• Comment l’austérité paralyse l’université

    [Rentrée sous tension à la fac] Pour dénoncer leur manque de #reconnaissance, des enseignants démissionnent de leurs #tâches_administratives, alors que le projet de loi de finances 2024 risque d’aggraver les difficultés financières de l’université.

    Les présidents d’université l’ont mauvaise. La raison ? Le #projet_de_loi_de_finances (#PLF) 2024, qui n’est pas à la hauteur des besoins de leurs établissements. Déjà fortement impactées par la hausse des prix en général et des coûts de l’énergie en particulier, les universités vont en effet devoir financer pour 2023 et 2024 une partie de la hausse des #salaires décidée en juin par le ministre de la Fonction publique Stanislas Guérini. « Une très mauvaise nouvelle », a réagi France Universités dans un communiqué du 19 octobre :

    « Pour les universités, cela signifie qu’elles devront financer 120 millions d’euros [sur un coût total d’environ 400 millions d’euros, NDLR], soit par prélèvement sur leurs fonds de roulement, soit par réduction de leur campagne d’emplois. Cela équivaut à 1 500 #emplois de maîtres de conférences en moins, non ouverts au recrutement, dénonce l’association, qui fédère l’ensemble des présidents d’universités. Encore une fois, les universités font les frais de la #politique_budgétaire du gouvernement qui considère l’#enseignement_supérieur et la #recherche comme une variable d’ajustement et non comme un investissement en faveur de la jeunesse », ajoute le communiqué.

    La situation est, il est vrai, particulièrement difficile, avec de nombreuses universités au #budget_déficitaire ou en passe de le devenir. Et un gouvernement qui n’entend rien leur concéder.

    Chute de la dépense par étudiant

    Début septembre, #Emmanuel_Macron expliquait, dans un échange avec le Youtubeur Hugo Travers, qu’il n’y avait « pas de problème de moyens » dans l’enseignement supérieur public, dénonçant une forme de « #gâchis_collectif » puisque, à ses yeux, il y aurait « des formations qui ne diplôment pas depuis des années » et d’autres qui se maintiennent « simplement pour préserver des postes d’enseignants ».

    Dans la foulée, la ministre #Sylvie_Retailleau, exigeait de libérer leurs #fonds_de_roulement – cet « argent public qui dort » d’après elle – estimés à un milliard d’euros, et qui permettrait de financer une partie des mesures en faveur du pouvoir d’achat des #fonctionnaires décidées cet été. Seulement, arguent les chefs d’établissements, ces fonds sont destinés aux rénovations énergétiques des bâtiments ou aux équipements de laboratoires de recherches.

    Déjà peu élevée par rapport aux autres pays d’Europe, la #dépense_par_étudiant décroche en réalité nettement depuis 2010. À l’université, le nombre d’inscrits a augmenté de 25 %, et le budget d’à peine 10 %. Le nombre d’enseignants a, lui, baissé de 2 %.

    « Pour retrouver les #taux_d’encadrement de 2010, il faudrait créer 11 000 postes dans les universités », a calculé Julien Gossa, maître de conférences en sciences informatiques à l’université de Strasbourg et fin observateur des questions liées à l’enseignement supérieur.

    Dans le détail, ces chiffres masquent des #inégalités : tous les établissements ne sont pas dotés de la même manière. Difficile d’obtenir des données officielles à ce sujet, mais celles produites par Julien Gossa révèlent des écarts allant parfois du simple au double.

    A L’université de Créteil, qui a vu ses effectifs exploser ces dernières années et devrait atteindre un #déficit de 10 millions d’euros cette année, l’Etat débourse en moyenne 6 750 euros par étudiant. À Aix-Marseille, le montant s’élève à 10 000 euros. À la Sorbonne, celui-ci est de 13 000 euros, soit presque deux fois plus qu’à Nantes (7 540 euros). Et largement plus qu’à Nîmes (5 000 euros). « Ces grandes différences ne peuvent s’expliquer uniquement par des frais de structures », souligne Hervé Christofol, membre du bureau national du Snesup-FSU.

    La #concurrence s’est aggravée en 2007 avec la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (#LRU). Réforme majeure du quinquennat de #Nicolas_Sarkozy, elle a transféré aux établissements universitaires la maîtrise de leurs budgets, et de leurs #ressources_humaines, qui revenait jusqu’ici à l’Etat.

    « On nous a vendu l’idée selon laquelle les universités seraient plus libres de faire leurs propres choix en s’adaptant à leur territoire. Mais en réalité, le gouvernement s’est tout simplement déresponsabilisé », tance Julien Gossa.

    Manque de profs titulaires

    Concrètement, pour fonctionner à moyens constants, les présidents d’universités sont contraints de mener des politiques d’austérité. Conséquences : les #recrutements d’#enseignants_titulaires sont gelés dans plusieurs universités, comme à Créteil, et celles et ceux en poste accumulent les #heures_supplémentaires.

    En 2022, le nombre d’ouvertures de postes de maîtres de conférences a augmenté de 16 %, mais cela ne suffit pas à rattraper la stagnation des dernières années. Le Snesup-FSU, syndicat majoritaire, avait d’ailleurs identifié la date du 26 janvier comme le « #jour_du_dépassement_universitaire », autrement dit le jour à compter duquel les titulaires ont épuisé les heures correspondant à leurs obligations de service pour l’année en cours.

    Au-delà, tous les enseignements sont assurés en heures supplémentaires, ou bien par le recrutement de #contractuels ou #vacataires – des #contrats_précaires qui interviennent de façon ponctuelle, sans que l’université ne soit leur activité principale. Les syndicats estiment qu’ils sont entre 100 000 et 130 000. Leur #rémunération : à peine 40 euros bruts de l’heure, contre environ 120 euros bruts pour un titulaire.

    Les problématiques de rémunération ont d’ailleurs créé la pagaille lors de la rentrée dans un certain nombre d’universités. À Paris-Est-Créteil, les étudiants de première année de la filière sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) ont vu leur rentrée décalée de deux semaines. Puis les cours ont démarré, mais dans une situation pour le moins dantesque : pas préparés en amont, les groupes de TD ont été créés dans la panique par des agents administratifs déjà débordés… Sans tenir compte des options souhaitées par les étudiants.

    Une quinzaine d’enseignants ont en effet démissionné d’une partie de leurs responsabilités : ils continuent d’assurer leurs cours, mais refusent d’effectuer leurs tâches administratives ou pédagogiques non statutaires pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’un « manque de reconnaissance » de l’État. À Rouen, ils sont 57 à en avoir fait de même. Même son de cloche à l’IUT Sciences de gestion de l’Université de Bordeaux, ou à celui de Chimie d’Aix-Marseille.

    « Cela impacte tout le monde, insiste Gabriel Evanno, représentant du bureau des élèves de Staps à Créteil. Pour l’instant, nous ne savons même pas si les partiels de cet hiver pourront avoir lieu puisqu’il n’y a plus de surveillants d’examens. Nous ne savons pas non plus qui sera en mesure de signer nos conventions de stages étant donné que les enseignants qui étaient en mesure de le faire n’y sont plus habilités depuis leurs démissions de ces tâches. »

    L’étudiant soutient, malgré tout, la protestation des enseignants.

    Mobilisations des « ESAS »

    Ces #démissions_massives sont le fruit d’une #mobilisation démarrée il y a un an à l’initiative du collectif 384 regroupant près de 2 000 enseignants au statut particulier, les #enseignants_du_secondaire_affectés_dans_le_supérieur (#ESAS) : des professeurs agrégés, d’autres certifiés, d’autres issus de lycées professionnels. Au nombre de 13 000, ces enseignants se trouvent majoritairement dans les instituts universitaires de technologie (IUT), les filières Staps ou les instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé).

    Toutes et tous assurent 384 heures de cours par an, soit deux fois plus que les enseignants-chercheurs, sans compter le suivi des étudiants.

    Or, début 2022, un nouveau système de #primes pouvant atteindre d’ici 2027 6 400 euros par an a été mis en place, pour inciter à prendre en charge des tâches administratives et pédagogiques. Le problème, c’est qu’il a été réservé aux enseignants-chercheurs, alors même que les ESAS remplissent tout autant ce genre de missions.

    « En plus de nos heures de cours, nous assurons depuis longtemps des missions non statutaires, parfois délaissées par les enseignants-chercheurs : le suivi des stages, le recrutement des étudiants, ou encore l’élaboration des emplois du temps, énumère Nicolas Domergue, porte-parole du collectif et enseignant à l’IUT du Puy-en-Velay. Le tout pour la somme ridicule de 600 euros par an. On est surinvestis, et pourtant oubliés au moment des réformes. »

    Pour Guillaume Dietsch, enseignant en Staps de l’Université de Paris-Est-Créteil et « démissionnaire », cette exclusion des primes a été « la goutte d’eau de trop. Cette injustice a été perçue de façon symbolique comme un manque de reconnaissance plus large de notre travail. »

    Le Ministère de l’enseignement supérieur avait d’abord justifié cette différence de traitement par l’absence de mission de recherche des enseignants issus du second degré, avant de chercher un moyen de stopper la vague des démissions. Pour calmer la grogne, début septembre, le Ministère a débloqué 50 millions d’euros afin de revaloriser la prime des ESAS qui passera à 4 200 euros en 2027. Ce qui fait toujours 2 200 euros de moins que celle accordée aux enseignants-chercheurs.

    « Contrairement à ce que ce procédé laisse entendre, nous pensons que la formation des futurs actifs doit être reconnue au même niveau que la recherche », rétorque Nicolas Domergue.

    Au-delà de cette question de prime, se joue une autre bataille : celle de l’évolution de carrière. De par leur statut hybride, ces enseignants sont pris en étau entre deux ministères, celui de l’enseignement supérieur et de la recherche et celui de l’éducation nationale.

    « Notre carrière est quasiment à l’arrêt dès que l’on quitte le secondaire, regrette Céline Courvoisier, membre du collectif 384 et professeure agrégée de physique à l’IUT d’Aix-Marseille. Nous ne sommes plus évalués par le rectorat au motif que nous travaillons dans le supérieur. »

    Ces enseignants sont, de fait, exclus des primes dont peuvent bénéficier leurs collègues dans les collèges ou les lycées. Pour eux, c’est la double peine quand les effets de l’austérité budgétaire s’ajoutent à leur insuffisante reconnaissance salariale. Ainsi, depuis 2021, les IUT se font désormais en trois ans au lieu de deux auparavant.

    « Nous avons dû monter une troisième année à coûts constants alors que cela nécessite nécessairement des embauches, des salles… Comment est-ce possible ? », interroge Céline Courvoisier.

    Surtout, a-t-on envie de se demander, combien de temps cette situation va-t-elle pouvoir durer ?

    https://www.alternatives-economiques.fr/lausterite-paralyse-luniversite/00108494

    #austérité #université #ERS #France #facs #démission

  • Espagne : il relègue sa femme aux tâches ménagères et doit lui verser 200 000 euros de compensation
    https://www.huffingtonpost.fr/justice/article/espagne-il-relegue-sa-femme-aux-taches-menageres-et-doit-lui-verser-2

    Une victoire plus que symbolique pour cette mère de famille. Un tribunal espagnol a condamné un homme à payer plus de 200 000 euros à son ex-femme, correspondant à plus de 20 ans de #salaire pour s’être occupée du #travail_domestique durant leur mariage, selon une décision consultée mardi 7 mars par l’AFP, à la veille d’une date importante dans la lutte pour les droits des #femmes.

    Cette femme, mère de deux enfants et mariée sous le régime de la séparation des biens, s’est occupée, à partir de son mariage « de la maison, de la famille, avec tout ce que cela implique », reconnaît la décision judiciaire du tribunal de Vélez-Málaga, datée du 15 février. En conséquence, la justice espagnole a considéré que cette femme recevrait une « compensation de 204 624,86 euros » [850e/mois].

    (...) Dans une interview mardi à la radio Cadena Ser, cette femme a affirmé que son mari « ne voulait pas qu’elle travaille à l’extérieur », même si elle l’aidait en revanche dans les salles de sport, dont il était propriétaire, en s’occupant « des relations publiques, en étant monitrice » mais sans être payée.

  • Femmes au foyer : le réveil brutal
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/femmes-au-foyer-le-reveil-brutal-6198631

    Véronique et Anne ont abandonné leur carrière pour s’occuper de leurs enfants. Tandis que celle de leur mari progresse, elles repassent, cuisinent, élèvent. 30 ans plus tard, elles divorcent. Se retrouvant sans revenus, sans domicile, sans retraite, elles doivent impérativement trouver un emploi.

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/18722-17.10.2022-ITEMA_23168429-2022C6612S0290-21.mp3

    https://www.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/2022/10/60512f1e-b2a0-4877-af8e-2fd24e8bfa3a/560x315_capture-d-ecran-12.webp

    #femmes_au_foyer #féminisme_matérialisme #patriarcat #tâches_ménagères #vie_domestique

  • « La #bureaucratie nuit gravement à la #recherche »

    L’alourdissement des #tâches_administratives, synonyme de perte de temps et d’énergie, conduira à un appauvrissement de la science française, prévient un collectif de directeurs de structure de recherche dans une tribune au « Monde ».

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/01/10/la-bureaucratie-nuit-gravement-a-la-recherche_6108818_3232.html
    #ESR #université #facs #administration #science

  • Peut-on être féministe et engager une femme de ménage ?

    Quand on se libère de nos tâches domestiques, à qui incombent-elles ? La question — et, surtout, la réponse – m’a fait faire de l’insomnie.

    C’est la faute de #Caroline_Dawson. Dans son magnifique premier roman, Là où je me terre (Éditions du remue-ménage), la professeure de sociologie raconte l’immigration canadienne d’une famille qui fuit le Chili de Pinochet. Si chacun des chapitres m’a happée, ce sont les passages au sujet de la mère, une femme de ménage, qui m’ont le plus bouleversée.

    https://www.lapresse.ca/maison/chroniques/2021-09-25/peut-on-etre-feministe-et-engager-une-femme-de-menage.php
    #féminisme #femmes_de_ménage #ménage #tâches_domestiques #femmes

    • Là où je me terre

      Valparaíso, décembre 1986, tremblement de terre entre les quatre murs d’une maison. Un homme et une femme annoncent à leurs enfants qu’il faut tout laisser derrière et fuir le Chili de Pinochet. C’est Noël, la petite Caroline a sept ans et elle aura la nausée durant tout le voyage.

      La fillette atterrit à Montréal. En plus de la neige dehors, il y a le tapis rouge vin de l’hôtel Ramada qui accueille les personnes réfugiées en attente de papiers. Il y a aussi Passe-Partout qui semble s’adresser à elle à travers le téléviseur. Après le premier appartement à Montréal-Nord, la classe d’accueil de madame Thérèse qui lui apprend le français, les enfants qui se moquent de ses cheveux et de sa boîte à lunch, la misère des rues d’Hochelaga, il y aura tout ce temps passé dans les banques où ses parents font des ménages. Entre l’exil, les fantômes du passé et le jeu des différences, la petite Caroline camouflera sa furieuse envie de vivre pour ne plus détonner et devenir une immigrante modèle.

