• La Cour des comptes porte un œil critique sur la gratuité des transports publics dans les grandes villes
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/09/15/la-cour-des-comptes-porte-un-il-critique-sur-la-gratuite-des-transports-publ

    [...]

    Dans un rapport consacré à la part payée par les usagers dans les transports publics urbains, publié lundi 15 septembre, la Cour des comptes alerte sur le fait qu’elle n’a cessé de décroître ces dernières années pour atteindre 41 % des coûts de fonctionnement des réseaux. Si l’on ajoute à l’équation les investissements supportés par les autorités organisatrices de la mobilité, la contribution des passagers descend à 26 % du coût réel.

    [...]

    La Cour des comptes s’est également penchée sur la gratuité totale mise en place dans 46 réseaux, bénéficiant à 2,8 millions de personnes. Une telle politique, note-t-elle, s’est développée depuis le début du siècle, mais s’est accélérée depuis 2017 avec le basculement d’agglomérations de plus de 100 000 habitants vers la gratuité, telles que celles de Niort, Dunkerque, Calais, Douai, Bourges et, la plus grande d’entre elles, Montpellier, où vivent quelque 500 000 personnes. Les auteurs du rapport ont un jugement différencié selon la taille du réseau. S’ils sont modestes ou intermédiaires, la gratuité « permet d’accroître sensiblement la fréquentation, pour un coût limité par rapport à la situation initiale », estiment-ils, puisque les recettes étaient réduites à leur portion congrue.

    [...]

    Dans le cas de Montpellier, où les transports sont gratuits depuis 2023 pour les administrés de la métropole, une enquête a été menée en juin 2024 par la Cour des comptes auprès de 11 000 habitants. La hausse de la fréquentation est incontestable, mais elle s’accompagne d’une baisse de la satisfaction des usagers. Surtout, les nouveaux usagers se déplaçaient auparavant davantage à pied ou à vélo (39 %) qu’en voiture (33 %), ce qui fait dire aux auteurs que cette politique coûteuse a en partie manqué sa cible en matière de report modal.

    Cette analyse fait bondir le maire de Montpellier, Michaël Delafosse (PS), qui déplore le « biais idéologique » de la Cour des comptes. « La gratuité, c’est un choix politique pour allier transition écologique et pouvoir d’achat. On ne s’interroge pas de la même manière sur le coût des routes pour les finances publiques ! », regrette-t-il. Selon lui, la Cour aurait dû attendre les résultats de l’enquête approfondie commandée par la métropole, prévus pour octobre, avant de jauger cette « expérience toute jeune ».

    [...]

    Le versement mobilité, prélevé sur la masse salariale des entreprises, finançait 46 % des transports urbains en 2019. Il est désormais à son « plafond légal dans les grandes AOM ».

    • Pour le coup, le maire de Montpellier n’a pas tord : la cour des compte s’aligne sur les arguments des droitards anti-gratuité.

      – D’abord la gratuité à Montpellier accompagne d’énormes perturbations et restrictions à la circulation automobile (qui continuent à se mettre en place) : mise en place de la ZFE (mais ça, on n’a plus aucune idée d’où ça en est : c’est en pause, c’est annulé, c’est quoi ?), zone 30 sur toute la ville, suppression massive de places de parking en centre-ville, accès (au pluriel) aux centre-ville extrêmement compliqués, voies doubles passées à une seule voie (avec une voie réservée aux bus et aux vélos), et partout des travaux pour réduire la place de voitures et développer les trams, les bus, les bus-trams avec des voies vélos à chaque fois.

      La gratuité est l’énorme argument qui permet de faire passer ça. (Parce que t’imagines bien que ça gueule, parce que se balader en voiture n’a jamais été aussi pénible.) Sans ça, tu peux être certain qu’à la prochaine élection municipale, on se tapera un connard de droite élu sur le thème de l’« écologie punitive » et se fera un devoir d’arrêter tous ces changements qui entravent le bonheur du conducteur automobile. (Encore une fois : le déploiement de la ZFE avait déjà été mis en pause à cause des pressions locales ; maintenant au niveau nationale ; et on n’a plus aucune idée d’où ça en est.)

