#tautologie

  • Théorie de l’Afroclown | Hady Ba’s weblog
    https://hadyba.wordpress.com/2017/08/26/theorie-de-lafroclown

    C’est une litote que de dire que l’Afrique a des problèmes. Globalement, nous sommes un continent pauvre et mal gouverné. Notre population est généralement mal formée, nos systèmes de santé sont tellement mal gérés que nos hôpitaux sont des mouroirs. Nos dirigeants sont des prédateurs voraces qui vendent toutes nos ressources à vil prix aux étrangers et ne font pas grand chose pour améliorer notre sort. Quasiment tout est à faire chez nous et tout est urgent.

    • La chercheuse Jocelyne Porcher, elle, va plus loin. « Je ne défends pas l’élevage parce qu’il fait partie de nos traditions, explique-t-elle. Je le défends parce que les animaux font partie de nos sociétés humaines. Le but de l’élevage est de créer une relation aux animaux qui ait un sens. Si on n’a plus d’animaux, on mourra de leur absence. »

      #tautologie « (nos traditions »/"nos sociétés humaines")
      #raisonnement_circulaire
      #déni et #foutage_de_gueule_carabiné ("le but de l’élevage")
      #rationnalisation_a_posteriori
      #spécimen_de_spécisme
      #oeillères
      #chantage ("sauver la planète")
      #surenchère_de_chantage ("on mourra de leur absence" : on va tous crever bis )
      #raisonnement_au_chausse-pied
      #etc.

      #pink_floyd , aussi

      Quant aux raisons moins grandiloquentes ("sauver la planète", fichtre !) de porter un regard critique sur notre rapport aux animaux comme sur notre culture alimentaire, elles ne manquent pas, mais sont ici complètement absentes, opportunément évacuées par l’approche proposée par l’article.

    • @Koldobika
      c’est la première fois que j’entends (façon de) parler de cette dame, et que je lis sa prose.
      Du coup, j’ai googlé son nom, et j’ai cru comprendre qu’elle s’en était justement fait depuis longtemps un avec (cette même prose) :

      Elle cherche simplement à montrer que l’élevage est un métier qui rend heureux, les humains et les animaux.

      http://www.agrobiosciences.org/article.php3?id_article=2527

      Porcher reconnaît toutefois que les animaux finissent tous tués dans les mêmes abattoirs, dans des conditions peu enviables. Mais rapidement, elle nous rassure quant aux “vrais” éleveurs : “ils y pensent plusieurs jours en avance, parfois ça les empêche de dormir”.

      http://asso-sentience.net/jocelyne-porcher-une-manipulatrice

      (je ne connaissais pas non plus asso-sentience)

      Les éleveurs disent d’ailleurs qu’ils doivent beaucoup aux animaux : nous donnons aux animaux, ils nous redonnent, nous leur redonnons... Or, les vegan, au nom de la justice et de la morale, ne veulent rien des animaux, ne rien leur donner, ni ne rien leur devoir. C’est une aporie. Ce système de pensée sort les animaux du lien social, et conduit in fine à rompre complètement avec les animaux. La dynamique de leur action mène à la rupture de la domestication. Les vegan ne se rendent pas compte de l’impact politique de leurs théories qui les lie aux multinationales agroalimentaires. Et qui conduit à achever le processus d’industrialisation de la production alimentaire

      (http://www.bastamag.net/Et-si-le-but-ultime-de-l-industrie)
      Ecrit justement cette même militante en faveur de l’élevage ; je ne m’avancerai à parler à la place d’aucun vegan, mais pour ce que je sais par exemple de la critique du spécisme, cette conclusion dont prétend s’autoriser madame Porcher pour en faire une lubie inepte au service de l’industrialisation est a minima fantaisiste.
      En fait, dans le genre « je m’empresse de te caricaturer et je te fais passer pour un bouffon délirant ou un idiot utile et grotesque afin de mieux éviter les questions qui pourraient peut-être bien me gêner aux entournures », sa méthode me rappelle un peu trop visiblement celle employée par certains contre le mauvais genre sous le considérable prétexte de « lutte contre l’artificialisation de l’humain ».

      Ces gens ne disputent pas, ils font la guerre.