      Mais comment apprend-on à ne plus s’effacer ? Peut-on embrasser une nouvelle culture sans renier ses origines ? Lumineux et vivant, Là où je me terre sonde la possibilité d’aimer et de lutter sans ne plus avoir à fuir.

      https://www.editions-rm.ca/livres/la-ou-je-me-terre

      #livre

    • D’ailleurs, pourquoi est-ce aux femmes de réfléchir à ces questions ? Pourquoi mes amies et moi,on se questionne là-dessus, mais aucun des chums du groupe ne le fait ? Comme si c’était aux femmes de nettoyer et que, lorsqu’elles ne pouvaient pas y arriver, c’était à elles de gérer la culpabilité qui vient avec l’embauche de quelqu’un…

      Caroline Dawson, autrice de Là où je me terre

      Ca me rappel un homme qui m’expliquait fièrement que la personne qui fait son ménage etait un homme de ménage. C’est certes l’expression d’une recherche de sortir des stéréotypes sexistes autour du ménage mais en même temps c’est un revenu qu’une femme n’aura pas et qu’un homme aura. Ca fait que ca me chiffonnait quand même. C’était un homme célibataire à l’époque, alors il s’occupait de son personnel de ménage lui même, mais une fois en couple c’est Mme qui a pris ces choses là en charge.

      A une époque j’ai demandé à mon ex qui employait une femme de ménage, de me payé ce qu’il donnait à sa femme de ménage pour que je fasse le travail, ca m’aurait fait un peu d’argent et je n’aurais pas été dérangé pendant mon travail par la présence d’une inconnue. Il n’a jamais accepté. L’idée lui semblait comique. Pourtant il acceptait de payé une inconnue pour faire ce travail, et donc il reconnaissait que c’etait bien un travail, mais moi je devait le faire gratos sans aucune limite d’horaires, juste par amour.

    • Je dirait que c’est plus que souvent qu’on nous présente cette malédiction pivot de l’oppression, comme un truc souhaitable pour les femmes. J’ai pas lu le livre de Mona, seulement écouté quelques entretiens mais je ne pense pas que je lirait celui là. « Réinventer l’amour » ca me fait un peu comme si je devait « réinventer la servitude ». En tant que mégère je préférè inventer le désamour.

    • @mad_meg Je comprends :)

      Mais j’essaie de voir à quelles conditions on pourrait sortir de la servitude justement. A cette occasion j’ai découvert « Love Actually » que je n’avais jamais vu. L’une des histoires racontées dans le film est celle d’un écrivain anglais qui tombe amoureux de son employée de maison portugaise et qui l’épouse. Ce qui veut dire qu’elle va continuer à faire le même travail, mais sans être payée... So romantic !

      Par ailleurs je n’en peux plus des termes dans lesquels ce problème est posé, en gros : « ces odieuses féministes blanches et riches qui se libèrent en se déchargeant du travail domestique sur des femmes pauvres et racisées ». Alors que souvent ces féministes vivent avec un homme. Mais lui n’est accusé d’exploiter personne, personne n’envisage que le travail ménager puisse être aussi le sien et que lui aussi s’en décharge sur une femme pauvre.

    • à paraître fin octobre aux éditions divergences La volonté de changer - les hommes, la masculinité et l’amour - Bell Hooks
      https://www.editionsdivergences.com/livre/la-volonte-de-changer-les-hommes-la-masculinite-et-lamour

      Si pour beaucoup d’hommes, le féminisme est une affaire de femmes, Bell Hooks s’attelle ici à démontrer le contraire. La culture patriarcale, pour fabriquer de « vrais hommes », exige d’eux un sacrifice. Malgré les avantages et le rôle de premier choix dont ils bénéficient, ces derniers doivent se faire violence et violenter leurs proches pour devenir des dominants, mutilant par là-même leur vie affective. La volonté de changer est un des premiers ouvrages féministes à poser clairement la question de la masculinité. En abordant les préoccupations les plus courantes des hommes, de la peur de l’intimité au malheur amoureux, en passant par l’injonction au travail, à la virilité et à la performance sexuelle, #Bell_Hooks donne un aperçu saisissant de ce que pourrait être une masculinité libérée, donc féministe.

  • Au Portugal, un homme condamné à indemniser le travail domestique de son ex-conjointe – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2021/02/28/au-portugal-un-homme-condamne-a-indemniser-le-travail-dom

    « L’exigence d’égalité », juge le STJ, « est depuis longtemps inhérente à l’idée de justice. Il est donc impossible de considérer que, dans une maison où vit un couple non marié, l’accomplissement de la totalité ou d’une grande partie des travaux domestiques par un seul des partenaires corresponde à l’accomplissement d’une obligation naturelle fondée sur un devoir de justice. Le devoir de justice exige au contraire une répartition des tâches aussi égalitaire que possible, sans préjudice de la possibilité pour les membres de la relation de convenir librement que l’un d’entre eux soit exempté du travail domestique, dans la logique d’une spécialisation des contributions de chacun », ajoute-t-il. Le STJ souligne que « le travail domestique, bien qu’il reste étrangement invisible pour beaucoup, a évidemment une valeur économique et se traduit par un enrichissement sous forme d’économies sur les dépenses ».

  • « Il est complètement largué, en fait » : ces couples qui se découvrent professionnellement en télétravail - Madame Figaro
    https://madame.lefigaro.fr/business/il-est-completement-largue-en-fait-ces-couples-qui-se-decouvrent-ave

    « Il me critiquait beaucoup quand je finissais tard, acceptais des réunions à 18 heures ou répondais aux mails sur mon téléphone. Il m’expliquait comment gérer mes relations professionnelles, poser des limites, mettre mon travail en valeur dans l’entreprise… », énumère Candice. Des préceptes qui volent en éclat aujourd’hui, sous les yeux de la jeune femme. Complètement perdu la plupart du temps, Antoine doit mettre les bouchées doubles sitôt qu’il a compris ce qu’on attendait de lui. « Par moments, il n’ose même plus bouger de sa chaise, ne serait-ce que pour m’aider à monter les courses, m’envoie paître si j’ai le malheur de lui parler pendant qu’il travaille, répond à ses mails même après 20 heures…, s’amuse Candice. Honnêtement, il est assez ch***t. »

    Fiona aussi a découvert que Jean*, son conjoint depuis cinq ans, était hyper organisé, « procédurier, même », insiste cette chargée de communication de 26 ans. Réveil à heure fixe, douche quasi chronométrée, longues plages de travail sans lever le nez de son écran, to-do lists ultra détaillées… « En privé, il saute un petit-déjeuner sur deux, ne supporte pas les routines et veut toujours qu’on bouscule nos habitudes. Et il n’est pas du tout précautionneux, il fait tout trop vite ! » Du genre à secouer vaguement la couette pour faire le lit ou à oublier de réserver une chambre dans le seul hôtel du village quand le couple part en vacances en rase campagne. Très monotâche en privé - « il est incapable de couper un oignon et de répondre à une question en même temps » -, le jeune homme enchaîne les coups de fil professionnels, jongle entre les dossiers, règle les urgences les unes après les autres… « Il se repose beaucoup sur moi à la maison et n’est jamais responsable de rien, ni d’avoir oublié de descendre les poubelles ni de préparer le dîner. Je me rends compte qu’au travail, il donne l’impression d’avoir une énorme responsabilité et de la prendre très à cœur. »

    #hommes #patriarcat #tâches_ménagères #charge_mentale

  • « Bientôt nous ne pourrons plus du tout » : une universitaire répond à #Frédérique_Vidal

    Je suis maîtresse de conférences dans une “petite” université hors des grandes métropoles. Comme la plupart de mes collègues, la plus grande partie de mes heures de travail consiste non pas à enseigner ou à chercher, mais à effectuer des tâches administratives. La mienne est d’être responsable d’une licence dont les enseignant·es sont, en grande majorité, des vacataires ou des contractuel·les.

    En cette semaine de rentrée universitaire à l’ère de la Covid-19, j’ai bossé 75 heures, de 5h à 23h certains jours, pour préparer une rentrée impossible. Aucun moyen humain supplémentaire ne nous a été alloué alors que nous devons, déjà en temps normal, nous surpasser pour tenir le coup. Mais pas de panique : des caméras sont en train d’être installées dans les amphithéâtres : les enseignant·es pourront doubler la capacité de leur cours en enseignant à la fois “en distanciel” et “en présentiel”, en répondant aux questions dans la salle et sur leur ordinateur par chat. Voici la fameuse révolution louée par Frédérique Vidal, car il faut dépasser “les cours magistraux traditionnels, où le professeur lit son cours face à un amphi d’étudiants qui ne posent pas de questions”. Non pas en nous permettant de privilégier les TD en petits groupes plutôt que les CM bondés, non pas recrutant des collègues qui permettront de nous donner plus de temps de suivi individuel des étudiant·es, non pas en nous rendant les heures d’enseignement volées à nos licences au fil des coupes de budget. Non : en mettant les étudiant·es chez eux face à un écran pour suivre les cours. Révolutionnaire comme pratique pédagogique ! Au passage, Frédérique Vidal nous insulte tou·tes et montre sa dangereuse méconnaissance de la réalité : cela fait bien longtemps qu’on a remisé l’image d’Épinal d’un·e mandarin·e monologuant face des étudiant·es qui prennent des notes sans lever la tête. Si la ministre veut voir de vraies “innovations”, qu’elle assiste donc à nos cours et découvre nos pratiques pédagogiques.

    Donc cette semaine, en 6 jours, j’ai bossé 75 heures. Il m’a fallu créer des groupes de TD adaptés aux nouvelles capacités de chaque salle et donc refaire les emplois du temps, recruter les 3 enseignant·es qui manquaient pour l’année, arriver à faire payer les vacataires non payé·es l’an dernier, rendre un dossier d’auto-évaluation de la licence pour l’HCERES, former les enseignant·es au numérique, assurer l’organisation et la tenue de 6 réunions de rentrée, faire soutenir 16 étudiant·es de M2 et, accessoirement, donner 8 heures de cours. Je ne parle pas de la recherche, qui redevient un horizon inatteignable : j’y ai consacré les congés d’été, seule période un peu calme où l’on peut se concentrer.

    Si les universités sont “prêtes” pour la rentrée universitaire comme le clame Frédérique Vidal, c’est à quel prix ? Beaucoup de fatigue bien sûr, énormément de culpabilité aussi de ne pas avoir été là pour la rentrée de mes enfants, que je n’ai retrouvé que vendredi soir. Ce sera comme ça tout le mois de septembre, sans doute un peu plus.

    Je ne me plains pas vraiment, parce qu’il y a pire comme boulot, parce que le mien m’apporte encore des satisfactions, parce que participer chaque jour pour à la production et à la diffusion de savoirs c’est bien loin d’être un bullshit job ou un travail aliénant. Parce que je gagne plus de 2000 euros et que, si ce n’est bien sûr pas du tout à la hauteur des salaires des enseignant·es-chercheur·es dans les autres pays européens, je ne galère pas à nourrir mes enfants en fin de mois. Ces 70 heures de travail, je les ai parfois faites le sourire aux lèvres, lorsque j’ai découvert les étudiant·es de première année de licence, lorsque j’ai retrouvé les enseignant·es que j’adore, lorsque j’ai fait soutenir des étudiant·es qui avaient mis tout leur cœur dans leur premier travail de recherche. On le sait, l’amour de notre métier et les bénéfices secondaires qu’il nous procure est aussi ce qui nous perd : nous sommes prêt·es à tout pour que l’université fonctionne.

    Mais quelle colère ! Quelle colère quand je découvre en fin de semaine l’interview de notre ministre Frédérique Vidal qui annonce qu’elle va « créer 30000 places supplémentaires dans les Universités », sans un seul recrutement !
    On fait comment ? Quelle est le secret de ces “places magiques” ? Vraiment, à la fin de cette semaine, la seule chose que je sais c’est que JE NE PEUX PAS FAIRE PLUS. Ce n’est plus possible. Il n’y a plus d’heure de sommeil ou de temps de famille à rogner.

    Attention : je suis bien évidement foncièrement favorable à l’ouverture de places supplémentaires. Je suis pour que tou·tes les bachelièr·es aient accès aux études supérieures, sans la sélection sociale et raciste mise en place par Parcoursup et l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant·es extra-européen·nes. Pour accueillir tous ces étudiant·es, il manque au minimum 60 000 postes d’enseignant·es-chercheur·es et probablement autant pour les personnels administratifs et techniques. Ces personnes sont à nos portes, en attente d’être recruté·es pour assurer ces 35 heures supplémentaires faites en une semaine. Ils et elles sont déjà à la fac, font quelques heures payées au lance-pierre, survivent avec un peu de chômage ou le RSA. Mais Macron nous l’a dit : recruter des enseignant·es “c’est le genre de créations d’emplois qui vont aggraver le déficit et qui ne servent pas à redresser le pays”. Voici donc 100 milliards d’euros pour les grandes entreprises et même pas quelques miettes pour le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui forme la jeunesse et produit des savoirs essentiels à notre avenir et à notre vie démocratique.

    Nous sommes épuisé·es par tant de mépris. Nous sommes épuisé·es que le gouvernement choisisse cette période où nous sommes à bout de souffle pour faire passer en force – “en procédure accélérée” – une LPPR qui détruit nos statuts et contre laquelle nous avons été en grève partout en France l’an dernier. Nous sommes à bout car tout s’effondre : un bout de bâtiment à l’université de Caen, les conditions de vie des étudiant·es, le volume d’heures dans les formations, la possibilité de produire de la recherche essentielle aux enjeux contemporains, le moral et les corps des collègues. Nos universités accueillent 300000 étudiant·es de plus qu’il y a 10 ans, et nous devons le faire avec moins de travailleur·ses titulaires, dans des bâtiments toujours plus vétustes.
    Tout ne tient plus qu’à un fil, l’université est au bord de l’effondrement.

    Cette rentrée sera plus douloureuse et plus inégalitaire que jamais. Aux exclu·es de Parcoursup vont bientôt s’ajouter celles et ceux qui verront leur université fermer, faute de véritables moyens humains et matériels pour assurer notre sécurité sanitaire à tou·tes et des conditions d’étude acceptables. C’est le service public de l’université et de la recherche que Frédérique Vidal et Emmanuel Macron assassinent.

    Si nos revendication ne sont pas entendues, nous serons des centaines à claquer la porte.
    Nous ne pouvons pas plus.
    Bientôt, nous ne pourrons plus du tout.

    https://universiteouverte.org/2020/09/05/bientot-nous-ne-pourrons-plus-du-tout-une-universitaire-repond-a-

    #ESR #enseignement_supérieur #facs #université #France #alarme #effondrement #tâches_administratives #précarisation #rentrée_2020 #rentrée_impossible #dédoublement_des_classes #moyens #manque_de_moyens #distanciel #enseignement_à_distance #coronavirus #covid-19 #présentiel #enseignement_mixte #pédagogie #travail #conditions_de_travail #colère #mépris #épuisement #témoignage

    ping @isskein

  • Facs et Labos en Lutte : une mobilisation féministe ? Retour d’expérience par celles qui l’ont vécue

    Depuis le début du confinement, le comité de mobilisation national des Facs et Labos en Lutte a opté pour une publication quotidienne, Confinée libérée. Une des premières contributions de ce nouveau « journal » en ligne, dont le nom a été volontairement féminisé, revient sur l’aggravation des inégalités de genre durant le confinement pour les étudiant·es et travailleur·ses de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (ESR).