      – Évidemment quelque chose qui ne plaira pas aux droitards : il me semble bien que ça fait passer le financement sur des impôt plus ou moins progressifs plutôt que sur la vente des billets (qui pèsent beaucoup plus lourd dans le budget des familles pauvres que des familles riches, sachant les transports sont une dépense contrainte). Déjà quand je vois ce que nous, avec une famille de 5, on économise sur les 5 abonnements qu’on devrait prendre sinon, j’imagine que pour une famille aux revenus plus modestes, ça représente quelque chose d’absolument énorme (même si, comme on le sait, il y a des économies qui sont faites ailleurs).

      – Les sondages pour noter une « baisse de satisfaction », alors qu’il y a justement des travaux énormes pour changer tout le plan de circulation de la ville depuis 2020, ce n’est pas sérieux, et c’est loin d’être terminé. Bien sûr que c’est le bordel, il y a des travaux partout, et principalement dans le but de développer le réseau et de restreindre la circulation automobile. D’autant qu’évidemment, une partie des nouveaux usagers, ça va être ces gens qui, auparavant, se complaisaient à polluer le centre-ville matin et soir pour faire en voiture l’aller-retour depuis leur lotissement à l’extérieur de la ville où tout le monde vote facho, et que maintenant ça les fait chier des devoir prendre les transports en commun avec les noirs et les arabes.

    • L’avis du président de la métropole lyonnaise :

      Bruno Bernard ✓- Mastodon
      https://piaille.fr/@BrunoBernard/115124209658048741

      31/08/2025

      🟢🎫 Dès demain les enfants jusqu’à 10 ans pourront se déplacer gratuitement sur notre réseau TCL !

      Pourquoi ne pas rendre les TCL gratuits pour tout le monde ?

      Parce qu’une telle mesure coûterait chaque mandat l’équivalent de 3 ou 4 nouvelles lignes de tramway, ou toute la modernisation de nos 4 lignes de métro. Autrement dit : ce serait renoncer à améliorer concrètement l’offre.

      Si on veut que plus de monde prennent les TCL, il faut améliorer ce service !

      Mais cela ne veut pas dire ne rien faire. Bien au contraire. Nous croyons à une approche plus juste et plus utile : la tarification sociale.

      Elle permet d’aider d’abord celles et ceux qui en ont le plus besoin.

      C’est pourquoi nous avons :
      – baissé l’abonnement des jeunes,
      – rendu les TCL gratuits pour les personnes en situation de grande précarité,
      – et à la rentrée, la gratuité s’étendra aux enfants de moins de 10 ans.

      Et contrairement à une idée reçue, les usagers qui payent l’abonnement maximum sans reste à charge représentent moins de 3% de nos abonnés totaux. 97% des abonnés profitent d’un abonnement à moins de 37€ en reste à charge !

      Ce choix d’une solidarité couplé à un doublement des investissements est le plus juste, le plus social et le plus écologique.

      Un choix fort, pour que les transports en commun soient une vraie alternative à la voiture pour toutes les familles et un levier concret de pouvoir d’achat.

    • Quelle que soit la ville française, le ticket ou l’abonnement payé par les voyageurs pour prendre un bus, un tram ou un métro ne couvre qu’une partie du coût du service.

      Ça commence mal cet article du Monde : là, on te fait bien comprendre que malgré tout, les « collectivités » te font un gros cadeau. Alors, la ramène pas trop non plus sinon tu vas payer le « vrai » prix de ce que ça nous coûte, à nous, les gestionnaires des « délégations de services (plus vraiment) publics » ...

    • De fait, de nombreuses tarifications sociales régionales ont été mises en place. Contrairement à ce que dit la cour des comptes (d’après Le Monde), si ces tarifs peuvent être liés au « statut », comme en IDF
      https://www.solidaritetransport.fr/first-request/online/rights
      il arrive aussi qu’ils dépendent plutôt du quotient familial tel qu’évalué par la CAF, comme en PACA
      https://zou.maregionsud.fr/commander-une-carte-zou-solidaire

      Et là, l’argument selon lequel ce serait des trajets piétons et vélo qui se reportent sur l’offre publique ne doit guère tenir. Qui marche ou pédale du Val d’Oise à l’Essone, ou de Marseille à Manosque ?

      Nos dirigeants se rêvent en jet society (et d’ailleurs : qui prend l’avion ?), sont des utilisateurs intensifs de TGV hors de prix. Pour eux la mobilité doit rester un privilège (paye ton flixbus !).