      (et pour couper court dès à présent à quelques uns des arguments déplacés qui pourraient maladroitement être invoqués par d’autres contre mon propos, j’ai grandi à la campagne, en mangeant les quelques lapins et les poules que je côtoyais tous les jours ou presque dans la cour, dans un contexte d’élevage on ne peu plus artisanal et quasi-bio. Ah oui, ces animaux n’y étaient pas seulement nourris et choyés, ils y étaient aussi gentiment occis, avant de figurer joyeusement au menu. )

    • Pour avoir vu le film dont l’affiche suit (et que je trouve pas sur internet), où Porcher intervient, je crois que cet entretien dans Reporterre ne sert pas forcément le/son propos, centré sur la #relation humains/animaux. Ce n’est pas « tautologique » de parler de « traditions » et de « sociétés » puisqu’en l’occurrence il s’agit de ne pas nécessairement se revendiquer des premières pour réfléchir/transformer les secondes, dont ce film aborde de façon critique le « scientisme » (devenu"traditionnel" lui aussi) supposé rationnel utilisé pour (tout ?) rationnaliser....

      Des cochons (et des hommes). De l’objectivation scientifique de leur bien-être et autres petits concepts, film de Bruno Thomé, 2003, 129 minutes.

      « La chenille devient papillon, le cochon devient saucisson, telle est la loi de la nature. »
      De la maternité au supermarché, 3 expériences sur le bien-être des cochons d’élevage discutées par 2 biologistes, 1 philosophe, 1 animalier, et 2 stagiaires de la station de recherche porcine de l’Institut national de la recherche agronomique de Saint-Gilles en Bretagne.
      Entre documentaire scientifique et pamphlet journalistique, une vision subjective des pratiques de l’objectivation scientifique dans une institution française.

    • @Colporteur

      Je suis occupé à découvrir la propagande de madame Porcher, et je crains que dans son cas cela le soit, puisqu’elle présente l’élevage et semble faire de la gestion de la mort des animaux la condition sine qua non de notre humanité, menacée, dans cette sanglante perspective, par des vegans et autres critiques du spécisme complices de l’industrialisation.

      La relation aux animaux domestiques qu’ils défendent, c’est notre vie tout entière avec les animaux. Après l’exclusion de la vache, viendra celle de votre chien, remplacé par un robot supposé tout aussi capable d’exprimer des émotions et de ressentir les vôtres. Après l’exclusion de la vache et du chien, viendra la nôtre. Et cette exclusion-là est également déjà bien avancée.

      http://www.huffingtonpost.fr/jocelyne-porcher/eleveurs-animaux-delevage_b_5062481.html

      Dans notre monde radicalement artificialisé, seuls les animaux, en nous rappelant ce qu’a été la nature, nous permettront peut-être de nous souvenir de notre propre humanité. Mais saurons-nous vivre avec eux ?

      http://www.cairn.info/vivre-avec-les-animaux--9782707169006.htm

      Ce que nous essayons de mettre en évidence dans notre ouvrage Livre blanc pour une mort digne des animaux, c’est une troisième voie. Tuer les animaux n’est pas une évidence et ne fait plaisir à aucun éleveur, mais pourquoi le fait-on ? Que ferait-on si l’on ne faisait pas ça ? Pourquoi le fait-on depuis si longtemps ? Et pourquoi vaut-il mieux continuer à le faire car les alternatives proposées par l’industrie agroalimentaire sont encore plus tragiques que le fait de tuer les animaux ? La voie que nous préconisons se situe entre le déni et l’abolition. Ce que veulent les éleveurs, ce sont simplement des alternatives à l’abattage industriel, sous forme par exemple de petit abattoir à la ferme ou d’abattoir local géré par les éleveurs. Se réapproprier la mort des animaux, la maitriser, la décider, l’organiser, c’est aussi pouvoir l’assumer.

      http://www.bastamag.net/Et-si-le-but-ultime-de-l-industrie

      Pour ma part, la gestion de la mort, le droit et la capacité de l’administrer, je tiens que cela porte un nom déjà ancien, cela s’appelle le #Pouvoir. (Il y a une sacrée différence entre « remettre la mort à sa place dans la vie » et organiser son mode de vie autour de mises à mort d’animaux présentée qui plus est comme une fatalité )

      Et je trouve chez elle une indécente exhibition d’inintelligence des critiques du spécisme qui n’est pas sans évoquer la très laborieuse et très ostentatoire réception des critiques des rapports de genre dont ont fait montre il y a peu d’autres anti-industriels...

