditions météorologiques entrainant la suppression de plusieurs trains, ils étaient moins nombreux que prévu, mais les quelques dizaines présents ont bien donné de la voix sous les fenêtres de leur ministère pour demander la régularisation de tous les Padhue, les praticiens titulaires d’un diplôme obtenu hors Union européenne.
    Parmi les quelques dizaines de soignants à diplômes étrangers présents à la manifestation du jeudi 18 janvier à Paris, le docteur Bienvenu Luemba. Ce médecin généraliste de formation est arrivé du Congo-Brazzaville il y a moins d’un an. Marié à une Française, il n’a pas de problèmes administratifs, mais beaucoup de ses confrères sont dans une situation stressante, explique-t-il. « Ils sont tout le temps stressés, ils ne peuvent pas vraiment avoir de projets à long terme. Je connais un ami, par exemple, il ne peut pas aller voir sa famille dans son pays parce que son visa a expiré depuis octobre. Il l’a renouvelé, sauf que depuis, [le visa] n’est toujours pas sorti, et il n’est valable que six mois et chaque six mois, il faut le renouveler. »
    2 000 à 3 000 médecins étrangers risquent d’être licenciés
    Solidaires de leurs confrères étrangers, des praticiens français sont à leurs côtés comme le docteur Cyrille Venet, chef du service de soins intensifs au CHU de Grenoble. « Oui, je suis là par solidarité, mais je ne suis pas seulement là par solidarité, je suis là aussi pour mon intérêt propre, parce que mon intérêt, c’est que je puisse hospitaliser des malades, et pour ça, j’ai besoin de lits, et il se trouve que les collègues font le même boulot que nous – tiennent les services, tiennent les consultations, tiennent les listes de garde – et ça va nous impacter, donc on ne tiendra pas. »
    Ces médecins, comme l’a rappelé le président Emmanuel Macron mardi lors de sa conférence de presse, « tiennent parfois à bout de bras les services de soins en France ». Ils sont en effet plusieurs milliers à exercer dans les hôpitaux français où ils représentent environ un quart des effectifs. Depuis le 1er janvier dernier, selon les syndicats, 2 000 à 3 000 médecins étrangers qui exercent dans des établissements français risquent d’être licenciés de leur poste faute de renouvellement de leur contrat.
    Depuis plus de 20 ans, la désertification médicale a conduit de nombreux établissements de santé à recruter des médecins diplômés en dehors de l’Union européenne (UE). Très mal rémunérés et précaires, ils pouvaient espérer obtenir une « autorisation de plein exercice » après une procédure complexe de plusieurs années.
    Un régime temporaire supprimé en décembre
    Ces praticiens diplômés hors UE doivent en principe passer un concours sélectif, appelé « épreuves de vérification des connaissances », puis suivre un parcours de consolidation de compétences de deux ans à l’hôpital, avant de voir leur dossier examiné en commission. Mais un régime dérogatoire a longtemps existé, permettant aux hôpitaux de recruter des non-lauréats sous divers statuts très précaires, rémunérés entre 1 500 et 2 200 euros net par mois.
    Ce régime temporaire, plusieurs fois prolongé, s’est définitivement éteint au 31 décembre 2023. Impossible aujourd’hui de renouveler leurs contrats. Ils devaient tous réussir les épreuves requises cette année pour continuer à exercer. « Sauf qu’avec 10 000 candidats au concours - dont une partie inscrits de l’étranger - pour 2 700 postes ouverts, c’est impossible », déplore Halim Bensaïdi.
    Le docteur Halim Abdelhalim Bensaïdi, est venu d’Algérie. Ce diabétologue travaille depuis 2019 en France, il est le vice-président de l’association Ipadecc, Intégration des praticiens à diplôme hors Union européenne."Mon contrat a expiré hier et je n’ai toujours pas de réponse pour [mon] renouvellement ! Le président de la République promet de nous régulariser, sauf qu’officiellement, on n’a pas de texte qui nous permet de continuer l’exercice de notre noble métier, qu’on exerce dignement depuis des années, regrette-t-il."Sur le terrain, on est 2 000 médecins qui ne sont pas régularisés jusqu’à ce jour, malgré le discours du président de la République. On se pose des questions sur notre sort : qu’est-ce qu’on va devenir demain ? Et pour certains qui ont été licenciés le 31 décembre, qui ont reçu des OQTF [Obligation de quitter le territoire français, ndlr], on se pose vraiment cette question du manque de personnel médical alors qu’aujourd’hui, en France, on licencie et on donne des OQTF à des médecins qui sont prêts à exercer leur métier. Des gens sont payés entre 1 400 et 2 000 euros, c’est juste indigne par rapport à leur dévouement total au sein des hôpitaux français."

    #Covid-19#migrant#migration#france#immigration#PADHUE#sante#regularisation#CHU#systemesante#OQTF#personneldesante

  • Projet de loi « immigration » : les concessions de Darmanin à la droite
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/11/08/projet-de-loi-immigration-les-concessions-de-darmanin-a-la-droite_6198925_82

    Projet de loi « immigration » : les concessions de Darmanin à la droite
    La suppression de l’aide médicale d’Etat, au profit d’une aide médicale d’urgence pour les sans-papiers, a été adoptée au Sénat, mardi, par la droite et les centristes, sans que le gouvernement s’y oppose formellement.
    Par Mariama Darame et Julia Pascual
    Publié aujourd’hui à 08h22, modifié à 09h45
    L’examen du projet de loi sur l’immigration, entamé lundi 6 novembre, a tout du terrain glissant pour le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui doit entretenir le soutien de la droite sans s’aliéner celui de sa majorité relative à l’Assemblée nationale pour faire voter sa loi.Ainsi, au deuxième jour des débats sénatoriaux, mardi, sur cette trentième réforme de l’immigration et de l’intégration en quarante ans, le locataire de la place Beauvau n’a pu faire obstacle à une des revendications phares portées par la majorité sénatoriale de droite et du centre : la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME), une couverture maladie réservée aux sans-papiers, au profit de la création d’une aide médicale d’urgence (AMU). Cette mesure a été adoptée à 200 voix contre 136, opposant frontalement la droite et la gauche du Sénat.
    Déjà réformée en 2019, l’AME permet de couvrir les frais médicaux et hospitaliers des étrangers en situation irrégulière présents en France depuis au moins trois mois. Ce dispositif de santé publique a concerné, en 2022, un peu plus de 400 000 bénéficiaires pour un coût total d’1,2 milliard d’euros, soit 0,5 % de la dépense totale de l’Assurance maladie.La droite sénatoriale, qui voit dans l’AME « un appel d’air migratoire », l’a remplacée par une AMU, circonscrite à la prise en charge « des maladies graves et des douleurs aiguës », ainsi qu’aux soins de suivis de grossesse, aux vaccinations et aux examens de médecine préventive.
    « Mélanger les débats sur l’AME et le contrôle de l’immigration est un non-sens », a argué la ministre chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, présente sur les bancs du Sénat à cette occasion. Dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg, elle s’est faite le porte-voix du « gouvernement, très attaché au maintien de l’AME ».Or, pour ne pas froisser les sénateurs Les Républicains (LR), qui mettent dans la balance un certain nombre de leurs marqueurs en échange d’un soutien au texte du gouvernement, Mme Firmin Le Bodo a finalement émis un « avis de sagesse » (ni favorable, ni défavorable) sur la suppression de l’AME, refusant de s’opposer formellement à la proposition de la droite, dénoncée par la gauche et par le groupe macroniste au Sénat comme « l’article de la honte » ou reprenant « les lubies de la droite et de l’extrême droite ». « Cet avis de sagesse est absolument incompréhensible et vous auriez dû avoir une position très claire, très ferme, s’est agacé le président du groupe écologiste au Sénat, Guillaume Gontard. Le message que vous envoyez à notre République, à nos concitoyens est terrible. Vous avez laissé passer tout ce discours sur ce fantasme de l’appel d’air migratoire. Ce vote n’est pas anodin, vous avez une véritable responsabilité. Et vous vous laissez entraîner par cette dérive ultra-droitière des Républicains. »Ces signaux contradictoires émis par le gouvernement ont également été épinglés à droite. « Vous avez votre avis, madame la ministre. J’ai cru comprendre que le ministre de l’intérieur avait un avis personnel différent », a ironisé le président du groupe LR, Bruno Retailleau, rappelant la position de Gérald Darmanin qui s’est dit, dans Le Parisien du 7 octobre, « favorable à titre personnel » à la transformation de l’AME en AMU, un bon compromis, selon lui, « entre fermeté et humanité ».
    Depuis que cette restriction du panier de soins réservés aux sans-papiers a été adoptée en mars par la commission des lois du Sénat, le camp présidentiel étale ses divisions entre les partisans et les opposants à la disparition de l’AME, jusqu’au sein du groupe Renaissance à l’Assemblée. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, puis le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, ont publiquement exprimé leur désaccord avec la position de leur homologue de l’intérieur. (...)
    Lundi matin sur France Inter, la première ministre, Elisabeth Borne, avait tenté une nouvelle fois de mettre fin à la confusion qui règne au sein de son gouvernement : « Je ne suis pas favorable à une suppression de l’AME. (…) Il faut absolument que dans notre pays on maintienne un système qui permet de soigner les personnes qui en ont besoin et qui permet de nous protéger aussi en termes de santé publique. » Gérald Darmanin, lui, fait peu cas de la solidarité gouvernementale et déploie sa tactique pour sécuriser les voix de la droite. « Borne a chargé Darmanin de faire adopter le texte. S’ils veulent changer le ministre de l’intérieur ou s’ils veulent envoyer quelqu’un d’autre au banc pour dire l’inverse, qu’ils le fassent », estimait-on place Beauvau, il y a quelques semaines.
    Pour tenter d’échapper au piège politique qui s’est refermé sur son gouvernement, Elisabeth Borne a missionné l’ancien ministre socialiste de la santé, Claude Evin, et le spécialiste des questions migratoires à droite, Patrick Stefanini, pour expertiser l’ensemble du dispositif. Déjà en 2019, un rapport de l’inspection générale des affaires sociales et de l’inspection générale des finances expliquait pourtant qu’une « réduction du panier de soins de l’AME paraît peu pertinente, y compris dans une perspective de diminution de la dépense publique ». En séance, mardi soir, la ministre des professionnels de la santé a renvoyé tout arbitrage sur la redéfinition de l’AME au rapport Evin-Stefanini, dont les conclusions sont attendues pour début décembre, avant l’examen du texte par les députés. « Si des mesures [du rapport] relèvent du législatif, elles seront peut-être mises dans le débat à l’Assemblée nationale », a précisé Mme Firmin Le Bodo.Face à cette victoire idéologique de la droite sur l’AME, les élus macronistes préfèrent relativiser quant à l’effectivité de sa suppression qui, selon eux, à l’instar d’autres mesures votées par la droite, ne résistera pas à une censure du Conseil constitutionnel. « Les quotas, la restriction des titres pour les étrangers malades et les étudiants, celle du regroupement familial et maintenant la création de l’AMU… C’est un peu le musée des horreurs, glose Sacha Houlié, le président Renaissance de la commission des lois à l’Assemblée, mais ce sont des cavaliers législatifs car ils n’ont pas de lien direct ou indirect avec le texte. » Dans la soirée de mardi, les sénateurs LR ont voté le rétablissement du délit de séjour irrégulier, un autre marqueur cher à la droite.
    A travers les différentes étapes de la navette parlementaire, les élus du camp présidentiel espèrent toujours pouvoir rétablir un texte conforme à leur vœu d’« équilibre ». Des arguments qui ne désarment pas les élus LR, bien décidés à faire adopter leur propre texte sur le dos du gouvernement. « Nous sommes conscients que le parcours parlementaire est un match en plusieurs manches. Si le texte est affaibli à l’Assemblée, nous ne voterons pas le texte et nous ferons capoter la commission mixte paritaire », prévient d’ores et déjà le chef de file de la droite sénatoriale, Bruno Retailleau.

