• Mexico
    Une ville sous le regard indien

    Joani Hocquenghem

    https://lavoiedujaguar.net/Mexico-Une-ville-sous-le-regard-indien

    Dominant l’horizon de l’altiplano de ses plus de deux mille mètres, le cercle de volcans veille sur la vallée de l’Anáhuac. En son centre, Mexico baigne dans une nappe de fumée dense où les vapeurs du Popocatepetl se mêlent aux gaz de la machine-monstre. « La marmite de sorcier », « la chaudière du diable » disent les Mexicains, « la terre qui pousse par en haut », « la vallée où vit le pouvoir », l’appellent les zapatistes. Là établirent leur capitale les Mexicas jusqu’à ce qu’une force plus grande, venue d’au-delà de l’horizon, les abolissent. Là régna l’Espagne jusqu’à l’indépendance, rivée au même site ; là s’imposa Porfirio Díaz jusqu’à la révolution ; là gouverna le PRI jusqu’à l’année 2000.

    À partir de la bataille de Tenochtitlan, l’onde de choc de la conquête, son sillage de violence et d’épidémies, propage un mouvement de fuite des peuples indiens. À mesure que la colonie importe d’Europe sa classe dominante, se remplit par le haut de nouveaux possédants, les uns sont intégrés à la société de l’envahisseur tout au bas de l’échelle, les autres chassés des terres fertiles, des plaines irriguées et tempérées vers les sierras ou la selva. L’Indépendance n’est pas leur émancipation ; le nouvel État accélère cette dépossession géographique et historique, nie toute existence à leur propriété communautaire de la terre.

    Avec la révolution, le mouvement centrifuge tend à s’inverser, par à-coups. La montée à la capitale en 1914 des paysans indiens en rébellion, plus qu’un raid militaire, prend des allures de retrouvailles, d’une reprise de contact entre deux mondes séparés. (...)

    #Mexique #Joani_Hocquenghem #Indiens #ville #Mexico #Tenochtitlan #zapatistes #révolution #cinéma #Mayas #Nahuas #Tarahumaras #Chiapas

  • #Viva

    En brefs chapitres qui fourmillent d’anecdotes, de faits historiques et de rencontres ou de coïncidences, Patrick Deville peint la fresque de l’extraordinaire bouillonnement révolutionnaire dont le #Mexique et quelques-unes de ses villes (la capitale, mais aussi #Tampico ou #Cuernavaca) seront le chaudron dans les années 1930.

    Les deux figures majeures du roman sont #Trotsky, qui poursuit là-bas sa longue fuite et y organise la riposte aux procès de Moscou tout en fondant la IVe Internationale, et #Malcolm_Lowry, qui ébranle l’univers littéraire avec son vertigineux Au-dessous du volcan. Le second admire le premier : une #révolution politique et mondiale, ça impressionne. Mais Trotsky est lui aussi un grand écrivain, qui aurait pu transformer le monde des lettres si une mission plus vaste ne l’avait pas requis.

    On croise #Frida_Kahlo, #Diego_Rivera, #Tina_Modotti, l’énigmatique B. #Traven aux innombrables identités, ou encore #André_Breton et #Antonin_Artaud en quête des #Tarahumaras. Une sorte de formidable danse macabre où le génie conduit chacun à son tombeau. C’est tellement mieux que de renoncer à ses rêves.

    http://www.seuil.com/ouvrage/viva-patrick-deville/9782021135961

    –-> on en a parlé ce soir sur « En direct de Mediapart », et je me disais que des seenthisiens pouvaient être intéressés

    #livre