      #catastrophisme
      #malhonnêteté_intellectuelle
      #nécrophilie aussi
      #mythe_de_la_Nature

    • Hum... je connais que ce film qui a plus de 10 ans, là ça craint effectivement.

      Mais par ailleurs, je sais pas si il faut monter en généralité à ce point sur le « pouvoir d’administrer la mort ». Pour en rester aux seuls animaux humains, un cas concret où c’est plutôt le monopole du « faire mourir » qui pose une question de pouvoir : j’ai souvenir de ne pas avoir pu aider à mourir (faire mourir) quelqu’un de très proche qui me le demandait instamment après et pendant des hospitalisation répétées et qui dû finir en se démerdant en solo et à l’arrache. La « solitudes des mourants » (Élias) est constitutive, la contrer a donné lieu à diverses ruses humaines (veiller, soulager, abréger).

      J’admets ne pas avoir travaillé sur la question et ignorer bien des approches à ce sujet mais les animaux d’élevage sont proches de nous dans cette mesure où ils ne vivraient tout simplement pas sans la société que nous constituons (notre domesticité propre se lit dans la banalité de la névrose). Qu’est-ce qu’on fout de cette diversité des formes de vie là parmi lesquelles il faut compter du non humain ? Et quelles relations entre formes de vie ? C’est sous cet angle que le film mentionné m’avait intéressé. Il me semble que l’on va pas cesser d’y revenir et pour longtemps.

    • Pour en rester aux seuls animaux humains, un cas concret où c’est plutôt le monopole du « faire mourir » qui pose une question de pouvoir : j’ai souvenir de ne pas avoir pu aider à mourir (faire mourir) quelqu’un de très proche qui me le demandait instamment après et pendant des hospitalisation répétées et qui dû finir en se démerdant en solo et à l’arrache. La « solitudes des mourants » (Élias) est constitutive, la contrer a donné lieu à diverses ruses humaines (veiller, soulager, abréger).

      En fait, je ne vois pas de rapport entre,
      –d’une part, aider un(e) proche et pair(e) à mettre fin à ses jours à sa demande (ou selon ses voeux), ou l’accompagner dans ses derniers moments,
      –et de l’autre mettre à mort (même avec quelques cruels... états d’âme : le Pouvoir est un sacerdoce, et celleux qui doivent bien l’exercer sont bien malheureux !) des êtres vivants sentients considérés de fait comme des moyens (et même, cerise sur le gâteau qui leur fait certainement une belle guibolle, des moyens dont l’exploitation et la mise à mort seraient indispensables à "notre humanité" , selon le credo de madame Porcher et ses ami-e-s).

      Pour dire les choses autrement, il me semble être plutôt en accord sur un point avec madame Porcher : l’exploitation des animaux non-humains est probablement indispensable à l’idéologie spéciste, celle qui constitue justement l’Humanité en espèce supérieure et investie d’un Pouvoir légitime sur toutes les autres.
      Sauf que certain-e-s humain-e-s questionnent depuis longtemps l’innocence, le caractère prétendument indiscutable, inéluctable, de cette « Humanité » là. (je n’ai pas dit essentiel - ah ben en fait si, ça y est, je viens de l’écrire)
      Il me semble aussi que l’on peut aisément faire le parallèle avec d’autres formes d’oppression et d’autres systèmes d’inégalités.

      A moins que j’ai manqué quelque chose en route ?

    • @martin5 non, t’as rien loupé, c’est moi qui sais pas où je veux en venir et choisis des cas qui excèdent ou sortent de la question telle qu’elle est posée car celle-ci me semble surdéterminer les réponses possibles. Mon rapprochement visait à dire qu’on en a pas fini avec la mort, son administration. La sacralisation de la vie (humaine, cf les rites funéraires) a beaucoup perdu de terrain avec le capitalisme moderne, mais elle ne nous avait que fort mal protégé des boucheries internes à l’espèce, individuelles, de masse ou d’état.
      Sinon, quand même ! avec ou sans animaux, la légitimité d’un pouvoir (de mort ou de vie) ne saurait évidemment qu’être discutable.