      #tarification_sociale

    • Je n’ai jamais vu évaluer par exemple le coup du passage dans les rues de la caravane des 35 tonnes chargés à bloc pour le tour de france. A griller les feux et à passer à fond sur les petits ponts du canal de Brienne. Combien ça coûte à entretenir ? et justement à ne pas devoir entretenir pour des énormes SUV.

      Et si tu calcules, rajoute aussi les gains vu par le lobbying pro pétrole, versus le lobbying pro nucléaire, versus le lobbying du macadam et celui des bagnoles, rachida en tête. Tu penses vraiment qu’ils vont lâcher la poule aux œufs d’or comme ça ?

      Du coup, ils augmentent de façon tellement honteuse le prix du billet, comme à paris, que c’est sûr que dans ces conditions ce n’est plus à égalité avec le coût du système technologique de contrôle des transports. Entre les machines à composter, barrière de protection, billetteries, vidéosurveillance, contrôle et contrôleurs ça fait du monde pour pousser le portillon sécuritaire et jusque là on considérait que les bénéfices y étaient totalement absorbés.

      Y’a un chomsky dans la salle pour analyser quel pourcentage d’articles de ce journal sont devenus fascisants ? ça augmente au fur et à mesure des mois. Ça se complait à alimenter la peur d’un autre monde et à démontrer envers et contre tout que ce ne serait surtout pas possible.

    • Je n’arrive pas à retrouver la vidéo mais ça me fait penser à cet élu (canadien ?) qui était interpellé par un quidam qui demandait à ce que les cyclistes payent un droit d’usage de la route et qui semblait tout perdu quand on lui a dit que les cyclistes payaient les mêmes impôts que lui... Les fachos (ou proto-fachos) ont toujours le même mode de pensée : ils s’approprient l’espace d’une façon et rejettent tout élément qui ne l’utilise pas de la même façon (marche avec les chasseurs, les agriculteurs réacs etc.).

    • Comme la gosse partait de la gare, on avait pris un hôtel plein centre ville et on a passé plus d’une heure à tenter de l’atteindre. Après 6 heures de route, on a modérément apprécié l’absence de panneaux indicateurs pour se diriger et effectivement, le fait qu’aucun GPS n’est fonctionnel intra-muros, entre les chevauchement de voies et le fait qu’aucun n’arrive à suivre le rythme du changement de plan circulation.

      Donc au lieu de mettre 10 min pour foutre la voiture au parking et faire le reste à pied comme prévu, on a pollué une heure et y a pas eu de reste.

      On a bien compris le concept et on est ok sur le principe  : rendre la ville à ses habitants. Clairement, dans la plupart des cas, les gens peuvent circuler sans craindre les bagnoles, mais laisser ceux qui doivent arriver tourner en rond pendant des plombes, c’est pas terrible non plus.

      Par ailleurs, comme déjà observé dans d’autres métropoles régionales, rendre la ville à ses habitants sonne aussi pas mal comme « en exclure les autres, les étrangers et les ploucs sans transports en commun  ».

    • Figure-toi qu’à Lyon, les parkings sont pléthoriques, rarement saturés, et plutôt bien placés. Aussi, à chaque fois que je dois prendre la voiture, je vérifie le parking la plus proche, et je n’hésite pas, j’y pose la voiture sans chercher une place dans une rue.

      En voyage en voiture de location cet été dans un grand pays du nord, on a fait exactement pareil. Arrivé dans la capitale administrative, on repère le parking public, on pose la voiture, et on la laisse pendant tout le séjour. On traverse le pays, on arrive dans la grosse ville sur la côté, apparemment la capitale économique, et là aussi, on repère, et on pose le véhicule dans l’immense parking souterrain - on a eu un petit peu plus de mal pour trouver le bon parking, mais une fois trouvé, on découvre qu’il a des accès qui rayonnent dans tout l’hyper-centre, c’est juste qu’on n’était pas assez attentif.

      Et donc, on n’a eu à tourner des heures. Ouf. Je me sens chanceux.

      A vrai dire, je crois que les seules villes où il est compliqué de circuler en voiture, ce sont les villes où ils n’ont pas encore fait le nécessaire pour réduire la place de la bagnole, pour de vrai.

      J’en parlais l’autre fois, dans un autre fil où je déblatérais sur les débats consternants sur la circulation en bagnole à Lyon. Les gens ne se souviennent pas de ce que c’était de circuler il y a 10 ou 20 ans, quand tout était saturé, alors même qu’il y avait des doubles ou quadruples voies sur la plupart des grands axes intra-muros (avec les murs gris et poussiéreux qui vont bien sur les alentours).