    #Covid-19#migrant#migration#france#immigration#loiimmigration#AME#quota#etudiant#etranger#santepublique#sante#systemesante#regroupementfamilial

  • L’appel de 3 000 soignants : « Nous demandons le maintien de l’aide médicale d’Etat pour la prise en charge des soins des personnes étrangères »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/02/l-appel-de-3-000-soignants-nous-demandons-le-maintien-de-l-aide-medicale-d-e

    L’appel de 3 000 soignants : « Nous demandons le maintien de l’aide médicale d’Etat pour la prise en charge des soins des personnes étrangères »
    Tribune
    Nous, soignants de toutes spécialités et de toutes origines, souhaitons nous opposer fermement et de manière unie au projet de suppression de l’aide médicale d’Etat (AME) au profit d’un dispositif dégradé.
    L’AME est une aide sociale qui permet aux personnes étrangères en situation administrative irrégulière d’avoir accès aux soins. Il s’agit d’un outil de lutte contre les exclusions qui n’est accessible que pour les personnes dont les ressources sont inférieures à 810 euros par mois et qui font preuve d’une résidence stable en France.
    Les patients que nous soignons et qui bénéficient de l’AME ne sont pas, dans leur grande majorité, des personnes qui ont migré vers la France pour se faire soigner, mais des personnes qui ont fui la misère, l’insécurité ou qui l’ont fait pour des raisons familiales. Leurs conditions de vie difficiles en France les exposent à des risques importants : problèmes de santé physique et psychique, maladies chroniques, maladies transmissibles ou contagieuses, suivi prénatal insuffisant et risque accru de décès maternels.
    A ce titre, il s’agit d’une population prioritaire en matière de santé publique. Limiter leur accès aux soins aurait pour conséquence directe d’entraîner une dégradation de leur état de santé, mais aussi plus globalement celui de la population toute entière. En témoigne l’exemple malheureux de l’Espagne : la restriction de l’accès aux soins des étrangers en situation irrégulière votée en 2012 y a entraîné une augmentation de l’incidence des maladies infectieuses ainsi qu’une surmortalité. Cette réforme a finalement été abrogée en 2018.
    Nous, soignants du terrain, sommes extrêmement préoccupés à l’idée de devoir soigner dans un système de santé amputé de l’AME, car celui-ci serait alors exposé à un risque de paralysie. Les personnes étrangères sans papiers n’auraient d’autre choix que de consulter dans les permanences d’accès aux soins de santé (PASS) et les services d’accueil et d’urgences, déjà fragilisés et en tension, et qui se trouveraient à nouveau contraints d’assumer les conséquences de décisions politiques éloignées de nos réalités.
    Les barrières à l’accès aux soins sont déjà multiples pour ces patients. Les exclure encore davantage ne pourrait qu’entraîner leur renoncement aux soins et la dégradation de leur état de santé. L’éloignement du système de santé aboutit in fine à des retards de diagnostic, au déséquilibre et à l’aggravation des maladies chroniques, ainsi qu’à la survenue de complications. Le recours aux soins dans ce contexte survient en urgence avec des hospitalisations complexes et prolongées, parfois en réanimation, dans des structures déjà fragilisées, et à des coûts finalement bien plus élevés pour la collectivité, sans oublier les difficultés attendues à transférer ces patients en soins de suite et de réadaptation, qui requièrent une couverture maladie. Dans le contexte de crise que vit l’hôpital public, et dont le Covid-19 a été le révélateur, la remise en cause de l’AME ferait donc courir un risque majeur de désorganisation du système de santé, d’aggravation des conditions de travail des soignants et de surcoûts financiers importants.
    Nous, soignants exerçant en libéral, à l’hôpital, en centre de santé, en protection maternelle et infantile, dans les PASS, dans les structures de prévention et auprès d’associations, soignons les personnes sans papiers comme n’importe quels autres patients. Par humanité, et conformément au code de déontologie médicale auquel nous nous référons et au serment d’Hippocrate que nous avons prêté à la fin de nos études. C’est l’honneur de notre profession.
    Restreindre l’accès aux soins à une population fragilisée sur la base d’un critère de régularité du séjour est contraire à la majorité des textes en vigueur en France sur les droits de l’homme, qui stipulent que tout individu doit avoir accès aux soins quels que soient son origine et son statut. Ainsi, nous refusons d’être contraints à faire une sélection parmi les malades entre ceux qui pourront être soignés et ceux laissés à leur propre sort. Nous demandons le maintien de l’AME pour la prise en charge des soins des personnes étrangères.
    Au-delà de sa raison d’être humaniste, l’AME est aussi un outil essentiel à la santé des individus et à la santé publique. Leur santé, c’est aussi la nôtre. Les restrictions politiques ne feront qu’éprouver les corps, contribuer à la dégradation de la santé publique, compliquer la tâche des soignants et fragiliser un système de santé déjà exsangue. Nous appelons donc le gouvernement et nos élus à renoncer à tout projet portant atteinte à l’AME ou venant restreindre son périmètre, et à conforter l’accès à une couverture maladie pour tous.

    #Covid-19#migrant#migration#france#AME#PASS#sante#santepublique#politiquemigratoire#accueil#droit#exclusion#systemesante#urgence

  • Les médecins étrangers inquiets des « lenteurs » de la procédure pour obtenir une autorisation d’exercice
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/05/31/les-medecins-etrangers-inquiets-des-lenteurs-de-la-procedure-pour-obtenir-un

    Les médecins étrangers inquiets des « lenteurs » de la procédure pour obtenir une autorisation d’exercice
    Le Syndicat national des praticiens à diplôme hors UE a appelé à un rassemblement mardi devant le ministère de la santé. Les praticiens redoutent d’être prolongés dans un « statut précaire ».
    Par Camille Stromboni
    Publié aujourd’hui à 17h29, mis à jour à 18h27
    Cela fait plusieurs mois qu’ils alertent. Les médecins à diplôme étranger pointent désormais une « situation alarmante ». En particulier pour ceux d’entre eux qui attendent de se voir délivrer une autorisation de plein exercice en France, dans le cadre de l’une des principales procédures pour l’obtenir, sur dossier, qui doit s’achever au 31 décembre 2022.
    Un « retard considérable » a été accumulé par les agences régionales de santé et le centre national de gestion, chargés d’examiner les quelque 4 500 dossiers de praticiens à diplôme « hors Union européenne » (UE), dénonce le Syndicat national des praticiens à diplôme hors Union européenne (Snpadhue), qui appelait à un rassemblement, mardi 31 mai, devant le ministère de la santé. « Seuls 1 500 dossiers sont pour l’instant arrivés jusqu’au centre national de gestion, soutient Nefissa Lakhdara, secrétaire générale du Snpadhue. Nous refusons une prolongation de cette procédure après le 31 décembre, elle a déjà été allongée d’un an avec le Covid-19, les médecins veulent voir le bout du tunnel. Il n’est pas question d’être maintenus encore dans des statuts précaires, il faut mettre les moyens pour instruire tous les dossiers. »
    « Madame la ministre, les Padhue sont abattus », ont scandé quelques dizaines de praticiens réunis avenue de Ségur, à Paris, où des membres du cabinet de la nouvelle ministre de la santé et de la prévention, Brigitte Bourguignon, les ont reçus. Elle s’est engagée à « étudier toutes les voies possibles d’accélération du traitement des situations individuelles », rapporte le ministère.Exerçant sous différents statuts, les praticiens titulaires d’un diplôme venant d’un pays hors UE représentent un pan peu connu de l’hôpital, et pourtant crucial pour permettre à de nombreux services de tourner. La colère monte face à la « lenteur » de la procédure relevant du décret dit « stock », ouverte aux médecins étrangers ayant déjà exercé deux ans au moins dans un établissement de santé pour obtenir une autorisation d’exercice définitive, notamment par un examen de leurs dossiers par différentes commissions régionale et nationale.
    « Mon dossier n’est pas encore passé devant la commission nationale… si ça continue à traîner, mon diplôme ne sera pas validé, je n’aurais plus le droit d’exercer », s’inquiète Seif Zebouche, diplômé de médecine générale en Algérie, qui travaille depuis cinq ans aux urgences de l’hôpital de Montfermeil, en Seine-Saint-Denis. « Il faut aussi de la clarté sur les conditions pour valider, parce que pour l’instant, on ne demande pas la même chose à des médecins étrangers qui ont le même parcours, dit-il à propos des stages supplémentaires ou des formations demandées après l’examen du dossier. Pour l’instant, on reste complètement dans le flou, on ne sait pas ce qu’on va devoir faire. » Dans son service, qui comme beaucoup d’hôpitaux se prépare à un été difficile, ils sont 14 Padhue, sur 17 praticiens.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#systemesante#padhue#medecinetranger#diplomeetranger#horsUE

  • Bali to get international hospital, foreign doctors - Asia Times
    https://asiatimes.com/2021/12/bali-to-get-international-hospital-foreign-doctors