      J’aggrave mon cas : l’antispécisme me parait #relever en partie d’un égalitarisme #refuge là où (quand) les pratiques, les théories et combats #égalitaires propres à l’espèce humaine paraissent hors jeu au plus grand nombre et où des minorités nouvelles ont à se former(il faut bien fabriquer quelque chose plutôt que rien dans ce reflux, j’en suis d’accord, mais quoi et comment). Point d’honneur et retrait, ensemble. Merci de pas vouer aux gémonies mes propos pour ne pas être capable d’en dire davantage et moins mal de suite.

      En plus, j’ai reçu un mel qui me dit que Porcher n’est pas dans le film dont je croyais me souvenir... C’est pas sérieux.

      #attention_fragile

      Ces échanges peuvent renvoyer à Réflexion sur la relation aux animaux
      http://seenthis.net/messages/358218

    • @colporteur

      Merci de pas vouer aux gémonies mes propos pour ne pas être capable d’en dire davantage et moins mal de suite.

      Pas de soucis, je n’ai pas forcément l’esprit de cet escalier là.

      J’aggrave mon cas : l’antispécisme me parait #relever en partie d’un égalitarisme #refuge là où (quand) les pratiques, les théories et combats #égalitaires propres à l’espèce humaine paraissent hors jeu au plus grand nombre

      Cela a longtemps été mon cas aussi, jusqu’à ce que je me penche un peu plus sérieusement sur le contenu théorique élaboré par les Olivier, Reus, Bonnardel et Cie. et que j’en vienne à les lire à penser qu’il y avait là une réflexion bien plus profonde et exigeante quand à la critique de toutes les hiérarchies et du Pouvoir que je ne l’avais imaginé au départ.
      Pour faire vraiment très court et sommaire, je ne pense pas prendre un très grand risque intellectuel en soutenant ici que la distinction humain/non humain peut être conçue a minima comme une matrice employée par les dominants au service de toutes les exclusions et infériorisations inter-humaines - sexisme, racisme, classes sociales, et j’en passe... les infériorisé-e-s se voient ainsi tou-te-s tôt ou tard animalisé-e-s (je ne pense pas qu’il me soit nécessaire d’illustrer cet fait) par qui entend justifier et renforcer sa domination sur elleux.

    • @Nicolas

      j’avais déjà lu cet article - en fait, aussi rigoureuse et prudentes soient de telles prospectives, elles ne me semblent pas pouvoir proposer autre chose que des possibles modèles économiques ou des modèles de production agricole vus d’ici - de la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui, carniste, industrielle, etc.
      Partant de là, elles comportent plus que vraisemblablement leur part d’angles morts, et surtout contribuent à mon sens à fermer dès à présent la critique et le questionnement, en particulier quant aux rapports que cette même organisation sociale nous mène à avoir avec les autres êtres vivants.
      A tout le moins, elles ne sauraient à mon sens être substituées à cette critique.
      Autrement dit, sans vouloir enlever aucun mérite à ces réflexions,je ne me reconnais pour ma part absolument pas dans cette manière d’aborder me semble-t-il un peu trop par le bout de la lorgnette, par la fin - en mettant la charrue avant les boeufs, et la batteuse avant la charrue, pour le coup - la critique de la société actuelle et de ce que nous y sommes, ici, maintenant.

    • @martin5 L’article répond à l’interrogation initiale. Quand à savoir si c’est mal de tuer des animaux, sous quelles conditions éventuellement, ou de réfléchir sur une société végane, il n’en n’a pas la prétention.

      Pour moi la question de savoir si on peut tuer des animaux ou pas est une question de société, et il faudrait que le débat soit possible. Cependant beaucoup de points du véganisme sont très discutables (comme sur l’écologie), et la vision végane laisse de côté beaucoup de questions ou de conséquences, et c’est aussi sous cet angle qu’on peut lire mes articles sur le véganisme ou l’élevage.

  • Comment le #vélo est redevenu un sujet #politique | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/91051/velo-en-ville-luxe-distinction
    Un article étonnamment bon sur le sujet

    D’abord, les #pauvres travaillent plus loin de leur domicile, ce qui rend les trajets quotidiens en vélo plus éprouvants (surtout s’ils exercent un métier physiquement pénible). Une étude montre par ailleurs que posséder une voiture reste pour les populations pauvres américaines des grandes agglomérations le prérequis pour trouver un travail.