    Si ces questions ont pu être soulevées et relayées si rapidement, c’est qu’elles font écho aux analyses et aux revendications féministes qui ont été centrales durant les mois de lutte qui ont précédé la décision du confinement. Depuis décembre dernier, les étudiant·es et travailleur·ses de l’ESR sont en effet engagé·es dans un mouvement d’une ampleur inédite depuis une dizaine d’années. À la lutte commune avec les salarié·es des autres secteurs contre la réforme des retraites, s’ajoute pour les universités et les laboratoires de recherche un combat plus spécifique, contre le projet de Loi de Programmation pluriannuelle de la Recherche (LPPR) qui accentuera encore la précarité des statuts et orchestrera une compétition délétère entre les établissements publics. Or, et c’est un trait marquant de ce mouvement, les revendications féministes ont été à la pointe de ces luttes, les femmes dénonçant combien ces contre-réformes allaient encore aggraver les inégalités de genre sur leurs lieux d’étude ou de travail.

    De fait, durant cette mobilisation, dans les facs et dans les labos comme ailleurs, les femmes ont été particulièrement actives, et ce dans des rôles pas toujours conformes aux stéréotypes de genre : dans les assemblées générales et les coordinations nationales, elles intervenaient voire introduisaient les discussions, elles n’hésitaient pas à apparaître dans les médias, occupaient l’espace de la parole en réunion, etc. Les premières initiatives pour l’emploi scientifique et contre la LPPR ont d’ailleurs été portées avant tout par des femmes, qui ont assumé un rôle d’organisatrices syndicales et politiques.

    Cette contribution collective propose donc un retour sur cette lutte, en analysant nos pratiques afin de saisir comment cette dynamique féministe a pu émerger et être perpétuée au sein du mouvement. L’enjeu est moins de livrer une analyse réflexive approfondie de cette séquence militante – qui se poursuit toujours, bien que sous d’autres formes, du fait du confinement – ce qui nécessiterait une plus grande prise de recul, que de consigner nos expériences d’organisation et de mobilisation, afin d’en laisser une trace qui pourrait être utile aux luttes à venir.

    Rédigé par des militantes féministes du comob (comité de mobilisation) national réélu et élargi à chaque AG de coordination puis au cours de deux coordinations nationales des facs et des labos en lutte depuis décembre 2019, ce texte est situé et ne prétend pas rendre compte de la manière dont la mobilisation a été vécue par toutes. Par exemple, au sein de cette structure militante qui a évolué tout au long des mois de mobilisation, nous avons rarement eu l’impression que les hommes prenaient trop de place ou se montraient hostiles aux prises de parole féminines, alors que ce problème s’est posé ailleurs, notamment dans les AG locales. Toutefois, dans le comob comme ailleurs dans l’ESR, les inégalités de statut – étudiant·es ; précaires ; enseignant·es chercheur·ses ; chercheur·ses ; BIATSS ; etc. – pèsent sur la mobilisation et recoupent parfois les inégalités de genre.
    Présence et visibilité des femmes dans la mobilisation : quelques hypothèses explicatives

    L’implication marquée des femmes dans la mobilisation est tout d’abord à mettre en relation avec les inégalités en termes de carrières entre les femmes et les hommes au sein de l’ESR. Bien que notre profession ait connu une féminisation très nette ces dernières décennies, toutes les formes de précarité pèsent davantage sur les femmes, alors que la majorité des positions de pouvoir reste largement occupée par des hommes, dissymétrie dénoncée par exemple dans la tribune signée par 440 collègues historiennes ou celle rédigée par les philosophEs en 2018. Plus généralement et au-delà des femmes, les rapports de domination sont particulièrement prégnants au sein de l’ESR, comme le montrait un numéro de Genre, Sexualité & Société, publié au tout début du mouvement social. Au « sommet » de la hiérarchie universitaire, il y a majoritairement des hommes cis blancs, alors qu’une femme ou une personne trans* a moins de chances d’avoir un poste pérenne, et a fortiori un poste de pouvoir. Les hommes sont plus attentifs à leur avancement que les femmes : ils passent davantage leur HDR, sont bien plus promus directeurs de recherche ou professeurs, etc. Ainsi, dans un contexte où les femmes ont moins de perspectives comme horizon, elles acceptent davantage de se « mettre en danger » en occupant une place visible de « contestataire » risquant de mettre à mal leurs relations de travail avec leurs supérieurs ou de futurs membres de conseils scientifiques.

    De plus, les fonctions occupées par les femmes dans l’ESR sont les plus attaquées par les transformations néo-libérales des services publics et rendues difficiles par les manques de financement. Nous sommes souvent assignées aux « petites » tâches administratives (gestion des licences, des étudiant·es, des stages, etc.), et non pas aux tâches valorisées de direction (d’UFR, d’université, de laboratoires, etc.). La socialisation féminine nous a appris à nous soucier des autres et du collectif avant nous-mêmes – un aspect important du travail du « care« . Pour toutes ces raisons, le manque de recrutement pèse sur nos épaules. Nous nous retrouvons seules à gérer des tâches qui réclameraient deux ou trois collègues, ce qui nous place régulièrement dans des situations d’épuisement professionnel et met nos recherches entre parenthèses pendant de longues années. Ainsi, le projet de LPPR qui annonce encore moins de recrutements pour venir nous soulager lorsque nous sommes titulaires, ou nous titulariser lorsque nous sommes précaires, et moins de financements pour nos recherches si nous ne sommes pas « compétitif·ves » touche plus directement les femmes de l’ESR. Nous ressentons davantage l’impossibilité de tirer notre épingle individualiste du jeu de cette grande guerre du tou·tes contre tou·tes que nous impose le ministère. Notre secteur rejoint en cela la plupart des secteurs mobilisés contre la réforme des retraites ou l’an passé, le mouvement des Gilets jaunes : la précarité est partout largement féminisée, ce qui éclaire l’implication massive des femmes dans ces luttes. Toutefois, cette explication, qui établit un lien mécanique entre premières concernées et premières mobilisées, n’est pas suffisante.

    Ce qui caractérise le mouvement des Facs et des Labos en Lutte, c’est une surreprésentation des militantes de moins de 45 ans, formées pour un certain nombre d’entre elles dans les mouvements sociaux des années 2000. Au sein de ces derniers, les questions liées au genre, aux violences sexistes et sexuelles, à la co-construction des formes de dominations, à l’intersectionnalité occupent une place importante et ont engagé la construction d’une conscience collective visant à instaurer une attention continue et constante afin d’empêcher les hommes de prendre trop de place et de nous reléguer dans des rôles militants subalternes. Par exemple, les collectifs de précaires sont très féminisés un peu partout – en Île-de-France, à Marseille, à Nantes, etc. – et dans ces cadres, beaucoup de militantes se sont formées au sein de mouvements féministes tels que CLASCHES. D’autres militantes appartiennent à cette nouvelle génération de chercheuses sur le genre qui continue de croître depuis une dizaine d’années. À plus court terme, il faut peut-être aussi prendre en compte la plus grande visibilité des discriminations et des violences infligées aux femmes avec l’émergence de mouvements comme celui de la grève féministe du 8 mars ou encore de #MeToo. Enfin, l’institutionnalisation des politiques d’égalité peut aussi aider à comprendre le caractère féminisé et féministe de notre lutte. Même si ces politiques relèvent souvent d’un effet d’affichage, les hommes peuvent moins se permettre de s’opposer à un certain nombre de pratiques institutionnalisées, et ce d’autant moins après le phénomène #MeToo : certaines choses deviennent indicibles ou moins facilement dicibles, nous y reviendrons.

    En dépit toutefois de cette féminisation à tous les niveaux, le partage des tâches militantes continue à être genré. Une grande part du travail d’organisation collective, coûteuse en énergie, sans apporter beaucoup de reconnaissance militante, que l’on peut qualifier de « travail de fourmi », est assumée par des femmes et il est nécessaire de mettre sur pied de façon volontariste des pratiques pour entraver la reproduction de ces inégalités.
    Corriger les inégalités dans la mobilisation

    La première coordination nationale des Facs et Labos en Lutte, organisée les 1er et 2 février 2020, a été l’occasion d’une prise de conscience : il nous fallait veiller à ne pas reproduire au sein de nos luttes les dominations préexistantes et par conséquent à les rendre plus inclusives. Nous y avons tenu un atelier portant sur la reproduction des dominations sexistes, racistes, validistes et classistes au sein de nos combats. Cet atelier a permis d’entendre de nombreux témoignages de perpétuation de situations d’oppression au sein des différents cadres militants, mais aussi de formuler des propositions concrètes pour enrayer les oppressions. En conséquence, nous avons décidé de mettre en place des règles plus systématiques pour la deuxième coordination nationale qui s’est tenue les 6 et 7 mars 2020.

    Tout d’abord, une première AG en mixité choisie regroupant une soixantaine de militant·es a été organisée le 7 mars. Réunissant des étudiantes, des précaires et des titulaires – en minorité -, elle a été l’occasion de discuter des questions de harcèlement et d’agressions sexistes et sexuels ainsi que de partager des expériences diverses sur nos modes de mobilisation pour les éradiquer. Nous étions censées faire un retour sur les bonnes pratiques, ce que la suite des évènements – le confinement et la fermeture des facs décidés moins d’une semaine plus tard – a interrompu brutalement. Au sein de cette AG, nous avons observé un effet générationnel intéressant : la très grande majorité des participantes avait moins de 30 ans, alors que seules deux femmes avaient plus de 40 ans. L’une d’entre elles a d’ailleurs été agréablement surprise de l’initiative, nous confiant que durant sa vie professionnelle elle ne s’était jamais sentie légitime à initier une démarche en mixité choisie.

    Ensuite, nous avions « noté des inégalités dans la prise de parole, que ce soit entre hommes et femmes, titulaires et non-titulaires, membres d’établissements franciliens et membres d’établissements non franciliens, et d’une façon plus générale, la reproduction de formes de domination et de discrimination (hétérosexisme, racisme, classisme, validisme) qui contraignent la prise de parole de certain·es ». Des règles de prise de parole visant à éviter l’hégémonie des hommes, des titulaires, des personnes blanches, etc. avaient été mises en place dans les assemblées de précaires, sans qu’elles ne suscitent de débat. Au sein de la coordination nationale, nous avons donc veillé à ce que la parole alterne entre les hommes et les femmes et donné la priorité aux interventions de précaires et d’étudiantes. Cela a été rendu possible par une double liste d’inscrit·es pour les discussions : l’une concernait les hommes cis titulaires et l’autre les femmes, les précaires et les étudiant·es et il s’agissait de veiller autant que possible, à l’alternance. Le principe a été expliqué en plénière à plusieurs reprises à l’aide d’un texte humoristique qui soulignait que les dominants pouvaient survivre au fait de ne pas prendre la parole en AG.

    De façon plus générale, ce mouvement a permis de discuter de problématiques largement ignorées dans l’ESR, qu’il s’agisse du handicap ou de la maladie, quelquefois en relation avec des enjeux de genre. Au sein d’un atelier, des camarades ont ainsi évoqué leurs difficultés à gérer leur endométriose, et à quel point cela pouvait freiner leur carrière et leur capacité à s’engager politiquement. En revanche, si on saisit bien les dynamiques d’exclusion et de marginalisation tant des personnes non-blanches que des problématiques liées au racisme, nous n’avons pas encore réussi à nous emparer collectivement du problème de façon satisfaisante, et ce, bien que deux groupes de travail très efficaces et engagés se soient chargés d’envisager la division internationale du travail universitaire et la place des étudiant·es étrangers d’un côté, et les discriminations de genre, de race et de classe de l’autre.
    Contre les violences sexistes et sexuelles

    Il nous a également semblé essentiel d’intégrer à cette lutte un combat que nous menons à l’université comme ailleurs avec l’appui d’associations telles que CLASCHES, à savoir le combat contre les violences sexistes et sexuelles. Les dispositifs institutionnels de signalement, d’accompagnement et de jugement de telles violences sont récents au sein de l’ESR et dans bien des cas déficients, puisque dépourvus de moyens et de personnels formé·es. Des affaires récentes, relayées par des enquêtes de presse, ont révélé de graves dysfonctionnements. Pour ces raisons, la coordination nationale des Facs et Labos en Lutte des 6 et 7 mars avait acté une journée nationale de mobilisation contre les violences sexuelles et sexistes dans l’ESR le 19 mars, date à laquelle le CNESER (Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche) devait de nouveau statuer sur l’appel d’un enseignant suspendu de ses fonctions pour un an avec privation totale de traitement par son université pour des faits de harcèlement sexuel. Cette journée de mobilisation n’a malheureusement pas pu avoir lieu en raison du confinement et du report de l’audience.

    Nous avons aussi cherché à lutter contre ces violences au sein même de nos cadres militants. Lors de la seconde coordination nationale de mars 2020, nous avons mis sur pied une cellule anti-harcèlement et un numéro de téléphone dédié, ainsi que des règles, présentées ci-dessous, afin que les comportements oppressifs qui s’y dérouleraient puissent nous être signalés. Ce sont en fait essentiellement des comportements qui s’étaient produit antérieurement dans des cadres militants autres que la coordination qui nous ont été rapportés et auxquels nous avons apporté une attention particulière afin que l’espace de la coordination puisse rester un espace sûr pour tou·tes. Le moment festif, organisé le soir du premier jour, pouvait laisser craindre une multiplication des comportements oppressifs. Nous avons donc édicté des règles, dont le respect était assuré par une « vigie féministe » présente tout au long de la soirée. Deux personnes – à l’exclusion d’hommes cis – étaient attentives à ce qui se passait, s’assurant que personne n’était victime de harcèlement, d’agression ou de comportement oppressif. Il ne s’agissait bien sûr pas d’assumer un rôle de chaperonne, mais de refuser qu’au nom de la « fête », certaines personnes soient agressées d’une façon ou d’une autre.

    Règles pour une soirée festive et militante sans comportement oppressif

    1. Ce temps festif est un espace « safe » : veille à inclure avec bienveillance des personnes que tu connais peu ou pas dans les conversations ; sache que toutes insultes ou agressions à caractère sexistes, racistes, classistes, lesbophobes, homophobes, transphobes, validistes seront sanctionnées.

    2. Si une personne refuse le verre que tu lui offres, n’insiste pas, iel n’en veut pas. Saouler une personne n’est pas une technique de drague, c’est une technique de viol.

    3. Si une personne te signifie qu’iel ne veut pas danser avec toi, n’insiste pas et prend tes distances, iel ne veut pas.

    4. Si tu as envie d’embrasser/d’avoir une relation sexuelle avec une personne, pose la question. Si iel ne veut pas, n’insiste pas et prends tes distances, iel ne veut pas.

    5. Si une personne est très alcoolisée, demande-lui s’iel se sent bien et s’iel a besoin d’aide. Ne profite pas de la situation pour passer outre son consentement.

    6. Si une personne est inconsciente ou endormie, iel ne désire pas être embrassé.e ou avoir une relation sexuelle. Par contre, assure-toi qu’iel est en sécurité.