    Bali to get international hospital, foreign doctors
    New facility to provide top care for Indonesians who get treatment in Singapore, Malaysia, Thailand, Japan and the US
    Perturbed at Indonesians spending nearly US$7 billion a year on medical treatment abroad, the government is building an international hospital on a newly-closed golf course in Bali that will allow foreign doctors to actively practice in Indonesia for the first time. “If this comes to fruition, we expect that no more of our people will travel overseas to get health treatment,” President Joko Widodo told a December 28 ground-breaking ceremony for a project that is being undertaken in partnership with America’s famed Mayo Clinic. According to official statistics, more than two million wealthy Indonesians seek healthcare treatment in Singapore, Malaysia, Thailand, Japan and the United States in preference to local hospitals, many of which are not as bad as they are painted.Only last month, former president Susilo Bambang Yudhoyono flew to Minnesota for treatment of early-stage prostate cancer at the Mayo Clinic’s Rochester headquarters after consultation with his own team of Indonesian doctors. But while Singapore’s much-vaunted health system, in particular, plays an important role in providing second-opinion diagnosis and specialist care unavailable at home, many Indonesians travel there for easily-treatable minor ailments as well.
    That is until the onset of the Covid-19 pandemic. The case for an international hospital became more compelling when Singapore closed its doors to overseas visitors, shutting down its billion-dollar medical tourism industry and ruining the island’s reputation as a reliable safe haven. The new facility is being built on the 41-hectare Bali Beach Golf Course, a 50-year-old, nine-hole layout at the northern end of Sanur, the sleepy outpost favored by foreign pensioners and mostly elderly tourists on Bali’s east coast. Refurbished in 2005 on land owned by the State Enterprise Ministry, it is the second Bali golf course to close in four years. The stunning 18-hole Nirwana course has fallen into disrepair since billionaire Hary Tanoesoedibyo unsuccessfully tried to convert it into a six-star resort using the Donald Trump brand name. The new Bali International Hospital is scheduled to open in 2023 in what Widodo has described as a special economic zone, providing a convenient alternative for an estimated 600,000 Indonesians who now seek treatment abroad. Well aware of the shortcomings exposed during the pandemic, the president says the government will also intensify its efforts to attract investment in pharmaceutical plants to make drugs more readily available at a cheaper cost to its 270 million-strong population. State Enterprise Minister Erick Thohir, a key member of Widodo’s cabinet, says Indonesia hopes to reduce pharmaceutical raw material imports from 95% to 75% over the next four years, initially using locally-grown herbs and petrochemical derivatives.
    India’s pharmaceutical industry, by comparison, supplies 50% of the global demand for vaccines, 40% of the generic demand for the US and 25% of all medicines for the United Kingdom. The worldwide market was valued at about $1.1 trillion last year. The government has provided few details on the cost of the Bali venture, but the involvement of the Mayo Clinic has already stirred controversy because foreign doctors will likely become an integral part of the medical staff. When he first announced plans for the hospital last year, Maritime Affairs and Investment Coordinating Minister Luhut Panjaitan said Widodo had already approved a special visa for “first-class doctors who can practice and transfer technology.” The Indonesian Doctors’ Association strongly opposes opening up the local medical profession to foreign practitioners, but it may relent if the government confines any relaxation of the rule to oncologists and other specialists.
    The designation of a special economic zone may also mean that the Lippo Group’s Siloam chain and other privately-owned hospitals will be excluded from bringing in foreign doctors – apart from those now hired for purely administrative duties. The new facility will have 300 wards and space for 30 intensive care beds, in addition to a nursing school and also an academic research center to fill a requirement for more specialized care. A Mayo Clinic spokesperson has clarified that the organization will not be investing in the hospital, only in advising on its development, planning and design and also in honing administrative efficiencies and effectiveness when it begins operations.

    #Covid-19#migrant#migration#indonesie#bali#tourismemedical#pandemie#frontiere#circulation#care#accessante#systemesante

  • IOM Supports the UN COVID-19 Vaccination Roll-Out in Yemen - Yemen | ReliefWeb
    https://reliefweb.int/report/yemen/iom-supports-un-covid-19-vaccination-roll-out-yemen

    IOM Supports the UN COVID-19 Vaccination Roll-Out in Yemen
    Yemen received 360,000 COVID-19 vaccine doses through the COVAX Facility on 31 March. The roll-out of the vaccination campaign began on 20 April.
    COVID-19 has had severe consequences for the health, well-being and income of people in Yemen. The full impact can never be truly known, however, due to limited testing and reporting across the country.
    The monthly rate of positive COVID-19 cases reached over 2,400 in March, which was the highest confirmed in one month since the start of the pandemic. In April, the case rate continued to be higher than in previous months with more than 1,500 cases. As of early May, the case fatality rate reached over 19 per cent — the highest in the region.“Achieving wide-reaching immunity is vital to stopping the COVID-19 pandemic in its tracks. IOM is happy to support the vaccination campaign in Yemen to help reach that very aim,” said Christa Rottensteiner, IOM Yemen Chief of Mission.
    “It is extremely important that all vulnerable communities in Yemen have access to the COVID-19 vaccine. IOM welcomes the Government of Yemen’s decision to take an inclusive approach to the vaccine roll-out by including migrants in need. Our communities will not be healthy until everyone is healthy.”So far, over 18,500 health workers and people with medical conditions have been vaccinated across Yemen. In the next rounds of the vaccination campaign, migrants are expected to be included as per the national plan. IOM estimates that more than 32,000 migrants are currently stranded across Yemen, with limited access to health care, hygiene or other COVID-19 prevention and treatment resources.The vaccines being administered by IOM in the five health centres are provided through the COVAX Facility, which is a partnership between the Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI), Gavi, the Vaccine Alliance, the United Nations’ Children’s Fund (UNICEF) and the World Health Organization (WHO).Prior to the start of the vaccination campaign, IOM doctors were trained in administering the vaccine by WHO, UNICEF and the Ministry of Public Health and Population.The health centres where IOM is helping to carry out the vaccination campaign are already supported by the Organization through other means, including the provision of medicine, supplies, equipment, salary support and training. IOM is able to work with these health centres thanks to support from USAID’s Bureau for Humanitarian Assistance (BHA) and the Government of Japan.
    For greater effectiveness of vaccination campaigns across the world, IOM calls for the removal of any barriers that migrants and forcibly displaced persons may face in accessing the jab.The Organization has been supporting governments through health system strengthening, outreach to share information and combat vaccine hesitancy among communities, and operational support for transport and storage of doses, among other activities. IOM has also been implementing an extensive response to the COVID-19 pandemic since its start in 2020 through other health services such as the construction of quarantine centres, enhancing COVID-19 diagnostics through PCR testing, risks communication and community engagement and health worker training.

    #COvid-19#migrant#migration#yemen#sante#vaccination#systemesante#test#quarantaine#IOM#USAID

  • HCR - Des actions plutôt que des mots : Cinq conditions pour parvenir à l’équité dans la distribution des vaccins
    https://www.unhcr.org/fr/news/press/2021/10/617b9d36a/actions-plutot-mots-conditions-parvenir-lequite-distribution-vaccins.html

    Des actions plutôt que des mots : Cinq conditions pour parvenir à l’équité dans la distribution des vaccins. Déclaration conjointe des Nations Unies/ Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
    "En juin 2020, quelques mois après le début de la pandémie de COVID-19, les Nations Unies et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont conjointement appelé les gouvernements, le secteur privé ainsi que les organisations internationales et de la société civile à accélérer les efforts pour développer, tester et produire un “vaccin universel” sûr et abordable afin de protéger tout le monde, partout, et de mettre fin à la crise.Un vaccin pour tous devrait protéger les riches et les pauvres, les personnes âgées comme les jeunes, les personnes déplacées de force, les migrants, quel que soit leur statut migratoire, et plus largement les populations souvent négligées, tant dans les zones urbaines qu’au sein des communautés rurales.Quinze mois plus tard, grâce à des avancées scientifiques et technologiques extraordinaires, à une collaboration au niveau mondial et à une confiance mutuelle dans les aspects réglementaires, de multiples vaccins sûrs et efficaces contre le Covid-19 sont disponibles et administrés dans des pays du monde entier. Pourtant, malgré de grands discours sur une solidarité mondiale, l’objectif de disposer d’un “vaccin universel” est loin d’être atteint. La distribution équitable des vaccins est une priorité politique, morale et économique qui a jusqu’à présent été largement négligée."Profits à court-terme et nationalisme vaccinal continuent de l’emporter sur la solidarité lorsqu’il s’agit d’une distribution équitable des vaccins. Bien que plus de 48% de la population mondiale ait reçu au moins une dose de vaccin, ce pourcentage tombe autour de 3% dans les pays à faible revenu. La situation est particulièrement préoccupante dans les pays en proie à une crise humanitaire qui ont besoin d’environ 700 millions de doses supplémentaires pour atteindre l’objectif de l’Organisation mondiale de la santé de vacciner 40% de leur population d’ici la fin de l’année.
    Plus de la moitié des pays ayant lancé un appel humanitaire n’ont pas assez de doses pour vacciner ne serait-ce que 10% de leur population. Sept pays parmi les plus pauvres au monde ne peuvent même pas vacciner 2% de leur population (Burundi, Cameroun, Haïti, République démocratique du Congo, Soudan du Sud, Tchad et Yémen). Les pays riches qui disposent de quantités importantes de vaccins se sont généreusement engagés à faire don de leurs doses excédentaires aux pays à revenu faible ou intermédiaire via le dispositif COVAX. Cependant, trop peu de ces promesses de dons ont été honorés. La disponibilité des doses pour les plus vulnérables reste limitée par les restrictions à l’exportation et la réticence des pays à céder leur place dans la chaîne de production au dispositif COVAX, même s’ils ne peuvent pas utiliser ces doses immédiatement.Le « Tampon humanitaire » du mécanisme COVAX est ouvert aux candidatures depuis juin 2021. Ce dernier devrait constituer une solution de dernier recours pour garantir l’accès aux vaccins aux personnes déplacées, ainsi qu’à d’autres populations vulnérables dans le monde. Il s’inscrit également dans le cadre des efforts visant à réduire les inégalités qui, autrement, compromettraient la reprise sociale et économique dans les zones en proie à une crise humanitaire. Il est donc urgent d’augmenter l’offre, de partager les vaccins et de veiller à leur accessibilité pour tous. Mais la disponibilité des doses de vaccin ne constitue qu’une partie de la solution à cette crise. Nous devons veiller à ce que les vaccins circulent des tarmacs des aéroport aux bras des personnes les plus vulnérables, notamment les réfugiés, les migrants, les demandeurs d’asile, les apatrides et ceux qui vivent dans des régions contrôlées par des groupes armés ou affectés par des conflits armés. Il est indispensable d’investir davantage dans les mécanismes et les capacités de distribution au niveau local, non seulement pour garantir une livraison rapide et équitable des vaccins, mais aussi pour renforcer les systèmes de santé nationaux en vue d’une préparation et d’une réponse plus efficaces aux pandémies. Partout dans le monde, les efforts déployés pour enrayer la pandémie sont sapés par la méfiance qui engendre des réticences à l’égard des vaccins. Plus que jamais, il est important de travailler avec et au sein des communautés, notamment en s’appuyant sur les médias sociaux et des réseaux communautaires, afin de créer un climat de confiance et de renforcer la confiance dans l’efficacité et la sécurité des vaccins. Les activités qui renforcent le soutien aux acteurs locaux et qui s’attaquent à la désinformation sont essentielles pour garantir le succès de la distribution des vaccins aux communautés locales, notamment celles les plus vulnérables.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#UNHCR#croissantrouge#croixrouge#vaccination#inclusion#personnedeplacee#refugie#systemesante#vulnerabilite

  • Covid-19 : l’île Maurice confrontée à une forte augmentation de cas avant sa réouverture complète aux touristes
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/09/14/covid-19-l-ile-maurice-confrontee-a-une-explosion-de-cas-avant-sa-reouvertur