    Deuxièmement, la voiture conserve son attrait statutaire : elle reste un signe de #distinction sociale important pour certaines populations, tout comme le vélo a pu le (re)devenir pour d’autres –la hiérarchie des modes de #transports est donc inversée. Cet élément est à rapprocher des aspirations des populations des cités dans les pays européens, plus attirées par les deux-roues motorisées et les voitures que les vélos, comme le note l’auteur du Pouvoir de la pédale.

    Enfin, on dit aujourd’hui le vélo élitiste parce qu’#urbain. C’est en quelque sorte une #tautologie, dans la mesure où ce sont, en France, les centre-villes qui ont le plus bénéficié des aménagements cyclables et de politiques de réduction de la circulation automobile : zones de vitesse limitée (zones 30), doubles sens cyclables, services de vélos en libre-service, etc. Et que c’est dans ces espaces qu’on trouve le plus de populations aisées et diplômées, de sorte que le cercle vertueux du vélo en ville s’alimente de lui-même, tout comme son caractère socialement marqué.

    • Il me semble qu’il y a un aspect qu’on aborde assez rarement : pour avoir un vélo, il faut pouvoir le ranger sans risque de se le faire piquer. Or, pour des pauvres qui vivent dans un apart grand comme un placard à balais, avoir un vélo c’est tout simplement impossible.

  • La tautologie

    (A propos d’Alain #Finkielkraut)

    "Oui, je sais, le mot n’est pas beau. Mais la chose est fort laide aussi. La tautologie est ce procédé verbal qui consiste à définir le même par le même (« Le théâtre, c’est le théâtre »). On peut voir en elle l’une de ces conduites magiques dont Sartre s’est occupé dans son Esquisse d’une théorie des émotions : on se réfugie dans la tautologie comme dans la peur, ou la colère, ou la tristesse, quand on est à court d’explication ; la carence accidentelle du langage s’identifie magiquement avec ce que l’on décide d’être une résistance naturelle de l’objet. Il y a dans la tautologie un double meurtre : on tue le rationnel parce qu’il vous résiste ; on tue le langage parce qu’il vous trahit. La tautologie est un évanouissement à point venu, une aphasie salutaire, elle est une mort, ou si l’on veut une comédie, la « représentation » indignée des droits du réel contre le langage. Magique, elle ne peut, bien entendu, acte de magie honteuse, qui fait le mouvement verbal du rationnel mais l’abandonne aussitôt, et croit en être quitte avec la causalité parce qu’elle en a proféré le mot introducteur. La tautologie atteste une profonde méfiance à l’égard du langage : on le rejette parce qu’il vous manque. Or tout refus du langage est une mort. La tautologie fonde un monde mort, un monde immobile."

    (Roland #Barthes, Mythologies )

    #Tautologie
    #Peur
    #penséeMagique

    • il y a pas un logiciel open source pour extraire les phrases d’un texte et les chercher sur google… ? je sais que les facs paient très cher pour des logiciels de ce type, « assurance » contre « plagiat », mais ça pourrait avoir aussi des usages plus nobles

    • Le commentaire de Philippe Watrelot (http://philippe-watrelot.blogspot.fr) à propos de cet article pour alimenter le débat :