    Des résistances marginales

    La mise en place de ces règles et des espaces en non-mixité choisie participe de la construction d’un rapport de force, que nous jugeons nécessaire à la prise de conscience des modes de domination, en vue leur éradication. Elle a donc pu susciter des réactions négatives, bien que marginales. Quelques hommes ont ainsi quitté la coordination après que les règles concernant la prise de parole aient été présentées à la tribune (la version sexiste du « on se lève et on se casse »). Au sein des ateliers cela a pu se traduire par des demandes répétées auprès des camarades chargé·es de la liste des inscrit·es : (homme) « Tu ne m’as pas oublié, hein ? J’ai demandé la parole il y a un moment ». Certains militants ont reproché au comob des Facs et des Labos en Lutte de monter les participant·es les un·es contre les autres. À la fin de la coordination, alors que les camarades de la tribune tentaient de tenir l’ordre du jour pour que nous puissions rejoindre à temps la marche féministe de nuit du 7 mars et qu’une camarade demandait aux femmes l’autorisation de dépasser d’un quart d’heure afin de finir les débats, un homme s’est levé et a imposé sa parole en disant « qu’il parlait sans genre (sic) et qu’une coordination d’ampleur nationale était plus importante qu’une marche féministe », prenant ainsi la liberté de hiérarchiser à notre place nos luttes.

    Ces propos tendent toutefois à devenir indicibles dans le contexte actuel : la grande majorité des participant·es aux différentes coordinations a une conscience réelle des dominations et de la manière dont elles se répercutent dans nos luttes, considérant qu’il ne s’agit pas de problèmes « accessoires » apolitiques, comme cela pouvait être pensé et dit il y a encore quelques années. Ainsi, certains comités de mobilisation locaux ont dû faire face à des affaires de viols. Lorsque les collectifs militants ont été mis au courant, les femmes très investies au sein de ceux-ci ont immédiatement demandé l’exclusion des hommes accusés. La position centrale de ces femmes dans la mobilisation combinée à la dénonciation publique de la culture du viol dans les milieux de gauche depuis une dizaine d’années a permis que ces décisions soient adoptées sans que personne ne les contredise.

    Sororité et manifestations féministes

    Assez rapidement dans la mobilisation et à différents niveaux, des groupes informels de femmes se sont organisés et ont joué un rôle important dans la place que nous avons prise collectivement et dans les propositions concrètes qui ont émergé. Ces groupes ont également été des soupapes, des ressources, pour se donner confiance et construire le rapport de force au sein de nos cadres militants. Pour celles qui ont déjà vécu des mouvements sociaux importants tels que ceux de 2003 ou encore contre le Contrat Premier Embauche (CPE) en 2006, il nous a semblé que, de façon plus générale, les relations entre femmes ont changé. Il y a une vigilance et une attention permanente des unes aux autres, alors même que nous ne nous connaissions pas ou peu, pour la plupart d’entre nous. En janvier, nous sommes d’ailleurs plusieures à avoir reçu et renvoyé ce message révélateur de ces nouvelles solidarités que nous forgeons :

    Chères amies,

    Cette semaine a été riche, nous avons incroyablement avancé en quelques jours, et la semaine qui arrive sera sans doute intense. J’espère que vous avez pu prendre le repos indispensable à notre lutte.

    Une fois n’est pas coutume, la mobilisation ici s’appuie largement sur des femmes, que ce soit dans la logistique (comme d’habitude) mais aussi dans les prises de paroles, les dynamiques, et cela donne un ton général qui est à saluer. Moins de temps perdu pour les egos, moins d’agressivité dans les débats, plus d’attention aux uns et aux autres.

    Notre implication a un coût. Nous commençons à recevoir beaucoup de mails, beaucoup d’information à traiter et transmettre, beaucoup d’actions à mener. Pour beaucoup d’entre nous, nous avons des charges de famille, des jeunes ou futurs enfants, et janvier étant ce qu’il est, nous ne sommes pas à l’abri des coups de froid, des rhumes, etc.

    Or, il nous faudra tenir dans la durée, y compris après le mouvement. Rappelons-nous que nous ne sommes pas indispensables à tout moment et comptons les unes sur les autres pour nous remplacer, pour assurer une réunion, un mail etc. Permettons-nous les unes aux autres de se mettre en retrait quelque temps. Surtout, veillons les unes sur les autres. Restons attentives aux signes de fatigue, de surcharge, et faisons corps.

    Transférons chacune ce mail à deux autres sur qui nous pouvons compter. Tenons-bon, faisons lien, faisons société… jusqu’à la victoire !

    Par ailleurs, les femmes de la coordination nationale des Facs et Labos en Lutte ont été nombreuses à participer à la marche féministe du 7 mars à la fois extrêmement enthousiasmante et violente, du fait de la répression par les forces de l’ordre sur la place de la République à la fin de la manifestation. Nous nous sommes organisées rapidement, notamment face à la répression policière : notre capacité à nous mouvoir et à nous écouter paraissait spontanée. Toute camarade qui se faisait frapper recevait du soutien et de l’attention. Ce fut la mise en pratique d’une réactivité et d’une organisation qui ne nécessite pas d’être verbalisée, grâce à notre socialisation au care qui augmente notre puissance d’agir. Nous l’avions également observé, le 28 février, lors du rassemblement contre les violences sexistes et sexuelles devant la Salle Pleyel, à l’occasion de la cérémonie des Césars : le caractère offensif de ces mobilisations est frappant. Il y a un saut dans la prise de conscience du rôle joué par la police – particulièrement sexiste à ces occasions – et la justice dans l’oppression systémique que nous subissions. Des femmes très différentes n’ont plus peur d’aller au contact avec les forces de l’ordre. Une énergie et une colère très forte se dégageaient lors de ces manifestations.
    Conclusion : le confinement ou l’accentuation de la division sexuée du travail militant ?

    Le confinement a créé un nouveau contexte, dans lequel les femmes se sont retrouvées en première ligne. La division sexuée du travail militant tend désormais à se réinstaller, voire à se renforcer. Il a déjà été montré que, durant le confinement, les chercheuses, souvent occupées par ailleurs au travail de care familial, déposent nettement moins d’articles que les chercheurs qui ont amélioré leur productivité : Cette logique se retrouve dans la mobilisation.

    La situation est complexe : alors que quelques jours avant l’annonce de la fermeture des facs nous étions plus de 500 délégué·es en coordination nationale, nous nous sommes retrouvé·es à devoir chercher un moyen de faire exister notre lutte sans pouvoir nous réunir et mobiliser sur nos universités et nos laboratoires. Pour beaucoup, la crise sanitaire a été source de sidération et de paralysie, pour d’autres, elle a fait émerger d’autres urgences politiques comme la solidarité envers les plus précaires dans nos quartiers et dans les lieux d’enfermement. Certain.es ont pu aussi juger que, du fait de l’arrêt brutal et imposé de la mobilisation, il était devenu difficile de trouver un sens à leur implication au sein de comités qui émanaient de la lutte en cours. Il ne s’agit pas de juger les départs, mais seulement ici de les constater.

    Or, force est de constater que dans ce contexte difficile pour tou·tes, les comités de mobilisation qui continuent de fonctionner semblent l’être sous l’impulsion de femmes et le comité de mobilisation national, qui réunit 70 personnes élues, a largement diminué, voyant disparaître une grande partie des hommes impliqués précédemment.

    Nombreux sont les hommes qui écrivent des textes et des tribunes, tandis que les femmes continuent à prendre en charge l’organisation du travail collectif, tâche qui devient plus lourde du fait de la mise en retrait de nombreux·ses militants, l’absence de réunions physiques, les rythmes décalés des un.es et des autres… D’ailleurs, la campagne à laquelle nous avons participé au début de la période de confinement pour le report des délais de candidatures aux postes de Maîtres·ses de conférences a principalement été portée par des femmes, car certaines d’entre elles, avec enfants, expliquaient qu’elles ne pourraient pas y arriver tandis que certains hommes nous ont expliqué que, confiné·es, nous n’avions rien d’autre à faire que de constituer nos dossiers.

    Les femmes sont également plus nombreuses à assurer le travail de care, dans l’environnement familial et au travail, mais aussi dans les collectifs militants et solidaires, de l’ESR et d’ailleurs. Elles sont davantage investies, notamment, dans les nombreuses initiatives de solidarité qui ont vu le jour pour apporter un soutien psychologique, logistique, financier, alimentaire ou sanitaire aux personnes les plus en difficulté suite à la crise sanitaire et au confinement. Concernant les initiatives propres à l’ESR, par exemple, l’équipe s’occupant de la caisse de solidarité des Facs et Labos en Lutte, lancée conjointement par le comité de mobilisation des facs et labos et des collectifs de précaires et d’étudiant·es réunis en assemblée générale le 27 mars, est composée de six personnes dont cinq femmes (et cinq précaires, par ailleurs). Cela semble également être le cas dans les initiatives hors ESR qui se sont créées pour organiser la solidarité sur une base territoriale (ville, quartier ou arrondissement), telles que les Brigades de Solidarité populaire ou le réseau #COVID-ENTRAIDE FRANCE.

    D’autre part, bien que des réunions aient continué à se tenir à distance, ce type de rencontres a souffert de la situation confinement. En conséquence, beaucoup de décisions cruciales, concernant par exemple la continuité pédagogique ou les validations, ont eu pour principal cadre de discussion des instances routinières de prise de décision, telles que les conseils d’université, de laboratoire ou de départements, au sein desquelles les femmes restent mal représentées et dans lesquelles les règles que nous avons instaurées pour lutter contre les dominations de genre ne sont pas rigueur.

    Pour conclure, si les formes d’organisation collective qui ont été mises en place durant cette mobilisation ont permis aux femmes de prendre leur place dans la prise de parole et dans la prise de décision, il faut donc veiller à maintenir cet acquis dans le contexte particulier que nous vivons, mais aussi, à long terme, dans le fonctionnement « normal » de l’université et de la recherche.

    L’ambition de ce texte était de conserver des traces et rendre visible un aspect de la mobilisation pas toujours évoqué. Il participe à un contexte plus large, cette lame de fond féministe que nous connaissons actuellement et qui ne saurait s’arrêter.

    Cet article a été rédigé par six militantes du Comité de mobilisation national des Facs et Labos en Lutte, il est également publié par la revue Contretemps.

    https://universiteouverte.org/2020/05/21/facs-et-labos-en-lutte-une-mobilisation-feministe-retour-dexperie
    #université #ESR #facs #France #résistance #femmes #féminisme #inégalités #réforme #inégalités_de_genre #LPPR #résistance #visibilité #carrière_universitaire #care #socialisation #compétition #précarisation #titularisation #précarité #conscience_collective #tâches_militantes #résistance #militantisme #dominations #sexisme #patriarcat #mixité_choisie #prise_de_parole #AG #assemblées_générales #violences_sexistes #violences_sexuelles #sororité #confinement

  • ‘I feel like a 1950s housewife’ : how lockdown has exposed the gender divide | World news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2020/may/03/i-feel-like-a-1950s-housewife-how-lockdown-has-exposed-the-gender-divid

    It doesn’t matter whether a woman is working from home, working outside the home or not working at all: the research reveals she is typically spending at least an extra hour-and-a-half on childcare and home schooling every day, compared to the average man in the same circumstances.

    The research, carried out by economists from the universities of Cambridge, Oxford and Zurich between 9 and 14 April, indicates that a woman who is at home – whether or not she is formally working – is affected by this gender divide. Both employed and unemployed mothers are typically spending around six hours providing childcare and home schooling every working day. By contrast, the average father at home is only spending a little over four hours on childcare and homeschooling each working day, regardless of his employment status.

    “Whatever situation you have, on average it’s the woman doing more, and it’s not because she’s working less” says Dr Christopher Rauh, an economist at Cambridge University.

    The gender divide is even larger in high-income households.

    At the same time, there is evidence that women’s contributions outside the home are decreasing. There has been a drop in the number of solo-authored academic papers submitted by women, while submissions by male academics have increased. Similarly, at the Philosophy Foundation, the majority of the organisation’s work is now being carried out by men. “This is because most of our female philosophers are having to focus on childcare and home education” says co-CEO Emma Worley.

    cc @cdb_77
    #travailleuses #travail_gratuit #couple #famille

  • Pour sortir du #confinement, un plan d’urgence anticapitaliste

    Par bien des aspects, la #crise_sanitaire en cours est un révélateur de l’incapacité du #capitalisme européen à résoudre les grands problèmes de l’humanité. L’#Italie, la #France et l’#Espagne sont les pays où le virus frappe le plus fort car le #système_sanitaire a été ravagé par les politiques austéritaires depuis au moins une décennie. En France, ce sont 69.000 lits qui ont été supprimés à l’hôpital entre 2003 et 2017, 4.000 en 2018. Par souci d’économie, les réserves stratégiques de masques et de respirateurs ont été supprimées (près d’un milliard de masques dans les années 2000 - supprimé par Xavier Bertrand en 2011). Toujours par souci d’économie, la recherche publique sur les coronavirus n’a pas été soutenue et un temps précieux a été perdu dans la possibilité de trouver des traitements efficaces. La rigueur budgétaire et la recherche du profit sont les principaux responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

    Confinement ou immunité collective ?

    Face à la pandémie, les gouvernements hésitent entre deux solutions. La première, minoritaire, défendue par les gouvernement britanniques et néerlandais est l’acquisition d’une immunité de groupe. Cette immunité à l’avantage d’éviter les nouvelles épidémies. Selon les connaissances que nous avons du virus (R0 ~ 2.5), cela nécessite que 60% de la population entre en contact avec le virus et en soit immunisée. Ce processus est très bien décrit par le groupe de modélisation de l’équipe ETE (Laboratoire MIVEGEC, CNRS, IRD, Université de Montpellier) (http://alizon.ouvaton.org/Rapport2_Immunisation.html). Une fois ce taux atteint, la population dans son ensemble (y compris les personnes non immunisées) est protégée contre une nouvelle épidémie.

    Cependant, sans mesure de contrôle, les projections montrent qu’entre 81 et 89% de la population pourrait être infectée. Soit entre 20% et 30% de plus que le seuil pour atteindre l’immunité collective. Cela représente potentiellement 20 millions de personnes infectées en plus dans un pays comme la France.

    Nous ne connaissons pas précisément le taux de létalité du virus. Les chiffres dont nous disposons sont tous biaisés, et a priori largement surestimés, par l’absence de tests systématiques dans la population. Plus on dépiste, plus on détecte des personnes contaminées présentant peu ou pas de symptômes, plus ce taux est bas. Mais aussi bas soit ce taux, lorsqu’il est multiplié par des dizaines de millions de personnes, les morts se compteraient très probablement en centaines de milliers. Par ailleurs, l’austérité budgétaire et l’affaiblissement des systèmes de santé doivent être intégrés dans l’équation. La létalité du Covid-19 est visiblement provoquée par un choc cytokinique qui nécessite une prise en charge en soin intensifs avec respirateurs. Plus la pénurie de respirateurs est grande, plus la mortalité est haute, plus les équipes médicales doivent choisir qui maintenir en vie et qui sacrifier par manque de moyens. C’est sûrement ce qui explique les taux de mortalité très élevés par rapport à d’autres pays en Italie, en Espagne et dans une moindre mesure en France (bien que cela pourrait s’aggraver au pic de l’épidémie) qui sont mal équipés en nombre de lits en « soins aigus ».

    Dans la plupart des pays, ces chiffres ne sont pas assumables par les gouvernements en place. Et ce sont ces projections qui ont poussé partout le pouvoir à confiner les populations malgré la crise économique majeure et les conséquences sociales dramatiques que cela entraine.