    Covid-19 : l’île Maurice confrontée à une forte augmentation de cas avant sa réouverture complète aux touristes. Depuis la mi-juillet, le nombre de contaminations a été multiplié par plus de cinq, soit l’augmentation la plus importante enregistrée sur cette période.
    Les hôpitaux sont saturés, les respirateurs artificiels sont rares et le cimetière où étaient enterrées les victimes du Covid-19 est plein : l’île Maurice fait face à une forte augmentation de cas qui interpelle, à moins de trois semaines de la réouverture complète de ses frontières. Officiellement, tout est prêt pour accueillir les touristes au 1er octobre dans ce paradis de l’océan Indien prisé pour ses plages immaculées et ses eaux cristallines. L’objectif de vacciner 60 % de la population a été dépassé, avec 61 % des Mauriciens ayant reçu au moins deux doses au 11 septembre, ont notamment souligné la semaine dernière les autorités, qui ont rendu la vaccination obligatoire dans certaines activités, dont le secteur touristique, sous peine d’amendes ou de peines de prison. Mais, loin des discours officiels et des campagnes promotionnelles, l’île bruisse d’inquiétude. « La situation empire, mais il y a des instructions pour que nous ne communiquions pas, affirme un médecin sous couvert d’anonymat. La priorité du gouvernement est d’assurer une ouverture en douceur des frontières le 1er octobre. » Le 15 juillet, le pays a rouvert ses frontières uniquement aux personnes vaccinées, qui devaient rester dans des « bulles de villégiature » pendant quatorze jours avant d’être autorisées à s’aventurer plus loin sous réserve d’un test PCR négatif. A partir du 1er octobre, les touristes – vaccinés ou non – seront libres de leurs mouvements dès lors qu’ils auront un test PCR négatif datant de 72 heures avant leur arrivée sur l’île. Cette réouverture est très attendue dans le secteur touristique, qui représente 25 % du PIB de l’île et 250 000 emplois directs et indirects. Hôtesse d’accueil dans un hôtel, Diana Mootoosamy « appréhende » cette réouverture. « Il n’y a plus la quarantaine de quatorze jours et, du coup, nous nous retrouvons sans filet de protection. En accueillant les touristes, allons-nous attirer des devises ou des variants ? », se demande-t-elle.Depuis la réouverture partielle, à la mi-juillet, le nombre de cas a été multiplié par plus de cinq, de 2 461 le 16 juillet à 12 616 le 10 septembre. Cette augmentation est de loin la plus importante en Afrique sur cette période, selon les données compilées par l’AFP. Depuis le début de la pandémie, Maurice a enregistré 1 005 cas pour 100 000 habitants, un chiffre nettement supérieur à la moyenne africaine (598). Le gouvernement impute cette hausse à un relâchement des comportements et rappelle que les nouveaux cas sont majoritairement asymptomatiques.
    Accusées par la population de minimiser le nombre de morts, les autorités ont revu le bilan à la hausse, vendredi 10 septembre. Initialement annoncé à 34, le nombre de décès a été porté à 89 depuis le début de la pandémie. Mais le ministre de la santé a souligné que la majorité d’entre eux n’étaient pas causés directement par le Covid-19 mais résultaient de comorbidité.
    Au cimetière Bigara, où sont enterrées les victimes du Covid-19, la zone dévolue à la pandémie est pleine. Les corps sont désormais inhumés à Bois-Marchand, dans le nord de l’île, déclenchant la colère des riverains. Le 8 septembre, certains ont lancé des pierres sur un convoi des autorités sanitaires venu enterrer des corps.Le discours officiel suscite la méfiance. « On avait fermé le pays, mais le nombre de cas explose. Maintenant, avec une frontière ouverte comme une fenêtre, il y a de quoi frémir », estime Paul Pierre, chauffeur de taxi, s’interrogeant sur l’efficacité des vaccins. Un variant, baptisé C.1.2, a été détecté mais il s’agit d’un variant « classique » et non d’un variant sujet d’inquiétude, a affirmé Laurent Musango, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l’île.
    Malgré tout, l’état des hôpitaux n’est pas de nature à rassurer. « Les gens ne réalisent pas à quel point la situation est grave. On nous parle de nombreux cas asymptomatiques, mais nous sommes déjà au-dessus de nos capacités en termes de cas symptomatiques », affirme une infirmière d’un centre de traitement du Covid-19.

    #Covid-19#migrant#migration#maurice#sante#frontiere#circulation#tourisme#morbidité#test#mortalite#systemesante

  • Covid-19 : en Nouvelle-Calédonie, la vaccination sera obligatoire pour tous les adultes, y compris les touristes
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/03/covid-19-la-nouvelle-caledonie-adopte-l-obligation-vaccinale-pour-toutes-les

    Covid-19 : en Nouvelle-Calédonie, la vaccination sera obligatoire pour tous les adultes, y compris les touristes. Cette obligation, adoptée vendredi à l’unanimité par le Congrès calédonien, fait l’objet d’un vaste consensus politique.
    La vaccination contre le Covid-19 va devenir obligatoire pour toutes les personnes majeures en Nouvelle-Calédonie, alors que seulement 30 % de la population du territoire est à ce jour entièrement vaccinée. Au total, 44,6 millions de personnes sont complètement vaccinées contre le Covid-19 en France, ce qui représente 66,5 % de la population. Cette obligation, adoptée vendredi 3 septembre à l’unanimité par le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, s’appliquera également à tous les voyageurs souhaitant se rendre dans l’archipel, rare territoire au monde encore exempt de Covid-19. Elle ne s’applique ni aux mineurs ni aux personnes présentant une contre-indication médicale. La mesure fait l’objet d’un vaste consensus politique en Nouvelle-Calédonie. Elle doit permettre de donner un coup d’accélérateur à la vaccination. Les autorités s’inquiètent d’une possible introduction du virus, qu’elles jugent très probable en raison de la forte contagiosité du variant Delta du SARS-CoV-2, malgré les conditions de quarantaine strictes imposées aux personnes autorisées à entrer sur le territoire. La faiblesse du taux de vaccination contrarie également la volonté du gouvernement de rouvrir les frontières au 31 décembre.
    Les experts estiment que seule une couverture vaccinale d’au moins 60 % pourrait éviter au système de santé de s’effondrer en cas d’épidémie. Le manque de personnel spécialisé est criant en Nouvelle-Calédonie, notamment du fait des restrictions d’accès au territoire mises en place en mars 2020 en raison de la crise sanitaire.Le texte voté vendredi ne prévoit toutefois pas, pour l’instant, de sanctions pour les personnes qui refuseraient de se faire vacciner. Une amende de 175 000 francs Pacifique (1 475 euros) sera en revanche infligée aux personnes exerçant une profession jugée à risque (agents aéroportuaires, personnel de santé, etc.) non vaccinées avant le 31 décembre. « Mais si nous voyons que cela ne suffit pas, nous introduirons des sanctions aussi pour la population générale », a précisé Milakulo Tukumuli, président de la commission permanente du Congrès.

    #Covid-19#migrant#migration#nouvellecaledonie#sante#vaccination#obligationvaccinale#systemesante#tourisme#frontiere

  • Covid-19 : le défi de la vaccination des plus démunis
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/24/covid-19-le-defi-de-la-vaccination-des-plus-demunis_6092166_3224.html