    • @biggrizzly : comme le disait @arno, ils sont en plein dans les travaux.

      On visait le gros parking sous-terrain du centre-ville, sachant que l’hôtel forfaitise le prix du stationnement pour 24h.
      C’est juste qu’il n’est pas accessible. Le GPS se paume, il y a des épingles à cheveux dans un dédale de voies souterraines, pas de panneaux, en gros, il n’y a que si tu connais que tu peux y arriver et par définition, les visiteurs ne connaissent pas.

      Logiquement, tu flèches les visiteurs vers les parkings pour qu’ils posent leur engin de mort et n’y touchent plus jusqu’au départ.

    • Une étude prône de réduire drastiquement la place accordée à la voiture pour promouvoir un « système alternatif de mobilité »
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/09/16/une-etude-prone-de-reduire-drastiquement-la-place-accordee-a-la-voiture-pour

      Avec 1 million de kilomètres de routes, la #voiture est à son aise sur le territoire français. Le Forum vies mobiles suggère d’en rendre 23 % aux transports en commun, et d’en réserver 20 % aux #mobilités douces.

      https://justpaste.it/a4qhb

      #transports

    • les pecnos sont les nouveaux ?????

      Les « péquenots » (non propriétaires du foncier agricole ou du foncier bâti) ont toujours fait partie du « Lumpen-proletariat ».
      #gueusaille #domesticité #servage

      Par ailleurs, comme déjà observé dans d’autres métropoles régionales, rendre la ville à ses habitants sonne aussi pas mal comme « en exclure les autres, les étrangers et les ploucs sans transports en commun  ».

      #ploucs #mobilités (j’aurais aimé ajouter des guillemets à ce tag)

    • J’ai vécu à Nantes il y a plus de quinze ans, les transports étaient gratuits pour les chômeurs (c’était mon cas) pendant 3 mois, j’ai l’impression que ça n’existe plus mais effectivement la grille tarifaire actuelle témoigne d’une inventivité administrative pas piquée des hannetons. Par ailleurs j’y ai passé quelques jours cet été, y faire du vélo est devenu vraiment plus agréable, par contre la gentrification tapageuse du centre-ville est assez incroyable...

    • @monolecte Je pense que je vois de quoi tu parles : même moi au bout de 8 ans j’ai du mal. Mais figure-toi que ça n’est pas lié aux travaux récents : cette espèce de spaghetti de voies qui passent au-dessus, en-dessous, qui se superposent, te font faire un quasi demi-tour sur place… j’ai toujours connu. Ça doit remonter à Georges Frêche (piétonnisation du centre-ville et/ou construction du Polygone).

      @sombre on a aussi à Montpellier ces parkings-relais. Il y en a 9, et si tu bénéficie du passe gratuité (c’est-à-dire résident de la Métropole), ces parkings sont gratuits. Et sinon, un peu plus loin (mais toujours proches des trams, il y a encore 6 parkings « de proximité » totalement gratuits.

  • Pourquoi prendre le train coûte si cher

    Le lieu commun selon lequel prendre le train est un choix écologique, mais trop coûteux, est en partie fondé. Pour développer le rail, les pouvoirs publics doivent choisir de l’avantager résolument.

    Peu de gens le contestent : prendre le train pour partir en vacances ou aller travailler, c’est bon pour le #climat. En TGV, l’empreinte carbone est de 70 à 80 fois moindre qu’en avion ou en voiture sans passager. Même si l’on compare les émissions moyennes des TER (peu remplis et roulant pour partie au fioul) à celles d’une voiture bien remplie, le gain reste non négligeable.

    Néanmoins, ce choix est parfois coûteux. D’après une étude de Greenpeace (https://www.greenpeace.fr/espace-presse/nouveau-rapport-le-train-deux-fois-plus-cher-que-lavion-en-europe), pour relier de grandes villes européennes distantes de moins de 1 500 km, le train est en moyenne deux fois plus cher que l’avion. C’est même 2,6 fois en France ! En outre, le sentiment est répandu que les prix du rail empirent, selon un sondage mené pour le Réseau action climat (RAC).