    En effet, la distanciation sociale permet de ralentir la progression du virus, d’aplatir le pic, et donc de diminuer l’afflux de malades en détresse à l’hôpital. Ce processus est décrit de façon très intuitive dans le Washington Post (https://www.washingtonpost.com/graphics/2020/world/corona-simulator). La distanciation sociale peut recourir à plusieurs mécanismes, de la fermeture des écoles jusqu’au confinement total. L’étude publiée le 16 mars par l’Imperial College COVID-19 Response Team (https://www.imperial.ac.uk/media/imperial-college/medicine/sph/ide/gida-fellowships/Imperial-College-COVID19-NPI-modelling-16-03-2020.pdf) réalise des projections du nombre de lits occupés en soins intensifs en fonction de plusieurs scénarios de confinements. Si cette étude est forcément incomplète, notamment car les courbes dépendent du moment où les mesures sont mises en œuvre, cela nous montre que les mesures de confinement, dans le cas où aucun traitement ne serait trouvé, devraient s’étaler jusqu’à la fin de l’année 2021 pour que la population atteigne les 60% d’immunisés. Dans le cas contraire, tout relâchement du confinement pourrait correspondre à un nouveau développement incontrôlé de l’épidémie dans la population.

    Mais comment imaginer que la situation que nous vivons depuis une semaine en France se poursuivent pendant des mois ? Ce n’est tenable ni économiquement, ni socialement. Ce n’est pas le propos de cet article (pour cela voir le texte de Mimosa Effe : https://npa2009.org/idees/societe/le-confinement-la-destruction-du-lien-social-et-ses-consequences), mais le #confinement_de_classe que nous vivons actuellement doit s’arrêter. Toute vie sociale est stoppée alors qu’il faut continuer à travailler. Même si nous arrêtions toutes les productions non indispensables, ce serait tout de même des millions de travailleurs.euses qui devraient continuer à faire tourner l’hôpital, l’électricité, l’eau, le traitement des ordures ou l’alimentation – mais aussi tous les autres métiers qui permettent à ces secteurs de fonctionner ! Et cela dans un contexte d’atomisation total de notre camp avec tous les reculs sociaux et l’Etat policier total qui vont avec. A cela s’ajoute les dégâts psychologiques, les violences domestiques faites aux femmes ou la situation criminelle que sont en train de vivre les migrant.e.s, les prisonniers.ères et les sans-abris.

    Nous l’avons vu, le confinement est d’abord imposé par la faillite de notre système de santé et l’impréparation au risque de pandémie qui sont dues à l’austérité imposée par les gouvernements successifs en France et en Europe. Dans la forme qu’il prend, généralisé dans la vie sociale mais pas au travail, de classe, policier, il est la solution que les capitalistes pensent avoir trouvé pour limiter la casse et maintenir au maximum leur place dans la concurrence internationale. Mais la gestion capitaliste de cette épidémie est marquée par l’impossibilité de planifier une quelconque sortie de crise. Un gouvernement anticapitaliste, au service de la population, motivé par la santé plutôt que par les profits, pourrait mettre en place une toute autre politique.

    Existe-t-il une troisième voie ? De toute urgence prendre des mesures anticapitalistes pour sortir du confinement !

    Il ne s’agit pas ici de dire que le confinement pourrait être levé du jour au lendemain. Nous l’avons vu, étant donné les conditions d’impréparation des gouvernements et la dégradation des capacités de l’hôpital public à supporter une telle épidémie, le confinement était la seule solution pour éviter une mortalité élevée. En ce sens, toutes les initiatives syndicales ou de travailleurs.euses pour stopper le travail - et se protéger - dans les productions non-essentielles sont fondamentales. Le slogan « nos vies valent plus que leurs profits » prend ici tout son sens. Il est également fondamental de dénoncer le gouvernement qui nous explique qu’il faut renforcer le confinement mais continuer à travailler, bien au-delà des secteurs essentiels à la lutte contre l’épidémie. Pénicaud, Macron, Philippe sont plus préoccupé.e.s par le maintien des profits que par notre santé. Les scandaleuses mesures contre le droit du travail, les 35h, nos congés, articulées au renforcement de l’Etat policier, ont été prise au moment où la sidération était la plus haute dans la population.

    Mais il est indispensable maintenant de déterminer quelles sont les conditions qui permettraient d’envisager la levée du confinement à très court terme :

    – Il faut de tout urgence pratiquer le dépistage de masse. D’ailleurs, entre les lignes, le Ministre Olivier Veran reconnait lors de sa dernière conférence de presse (https://www.youtube.com/watch?v=wpGjmCkLDHs

    ) que le confinement ne pourra être levé que lorsqu’il sera possible d’effectuer plus de dépistages revenant sur la communication gouvernementale qui affirmait que le dépistage n’était plus un outil en phase 3. Le dépistage de masse permet de n’isoler que les malades et leur entourage. Il permet également une prise en charge précoce des patients considérés comme « à risque » et ainsi de diminuer la létalité du virus. Le problème, c’est que le fournisseur n’arrive pas à suivre la demande en kit de dépistage (https://www.thermofisher.com/order/catalog/product/11732088#/11732088). Il faut donc de toute urgence organiser la production de kits de dépistages en réquisitionnant les entreprises du secteur et en passant outre les brevets.

    – De toute urgence également, il faut injecter des moyens dans la santé et l’hôpital public pour augmenter les capacités de prise en charge des patients en détresse respiratoire. C’est l’inverse des politiques menées jusqu’alors qui font fonctionner l’hôpital comme une entreprise, en flux tendu, incapable de s’adapter à des situations d’urgence. Pour l’instant, le gouvernement a débloqué 2 milliards d’euros pour l’hôpital. Dans le même temps, il injecte 43 milliards dans l’économie et garantit 350 milliards d’euros aux entreprises privées !

    – Pour augmenter le nombre de lits en soins intensifs et protéger celles et ceux qui travaillent il faut réorganiser en profondeur l’appareil industriel pour planifier les productions utiles à résoudre la crise sanitaire : masques, respirateurs, oxygène… En ce sens, il faut soutenir l’action de la CGT qui demande la réouverture et la nationalisation de Luxfer, seule usine d’Europe à produire des bouteilles d’oxygène médical fermées. C’est un bon exemple qui pourrait se poser pour d’autres productions.

    Enfin, l’attention est captée à une échelle assez large sur la mise en place d’un traitement. Le plus prometteur, la chloroquine (ou son dérive l’hydroxy chloroquine) est testée dans plusieurs pays et de nombreux services hospitaliers, y compris en France, ont commencé à l’utiliser sur des malades. Ce médicament semble réduire la charge virale et la durée du portage du virus. Si ce traitement s’avère efficace, la question de la nationalisation de l’industrie pharmaceutique va devenir compréhensible à une échelle très large.C’est peut-être la peur de cette évidence qui motive les grands groupes du secteur à anticiper en proposant de fournir ce traitement gratuitement, que ce soit #Sanofi (https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-sanofi-pret-a-offrir-aux-autorites-francaises-des-millions-) ou #Novartis (https://www.lefigaro.fr/flash-eco/coronavirus-novartis-offre-130-millions-de-doses-de-chloroquine-20200320) !

    Ainsi, nous pouvons affirmer que le confinement aurait pu être largement réduit, voire évité, en généralisant les dépistages, en développant les capacités d’accueil de l’hôpital public et en accélérant les tests sur des traitements antiviraux.

    Ce plan d’urgence n’est possible à court terme que si l’on s’affronte au capitalisme. Il faut reprendre le contrôle, sans indemnité ni rachat, sur l’appareil productif, notamment dans le domaine de la santé, des protections pour les salariés, de l’industrie pharmaceutique et biochimique.

    Macron et son gouvernement, LR et le PS avant lui, portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle. L’heure de solder les comptes arrivent. Les réponses anticapitalistes pourraient alors apparaître comme une solution à une échelle inédite jusqu’alors. Pour cela, sans attendre la fin du confinement, il nous faut renforcer les réseaux de solidarité, les réseaux militants pour recommencer à agir dans la situation.

    https://npa2009.org/idees/sante/pour-sortir-du-confinement-un-plan-durgence-anticapitaliste
    #anticapitalisme #anti-capitalisme #austérité #hôpitaux #lits #masques #réserves_stratégiques #stock #respirateurs #recherche #rigueur_budgétaire #immunité_collective #immunité_de_groupe #létalité #taux_de_létalité #tests #dépistage #choc_cytokinique #distanciation_sociale #flattening_the_curve #aplatir_la_courbe #vie_sociale #travail #atomisation #Etat_policier #impréparation #troisième_voie #droit_du_travail #dépistage_de_masse #soins_intensifs #industrie #nationalisation #Luxfer #chloroquine #industrie_pharmaceutique #responsabilité

    ping @simplicissimus @fil @reka

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    Citation sélectionnée pour @davduf :

    Le confinement de classe que nous vivons actuellement doit s’arrêter. Toute vie sociale est stoppée alors qu’il faut continuer à travailler. Même si nous arrêtions toutes les productions non indispensables, ce serait tout de même des millions de travailleurs.euses qui devraient continuer à faire tourner l’hôpital, l’électricité, l’eau, le traitement des ordures ou l’alimentation – mais aussi tous les autres métiers qui permettent à ces secteurs de fonctionner ! Et cela dans un contexte d’atomisation total de notre camp avec tous les reculs sociaux et l’Etat policier total qui vont avec. A cela s’ajoute les dégâts psychologiques, les violences domestiques faites aux femmes ou la situation criminelle que sont en train de vivre les migrant.e.s, les prisonniers.ères et les sans-abris.

    • Le confinement, la destruction du #lien_social et ses conséquences

      Le 19 mars l’Assemblée rejetait l’amendement visant à prolonger le délai d’#avortement pendant la crise sanitaire. Si ce n’est finalement que peu étonnant de la part des députés LREM, ce rejet est révélateur de quelque chose de plus profond. Le confinement de la population va mettre en danger massivement les #femmes et les #classes_populaires de manière générale.

      Quelle que soit la façon dont certains ont essayé de le tourner, le confinement est profondément inégalitaire. Il y a ceux et celles qui ont un logement pour se confiner et les autres qui n’en ont pas, celles et ceux qui ont un logement décent et les autres qui ont un logement insalubre, celles et ceux qui ont une maison avec un jardin et celles et ceux qui doivent se pencher à la fenêtre pour respirer de l’air frais.

      Le message du gouvernement à l’aide de mesures coercitives violentes (oui les amendes sont effectives et en Seine-Saint-Denis elles ont conduit à des arrestations et des garde-à-vue) fait croire à la portée individuelle du confinement sans prise en charge collective de ses répercussions. Face à cela, certainEs ont essayé de mettre en place des réseaux de solidarité dans les immeubles, dans les quartiers, ... Si ces réseaux sont nécessaires et même indispensables, ils ne contrebalancent pas les problèmes qui se posent avec le confinement et qui vont forcément causer là aussi des morts, et parfois ils confortent même dans l’idée qu’il faut nécessairement rester chez soi : promener son chien, faire du jogging serait dangereux. Le propos de cet article n’est pas de dire que le confinement est inutile pour contrer le Covid-19 mais que le confinement n’est pas viable à moyen terme, c’est pourquoi la sortie de crise ne peut venir que de la mise en place d’un plan d’urgence visant à dépister et à soigner ce qui veut dire concrètement donner des moyens aux personnels de santé et des moyens de protection à la population.

      Le confinement face à l’organisation sociale de la dernière phase du capitalisme

      Le confinement dans l’histoire n’a jamais été une partie de plaisir, mais elle pose question dans le capitalisme tel qu’il s’organise aujourd’hui. Depuis les trente dernières années : on peut dire que la tendance à détruire les structures familiales est plutôt lourde. Les foyers composés de personnes seules s’élèvent à 35% des foyers (20% des femmes et 15% des hommes) auxquels se rajoutent presque 9% de familles monoparentales (dont le gros du contingent est composé de femmes). La grande majorité des foyers composés d’une personne seule ont plus de 65 ans (plus de 70%)1. Le problème c’est qu’avec cette épidémie ce sont ces mêmes personnes considérées comme vulnérables qui vont donc se retrouver complètement isolées.

      De l’autre côté, l’on sait aussi qu’un ménage sur douze vit dans un logement surpeuplé, 18% des logements sont considérés comme trop bruyant (donc mal isolés), 22% n’ont pas de système de chauffage efficient et près de 13% ont des problèmes d’humidité.2

      Le confinement produit aussi des rapports au travail qui accentuent ce qui existait auparavant : d’une part il y a ceux qui télétravaillent et ceux qui continuent de travailler dans des conditions de sécurité face au virus alarmantes et avec l’idée que le travail s’accompagne de toute une série de mesures restrictives.3 Mais à cela, il faut encore ajouter que le télétravail n’est pas le même pour tout le monde (que l’on soit cadre ou que l’on fasse un travail administratif) surtout quand l’on se retrouve face à un travail qui s’accompagne de plus en plus d’une perte de sens, d’autant plus qu’il envahit la sphère privée et que les loisirs sont considérablement réduits. Quant aux précaires, aux étudiantEs, à celles et ceux qui travaillaient sans contrat de travail, c’est une situation dramatique qui s’ouvre sans qu’aucune aide ne soit prévue si ce n’est un chômage auxquels ils n’ont pas tous droit.

      De plus, le système capitaliste entraîne une détresse psychologique : la dépression, le suicide ou les tentatives de suicides vont s’accentuer avec la perte de lien social, la perte d’activités émancipatrices et une vie tournée autour du travail.

      Toute la prise en charge associative, comme du service public de ses éléments là, comme de la prise en charge de l’extrême pauvreté va être ou drastiquement réduite voire inexistante.

      Dans le confinement, les femmes trinquent (et meurent !)

      Outre la question de l’avortement dont nous avons parlé plus haut, les femmes vont subir une répercussion violente du confinement. Elles assumeront plus de tâches ménagères qu’à l’ordinaire et de tâches de soin, et on le sait ce sont elles qui dans la plupart des foyers assumeront le suivi de « l’école à la maison » et d’occuper les enfants, sans compter les familles monoparentales ou les mères se retrouveront seules face à l’éducation de leurs enfants.

      Le confinement va augmenter les violences intra-familiales et en particulier les violences conjugales, c’est déjà ce qu’a révélé l’expérience du Wuhan4. Là encore, ces violences seront encore moins prises en charge qu’avant puisque le 3919 ne fonctionne plus pendant cette crise contrairement à ce qu’avait annoncé Marlène Schiappa.5 Au sixième jour du confinement, cette tendance est d’ailleurs aussi relatée par la FCPE ce dimanche.6

      Le manque d’accès à l’avortement pourra provoquer des recherches de solutions mettant en danger les femmes subissant des grossesses non-désirées quand celles-ci ne provoqueront tout simplement pas le suicide.

      Dans le même temps, on pourra noter que les adolescents LGBT confrontés en permanence à l’homophobie pourraient là aussi augmenter les tentatives de suicides et les suicides, alors même que c’est déjà une cause importante de suicides chez les adolescentEs.

      Ajoutons à cela que des secteurs largement féminisés se trouve en première ligne de la gestion de la maladie : infirmières, caissières, ...

      L’isolement des individus entraîne une baisse de la conscience de classe

      Le confinement produit un rapport de force dégradé de manière objective. En ce moment, des lois d’exception sont en train de passer à l’Assemblée diminuant nos droits, sans possibilité de riposte et si la légitimité du gouvernement reste affaiblie, les mesures prises rencontrent au moins une part de consentement. Si c’est le cas, c’est bien parce que la crise que l’on rencontre, a de grosses difficultés à être résolue par le système sans faire des milliers de morts.