    Covid-19 : le défi de la vaccination des plus démunis
    Aller à la rencontre des publics précaires là où ils sont. Là où ils passent. Là où « ils se sentent en confiance », lance Nicole Verdié, responsable du service d’aide à la personne des Restos du cœur de Haute-Garonne. Depuis le début de l’été, les associations qui viennent en aide aux plus démunis profitent des opérations de distribution de colis alimentaires pour les renseigner sur la vaccination contre le Covid-19 et les aider à la prise de rendez-vous. Ici, au centre Grande-Bretagne des Restos, au sein du quartier Casselardit, à Toulouse, tout le monde l’appelle Marie-Do. Un petit gabarit de 1,52 mètre, Marie-Dominique Schadle, ex-infirmière de 75 ans qui cavale avec l’énergie d’une jeune fille, un sac « Flower Happy Summer » à l’épaule, une boîte à chaussures sous le bras. Le sac est rempli de masques qu’elle distribue à tous les bénéficiaires – « On vient de recevoir plusieurs cartons pour adultes, dit-elle, mais pas pour les enfants, c’est dommage, c’est bientôt la rentrée scolaire » – ; la boîte contient des petites plaques de couleur avec des numéros gravés dessus, qui déterminent l’ordre de passage pour pouvoir remplir son chariot.C’est Marie-Do, bénévole aux Restos depuis douze ans, qui accueille les hommes et les femmes qui se présentent à la porte en ce matin du vendredi 20 août, elle qui pose la question du jour : « Etes-vous vacciné ? » Puis, une seconde, en cas de réponse négative : « Voulez-vous vous faire vacciner ? » « Non ! », répond prestement Ahmed, 47 ans, au chômage. Ahmed est d’humeur un peu râleuse. Il a trop chaud, il veut attendre son tour à l’ombre et il ne veut pas du vaccin. Il « attend ». Il ne sait pas ce qu’il attend, mais il attend. « P’t-être que oui, je le ferai, p’t-être que non, p’t-être à la fin du mois d’août », lâche-t-il, un brin sur la défensive. Marie-Do n’insiste pas. « On ne les oblige pas, ils font ce qu’ils veulent, souligne-t-elle. Beaucoup s’inquiètent de savoir s’ils pourront continuer à venir aux Restos s’ils ne sont pas vaccinés. Je leur dis que, pour l’instant, oui, mais qu’on ne sait jamais. En tout cas, je ne fais pas de chantage. »
    Dans le petit jardin de la cour intérieure du bâtiment qui abrite l’association, Raphaële Valsangiacomo et Hassan Ayeva, conseillers mission accompagnement santé de l’Assurance-maladie (CPAM) du département, ont installé deux tables, deux ordinateurs et une affiche : « Prise de rendez-vous vaccination anti-Covid ». Il y a quelques jours, les bénévoles y ont retrouvé une inscription au stylo-bille vert : « On n’est pas des cobayes. » C’est la troisième opération de ce type depuis le 16 juillet au centre Grande-Bretagne, qui compte 355 familles inscrites. Ce programme, mis en place depuis le mois de juin dans une cinquantaine de départements en partenariat avec la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), fait partie des dispositifs « aller vers » destinés à toucher les personnes les plus éloignées des soins, et donc de la vaccination. Sans papiers, sans domicile fixe, sans emploi, sans carte Vitale, sans numéro de Sécurité sociale… « Nous mettons tout en œuvre pour que l’inégalité d’accès aux soins ne se reproduise pas une nouvelle fois », explique Patrice Douret, le président des Restos du cœur, qui comptent 2 000 centres en France métropolitaine et en Corse. L’homme fait référence aux populations précaires qui ont enregistré des taux de surmortalité supérieurs à la moyenne depuis le début de la pandémie. « Dès le départ, ils ont été très nombreux à nous faire part de leur difficulté à comprendre ce qu’est le vaccin », poursuit-il. Problèmes de langue, fracture numérique, réticences de fond… Les raisons pour lesquelles ils ne sont pas vaccinés sont multiples. « Beaucoup de gens sont méfiants, ils entendent beaucoup de choses, confirme Véronique Fréchin, responsable de l’action sociale de l’Assurance-maladie de Haute-Garonne. Mais on ne manie pas la trique. Nos conseillers sont là pour transmettre une information. »
    Ouafaa, 26 ans, et son mari, Rabah, habitent depuis deux ans dans un hôtel d’hébergement d’urgence, près de l’aéroport de Blagnac. Originaires d’Algérie, ils ont deux filles, pas de papiers, pas d’ordinateur et un seul téléphone portable pour toute la famille. « On m’a dit que le vaccin, c’était bien pour éviter le Covid, mais on ne savait pas comment prendre un rendez-vous », explique la jeune femme, dans un français rudimentaire. Enceinte, elle ignore également s’il est indiqué de recevoir la première dose. « Suivez l’avis de votre médecin, recommande Hassan Ayeva. Et, si ça peut vous rassurer, vous pourrez également poser la question à un médecin au centre de vaccination. » lbanais, arabe, russe… Les deux conseillers de l’Assurance-maladie et Marie-Do sont des habitués de Google Translate. Ainsi, quelques minutes plus tard, avec deux femmes albanaises. « Data e lingjes [“date de naissance”] », leur demande Raphaële Valsangiacomo, en leur montrant simultanément l’écran de son ordinateur. Un exercice difficile. Quelques minutes plus tard, un couple originaire du Maghreb se présente devant les conseillers de la CPAM. Ils ne parlent pas français, mais on comprend que la peur du gendarme les avait jusqu’ici empêchés de prendre rendez-vous. Ils sont en situation irrégulière, ils n’ont pas de papiers, pas d’assurance-santé, ils étaient convaincus qu’ils n’y avaient pas droit. « Grâce à nos créneaux prioritaires, on peut leur proposer des dates très rapidement, se félicite Hassan Ayeva. Si on leur donne un rendez-vous dans plusieurs semaines, ils n’iront pas, beaucoup sont en situation de grande précarité, ils ne savent pas où ils seront dans quinze jours. »
    Un processus rapide, efficace aussi avec les plus réticents. Ahlem, caissière de supermarché âgée de 28 ans, pensait que le vaccin était payant. Mais pas seulement. « On ne sait pas trop ce qu’il y a dans ces trucs-là, les effets secondaires, les effets sur le long terme… », explique-t-elle. Mais voilà, elle reprend le travail dans quelques jours. « Je vais croiser 1 000 personnes par jour, je me dis que je n’ai plus trop le choix », conclut-elle. Samson, originaire du Nigeria, ne parle pas un mot de français, il communique en anglais. Accompagné de ses deux jeunes enfants, Marvelous et Precious, il est convaincu que la loi l’y contraint. Aïcha, elle aussi se sent un peu « obligée ». « J’étais pas trop sûre, même les personnels de santé refusent de se faire vacciner, mais avec l’école, les centres commerciaux… Il faut le passe sanitaire… alors bon… » « Sans vaccin, je ne suis pas libre », estime pour sa part Chahinez, 33 ans, originaire d’Algérie. Sur les 1 400 personnes venues chercher des colis dans les différents sites de distribution alimentaire en Haute-Garonne, plus de 200 ont pris un rendez-vous vaccination au cours de la dizaine d’opérations menées entre les mois de juin et août. L’Assurance-maladie du département s’est également associée au Secours catholique, au Forum des réfugiés, à Médecins du monde ou encore à l’université fédérale de Toulouse.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#inegalite#vaccination#inclusion#systemesante#accessante#precarite#sensiblisation

  • Covid-19 : près de 400 soignants arrivent en renfort aux Antilles, la Polynésie durcit son confinement
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/21/covid-pres-de-400-soignants-arrivent-en-renfort-a-la-guadeloupe-et-a-la-mart

    Covid-19 : près de 400 soignants arrivent en renfort aux Antilles, la Polynésie durcit son confinement. « La situation est extrêmement tendue » dans les Antilles, où des patients sont évacués en avion vers la métropole. La Polynésie ferme aussi ses écoles.
    Tous volontaires, jeunes pour la plupart, parfois prévenus à la dernière minute, plus de 400 professionnels de santé se sont envolés vendredi 20 août pour les Antilles pour prêter main-forte aux hôpitaux martiniquais et guadeloupéens, débordés par le Covid-19. Ils répondent à l’appel lancé le 8 août par le ministre de la santé, Olivier Véran, pour soulager les hôpitaux sous très haute tension. A l’aéroport parisien d’Orly, 270 soignants ont pris place à bord d’un vol Air France à destination de Point-à-Pitre, venus de toutes les régions métropolitaines « qui ne sont pas en tension » hospitalière. S’y ajoutaient 60 pompiers de Paris et une cinquantaine de passagers rentrant ou se rendant à la Guadeloupe malgré le confinement.
    Un autre vol, affrété par Corsair, est parti dans l’après-midi à destination de la Martinique, avec environ 150 soignants, dépêchés en renfort ou pour relever les premiers volontaires déjà sur place. En effet, 240 professionnels sont partis le 10 août, puis environ 120 mardi. Des tonnes de matériel médical, notamment des extracteurs d’oxygène permettant à certains malades d’être traités chez eux plutôt qu’à l’hôpital, sont convoyées aux Antilles et des évacuations sanitaires opérées vers la métropole. Pour désengorger les hôpitaux, certains patients non atteints du Covid sont également acheminés en métropole sur des vols réguliers : quatre de Pointe-à-Pitre et trois de Fort-de-France depuis le début de la semaine, selon un porte-parole d’Air France. Le variant Delta, combiné à une couverture vaccinale limitée (20 % de la population complètement vaccinée, contre 60 % au niveau national), a plongé les deux départements antillais dans une situation critique. Plus de 40 % des morts français du Covid-19 ces dernières vingt-quatre heures, soit 53 décès sur 127, provenaient de Guadeloupe ou de Martinique.

    #Covid-19#migration#migrant#france#martinique#guadeloupe#sante#outremer#systemesante#circulationtherapeutique#evacuationsanitaire#personnelsoignant#metropole

  • Variant Delta du Covid-19 : en Polynésie française, les soignants contraints de pratiquer une « médecine de guerre »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/22/variant-delta-en-polynesie-francaise-les-soignants-contraints-de-pratiquer-u

    Variant Delta du Covid-19 : en Polynésie française, les soignants contraints de pratiquer une « médecine de guerre » Avec un taux d’incidence supérieur à 2 800 cas pour 100 000 habitants, la Polynésie française est le territoire des outre-mer le plus touché par le Covid-19. Au centre hospitalier de Tahiti, les médecins se voient contraints de trier les patients.

    En un mois, la Polynésie est passée de quelques dizaines de cas à près de 8 000, pour une population de 280 000 habitants. Et surtout, la diffusion du variant Delta, avec un taux d’incidence de près de 2 800 cas pour 100 000 habitants, a fait monter les hospitalisations en flèche : aucune à la mi-juillet, contre 329 le samedi 21 août dans l’ensemble de la Polynésie, dont 40 en réanimation.(...°
    Mais il manque aussi des soignants. Quinze infirmiers de la réserve sanitaire sont arrivés de métropole il y a une semaine, et huit volontaires de Nouvelle-Calédonie jeudi. C’est encore trop peu, d’autant que la plupart ne sont pas spécialisés en réanimation, le service qui en a le plus besoin. Le président de la Polynésie française, Edouard Fritch, a lancé un nouvel appel à la France pour obtenir d’autres renforts. Le ministère de la santé a annoncé, samedi, que sept infirmières et infirmiers et trois médecins anesthésistes-réanimateurs rejoindraient Papeete mercredi 25 août. Des renforts jugés encore insuffisants. La dispersion des îles et atolls sur une surface grande comme l’Europe rend, par ailleurs, les évacuations sanitaires vers l’hôpital longues et complexes. « Il y a beaucoup de décès avant qu’on arrive dans les îles », déplore le docteur Vincent Simon, chef du SAMU. Il reçoit plus de 400 appels par jour, contre 150 à 200 en temps normal.

    #Covid-19#migrant#migration#france#polynesie#outremer#sante#circulationtherapeutique#personnelsoignant#systemesante#variant#reservesanitaire

  • Tunisie : les étrangers invités à participer à une journée nationale de vaccination - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/34164/tunisie-les-etrangers-invites-a-participer-a-une-journee-nationale-de-

    Tunisie : les étrangers invités à participer à une journée nationale de vaccination
    Dimanche 8 août, une journée nationale de la vaccination a été organisée en Tunisie. Un million et demi de doses ont été mises à la disposition de plusieurs centaines de centres à travers tout le pays. Les étrangers les plus âgés - qu’ils soient résidents ou en situation irrégulière - étaient invités à se faire vacciner. Matthias Raynal est parti à la rencontre des ressortissants d’Afrique subsaharienne qui vivent à Tunis. Dans ce salon de coiffure tenu par un Congolais, le maniement des ciseaux est minutieux. Les clients attendent leur tour sur un fond de musique du pays. Si la situation sanitaire commence à s’améliorer, la Tunisie vient de connaître des semaines très difficiles. Beni Moussaï, un étudiant de 21 ans raconte comment il a vécu cette période : "C’était vraiment pénible. Même mes parents au pays étaient vraiment inquiets. Le covid-19 fait beaucoup de dégâts. Je pense que le vaccin jusqu’à présent, c’est vraiment le remède efficace et j’encourage mes frères subsahariens à aller se faire vacciner."Le message est bien reçu par son ami Chilo Mouniapara. Il est très heureux de pouvoir le faire en Tunisie : "Je viens du Congo et je suis ici en Tunisie. Si je ne me fais pas vacciner, comment je vais faire pour m’en sortir ? Une fois que tu résides en Tunisie, tu as le droit de te faire vacciner."La constitution tunisienne oblige l’État à soigner tous ceux qui vivent sur son territoire. Dans les faits, le manque de connaissance du système de santé par exemple ou encore les discriminations freinent l’accès à la santé. C’est encore plus compliqué pour les personnes en situation irrégulière. « En Tunisie, pour nous, les Subsahariens, quand tu n’as pas de papiers, c’est difficile quand même. Et concernant la vaccination, il faut aussi privilégier [les sans-papiers, ndlr] parce que si on les met de côté, c’est renoncer aux droits humains. Tout le monde a le droit à la santé », estime Beni Moussaï. Les deux étudiants vont patienter encore un peu. La Tunisie devrait commencer à vacciner les plus jeunes dans les prochaines semaines.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#sante#vaccination#inclusion#systemesante#droit#discrimination#subsaharien