      Ma réaction est globalement négative. Si on peut éventuellement admettre que l’intention de cet enseignant vis-à-vis de ses élèves "n’était pas de les punir", comme il le dit lui même, ça ressemble quand même pas mal à un piège..
      De même lorsqu’il écrit "je leur ai démontré que, davantage que la paresse, c’est un manque cruel de confiance en eux qui les pousse à recopier ce qu’ils trouvent ailleurs" , je ne suis pas sûr qu’au final cela leur donne vraiment confiance dans l’enseignement et dans les adultes qui s’amusent à ce petit jeu...
      Mais surtout cela le conduit à des conclusions que je ne partage pas du tout.
      L’auteur conclut en effet que "les élèves au lycée n’ont pas la maturité nécessaire pour tirer un quelconque profit du numérique en lettres" et qu’il ne croit pas à une “moralisation possible du numérique à l’école”. Je crois qu’il se trompe. D’abord parce qu’il ne s’est pas donné les moyens de les initier/éduquer au numérique. Ensuite parce qu’un enseignant qui fait l’hypothèse que ses élèves ne sont pas capables d’apprendre n’est pas un vrai enseignant.
      Enfin, il a joué avec eux (en y passant beaucoup de temps !) de manière très cynique et perverse comme un savant fou jouerait avec des rats de laboratoire. C’est détestable. Et absolument pas pédagogique.
      Et puis enfin ce n’est pas le numérique qui est en cause mais la marchandisation des rapports humains. Quand j’étais gamin et même ado, il y a très longtemps, alors que le numérique n’existait pas et qu’on avait même pas de calculatrice (la règle à calcul et les tables de trigo , vous vous rappelez...), il y avait déjà des élèves qui vendaient des devoirs tout faits à d’autres. Et le numérique n’intervenait pas du tout là dedans…
      Mon sentiment de malaise à l’égard de ce récit s’est trouvé renforcé lorsque je me suis rendu compte que son auteur en faisait la promotion sur le fameux forum “néo-profs”.
      Un commentaire quelque lignes plus bas exprimait la satisfaction d’un des lecteurs de forum en ces termes : “Cynique et sadique, je suis fan !"
      Tout est dit…

    • Il y a quand même évidemment le problème de la remise en question et la vérification des sources, y compris (et surtout ?) lorsqu’il s’agit de Wikipedia. Alors, oui, ça vaut pour tous les medias, mais en l’occurrence c’est le web qui est utilisé, massivement.
      Il y a quelques années, j’avais fait « tenir » l’absurde contenu de http://wiki.ardkor.com/Candide pendant 24 jours sur la page « Candide » de Wikipedia.
      En 24 jours, et sur un ouvrage autant étudié, je suis sûr qu’il y a au moins un ou deux élèves qui ont violemment perplexifié leur correcteur, avec mes âneries.

      Bon, la méthode employée par l’auteur de l’article me semble légèrement plus fourbe que mon parpaing potache, en effet.

      @Fil http://www.copyscape.com n’est pas exactement ce que tu décris, mais peut aider, parfois.

    • @michel : comme @bob_ardkor, je pense que le job d’un prof est d’éduquer et en ce sens, sa démonstration est imparable : de la nécessité du doute dans la démarche de l’apprentissage et de la capacité à trier dans l’abondance d’info du Net.
      Je ne pense pas à un piège, mais plutôt à une démonstration nécessaire. S’il avait dit : « ne pompez pas sur le Net, pensez ! » et « si vous vous documentez sur le Net, pensez à vérifier l’info et à recouper vos sources et surtout, continuez à penser par vous-mêmes », je pense que l’impact pédagogique aurait été à peu près nul.

      Je pense au contraire que ce prof a eu raison. J’ai bon espoir qu’une bonne partie de ses élèves aura une approche plus intelligente de l’information en général et de ce que l’on peut trouver sur Internet, en particulier. Et par les temps qui courent, c’est une démarche salutaire.

    • @heautontimoroumenos tout a fait d’accord, de plus nous pouvons relever dans « La morale de l’histoire », ceci : "Leur servitude à l’égard d’internet va même à l’encontre de l’autonomie de pensée et de la culture personnelle que l’école est supposée leur donner." tiens ! L’école républicaine autonomise les élèves maintenant ? Peut être devrions nous rappeler dans quel but celle ci a été crée.
      Sinon passer un été pour préparer un piège minable de ce genre ....

      #professeur #solitude #bon_esprit

    • Je reproduis ici les commentaires d’un ami prof sur un autre réseau :

      J’ai ensuite montré que tout contenu publié sur le web n’est pas nécessairement un contenu validé, ou qu’il peut être validé pour de basses raisons qui relèvent de l’imposture intellectuelle.

      Je vois pas bien en quoi il s’agit d’une spécificité du contenu numérique. Tu peux faire la même critique de la légitimité du savoir avec l’industrie du livre, qui est tout simplement plus ancienne.

      Et enfin je leur ai démontré que, davantage que la paresse, c’est un manque cruel de confiance en eux qui les pousse à recopier ce qu’ils trouvent ailleurs, et qu’en endossant les pensées des autres ils se mettent à ne plus exister par eux-mêmes et à disparaître.

      je ne savais pas qu’on demandait à des élèves de 1ère de créer du savoir, j’aimerais bien savoir si l’auteur en question en crée du savoir... ‎

      Pour ma part je ne crois pas du tout à une moralisation possible du numérique à l’école

      Il n’est pas question de « moraliser le numérique » (je ne sais pas ce que ça veut dire), mais d’arrêter d’infantiliser les élèves et de les faire participer de manière critique à l’élaboration du savoir.