      Individuellement, les gens ne peuvent pas se protéger et pour une grande majorité restent donc chez eux de peur (et cette peur est fondée) de devenir malade ou de l’être déjà et de contaminer d’autres personnes. Le problème c’est que sans dépistage massif et traitement le confinement risque de durer longtemps.

      Or, isolément, les gens ne peuvent d’une part pas s’organiser (ce qui dégrade le rapport de force) et de l’autre entraîne une baisse de la conscience de classe dans ce qu’elle a de plus simple car c’est l’organisation du travail qui fonde objectivement cette conscience. De plus, le confinement, repose sur le consentement d’une population à être confinée : c’est d’ailleurs par les réseaux sociaux, mais aussi dans la presse ou dans son entourage une pression sociale à « Restez chez vous », mais aussi à prendre le temps de lire ou de se cultiver.

      De fait cette pression sociale, construit alors le modèle de ceux qui y arriveraient en étant forts, en ayant accès à de la culture ou à des habitudes culturelles. Les vieux qui vivent seuls, les dépressifs, les pauvres, ceux qui n’ont pas accès à la culture se retrouveraient alors mis à l’amende.

      Pour l’instant, cette idéologie ne se fait que sous forme de pression, mais elle pourrait produire autre chose, elle passerait alors du consentement à la collaboration : elle est déjà en partie à l’œuvre de manière minoritaire, elle passe par la délation de celles et ceux qui sortent et la volonté d’un durcissement des mesures coercitives.

      Le confinement ne peut qu’être une mesure à court terme, sinon les effets violents décrits auront des effets durables, surtout si, comme c’est le cas aujourd’hui le mouvement ouvrier ne riposte pas.

      https://npa2009.org/idees/societe/le-confinement-la-destruction-du-lien-social-et-ses-consequences
      #confinés #non-confinés #inégalités #logement #mesures_coercitives #amendes #Seine-Saint-Denis #arrestations #garde_à_vue #rester_chez_soi #isolement #télétravail #chômage #détresse_psychologique #santé_mentale #école_à_la_maison #soins #care #tâches_ménagères #conscience_de_classe #lois_d’exception

  • Roland Barthes lave plus blanc

    « (…) Quel meilleur terrain que celui de la publicité, espace de la
    prolifération de signes supposés insignifiants, pour accomplir ce
    programme ? Comme après lui Daniel Boorstin, Guy Debord ou Jean
    Baudrillard, Barthes voit la culture de masse comme une production de simulacres destinés à tromper un public crédule. Le territoire de la
    propreté lui permet d’opposer la lessive Persil, qui revendique un
    blanc superlatif, vérifié par des comparaisons qui ont tout l’air de
    faux-semblants, au mousseux aérien d’Omo : « L’important, c’est d’avoir su masquer la fonction abrasive du détergent sous l’image délicieuse d’une substance à la fois profonde et aérienne qui peut régir l’ordre moléculaire du tissu sans l’attaquer. » Pourtant, « Persil et Omo, c’est tout comme », conclut le sémiologue, qui note que ces deux marques appartiennent au même trust : Unilever.

    (…)

    Avant l’arrivée de nouveaux concurrents, à partir de 1956, le paysage
    décrit par Roland Barthes est celui de l’affrontement de deux marques et de deux produits à la composition et aux qualités différenciées, que la publicité met en récit. Dans le contexte d’une revue littéraire, il est certes tout à fait remarquable qu’un chercheur en sciences sociales se préoccupe des représentations publicitaires de produits ménagers. Mais Barthes ne fait pas lui-même sa lessive, et en l’absence d’une expérience pratique de ces détergents, il est
    difficile de s’apercevoir que les slogans caractérisent bel et bien
    des propriétés effectives.

    Le blanchiment de Persil ou la mousse d’Omo ne sont pas que des
    métaphores destinées à abuser un public naïf. De façon générale, c’est l’ensemble du rapport à la consommation et aux industries culturelles – et donc bien souvent à un univers assigné aux femmes ou aux classes inférieures, qui subira pendant longtemps la même approche condescendante et réductrice de la part des observateurs spécialisés.

    Pourtant, proposer la sémiologie d’une pratique dont on n’a pas
    l’expérience, c’est un peu comme tenter de décrypter une langue dont on n’a pas l’usage. On risque de ne voir que le jeu gratuit des
    signes, là où il y a aussi des faits sociaux. »

    http://imagesociale.fr/8096

  • Watching the clothes dry: How life in Greece’s refugee camps is changing family roles and expectations

    On the Greek Islands where refugees face long waiting times and a lack of adequate facilities, women are being pushed to the margins of camp society as children are deprived of education and safe places to play. While governments and the EU fail to provide satisfactory support, and NGOs fight to fill the gaps, how can we stop a generation of women and girls with high hopes of independence and careers from being forced back into domestic roles?

    “The days here are as long as a year.

    “In the camp I have to wash my clothes and dishes with cold water in the cold winter, and I have to watch my clothes dry because I lost almost all of my dresses and clothes after hanging them up.

    “As a woman I have to do these jobs – I mean because I am supposed to do them.”

    The boredom and hopelessness that Mariam* describes are, by now, common threads running through the messy, tragic tapestry of stories from the so called “migrant crisis” in Greece.

    Mariam is from Afghanistan, and had been studying business at university in Kabul, before increasing violence and threats from the Taliban meant that she was forced to flee the country with her husband. Soon after I met her, I began to notice that life in camp was throwing two distinct concepts of herself into conflict: one, as a young woman, ambitious to study and start a career, and the other, as a female asylum seeker in a camp with appallingly few facilities, and little freedom.

    While Mariam felt driven to continue her studies and love of reading, she could not escape the daily domestic chores in camp, a burden placed particularly on her because of her gender. I was familiar with Mariam the student: while managing the Alpha Centre, an activity centre run by Samos Volunteers, I would often come across Mariam sitting in a quiet spot, her head bent over a book for hours, or sitting diligently in language classes.

    The other side of her was one I rarely saw, but it was a life which dominated Mariam’s camp existence: hours and hours of her days spent cooking, cleaning, mending clothes, queuing for food, washing dishes, washing clothes, watching them dry.
    Women as caregivers

    Mariam’s experience of boredom and hardship in the camp on Samos is, unfortunately, not uncommon for any person living in the overcrowded and squalid facilities on the Greek islands.

    Many, many reports have been made, by newspapers, by Human Rights organisations such as Amnesty International, and NGOs such as Medécins Sans Frontières (MSF). All of them speak, to varying degrees, of the crushing boredom and despair faced by asylum-seekers in Greece, the dreadful conditions and lack of resources, and the mental health implications of living in such a situation. MSF describes the suffering on the Aegean islands as being on an “overwhelming scale.”

    While these issues apply indiscriminately to anyone enduring life in the island camps – and this undoubtedly includes men – there have been reports highlighting the particular hardships that women such as Mariam have to face while seeking asylum in Greece. In a 2018 report, “Uprooted women in Greece speak out,” Amnesty International comments on the additional pressures many women face in camp:

    The lack of facilities and the poor conditions in camps place a particularly heavy burden on women who often shoulder the majority of care responsibilities for children and other relatives. The psychological impact of prolonged stays in camps is profound. Women spoke of their anxiety, nightmares, lack of sleep and depression.

    The article recognises how much more likely women are than men to take on a caregiving role, an issue that is not unique to asylum-seeking populations. According to a report titled ‘Women’s Work’ released in 2016 by the Overseas Development Institute, women globally do on average over three times more unpaid work than men – work including childcare and domestic chores. This is across both ‘developed’ and ‘developing’ countries, and demonstrates inequality on a scale far beyond refugee and migrant populations.

    However, as Amnesty points out, it is not the perceived roles themselves which are the issue, but rather the glaring lack of facilities in camps – such as lack of food, ‘horrific’ sanitary conditions, and poor or non-existent washing facilities, as well as significant lack of access to education for children, and waiting times of up to two years. All of these factors exacerbate the gender divides which may or may not have been prevalent in the first place.

    The expectation for women to be primary caregivers was something I particularly noticed when running women’s activities on Samos. There was a stark difference between the daily classes – which would fill up with men attending alone, as agents distinct from their families in camp – and the women-only sessions, where accompanying children were almost always expected, and had to be considered in every session plan.

    The particular burden that I noticed so starkly in Mariam and many other women, was a constant battle to not be pushed to the margins of a society, which she desperately wanted to participate in, but had no opportunity to do so.

    Beyond lack of opportunities, many women speak of their great fear for themselves and their children in camp. Not only does a lack of facilities make life harder for people on the move, it also makes it incredibly dangerous in many ways, putting the most vulnerable at a severe disadvantage. This issue is particularly grave on Samos, where the camp only has one official doctor, one toilet per 70 people, and a gross lack of women-only bathrooms. This, alongside a volatile and violent environment – which is particularly dangerous at night – culminates in a widespread, and well-founded fear of violence.

    In an interview with Humans of Samos, Sawsan, a young woman from Syria, tells of the agonising kidney stones she experienced but was unable to treat, for fear of going to the toilet at night. “The doctor told me you need to drink a lot of water, but I can’t drink a lot of water, I am afraid to go outside in the night, is very dangerous,” she explained to my colleague.

    As Amnesty International reported last year, “women’s rights are being violated on a daily basis” in the Greek island hotspots. Their report features a list of ten demands from refugee women in Greece, including “full access to services,” “safe female only spaces,” and “livelihood opportunities.” All of these demands not only demonstrate a clear lack of such services currently, but also a real need and desire for the means to change their lives, as expressed by the women themselves.

    I remember the effect of this environment on Mariam, and the intense frustration she expressed at being forced to live an existence that she had not chosen. I have a vivid memory of sitting with her on a quiet afternoon in the centre: she was showing me photos on her phone of her and her friends at university in in Kabul. The photos were relatively recent but seemed another world away. I remember her looking up from the phone and telling me wearily, “life is so unexpected.”

    I remember her showing me the calluses on her hands, earned by washing her and her husband’s clothes in cold water; her gesturing in exasperation towards the camp beyond the walls of the centre. She never thought she’d be in this position, she told me, performing never ending domestic chores, while waiting out her days for an unknown life.

    Stolen childhoods

    Beyond speaking of their own difficulties, many people I approached told me of their intense concern for the children living in camps across Greece. As Mariam put it, “this situation snatches their childhoods by taking away their actual right to be children” – in many inhumane and degrading ways. And, as highlighted above, when children are affected, women are then far more likely to be impacted as a result, creating a calamitous domino effect among the most vulnerable.

    I also spoke to Abdul* from Iraq who said:

    The camp is a terrible place for children because they are used to going out playing, visiting their friends and relatives in the neighbourhood, and going to school but in the camp there is nothing. They can’t even play, and the environment is horrible.”

    Many asylum-seeking children do not have access to education in Greece. This is despite the government recognising the right of all children to access education, regardless of their status in a country, and even if they lack paperwork.

    UNHCR recently described educational opportunities for the 3,050 5-17 year olds living on Greece’s islands, as “slim.” They estimate that “most have missed between one and four years of school as a result of war and forced displacement” – and they continue to miss out as a result of life on the islands.

    There are several reasons why so many children are out of school, but Greek and EU policies are largely to blame. Based mistakenly on the grounds that people will only reside on the islands for brief periods before either being returned to Turkey or transferred to the mainland, the policies do not prioritise education. The reality of the situation is that many children end up waiting for months in the island camps before being moved, and during this time, have no access to formal education, subsequently losing their rights to play, learn, develop and integrate in a new society.

    In place of formal schooling, many children in camps rely on informal education and psychosocial activities provided by NGOs and grassroots organisations. While generally doing a commendable job in filling the numerous gaps, these provisions can sometimes be sporadic, and can depend on funding as well as groups being given access to camps and shelters.

    And while small organisations try their best to plug gaps in a faulty system, there will always, unfortunately, be children left behind. The ultimate result of Greek and EU policy is that the majority of children are spending months in limbo without education, waiting out their days in an unsafe and unstable environment.

    This not only deprives children of formative months, and sometimes years, of education and development, it can also put them at risk of exploitation and abuse. Reports by the RSA and Save the Children state that refugee children are at much higher risk of exploitation when they are out of school. Save the Children highlight that, particularly for Syrian refugee girls, “a lack of access to education is contributing to sexual exploitation, harassment, domestic violence and a significant rise in forced marriages”.

    There have also been numerous cases of children – often unaccompanied teenage boys – being forced into “survival sex,” selling sex to older, predatory men, for as little as €15 or even less, just in order to get by. The issue has been particularly prevalent in Greece’s major cities, Athens and Thessaloniki.

    While all children suffer in this situation, unaccompanied minors are especially at risk. The state has particular responsibilities to provide for unaccompanied and separated children under international guidelines, yet children in Greece, especially on Samos, are being failed. The failings are across the board, through lack of education, lack of psychological support, lack of appropriate guardians, and lack of adequate housing – many children are often placed in camps rather than in external shelters.

    This is a particular issue on Samos, as the designated area for unaccompanied minors in the reception centre, was not guarded at all until recently, and is regularly subject to chaos and violence from other camp residents, visitors or even police.

    Many refugee children in Greece are also at risk of violence not only as a result of state inactions, but at the hands of the state itself. Children are often subject to violent – and illegal – pushbacks at Greece’s border with Turkey.

    There have been multiple accounts of police beating migrants and confiscating belongings at the Evros river border, with one woman reporting that Greek authorities “took away her two young children’s shoes” in order to deter them from continuing their journey.

    The Council of Europe’s Committee for the Prevention of Torture and Inhuman or Degrading Treatment or Punishment (CPT) spoke out earlier this year, criticising treatment in Greek camps and detention facilities, stating that conditions were “inhuman and degrading.” They have called for an end to the detention of children with adults in police facilities, as well as the housing of unaccompanied minors in reception and identification centres, such as the hotspot on Samos.

    Smaller organisations are also making their voices heard: Still I Rise, a young NGO on Samos providing education for refugee children, has just filed a lawsuit against the camp management at the refugee hotspot, for their ill treatment of unaccompanied minors. The organisation states:

    We are in a unique position to witness the inhumane living conditions and experiences of our students in the refugee hotspot. With the support of Help Refugees, we gathered evidence, wrote affidavits, and build a class action on behalf of all the unaccompanied minors past and present who suffered abuse in the camp.

    After witnessing the many failings of the camp management to protect the unaccompanied minors, the NGO decided to take matters into their own hands, raising up the voices of their students, students whose childhoods have been stolen from them as they flee war and persecution.
    “Without love I would give up”

    Every day on Samos, I worked with people who were battling the ever-consuming crush of hardship and boredom. People came to the activity centre to overcome it, through learning languages, reading, socialising, exercising, teaching and volunteering. They demonstrated amazing commitment and perseverance, and this should not be forgotten in the face of everything discussed so far.

    Nadine*, a young woman from Cameroon whose help at the centre became invaluable, told me that she ‘always’ feels bored, and that “the worst is a closed camp,” but that she has managed to survive by teaching:

    I teach the alphabet and sounds, letters for them to be able to read. I teach adult beginners, it’s not easy because some of them didn’t go to school and they are not able to write in their own language. So it’s hard work, patience and love because without love I would give up.”

    The perseverance demonstrated by Nadine, Mariam, and other women like them, is extraordinary. This is not only considering the challenges they had to confront before even reaching Greece, but in the face of such adversity once reaching the EU.