  • En Tunisie, le Covid-19 fragilise encore davantage les migrants - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/34152/en-tunisie-le-covid-19-fragilise-encore-davantage-les-migrants

    En Tunisie, le Covid-19 fragilise encore davantage les migrants
    Depuis le début de l’été, la Tunisie est frappée par une nouvelle vague de coronavirus. Une situation sanitaire très critique, qui touche de plein fouet les migrants installés dans le pays. Accéder aux soins de santé et trouver un travail, même informel, relèvent désormais du parcours du combattant.
    Funeste été pour la Tunisie. Avec 2 987 morts, ce mois de juillet 2021 enregistre le pire taux de mortalité au coronavirus depuis le début de la pandémie. Le pays compte même l’un des plus forts taux de mortalité en Afrique, avec plus de 100 décès enregistrés chaque jour. Cette situation sanitaire très critique, doublée d’une crise politique majeure, rend encore plus difficile qu’il ne l’était déjà le quotidien des 12 millions de Tunisiens, mais aussi des migrants vivant dans le pays. L’accès aux soins de santé est devenu, par exemple, « presque mission impossible », les hôpitaux et les centres médicaux étant « débordés », affirme Mongi Slim, directeur de l’antenne du Croissant-Rouge à Médenine, dans le sud du pays.
    « Nous n’avons pas relevé de comportements discriminatoires à l’égard des migrants, mais il est clair que la prise en charge médicale est très compliquée, confirme Romdhane Ben Amor, du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Le plus gros problème, aujourd’hui, c’est l’accès aux vaccins contre le Covid-19 ».Pour les sans-papiers, « il n’y a aujourd’hui aucune solution », déplore-t-il. « Même si, officiellement, toutes les personnes âgées de plus de 40 ans sont désormais éligibles au vaccin, c’est peine perdu pour les sans-papiers, qui sont dans l’impossibilité de justifier leur âge », déplore le militant. Pour obtenir un rendez-vous, la plate-forme dédiée Evax exige en effet des justificatifs d’identité, passeports ou cartes de séjour. « Les migrants qui ont perdu leurs papiers lors d’un sauvetage en mer ou sur les routes sont donc automatiquement exclus de la vaccination », explique-t-il.En guise de justificatifs, « les migrants peuvent fournir une carte consulaire ou une carte spécifique que remettent certaines associations », tempère Alice Sironi, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), à Tunis. Mais « pour plus d’efficacité », le FTDES demande, lui, une régularisation des sans-papiers vivant sur le territoire, « même provisoire ». « Pour qu’au moins, ils puissent être protégés », avance Romdhane Ben Amor.
    Exclus de la campagne de vaccination, les sans-papiers subissent aussi de plein fouet le ralentissement de l’économie dû aux restrictions sanitaires. « La plupart travaille dans le secteur informel, dans le tourisme ou les services, les domaines les plus touchés par la pandémie, affirme Mongi Slim. Et comme ces heures de travail ne sont pas déclarées, les migrants n’ont pas touché d’aides de l’État. L’arrêt de ces activités a entrainé une perte totale de salaires »."La vie est encore plus compliquée ici avec la crise sanitaire, confirme Éric*, un Ivoirien de 26 ans, qui vit en Tunisie depuis deux ans. Les sources de revenus se font de plus en plus rares, dans tous les secteurs". Abdou, un Sénégalais de 53 ans assure lui aussi « qu’il est aujourd’hui très difficile de travailler, surtout avec la fermeture des cafés et des restaurants tôt le soir, à cause du couvre-feu ».
    Avant le début de la pandémie, 72% des bénéficiaires de l’OIM avaient un emploi. Après le premier confinement, en mars, ils n’étaient plus que 9%. En octobre, le chiffre est monté à 27%, « mais cela montre bien la violence avec laquelle la crise a frappé les migrants installés en Tunisie », constate elle aussi Alice Sironi.Pour les demandeurs d’asile en attente d’une réponse, « la situation est tout aussi compliquée », assure Chiara Calvatti, du bureau du Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) de Tunis. « Car leur carte de demandeur ne leur permet pas de travailler. Alors bien souvent ils se tournent vers des petits boulots non déclarés, qui avec la crise, n’embauchent plus ». Pour Mongi Slim, « la crise du Covid a beaucoup appauvri les migrants ». « Résultat : nous faisons face à une vague de départs jamais vue. D’habitude, nous accueillons un bateau par mois sur nos côtes. Ces dernières semaines, c’est un bateau tous les deux jours ». Depuis le mois d’avril, le centre d’hébergement du Croissant-Rouge à Médenine est « saturé » d’exilés, originaires « du Bangladesh, du Maroc, du Nigeria et même du Kenya ».
    Des personnes qui partagent des embarcations de fortune avec des Tunisiens, poussés eux aussi à l’exil par la crise. En juillet, près de 4 000 personnes partis de Tunisie par la mer sont arrivés sur les côtes italiennes. Et en seulement deux jours, début août, les autorités tunisiennes ont arrêté 115 personnes qui s’apprêtaient à prendre la mer. Elles ont saisi dans des maisons abandonnées des moteurs de bateaux, du carburant, des gilets de sauvetage, un GPS ainsi que de l’argent."La Tunisie est, certes, un pays bien plus stable et moins dangereux que le voisin libyen. Mais la situation sanitaire et économique actuelle ne donne pas envie aux migrants d’y rester, affirme Chiara Calvatti. Il reste un pays de transit. Même ceux qui obtiennent le statut de réfugié finissent par partir".

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#sante#systemesante#vaccination#exclusion#crise#economie#exil#transit

  • Covid-19 : situation « extrêmement grave » aux Antilles, nouveau couvre-feu en Polynésie
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/10/covid-19-les-touristes-invites-a-quitter-la-martinique-en-deuxieme-phase-de-

    Covid-19 : situation « extrêmement grave » aux Antilles, nouveau couvre-feu en Polynésie
    La quatrième vague de Covid-19 continue de progresser en France, frappant particulièrement les territoires d’outre-mer. Selon les chiffres publiés par Santé publique France, lundi 10 août, le nombre de patients en soins critiques est désormais de 1 667 (111 de plus que la veille), contre 1 232 il y a une semaine. Les hôpitaux accueillaient, lundi, plus de 9 000 personnes atteintes du Covid-19, dont plus de 800 ont été admises au cours des dernières vingt-quatre heures – un chiffre qui n’avait pas été atteint depuis le 27 juin.
    La crise sanitaire est « extrêmement grave » aux Antilles avec des taux d’incidence « jamais connus » en France, a affirmé le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, avant de se rendre sur place, mardi. « Ce sont des taux d’incidence que l’on n’a jamais connus dans ces territoires, mais aussi dans tous les territoires de la République confondus », a alerté le ministre. « Il tombe sous le sens que nous allons devoir évidemment durcir les mesures de freinage tant il y a urgence », a-t-il estimé au sujet de la Guadeloupe.
    Dans ce territoire déjà soumis à un nouveau confinement, pour l’heure moins strict que celui de la Martinique, les chiffres augmentent aussi : du 2 au 8 août, le taux d’incidence atteignait 1 769 pour 100 000 habitants, contre 876 la semaine précédente ; on recensait 6 669 cas, dont 2 500 environ durant le seul dernier week-end.
    M. Lecornu et le ministre de la santé, Olivier Véran, se rendront ensuite à la Martinique, jeudi, où la situation a été qualifiée d’« extrêmement préoccupante » par l’agence régionale de santé. Au total, 240 soignants, répartis dans deux avions (un pour la Guadeloupe, un pour la Martinique), doivent s’envoler de Paris, mardi, pour une mission d’appui de quinze jours dans les Antilles. Face à l’afflux de patients, les deux îles ont procédé, au début d’août, aux premières évacuations de patients vers des hôpitaux de la métropole.

    #Covid-19#migrant#migration#france#metropole#guadeloupe#martinique#sante#personnelsoignant#circulationtherapeutique#systemesante#tauxincidence

  • Covid-19 : faute de doses, des Iraniens vont se faire vacciner en Arménie
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/07/26/les-iraniens-en-quete-de-vaccins-contre-le-covid-19-en-armenie_6089577_3210.