    De fait, d’après l’Insee, le prix du train de voyageurs a nettement augmenté après la pandémie. Mais depuis 2019, cette hausse (13 %) n’est pas supérieure à l’inflation. Et même si certains trajets (comme Londres-Barcelone) sont terriblement chers en train, il ne faut pas généraliser trop vite. Le #rail reste globalement avantageux, si l’on en croit les chiffres de l’Autorité de régulation des transports.

    Ainsi, sur une même distance, le TAGV (TGV et autres trains « aptes à la grande vitesse ») est en moyenne moins coûteux qu’un #avion classique. L’avion low cost, certes, est bien meilleur marché, mais lorsqu’il existe, le TAGV low cost fait aussi bien. Quant au trajet en autoroute, il revient beaucoup plus cher s’il est effectué seul : il faut être plus de deux pour faire de vraies économies en prenant la voiture.

    Sur des distances courtes, là aussi, le prix du TER – très bas pour les abonnés – est en moyenne inférieur au coût de la voiture en solo (11,2 cts/km), conclut une étude de la Fédération nationale des associations d’usagers du train (Fnaut) (https://www.fnaut.fr/uploads/2020/09/281.pdf). Surtout qu’il ne s’agit que d’un coût marginal : le coût moyen, incluant l’achat et l’entretien de la voiture, l’assurance etc., est de plus du triple !

    De nombreuses variables

    Reste que ces moyennes cachent de grandes disparités. Dans certains cas, la voiture ou l’avion sont bel et bien moins chers. Les prix varient en effet selon la ligne, le moment du voyage, mais aussi celui de la réservation, augmentant en fonction du remplissage : c’est le #yield_management.

    Une pratique que la #SNCF défend car elle permet d’optimiser le remplissage et d’offrir des places à petit prix. Sauf pour ceux qui ne peuvent décaler leur voyage… ou qui n’arrivent pas à anticiper leur achat – un motif de renoncement au train presque aussi fréquent (16 % des sondés) que le prix dans l’absolu (22 %), selon le RAC.

    La #comparaison avec la voiture dépend du nombre de passagers. Celle avec l’aérien, de la distance parcourue. « Une fois en l’air, l’avion ne coûte presque rien », souligne l’économiste Yves Crozet.

    Le train, lui, a besoin de lourdes #infrastructures pour rouler. Elles sont financées par un #droit_d’usage_des_voies, qui augmente avec les kilomètres. Acquitté au gestionnaire du réseau, ce « #péage » constitue une grosse part du coût, qui monte à près de 40 % dans le cas des #TGV. Plus le trajet est long, donc, plus l’avion a l’avantage…

    « Le train, c’est très lourd et structurellement très cher », estime plus généralement le professeur à Sciences Po Lyon. Par exemple, explique-t-il, les compagnies à bas coût peuvent maximiser le remplissage des avions en effectuant un petit nombre de liaisons entre deux villes. Le train, lui, subit des flux déséquilibrés entre matin et soir, semaine et week-end, etc.

    Il y a aussi les #frais_de_personnel, environ un tiers des charges de la SNCF (hors formation). Ils seraient particulièrement élevés en France : ainsi, les coûts de roulage des TER sont supérieurs de 60 % à ceux de leurs équivalents allemands, selon un rapport du Sénat (https://www.senat.fr/rap/r21-570/r21-5706.html#fn18).

    Les contraintes de la SNCF – comme la faible polyvalence des salariés – sont aux antipodes des modèles « extrêmement agressifs » des compagnies aériennes low cost, qui « poussent les coûts sur les salariés – ceci sur la planète entière », souligne Christian Desmaris, également économiste à Sciences Po Lyon.

    Prendre en compte les #coûts_externes

    Ces conséquences négatives – pollution, épuisement des salariés – mais non assumées financièrement par les entreprises, appelées « coûts externes » en économie, ne font généralement pas l’objet de pénalités pour les transporteurs les plus polluants ou les moins respectueux de leurs salariés.

    Certes, les émissions de CO2 des vols internes à l’UE sont bien soumises à des quotas. Mais jusqu’ici, la plupart étaient alloués gratuitement (ils seront bientôt payants1). De plus, le kérosène n’est pas taxé, et les vols internationaux sont exonérés de TVA (10 % sur le train et les vols intérieurs), bien que soumis à la taxe « Chirac » de solidarité, soit 2,63 euros en « classe éco » vers l’UE2.