    • Je ne vois absolument pas ce qu’il y a de cynique là-dedans.

      Et ce n’est pas parce que ce prof a fait ça pendant l’été, qu’il a fait ça tout l’été.

      Et il ne dit absolument pas que ces élèves ne sont pas capables d’apprendre ! Il constate juste, factuellement, que là-tout-de-suite-maintenant, ces élèves-là de première n’ont pas la maturité nécessaire à utiliser correctement cet outil. Ça ne signifie en aucun cas qu’ensuite on ne peut pas leur apprendre, et encore moins qu’on ne peut pas l’apprendre en amont avant le lycée. Seulement, là pour l’instant, ce n’est pas le cas.

      Et c’est un professeur de littérature, ce n’est pas à lui de passer des heures/semaines/etc à apprendre aux jeunes à utiliser internet. Le temps n’est pas extensible. Leur apprendre à être critique et à recouper des sources, en général (pas spécialement pour internet), ça oui par contre.

      Et ce n’est pas parce que c’était « pareil avant avec les livres » que ce n’est pas pire maintenant avec Internet. Pour les populations numérisées (une grande partie des lycéens donc, dans notre société française) aller chercher un commentaire de texte est immensément plus facile et plus rapide, aussi bien chez eux (ou même dans un cybercafé s’ils font partie de ceux qui ne l’ont pas chez eux) ou même directement sur leur téléphone mobile, que du temps (encore récent) où il n’y avait que les livres et la bibliothèque municipale. Ça ne veut rien dire le « c’était pareil avant » : il y a des différences à la fois en terme d’échelle et en terme de qualité (pas dans le sens « bien ou mal » mais dans le sens que ce n’est pas le même contenu) que je trouve flagrante.

      #réactionnaire

    • Alors, oui, la charge contre le numérique est ridicule, alors oui, de bonnes âmes peuvent s’élever contre le procédé (et en poussant le bouchon, on pourrait même le qualifier d’escroquerie au sens pénal puisque ce prof a employé des manoeuvres frauduleuses et a probablement été rémunéré pour les fausses dissertations qu’il avait déposées sur les sites payants), alors oui l’école ne développe pas l’autonomie des élèves mais justement je rejoins totalement @RastaPopoulos : enfin un enseignant qui a bossé pour que des élèves aient un tantinet de regard critique sur le monde qui les entoure, qu’ils se posent des questions par eux-mêmes. Et des lycéens qui font l’expérience que la figure incarnant l’autorité peut sciemment les tromper, n’est-ce pas une bonne base à l’empirisme ?

    • Je trouve sa démarche limite. Vient-il de découvrir comme par magie que les élèves trichent ? Avant on se refilait des copies des élèves des années précédentes, maintenant on va sur le web... Quelle différence ?

      Le couplet sur « les élèves ne sont pas assez grands pour aller sur le web » est d’un crétinisme ahurissant. Je vais sur le web depuis que j’ai 12 ans et c’est d’ailleurs le web qui est à l’origine de la plus grande partie de mon savoir, parce que l’école elle m’a pas vraiment appris grand chose. Ça ne m’a pas empêché de me faire piéger par de fausses infos dans des livres, ou sur le web, ni d’apprendre par la suite que le web est aussi le meilleur moyen de discuter et combattre ces fausses pistes.

      Franchement ces discours à la con du genre « les jeunes sont pas matures machin » ça me fout la gerbe, c’est la même connerie que « ah les jeunes de mon temps ben il étaient mieux quand même » et révèle l’incompréhension permanente entre générations.

    • @baroug c’est toi la truie ! Employé au figuré (pas pour un fruit quoi) la « maturité » sur un sujet précis, c’est comme la « majorité » : on est majeur de quelque chose, c’est relatif. Un enfant peut donc très bien être assez mâture pour parler de tel ou tel sujet. Et là en l’occurrence l’auteur de la blague ne parlait pas de maturité dans l’absolu mais sur un sujet précis.