    Covid-19 : faute de doses, des Iraniens vont se faire vacciner en Arménie
    Alors que la campagne vaccinale piétine en Iran, de nombreux Iraniens se rendent à Erevan où les doses de vaccins en trop sont offertes gratuitement aux touristes étrangers. Dans la salle à manger de l’hôtel Congress, à Erevan, en cette fin du mois de juin, un joyeux brouhaha résonne en langue persane parmi les clients prenant le petit déjeuner. Entre les convives, majoritairement iraniens, nul besoin de se connaître pour entamer la conversation. Les liens se tissent rapidement et les conseils s’échangent : comment et où se faire vacciner ? A quels effets secondaires s’attendre après la piqûre ? Quel médicament prendre pour arrêter la fièvre et les frissons ? « Je suis complètement courbaturée. Mais mon mari brûlait de fièvre hier soir. C’est pour ça que je ne me plains pas », s’exclame Mina, une Iranienne aux longs cils artificiels, assise face à son mari, Houman, qui sirote son café.
    Alors que la campagne vaccinale en Iran piétine, de nombreux Iraniens se rendent en Arménie voisine, où ils n’ont pas besoin de visa, pour se faire vacciner contre le Covid-19. Dans ce petit pays de trois millions d’habitants, meurtri par une guerre avec l’Azerbaïdjan en 2020, peu de gens sont convaincus de la nécessité de se faire vacciner. Les dirigeants arméniens ont donc décidé, dans le but de promouvoir le tourisme, d’écouler leurs doses de vaccins en trop – l’anglo-suédois AstraZeneca, le chinois Sinovac et le russe Spoutnik V – en ouvrant la vaccination aux voyageurs étrangers. Gratuitement.
    Mina et Houman ont payé un Arménien pour qu’il les guide dans les démarches. Il est venu les chercher la veille à l’hôtel, avec une dizaine d’autres Iraniens, et a tout arrangé pour qu’ils soient vaccinés avec le vaccin AstraZeneca dans une clinique d’Erevan. « On a payé 50 dollars [42 euros] par personne. C’était plus simple que d’aller faire la queue comme tout le monde », glisse Houman, qui passe le numéro de l’entremetteur arménien à une jeune Iranienne, assise à la table d’à côté.
    Un peu plus loin, d’autres Iraniens se donnent rendez-vous une demi-heure plus tard pour aller ensemble au centre-ville où une ambulance, stationnée sur Northern Avenue, sert de centre de vaccination de midi à vingt heures. Un peu après midi, les responsables de l’ambulance ont déjà collecté les passeports de cinquante personnes, toutes iraniennes, les premières arrivées. Assise à une table, une infirmière inscrit les informations de ceux qui reçoivent leur dose sur un certificat, avec mention de la date et du nom du vaccin. Le passeport de Behnam, un Iranien de 27 ans, trône dans la pile des « chanceux ». Il est arrivé la veille et reste trois jours.
    « Le nombre de gens vaccinés en Iran est infime, regrette-t-il. Pour ma tranche d’âge, ils disent qu’il faut attendre l’automne, mais c’est du vent ! » En Iran, seuls 7,7 millions d’Iraniens sur une population de 83 millions ont reçu leur première dose, alors que le pays traverse sa cinquième vague à cause du variant Delta. Le bilan officiel, au 25 juillet, est de 88 800 morts. Mais le nombre de victimes du Covid-19 pourrait être en réalité deux à trois fois plus élevé, selon les analystes.
    De nombreux Iraniens se plaignent que leur deuxième dose ait été retardée ou reportée sine die, faute de vaccins. Ils ne sont que 2,4 millions à avoir un schéma vaccinal complet. La gestion dans les centres de vaccination, parfois bondés, a été chaotique. Une vidéo montrant un homme âgé malmené par un policier, alors qu’il se trouve dans une file d’attente, a suscité une vague d’indignation dans le pays. Des responsables iraniens reconnaissent d’ores et déjà que la campagne vaccinale est un échec et reprochent à la Russie, à la Chine et à Cuba de n’avoir pas tenu leur promesse d’approvisionner l’Iran en vaccins.Behnam a décidé de débourser presque 700 dollars – soit huit fois plus que le salaire minimum – pour se faire vacciner en Arménie parce que son travail – il s’occupe d’une ferme à bitcoins clandestine dans les environs de Téhéran – implique de nombreuses interactions avec ses employés. « J’ai de grandes chances d’attraper le Covid-19, glisse le jeune Iranien sous son masque chirurgical blanc. Ils [les dirigeants iraniens] ne veulent pas dépenser leur argent pour acheter des vaccins. Le Guide [Ali Khamenei] a interdit l’utilisation de vaccins occidentaux pour que l’Iran produise son propre vaccin. Mais ils n’arrivent même pas à mettre leur vaccin Barakat dans les fioles. Tout cela ressemble à un bizutage de la population », glisse-t-il.
    Behnam ne souscrit guère aux arguments de Téhéran, selon lesquels l’embargo américain contre l’Iran est responsable de la difficulté à se procurer des vaccins. « Les sanctions, pourquoi elles sont tombées ? A cause de ce régime ! Et nous sommes obligés de venir nous faire vacciner en Arménie, un pays qui n’est pas du tout développé », s’emporte-t-il. A ses côtés, un autre Iranien vient en aide à l’infirmière arménienne qui écorche un nom persan. Un homme âgé demande à voix haute en persan : « Combien de jours après le vaccin peut-on boire de l’alcool ? Trois jours ? » Quelqu’un lui répond : « Vingt-quatre heures plus tard. » Un autre marchande : « C’est pas possible vingt-trois heures ? »
    Anahita, une Iranienne de 28 ans, suit les échanges et attend patiemment. A 16 heures, elle tentera à nouveau sa chance pour les 50 nouvelles doses qui seront distribuées. Vêtue de blanc et portant une casquette la protégeant du soleil, elle dit donner des cours particuliers d’allemand aux enfants de gens connus dans le cinéma en Iran. « Les célébrités que je connais ont toutes été vaccinées gratuitement. Leurs enfants, leurs parents, même leurs domestiques. Par Pfizer [interdit par le Guide suprême] et Spoutnik. Parce qu’elles sont proches du système. Alors que mon oncle de 70 ans attend toujours sa première dose. Ces gens prennent ce qui nous est dû. Nous, nous avons les moyens de payer ce voyage. Quid des autres ? », s’interroge-t-elle.Non loin de Northern Avenue, Sara, licenciée d’ingénierie électronique de l’une des meilleures universités iraniennes, dit ne pas être pressée pour recevoir le vaccin. Elle doit préparer son entretien de demande de visa d’étudiant à l’ambassade américaine d’Erevan ; Washington n’a plus d’ambassade en Iran depuis la prise d’otages des diplomates américains en 1979.La jeune Iranienne de 27 ans a été admise dans une bonne université américaine et a obtenu une bourse. « Je pars parce que nous avons un mauvais système politique. Il n’y a pas de méritocratie, c’est le règne du pistonnage. Et un professeur d’université titularisé ne reçoit que 800 dollars, explique Sara. Après tant d’années d’études, j’aimerais avoir un salaire qui me permette d’acheter une maison au bout de quatre, cinq ans de travail. En Iran, ce n’est pas possible. »La jeune femme, dont quelques mèches blondes égaient ses cheveux noirs, a perdu d’anciens camarades de classe dans le crash du Boeing d’Ukraine Airlines, abattu par des missiles des gardiens de la révolution, près de Téhéran, en janvier 2020. Sous pression des pays étrangers, cette armée idéologique du pays a fini par reconnaître sa responsabilité. « Après le crash, nous avons manifesté à l’intérieur de l’université. On était très en colère. La réponse du régime a été de nous arrêter et de nous frapper, soutient Sara. C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il fallait partir. Que nous ne pouvions rien y faire. Que nous n’aurions pas d’avenir dans ce pays. »
    Comme tous les jeunes Iraniens rencontrés à Erevan, Sara n’a pas voté lors de la présidentielle, en juin, remportée par l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, un ancien juge qui a joué un rôle central dans presque tous les dossiers de violation des droits humains en Iran, dont l’exécution de milliers de prisonniers politiques en 1988. « La dernière fois que j’ai voté, c’était en 2017 [pour la réélection du président Hassan Rohani, partisan de la détente avec la communauté internationale sur le dossier nucléaire], se souvient Sara. C’était notre dernier espoir pour voir si des réformes à l’intérieur du système seraient possibles. Ça n’a pas marché. » Alors que la nuit tombe peu à peu sur Erevan, à 20 heures, l’ambulance quitte Northern Avenue. Des dizaines d’Iraniens ne veulent pas abandonner la file d’attente. Les bagages de ceux qui viennent tout juste d’atterrir dans la capitale arménienne sont posés par terre. Certains vont passer la nuit dans la rue pour être sûrs d’obtenir leur dose le lendemain.

    #Covid-19#migrant#migration#iran#armenie#sante#vaccination#tourismevaccinal#systemesante#politiquesante

  • L’Afrique face au Covid-19 : en Tunisie, « le système de santé s’effondre »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/07/09/l-afrique-face-au-covid-19-en-tunisie-le-systeme-de-sante-s-effondre_6087713

    L’Afrique face au Covid-19 : en Tunisie, « le système de santé s’effondre »

    La situation sanitaire est « catastrophique » en Tunisie, qui enregistre ces dernières semaines un nombre record de contaminations au Covid-19, a annoncé, jeudi 8 juillet, Nissaf Ben Alaya, la porte-parole du ministère de la santé, reconnaissant que « le système sanitaire du pays s’est malheureusement effondré ». Selon Mme Ben Alaya, qui s’exprimait lors d’un entretien accordé à une radio tunisienne, il est désormais difficile de trouver un lit disponible ou d’avoir la quantité nécessaire d’oxygène dans les hôpitaux du pays : « Si nous n’unissons pas nos efforts, la catastrophe [sanitaire] va empirer. »
    Les hôpitaux tunisiens connaissent depuis deux semaines un important afflux de patients durant cette vague de propagation du coronavirus qui atteint des niveaux inédits. Mardi, la Tunisie a enregistré 9 823 cas (dont 134 décès) en une journée, des chiffres jamais atteints depuis mars 2020, alors que le pays voit se propager les variants Alpha et Bêta. Au total ont été recensés 473 229 cas de contamination au Covid-19, dont 15 861 décès, pour environ 12 millions d’habitants. Sur plus 3 millions de personnes inscrites pour se faire vacciner, seulement 608 332 ont reçu les deux doses.
    Face à la situation, la Libye voisine a décidé jeudi de fermer ses frontières et de suspendre les vols avec la Tunisie pour une semaine. Les autorités tunisiennes ont, elles, ordonné le confinement de la population dans six gouvernorats, dont Tunis et sa banlieue, jusqu’au 31 juillet et l’interdiction des déplacements entre régions.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#libye#sante#frontiere#variant#systemesante#vaccination#situationepidémique#confinement#deplacementinterne

  • Covid-19 : les mineurs isolés en recours exclus de la campagne de vaccination - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/33124/covid-19-les-mineurs-isoles-en-recours-exclus-de-la-campagne-de-vaccin

    Covid-19 : les mineurs isolés en recours exclus de la campagne de vaccination. Alors que les jeunes âgés de 12 à 17 ans peuvent désormais se faire vacciner contre le Covid-19 en France, les jeunes migrants en attente de la reconnaissance de leur minorité sont, pour le moment, exclus de la campagne de vaccination. L’absence de représentant légal, nécessaire pour vacciner les mineurs, complique leur accès au vaccin.Depuis le 15 juin, en France, la vaccination contre le Covid-19 est ouverte à tous les jeunes âgés de 12 à 17 ans, sur présentation d’une autorisation parentale. Mais pour les mineurs non-accompagnés (MNA) en recours, l’accès à la vaccination fait face à de nombreux obstacles. Ces jeunes non-reconnus mineurs par les départements doivent attendre plusieurs mois la décision d’un juge des enfants qui statuera sur leur âge. Pendant cette période, ils ne sont considérés ni comme mineurs, ni comme majeurs, et ne sont pas pris en charge par les autorités. De fait, ils se retrouvent exclus de la campagne de vaccination. « Pour ceux reconnus comme mineurs, la question ne se pose pas. Ils sont pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) qui fait office de représentant légal » lors des rendez-vous médicaux, explique à InfoMigrants Camille Boittiaux, référente MNA chez Médecins du monde (MdM). En revanche, « pour les mineurs en recours, c’est plus compliqué », en raison de l’absence d’un référent désigné. « L’autorisation parentale ne doit pas être un obstacle au vaccin. Ce qui doit primer est le consentement libre et éclairé du jeune, notamment via l’accès à l’interprétariat professionnel. Sinon on va exclure tous les MNA », prévient-elle. Une fois cet obstacle dépassé, d’autres vont se dresser pour ces jeunes. En premier lieu, la fracture numérique. Nombre de rendez-vous vaccinaux doivent être réservés sur le web. Or les mineurs isolés étrangers ont un accès fortement limité à interner, rendant difficile la recherche d’un créneau disponible.
    Les ONG vont-elles devoir prendre en charge la vaccination de cette population ? Médecins sans frontières (MSF), qui depuis quelques semaines vaccine les personnes en errance, dont la plupart sont des migrants majeurs, a, d’ores et déjà, mis son veto. Pour Corinne Torre, cheffe de la mission France de l’ONG médicale jointe par InfoMigrants, « c’est aux autorités de se saisir de ce sujet, de prendre leur responsabilité et de vacciner eux-mêmes ces mineurs ».
    Les obstacles à la vaccination des MNA en recours met en lumière les problématiques d’accès aux soins en général auxquelles ces jeunes sont confrontés au quotidien."Du fait de leur âge, de leur statut, de leur situation d’isolement et de précarité, ces jeunes cumulent des facteurs de vulnérabilité faisant obstacle à leur accès à la santé, aux soins et aux droits", écrit dans un communiqué MdM, qui réclame un « égal accès aux soins pour tous ». « Maintenant que les mineurs en France ont accès à la vaccination contre le Covid, les MNA doivent pouvoir en bénéficier, s’ils le souhaitent, au même titre que les autres mineurs », insiste Camille Boittiaux.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#MNA#jeune#vaccination#inclusion#systemesante#accessante#droit#inegalite#vulnerabilite