    Those refugees who are most vulnerable – particularly women and children, but also the silent voices of this article, those who are disabled, LGBTQ+ or otherwise a minority – are being pushed to the margins of society by the despicable policies and practices being inflicted on migrants in Greece. Refugees and migrants are being forced to endure immense suffering simply for asking for a place of safety.

    Yet despite everything, even those at the most disadvantage are continuing to fight for their right to a future. And while I know that, especially in this climate, we need more than love alone, I hang onto Nadine’s words all the same: “without love I would give up.”

    https://lacuna.org.uk/migration/watching-the-clothes-dry-how-life-in-greeces-refugee-camps-is-changing-fa
    #femmes #asile #migrations #réfugiés #rôles #Samos #Grèce #attente #tâches_domestique #lessive #marges #marginalisation #ennui #désespoir #détressse #déqualification #camps #camps_de_réfugiés #liberté #genre #cuisine #soins #caregiver #santé_mentale #fardeau

    #cpa_camps

  • #bullshit_job : Les cinq grandes familles de «jobs à la con» Quentin Périnel - 1 Aout 2018 - Le Figaro
    http://www.lefigaro.fr/decideurs/vie-bureau/2018/09/01/33008-20180901ARTFIG00020-les-cinq-grandes-familles-de-jobs-a-la-con.php

    Dans un livre qui paraît en cette rentrée, l’anthropologue américain #David_Graeber étaie la notion de « bullshit job » qui l’a fait connaître en 2013. Un regard critique et cynique sur la vie de bureau contemporaine.

    Lorsqu’un article fait autant de bruit dans le monde entier, c’est forcément que son auteur a visé juste. Lorsque l’anthropologue américain et militant anarchiste David Graeber - qui a animé en mars dernier une grande et passionnante conférence au Collège de France https://www.college-de-france.fr/site/evenements-culturels/Grande-conference-David-Graeber-version-originale.htm - publie, en 2013, un article intitulé « Le phénomène des jobs à la con » dans le magazine Strike !, il ne s’attendait pas à provoquer un tel émoi : des dizaines de reprises médiatiques, des traductions dans toutes les langues du monde... « Bullshit Job » : un emploi rémunéré qui est si totalement inutile, superflu ou néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence. Telle est sa définition du concept.

    Cinq années plus tard, le chercheur américain a étayé encore davantage sa réflexion, et publie un livre - traduit aux éditions Les liens qui libèrent - qui porte le nom du phénomène. « À tous ceux qui préfèrent être utiles à quelque chose », écrit-il en première page en guise de dédicace. Dans son essai d’environ 400 pages, l’auteur dresse notamment une typologie desdits « #jobs_à_la_con », qu’il classe en cinq grandes familles représentatives, selon lui, du monde du #travail contemporain.

    • Les larbins. Les jobs de #larbins, explique-t-il, sont ceux qui ont pour seul but - ou comme but essentiel - de permettre à quelqu’un d’autre de paraître ou de se sentir important. En bref : d’aider quelqu’un à briller et à le tirer vers le haut tout en restant dans l’ombre. « Oui, il existe encore des boulots de domestiques à l’ancienne, de type féodal, soutient David Graeber. À travers l’Histoire, les riches et les puissants ont eu tendance à s’entourer de serviteurs, de clients, de #flagorneurs et autres #laquais. » Exemple ? Jack explique qu’il était démarcheur téléphonique chargé de vendre des actions à des clients, de la part d’un courtier. « L’idée était que, aux yeux du client potentiel, le courtier aurait l’air plus compétent et plus professionnel si l’on sous-entendait qu’il était trop occupé à faire du fric pour pouvoir passer les coups de fil lui-même, précise-t-il. Mon poste n’avait donc strictement aucune utilité, si ce n’est de faire croire à mon supérieur immédiat qu’il était un gros bonnet et d’en convaincre les autres. »

    • Les porte-flingue. Naturellement, le terme n’est pas à prendre au premier degré. Il s’agit d’une appellation métaphorique pour désigner ceux dont le travail a été créé par d’autres et comporte une composante agressive. « Un pays n’a besoin d’une armée que parce que les autres pays en ont une », explique Graeber. Un exemple qui vaut aussi, selon lui, pour les #lobbyistes, les #experts en relations publiques, les #télévendeurs ou les #avocats_d_affaires. « L’université d’Oxford a-t-elle réellement besoin d’employer une douzaine d’experts en #relations_publiques, au bas mot, pour convaincre le monde de son excellence ?, questionne-t-il. Il me semble au contraire qu’il faudrait au moins autant d’attachés de presse et des années d’efforts pour détruire sa réputation d’excellence, et je me demande même s’ils y parviendraient. »

    • Les rafistoleurs. Ou bricoleurs professionnels. Qui sont les #rafistoleurs ? Ceux dont le job n’a d’autre raison d’être que les pépins ou anomalies qui enrayent une organisation : ils sont là pour régler des problèmes qui ne devraient pas exister. Le terme est notamment employé dans l’industrie du logiciel, mais il peut être d’application plus générale. « Les premiers exemples de rafistoleurs auxquels on pense, ce sont des subalternes dont le boulot est de réparer les dégâts causés par des #supérieurs_hiérarchiques négligents ou incompétents », lit-on dans le livre Bullshit Jobs. « Une fois, j’ai travaillé dans une PME comme « testeuse », témoigne une employée. J’étais chargée de relire et corriger les rapports écrits par leur chercheur/statisticien star. »

    • Les cocheurs de case. Pour qu’une organisation puisse exister et que tout le monde sache qu’elle existe, il faut des #cocheurs_de_case. Il s’agit d’employés dont la seule principale raison d’agir est de permettre à une organisation de prétendre faire quelque chose qu’en réalité elle ne fait pas. Voilà une bonne définition de la réunionnite : des réunions sans cesse, pour le principe, et sans intérêt apparent ni aucune décision de prise. Graeber explique que dans la majorité des cas, les cocheurs de case sont tout à fait conscients que leur job n’aide en rien la réalisation du but affiché. Pire encore : il lui nuit, puisqu’il détourne du temps et des ressources. « L’essentiel de mon travail consistait à interviewer les résidents afin de noter leurs préférences personnelles dans un formulaire « loisirs », explique ainsi Betsy, qui était chargée de coordonner les activités de détente dans une maison de repos. (...) Les résidents savaient très bien que c’était du pipeau et que personne ne se souciait de leurs préférences. » Le temps que Betsy passait à remplir ces formulaires était précisément du temps qu’elle ne passait pas à les divertir !

    * • Les petits chefs. *C’est peut-être le profil le plus connu... et le plus haï aussi. Les petits-chefs se divisent en deux sous-catégories. Ceux du premier type n’ont qu’une fonction : assigner ou déléguer des tâches à d’autres. Ils peuvent être considérés comme le reflet inversé des larbins : ils sont tout aussi superflus, mais au lieu d’être les subordonnés, ce sont les supérieurs. Si cette première catégorie est inutile, la seconde est nuisible : il s’agit des petits chefs dont l’essentiel du travail consiste à créer des #tâches_inutiles qu’ils confient à leurs subalternes, ou même de créer de toutes pièces des « jobs à la con. » « Il est très difficile de recueillir des témoignages de petits chefs », observe Graeber. Logique : il est difficile d’admettre être chef et d’avoir un job inutile. « J’ai dix personnes qui travaillent pour moi, mais pour autant que je puisse en juger, toutes sont capables de faire le boulot sans qu’on les surveille, constate Ben, manager intermédiaire dans une entreprise. Mon seul rôle, c’est de leur distribuer les tâches - notez que ceux qui conçoivent ces tâches pourraient parfaitement les leur confier directement. » Ben va même encore plus loin dans sa lucidité quant à son travail : « J’ajoute que bien souvent, les tâches en question sont produites par des managers qui ont eux-mêmes des jobs à la con ; du coup, j’ai un job à la con à double-titre. »

    #entreprise #management #hiérarchie

  • Partage des tâches ménagères : SOYONS DES MEGERES !
    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2018/08/01/partage-des-taches-menageres-soyons-des-

    Parce qu’on nous a construit la figure de la mégère, cette espèce d’horrible femme qui est laide, qui est méchante, qui n’aime pas les autres et qui râle tout le temps. Mais en fait, si on réfléchit au personnage de la mégère, c’est un personnage positif, qu’il faudrait réintégrer : c’est juste quelqu’un qui dit : « non, il n’y a pas de raison que je fasse tout ! » Et l’égoïsme de la mégère, il faut qu’on en parle, il faut qu’on arrête de nous menacer avec ce cliché de vieille sorcière. C’est très bien, s’il faut être une mégère pour se faire respecter, soyons des mégères ! Une histoire d’amour peut survivre à une discussion sur les tâches ménagères.

    #megerisme

    • Franchement, je pense que si elle lui en avait demandé plus, il aurait oui et l’aurait ensuite bien plantée dans sa merde !

      J’adore aussi le retournement de responsabilité : « je me suis moi-même mise là-dedans ». Ben non, elle n’a pas eu le choix. Je trouve aussi ça très marrant que la nuptialité soit symboliquement magnifiée pour les femmes et dénigrée par les hommes. C’est du marketing : en réalité, c’est tout bénef pour lui et que de la merde pour elle. Non seulement la mise en couple assure une meilleure vie, une meilleure carrière et une meilleure santé aux hommes, mais en cas de maladie, ils sont les premiers à laisser tomber leur compagne avec la bénédiction sociale : « le pauvre, il n’en pouvait plus, c’était trop dur à assumer pour lui. » Alors que l’inverse…

      La nuptialité, c’est bien l’asservissement gratuit de la force de travail de la femme au profit de l’entretien et de la reproduction de celle de l’homme. Et ça, même si ce n’est jamais dit, c’est parfaitement bien intériorisé. C’est pour cela que toutes les attentes pèsent sur la femme, parce qu’elle est assignée par défaut à son job de boniche. On lui a juste concédé ces dernières années le droit de refuser l’asservissement sexuel… mais je pense que dans les faits, ça doit continuer à bien violer dans les chaumières.

    • On lui a juste concédé ces dernières années le droit de refuser l’asservissement sexuel… mais je pense que dans les faits, ça doit continuer à bien violer dans les chaumières.

      J’ai pas remarqué ce refus d’asservissement sexuel. Est-ce que tu veux parlé de la loi sur les putiers ou les futures contravention pour agression verbale ou physique de femmes dans les lieux public ? Pour le coté viol et nuptialité a mon avis c’est comme le partage des taches ménagères, les hommes disent tous qu’ils sont super reglo là dessus, et dans les faits ca n’a pas changé depuis les 25 dernières années.

      Ca me rappel une anecdote raconté par une copine. Un matin son compagnon la reveille pour la baiser vite fait parcequ’au reveil il a les couilles qui le démange et il aime bien les vider dans un etre humain qui voudrait dormir. Elle veut donc dormir et le repousse. Il insiste, lourdement, longuement. Elle finit par lui Re-re-re-re dire NON et vu qu’il comprend toujours pas elle finit par lui dire « J’ai dit non, tu va pas me violer quand même !? » et lui au lieu de s’excusé il lui fait une scène comme quoi elle est dégueulasse de l’accusé d’être un violeur. Il l’a punie toute la journée. Resultat qu’est-ce qu’elle poura répondre le matin suivant si il lui refait ce plan ? Heureusement pour elle ils sont séparés depuis mais ce sont pas des vieux à l’ancienne, c’était un couple de jeunes d’une trentaine d’années bourgeois branchés tendance queer arty...

    • En effet, on a un soucis :

      La loi du 4 avril 2006 a inséré l’incrimination expresse du viol entre époux dans la loi :

      « Le viol et les autres agressions sexuelles sont constitués lorsqu’ils ont été imposés à la victime dans les circonstances prévues par la présente section, quelle que soit la nature des relations existant entre l’agresseur et sa victime, y compris s’ils sont unis par les liens du mariage. Dans ce cas, la présomption de consentement des époux à l’acte sexuel ne vaut que jusqu’à preuve du contraire. »

      -- Article 222-22 ancien du Code pénal

      Enfin, la loi du 9 juillet 2010 a supprimé la référence à une présomption de consentement des époux à l’acte sexuel.

      Le côté « schizophrénique » qu’il y a, d’une part, à sanctionner pénalement le viol entre époux, et, d’autre part, à sanctionner le refus unilatéral de se soumettre au devoir conjugal, a pu être relevé.

      Parce que si on a plus le droit de violer tranquillou la conjointe (l’inverse se vérifiant nettement plus rarement), l’absence de relations sexuelles (entendre généralement de pénétration du vagin par le pénis, parce que le reste, on s’en fout !) est encore prétexte à divorce :

      Si la reconnaissance de la possibilité d’un viol entre époux empêche aujourd’hui l’exécution forcée du devoir conjugal, l’absence de relations sexuelles reste un motif de divorce pour faute valable. Jean-Michel Bruguière cite un arrêt de la Cour d’appel d’Amiens, du 28 février 1996 :

      « Il est de jurisprudence constante que le devoir de cohabitation implique l’obligation de consommer le mariage, chacun des époux étant tenu envers l’autre à accomplir le devoir conjugal. »

      Il réfute aussi l’idée que le non-accomplissement du devoir conjugal n’aurait plus de portée dans le divorce pour faute, relevant, en 2000 : « Une recherche attentive sur cette question menée depuis 1980 fournit en effet pas moins de cent vingt-quatre décisions ».

      De plus, l’absence de relations sexuelles a pu être jugée comme constituant un quasi-délit, sur le fondement de la doctrine de la responsabilité du fait personnel disposée dans l’article 1240 de Code civil (qui était l’article 1382 antérieurement à l’ordonnance du 10 février 2016), qui oblige celui qui a commis un dommage à autrui à le réparer (notamment en payant) :

      « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. »

      -- Article 1240 du Code civil

      D’un autre côté, je croyais qu’on avait tordu le cou au divorce pour faute ?

      Putain de patriarcat :

      Le divorce pour faute est prévu aux articles 242 à 246 du Code civil. Il a pour but est de répondre aux cas de fautes particulièrement graves, principalement lors de violences conjugales, d’injures, de diffamations ou de défaut de participation à la vie familiale.

    • Je croi que ca à deja été signalé sur @seenthis mais il y a pas que le devoir de subir des viols dans la mise en couple. Il y a aussi le devoir de se prendre les coups en silence.
      https://seenthis.net/messages/714829

      Sinon par rapport aux catholiques, le viol n’est pas reconnu dans cette religion. Le viol n’est pas pour elleux une faute, la faute (ou pecher) c’est le sexe hors mariage. Dans le mariage catho il y a toujours le viol obligatoire et sa negation. Le fait d’être consentant·es ou pas hors mariage ne change pas grand chose aux yeux de leurs gourous du viol et dans le mariage catho il n’y a pas de viol. Ici un article détaillé sur l’éducation au viol chez les catholiques :
      https://seenthis.net/messages/667926
      Et des cathos il y en a encore beaucoup, en macronie ils ont le vent en poupe car le viol d’enfants, de conjointes et de religieuses n’est pas leur seul activité, ils pratique aussi la spéculation financière et immobilière, le détournement d’héritage, la fraude fiscale, le blanchiment d’argent via leur banque mafieuse ce qui en fait des marcheurs épanouis et des premiers de cordée.