    La #route ne bénéficie pas a priori des mêmes avantages. Les automobilistes paient de multiples #taxes sur le carburant, incluant une #contribution_carbone. Néanmoins, les prélèvements sont loin de couvrir les coûts que chaque véhicule engendre pour la société, en particulier en ville, à en croire une étude du Trésor (https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2021/04/27/les-usagers-de-la-route-paient-ils-le-juste-prix-de-leurs-circu). Des « #externalités » qui comprennent, outre les émissions, l’usage de la route, le bruit, la pollution de l’air, les embouteillages et les accidents3.

    L’estimation des #coûts_externes dépend d’hypothèses et de valeurs discutables, souligne Yves Crozet dans un article. Elle éclaire néanmoins le besoin d’instaurer des prélèvements adaptés pour les compenser. Attention, toutefois, prévient le chercheur : même si le train engendre moins d’externalités, ses usagers ne paient pas non plus (et même encore moins) son coût pour la société. Il est en effet peu taxé et largement financé par les collectivités.

    Du moins… certains trains. Le transport ferroviaire conventionné avec les régions (TER) ou l’Etat (Intercités, trains de nuit) est ultra-subventionné : les pouvoirs publics assument les trois quarts de son coût. Lequel s’avère élevé, car ces trains emportent en moyenne peu de passagers. Difficile donc de les juger désavantagés face à leurs concurrents.

    Il en va autrement des #trains_à_grande_vitesse, dont le #modèle_économique historique est basé sur l’#autofinancement. Ce sont donc les passagers, en France, qui paient l’essentiel de l’infrastructure, les « péages » étant répercutés sur les billets. Et ces péages sont les plus élevés d’Europe, surtout pour les lignes à grande vitesse : 2 à 2,5 fois plus par train pour chaque kilomètre qu’en Espagne ou en Allemagne, presque 5 fois plus qu’en Italie.

    Même si l’écart par voyageur est moindre – car les TAGV en France emportent plus de passagers –, tout voyage est ainsi très coûteux pour les opérateurs, qui sont incités à limiter les circulations.

    C’est une des raisons pour lesquelles la SNCF a réduit son nombre de rames : la capacité totale de ses TGV a diminué de 14 % de 2013 à 2023, calcule le cabinet Trans-Missions (https://www.trans-missions.eu/y-a-t-il-moins-de-tgv-en-circulation-aujourdhui-quil-y-a-10-ans). Conséquence : avec la forte demande actuelle, ces trains sont souvent complets et les prix s’envolent vite. De nouvelles rames n’arriveront pas avant 2025.

    Promouvoir des #tarifs_sociaux et investir dans l’infrastructure

    Le coût des péages est aussi « une barrière à l’entrée » sur le marché français, ajoute Christian Desmaris. L’ouverture à la concurrence, lancée fin 2020, reste en effet timide : face au TGV, seules #Trenitalia et la #Renfe opèrent un petit nombre de trains. Sur le Paris-Lyon, l’arrivée de la compagnie italienne a été suivie d’une nette baisse de prix (https://www.alternatives-economiques.fr/concurrence-va-t-faire-baisser-prix-tgv-francais/00107606). Il est néanmoins trop tôt pour dire si la #concurrence produira à long terme les bénéfices espérés : plus de trains, des prix plus bas et un meilleur service.

    Un triptyque observé dans d’autres pays d’Europe, notamment en Italie. Mais chez le voisin transalpin, un coup de pouce décisif a joué : la baisse du tarif des péages décidée par l’Etat. Elle aurait même déclenché un cercle vertueux, la hausse du nombre de trains et de passagers accroissant au bout du compte les recettes pour le réseau. Le cabinet Sia Partners estime qu’une dynamique semblable serait possible en France si l’on baissait les péages de 20 % (https://afra.fr/actualites-afra/colloque-2023-comment-renforcer-le-rail-pour-reussir-la-transition-energetique).

    Or, pour l’instant, c’est tout le contraire qui est prévu : une hausse soutenue des péages jusqu’en 2030, avec déjà 8 % en 2024. Cette augmentation est critiquée. Dans le rapport cité plus haut, les sénateurs la jugent peu soutenable et appellent à un nouveau modèle dans lequel l’Etat financerait lui-même les #investissements dans le réseau, comme dans d’autres pays d’Europe, pour développer le train.