  • HCR - Le HCR lance une mise en garde sur le risque d’exclusion de la vaccination pour les apatrides à travers le monde
    https://www.unhcr.org/fr/news/press/2021/6/60d1c725a/hcr-lance-mise-garde-risque-dexclusion-vaccination-apatrides-travers-monde.ht

    Le HCR lance une mise en garde sur le risque d’exclusion de la vaccination pour les apatrides à travers le monde. Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, lance une mise en garde aujourd’hui sur le fait que de nombreux apatrides dans le monde risquent de ne pas être vaccinés car ils sont dépourvus de citoyenneté ou de preuve d’identité. « Des millions de personnes sont identifiées en tant qu’apatrides à travers le monde ; elles ne sont ressortissantes d’aucun État, ce qui a des conséquences extrêmement préjudiciables sur leurs droits humains fondamentaux. Aujourd’hui, elles risquent également d’être exclues de l’accès aux vaccinations vitales », a déclaré Gillian Triggs, cheffe de la protection internationale au HCR.
    Dans son tout dernier rapport décrivant l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les populations apatrides, le HCR souligne que la majorité des plans nationaux de vaccination ne fournissent aucune information claire sur la couverture vaccinale des apatrides.
    Le HCR lance donc une mise en garde sur la potentielle exclusion de nombreuses personnes qui sont dépourvues de nationalité ou de documents d’identité, à moins d’efforts spécifiques des États pour leur venir en aide et relever les défis spécifiques auxquels elles peuvent être confrontées. Le nouveau rapport énonce des recommandations et des exemples de bonnes pratiques étatiques à cet égard, notamment l’acceptation d’autres formes de preuve d’identité. « Dans l’intérêt de la protection de la vie humaine et de la santé publique, les plans nationaux de vaccination doivent être mis en œuvre de la manière la plus inclusive possible. Étant donné que de nombreux apatrides sont déjà massivement confrontés à l’exclusion et la marginalisation, les obstacles doivent être levés et une attention particulière doit être accordée à leur situation », a déclaré Gillian Triggs. Depuis le début de la pandémie, de nombreux apatrides sont confrontés à des difficultés pour accéder aux soins de santé et aux services sociaux. Beaucoup craignent de se présenter à un dépistage ou pour recevoir un traitement, du fait de leur absence de statut juridique - ce qui pourrait les exposer à un risque de détention ou d’expulsion. Le coût des soins médicaux, y compris des vaccinations, peut également être prohibitif pour les apatrides, car ils ne sont généralement pas couverts par les régimes nationaux de santé publique. Le HCR a pour mandat officiel de prévenir et de réduire l’apatridie, et de protéger les apatrides, et a connaissance d’une population mondiale d’au moins 4,2 millions d’apatrides qui vivent dans 94 pays.En raison de la nature invisible de ce problème, le chiffre réel pourrait néanmoins être beaucoup plus élevé.
    Plus d’un an après le début de la pandémie, le HCR prévient également que les perturbations des services d’enregistrement des naissances créent de nouveaux risques d’apatridie.En raison de la pandémie, la suspension des services d’enregistrement pour les faits d’état-civil, dans certains pays, affecte l’enregistrement des naissances, qui est essentiel pour l’accès à la nationalité. Les pays où les services d’enregistrement des naissances ont été partiellement ou totalement suspendus font état d’une baisse des taux d’enregistrement des naissances et d’importants retards. Les campagnes ciblées d’enregistrement des naissances pour les populations marginalisées et qui risquent l’apatridie ont également été suspendues dans de nombreux contextes. Les risques d’apatridie sont probablement les plus élevés parmi les groupes minoritaires - qui constituent la majorité des populations apatrides connues.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#HCR#systemesante#apatride#etatcivil#nationalite#pandemie#vaccination#inclusion

  • « C’est vrai que l’on se sent coupable et égoïste de partir, mais tout régresse » : la Tunisie affaiblie par une hémorragie de médecins
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/06/01/c-est-vrai-que-l-on-se-sent-coupable-et-egoiste-de-partir-mais-tout-regresse

    « C’est vrai que l’on se sent coupable et égoïste de partir, mais tout régresse » : la Tunisie affaiblie par une hémorragie de médecins. La dégradation du système de santé publique pousse toujours plus de praticiens à l’exode vers la France et l’Allemagne, ce qui complique la gestion de la pandémie. Le thème doit être abordé lors de la visite de Jean Castex à Tunis les 2 et 3 juin. En pleine pandémie, Narjes Soua, médecin tunisienne, a posé ses valises en Ardèche méridionale pour travailler en tant que stagiaire associée avant d’obtenir le concours d’équivalence. « C’était très rapide, j’ai commencé ma procédure de départ en août 2020. J’ai eu un contrat assez facilement parce qu’il y a une grande demande de soignants en France », explique la jeune femme de 29 ans, qui est arrivée dans l’Hexagone en octobre, après avoir soutenu sa thèse en Tunisie et fini ses années de stage.Ce départ à l’étranger était un projet de longue date. Au début, il s’agissait d’acquérir « une expérience différente ». Aujourd’hui, Narjes Soua l’envisage plus comme une installation sur le long terme. « C’est très difficile pour moi de savoir si je reviendrai travailler dans mon pays un jour. Nous n’avons aucune perspective d’avenir en Tunisie avec les salaires qu’on nous propose, et la qualité de vie n’est plus la même. Je me sens plus libre ici », confie-t-elle. Maamoun Khamassi, médecin En Tunisie, près de 80 % des jeunes inscrits à l’ordre des médecins ont fait une demande de radiation et sont partis à l’étranger en 2020. Entre 700 et 800 praticiens quittent le pays chaque année, et leur nombre ne fait qu’augmenter. Cette fuite des cerveaux vers la France ou l’Allemagne s’est banalisée pour les nouveaux diplômés, en souffrance face aux salaires proposés dans le secteur public, autour de 1 200 dinars, soit 360 euros par mois (pour un revenu minimum tunisien de 120 euros).« Pendant la pandémie, j’ai préféré travailler bénévolement aux services du SAMU plutôt qu’à l’hôpital, tellement je trouvais ça ridicule d’être payé ce prix-là, lorsqu’on enchaîne les gardes et que l’on est exposé au virus », explique Maamoun Khamassi, 34 ans, lui aussi débarqué en Ardèche, il y a deux mois.
    L’arrivée du Covid-19 en Tunisie a accentué l’effet de loupe sur les défaillances du système de santé publique, pointées du doigt par les soignants depuis des années. « La plupart des recrutements sont bloqués à cause de l’endettement de l’Etat et, lorsqu’on recrute, les contrats sont très précaires et ne fournissent même pas une couverture santé en cas de Covid, considéré comme une maladie professionnelle seulement pour les salariés », explique Ridha Dhaoui, président de l’ordre des médecins de Tunisie.
    « Il est arrivé qu’en plein Covid-19 nous ayons des lits de réanimation, mais sans le personnel nécessaire pour s’en occuper. » Ahlem Belhadj, secrétaire générale du Syndicat des médecins. Ce chirurgien appartient à la génération partie en France pendant sa jeunesse pour enrichir son expérience, avant de revenir exercer en Tunisie. Aujourd’hui, cette mobilité est plus compliquée. D’abord parce que de nombreux professionnels ne souhaitent plus rentrer au pays, découragés par les conditions de travail. En décembre, la mort de l’un d’entre eux après une chute dans une cage d’ascenseur, en panne, dans un hôpital régional, avait suscité la colère et incité les jeunes médecins à descendre dans la rue. Signe que leur statut social s’est dégradé, « les violences de certaines familles de patients se sont multipliées dans les urgences, nous n’avions pas cela il y a dix ans », rappelle Ridha Dhaoui.
    Autre préoccupation, l’impossibilité de la bi-appartenance, un médecin inscrit à l’ordre tunisien ne peut pas exercer en France, et inversement lorsqu’il s’inscrit en France. Un problème pour les anesthésistes et les réanimateurs, l’un des plus gros contingents de l’exode. « Je connais certains médecins de cette spécialité qui font des cycles de garde en France sur quelques mois et qui pourraient revenir exercer dans le public en alternance en Tunisie s’ils en avaient la possibilité », ajoute Ridha Dhaoui, qui estime que cette mobilité pourrait pallier les nombreux départs.
    Douloureux dilemme. De son côté, Ahlem Belhadj, pédopsychiatre et secrétaire générale du Syndicat des médecins, plaide pour la négociation d’accords bilatéraux entre les deux pays, « afin de lutter contre l’hémorragie, sans limiter les libertés individuelles de nos jeunes ». Cet exode a de lourdes conséquences en Tunisie. Et la crise sanitaire n’a rien arrangé. « Il est arrivé qu’en plein Covid-19 nous ayons des lits de réanimation, mais sans le personnel nécessaire pour s’en occuper », poursuit Ahlem Belhadj. Si bien que le gouvernement a été contraint en 2021 d’augmenter de 13 % le budget du ministère de la santé et d’annoncer le ­recrutement de près de 300 médecins. Pour Maamoun Khamassi qui s’acclimate progressivement à son travail dans le service des urgences d’un centre hospitalier régional français, le dilemme est toujours présent. « C’est vrai que l’on se sent coupable et égoïste de partir parce que l’on sait que l’on a besoin de nous, mais tout régresse en Tunisie. Un jeune médecin passe son temps à faire le travail de cinq personnes en même temps, c’est un gaspillage d’énergie. »
    La France ne représente pourtant pas toujours la panacée pour les expatriés tunisiens, qui doivent patienter de longues années avant de pouvoir s’inscrire à l’ordre français et espérer un salaire supérieur à 3 000 euros. Le statut des 5 000 médecins diplômés hors de l’Union européenne et travaillant aux services des urgences et de réanimation des établissements publics français, dont les salaires sont souvent inférieurs à ceux de leurs homologues français, avait été dénoncé à plusieurs reprises au cœur de la crise sanitaire. Mais ces contraintes ne découragent pas les plus jeunes. « Je pense rentrer un jour avec un projet, mais c’est tributaire de l’amélioration de la situation en Tunisie. Le départ n’est jamais une décision facile », conclut Sleh Chehaibi, urgentiste installé en France depuis plusieurs années. Son hôpital a recruté huit Tunisiens cette année.

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