  • L’ordre divin

    Nora est une jeune mère au foyer. En 1971, elle vit avec son mari et ses deux fils dans un paisible village suisse où l’on a peu senti les bouleversements du mouvement de 68. Pourtant, la paix dans les chaumières et dans son foyer commence à vaciller quand Nora se lance dans le combat pour le suffrage féminin...

    « L’ordre divin » est le premier long-métrage de fiction sur le #droit_de_vote des femmes en Suisse et son introduction tardive en 1971. La scénariste et réalisatrice #Petra_Volpe (scénario de « Heidi ») invite le public à plonger dans l’atmosphère et les émotions de la Suisse rurale des années 70, une période riche en changements. « #L'ordre_divin » est un hommage à toutes les personnes qui se sont battues à l’époque pour l’égalité des droits politiques et toutes celles et ceux qui s’engagent aujourd’hui pour l’égalité des sexes et l’autodétermination.


    http://www.filmcoopi.ch/filmreel-ordre-fr_CH.html
    #film #suisse #féminisme #histoire #politique #égalité

  • À quel point vivez-vous au crochet de votre colocation ou la faites-vous vivre ?
    - focus rationnel sur un travail reproductif -

    La vie en colocation peut prendre bien des formes. Motivation financière, sociale, géographique, temporelle, amicale… il y a bien des raisons d’y atterrir et bien d’autres de vouloir en partir.
    Pour ma part, j’aime la colocation en général, ça m’aide à combler un vide social, la raison économique n’arrive qu’après. J’en ai une longue expérience, à tel point qu’à la dernière visite, ce n’était pas le premier argument qui m’est venu à l’esprit.
    Résultat des courses, je tolère beaucoup sur certains points (contrairement à avant) et je déclenche mes alertes plus vite sur d’autres. Je peux avoir classé dans la catégorie "mineur" un incident important, car je sais d’expérience qu’il se règle vite et sans heurt. La communication non violente aide pour beaucoup : exprimer ses ressentis, poser ses limites…
    (dans un environnement sans communication, il serait grave ; dans un environnement avec communication, il devient mineur)

    Pour vivre dans un cadre fonctionnel efficace, la rationalisation apporte des solutions. Trop cadrer en bride peut-être certain·e·s, mais en aide également d’autres. Le "tour de poubelles", le "pot commun"… toutes ces astuces de gestion pratiquées par nécessité ou refusées par gène sont le quotidien de bien des colocs.

    Marx à la rescousse

    Grâce à Irène Pereira, j’ai découvert une notion marxiste méconnue : le travail reproductif . C’est celui qu’on doit répéter tous les jours pour éviter la dégradation : préparer le repas pour manger, la vaisselle, la lessive, le rangement… (ça vous rappelle qqchose ?). Celui-là même qui sert d’argument au revenu de base.
    Et dans une coloc, on est en plein dedans.

    Concentré sur un souhait d’équité dans le travail reproductif, j’en suis arrivé à construire un système de comptage simple (pas plus de 3 neurones) pour juger de la répartition des tâches.
    Assez fiable, il me permet de comptabiliser l’effort sur les 3 ateliers cuisine/repas/vaisselle. Il peut être employé seul dans son coin ou devenir outil collectif.
    (dans mon cas, c’est juste mon tableau de bord, mes colocs ne s’en servent pas)

    Les 3 postes listés ci-dessus sont reliés :
    la préparation d’un plat, le fait de le manger, la vaisselle qui accompagne ce repas.
    C’est ça qu’on comptabilise ici.

    Comment ça marche ?

    Comme en maths, on va partir du cas simple pour aller vers le complexe.

    Lorsqu’on vit seul, c’est simple : soit on fait les 3 et il n’y a pas de dégradation, soit on achète de la bouffe toute prète (c’est donc plus cher mais moins chronophage), soit on délaisse l’un des 3 postes et l’environnement va se dégrader.
    Seul, pas de soucis, le principe de réalité viendra bien assez tôt se rappeler.

    À plusieurs arrive un second problème : le fait d’empiéter sur les autres, c’est à dire le déséquilibre.
    Dans certaines colocs, on aime à faire la cuisine en commun. Avantage social certes, mais contraignant. Alors peut-on combiner liberté et collectif sans rompre l’équité dans les tâches ?

    À présent comment se comporte ma règle des 3 postes dans un cas de cuisine pour plusieurs personnes, plusieurs personnes qui en mangent et vaisselle pour plusieurs couverts ?
    Et bien c’est là qu’arrive vraiment l’innovation.

    La règle est simple : Cuisiner et faire la vaisselle ça rapporte, manger ça coûte. L’ensemble doit s’équilibrer.

    Donc à retenir :
    cuisiner pour 1 personne donne 1 point ;
    faire la vaisselle pour 1 personne donne 1 point ;
    manger coûte 2 points.

    Dans le cas d’un habitat seul , ça fonctionne
    1+1-2 = 0 c’est équilibré
    On peut le reproduire tous les jours.
    Et rien n’oblige à le faire sur 1 journée. Ce qui n’est pas fait reste toujours à faire, on peut rattraper le travail.

    Dans le cas d’un habitat à plusieurs , ça fonctionne comme ça :
    Exemple de 2 personnes Bob et Alix

    JOUR 1
    Bob cuisine (pour 2), mange, vaisselle (pour 2)
    Alix mange

    Bob = 2(cuisine) - 2(repas) + 2(vaisselle) = +2
    Alix = -2 (repas) = -2

    C’est déséquilibré entre eux aujourd’hui, mais Alix se rattrapera.
    Bob + Alix = 0
    C’est équilibré dans le système total.

    JOUR 2
    Bob cuisine (pour 2), mange
    Alix vaisselle (pour 2), mange

    Bob = 2(cuisine) - 2(repas) = 0
    Alix = 2(vaisselle) - 2 (repas) = 0

    C’est équilibré entre eux aujourd’hui.
    C’est équilibré dans le système total.

    En gros, ça marche tout le temps.

    Arrivent ensuite les cas particuliers.
    Les "invités" en général ne cuisinent pas et ne font pas la vaisselle (même si chez mes parents, on arrivait toujours à les mettre à contribution).

    Les invités, c’est vraiment ce qui fout la merde dans les colocs. Et que je te salis des serviettes une seule fois, et que je mange ce qui devait durer la semaine, et que j’occupe la pièce qui sert de coin détente.

    Ça provoque une sortie de points vers l’extérieur, une fuite.
    Pour rééquilibrer, le principe est simple : les hôtes doivent assumer les points perdus. Moi + 1 invité = 2 repas pour moi. Et tout revient dans l’ordre.

    Conclusion

    L’avantage, c’est de détecter les déséquilibres de long terme, les tendances, les faux reproches aussi. Les faux reproches, c’est quand qqun dîne à l’extérieur et qu’on lui dit qu’il n’a pas fait la vaisselle. C’est illégitime et l’équation le prouve.

    En gros : « Tu Manges : Tu Ranges ! »
    (et non pas, tu cuisines donc tu as sali donc tu ranges)

    Les modifications de ce système ne sont que des variations. Décomposer vaisselle = laver + essuyer/ranger ; ça ne donne pas plus de points, ça divise. 0,5 point pour chaque.
    Cuisiner à plusieurs, pareil : un plat pour 4 fait à 2 personnes = 4 × 1 = 4 => 4 / 2 = 2 points par participant.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ir%C3%A8ne_Pereira
    #colocation (un l) #travail_reproductif

  • Désolée, je ne suis pas une féministe « glamour » | Ladies & gentlemen | Francetv info
    http://blog.francetvinfo.fr/ladies-and-gentlemen/2017/03/03/on-peut-etre-blonde-et-feministe-en-revanche-cest-plus-difficile-d

    Je viens de lire ton édito dans Glamour (on me l’a envoyé, rassure-toi, je n’achète pas ton journal).

    Tu vas sans doute me trouver trop brune, pas assez Badinter-Veil-Giroud, trop pleine de dents, trop en rage, trop misandre, trop castratrice, trop violente, trop impolie (pardon de te « mettre mal à l’aise » quand je dénonce le sexisme, c’est vrai, quoi, ça gâche l’ambiance une pétasse qui refuse les mains aux fesses et dénonce les insultes misogynes), trop blogueuse (tu as écrit « en mal de sujet », tu aurais pu ajouter « en mal de buzz » pour aller au bout du mépris), trop frustrée, trop « petite semaine », trop « agressive », trop dominatrice, trop revancharde, trop poilue, pas assez « trentenaire, souriante, douce et déterminée » pour qu’on « aime lui ressembler »...

    Avec ce billet, je vais t’offrir ton petit « CQFD » (ce sera mon cadeau de 8 mars) : je suis (presque) bel et bien tout ce que tu décris en creux des féministes que tu peux pas blairer.

    #Glamour #Féminisme #8Mars #Céline_Perruche #Marie_Donzel
    #antiféminisme #consommation #féminisation_des_noms, #publicité #sexisme #stéréotypes #tâches_ménagères

  • High-earning women do more housework
    http://mamie-caro.tumblr.com/post/150345579989/in-families-with-children-in-which-both-spouses

    In families with children in which both spouses work fulltime, women do about twice as much child care and housework as men – the notorious ‘second shift’ described by sociologist Arlie Hochschild in her classic book of that name.2 You might think that, even if this isn’t quite fair, it’s nonetheless rational. When one person earns more than the other then he (most likely) enjoys greater bargaining power at the trade union negotiations that, for some, become their marriage. Certainly, in line with this unromantic logic, as a woman’s financial contribution approaches that of her husband’s, her housework decreases. It doesn’t actually become equitable, you understand. Just less unequal. But only up to the point at which her earnings equal his. After that – when she starts to earn more than him – something very curious starts to happen. The more she earns, the more housework she does.3 In what sociologist Sampson Lee Blair has described as the ‘sadly comic data’ from his research, ‘where she has a job and he doesn’t … even then you find the wife doing the majority of the housework.’

    … If you are somehow sceptical of the notion that high-earning women do more housework because of an internal drive to maintain the highest possible oxytocin levels, while unemployed husbands carefully protect their own physiological state by giving the laundry pile a wide berth, or are simply neurally less capable of sensing it, then sociologists have an alternative explanation that you may find more satisfying. They refer to this curious phenomenon as ‘gender deviance neutralisation’.7 Spouses work together to counteract the discomfort created when a woman breaks the traditional marital contract by taking on the primary breadwinning role. A fascinating interview study conducted by sociologist Veronica Tichenor revealed the psychological work that both husbands and their higher-earning wives perform to continue to ‘do gender’ more conventionally within their marriage, despite their unconventional situations. For example, as predicted by the quantitative surveys, most of the higher-earning wives also reported doing the ‘vast majority’ of both domestic labour and childrearing. Sometimes this was resented and a point of contention. But others seemed to ‘embrace domestic labour as a way of presenting themselves as good wives.’ As Tichenor points out, what this means is that ‘cultural expectations of what it means to be a good wife shape the domestic negotiations of unconventional earners and produce arrangements that privilege husbands and further burden wives.’

    Tichenor also surmised that in decision making the women were deferring to their husbands in ‘very self-conscious ways’ because they didn’t want to be seen as powerful, dominating, or emasculating. The couples also redefined the meaning of ‘provider’ so that the men could still fall within the definition. While in the conventional couples the provider was the person who brought home the biggest paycheque, among the other couples the men’s management of the family finances, and other noneconomic contributions, were considered part of providing. Thus it was that Bonnie, earning $114,000 a year and married to a man earning $3000, could nonetheless argue that they were ‘both providers’. Interestingly, these women were often very aware that their greater income didn’t bring them the same power within the relationship as it would a man in a more conventional marriage.

    #femmes #travail #domination_masculine #tâches_domestiques

  • L’HISTOIRE DE 3 HOMMES…
    (vu ailleurs et provenant d’ailleurs (pas difficile de trouver d’où…)

    Le premier homme épousa une femme de la Floride.
    Il lui dit qu’elle devait faire la vaisselle et nettoyer la maison.
    Cela prit une couple de jours, mais la troisième journée lorsqu’il revint à la maison, il vit que tout était nettoyé et que la vaisselle était propre et rangée.

    Le deuxième homme épousa une femme de Toronto.
    Il ordonna à sa femme de nettoyer, faire la vaisselle et la cuisine.
    Le premier jour, il ne vit aucun résultat mais, le deuxième jour, il vit que c’était mieux.
    Au troisième jour, il vit que la maison avait été nettoyée, la vaisselle faite et qu’un immense repas était sur la table.
     
    Le troisième homme épousa une Québécoise.
    Il lui ordonna de garder la maison propre, de laver la vaisselle, de tondre le gazon, de laver le linge et de préparer un repas chaud à tous les jours.
    Il dit que, le premier jour, il n’a rien vu. Le deuxième jour, il n’a toujours rien vu mais, au troisième jour, l’enflure avait diminué et il pouvait voir un peu de son œil gauche.
    Son bras était assez guéri pour qu’il puisse se faire un sandwich et mettre la vaisselle dans le lave-vaisselle.
    Il peut se déplacer avec des béquilles, mais il éprouve encore quelques difficultés quand il pisse...

  • Le partage des tâches ménagères régresse, seule l’illusion progresse | Sans Compromis
    https://sanscompromisfeministeprogressiste.wordpress.com/2016/03/11/le-partage-des-taches-menageres-regresse-seule-lillusion-progresse

    https://sanscompromisfeministeprogressiste.files.wordpress.com/2016/03/89787151_o.jpg?w=920&h=306

    Mais n’y a t-il pas aussi de plus en plus d’hommes qui participent aux tâches ménagères ?

    Non. C’est une illusion collective. Nous n’avons absolument pas avancé dans ce domaine depuis 22 ans, quand j’ai publié Lapartages-des-taches-ménagères trame conjugale. Nous en avons l’impression car il y a quelques exemples de héros modernes qui sont mis en avant. Oui, les hommes ont de la bonne volonté, de la mauvaise conscience, et s’investissent dans un certain nombre de domaines – on peut citer les nouveaux pères par exemple -, mais il faut retourner aux chiffres. Au rythme actuel, pour arriver à l’égalité hommes-femmes, il faudra plusieurs siècles. L’aspect dramatique, c’est que nous avons l’impression que nous y sommes presque arrivés et que cela va se faire tout seul. Il faut casser cette illusion sinon on ne va pas avancer.

    Etes-vous optimiste quant à l’avancée vers une égalité dans le partage des tâches ?

    Jean-Claude Kaufmann : A court terme, non. Avec la crise profonde que nous traversons et la fragilisation de la société, nous assistons aujourd’hui à un léger retour en arrière. Chacun va chercher des repères et les plus protecteurs sont dans l’identité traditionnelle et dans des rôles marqués d’hommes et de femmes. Un homme au chômage va donc encore moins participer aux tâches ménagères car il est perdu. Une femme en situation de précarité, va, elle, se raccrocher à son rôle de mère. Et aujourd’hui, dans les quartiers modestes, pauvres et dans les banlieues, on assiste à une réaffirmation des rôles d’identité de genre très marqués. Des jeunes hommes, des « mecs », vont déclarer dès le début du couple que ce n’est pas à eux de faire la cuisine par exemple. Il y a une montée de cette idée-là aujourd’hui, qui oppose les univers féminin et masculin dès le début. Pour l’avenir immédiat, je suis donc pessimiste. Pour l’avenir à très long terme, je suis plus optimiste car on ne peut que continuer à avancer.

    #ménage #travail_gratuit #exploitation_des_femmes #couple #hétérosexisme