    Toutefois, serait-il juste que les impôts financent le TAGV ? Patricia Pérennes, du cabinet Trans-Missions, en doute, car la mobilité à grande vitesse bénéficie surtout aux plus favorisés. Si on veut la rendre plus accessible à certaines catégories de population, il vaut mieux « redynamiser les tarifs sociaux », aujourd’hui limités sur ce type de train, estime cette économiste.

    Mais pour développer l’usage du rail, la priorité selon elle est ailleurs : « Investir dans l’infrastructure classique » afin d’avoir des trains plus fiables, réguliers, sur des plages horaires étendues. Une meilleure offre, donc, notamment autour des métropoles.

    Sur ce sujet, le gouvernement a annoncé l’an dernier un plan de 100 milliards d’euros pour le ferroviaire, qui vise notamment à créer des « #RER » métropolitains. Son financement reste flou, mais une contribution fiscale des concessions autoroutières et des grands aéroports a été votée fin 2023.

    L’Etat a aussi lancé un « #Pass_Rail » destiné aux 16-28 ans. Coûtant 49 euros par mois et disponible entre juin et août 2024, il permet à ses détenteurs de prendre le train en illimité en France, hors TAGV et trains d’Île-de-France. Cependant, beaucoup d’économistes expriment des réserves sur ce type de mesures qui se traduisent parfois par une baisse des recettes et une saturation du réseau. En Allemagne, où une mesure similaire a été testée (sans limite d’âge), 5 % seulement des trajets effectués avec le Pass auraient été réalisés en voiture s’il n’existait pas. À court terme, le #report_modal s’avère donc limité.

    Plus largement, baisser le prix du train n’entraînerait pas de report massif vers le rail, juge Yves Crozet, qui note qu’aujourd’hui, « les TGV sont déjà pleins ». Pour vraiment limiter la part des transports les plus émetteurs, offrir une alternative, même bon marché, ne suffit pas. Il faut également les « embêter », affirme l’économiste : leur imposer des contraintes. Cela peut notamment passer par un prix plus élevé, qui prendrait vraiment en compte leurs externalités.

    https://www.alternatives-economiques.fr/prendre-train-coute-cher/00112094

    #prix #train #transport_ferroviaire #tarification

    • En tout cas, ça doit bien rapporter ! le toulouse-paris en TGV ouigo est toujours plein. Arrivée en gare de Montparnasse, tu peux compter jusqu’à 20 wagons avec un étage, à la louche près de 3000 personnes qui débarquent sur le quai. Et ni bar restaurant, ni même de bouteille d’eau, voire la veille du départ on t’annonce en pleine canicule que ton wagon risque d’avoir une clim en panne.

    • Au delà de la question de l’investissement, j’ai l’impression qu’il y a une impasse dans cet article sur la question de la tarification. Jusqu’aux années 90, en France, la tarification s’opérait au km, mettant en place une péréquation territoriale de fait. Brutalement on est passé au « yield management », la saloperie néolibérale qui veut que, plus il y a demande prévue sur un trajet, plus c’est cher.
      Avant cette révolution scélérate, je m’en rappelle très bien, le calcul était de dire que la bagnole c’était rentable à partir de 3 ou 4 (et non pas 2 ou 3 comme dit dans l’article, qui commence son raisonnement après le meurtre de la tarification kilométrique). Ça change pas mal la donne.

      Retour à la tarification kilométrique !

    • La « tarification au km » c’est encore le cas en Suisse (et je prie tous les dieux du ciel pour que ça reste ainsi pour toujours), égal quel train du prend, le prix est déterminé par les km que tu parcours. Tu peux donc faire un bout avec un train. Descendre, reprendre un autre train, tout cela avec le même billet que tu as dans la main et alors que tu ne pensais pas t’arrêter...
      Il y a des « billets dégriffés » sur certains trajets à certaines heures si tu les prends à l’avance (sur les trains moins fréquentés). Un rabais, mais même si tu achète ton billet 10 minutes avant de partir tu sais EXACTEMENT COMBIEN CELA COÛTE TON TRAJET. Il y a un prix qui est fixe et est calculé selon les km. Tu peux le trouver cher ou pas, mais au moins tu sais combien ton trajet va te coûter.
      Et tu sais aussi que si tu achètes le fameux « abonnement demi-tarif », eh bhein... les billets que tu achètes sont à demi-tarif, ce qui signifie exactement la moitié du prix de base. Point.
      Simple, non ?

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